• il y a 9 mois
Jeff Wittenberg reçoit Olivier Dussopt, député de l’Ardèche et secrétaire général exécutif de Renaissance, sur le plateau des 4 vérités.

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Transcription
00:00 [Musique]
00:02 Bonjour à tous, bonjour Olivier Dussault.
00:04 C'est un peu votre retour aujourd'hui, en tout cas votre première interview à la télévision
00:08 depuis que vous avez quitté le gouvernement.
00:10 Est-ce que vous vous êtes imposé une sorte de cure de discrétion médiatique
00:15 après plusieurs années passées au gouvernement et parfois dans la tourmente
00:19 puisque c'est vous qui avez quand même, on s'en souvient,
00:21 mené la difficile bataille de la réforme des retraites ?
00:24 Non, ce n'est pas de la discrétion, c'est d'abord un temps intermédiaire
00:28 parce qu'on quitte le gouvernement et que l'on est parlementaire, c'est mon cas.
00:31 Il y a 30 jours pendant lesquels on est dans un entre-deux,
00:35 entre la fin des fonctions ministérielles, le retour à l'Assemblée,
00:38 et c'est à la fois 30 jours de repos, de coupure, 30 jours aussi pour faire le bilan
00:42 et puis aussi mesurer l'engagement pendant ces 6 années
00:45 et la confiance témoignée par le président de la République
00:47 et les 3 premiers ministres que j'ai servis.
00:49 Vous allez me répondre sincèrement, est-ce que vous avez été déçu
00:51 de ne pas faire partie du gouvernement Attal, ni de la première équipe
00:54 avec ses 14 ministres de plein exercice,
00:56 ni de la seconde avec les ministres délégués ?
00:58 Non, ça ne se voit pas comme ça, c'est un engagement de 6 ans,
01:00 plus de 6 ans, avec la confiance du président de la République
01:02 et je retrouve un siège de député de l'Ardèche, que j'occupe depuis 2007,
01:05 avec ce département qui est cher à mon cœur, qui est le mien,
01:08 et dont je porte la voix à l'Assemblée, pas de nostalgie.
01:11 Pas de nostalgie, votre mission comme secrétaire général exécutif,
01:15 c'est-à-dire que vous êtes le numéro 2 du parti Renaissance,
01:17 sachant qu'il y a toujours un numéro 1, Stéphane Séjourné,
01:20 il est un peu occupé puisqu'il est ministre des Affaires étrangères,
01:22 donc votre mission c'est, si j'ose dire,
01:24 passer cette expression un peu triviale, de faire tourner la boutique,
01:27 mais surtout, dans l'immédiat, et on en parle ce matin dans les journaux de Télématin,
01:31 de lancer la campagne des européennes, vous serez le maître d'oeuvre
01:34 en quelque sorte du meeting de cet après-midi à Lille,
01:36 avec comme tête d'affiche Valérie Ayé.
01:39 On voit aujourd'hui les sondages, vous êtes à moins de 20% selon les instituts,
01:44 Jordan Bardet la caracole en tête autour de 30% selon les différentes enquêtes d'opinion,
01:49 comment on rattrape 10 points de retard en 3 mois ?
01:51 D'abord en faisant campagne, Valérie Ayé est une députée européenne reconnue,
01:54 reconnue parce que présidente du 3ème groupe au Parlement européen,
01:57 spécialiste des questions budgétaires.
01:58 Elle est reconnue mais elle n'est pas élue si je peux me permettre.
02:00 Elle est élue locale en Mayenne, c'est très important,
02:02 c'est par rapport à tous les autres candidats, toutes les autres têtes de liste.
02:05 Valérie Ayé a cette caractéristique d'avoir été élue locale,
02:07 elle a été conseillère départementale, vice-présidente du département,
02:10 elle s'est présentée sur son nom devant les électeurs dans son département,
02:13 le département où elle est née, où elle a grandi,
02:15 et je tiens beaucoup à cette caractéristique d'ancrage territorial,
02:18 c'est la seule qui la présente.
