C'est un phénomène qui a tendance à s'accentuer ces derniers temps. Les violences exercées à l'égard des médecins.
Dans une enquête réalisée courant 2023, l'URPS d'Occitanie (Union Régionale des Professions de Santé) révèle que ces violences ont augmenté de 23% ces derniers mois.
Et chiffre inquiétant: trois-quart des médecins (76%) se déclarent avoir été victimes de violence sur ces 3 dernières années, dont un tiers plusieurs fois par an.
Dans une enquête réalisée courant 2023, l'URPS d'Occitanie (Union Régionale des Professions de Santé) révèle que ces violences ont augmenté de 23% ces derniers mois.
Et chiffre inquiétant: trois-quart des médecins (76%) se déclarent avoir été victimes de violence sur ces 3 dernières années, dont un tiers plusieurs fois par an.
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 qui n'est pas nouveau mais qui a tendance à s'accentuer ces derniers temps.
00:03 Les violences exercées à l'égard des médecins, nous sommes ce matin à Guillaume avec Olivier Attard
00:06 qui est anesthésiste à la clinique de Castelnau-le-Lez.
00:09 Bonjour Docteur Attard.
00:10 Bonjour messieurs.
00:12 Merci d'être venu nous rejoindre en studio, anesthésiste effectivement à la clinique de Castelnau,
00:17 membre de l'URPS, l'Union Régionale des Professions de Santé,
00:20 qui publie cette étude extrêmement inquiétante avec,
00:23 alors effectivement, vision lisée, phénomène pas nouveau,
00:26 les agressions, les violences contre les médecins,
00:27 sauf que là en 2023, ça a encore beaucoup augmenté.
00:31 En fait, nous avions des données de l'Observatoire National des Violences en Santé
00:35 qui montrait une augmentation de 25% des agressions sur 2022.
00:41 En 2023, nous avons réfléchi un peu, non sur 2023 pardon,
00:46 et nous avons donc décidé de faire une photographie des médecins libéraux en Occitanie,
00:52 puisqu'en fait, ces données ne reflètent que les déclarations des médecins
00:57 et non la réalité, les chiffres réels.
01:00 - C'est sur le déclaratif. - C'est sur le déclaratif.
01:02 - Sauf que quand il y a 76%, trois quarts des médecins,
01:06 qui se déclarent avoir été victimes de violences au moins une fois sur ces trois dernières années,
01:10 c'est qu'il y a quand même un vrai vrai problème là.
01:12 - Et donc exactement, quand on a fait cette étude avec 441 médecins sur l'Occitanie,
01:17 les réponses nous ont presque choqués.
01:19 Trois quarts confrontés à la violence sur les trois dernières années,
01:25 plus de 25% des médecins se sentent en insécurité régulièrement.
01:29 Les femmes sont encore plus touchées que les hommes, il y a plus de 15% de...
01:35 - Oui, dans ce déclaratif, il y a 64% de femmes et 35% d'hommes.
01:39 - Exactement, donc ils sont beaucoup plus touchés encore que les hommes.
01:42 - Ce sont tous les médecins qui ont été, comment dirais-je, sondés à travers cette enquête ?
01:49 Médecine de ville, médecine de campagne, médecins libéraux, médecins hospitaliers ?
01:52 - Ce sont tous les médecins libéraux d'Occitanie qui ont été touchés par la campagne,
01:57 qu'ils soient ruraux ou de ville, qu'ils exercent en groupe ou en cabinet indépendant,
02:02 mais ce sont les médecins libéraux.
02:03 Là, nous n'avons pas les chiffres de la fonction publique des soins hospitaliers.
02:07 Et nous avons eu énormément de réponses,
02:11 et des réponses assez surprenantes, presque choquantes, comme je vous ai dit.
02:15 - Donc les femmes, en milieu rural aussi, ça augmente ?
02:19 - L'isolement est un facteur de risque d'agression.
02:22 - Donc cabinet médical ou médecins qui exercent seuls, et ça augmente beaucoup ?
02:27 Alors, vous tenez à le souligner, en cabinet de groupe, expliquez-nous.
02:31 - Alors en fait, on a été surpris d'avoir un peu plus d'événements déclarés dans notre sondage,
02:38 dans les cabinets de groupe que dans les personnes exerçant seules.
