Category
🗞
NewsTranscription
00:00 [Musique]
00:05 Merci à tous les trois d'être avec nous.
00:07 On va continuer sur notre belle lancée avec vous qui occupez des fonctions,
00:12 des expertises encore plus ciblées RSE,
00:16 pour parler de ces nouveaux horizons qui s'invitent dans votre stratégie au quotidien.
00:23 Peut-être d'abord rapidement un mot avec des chiffres clés sur vos groupes respectifs,
00:29 qu'on connaît bien quand même, mais pour resituer un petit peu le contexte,
00:32 on va commencer avec vous, Omare Clerdaveux, pour Kering.
00:35 Alors le groupe Kering, c'est un groupe mondial de luxe.
00:40 Je suis certaine que vous connaissez nos marques,
00:43 donc c'est Gucci, Bottega Veneta, Balenciaga, Saint-Laurent, Boucheron,
00:48 je ne vais pas toutes les mentionner.
00:50 C'est 20 milliards de chiffre d'affaires, c'est 47 000 salariés à travers le monde.
00:58 Ce qui est très important par rapport au sujet d'aujourd'hui,
01:00 c'est de savoir que c'est un groupe familial,
01:03 donc avec un actionnariat familial détenu par la famille Pinault.
01:08 Et puis le point important, mais on y reviendra,
01:12 c'est que depuis plus de 15 ans aujourd'hui,
01:15 notre PDG a vraiment mis, alors qu'on l'appelle RSE, CSA, Redeveloppement durable,
01:21 quelle que soit la sémantique,
01:23 vraiment ce sujet a été mis au cœur de la stratégie du groupe.
01:27 Antoine Géraud pour Bureau Veritas.
01:31 Alors Bureau Veritas, on est un des leaders mondiaux de l'inspection,
01:35 de la certification et de l'analyse en laboratoire.
01:37 On est une entreprise française, cotée, présente dans 140 pays,
01:41 avec un chiffre d'affaires de 6 milliards d'euros, plus de 80 000 employés.
01:45 Et notre mission, c'est de contribuer à la transformation positive du monde
01:51 dans lequel on vit en apportant de la confiance entre les acteurs économiques.
01:54 Et on le fait avec deux métiers principalement.
01:57 Un premier métier qui est le métier de l'audit,
01:59 où on envoie des auditeurs dans des sites pour aller vérifier
02:02 et contrôler un niveau de conformité par rapport à une régulation
02:06 ou une norme internationale.
02:07 Et on a un deuxième métier qui est un métier de laboratoire,
02:09 où on analyse des produits, des matières premières, des aliments,
02:13 pour vérifier leur composition et leur niveau de conformité
02:18 par rapport à des réglementations.
02:20 Et je termine juste sur le développement durable en lui-même.
02:23 Ce qui nous, évidemment, est au cœur de notre entreprise.
02:26 D'abord en interne, parce qu'on cherche à réduire notre impact sur la planète,
02:30 à offrir un cadre de travail à nos salariés, etc.
02:34 Mais aussi beaucoup pour nos clients, puisqu'on accompagne nos clients
02:38 dans leur roadmap et dans leur stratégie développement durable.
02:41 Et enfin, Karine Croce pour Carrefour.
02:43 Exactement, bonjour. Donc Carrefour, j'espère que vous nous connaissez,
02:45 j'espère que vous faites vos courses dans nos hypermarchés, nos marquettes,
02:48 nos magasins de proximité en e-commerce.
02:51 Je pense que ce qui est intéressant, en effet, c'est de donner quelques chiffres,
02:54 notamment en lien avec les sujets de RSE.
02:56 On fait 95 milliards de chiffres d'affaires, c'est-à-dire qu'il y a 95 milliards de produits
03:00 qu'on vend chaque année, où en effet, l'impact RSE est clé,
03:03 de savoir est-ce que c'est des produits durables, de l'alimentation durable,
03:06 des fruits et légumes, des produits frais durables.
03:09 On a 335 000 salariés, ce qui là aussi, en termes de RSE,
03:12 est un sujet de comment on mène des politiques de diversité et d'inclusion.
03:16 Et on a aussi 15 000 magasins, donc autant de lieux de vie,
03:19 où là aussi, on peut insuffler des politiques RSE.
03:22 Donc voilà quelques chiffres pour vous dire que chez nous, évidemment, la RSE est clé.
03:25 Et nous aussi, on a un PDG extrêmement engagé, Alexandre Bompard,
03:29 qui a fait de la transition alimentaire pour tous, c'est-à-dire transition alimentaire
03:33 passée à une alimentation plus durable pour tous, c'est-à-dire à prix accessible.
03:38 C'est notre raison d'être, nous aussi, depuis 2018, ce qui, à l'époque, était assez précurseur.
03:43 Merci pour ces présentations, même si, effectivement, vous connaissez bien vos gros respectifs.
03:48 Alors la réduction des émissions carbone, on en a parlé.
03:51 Effectivement, ça fait quand même pas mal d'années qu'on a intégré le fait qu'il fallait les réduire.
03:55 C'est toujours un sujet, évidemment. Mais enfin, il y a quand même d'autres enjeux RSE,
03:59 labellisés comme tels, qui sont invités dans l'équation.
04:02 Si vous deviez faire un peu un top 3 de vos priorités à vous du moment en termes de RSE,
04:07 ce serait quoi chez Kering ?
04:09 Alors, pardon, mais je vais quand même dire un mot sur les émissions de gaz à effet de serre,
04:14 parce que, on va dire, beaucoup d'entreprises se sont engagées.
04:19 Mais on voit que, derrière cet engagement, on parle souvent en intensité.
04:24 Et je pense qu'il y a un changement, en fait, d'ordre de grandeur,
04:28 quand une entreprise se dit "je m'engage à réduire en valeur absolue mes émissions de gaz à effet de serre".
04:36 Pour ceux qui sont peut-être moins familiers, et nous-mêmes, on était dans cette démarche jusqu'à l'année dernière,
04:42 de dire "au niveau d'un produit, je peux réduire mes émissions de gaz à effet de serre,
04:48 que ce soit sur le méthane, le CO2, etc.
04:52 Mais si vous êtes une entreprise, et on peut se souhaiter ça collectivement,
04:56 qui est en pleine croissance, qui est en plein développement,
04:58 pour la planète, vous émettez de plus en plus de gaz à effet de serre,
05:03 et en gros, vous ne faites pas votre job.