02:20 Et puis nous allons faire campagne.
02:21 Nous commençons, j'entends les commentaires sur le calendrier,
02:24 est-ce qu'on part suffisamment tôt ou est-ce qu'on partirait déjà trop tard ?
02:27 Nous partons plus tôt qu'en 2019.
02:29 Et il y a un retard à rattraper aujourd'hui dans les études d'opinion,
02:32 et c'est un retard que nous voulons rattraper par la mobilisation,
02:35 mais aussi en montrant et en pointant les impostures du Rassemblement national.
02:39 Mais je me permets d'insister quand même, le manque de notoriété de Valérie Ayé,
02:42 vous dites, elle est connue dans son département,
02:44 elle est reconnue à la tête du groupe Renew,
02:47 est-ce que ce n'est pas un handicap face à des poids lourds
02:49 que sont devenus Jordan Bardella ou même Raphaël Glucksmann,
02:52 qui vous fait concurrence, notamment au sein de l'électorat jeune de centre-gauche ?
02:59 Est-ce qu'il n'y a pas quand même un problème de notoriété très frachant ?
03:02 On a aussi 10 points d'avance sur M. Glucksmann,
03:04 donc les sondages, quand on les commande, ça marche dans les deux cas.
03:07 Je pense qu'il y a deux réponses à votre question.
03:09 La première, c'est que, je l'ai dit, Valérie Ayé est présidente du 3ème groupe au Parlement européen.
03:12 Oui, mais ça, personne ne le sait.
03:13 C'est peut-être là le problème,
03:14 parce que ça signifie qu'on ne s'intéresse pas assez, entre deux élections,
03:17 à ce qui se passe au Parlement européen,
03:19 où pourtant il se passe beaucoup de choses qui concernent le quotidien des Français.
03:22 Et moi, je préfère mille fois une élue locale,
03:25 une députée européenne qui a travaillé, qui a un bilan exceptionnel,
03:28 qui est classée parmi les 5 députés européens les plus influents
03:31 au cours des 5 dernières années, plutôt qu'une star médiatique.
03:34 C'est un choix que nous avons fait.
03:35 Je suis assez convaincu que si nous avions désigné quelqu'un de très connu,
03:39 on nous aurait dit "vous sortez toujours les mêmes".
03:41 Et là, nous faisons le choix d'une élue locale qui travaille et qui est reconnue à Bruxelles.
03:45 C'est là que ça se passe, c'est là que ça compte.
03:47 En tout cas, un avocat convaincu en votre personne.
03:50 Renaissance, Valérie Ayé, vous-même, le groupe,
03:53 incarnent, à tort ou à raison, plutôt l'Europe qui contraint que celle qui protège,
03:57 on l'a vu au moment de la crise des agriculteurs,
04:00 et l'ERN, le Rassemblement national de Jordan Bardella,
04:03 surfe sur cette impopularité des directives venues de Bruxelles,
04:07 comme on dit dans ce parti-là.
04:10 Est-ce qu'il y a une lutte contre cela ?
04:12 Il faut regarder les choses en face.
04:13 L'Europe a des défauts.
04:14 Elle a des défauts de complexité, elle paraît parfois trop technocratique.
04:17 Et c'est souvent une réalité.
04:18 Et sur des sujets comme celui de l'agriculture,
04:21 lorsque le président de la République dit qu'il faut simplifier de manière drastique
04:24 la politique agricole commune,
04:26 il a raison de la même manière que chaque fois que nous pouvons simplifier les choses,
04:29 nous devons le faire.
04:30 Par contre, c'est souvent un mauvais procès aussi qu'on fait à l'Europe.
04:33 Parce qu'il faut regarder d'où nous venons.
04:35 D'où nous venons depuis 5 ans.
04:36 Si en 2019, lors des dernières élections européennes,
04:39 on avait dit aux Français et aux Européens
04:41 que dans les 5 années qui allaient venir,
04:43 ils allaient connaître une crise sanitaire.
