• il y a 11 mois
Jean-Philippe André est le président de l'Ania (Association nationale des industries alimentaires).
Regardez Le débat du 16 janvier 2024 avec Yves Calvi.

Category

🗞
News
Transcription
00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 - 7h, 9h
00:05 RTL Matin. - Bonjour Jean-Philippe André. - Bonjour. - Vous êtes le président de l'association nationale des industries alimentaires,
00:11 l'ANIA. Merci de prendre la parole sur RTL ce matin, après une courte nuit, le premier round des négociations
00:17 commerciales pour fixer les tarifs de nos produits en rayon des super et des hypermarchés. C'est donc terminé hier soir. Les industriels de
00:24 l'alimentation que vous représentez réclamaient des hausses de 3 à 4%. C'est bien ça ? - En moyenne, il y avait une demande, un besoin,
00:31 un besoin de 3 à 4 et en face il y avait un besoin, avec beaucoup de guillemets, de déflation à peu près du même ordre.
00:38 - Alors au final, ça sera de quel ordre ?
00:41 - Ecoutez, je pense qu'on va arriver, d'après les premières informations qu'on a, on va arriver entre 0 et 2-3%. Voilà, un truc comme ça.
00:49 Sachant que les hausses seront
00:52 différentes selon les marchés et les matières premières qui seront traitées. - Elles correspondent à quoi ces hausses finalement ?
00:58 - La hausse correspond encore à certains secteurs. On va parler du sucre, on va parler un peu du riz, on va parler un peu
01:05 de l'orange qui explose. Il y a encore certains secteurs où la matière première augmente.
01:10 Première chose. Et la deuxième, ça ne fait pas plaisir aux gens qui nous écoutent, au fait que l'ensemble du système
01:17 fait que tout a été bouleversé et que l'énergie reste haute, que le SMIC a augmenté de 15% et donc il ne faut pas s'imaginer
01:24 que du jour au lendemain les prix vont baisser.
01:27 - Donc vous nous dites les choses simplement ce matin sur RTL, on va être très clair avec nos auditeurs,
01:31 ça veut dire qu'on va payer nos produits dans les rayons plus cher en 2024 qu'en 2023.
01:35 - Oui. - Il n'y aura pas de baisse de prix malgré ce que nous promettait le gouvernement, entre parenthèses.
01:39 - Alors dans l'ordre par rapport à ce que vous dites, un, il n'y aura pas de baisse
01:43 généralisée, je crois qu'il faut être direct avec les gens.
01:46 Par contre, le niveau de hausse que j'évoque, si on parle effectivement d'entre 0 et 3%, n'a plus rien à voir, et fort heureusement,
01:52 fort heureusement avec ce qu'on a vécu, les 16%, les 7% qu'on a connus actuellement.
01:57 - Vous nous dites les hausses diminuent, c'est ça ?
01:59 - La désinflation est en route absolument,
02:02 et c'est bien pour tout le monde.
02:05 - Je rappelle qu'en décembre les prix étaient supérieurs de 20,6% à leur niveau de fin 2021, ça fait quand même plus 20% en deux ans.
02:11 - 20% en deux ans, l'énergie aura augmenté de 40% en deux ans.
02:15 Est-ce que vous savez de combien ont augmenté vos frais bancaires, vos abonnements télé ?
02:22 Deuxième chose... - Là vous me dites "il n'y a pas que nous" ?
02:25 - Non, il n'y a pas que nous, alors je ne sais pas si ça ne va pas vous rassurer pour autant,
02:28 ça ne va pas vous rassurer, mais il n'y a pas que nous, et il n'y a pas que nous en France non plus,
02:32 Yves Calvi, c'est-à-dire qu'au moment où on se parle, dans les autres pays européens, on est à peu près au même niveau.
02:36 Ce qui doit nous encourager, et c'est notre intérêt d'ailleurs, parce qu'en termes de volume c'est important,
02:42 et en termes de pouvoir d'achat encore plus, la désinflation est en route et on ne sera plus à des niveaux tels qu'on les a connus.
02:49 - Mais une baisse des prix est-il lusoire ?
02:51 - Je pense que si votre question est de dire "j'avais des repères de prix, mon camembert en 2019, ma bouteille d'eau de 2019",
02:59 moi je pense qu'il est illusoire de dire aux gens qu'aujourd'hui on retrouvera ce niveau de prix.
03:02 - Michel-Édouard Leclerc a déclaré hier sur TF1 que les industriels ont été plutôt corrects,
03:06 ça veut dire que l'âge de guerre est enterré avec la grande distribution ?
03:09 - Alors, je rebondis sur "âge de guerre", par les temps qui courent et par l'information que vous développez tout au long de la journée,
03:15 je pense que tout ce qui est métaphore guerrière, fort heureusement, il ne faut plus en être là.