05:05 Donc, pour moi, la première priorité, suite à nos engagements de l'année dernière,
05:09 on a décidé de réduire de -40% en valeur absolue, scope 1, scope 2, scope 3,
05:16 nos émissions de gaz à effet de serre, sur une baseline de 2021, et à échéance de 2035.
05:23 Et là, ce type d'objectif, je peux vous assurer que c'est mordant,
05:26 et que ça touche vraiment le business model,
05:30 et pas simplement de dire "je vais avoir plus de matières premières
05:35 qui sont issues de l'agriculture biologique, ou de l'agriculture intégrée,
05:40 ou je vais faire plus de recyclage".
05:42 On touche vraiment au modèle business.
05:44 Alors après, pour revenir sur votre point, en termes de priorité,
05:48 on a une première priorité qui est liée, et ça peut paraître loin,
05:53 mais pour nous, le monde agricole est très proche,
05:58 puisque la majorité de nos matières premières viennent de la nature,
06:01 c'est de transformer l'agriculture conventionnelle en agriculture régénératrice,
06:06 et on a pris un engagement de transformation d'un milliard d'hectares
06:10 par rapport à des matières premières, comme le coton, la laine, ou le cuir,
06:17 et une fois que cette transformation sera faite, on a démarré ça en 2021,
06:22 c'est vraiment d'être en capacité de les mettre dans nos supply chain.
06:26 Ce qui est un travail considérable, puisque un groupe comme Kering
06:31 n'achète pas en direct de la laine, n'achète pas en direct de la soie,
06:35 donc il faut vraiment construire toute cette chaîne de fournisseurs.
06:38 Le deuxième sujet, c'est l'innovation.
06:40 On croit beaucoup en l'innovation,
06:43 donc juste un ordre de grandeur entre le corporate et nos marques.
06:46 On travaille aujourd'hui avec plus de 250 startups
06:49 qui vont des sujets liés à la matière première,
06:52 comment on a des manteaux qui sont en vente,
06:54 et d'autres accessoires faits à base de mycélium de champignons,
06:59 jusqu'au recyclage, sur-cyclage,
07:03 comment on peut faire de la coloration à partir de micro-organismes,
07:08 et donc il y a toute cette dynamique qui est autour de l'innovation.
07:11 Et puis le dernier sujet, le bien-être animal.
07:15 On a été en 2016, avec Gucci, la première marque de luxe à arrêter la fourrure,
07:23 depuis l'intégralité du groupe,
07:26 et donc des marques n'utilisent plus de la fourrure,
07:28 et on considère que le luxe a cette opportunité de lancer les tendances
07:32 et d'être vraiment un vecteur aussi de sensibilisation,
07:36 et donc ce sujet bien-être animal est aussi au cœur de l'ensemble de nos politiques.
07:41 On le met dans nos contrats et on essaye vraiment de faire bouger l'ensemble du système.
07:47 Kering Cross, le top 3 chez Carrefour ?
07:49 Ça va ressembler un peu au top 3 de Kering,
07:52 c'est-à-dire que vous nous avez dit hors-climat,
07:54 et je pense que le climat est toujours le sujet majeur,
07:56 c'est vraiment la mer de tous les combats,
07:58 on ne peut pas ne pas parler de climat.
08:00 Et puis on rentre dans le dur, en effet, sur le climat.
08:02 C'est-à-dire qu'on a longtemps parlé des scopes 1 et 2 des émissions directes,
08:05 on rentre dans le dur qui sont les émissions indirectes,
08:07 et qui généralement représentent à tous la grande majorité de nos émissions.
08:11 Pour vous donner un ordre de grandeur,
08:13 chez Carrefour on a 98% de nos émissions qui sont indirectes,
08:16 c'est les émissions des produits qu'on vend en magasin,
08:19 de la canette de Coca, du pot de Nutella, de tous les produits,
08:22 tous leurs bilans carbone, on doit l'intégrer dans le nôtre.
08:25 Et donc on s'est dit que si on voulait agir,
08:27 il fallait agir de manière déterminée, en effet.
08:29 On a par exemple lancé une initiative auprès de nos 100 plus grands fournisseurs,
08:33 donc c'est tous des multinationales,
08:35 on parle d'Unilever, de Procter & Gamble, de L'Oréal, de Pepsi, de Coca,
08:38 on leur a demandé d'avoir une trajectoire 1,5°,
08:41 valider SBTI avant 2026, sinon on les sortira des magasins.
08:45 Et ça, évidemment, c'est un sujet assez majeur,
08:48 pour pouvoir décarboner notre chaîne de valeur.
08:50 Donc 1, le climat, 2, comme Marie-Claire, la biodiversité,
08:53 c'est évidemment le sujet majeur.
08:55 Nous, c'est tous les produits qu'on vend.
08:57 Est-ce que les filières, en effet, sont durables ?
08:59 Le bœuf durable, le soja durable, le cacao durable, l'huile de palme.
09:02 Donc c'est un sujet majeur, la biodiversité.
09:05 Et puis le dernier, c'est la diversité et l'inclusion,
09:08 qui est un sujet vraiment majeur en termes de RSE,
09:10 où longtemps, les États-Unis ont été probablement plus avancés que nous,
09:13 même si on sait qu'en ce moment, il y a toute une série de critiques
09:16 sur les politiques de diversité et d'inclusion aux États-Unis.
09:19 On a, par exemple, lancé hier, chez Carrefour, une initiative
09:21 dont on est très heureux, sur la diversité d'origine.
09:24 On a lancé une enquête avec Ipsos, auprès de tous nos salariés en France,
09:27 l'année dernière. On s'est rendu compte que Carrefour est plus divers
09:30 que la population française. Nous avons plus de gens issus de la diversité,
09:33 c'est-à-dire nés à l'étranger. En revanche, dès qu'on monte
09:36 dans les managers, dans les magasins, dans les sièges,
09:39 nous avons moins de managers qui soient nés à l'étranger.
09:42 Et donc, on a lancé avec notre PDG, hier, une vaste initiative en interne,
09:45 un plan d'action. Je ne vais pas vous le détailler aujourd'hui,
09:48 mais pour promouvoir nos salariés issus de la diversité d'origine
09:51 et briser le plafond de verre, en se disant que c'est comme
09:54 le sujet des femmes, où moi j'aurais du mal à travailler dans une entreprise
09:57 où il n'y a pas de femmes qui soient représentées à haut niveau,
10:00 il faut aussi qu'on élargisse le nombre de managers issus de la diversité d'origine.