04:45 Ils allaient connaître une guerre sur le territoire européen, en Ukraine.
04:48 Ils allaient connaître une crise inflationniste.
04:49 Peu de gens nous auraient cru.
04:50 Et sans l'Europe, nous ne les aurions pas traversés.
04:52 J'ai été ministre du budget au moment de la crise Covid.
04:54 Je peux vous assurer deux choses.
04:56 Sans l'Europe, nous n'aurions pas eu accès aux vaccins comme nous l'avons fait.
04:59 Et surtout, j'ai été ministre du budget,
05:01 je finançais les aides exceptionnelles que nous avons mises en place
05:03 pendant la période du Covid.
05:05 Et si nous avons pu emprunter pour financer ces aides,
05:07 emprunter à tout zéro, c'est grâce à l'Europe,
05:10 à la Banque Centrale qui garantissait nos emprunts.
05:12 Le Rassemblement National n'a voté aucune des mesures d'urgence,
05:15 aucune des mesures de soutien.
05:16 Il passe son temps à taper sur l'Europe,
05:18 mais lorsqu'il s'agit de répondre présent pour défendre les intérêts de la France,
05:20 ils sont absents, ils ont piscine.
05:22 On parle du Covid, aujourd'hui on est dans une autre actualité que vous avez rappelée,
05:25 c'est la guerre en Ukraine, c'est la position,
05:27 en particulier face à Vladimir Poutine,
05:29 et ce qui apparaît aujourd'hui en tout cas comme un cavalier seul du président Macron
05:33 qui n'a pas exclu d'envoyer des troupes occidentales sur le front en Ukraine,
05:38 en tout cas la pensée présidentielle a été précisée.
05:41 C'est plus complexe, mais en tout cas il a dit que tout était sur la table et rien n'était exclu.
05:46 Est-ce que vous pensez que c'est populaire au sein de l'opinion ?
05:49 Est-ce que ça vous fait marquer des points cette position,
05:52 non pas de vâte en guerre, mais de résistance forte par rapport à Poutine dans le choc européen ?
05:58 C'est dire les choses comme elles sont, et ce n'est pas un cavalier seul.
06:01 Regardez les réactions dans les États-Baltes, en Scandinavie.
06:04 Parmi nos partenaires européens et singulièrement avec l'Allemagne, vous avez vu qu'on n'a pas été suivi.
06:08 Beaucoup ont évolué depuis 15 jours, et on voit que la position du président de la République
06:12 n'est pas isolée comme vous l'avez présentée et comme elle l'a été.
06:15 Il faut dire les choses telles qu'elles sont, et il faut poser des lignes rouges.
06:18 C'est là aussi la différence entre nous et nos principaux concurrents.
06:21 Lorsque Jordan Bardella sort de l'Elysée après la réunion des chefs de parti,
06:25 la première chose qu'il fait, c'est de poser des lignes rouges au président de la République française.
06:28 Il n'en a jamais posé dans ses expressions à Vladimir Poutine.
06:31 On voit le choix qu'il a fait, et on voit au Parlement européen que là aussi,
06:34 lorsqu'il s'agit d'être ferme face à la Russie, à ses atteintes à droit,
06:37 à l'intégrité territoriale des pays voisins, l'extrême droite n'est jamais présente.
06:41 C'est nous, notre majorité, qui menons ce combat.
06:43 Votre mission après les élections européennes, c'est aussi de restructurer le parti Renaissance.
06:48 Il y aura un congrès dans quelques mois.
06:51 Est-ce qu'on n'est pas déjà dans l'après Macron ?
06:54 Cet après-midi, au meeting de Lille, il y aura tous ses successeurs potentiels.
06:58 Édouard Philippe, Gérald Darmanin, Bruno Le Maire, Gabriel Attal.
07:02 Est-ce qu'on n'est pas déjà rentré dans l'après Macron ?
07:05 Même si c'est à lui que vous devez votre nomination.
