• il y a 10 mois
Avec Nadia Alram, Professeure en école élémentaire et déléguée syndicale UNSA Education

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##LA_VIE_EN_VRAI-2024-02-01##

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Transcription
00:00 La vie en vrai, le métier d'enseignant avec les syndicats qui appellent à une journée de grève et de manifestation.
00:04 Aujourd'hui, nous sommes avec Nadia Alranque, professeure en école élémentaire et déléguée syndicale UNESA éducation,
00:11 du côté de Perpignan. Bonjour !
00:13 - Bonjour !
00:15 - Bonjour ! Vous m'entendez bien ?
00:17 - Oui, tout à fait.
00:18 - Bon, ben voilà.
00:20 Merci d'être de si bon matin avec nous.
00:22 Bon, ça dit, quand on est enseignant dans le primaire, on se lève tôt,
00:27 parce qu'en règle générale, c'est à 8h chez vous ou pas ?
00:30 - Ah non, 8h30.
00:32 - 8h30 ! Ah bon, donc on a un petit peu de répit en règle générale.
00:37 Donc qu'est-ce qui pousse aujourd'hui à cette mobilisation des enseignants
00:42 avec une grève qui risque d'être plus suivie d'ailleurs dans le primaire que dans le secondaire ?
00:47 - Un petit ras-le-bol.
00:49 Une petite réaction, une grande réaction à tous les événements que nous venons de vivre depuis le mois de décembre.
00:57 Je pense que nous avons depuis longtemps, ou SNCF en tout cas, mis en avant le fait que l'école, avec un grand "E",
01:04 école, collège, lycée, a besoin de stabilité, de temps long, de politique éducative réfléchie,
01:11 pensée sur la base de tout un tas de critères et d'évaluations,
01:14 et surtout en écoutant ceux qui la font vivre au quotidien,
01:18 les professeurs, les TPE, les TCUL, les AED, les AVSH,
01:21 ça il n'y a pas de doute pour nous à l'UNFA,
01:24 et là on a des dirigeants politiques qui prennent des décisions rapidement,
01:29 qui sont fondés pour nous selon notre vision des choses, sur leur volonté de communiquer avec leur électorat,
01:35 et qui ne se fondent pas sur les besoins des élèves.
01:37 - Mais alors c'est-à-dire ?
01:39 - Là clairement, je finis juste là, Patrick.
01:41 Là avec la nomination de notre ministre, avec ses déclarations publiques qui correspondent à son identité,
01:47 de toute manière, c'est comme un défi, c'est comme une provocation quotidienne face au personnel qui se lève tôt,
01:54 comme vous l'avez dit, pour faire vivre l'école publique en France.
01:57 - Oui, c'est ça. Mais alors, quel type de...
02:00 Vous visez un peu Amélie ou Déa Castrera, votre ministre, la ministre de l'Éducation ?
02:05 Pourquoi ? Alors, qu'est-ce qui ne va pas depuis la mi-décembre ?
02:09 Ce sont les affaires, les révélations autour d'elle,
02:11 c'est le changement avec... Vous aviez un ministre Gabriel Attal, vous en avez un autre,
02:15 et puis derrière, les problèmes de fonds que l'on verra aussi sur, probablement, la rémunération.
02:20 Mais d'abord, vis-à-vis d'Amélie ou Déa Castrera.
02:24 - Alors, c'est surtout le départ de Gabriel Attal, qui a été très rapide.
02:27 Il est resté ministre quatre mois. Il a ouvert énormément de chantiers.
02:32 - Oui. - Ambitieux.
02:34 On partage les ambitions qu'il a pour l'école, évidemment, mais la méthode, pas du tout.
02:39 Et il a ouvert beaucoup de dossiers qui demandent du travail, de l'appropriation de la part des personnels,
02:46 avec des deadlines très courtes.
02:48 Il y a beaucoup de mesures pour lesquelles l'application a été annoncée,
02:51 soit en janvier là, soit en septembre 24.
02:55 - Vous pensez à quoi, plus particulièrement, Nadia ?
02:58 - Les cours d'empathie à la maternelle, la mise en place de toutes les mesures du choc des savoirs,
03:03 avec les groupes de niveau au collège,
03:05 avec la labellisation d'Emmanuel pour le premier degré, donc dans les écoles.
03:09 - Oui. - Élémentaires.
03:11 Tout ce chantier-là nécessite de la part des professeurs qu'ils s'approprient les mesures,
03:16 qu'ils les comprennent, qu'ils apprennent à les servir.
03:19 Et là, je peux vous dire qu'en six mois ou huit mois, c'est impossible.
03:22 - Oui. Sur les classes de niveau, par exemple.
03:25 Fondamentalement, c'est peut-être pas mauvais d'essayer de,