10:03 Donc, pour nous, c'est la nouvelle frontière, les politiques de diversité
10:06 et inclusion, et de voir comment on peut avancer sur ces sujets-là.
10:09 Carrefour, Comgeering, ce sont des groupes internationaux,
10:12 vous êtes présents partout. Est-ce que quand on définit sa stratégie RSE
10:15 en se disant, les objectifs qu'on ajoute dans la stratégie,
10:18 c'est ça, ça, ça, est-ce qu'il faut faire une différence
10:21 entre les pays d'implantation, en se disant, dans tel autre pays,
10:24 ça ne sera pas les mêmes priorités ? Est-ce que vous adaptez un petit peu
10:27 les objectifs ? Alors, nous, on n'a pas voulu les adapter,
10:30 en se disant que c'était trop facile, sinon, d'avoir un pays qui nous dise
10:33 attention, moi j'ai des spécificités. Pour nous, c'est des enjeux majeurs
10:36 au niveau planétaire. Et donc, par exemple, le climat, on ne peut pas dire,
10:39 je suis désolée, dans un pays, c'est plus compliqué. Donc, on a exactement
10:42 les mêmes politiques RSE dans tous les pays du groupe.
10:45 On a un indice RSE avec 17 indicateurs, qui sont les 17 indicateurs clés,
10:48 qui font partie de la rémunération de toutes les personnes
10:51 qui ont un bonus chez Carrefour, et c'est les mêmes indicateurs
10:54 partout dans le monde. C'est un petit peu râlé, probablement, au départ,
10:57 parce qu'en effet, on a tous des pays plus ou moins avancés sur tel ou tel sujet,
11:00 mais ça nous semblait être un vrai sujet de cohérence, et puis,
11:03 quelque part, d'adhésion interne, d'avoir tous les mêmes critères.
11:06 - Chez Kering, c'est la même chose, c'est harmonisé ?
11:09 - C'est la même chose, c'est harmonisé avec des objectifs quantifiés,
11:12 des calendriers de mise en œuvre, que ce soit sur la partie sociale
11:15 ou la partie environnementale, et après, évidemment,
11:18 le support du corporate pour la mise en œuvre opérationnelle
11:21 peut être différent en fonction des besoins.
11:24 Mais si on prend sur le social une politique où nous avons mis
11:27 des congés de parentalité,
11:30 on a exactement la même approche,
11:33 quel que soit le pays en termes d'implantation.
11:36 Et puis, en plus, quand on parle des politiques environnementales,
11:39 que ce soit le climat ou la biodiversité, on est sur des biens publics mondiaux,
11:42 et donc, quel que soit l'endroit où on a un impact,
11:45 c'est un impact pour l'ensemble de la planète.
11:48 - Antoine Giraud, vous l'avez rappelé, Bureau Veritas, il y a l'interne,
11:51 ce que fait Bureau Veritas pour sa propre groupe,
11:54 et puis, comment vous accompagnez les entreprises, notamment,
11:57 dans leurs objectifs sustainability ? Est-ce que ce que disent
12:00 Karine Croce et Marie-Claire Daveux, ça fait écho aussi à ce que vous voyez ?
12:03 Est-ce qu'il y a d'autres tendances que vous, vous voyez pointer ?
12:06 - Oui, je suis tout à fait en ligne avec ce qui a été dit.
12:09 Les sujets nouveaux ont été cités. Bon, l'eau, la biodiversité, etc.
12:12 Mais je crois que, fondamentalement, ce qui change,
12:15 c'est qu'aujourd'hui, le sujet n'est plus un sujet technique.
12:18 Nos clients viennent nous voir en nous disant
12:21 "Je veux mettre en place des chaînes d'approvisionnement
12:24 qui sont durables sur le long terme." Et quand on commence à creuser
12:27 ce que ça veut dire, alors les sujets émergent,
12:30 alors le sujet de la biodiversité émerge, alors le sujet du bien-être animal
12:33 émerge, etc. Et donc, la grande différence,
12:36 c'est que les départements RSE
12:39 se connectent de plus en plus avec le métier, avec le business,
12:42 et se posent des questions qui sont liées au business,
12:45 en termes d'impact chiffré aussi. Qu'est-ce qui se passe
12:48 si je découvre qu'il y a
12:51 une pollution trop importante ou qu'il y a une exploitation
12:54 des travailleurs dans telle usine, dans tel endroit du monde ? Qu'est-ce qui se passe
12:57 s'il y a un stress hydrique dans cette région où j'ai
13:00 des matières premières que je vais chercher ? Et
13:03 immédiatement, on fait le lien tout de suite avec le métier,
13:06 on chiffre, et les plans d'action qui sont mis
13:09 en place peuvent être beaucoup plus ambitieux aussi.
13:12 - Alors ça, c'est les objectifs, les actions, on a déjà un petit peu parlé,
13:15 vous avez donné des exemples au sein de vos groupes respectifs.
13:18 C'est quoi les trois domaines clés sur lesquels agir
13:21 pour que ces objectifs, on puisse les atteindre ? C'est la formation,
13:24 c'est l'incitation, notamment en termes de rémunération,
13:27 vous l'avez expliqué, Karine Croce, sur quoi vous misez,
13:30 chez Carrefour par exemple ? - Nous, c'est un mixte des deux,
13:33 d'incitation, en effet, à travers de la formation, comme dans toutes les entreprises
13:36 en forme de manière massive, et beaucoup aussi, en effet,
13:39 de systèmes un peu plus coercitifs, comme la rémunération qui est quand même
13:42 un bon levier d'action. Pour vous donner un exemple, cet indice
13:45 RSE qui sert de base pour les bonus,
13:48 ils étaient limités aux cadres dirigeants avant, désormais, pays par pays,
13:51 on l'étend à l'ensemble des personnes qui ont un bonus,
13:54 par exemple, c'est 10 000 personnes en France. Donc si vous allez dans un hypermarché,
13:57 vous avez une cinquantaine de cadres de l'hypermarché
14:00 qui ont une partie de leur bonus indexé sur l'indice RSE.
14:03 Tout d'un coup, évidemment, ça fait beaucoup plus d'affection
14:06 souhaitatiste, en quelque sorte, sur "ah bon, mais c'est quoi l'indicateur biodiversité ?
