Pascal Praud revient pendant deux heures, sans concession, sur tous les sujets qui font l'actualité. Aujourd’hui le coup de gueule de Sophie Marceau sur Instagram, qui estime "que l'IVG est menacée." Et que Gérard Larcher à la suite de son refus d'inscrire l'IVG dans la Constitution, représente "le patriarcat dans toute sa splendeur : suffisant, rétrograde et hypocrite", .
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00:00 - Europain. - Pascal Prohevo.
00:02 - Avec vous de 11h à 13h sur Europain au zéro à 80 20 39 21.
00:06 Et Barbara nous a appelé, Pascal.
00:08 - Évidemment, Barbara, je vais rappeler les mots de Sophie Marceau.
00:12 Elle les a écrits hier sur son compte Instagram.
00:14 Bien sûr que l'IVG est menacée, comme le sort des femmes qui ne peuvent y avoir recours
00:18 et que vous mettez en danger de mort.
00:20 Et écrit-elle, vous n'avez que faire du sort des femmes.
00:23 En vérité, vous représentez le patriarcat dans toute sa splendeur.
00:28 Suffisant, rétrograde et hypocrite.
00:30 Vous faites honte à notre société française.
00:33 Tant qu'il y aura des hommes comme vous, nous serons toutes en danger.
00:36 Ce sont les paroles, les mots de Sophie Marceau sur un sujet, effectivement, que nous traitons,
00:42 à savoir l'IVG qui serait constitutionnalisé.
00:48 Nous sommes avec Barbara. Bonjour, Barbara.
00:49 - Bonjour. Bonjour, monsieur Prohevo.
00:52 - Votre sentiment. - Que j'adore et qui me fait bien rire tous les jours.
00:55 - Ah bah écoutez, alors c'est le plus beau compliment que vous pouvez nous faire.
00:59 - Oui, vraiment, c'est un moment instructif et de détente pour moi.
01:03 - Et bien c'est comme ça que nous l'avons pensé avec Géraldine,
01:07 avec monsieur Boubou qui est un génie, vous en êtes d'accord, chère Barbara ?
01:10 - Vous êtes tous des...
01:12 - Parce que nous on est rien, mais le vrai génie, c'est lui.
01:14 - Vous êtes tous des génies.
01:15 - Non, non, non, c'est lui, c'est lui le vrai génie, croyez-moi.
01:20 Un petit génie.
01:21 - Bon écoutez, pour revenir à ce sujet,
01:25 je trouve que madame Marceau est très violente dans ses propos,
01:28 qui sont complètement injustifiés.
01:30 Pourquoi ? Parce que, vous savez, moi j'ai 68 ans,
01:34 je me souviens très bien de cette loi qui remonte donc à 1975,
01:39 qui a été votée par madame Simone Veil,
01:42 et donc cette loi étant tactée, c'est une garantie, vous voyez,
01:46 c'est une garantie, cet apportement est garanti par la loi,
01:50 c'est ce que je veux dire.
01:52 Donc l'apporté à la Constitution, je ne vois pas l'intérêt,
01:55 il y aurait tellement de buts que sujet pour déranger au droit européen,
01:59 si vous voyez ce que je veux dire.
02:00 - Non mais c'est un symbole, en fait, c'est un symbole et c'est un combat,
02:02 et manifestement, tout à l'heure on était...
02:06 Moi ce qui me frappe, c'est que Géraldine Hamon d'ailleurs s'est abandonnée de prendre la parole,
02:08 parce que j'ai envie de dire que,
02:10 évidemment que les hommes sont concernés,
02:12 mais ils sont concernés parce qu'ils le vivent dans la société,
02:17 mais c'est quand même les femmes qui doivent,
02:20 en priorité me semble-t-il, s'exprimer sur ce sujet.
02:23 Donc on était tout à l'heure avec Anissa.
02:26 Mais les fractures sont parfois générationnelles, Barbara,
02:29 je ne sais pas quel âge vous avez ?
02:31 - Je viens de vous le dire, 68, j'ai déjà avorté...
02:33 - Ah pardon, je m'en suis étonné.
02:36 Ne manquez les jeux, j'en dis avec moi, mais bon...
02:38 Non mais vous avez raison, parfois je n'écoute pas.
02:41 - J'ai avorté deux fois dans ma vie, sans aucun souci.
02:47 Les femmes qui veulent se faire avorter aujourd'hui,
02:50 le peuvent sans souci.