02:40 Et en fait, après étude, on s'est rendu compte qu'on avait demandé aussi
02:44 les déclarations sur les agressions au personnel.
02:47 Et donc, dans les cabinets de groupe, le personnel les plus agressé, en fait...
02:52 - Il fait écran ? - Il fait écran, exactement.
02:54 C'est-à-dire que c'est plus facile, de la même manière que vous avez vu dans les sondages,
02:57 c'est plus facile d'agresser une femme ou quelqu'un d'âgé,
03:00 c'est aussi plus facile d'agresser la secrétaire du médecin que le médecin.
03:04 Ce qui explique en fait cette différence.
03:06 Mais par contre, dans les plaintes et les agressions physiques,
03:09 pas verbales, ni sur les biens, les médecins isolés sont plus touchés.
03:16 - Parce qu'il y a aussi des agressions physiques, donc ?
03:19 - Nous avons étudié les deux.
03:22 Violence aux personnes et sur les biens, donc violence physique, et les violences verbales.
03:26 - Alors, la question évidemment qu'on est en droit de se poser ce matin,
03:29 Docteur Attard, c'est pourquoi ? Pourquoi ces violences ?
03:31 Ça vient d'où ? Ça part comment ?
03:34 - Alors, concrètement, les violences, je n'ai pas de réponse exacte à la question.
03:39 La violence, c'est l'augmentation de la société.
03:41 Je pense que si à la place d'un médecin sur votre plateau,
03:43 vous faites venir un enseignant ou un commerçant,
03:48 ils vous diront la même chose que les violences ont augmenté.
03:50 - C'est ça, en fait.
03:51 - Après, pour nous, nous avons l'impression que les patients
03:54 sont intolérants à la frustration sur certains aspects du métier.
04:01 C'est-à-dire que la santé est devenue un bien de consommation.
04:03 Et donc, si on ne répond pas à la demande,
04:07 on enrend une frustration qui crée la violence.
04:10 À titre d'exemple, un exemple qui nous arrive tous les jours,
04:13 c'est qu'actuellement, la Sécurité sociale cherche à limiter,
04:16 à juste titre à mon avis, les transports médicaux.
04:19 - Oui, on l'a vu avec les taxis qu'on a fêtés il n'y a pas très longtemps.
04:22 - Exactement, les transports en ambulance.
04:24 Mais la législation fait que je n'ai plus le droit de faire un bon de transport
04:27 pour venir à mon cabinet.
04:28 C'est-à-dire qu'il faut que ce soit l'autre praticien qui envoie le patient.
04:31 C'est-à-dire que pour moi, que ce soit l'anesthésiste,
04:33 que le chirurgien fasse un bon de transport,
04:35 ou le médecin traitant fasse un bon de transport pour aller à la clinique.
04:38 Mais moi, je n'ai pas le droit de faire un bon de transport pour venir chez moi.
04:41 Et donc, quand le patient, après la consultation, se présente à mon secrétariat,
04:44 pour récupérer ses ordonnances,
04:46 il demande un bon de transport qu'on ne peut pas lui faire.
04:48 Une fois sur deux, les patients sont plus qu'irrités, on va dire.
04:51 - C'est ça, ça part comme ça.
04:53 Vous dites santé, bien de consommation.
04:55 C'est-à-dire qu'on vient aussi pour réclamer un arrêt de travail,
04:58 on vient pour réclamer un traitement,
04:59 que le médecin juge pour l'instant pas opportun.
05:04 Et c'est là aussi que ça va partir.
05:05 - Exactement.
05:05 - Ça va partir en vrille, comme on dit.
05:07 Vous me racontiez, docteur...
05:09 Alors, ce qui est intéressant à travers cette étude,
05:12 c'est de voir aussi à quel point les médecins
05:14 ont l'impression d'être totalement délicés, de ne pas être accompagnés,
05:18 puisqu'ils sont presque la moitié à dire que l'État ne fait rien.
05:22 Ils se sentent complètement abandonnés.
05:25 Je crois que vous avez un très bon exemple à nous raconter,
05:27 quelque chose qui s'est passé récemment d'ailleurs,
05:29 pour un médecin montpellierrin qui est totalement hallucinant.
05:32 - Alors, déjà dans l'étude, on avait quelques chiffres
05:35 qui nous laissaient subodorer ça,
05:37 puisqu'on a que 18% des médecins qui portent plainte après l'agression.