14:09 C'est quoi l'indicateur sur le handicap ?". Et donc je pense qu'il faut réussir
14:12 à le faire diffuser dans toute l'entreprise. On émet aussi beaucoup
14:15 de SLB, les Sustainability Link Bonds, ça c'est un aspect différent,
14:18 c'est un aspect financier, mais c'est des obligations dont le rendement
14:21 est lié à l'atteinte de nos indicateurs RSE. Et donc,
14:24 on essaye à chaque fois de le mettre dans toutes les politiques du groupe.
14:27 On a lancé une opération d'actionnariat salarié l'année dernière,
14:30 on a 50% des fonds qu'on a récoltés qui vont sur des initiatives RSE.
14:33 Donc, dès qu'on peut, on s'imbrique dans les dispositifs classiques
14:36 d'une entreprise, la rémunération, le financement,
14:39 l'actionnariat salarié, pour mettre une touche RSE et que ça soit
14:42 vraiment core business et que ça rentre dans toutes les stratégies
14:45 de l'entreprise. - Antoine Giraud, vous voulez réagir ?
14:48 - Oui, je pense que je rebondis sur ce que vous disiez tout à l'heure,
14:51 il faut former, le niveau de culture générale s'améliore,
14:54 mais quand on compare au niveau de culture générale financière,
14:57 par exemple, dans une entreprise, c'est incomparable. Donc, il faut
15:00 former ses salariés, ça c'est la première chose. Et la deuxième chose,
15:03 je crois, c'est qu'il faut réussir à ce que l'on dit
15:08 soit parlant et concret pour les différents interlocuteurs
15:11 d'une organisation, qui ont tous des métiers, des préoccupations
15:14 qui sont assez différentes les uns des autres. Et donc, il faut réussir
15:17 à transformer une stratégie ou des indicateurs ou des objectifs
15:24 en quelque chose qui soit actionnable à la maille individuelle
15:27 pour créer cette dynamique positive. - C'est très clair.
15:31 Chez Kering, il y a des outils aussi que vous avez déployés
15:33 pour arriver à atteindre cet objectif assez ambitieux ?
15:36 - Je crois qu'il n'y a pas de solution. Miracle, comme on a commencé
15:40 depuis longtemps, la formation, c'est quelque chose qui est en continu.
15:45 Donc, on a développé, c'est ce que vous indiquiez aussi,
15:49 différents niveaux de formation. Si vous êtes un administrateur
15:53 du groupe, c'est un certain niveau d'administration.
15:55 Si vous êtes un directeur d'achat, il faut que ça soit
15:58 extrêmement opérationnel. Moi, je crois beaucoup, plus globalement
16:02 que la rémunération, à la gouvernance. Donc, on a mis en place
16:06 cette thématique RSE, développement durable, à tous les niveaux
16:11 de l'entreprise, de telle sorte qu'on ne peut pas y échapper.
16:15 Et ça va jusqu'à le recrutement de nouveaux collaborateurs
16:19 où on leur demande "mais qu'est-ce que vous allez apporter
16:22 à l'entreprise sur ce sujet-là ?" Parce que, notamment,
16:25 chez les jeunes, ils arrivent, c'est quoi le télétravail,
16:27 quelles sont les actions, etc. Mais vous, qu'est-ce que vous allez
16:31 apporter sur le sujet du développement durable ?
16:34 Et puis, peut-être un volet qui est peut-être plus lié
16:37 à notre secteur, c'est que même quand vous êtes un grand groupe,
16:41 vous êtes quand même de taille relativement modeste
16:45 pour changer les chaînes d'approvisionnement,
16:48 parce qu'il y a aussi une histoire de volume.
16:51 Et donc, nous, on a une philosophie qui est de vraiment mettre
16:53 en accès libre, en open source, toutes nos bonnes pratiques,
16:57 tous nos outils, etc., de telle sorte aussi à faire changer
17:02 le secteur. Et c'est comme ça qu'on a créé, en fait,
17:06 deux coalitions, une qui s'appelle le Fashion Pact
17:09 et qui avait été créée à l'occasion du G7, présidée par la France,
17:12 et puis la même initiative avec nos amis de quartier
17:15 pour le secteur de l'horlogerie et de la joaillerie,
17:18 parce qu'on pense qu'aucune entreprise, toute seule,
17:22 n'a la capacité suffisante pour changer plus profondément
17:26 le système et pour nous, encore une fois,
17:29 de remonter très très loin dans la supply chain.
17:32 C'est quoi le caillou dans votre chaussure, si je puis m'exprimer ainsi,
17:36 parce qu'il y a des outils que vous déployez,
17:38 il y a quand même aussi des freins qui viennent un peu entraver tout cela.
17:41 Un long fleuve tranquille.
17:43 J'imagine. Est-ce que c'est l'acceptabilité,
17:46 on a compris, il faut la formation, la culturation.
17:49 Est-ce que c'est le fait que collecter les datas,
17:51 quand on parle de Scope 3, d'émissions en direct,
17:53 au niveau de la chaîne d'approvisionnement,
17:55 ce n'est pas toujours facile de savoir ce qui est fait
17:57 dans tel pays par tel fournisseur.
17:59 C'est quoi le plus complexe ?
18:01 Alors, le plus complexe pour moi, dans notre secteur,
18:05 c'est vraiment lié au change management.
18:08 On fait comme ça depuis toujours,
18:12 surtout dans le secteur du luxe,
18:14 où évidemment le savoir-faire est quelque chose de très important.
18:18 Pourquoi je devrais changer mes habitudes ?
18:21 Un exemple très concret sur le tannage.
18:24 On pousse à faire du tannage sans métaux lourds,
18:27 sauf que le tannage qui est actuellement utilisé,
18:30 c'est un tannage traditionnel, mais il n'y a pas de problème.
18:32 Pourquoi le changer ?
18:33 Donc, le premier sujet, pour moi,
18:35 c'est vraiment du change management.
18:38 Ensuite, encore une fois, une spécificité peut-être dans le secteur,
18:42 c'est que tout ce que l'on demande
18:44 ne doit pas être un frein à la créativité,
18:47 puisque la créativité, c'est vraiment l'élément essentiel
18:50 de notre business.
18:52 Et donc, il faut faire travailler les équipes d'innovation,
18:56 de développement durable, avec les équipes de design,
18:59 pour leur montrer que c'est une opportunité
19:01 et que c'est un facteur de stimulation de la créativité.