02:52 Donc je ne vois pas l'intérêt,
02:54 pour Mme Marceau, c'est peut-être effectivement,
02:57 en tant que femme et féministe,
03:00 bien évidemment féministe pour rallier toutes ses fans à elle,
03:06 qu'elle tiendrait des propos comme ça.
03:08 Je pense que c'est complètement démago,
03:11 c'est juste mon point de vue.
03:12 Vous savez, tous ces gens bien pensants,
03:16 toujours de gauche, mais qui votent à droite,
03:18 bien évidemment, et bien voilà, pour moi c'est...
03:21 - S'ils sont toujours de gauche et qu'ils votent à droite,
03:23 ils sont un peu à droite.
03:24 Bon, en tout cas Nathalie va vous répondre peut-être.
03:26 Nathalie, bonjour Nathalie.
03:28 - Oui, bonjour Pascal.
03:29 - Nathalie, vous habitez où ?
03:31 - Nantes.
03:32 - Nantes, oh là là !
03:33 Vous habitez où ça dans Nantes ?
03:35 - À Reusé plus exactement.
03:37 - Reusé-Lesse-Nantes, comme on disait jadis.
03:39 - Oui, c'est ça.
03:41 - Reusé, ça touche Nantes, c'est dans le sud de la ville.
03:45 - C'est ça, c'est ça.
03:46 - Vous avez quel âge Nathalie, parce que je disais que les fractures sont générationnelles.
03:49 - 57 ans.
03:50 - Bon, quel est votre sentiment ?
03:52 - Eh bien moi je suis tout à fait d'accord avec ce que a dit Sophie Marceau.
03:56 J'ai bien conscience que la Constitution n'est pas une amicale laïque
04:01 et qu'on ne doit pas y mettre tout et n'importe quoi.
04:03 En revanche, on sait très bien que nos droits sont menacés.
04:07 - Mais par qui ils sont menacés ?
04:10 - Parce que, admettons, si on met un gouvernement d'extrême droite,
04:14 ils peuvent très bien revenir nous dire "la femme au fourneau"
04:18 à l'extrême droite, peut-être pas Marine Le Pen.
04:21 - Mais Marine Le Pen, elle a s'exprimé très clairement là-dessus.
04:24 D'ailleurs, ce qui serait intéressant...
04:26 - Elle a changé d'avis, mais Marion Maréchal et Éric Zemmour,
04:30 ils pourraient très bien nous supprimer ce droit.
04:32 - C'est vrai, on ne sait jamais.
04:33 - Enfin, Éric Zemmour n'est pas...
04:35 Je ne crois pas qu'Éric Zemmour soit contre l'avortement quand même,
04:38 contre l'interruption volontaire de grossesse,
04:42 contre ce droit qui est donné aux femmes.
04:44 Je ne crois pas, non seulement je ne crois pas,
04:46 mais il n'est pas contre ce droit.
04:49 On est dans le fantasme absolu.
04:51 - Non, ce n'est pas du fantasme, c'est une réalité.
04:55 Moi, j'ai ma meilleure amie qui s'est fait avorter à l'hôpital.
04:58 Ça a été la croix à la bannière, parce que là-bas,
05:01 les médecins lui disaient "mais madame, vous voyez ce que vous faites ?
05:03 Vous allez tuer un être humain."
05:05 Donc, même si on a le droit de le faire,
05:07 quand on est dans la réalité, quand on est face aux problèmes,
05:11 les femmes sont toujours renvoyées à leur responsabilité,
05:16 alors que les hommes, eux, ils mettent leur crème et qu'après...
05:19 - Vous avez parfaitement raison, Nathalie, de dire ça,
05:21 mais je vous répondais précisément,
05:23 dans aujourd'hui, parmi les partis politiques,
05:27 il n'y a pas une voix dans les partis politiques les plus classiques.
05:31 Il y a sûrement des voix politiques tout à fait marginales.
05:34 - Alors, à ce moment-là, abondance de biens ne nuit pas.
05:37 - Mais qu'est-ce que ça change en fait ?
05:38 - En fait, qu'est-ce que ça enlèverait ?
05:39 Qu'est-ce que ça enlèverait aux personnes qui sont contre de le mettre ?
05:43 Rien. Alors, mettons-le.
05:45 - Sauf qu'on peut considérer, moi je ne veux pas donner mon avis là-dessus,
05:47 parce que c'est inflammable,
05:49 mais on peut considérer que ce n'est pas un droit constitutionnel tout seul.
05:52 Non, mais ce n'est pas un droit constitutionnel.
