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Avec Serge Rossello, coprésident "Action et Démocratie" CFE-CGC académie de Strasbourg et enseignant au lycée Ettore Bugatti d'Illzach

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##LA_VIE_EN_VRAI-2024-12-20##

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Transcription
00:00Le Petit Matin Sud Radio, 5h-7h, Benjamin Aiglaise.
00:056h39, Sud Radio, la vie en vrai des professeurs en colère en Alsace après l'agression de deux collègues par un élève.
00:12Ce dernier a été exclu, mais avec sursis. Serge Rossello, vous êtes toujours avec nous, bonjour.
00:17Oui, bonjour Benjamin.
00:19Vous êtes Serge Rossello, coprésident du syndicat Action et Démocratie en ce qui concerne l'académie de Strasbourg.
00:25Vous enseignez également dans ce lycée où l'agression a eu lieu, le lycée Thore Bugatti à Dilsac.
00:31Double agression, donc, c'était au début du mois. Que s'est-il passé exactement, racontez-nous Serge Rossello.
00:38Alors, ce mardi 3 décembre, un élève a insulté deux enseignants et a agressé l'un d'entre eux en lui lançant une chaise au visage.
00:46Heureusement, l'enseignant a pu éviter cette chaise, mais il reste choqué. A l'heure actuelle, il est toujours en accident de travail.
00:53Combien de jours dites été pour cet enseignant ?
00:57Depuis le 3 décembre, il est en accident de travail.
01:01Comment un élève en arrive à jeter une chaise sur un professeur ?
01:05C'est un geste qui paraît inimaginable.
01:10Oui, tout à fait. Après, ce genre d'agression arrive dans beaucoup d'établissements en France.
01:18Ce qui nous a choqué, ce n'est pas l'agression en elle-même, c'est vraiment le résultat du conseil de discipline.
01:27Conseil de discipline qui s'est réuni. Je disais, il a été exclu cet élève, mais avec sursis, ça veut dire quoi très concrètement ?
01:33Avec sursis, c'est qu'il est toujours dans notre établissement, mais il a juste changé de classe.
01:42Il a juste changé de classe. Je ne savais même pas que ça existait l'exclusion avec sursis.
01:48Ça a choqué beaucoup d'enseignants du lycée.
01:57Et c'est pour cette raison que mon syndicat Action et Démocratie a décidé de poser trois jours de préavis de grève.
02:05De grève ? Pour quand ? C'était cette semaine ? C'est cette semaine ?
02:09Ça a débuté mercredi jusqu'à vendredi.
02:12Jusqu'à aujourd'hui, concrètement, mobilisation, pas de cours ?
02:18Donc, mobilisation. On a fait une manifestation devant notre établissement mercredi.
02:26Et là, certains enseignants ne sont pas en cours.
02:29Après, nous, en tant que syndicat, on n'est pas un syndicat qui pousse à la grève.
02:33Mais là, il fallait marquer le coup.
02:36Et on est très bien conscient que chaque enseignant qui loupe une journée de cours perd un trentième du salaire.
02:42Bien sûr. Vous avez parlé avec la direction après cette décision au conseil de discipline.
02:48Qu'est-ce qu'ils vous disent ?
02:51Que c'est une décision du conseil de discipline et qu'on ne peut rien y faire.
02:58Et pour eux, c'est normal ?
03:02Ça n'a pas l'air de les choquer. On a été reçus aussi par le recteur.
03:06Ça n'a pas l'air de les choquer non plus. C'est la décision du conseil de discipline.
03:10Et lors de cet échange avec le recteur, on a bien compris que c'est ce qui est demandé aux chefs d'état de licence.
03:18C'est d'éviter le plus possible de renvoyer les élèves et de les laisser dans la rue.
03:22Vous savez, ça fait des mois, voire des années.
03:26On parlait du procès Samuel Paty avec le verdict attendu ce soir.
03:31On a l'impression que malgré tous ces drames, malgré toutes ces agressions,
03:37on reste encore dans cette idée de pas de vagues, c'est ça ?
03:41Tout à fait. Et c'est comme dans le cas Samuel Paty.
03:47Certains de nos collègues trouvent que l'enseignant est allé trop loin.
03:51Il a peut-être trop engueulé l'élève et c'est de sa faute.