19:05 Maintenant, ce qui nous aide beaucoup,
19:07 et on ne l'a pas évoqué dans votre question précédente,
19:09 c'est que la réglementation est en train de changer à vitesse grand V.
19:14 Quand vous voyez que ce soit au niveau national
19:17 ou que ce soit type plus communautaire,
19:20 la CSRD, etc., ça pousse.
19:23 Après, le sujet de la donnée,
19:25 évidemment, c'est quelque chose de challengeant.
19:27 Chez Kering, depuis 2011, on a développé un outil
19:31 qui s'appelle le compte de résultats pour l'environnement, l'IPNL,
19:35 où on collecte déjà,
19:37 si on est sur les émissions de gaz à effet de serre,
19:40 les données du SCOP3,
19:41 et où on collecte aussi toute la donnée chez nos fournisseurs,
19:44 jusqu'au rang 4, qui est l'élevage bovin,
19:47 l'élevage au vin, etc.
19:49 Donc, ce n'est pas du tout parfait.
19:51 Il y a plein de progrès à faire,
19:53 mais on ne part pas de rien.
19:56 Il faut aussi accepter que tout ce que l'on met derrière
19:59 la performance extra-fille,
20:01 même s'il ne faut plus l'appeler comme ça,
20:03 ça a démarré beaucoup plus tard aussi
20:05 que le côté comptabilité financière.
20:07 Donc, il faut aussi que les systèmes se mettent en place, etc.
20:11 Vous parlez du fait qu'il faut bien comprendre
20:13 que ce n'est pas un frein à la créativité.
20:15 Vous parlez d'innovation durable,
20:16 c'est un des objectifs au sein de Kering.
20:18 Est-ce que vous pouvez aussi convaincre
20:20 les directeurs financiers du fait que les objectifs RSE
20:23 ne sont pas en opposition aux objectifs financiers ?
20:27 Encore une fois, chez Kering, et je le mentionnais,
20:29 c'est un groupe familial.
20:32 C'est aussi une opportunité, justement,
20:35 dans la balance CFO-CSO.
20:40 C'est le fait qu'il y a vraiment cette vision long terme.
20:43 Évidemment, on est coté en bourse,
20:45 donc on regarde comme tout le monde le cours de bourse,
20:48 mais on a en fait cette chance.
20:50 Un, et ce n'est pas juste pour que ça lui soit répété,
20:54 mais on a vraiment l'engagement du PDG,
20:56 et ça, c'est extrêmement fort.
20:58 On a cette vision en fait long terme.
21:01 Et du coup, dans le groupe,
21:03 comme on en parle depuis plus de 15 ans,
21:06 il y a cette conviction.
21:07 Et les gens qui rejoignent,
21:09 les personnes qui rejoignent Kering, etc.,
21:12 quand François-Henri Pinault fait passer les entretiens
21:15 aux designers ou aux membres de COMEX,
21:18 c'est un élément aussi central
21:20 dans les personnes qui sont recrutées.
21:22 Donc, encore une fois, tout n'est pas simple,
21:24 et je ne vais pas vous dire qu'il n'y a jamais de frictions,
21:27 mais nous, on le voit vraiment comme un investissement.
21:30 C'est un vrai investissement.
21:31 Et puis ensuite, ce qui aide aussi,
21:33 c'est que nos consommateurs, nos clients,
21:36 sont de plus en plus attentifs à ce type de sujet.
21:40 Et évidemment, ils ne nous demandent pas
21:42 quelle est votre politique RSE quand ils viennent en boutique,
21:45 mais ils vont s'intéresser à la question du bien-être animal,
21:48 à l'origine du cuir.
21:50 Voilà.
21:51 Et donc, c'est quelque chose qui est aussi maintenant,
21:54 ce qui n'était pas le cas il y a 15 ans,
21:56 mais qui est aujourd'hui aussi beaucoup plus en lien
21:58 avec le business opérationnel.
22:00 - Chez Carrefour, vous diriez que c'est quoi les freins principaux ?
22:03 - Nous, on a le même frein sur la supply chain.
22:05 C'est-à-dire qu'évidemment, on dit beaucoup Kering, Carrefour,
22:08 on est des grands groupes, et en fait, on est très petits
22:10 dans ces supply chains.
22:11 Nous, par exemple, quand on parle des produits agricoles,
22:13 le bœuf, l'huile de palme, à chaque fois qu'il y a des sujets
22:16 de durabilité de la chaîne d'approvisionnement,
22:18 on essaie d'agir, mais on est un tout petit maillon d'une chaîne
22:21 en termes de pourcentage d'achat du bœuf,
22:23 par exemple, à l'échelle planétaire.
22:25 Et ça, c'est un vrai sujet qu'on a tous,
22:27 de comment on embarque tout notre écosystème
22:29 sur les supply chains.
22:30 C'est vraiment le sujet de demain.
22:31 Un autre sujet qui est le sujet d'aujourd'hui,
22:33 en tout cas dans la grande distribution,
22:35 c'est de l'inflation, qui est un vrai sujet,
22:37 sur comment on concilie inflation et RSE.
22:40 Je pense qu'on a eu une période bénie avant, quelque part,
22:42 sur la RSE, en tout cas dans l'alimentation.
22:44 On le voyait, par exemple, avec les ventes de produits bio
22:47 qui augmentaient chaque année de manière assez facile
22:49 et spontanée quasiment.
22:51 Et on voit bien que là, on a quand même une inflation,
22:53 une crise du pouvoir d'achat, qui fait que le consommateur
22:56 a toujours envie de consommer RSE.
22:58 Toutes nos études le montrent.
22:59 En effet, comme RSE, c'est pareil que les boutiques Kering,
23:01 ils ne se disent pas, tiens, j'ai envie d'un produit RSE,
23:03 mais ils veulent du bien-être animal,
23:05 ils veulent du sans OGM, ils veulent du durable,
23:07 ils veulent du label.
23:08 Mais malgré tout, il y a quand même une contrainte
23:10 de pouvoir d'achat qui fait que c'est difficile
23:12 de se payer la RSE sur ces produits.
23:14 Et c'est là où nous, on a un vrai sujet,
23:15 de trouver les nouveaux business models de demain
23:17 où on continue à pousser une offre durable,
23:19 mais avec un prix totalement aligné
23:21 avec l'alternative classique.