03:19 On a des négociations solides, très compliquées, parce qu'en France c'est toujours très compliqué,
03:23 si Michel-Édouard Leclerc dit cela, je le prends comme un bon augure, il faudra voir le résultat des courses à la fin.
03:31 Aujourd'hui, à l'heure qu'on se parle, à minuit, on a la très grande majorité des entreprises de l'agroalimentaire qui a signé des accords.
03:38 Ce n'est pas parce que je signe un accord que j'ai fait un bon accord.
03:42 Parce que quand je suis petit, vous savez, Audiard il disait un truc, je pense que c'est notre génération,
03:47 quand un gars de 130 kg parle à un gars de 60, le gars de 60 il écoute.
03:50 C'est le rapport de force entre quelqu'un qui pèse 50 milliards et quelqu'un qui pèse 30 millions, c'est de cet ordre.
03:58 Et le deuxième round qu'il va y avoir, de maintenant jusqu'à la fin du mois, c'est qu'il y ait des entreprises un peu plus fortes,
04:03 championnes nationales, championnes internationales, et on regardera début février, tout au début février, quel est le résultat réel.
04:09 - La semaine dernière, on a appris que Carrefour avait retiré de ses rayons un certain nombre de produits du groupe PepsiCo,
04:14 soda, chips, thé, c'est de la coke ou c'était un vrai mouvement d'humeur ?
04:20 Est-ce qu'il y avait un sens ? C'est ce que je vous demande.
04:22 - D'abord, un, c'est voulu, donc il y a du sens, et c'est à la fois ce que vous évoquez.
04:26 Un, c'est de la vraie pression sur le chips ou le soda qui est déréférencé, c'est de la vraie pression sur tous les autres en disant
04:33 "Regardez ce que je peux faire", mais c'est aussi une arme de communication, d'ailleurs à peu de prix puisque tout le monde en a parlé,
04:40 vis-à-vis de ses concurrents. C'est quelque chose, je pense, qu'en France, on devrait essayer d'éviter.
04:46 - La "shrinkflation" dans nos rayons, c'est-à-dire des marques qui augmentent leur prix tout en réduisant les quantités,
04:51 ça va continuer cette histoire ?
04:53 - Donnez-moi votre avis sur un exemple concret. Un objet, un paquet de biscuits coûte 1€ avant la négociation.
05:02 J'ai objectivement une augmentation de 10% de mes coûts. À ce moment-là, M. Calvi, j'ai le choix.
05:08 Soit je passe à 1,10€, ou si je considère que mon prix est très impactant, je peux passer à baisser le grammage,
05:18 et donc à passer à, au lieu de 100 grammes, à 80.
05:21 En faisant cela, je ne fais rien qui va à l'incombe de vos intérêts.
05:27 Par contre, et je suis le premier à le dire, et nous le disons, il faut que l'information du consommateur soit très claire et transparente.
05:32 - Qu'attendez-vous de la part des grands groupes de distribution et des grands industriels dans les mois à venir ?
05:38 - J'attends des grands groupes de distribution. Ce que j'en attends depuis 30 ans que je suis dans ce métier,
05:42 ce sont mes clients. C'est eux qui sont un élément indispensable du développement de nos entreprises.
05:48 Donc quand on dit qu'on est en guerre, non, c'est une filière toute entière qui va de l'agriculteur jusqu'à M. Carrefour, à M. Sistému, à M. Auchan, et encore à M. Casino.
05:58 On en a besoin. Il faut que nous travaillions ensemble, parce que je pense que le vrai sujet, et vous allez en parler, je pense, dans les mois à venir,
06:05 c'est ce qu'on appelle la souveraineté alimentaire. Souveraineté alimentaire, pour éviter ce nom un peu compliqué pour le consommateur,
06:13 c'est avoir la liberté, en France, d'acheter des produits français aux normes françaises. Attention, aujourd'hui, près de 30% de tout ce qui est consommé en France
06:22 est déjà acheté à l'extérieur. Il faut faire attention que nous gardions cette particularité française au niveau de qualité.
06:29 - Oui, sauf que ce sont les français qui vont payer la note d'une façon ou d'une autre.
06:31 - Et donc, ça veut dire qu'il faut arriver à une vraie valeur, l'alimentation à une valeur. Aujourd'hui, dans votre budget familial, en moyenne,
06:41 vous ne consacrez que plus que 15% de vos dépenses à l'alimentation. Donc, si ça devient, effectivement, encore plus une marge d'ajustement,
06:52 on va perdre notre liberté. - Merci beaucoup, Jean-Philippe André. Je rappelle que vous êtes le président de l'AGNA, qui représente le monde de l'agroalimentaire.
06:58 !

Recommandations