05:54 On peut considérer ça, que ce n'est pas un droit constitutionnel.
05:57 On peut considérer...
05:58 La constitution, pardonnez-moi, c'est quoi la constitution ?
06:01 C'est quoi la constitution ?
06:03 - C'est un droit fondamental de la femme, à disposer de son corps.
06:07 Et pour l'instant, ce n'est pas le cas.
06:09 - Géraldine Amon.
06:09 - Parce que si j'ai bien compris, pardon.
06:11 Si j'ai bien compris, cette loi, si elle est dans la constitution,
06:13 elle est intouchable.
06:14 On ne peut pas revenir en arrière après.
06:16 C'est bien ça.
06:16 - On est d'accord.
06:17 - D'ailleurs, pardonnez-moi, vous pouvez toujours toucher de la même manière
06:20 si vous voulez sortir des conséquences.
06:22 - Non, mais ça la protège.
06:23 Ça la protège.
06:24 - Mais Géraldine...
06:25 - On ne sait pas ce qui peut arriver dans...
06:26 - Géraldine, il y a eu cinq constitutions en France.
06:30 Puisque c'est la 5ème République.
06:32 - OK.
06:32 - Par définition, on peut jeter une constitution à la poubelle.
06:36 - D'accord.
06:37 - Donc, tout est toujours possible.
06:39 Il y en a eu cinq.
06:40 Aujourd'hui, on est à la vie publique, politique et régie
06:44 par une constitution qui a été approuvée par les Français en 1958,
06:47 qui n'a rien à voir avec la 4ème République.
06:49 Bon.
06:50 Donc, des constitutions, évidemment, elles peuvent évoluer.
06:53 Et on peut même...
06:54 Je crois que c'est Jean-Luc Mélenchon qui réclame une 6ème République,
06:57 donc une nouvelle constitution.
06:59 Donc, on y met ce qu'on veut dans la constitution.
07:01 Maintenant, c'est-à-dire, votre question, elle est quand même intéressante.
07:03 Ce qui serait bien, peut-être, c'est d'avoir un constitutionnaliste
07:06 ou un juriste qui nous explique, au fond, ce que ça change.
07:11 Parce que moi, je n'ai pas tous les éléments, en fait, pour juger.
07:14 Je n'ai pas tous les éléments pour juger.
07:16 Qu'est-ce que ça change fondamentalement ?
07:21 - On voit bien que l'Europe se droitise et qu'on pourrait nous enlever
07:26 ce droit qui fait partie, pour l'instant, de la loi.
07:29 Donc, pour protéger, pour bétonner, pour plus qu'on revienne dessus,
07:33 on met dans la constitution, on n'en parle plus.
07:36 Et ça n'enlève rien à personne.
07:38 Ça n'enlève rien à personne.
07:40 - Écoutez, c'est des arguments qu'on peut entendre.
07:43 En tout cas, on va marquer une pause, peut-être à 11h21.
07:46 Et puis, à 11h25, on va marquer une pause.
07:49 Et en tout cas, on va continuer ce débat.
07:53 Et j'avais cru comprendre que vous souhaitiez marquer une pause.
07:57 Donc, on a écouté Gérard Larcher tout à l'heure.
07:58 On va écouter Manon Abri, qui est députée européenne de France Insoumise.
08:01 Hier, elle était avec nous et je lui ai évidemment posé la question.
08:04 Allez dire ça, il y a quelques années,
08:07 des Hongroises, des Polonaises, des Italiennes,
08:11 premièrement, et puis deuxièmement, allez dire ça.
08:13 Est-ce que vous avez devant votre entourage des femmes qui ont essayé d'avorter ?
08:17 Comptez le nombre de femmes.
08:18 C'est un tiers de femmes qui doivent changer de département
08:21 parce qu'elles n'arrivent pas à avoir de rendez-vous.
08:23 Donc, vous voyez que petit à petit, le droit à l'avortement est menacé.
08:27 Et vous savez pourquoi il est menacé ?
08:28 Parce que la droite n'en veut pas.
08:29 Vous serez protégés ad vitam aeternam.
08:32 Vous pourrez faire ce que vous voulez de votre corps.
08:35 Voilà ce qu'on va dire.
08:37 Et franchement, pour des gens de ma génération, mais quelle belle victoire.
08:40 - Autre peut-être intervention, Eric Dupond-Moretti,
08:46 ministre de la Justice à l'Assemblée nationale, hier.
08:48 - Les premiers droits qui disparaissent sont souvent ceux des femmes.