23:22 Et ça, c'est le vrai enjeu, je pense, des années à venir,
23:24 qui est plus fort dans la grande distribution,
23:26 parce que l'inflation a été avant tout
23:28 une inflation alimentaire ces derniers temps,
23:30 mais qui va toucher quand même dans les 10 ou 15 ans
23:32 qui viennent tous les secteurs d'activité.
23:34 Il y aura toujours des phases d'inflation
23:36 sur certains secteurs industriels.
23:37 Et ça, je pense que c'est le vrai enjeu de la RSE.
23:39 Tout le monde est convaincu de l'utilité,
23:41 mais il faut réussir à le faire à prix comparable.
23:43 Et un mot sur la data, les données dont on parle,
23:45 qu'il faut collecter pour pouvoir faire des reportings,
23:47 savoir où on en est en termes d'impact.
23:49 C'est compliqué ?
23:50 C'est compliqué, mais pour moi,
23:52 ce n'est pas l'aspect principal.
23:53 C'est-à-dire que je pense qu'on parlait aussi
23:55 de la dichotomie avec les directeurs financiers.
23:58 Je pense qu'ils sont tous sensibilisés,
23:59 parce que les investisseurs aussi,
24:01 la finance est sensibilisée au sujet,
24:03 nous posent des questions, nous demandent du reporting.
24:05 Je pense qu'on a une attente générale
24:07 d'avancer sur le sujet.
24:08 Et nous, on est très humbles sur le fait que le SCOPE 3,
24:10 personne ne sait totalement le mesurer,
24:12 qu'il y a des évaluations méthodologiques,
24:13 qu'on prend des tiers extérieurs
24:15 pour l'évaluer à notre place,
24:16 faire la méthodologie affinée.
24:18 On sait que ce n'est pas parfait,
24:19 mais l'essentiel, c'est d'avancer.
24:20 C'est de montrer qu'on a des actions concrètes,
24:22 qu'on avance, de reporter,
24:23 faire du reporting sur ces actions,
24:24 même si le SCOPE 3 de Carrefour
24:26 n'est pas exact au gramme ou à la tonne de CO2 près.
24:29 Antoine Giraud, je vais au bureau Veritas.
24:31 Quels freins vous identifiez, vous ?
24:33 Quelles barrières faut-il lever ?
24:35 L'un des problèmes fondamentaux,
24:37 c'est que dans toute cette histoire,
24:39 le sujet, c'est que la transition durable a un coût.
24:41 Que vous citiez votre exemple de votre client
24:45 qui vous dit, en fait, il faut baisser sur ce produit-là
24:47 vos émissions de temps,
24:48 et on ne va pas payer pour le faire.
24:50 Et qu'en parallèle, on a la pression
24:52 des fournisseurs chinois
24:54 qui produisent à 30-40% moins cher.
24:58 Donc, qui payent ?
24:59 Et comment est-ce qu'on arrive à mettre en place
25:02 un écosystème dans une dynamique
25:08 qui, par définition, est complexe,
25:10 parce qu'elle est multi pays, multifournisseurs,
25:12 parfois même, on ne connaît pas
25:14 son fournisseur de matières premières.
25:16 Donc, ça, c'est pour moi un élément
25:18 de complexité majeure.
25:20 Et le sujet de la collecte de données
25:22 en fait, est assez lié,
25:24 parce que le point n'est pas de...
25:26 La difficulté n'est pas dans la façon
25:28 dont je réussis à collecter la donnée,
25:30 mais comment est-ce que j'arrive à créer
25:32 une démarche collective avec l'ensemble
25:34 d'une chaîne d'approvisionnement
25:36 pour avancer ensemble dans la collecte de données,
25:38 dans le financement de la transition durable, etc.
25:40 Est-ce qu'une des clés, justement,
25:42 n'est pas quand on a un groupe,
25:44 effectivement, de taille de Carrefour,
25:46 Kering, ou même un peu plus petit,
25:48 mais avec beaucoup d'implantations aussi,
25:50 c'est la harmonisation de ces indicateurs
25:52 de performance, parce que parfois,
25:54 il y a des désaccords, donc du coup,
25:56 on ne parle pas de la même base.
25:58 Alors, la directive sur le reporting extra-financier
26:00 dont parlait Sébastien Mandron tout à l'heure
26:02 va beaucoup aider,
26:04 parce que l'objectif principal,
26:06 c'est de standardiser, de rendre comparable
26:08 les indicateurs de performance,
26:10 la collecte de données, etc.
26:12 Donc, il y a beaucoup de sujets
26:14 sur lesquels nous, dans notre métier de certificateur,
26:16 on a des... Il existe des standards
26:18 qui sont internationalement reconnus
26:20 avec des équivalences entre les standards
26:22 et qui sont utilisés par l'ensemble des acteurs
26:24 d'une chaîne d'approvisionnement.
26:26 Je pense que, sur ce qui touche
26:28 à la durabilité,
26:30 la directive sur le reporting extra-financier
26:32 va vraiment considérablement aider
26:34 à la comparabilité et la standardisation des indicateurs.
26:36 Une réaction, justement, Karine Croce,
26:38 sur cet aspect réglementaire dont on a parlé,
26:40 la CSRD, la fameuse,
26:42 qui ne concerne pas toutes les tailles
26:44 d'entreprises, mais finalement, quand on parle de Scope 3
26:46 et de tous les fournisseurs,
26:48 on est indirectement plus ou moins
26:50 tous concernés. Vous accueillez
26:52 cela de manière très positive. Finalement,
26:54 ça va être une bonne raison de faire
26:56 un alignement sur les objectifs RSE
26:58 ou ça vient avec son autre complexité ?
27:00 - Exactement. Je pense qu'on a une forme
27:02 d'ambivalence sur la directive CSRD.
27:04 Nous, chez Carrefour, ça va être à peu près
27:06 800 à 1 000 données qu'il va falloir reporter
27:08 de manière très précise.
27:10 On était relativement avancé,
27:12 puisqu'on est un grand groupe, on a un peu plus de moyens humains,
27:14 on a notre fameux indice RSE,
27:16 donc on publiait déjà pas mal de choses.
27:18 Il y a quand même un sujet de complexité,
27:20 il faut être honnête. On va devoir
27:22 reporter sur toute une série de sujets,
27:24 peut-être le côté un peu compliqué. Le côté positif,
27:26 c'est que ça va enfin permettre une comparaison
27:28 sur des indicateurs qui vont être
27:30 les mêmes pour tout le monde. Et ça, c'est plutôt
27:32 sain. Ce qui est sain aussi, c'est que ça s'applique à tout le monde.