03:53On est exactement dans le même, sauf l'issue n'est pas la même, mais c'est le même schéma.
04:01On a peur quand on va faire cours, quand on va donner des cours, quand on va au lycée ?
04:07Certains enseignants ont peur parce qu'on ne sait même pas ce qui peut arriver chaque jour dans notre classe.
04:14Des fois, ça peut se passer super bien et c'est du jour au lendemain.
04:19Un élève peut nous insulter, lancer une chaise ou autre.
04:29Et avec un élève qui est toujours en cours, qui a juste changé de classe,
04:34vous l'avez dit, l'enseignant qui s'est pris, cette chaise, lui, est toujours en arrêt de travail.
04:41L'autre enseignant qui a été insulté, lui, est présent en cours, il l'a croisé, cet élève, j'imagine ?
04:49Je pense que oui. En fait, c'était un enseignant.
04:53Et le deuxième enseignant, c'est notre DDFPT, c'est le chef de tramway.
04:58Qu'est-ce que vous attendez aujourd'hui concrètement de la part de la direction de l'établissement,
05:03de la part du rectorat ? J'ai l'impression que pour le moment, vous n'avez pas du tout été entendu.
05:10On a été quand même entendu. Le recteur nous a proposé un demi-poste d'AED,
05:14c'est celui qui a été enlevé à la rentrée, donc on a récupéré un demi-surveillant.
05:21Il s'est engagé à remplacer les profs absents, parce que quand on allait voir le recteur,
05:26on allait avec une maman d'élève qui s'inquiétait que son enfant…
05:30Il y a des profs absents depuis quelques temps, donc il s'est engagé à remplacer les arrêts de travail de longue durée.
05:39Il va venir visiter le lycée, mais on va vraiment pointer toutes les difficultés,
05:45parce qu'on a plein de difficultés, on a un lycée qui tombe en ruines.
05:49Un exemple tout bête, aux alentours de la Toussaint, on a eu trois semaines sans chauffage,
05:54et certains enseignants faisaient cours dans des salles à 11 degrés.
05:57Au même moment, en salle des profs, on avait des seaux pour récupérer l'eau qui coule du plafond.
06:04Et dans certaines salles de classe, c'est pareil.
06:07Donc notre lycée manque de tout, et en fait, c'est tout un climat qui fait que la violence monte.
06:14Les enseignants font des fiches d'incidents, on n'a aucun suivi, on ne sait pas ce qu'il se passe.
06:22– Serge Rossello, je ne sais pas depuis combien de temps vous êtes enseignant,
06:27mais peut-être que vous pouvez nous dire si vous constatez véritablement une augmentation des violences,
06:33et peut-être des violences de plus en plus dures d'une certaine manière ?
06:40– Oui, mais ça ne s'est pas monté du jour au lendemain.
06:46Là, ce qui nous manque, c'est vraiment le manque de surveillants.
06:50Les élèves aujourd'hui se croient tout permis, parce que quand on voit qu'un jeune lance une chaise
06:56au visage d'un enseignant, il ne reçoit rien à part un changement de classe.
07:00Forcément, qu'est-ce qu'ils vont penser les autres élèves ?
07:04Au lycée, tout est permis.
07:06– L'enseignant qui a reçu cette chaise, qui en est été, quand il va reprendre,
07:11j'imagine qu'il a, même s'il élève à changer de classe, qu'il appréhende son retour.
07:18– Forcément, il va le recroiser.
07:20C'est un enseignant de mécanique auto, on travaille dans un atelier qui est ouvert,
07:23forcément, il va le recroiser.
07:25Notre chef de travaux, pareil, il va le recroiser, cet élève.
07:28Après, je pense que cet élève a quand même compris, il ne va pas réagresser un enseignant.
07:34Il n'y a pas de souci de ce côté-là, mais c'est l'image qu'on donne.
07:38– Oui, effectivement.
07:40Et en tout cas, merci d'avoir été avec nous, Serge Rossello,
07:43ce matin sur Sud Radio, en coprésident du syndicat,
07:46démocratie, CFE, CGC, académique de Strasbourg,
07:49et puis enseignant au lycée Ettore Bugatti-Dilsac.
07:52Très bonne journée à vous, et puis bon courage, bien évidemment, pour la suite.

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