08:53 C'est ce que nous a rappelé récemment la décision de la Cour suprême des États-Unis.
08:59 Cet exemple rend plus que jamais criant,
09:03 criant de vérité les mots de Simone de Beauvoir rapportés par Claudine Monteil.
09:09 N'oubliez jamais qu'il vous suffira d'une crise politique, économique ou religieuse
09:18 pour que les droits des femmes soient remis en question.
09:22 Ces droits ne sont jamais acquis.
09:25 Vous devrez rester vigilant.
09:28 Votre vie durera.
09:30 Nous avons désormais la preuve irréfutable
09:34 que plus aucune démocratie, pas même la plus grande d'entre toutes, n'est à l'abri.
09:41 - Alors, c'est pas exactement la même chose, parce qu'il n'y avait pas une loi aux États-Unis.
09:44 C'était un arrêt de la Cour suprême.
09:45 Mais bon, il le sait d'ailleurs, M. Dupond-Moretti, sans doute.
09:49 Mais le débat, en tout cas, ses arguments sont intéressants.
09:51 Et c'est pour ça que le débat existe.
09:53 On est avec Karine. Bonjour, Karine.
09:55 - Oui, bonjour.
09:56 - Et merci d'être avec nous.
09:58 On peut aussi penser qu'il y a beaucoup de soucis en France,
10:02 beaucoup de problèmes en France.
10:03 Et on met dans l'espace public un problème qui ne m'en paraît pas essentiel au moment où on parle.
10:10 Alors, on peut me dire effectivement...
10:11 - Oui, complètement.
10:12 - On peut me dire dans quelques années, pourquoi pas.
10:14 Mais aujourd'hui, j'ai l'impression que dans la hiérarchie des problèmes que rencontre la France,
10:20 il ne me semble pas que l'IVG soit remise en cause.
10:23 - Oui, je suis complètement d'accord avec vous.
10:26 Ce n'est évidemment pas la priorité en ce moment,
10:28 surtout avec ce qu'on voit sur les routes avec les agriculteurs et le pouvoir d'achat,
10:33 et tout ça, ce dont on parle tout le temps.
10:35 Mais à un moment donné, peut-être que c'est tombé à ce moment-là.
10:39 Et puis voilà.
10:40 Mais où est le problème ?
10:42 Après, je sais bien que les journalistes ont besoin de toujours parler de tout et de n'importe quoi.
10:47 Mais à un moment donné, quel est le problème de mettre l'IVG ?
10:51 - Vous avez une belle idée de votre beau métier.
10:53 Je vous remercie, Karine.
10:57 J'espère, évidemment.
10:59 Je me lève le matin, je me dis "Oh, est-ce que je pourrais parler d'un truc de n'importe quoi ce matin ?"
11:04 Eh les gars, on se réunit, ça s'appelle une conférence de rédaction, on est ensemble.
11:08 Bon les gars, si on parlait d'un truc de n'importe quoi ce matin ?
11:12 Bon.
11:13 Bah non, en fait, on essaye de parler des sujets qui intéressent les Français.
11:19 En tout cas, sur une radio comme Europe 1.
11:21 - Oui, bien sûr.
11:22 - Vous savez, il y a 50 000 journalistes.
11:25 Dans une radio comme Europe 1, avec ses grands anciens, on essaye de parler des sujets qui intéressent les Français.
11:34 Et un de nos maîtres, qui est passé d'ailleurs par Europe 1, qui s'appelait Philippe Gildas,
11:38 un jour, à la fin d'un flash, il avait dit à un journaliste
11:41 "Tu n'as pas parlé de la chose la plus importante pour ceux qui t'écoutent, le temps, la météo."
11:47 Bon, on essaye d'être à l'écoute.
11:49 Moi, je viens de cette formation-là.
11:51 J'essaye de parler aux gens des sujets qui les intéressent.
11:58 Mais je vous ai coupé, Karine, et je vous demande de poursuivre.
12:01 - Non, non, je vous en prie.
12:02 Oui, donc en fait, moi je voulais juste réagir.
12:05 Je suis un peu stressée, parce que c'est la première fois que je téléphone sur une radio et tout ça.
12:11 - Vous êtes parfaite.
12:12 - Donc en fait, c'est un sujet qui me touche un petit peu, parce que je suis une femme,
12:18 je n'ai jamais voulu d'enfant de ma vie.
12:20 J'ai assumé ce choix et je l'assume encore.
12:24 J'ai 45 ans, je vais en avoir bientôt 46.