07:08 Nous ne sommes pas au milieu du quinquennat.
07:10 Nous ne sommes pas encore au milieu du deuxième quinquennat.
07:12 Donc il y a beaucoup de temps, et nous devons réussir ce quinquennat.
07:15 Je dis souvent, en pensant à 2027, que celles et ceux qui souhaitent succéder au président de la République,
07:20 et c'est légitime finalement qu'il y ait des volontés, des envies, des ambitions,
07:24 doivent, à mon avis, s'en tenir à trois priorités.
07:27 La première, c'est l'unité, parce que notre famille politique aura besoin d'unité.
07:30 La deuxième, c'est la réussite du quinquennat,
07:32 parce que personne ne pourra s'exonérer du bilan et du travail que nous menons.
07:36 Et puis la troisième condition, c'est le dépassement,
07:39 parce que c'est une belle entreprise politique que le président de la République a entreprise,
07:42 et c'est ce que nous continuons avec Valérie Réilly.
07:44 C'est un petit peu des veux pieux, parce que vous entendez par exemple Édouard Philippe assez régulièrement,
07:48 il y a une petite musique politique qui est différente,
07:50 il n'hésite pas à critiquer les choix parfois faits par Emmanuel Macron.
07:53 Chacun a sa personnalité et ses priorités.
07:55 Mais c'est gênant ?
07:56 Ça ne remet pas en cause l'unité de la majorité, c'est ça qui compte.
07:59 Elle est parfois remise en cause ? On l'a vu avec François Bayrou aussi au moment du remaniement ?
08:03 Vous savez, quand on voit ce qui se passe à l'Assemblée nationale,
08:05 quand on voit les réformes que nous avons portées,
08:07 celles que j'ai portées dans les derniers mois, notamment sur les retraites,
08:10 la majorité n'a jamais manqué, elle n'a jamais été fracture.
08:13 Bon, en tout cas, vous Olivier Dussopt, et ce sera ma dernière question,
08:16 vous revenez en première ligne alors que, si j'ose dire,
08:20 on n'en avait pas tout à fait fini avec les affaires de justice,
08:23 puisque le parquet a fait appel après votre relax,
08:26 il faut le dire, au mois de janvier, par le tribunal correctionnel de Paris
08:30 qui jugeait une affaire de soupçon de favoritisme.
08:32 Est-ce que cet appel fait par le parquet n'est pas gênant dans votre retour politique ?
08:37 Vous savez, le tribunal de Paris a pris une décision concernant,
08:40 qui est une relax, je vous l'avais dit, et il a dit que tout ce que j'ai fait en 2009,
08:43 en 2009, j'ai transformé le service public de l'eau de ma commune à Annonay.
08:47 Je suis passé d'une délégation de service public à une régie publique
08:49 et j'ai baissé les tarifs de 25%.
08:51 Le parquet considérait qu'il y avait des choses à interroger,
08:54 le tribunal a dit que tout ce que j'avais fait était légal et conforme au droit.
08:56 Alors pourquoi le parquet national financier refait appel selon vous ?
08:58 Ce n'est pas à moi de commenter les décisions du parquet.
09:01 Ce que je dis, c'est que les mêmes causes produisent les mêmes effets.
09:03 J'irai devant la cour d'appel avec les mêmes explications,
09:06 celles qui ont convaincu le tribunal et celles qui ont amené le tribunal
09:08 à dire que j'étais innocent de tout ce qui m'était reproché.
09:10 Mais vous pensez qu'il y a d'autres raisons que simplement juridiques ?
09:12 Le tribunal a reconnu mon innocence, c'est tout ce qui compte.
09:16 Et vous pensez qu'il le reconnaîtra une deuxième fois ?
09:18 Je le crois et je le pense.
09:20 Merci beaucoup Olivier Dussopt, secrétaire général exécutif du parti Renaissance.
09:24 Et on vous retrouvera donc au meeting à Lille avec Valérie Ayé.