27:34 Parce qu'avant, il y avait une forme de dichotomie
27:36 entre les entreprises cotées et les autres.
27:38 Là, ça s'applique aussi aux non-cotées,
27:40 ça s'applique aussi aux PME, et ça, je pense que
27:42 ça sera utile. Une fois qu'on aura réussi à passer
27:44 un peu ce cap de publication
27:46 sur la CSRD, on pourra comparer
27:48 les acteurs, les uns entre les autres, avec
27:50 exactement les mêmes indicateurs, et ça, c'est très sain.
27:52 Donc voilà, c'est une forme d'ambivalence,
27:54 ça va être compliqué pour tout le monde dans les 2-3 ans qui viennent,
27:56 il ne faut pas se le cacher, c'est une énorme charge de travail,
27:58 mais in fine, probablement dans 4-5 ans,
28:00 on aura un paysage plus unifié.
28:02 C'est en effet ce que tout le monde appelle de ses voeux
28:04 depuis assez longtemps.
28:06 - Sur le plan international, la CSRD, ça ne touche
28:08 pas toutes les entreprises,
28:10 pas les Etats-Unis par exemple, la Chine,
28:12 est-ce que ce n'est pas compliqué
28:14 quand même pour cela, parce que vous êtes face
28:16 aussi à des concurrents,
28:18 sur certaines de vos implantations qui eux ne sont
28:20 pas concernées par ce dispositif ?
28:22 - Alors ça touche certains de nos concurrents.
28:24 Dès que vous avez une filiale en Europe qui est
28:26 supérieure à un certain chiffre d'affaires,
28:28 je pense que c'est peut-être 250 ou 300 millions d'euros
28:30 de chiffre d'affaires, vous devrez reporter.
28:32 Par exemple, nous dans le secteur du retail,
28:34 Walmart n'est pas présent en Europe, ils ne reporteront pas,
28:36 Tesco en revanche, qui a des filiales
28:38 notamment dans les pays de l'Est, devra reporter.
28:40 Donc ça c'est quand même heureusement une des
28:42 initiatives plutôt pertinentes de la directive CSRD,
28:44 dès que vous avez une présence en Europe,
28:46 il faut être soumis aux mêmes règles,
28:48 et donc si vous faites suffisamment de chiffre d'affaires,
28:50 même si vous êtes en effet américain, asiatique,
28:52 vous devrez reporter aussi, ce qui est plutôt sain.
28:54 - Marie-Claire Daveux, la CSRD,
28:56 vous en avez parlé un petit peu, c'est vrai
28:58 que j'imagine que vous l'accueillez à bras ouverts,
29:00 ça clarifie les choses, mais enfin,
29:02 comme je le disais à Karine Croce, ça peut être considéré
29:04 comme une usine à gaz aussi par certains,
29:06 vous le percevez vous ça aussi ?
29:08 - Alors, si je vous réponds à titre personnel,
29:10 moi je trouve que c'est vraiment
29:12 extrêmement intéressant, et c'est ce que disait Karine,
29:14 quand on fait aujourd'hui
29:16 les roadshows ESG,
29:18 on a face à nous des investisseurs,
29:20 on peut aussi avoir des contacts
29:22 avec des analystes financiers,
29:24 même s'ils ont de l'intelligence artificielle,
29:26 honnêtement, aujourd'hui,
29:28 pour faire des comparaisons
29:30 entre ce que les groupes,
29:32 ce que les marques, les uns et les autres disent,
29:34 c'est extrêmement difficile,
29:36 c'est pas la même base, c'est pas le même périmètre,
29:38 c'est pas la même façon
29:40 d'exprimer les choses, etc.
29:42 Et résultat des courses aujourd'hui,
29:44 on voit bien que dans le cours de bourse,
29:46 pour les entreprises cotées,
29:48 celles qui sont très engagées sur ces thématiques-là,
29:50 et qui font des choses, pas simplement
29:52 du greenwashing, mais vraiment,
29:54 aujourd'hui le cours de bourse,
29:56 le valorise pas, à la limite,
29:58 ce que l'on voit dans le cours de bourse,
30:00 c'est juste quand il y a un accident,
30:02 un mismanagement. Étant plutôt
30:04 positive de nature,
30:06 c'est pas l'année prochaine,
30:08 dès la première publication des rapports de durabilité,
30:10 mais on peut estimer que
30:12 quand il y aura aussi des pratiques de place,
30:14 etc., ça va permettre
30:16 et qu'à terme, il y aura cette valorisation
30:18 qu'on appelle tous de nouveau, je crois,
30:20 dans le cours de bourse,
30:22 de telle sorte que quand on parle de performance,
30:24 ça soit bien sur nos deux jambes.
30:26 Après, évidemment, quand on est au quotidien,
30:28 c'est ce que Karine dit,
30:30 il y aura plus d'indicateurs,
30:32 il va y avoir aussi plus de contrôle
30:34 sur la qualité des indicateurs.
30:36 Si on voit, moi c'est ce que je leur dis
30:38 en interne, par le petit bout de la lorgnette,
30:40 oui, il y a un petit côté contrainte. Après,
30:42 c'est aussi notre responsabilité
30:44 en tant qu'en charge du développement durable
30:46 de montrer que c'est une opportunité,
30:48 peut-être aussi,
30:50 et de continuer à embarquer
30:52 les uns et les autres, parce que c'est quand même
30:54 très bien, on parle aussi bien des sujets G
30:56 que des sujets S que des sujets E,
30:58 on doit faire des plans d'action
31:00 qui sont quand même assez
31:02 détaillés. Donc voilà, c'est aussi
31:04 une belle opportunité pour en remettre, entre guillemets,
31:06 une couche dans l'entreprise
31:08 si besoin est de se réaligner
31:10 sur quelques sujets.
31:12 Et au total,
31:14 c'est un peu contraignant sur le
31:18 climat. Après, il y a une très grande
31:20 liberté qui est laissée aux entreprises
31:22 sur les autres sujets, dans leur façon
31:24 de s'exprimer, etc.
31:26 Et on verra, pour moi, ce qui sera important aussi,
31:28 c'est de voir la pratique de place, pour
31:30 justement voir si ça permet
31:32 d'avoir une sorte d'élévation et de
31:34 se challenger soi-même sur ce qui sera
31:36 publié. - Antoine Giraud,
31:38 solidarité. - Ce que je voulais dire, c'est qu'il est certain que l'Europe
31:40 a un rôle moteur
31:42 sur ces sujets-là.
