• il y a 10 mois
A quelques jours de l'ouverture du Salon de l'Agriculture, François-Xavier Huard, président de la Fédération nationale de l'industrie laitière (Danone, Bel, Lactalis, Savencia ainsi qu'un large tissu de PME-TPE) est l'invité de Yves Calvi.
Regardez L'invité d'Yves Calvi du 22 février 2024 avec Yves Calvi.

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Transcription
00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 7h, 9h
00:06 RTL Matin
00:08 RT, 8h24, bonjour François-Xavier Huard.
00:10 Bonjour Yves Cahier.
00:11 Vous présidez la Fédération Nationale de l'Industrie des Tiers,
00:13 disons-le simplement, vous représentez nous géants de l'agroalimentaire Danone, Lactalis, Bell.
00:17 Je précise que vous ne produisez pas de lait, vous le transformez pour qu'il arrive dans nos rayons
00:21 et ensuite dans nos frigos. Merci de prendre la parole ce matin sur RTL.
00:24 Plusieurs centaines d'agriculteurs de la Confédération Paysanne ont investi hier
00:28 au siège de Lactalis à Laval en Mayenne.
00:30 Lactalis qui regroupe des marques comme Lactel, Président, Bridel, Salakis ou Galbani.
00:35 Des éleveurs qui vous accusent de tirer les prix toujours vers le bas,
00:39 d'être des prédateurs de la valeur du revenu paysan et de pratiquer, je cite, un lactocide.
00:44 Lactocide, que leur répondez-vous ce matin ?
00:46 Écoutez, merci de votre invitation.
00:48 C'est important de pouvoir prendre la parole aujourd'hui, à 48h avant le début du Salon de l'Agriculture.
00:53 Donc la Fédération de l'Industrie Laitière, c'est une centaine d'entreprises adhérentes, 300 laiteries et fromageries.
00:58 Vous avez parlé des leaders mondiaux, on en est fiers.
01:00 C'est aussi 80% de PME et d'ETI, d'entreprises familiales, indépendantes, basées dans les territoires.
01:06 Vous nous dites, on ne représente pas que les industriels, je vous ai bien compris.
01:09 On représente tous les acteurs, on a des TPE, des PME, des ETI.
01:11 Et en fait, c'est tous ces acteurs-là qui travaillent au quotidien
01:14 et qui vivent au quotidien à la proximité des éleveurs
01:17 et qui comprennent en fait la colère et la gronde des éleveurs actuellement.
01:21 - Ce latocite dont vous accuse la Confédération Paysanne, le mot est fort, qu'est-ce que vous leur répondez ?
01:29 - En fait, on est à 48 heures du Salon, il faut bien comprendre ce que les éleveurs nous envoient comme message.
01:35 Le premier message, et je pense que ça fait maintenant quelques semaines qu'ils l'évoquent,
01:39 c'est un problème de reconnaissance.
01:41 Ils veulent que le travail qui consiste à nourrir la population
01:45 et apporter une alimentation saine et durable à cette population-là
01:48 soit reconnue en France par les pouvoirs publics, par les décideurs économiques.
01:52 Et le deuxième message qu'ils nous envoient, c'est un message également de simplification.
01:56 Trop de normes, trop de complexification.
01:59 - Mais vous choisissez les messages qu'ils vous envoient, ils vous parlent d'abord de leur prix ?
02:02 - Ils parlent aussi, ils veulent vivre correctement leur travail et avec une juste rémunération.
02:07 Et là-dessus, les laiteries, les fromageries que je représente, ont pris leur responsabilité.
02:13 Depuis deux ans, on a augmenté le prix du lait de 25%.
02:17 Plus un rythme plus rapide que celui des coûts de production des éleveurs.
02:22 Alors, est-ce qu'on peut faire mieux ? On peut toujours faire mieux.
02:25 Mais quand on compare la France par rapport aux autres pays européens,
02:28 la France actuellement est un pays qui paye le mieux le prix du lait
02:31 par rapport à nos voisins allemands et à nos voisins irlandais, notamment, et nos voisins néerlandais.
02:36 - Il y a tellement de profits qui ne ruissellent pas vers les producteurs et les éleveurs,
02:40 c'est un scandale absolu, nous dit Mme Marandola, porte-parole nationale des syndicats. C'est faux ?
02:44 - Alors, on a beaucoup de sujets autour des marges, et je pense qu'il y a un certain nombre de rapports,
02:50 de l'Inspection Générale des Finances, de l'Observatoire de la formation des prix et des marges,
02:54 qui montrent depuis deux ans que non seulement les marges de l'industrie laitière sont des marges très faibles,
03:00 on est une industrie de volume, on a à peine 1 à 2% de marge nette par an,
03:05 et toutes les enquêtes et toutes les études ont montré que la plupart des acteurs
03:12 ont pris, industrie laitière et industrie agroalimentaire, ont pris sur leurs marges
03:17 pour éviter que l'inflation ne se répercute auprès des consommateurs.
03:20 Donc, je pense qu'on a fait notre part, est-ce qu'on peut faire mieux ?
03:23 On peut toujours faire mieux, mais je pense qu'il est important,
03:26 aujourd'hui, face aux enjeux des éleveurs, d'agir en filière et d'agir collectivement.
03:31 - Quand vous achetez leur lait 42 centimes le litre, est-ce que c'est logique, sincère, honnête ?
03:37 - Alors, moi, je n'achète pas le lait, et on prend un exemple qui est un exemple parmi tant d'autres.