05:41 Donc les chiffres qu'on a sont au minimum 5 fois plus faibles que la réalité.
05:45 Mais dans le sondage, presque la moitié des médecins
05:48 considèrent que les organisations qui gèrent leur sécurité
05:51 ne répondent pas à leurs attentes.
05:53 44% de tête, je dirais, dans l'étude.
05:55 Et effectivement, un exemple...
05:59 J'ai appelé le médecin avant de vous en parler,
06:01 pour lui demander l'autorisation.
06:03 - Et il vous l'a accordé.
06:04 - Et il me l'a accordé.
06:05 Un jeune médecin généraliste installé sur Montpellier
06:08 a reçu des menaces de mort mi-janvier, par mail.
06:12 - Des menaces de mort caractérisées,
06:18 qui rappellent un peu l'épisode Samuel Paty.
06:22 C'est-à-dire un peu le truc quand même...
06:24 - Photos de couteau, enfin quelque chose comme ça.
06:26 - Il reçoit ça par mail, je crois.
06:28 - Exactement. Il reçoit ça par mail.
06:30 Son premier réflexe est d'appeler le 17,
06:32 pour savoir comment faire.
06:34 Faire une pré-plainte en ligne,
06:35 et se présenter au commissariat le lendemain.
06:37 Au commissariat le lendemain,
06:38 déjà on refuse de prendre sa plainte.
06:40 Après, à force d'insister,
06:42 on lui donne un rendez-vous pour porter plainte
06:45 dix jours après.
06:47 Il se retourne dix jours après,
06:48 on refuse de prendre sa plainte,
06:49 il est obligé de changer de commissariat.
06:51 Et à la fin, il arrive à porter plainte en dix jours.
06:53 Donc on arrive fin janvier,
06:55 pour arriver à porter plainte.
06:57 Comme vous le disiez, c'est par mail.
06:58 Il a une forte idée de qui lui a envoyé la...
07:01 - C'est pas difficile à tracer et à remonter.
07:03 - Il a envoyé la plainte.
07:05 Et donc il pense savoir qui c'est.
07:07 Il est menacé de mort.
07:09 Et depuis fin janvier,
07:10 il n'a plus de nouvelles de la justice,
07:12 ni de la police.
07:13 Donc tellement que l'ordre des médecins,
07:17 qui est souvent la seule institution
07:19 qui arrive à nous aider,
07:21 va probablement mandater son avocat
07:24 pour se porter partie civile,
07:25 et pour pouvoir suivre l'affaire.
07:27 Donc on a un plan interministériel
07:29 de protection des professionnels de santé
07:31 qui a été annoncé en septembre 2023.
07:34 Là actuellement, on est en mars 2024.
07:37 On a un médecin qui est agressé de manière caractérisée,
07:39 et qui ne sait même pas où en est sa plainte,
07:41 au bout d'un mois et demi,
07:42 qui va tous les jours travailler à son cabinet,
07:45 qui sort le soir,
07:46 alors maintenant il ne fait plus nuit,
07:48 mais il fallait encore nuit en janvier,
07:50 en se demandant s'il va prendre un coup de couteau.
07:52 - On s'arrêtera là-dessus,
07:54 docteur Attar,
07:55 je pense que ce sera une conclusion
07:57 qui permettra effectivement à chacun
07:58 de bien prendre la mesure du problème
08:01 que vous avez bien voulu venir évoquer ce matin.
08:03 - Si je peux rajouter juste un mot ?
08:05 - Je vous en prie.
08:06 - Si jamais quelqu'un m'entend,
08:07 le préfet de région,
08:08 le responsable de la police locale,
08:10 il peut se mettre en relation avec moi
08:11 pour qu'on discute d'une solution
08:13 pour essayer d'avoir un interlocuteur
08:15 ou un guichet unique pour ces cas-là.
08:18 - Pour ces cas-là, qui sont quand même des cas avérés,
08:20 et très inquiétants en tout cas.
08:22 Merci docteur Olivier Attar d'être revenu ce matin.
08:25 - Merci beaucoup de m'avoir reçu.
08:26 - Merci.
08:27 écouter cette séquence en allant sur le site d'internet francebleu.fr.
08:30 Il est 8h21, on va écouter cette séquence.