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Dans son édito du 29/03/2024,Paul Sugy revient sur la loi votée à l'Assemblée nationale ce jeudi 28 mars interdisant la discrimination capillaire. 

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Transcription
00:00 Paul Sujit avec nous. Bonjour Paul. Ce matin, Paul, vous vouliez revenir sur un sujet de la plus haute importance.
00:06 L'Assemblée nationale a voté hier une loi interdisant la discrimination capillaire.
00:13 Vous avez bien entendu, discrimination capillaire.
00:15 On s'étouffe presque en disant, alors il faut le dire en chanson ce matin,
00:17 s'il n'y a qu'un cheveu sur la tête à Mathieu, ce n'est pas grave et surtout vous n'aurez plus le droit de lui en faire le reproche
00:22 ou surtout de le discriminer professionnellement.
00:24 Cette loi donc interdira toute forme de discrimination capillaire.
00:27 C'est un moment historique, c'est ce qu'a dit Olivier Servat, le député de la Guadeloupe, qui a porté le texte.
00:33 Historique peut-être parce que ce député pense qu'il va rentrer lui-même dans l'histoire.
00:36 Peut-être, je ne sais pas, au Panthéon, on fera des rues Olivier Servat, des places Olivier Servat.
00:40 Retenez tous la date du 28 mars 2024, le moment où la France a enfin courageusement essayé,
00:45 le premier pays au monde à le faire, interdit par la loi discrimination capillaire.
00:49 C'est dommage que ce jour historique ait été gâché par un refus, certainement historique lui aussi,
00:53 de voter, toujours à la soirée nationale, l'introduction d'un congé menstruel,
00:57 un congé une fois par mois pour les femmes qui en ont besoin.
01:00 Alors ce qui pourrait peut-être aussi s'imposer, c'est le bon sens qu'il dicterait,
01:04 c'est que bien à la soirée nationale on pourrait parler surtout de sujets un peu plus fondamentaux.
01:08 Vous avez compris que Monton est ironique, on en a assez de ces lois tirées par les cheveux.
01:11 Oui, ce sont des lois qui ne vous paraissent pas nécessaires.
01:14 Oui, vous connaissez la Maxime de Montesquieu, les lois inutiles affaiblissent les lois nécessaires.
01:18 Alors sincèrement, sans verser dans le discours populiste qui va se demander
01:21 si ces députés n'ont pas autre chose à faire. Tout de même, je crois que l'impression générale
01:25 qui se dégage, c'est ça qui est fondamental et vraiment assez grave.
01:29 Ça donne l'impression que les parlementaires sont des délégués de classe qui ouvrent,
01:32 vous savez, la boîte à idées des élèves de 6ème dans laquelle on a écrit à l'encre rose
01:35 des petits messages pour donner les pistes d'orientation de la vie scolaire.
01:39 Ça donne l'impression aussi que le programme progressiste, puisque c'est de cela que ça relève,
01:43 est en panne d'idée. Alors on a vu qu'il se complaisait lui-même dans la célébration
01:47 de ses propres gloires passées lorsqu'on l'a inscrit solennellement, par exemple,
01:50 à l'IVG dans la Constitution. Et c'est vrai qu'on comprend que quand on a envie d'être parlementaire
01:55 et de porter des lois qui vont dans le sens du progrès, on se rend compte qu'on n'a pas toujours
01:59 la chance d'appartenir à la génération qui a voté l'égalité des droits civiques aux États-Unis
02:03 ou a porté le droit de vote des femmes en France. Alors il faut imaginer d'autres formes
02:07 de discrimination, d'injustice contre lesquelles on bataillerait de plein pied.
02:11 On appelle ça, il y a une fable assez rigolote là-dessus, la fable de Saint-Georges et du dragon.
02:16 Saint-Georges qui a combattu le dragon et qui est fier de lui-même s'en va ensuite se battre
02:21 avec des lézards parce qu'on n'a pas toujours un dragon sous la main. C'est un petit peu ça.
02:24 Vous trouvez qu'on va trop loin au nom du progressisme, Paul ?
02:27 Soyons clairs, on ne fait jamais suffisamment de progrès dans l'amélioration des droits humains.
02:30 Mais ce que je critique, c'est cette idéologie progressiste en elle-même qui confond
02:33 le mouvement avec le progrès, qui considère que chaque avancée est positive parce que c'est nouveau
02:38 et pas seulement parce que c'est juste. Et ces deux exemples de lois montrent de deux manières
02:42 différentes le dévoiement au fond de l'idéologie progressiste. L'introduction du congé menstruel,
02:47 ça part d'un bon sentiment bien sûr, mais l'idée c'est de compenser des différences naturelles
02:51 par la création d'une inégalité. Un congé, soyons clairs, pour les femmes et pas pour les hommes,
02:55 c'est considérer au fond que la nature est injuste et que le droit doit réparer la nature.
02:59 Cette même logique suppose peut-être qu'un jour il faudra, je ne sais pas, réparer l'injustice
03:02 pour les personnes de petite taille par rapport aux personnes de taille normale.
03:05 J'en sais rien, on aurait une réparation pour les myopes après tout.
03:08 On ne corrige pas les inégalités à chaque fois, on en crée de nouvelles.
03:11 Et quant à la discrimination capillaire, alors que les discriminations physiques
03:15 dans l'entreprise sont déjà interdites, donc il n'y aurait pas besoin d'une loi supplémentaire,
03:19 c'est surtout une loi qui vient conforter les gens qui ont l'impression d'appartenir à une marge.
03:23 C'est instaurer l'idée qu'il y a un droit absolu à la différence.
03:26 Alors c'est très mignon sur le papier, mais ce n'est pas le rôle de la loi.
03:28 Et c'est surtout à ces caractéristiques d'un progressisme qui ne vise plus vraiment à donner des droits,
03:32 mais qui essaye surtout de faire reculer un peu l'idée même qu'il y aurait une norme
03:36 ou qu'elle serait acceptable. Venez comme vous êtes, ce n'est plus une proposition courtoise,
03:40 mais c'est une injonction légale. Surtout ne soyez pas comme les autres, soyez différents à tout prix.
03:44 [Musique]
03:48 [SILENCE]

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