• il y a 10 mois
Éric de Riedmatten reçoit un invité dans #LHebdoDeLEco pour approfondir un sujet économique…

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Transcription
00:00 Un fabricant français va nous parler de ces négociations avec la grande distribution.
00:04 On va savoir justement comment ça s'est passé.
00:06 On est avec François Carayol.
00:08 Bonjour.
00:09 Vous avez des usines en France.
00:12 Vous produisez des balais, des peignes, des brosses
00:14 que vous vendez à la grande distribution, aux hypermarchés.
00:17 Vous faites aussi de la distribution de cosmétiques.
00:20 Alors, ça s'est passé comment ces négociations ?
00:22 Elles sont terminées ? Ça y est, c'est vraiment fini ? Les prix sont faits ?
00:25 Alors, les négociations ne sont pas toutes terminées.
00:27 Et alors pour les prix, ça va augmenter ?
00:29 Normalement non, ça ne devrait pas augmenter
00:32 puisque nous avons négocié avec les distributeurs
00:35 globalement une stabilité sur les prix de ces produits.
00:38 Il y a quand même eu une inflation forte l'an dernier.
00:41 On sera autour de combien ? 1, 2, 3 % de hausse ?
00:44 Écoutez, les prix finaux sont fixés par les distributeurs.
00:47 Je n'ai pas de responsabilité moi sur le prix final distribué.
00:50 Mais j'ai terminé mes négociations avec les distributeurs
00:53 avec plutôt une légère diminution de mes prix de vente
00:59 en moyenne avec les distributeurs.
01:01 Alors, on a peine à croire qu'une entreprise comme vous
01:04 a des usines pour faire des balais en France.
01:06 Ça peut encore marcher ?
01:07 Bien sûr, ça marche très bien.
01:09 Nous avons même investi assez fortement ces dernières années.
01:13 On a acheté trois nouvelles machines dans notre usine
01:16 Bétisier-Saint-Pierre, c'est à côté de Compiègne et dans l'Oise
01:18 où nous fabriquons encore la majorité de nos balais,
01:21 les pelles balayettes et l'essentiel des instruments de nettoyage du sol.
01:25 Vous n'avez jamais été tenté de partir à l'étranger,
01:28 même proche d'Espagne, d'Italie ?
01:30 Alors, on a une partie de nos produits sur certains produits spécifiques
01:34 qui sont achetés auprès d'industriels italiens, espagnols,
01:37 parfois chinois, mais on a quand même une majorité encore
01:41 de nos productions, environ les deux tiers, qui sont faites en Europe.
01:45 Alors justement, la grande distribution en France,
01:47 elle a quand même la maîtrise des ventes.
01:50 Ça représente les trois quarts pratiquement des ventes en France.
01:54 Ce n'est pas eux qui ont le monopole aujourd'hui des prix ?
01:58 Ils n'ont pas le monopole des prix, mais ils ont le monopole de l'accès aux clients.
02:01 Moi, je vends mes produits au travers des supermarchés,
02:04 des hypermarchés de la grande distribution.
02:06 Il y a un certain nombre d'enseignes.
02:07 On essaie de faire jouer la concurrence le plus possible.
02:10 Mais c'est vrai que le rapport de force économique n'est pas en notre faveur,
02:14 nous, PME ou entreprises de taille intermédiaire.
02:17 Mais à l'inverse, je pense que le rapport de force économique
02:20 entre les grandes multinationales et la grande distribution française
02:24 est plutôt en faveur des grandes multinationales.
02:26 Un Coca-Cola ou un Ferrero a un rapport de force dans la négociation
02:30 qui est en sa faveur, même contre un Carrefour ou un Leclerc.
02:33 Vous savez, quand un grand distributeur dit à une marque
02:36 "je ne vous référence plus si vous ne baissez pas les prix",
02:39 on l'a vu avec Coca-Cola qui a été chassé de certains rayons ?
02:42 Pas très longtemps.
02:43 Et chez vous, vous seriez prêt à dire "on ne vient pas, tant pis".
02:46 C'est une décision qui est très difficile, mais à un moment,
02:50 on ne peut pas accepter de baisse des prix au derrière du tour,
02:53 au-delà de notre prix de revient.
02:55 Moi, je ne peux pas vendre des produits à perte.
02:57 Alors votre entreprise, La Brosse et Dupont,
03:00 c'est une entreprise qui au départ a été créée il y a plusieurs années,
03:05 qui faisait des brosses à dents, paraît-il.
03:06 Oui, au départ, ça a été créé en 1845 à Beauvais
03:09 par M. Dupont, M. Alphonse Dupont.
03:12 Et c'est une industrie au départ de brosses à dents,
03:14 ils faisaient des brosses à dents haut de gamme, de luxe,
03:17 sur des manches en ivoire.
03:19 Et donc, la première marque, Elephant,
03:21 est toujours commercialisée et utilisée par la société.
03:24 Bon, aujourd'hui, bien entendu, on ne fait plus de brosses à dents en ivoire.
03:26 Oui, c'est impossible.
03:28 Mais l'ivoire avait cette qualité, est imputrécible,
03:30 et donc, elle offrait des qualités d'hygiène très importantes,
03:34 beaucoup plus en tout cas que le bois, qui était l'autre possibilité.
03:37 Et le poêle était de poêle de sanglier, si je ne me trompe.
03:39 Des soies de sanglier, oui.
03:40 C'est ça.
03:41 Bon, tout ça, c'est le passé,
03:43 mais aujourd'hui, l'entreprise marche bien,
03:44 elle a été reprise par ses salariés ?
03:45 Oui, en 2010, la société a été rachetée par ses cadres et ses salariés.
03:49 Et, ben écoutez, elle est bénéficiaire depuis 2010.
03:53 C'est ça. Et donc, vous serez présent, alors, à l'Élysée.
03:55 Chaque année, ils organisent une grande fête
03:57 pour représenter le Made in France, les produits français.
03:59 Alors, nous n'avons jamais été invités.
04:01 Ah oui, d'accord.
04:02 Mais ce n'est pas grave.
04:03 C'est peut-être pas mal de faire passer le message.
04:04 En tout cas, vous représentez, vous, le Made in France.
04:07 En partie, oui.
04:08 Oui, bien sûr.
04:08 Et vous défendez ses valeurs, donc, avec, rappelons-le,
04:11 des produits fabriqués en France.
04:12 Donc, ça peut se faire, encore.
04:14 C'est ça aussi l'industrie française.
04:15 On peut quand même la mettre en avant et dire qu'elle est forte.
04:18 Vous employez du monde ?
04:19 Oui, j'ai 700 employés en France.
04:21 700 emplois, oui.
04:22 Très bien, ben écoutez, félicitations, en tout cas.
04:25 C'est un peu de la résistance ?
04:27 Ah non, c'est de la conquête.
04:28 Ah non, l'entreprise est en croissance, on gagne des parts de marché,
04:31 on se bat contre des concurrents étrangers.
04:33 Non, non, c'est de la conquête.
04:34 Malgré les taxes, les impôts de production qui n'ont pas complètement disparu ?
04:38 Oui, ça fait partie des complexités de ce métier.
04:41 Eh bien, bravo, en tout cas, d'être présent.
04:43 En tout cas, François Carayolle, président de Labrosse et Dupont,
04:47 entreprise française.
04:48 Merci d'être avec nous, d'être venu pour nous parler
04:50 de ces négociations avec la grande distribution.
04:53 Merci.
04:54 [Musique]
04:58 [SILENCE]

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