31:44 Je dois dire que l'Union Européenne
31:46 a quand même
31:48 poussé le bouchon un peu loin. Il y a énormément de régulations
31:50 qui sont sorties ces derniers temps. Donc on en revient
31:52 de parler de la CSRD, mais il y a une régulation sur la
31:54 deforestation, il y a une régulation en vue
31:56 sur les labels qu'on peut mettre sur les produits,
31:58 il y a une régulation en vue sur les
32:00 due diligence qu'on doit faire,
32:02 développement durable sur les chaînes d'approvisionnement
32:04 qui a été décalée. Donc là, je crois
32:06 qu'il va y avoir probablement une pause
32:08 pendant un certain temps. C'est aux entreprises
32:10 de prendre les sujets,
32:12 comme vous disiez, de
32:14 démontrer qu'elles sont aussi créatrices de valeurs,
32:16 de différenciation par rapport à la
32:18 concurrence. Et puis les autres pays vont
32:20 suivre sur la CSRD. On voit que l'Inde, en ce moment,
32:22 par exemple, qui est un gros pays,
32:24 commence à se poser des questions et ils vont probablement
32:26 aller dans cette direction-là. Donc je vois
32:28 plutôt l'Europe comme un rôle de moteur
32:30 et puis les pays qui vont suivre dans le foulet.
32:32 On arrive bientôt au terme de cet échange.
32:34 Juste un mot chacun, s'il vous plaît.
32:36 Si vous deviez donner un conseil
32:38 à un de vos confrères, un de vos consoeurs
32:40 en charge de la sustainabilité
32:42 au sein de son entreprise, ce serait lequel ?
32:44 Pour une stratégie RSE
32:46 réussie ?
32:48 Marie-Claire Daveux.
32:50 Je vous conseille, on va rester modeste, mais plutôt
32:52 par rapport à l'expérience
32:54 vécue
32:56 tant côté public que privé.
32:58 Je pense que l'essentiel, c'est d'avoir
33:00 une bonne gouvernance
33:02 parce qu'on est encore à des sujets
33:04 où la maturité n'est pas
33:06 forcément globale,
33:08 totale, etc. Donc il faut qu'il y ait une gouvernance
33:10 pour que ce sujet-là soit vraiment
33:12 positionné au cœur de la stratégie.
33:14 Et puis après l'intervenante
33:16 précédente l'a mentionné, c'est vraiment
33:18 cette capacité de mesurer. C'est-à-dire
33:20 qu'il faut faire de la même manière
33:22 que dans le monde de la finance. On mesure,
33:24 on a des objectifs, on a des calendriers
33:26 et donc ces sujets-là
33:28 doivent être managés de la même manière
33:30 sur le résultat.
33:32 Anthony Giraud ?
33:34 Je pense qu'une bonne question
33:36 que toutes les entreprises doivent se poser, c'est comment
33:38 je dois faire évoluer ma fonction
33:40 RSE dans mon organisation.
33:42 J'ai à côté de moi
33:44 deux groupes qui sont extrêmement bien structurés
33:46 et c'est pas ce qu'on voit chez tous nos clients.
33:48 Et
33:50 quand on compare à la finance par exemple, la direction
33:52 financière qui est une direction extrêmement structurée,
33:54 on a encore un peu
33:56 de chemin à parcourir pour les directions RSE.
33:58 Dans une direction RSE, il doit y avoir
34:00 des métiers techniques, il doit y avoir des métiers
34:02 de reporting, il doit y avoir des métiers
34:04 stratégiques, métiers,
34:06 business. Et donc
34:08 c'est se poser cette question de la
34:10 structuration de cette équipe RSE, comment est-ce
34:12 qu'elle s'articule avec le reste de l'entreprise, notamment
34:14 avec la direction financière, me semble être un sujet
34:16 clé sur lequel il faut réfléchir.
34:18 Et Karine Croce ? Et pareil, c'est un sujet de
34:20 positionnement au sein de l'entreprise. Je pense
34:22 qu'il faut que la RSE soit positionnée au plus haut
34:24 niveau de l'entreprise, le plus près possible
34:26 du PDG. Je rejoins ce que
34:28 disait Marie-Claire, je pense qu'il faut
34:30 avoir une proximité avec le PDG. Je pense que
34:32 la RSE est un métier qui n'est pas tout à fait mature.
34:34 On a des injonctions contradictoires,
34:36 c'est-à-dire que d'un côté vous avez la CSRD
34:38 qui vous demande de reporter sur 800 données,
34:40 puis de l'autre côté vous avez l'inflation,
34:42 donc si vous prenez un opérationnel sur le terrain, il va se dire
34:44 pourquoi aller faire de la RSE alors que
34:46 j'ai une crise du pouvoir d'achat. Donc c'est un métier
34:48 qui se cherche encore, qui se pose plein de questions,
34:50 qui est au cœur de l'actualité, et donc je pense qu'il y a
34:52 besoin, un, d'avoir le soutien du PDG, ce qui
34:54 est le cas aussi chez Carrefour. Si vous n'avez pas un PDG
34:56 totalement convaincu à 150%,
34:58 vous n'y arriverez peut-être pas,
35:00 en tout cas plus difficilement. Et puis deux,
35:02 d'être au comex aussi pour voir arriver les
35:04 tendances qui impactent l'entreprise.
35:06 Moi j'ai l'impression que notre politique RSE chez Carrefour,
35:08 on a toujours les mêmes sujets de climat, etc.,
35:10 mais on essaie quand même d'ajuster un tout petit peu
35:12 pour bien être aligné avec le reste de l'entreprise.
35:14 C'est comme c'est une fonction qui est encore naissante,
35:16 il faut quand même réussir à avoir des alliés au sein
35:18 de l'entreprise. Donc je pense que tous ces sujets de gouvernance
35:20 et de positionnement sont vraiment clés
35:22 si on veut être efficace et être aligné
35:24 avec tout le reste de l'entreprise.
35:26 C'est très clair, et bien on arrive
35:28 au terme de cette table ronde. Merci beaucoup
35:30 à tous les trois, on y voit plus clair.
35:32 Merci à vous.
35:34 [Applaudissements]
35:36 [Musique]
35:38 [Musique]
35:40 [Musique]
35:42 [Musique]
35:44 [Musique]
35:46 [Musique]