03:29 par exemple, pour ceux qui ont du mal à suivre, de les mettre ensemble,
03:33 pour essayer de passer peut-être plus de temps avec eux,
03:36 plutôt que d'être avec d'autres qui vont plus vite, etc.
03:39 Mais après, il faut plus de moyens, c'est ça probablement, non ?
03:42 - Alors, il y a deux choses. Déjà, les moyens n'ont pas été donnés
03:45 pour mettre en place ces fameux groupes de niveau en français et en mathématiques.
03:49 Là, les collèges se retrouvent à faire leur organisation pour la rentrée prochaine
03:53 sans avoir les heures dédiées.
03:55 Ça veut dire qu'ils vont devoir renoncer à leur marge d'autonomie.
03:58 Ça veut dire qu'il y a déjà des demi-groupes qui fonctionnent,
04:01 qui permettent justement de mieux différencier,
04:04 accompagner les élèves les plus en difficulté,
04:06 mais sans les séparer de leurs petits camarades.
04:09 Là, les collèges font ça à marche forcée, ils vont bricoler, clairement.
04:12 - On annonce le recrutement de 800 professeurs,
04:16 mais je ne sais pas si ce sera suffisant et si ça se fera.
04:20 - Je vous le dis, notre collègue responsable du SNPDN,
04:25 une salle nationale, le chef des chefs d'établissement,
04:29 le C, le dit actuellement, les établissements n'ont pas les moyens de le faire correctement.
04:33 Le risque étant de se retrouver avec, non pas des groupes de niveau,
04:37 parfois, dans l'emploi du temps, mais des classes de niveau.
04:40 Parlez-en autour de vous, si vous avez des enfants ou des petits-enfants,
04:43 et demandez-leur si eux, ils souhaiteraient vraiment
04:46 que tous les élèves en difficulté soient parqués, mis de côté,
04:50 pointés du doigt dans des petits groupes.
04:54 Certes, on met tous les gamins qui galèrent ensemble dans des classes à 15,
04:59 et de l'autre côté, tous les enfants qui fonctionnent, qui sont en réussite,
05:02 on les met à 32, de l'autre côté, parce que c'est ça qui va se passer en fait.
05:05 Ça, ce n'est pas dit.
05:07 - Oui, bon. Est-ce que ça va être une seule journée de grève,
05:09 ou est-ce que ce mouvement peut s'étendre et durer ?
05:14 - On ne va pas se mentir, aujourd'hui, c'est une journée test,
05:17 on va voir les chiffres, on est tous, vous l'avez dit avant que le point ne démarre,
05:21 on est, au niveau du pouvoir d'achat, c'est compliqué,
05:24 c'est compliqué pour tout le monde.
05:26 Une journée de grève, c'est impactant pour les salaires,
05:29 et aujourd'hui, on a des collègues qui, même lorsqu'ils sont très en colère,
05:33 qui ne le comprennent pas, ils s'éloignent de toute façon du pouvoir politique,
05:37 ils les regardent s'agiter de plus en plus en se disant qu'ils ne sont pas concernés,
05:41 ça c'est très grave, parce qu'on a des acteurs de la vie publique
05:44 qui se désintéressent des décisions politiques qui sont prises,
05:47 tellement elles sont décrochées de leur réalité du quotidien.
05:50 - Oui. Bon, et les cours d'empathie, d'un mot,
05:54 vous prenez ça comment ? Vous en faites régulièrement, des cours d'empathie ?
05:58 - Oui, ça existe déjà, évidemment.
06:00 Pour travailler le bien-être du groupe et de vivre ensemble,
06:04 on est bien obligés, tant mieux, et c'est ça qui sert,
06:07 de déveiller les enfants, à observer l'autre, à se mettre à sa place,
06:12 à ne pas aller le contraire quand tu ne te sens pas bien, etc.
06:16 Travailler les compétences psychosociales à l'école maternelle,
06:19 ça existe depuis longtemps, et bien évidemment.
06:22 - Merci Nathia Alran, professeure en école élémentaire du côté de Perpignan,
06:26 déléguée syndicale Une Salle Éducation.
06:28 On va suivre cette journée de mobilisation pour vous,
06:33 avec une grève qui risque d'être plus suivie,
06:36 qui sera probablement plus suivie dans le primaire que dans les collèges,
06:40 mais enseignez-vous avant d'emmener vos enfants à l'école ce matin.
06:44 Il est 6h43, dans un instant, le point sur l'actualité, #OnEnParle,
06:48 et on va parler de souveraineté.
06:50 À des mots, des mots, il y en a un.
06:52 En revanche, dans les faits, c'est autre chose.
06:54 [Musique]

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