• il y a 9 mois
"La Fièvre", la nouvelle série d'Eric Benzekri met en lumière les fractures de la société actuelle et son embrasement potentiel à travers les réseaux sociaux. L'histoire part d'un coup de boule d'un joueur de l'équipe de France à son entraîneur, en le traitant de "sale toubab". La série illustre la polémique qui s'en suit et qui divise le pays.

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Transcription
00:00 Tu nous parles ce matin d'une nouvelle série qui s'appelle "La fièvre" et qui nous plonge...
00:03 Rien à voir avec Margot.
00:04 La quoi ?
00:05 Rien à voir avec Margot, "La fièvre".
00:06 Qui nous plonge au cœur d'un scandale.
00:09 C'est un thriller politique en fait où chaque minute compte.
00:12 Oui, c'est une série qui fait tellement résonance avec l'actualité, avec notre monde d'aujourd'hui
00:17 que ça fait vraiment froid dans le dos.
00:19 C'est comment un incident révèle les fractures identitaires en France jusqu'à la rupture.
00:25 Alors je vous explique de quoi ça parle.
00:26 Tout part d'une altercation entre un joueur noir, la précision est importante, un joueur de foot,
00:32 Fad Etiam, et son entraîneur blanc à une cérémonie qui s'apparente un petit peu, je dirais, au ballon d'or.
00:39 En fait, il lui donne un coup de boule tout simplement et il le traite de "toubab", de "salle toubab"
00:44 qui veut dire "salle blanche" en wolof, qui est sa langue d'origine.
00:48 Et là, la machine est lancée.
00:50 On regarde un extrait.
00:51 Je suis François Marins, le président du Racing, le club de foot.
00:55 On m'a conseillé de vous appeler parce que j'ai un joueur qui a mis un coup de tête à mon coach au trophée du foot.
00:59 "Salle toubab" !
01:00 "Voilà, s'il vous plaît !"
01:01 "Est-ce que c'est du racisme anti-blanc ?"
01:02 "Fad Etiam est un cadre respecté de l'équipe de France."
01:05 "Et c'est encore pire !"
01:06 Vous voyez, ça s'emballe sur les plateaux télé, évidemment, aussitôt.
01:09 La scène, elle a été filmée par à la fois les caméras de télévision et les téléphones portables.
01:14 Derrière cette série, Eric Benzécrit...
01:16 - Si.
01:17 - Ah oui.
01:18 - C'est un ancien conseiller politique de Julien Drey, notamment.
01:22 C'est quelqu'un avec qui on doit barrer au noir.
01:24 - Il dit tout.
01:25 C'est exactement ça.
01:26 Il a travaillé plus de trois ans sur le scénario.
01:29 Il s'est imprégné parce que c'est son ADN quand il crée maintenant des séries.
01:32 Il s'imprègne de l'actu et des réseaux sociaux.
01:35 Il décortique la crise.
01:36 Donc, on est tout de suite plongé, mais vraiment dès le premier épisode,
01:39 au cœur de ce qu'on appelle aujourd'hui la communication de crise,
01:43 au cœur aussi de la bataille de l'opinion.
01:46 Dans l'Ancien Testament, Dieu créait le monde en six jours.
01:51 Alors qu'aujourd'hui, une seule image suffit.
01:54 Comme l'effondrement des tours du World Trade Center, par exemple.
01:58 Eh bien, l'image est ce soir.
02:00 Ce coup de boule, ce toubab en sang, nous plonge, nous aussi, dans un monde nouveau.
02:05 Car les élites à paillettes mondialisées ont vu la violence que subissent
02:10 tous les toubabs de France au quotidien venir pourrir de leurs pince-fesses à petit four.
02:15 Pauvre chaton.
02:17 - C'est glaçant.
02:19 - Elle est glaçante.
02:20 C'est Anna Girardot qui joue le personnage de Marie Kinski.
02:23 Elle est dérangeante.
02:24 En fait, c'est une sorte d'influenceuse d'extrême droite, une stand-upeuse
02:27 qui monte tous les soirs sur scène pour décortiquer l'actu,
02:30 justement, mais avec son prisme politique.
02:32 Et elle a une influence considérable.
02:34 Évidemment, tous les communicants regardent ce qu'elle dit et ce qu'elle fait.
02:38 Et on comprend qu'on tombe dans une guerre civile médiatique,
02:41 mais qui déborde dans le réel.
02:42 Et là, ça fait peur.
02:43 On est dans une société parano, avec la montée du populisme
02:46 et l'envahissement des écrans.
02:48 Ça fait écho à notre société.
02:49 Écoutez justement Eric Benvec.
02:50 - L'inquiétude de la fièvre,
02:53 et c'est pour ça que j'ai écrit la série avec mes co-auteurs,
02:56 c'est que la guerre civile ne reste pas que médiatique,
02:59 qu'elle débarque dans le réel.
03:01 - L'enquête pour retrouver les incendiaires est en cours
03:03 et elle sera menée à son terme.
03:05 Pour l'heure, le calme doit immédiatement revenir,
03:07 car suite au partage de fausses rumeurs sur les réseaux sociaux...
03:10 - Le numérique débarque dans le réel
03:14 et ce débarquement modifie lui-même le réel.
03:16 Tout est différent.
03:18 Et donc la parole se libère,
03:20 parfois pour le mieux,
03:21 exemple MeToo,
03:22 parfois pour le pire.
03:23 - Et il est considéré comme un oracle, Eric Benvecry.
03:28 Il est consulté par les politiques, y compris au sommet de l'État,
03:30 parce que dans sa précédente série,
03:32 il avait senti venir la vague populiste,
03:34 des mouvements comme les Gilets jaunes,
03:36 la montée d'un Mélenchon, bref.
03:38 C'est quelqu'un qui a un vrai pif.
03:41 - Oui, il a un vrai pif.
03:42 Il se défend d'être visionnaire,
03:44 mais forcément, cette série,
03:45 elle permet de comprendre le réel.
03:46 Elle nous fait vraiment cogiter,
03:48 parce qu'on se dit,
03:49 est-ce qu'on peut basculer dans cette sorte de guerre civile ?
03:51 Et ce n'est pas la première série à faire ça.
03:53 Je me dis qu'il y en a de plus en plus.
03:54 Quand on regarde,
03:55 on n'est pas seulement dans l'imaginaire.
03:56 Je pense à Baron Noir, évidemment,
03:57 la série d'Eric Benvecry,
03:59 mais vous allez voir,
04:00 il y a aussi le bureau des légendes,
04:01 qui parlait du soft power en France.
04:04 Hippocrate, qui décortique aussi
04:06 les problèmes de l'hôpital,
04:07 d'argent et de sang.
04:08 Toutes ces séries,
04:09 elles sont d'utilité sociale.
04:10 Ce n'est pas seulement du divertissement.
04:12 On apprend des choses
04:13 et ça fait ouvrir les yeux des citoyens.

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