03:43 - Vous m'avez compris en l'occurrence, il s'agit de l'actalisme.
03:47 - Le cas que vous évoquez... - Est-ce qu'ils en réclament 50 et que l'actalisme leur propose éventuellement 44 ?
03:51 - Sur le cas... - Quel est le juste prix selon vous ?
03:53 - Alors, le cas que vous évoquez est un cas qui concerne un contrat entre deux parties,
03:57 donc avec des éleveurs, une organisation de producteurs et un de mes entreprises adhérentes.
04:02 Il y a un désaccord sur la formule de prix, j'ai envie de dire que c'est normal dans un contrat,
04:06 et ils ont saisi la médiation qui est un dispositif qui est prévu par Egalim,
04:10 la preuve d'ailleurs que Egalim fonctionne, et je crois que le dialogue est encore en cours.
04:15 Donc voilà, il faut laisser le dialogue entre les parties se faire,
04:18 et vous comprendrez bien que je ne peux pas en dire beaucoup plus sur ce sujet spécifique.
04:21 - Donc, vous n'avez pas d'avis sur le fait des 42 centimes ? - Si.
04:24 - Estimez-vous ça suffisant ? - Alors, la question de quel est le bon...
04:29 - C'est vendu deux fois plus cher, je le rappelle.
04:31 - La question de quel est le bon prix de main pour le lait, il n'y a pas une réponse unique.
04:37 Et quand j'entends les discussions actuelles, et j'entends notamment certains distributeurs évoquer
04:42 le fait de mettre en place des prix minimum garantis avec des coûts de production définis nationalement,
04:49 je m'inquiète un peu, parce qu'en fait il n'y a pas un coût de production,
04:52 il n'y a pas un prix de revient unique pour tous les éleveurs.
04:55 On ne peut pas être avec le même coût de production selon qu'on est en bio,
04:58 selon qu'on est en conventionnel, quand on est dans les Alpes,
05:01 quand on est dans le Massif Central, quand on est en Bretagne.
05:04 Donc, il y a des réalités qui sont différentes, c'est pour ça qu'il y a des contrats avec des clauses différentes
05:08 qui permettent à chaque producteur de pouvoir justement faire valoir ses propres coûts de production.
05:12 - Quelle que soit la nature du lait, ce qu'il réclame, c'est tout simplement qu'on interdise la vente
05:16 en dessous du prix de revient, ça paraît normal, non ?
05:19 - Alors, je vous rassure, tous les contrats qu'on signe actuellement,
05:22 on le signe avec des éleveurs et des organisations de producteurs
05:25 pour s'assurer que leur coût de production soit couvert.
05:27 Et comme je vous l'ai dit, en augmentant le prix du lait de 25% en deux ans,
05:31 on a assuré une bonne rémunération des éleveurs.
05:34 - Pouvez-vous nous garantir qu'on ne pratique pas l'intimidation chez Lactalis ?
05:37 Les agriculteurs, certains d'entre eux, protestent aussi en disant
05:40 "il y a des pratiques asservissantes, on nous inflige des représailles"
05:43 et ils critiquent finalement les méthodes et le rapport de force.
05:48 - Je vous invite à poser cette question-là à Lactalis.
05:51 Moi, ce que j'aimerais surtout évoquer aujourd'hui,
05:54 c'est comment on va aborder le Salon de l'Agriculture demain.
05:57 Est-ce qu'on l'aborde en essayant de trouver des boucs émissaires
06:00 et en essayant de trouver des profiteurs dans cette crise-là
06:05 ou en essayant de trouver des solutions constructives ?
06:07 Nous, on aborde le Salon de l'Agriculture de manière constructive et déterminée.
06:11 Et il y a un angle mort, en fait, dans la situation actuelle,
06:14 c'est le sujet de la compétitivité.
06:16 Je pense que la France ne souffre pas assez d'un manque de régulation,
06:21 puisqu'on a quand même eu six lois en l'espace de dix ans.
06:24 Donc l'encre est à peine sèche de la dernière loi des croisades
06:27 et qu'on veut commencer à réécrire une nouvelle loi.
06:30 J'aurais pu faire comme Michel Biraud et venir avec 400 pages,
06:33 non pas de contrat, mais de toutes les lois et décrets et réglementations
06:37 qui ont été produits au cours des dix dernières années.
06:39 Je pense qu'on aurait dépassé les 400 pages.
06:41 Donc on demande à tous ces acteurs et notamment à des organisations de producteurs
06:45 d'intégrer tout cela dans des espaces très courts
06:48 et de pouvoir discuter avec d'autres acteurs économiques sur la même base.
06:51 Mais je vous le dis autrement, est-ce qu'il y a encore des marges de négociation ?
06:54 Jusqu'où peut-on aller ?
06:55 Il faut en tout cas privilégier le droit des contrats,
06:58 la liberté contractuelle et faire en sorte de faire monter en puissance
07:01 les organisations de producteurs pour qu'on puisse bien discuter,
07:04 comprendre les formules de prix, comprendre les clauses de révision automatiques
07:08 et s'assurer que la négociation entre nous se passe bien
07:11 afin qu'on puisse arriver auprès des distributeurs avec des contrats solides
07:14 et qu'on puisse réussir à faire passer correctement.
07:17 C'est un autre sujet, le coût d'achat du lait auprès des distributeurs
07:21 pour que ça se répercute également auprès du consommateur.
07:24 Merci beaucoup François-Xavier Huard, vous président de la Fédération Nationale de la Légalisation.
07:27 NADL.

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