12:26 Et je ne comprends pas ce problème de mettre l'IVG dans la Constitution,
12:32 au-delà du fait que ça pourrait...
12:36 En fait, je n'arrive pas à comprendre honnêtement,
12:38 qu'est-ce que ça pourrait changer, qu'est-ce que ça peut faire de le mettre ?
12:42 Autant faire au maximum pour protéger les femmes.
12:45 - Non mais cet argument, il s'entend, il est très fort d'ailleurs.
12:48 Non mais moi je trouve que c'est un des meilleurs arguments de dire au fond qu'est-ce que ça peut faire.
12:52 Vous avez parfaitement raison.
12:53 Je rappelle quand même que c'est la droite qui avait fait voter l'interruption volontaire de grossesse.
12:59 C'est la droite, en 1974, avec un président qui s'appelait Valéry Giscard d'Estaing.
13:03 Incroyablement moderne, parce que croyez-moi, la droite catholique à l'époque
13:07 était beaucoup plus puissante qu'elle n'est aujourd'hui.
13:10 Et il y avait évidemment des députés, ça avait été très dur pour Simone Veil.
13:14 Mais la droite peut être sur le plan sociétal,
13:17 et Giscard l'était, incroyablement progressiste, comme on le dit aujourd'hui.
13:22 Il est 11h26, on va marquer une pause, restez avec nous, bien sûr.
13:25 Benjamin Morel est avec nous.
13:32 Benjamin Morel est maître de conférence, spécialiste en droit public.
13:36 C'est dire que si, c'est un homme de qualité.
13:38 Bonjour M. Morel.
13:40 - Bonjour M. Pro.
13:41 - Belle et heureuse année.
13:42 - Oui, nous nous sommes, vous savez, moi je passe toute ma journée avec M. Boubouk.
13:46 Donc quand je parle avec un maître de conférence spécialiste en droit public,
13:50 forcément on upgrade, voyez-vous.
13:54 Bon, il y a une question à laquelle peut-être vous allez me répondre.
13:59 Qu'est-ce que ça change si l'IVG devient un droit constitutionnel ?
14:05 Est-ce que les femmes sont davantage protégées ?
14:10 - J'aimerais avoir une réponse à vous donner, mais la réalité c'est que la jurisprudence
14:13 du Conseil constitutionnel est par définition assez imprévisible.
14:16 Ce qu'on peut dire en tout cas, c'est que pour l'instant,
14:18 il y a une protection déjà de l'IVG, par voie de jurisprudence.
14:21 Alors si vous inscrivez l'IVG dans la Constitution,
14:23 on n'est pas à la merci d'un revirement de jurisprudence.
14:26 Donc on peut penser que la consécration est plus forte.
14:29 Après, tout dépend de ce que vous inscrivez, c'est-à-dire qu'il ne s'agit pas simplement
14:32 de mettre le mot "interruption volontaire de grand 16" dans la Constitution,
14:36 mais de bien qualifier ce que l'on entend "constitutionnaliser",
14:40 parce qu'en réalité, si jamais vous le mettez, ça veut dire que la Cour constitutionnelle,
14:44 le Conseil constitutionnel en l'occurrence, va avoir une marge de manœuvre assez importante
14:48 pour définir ce que c'est et quelles en sont les modalités.
14:51 Pour terminer, regardez par exemple ce qui s'est passé en Allemagne.
14:53 En Allemagne, la Cour constitutionnelle, le tribunal consul de Karlsruhe,
14:57 a été jusqu'à prévoir le délai entre la consultation de médecins
15:01 et la réalisation de l'acte d'IVG dans sa jurisprudence.
15:04 Aujourd'hui, vous ne pouvez pas changer ça en Allemagne sans réviser la loi fondamentale allemande.
15:08 Donc c'est ce qu'a essayé notamment d'éviter le Sénat
15:11 par la première rédaction qu'il avait proposée il y a quelques mois.
15:14 - C'est-à-dire que lorsqu'on parle à un maître de conférence,
15:17 on lui pose une question claire, on aimerait une réponse définitive,
15:21 et bien sûr, comme toujours, et je vous entends,
15:24 elles sont plus nuancées, plus subtiles, hélas, que la question qui est toujours plus directe.
15:30 - Exactement. La réalité, c'est qu'il y a une grande marge d'appréciation,
15:34 d'interprétation de la part des courts en matière de droit fondamental,
15:37 et quand on consulanise quelque chose, on ne sait jamais trop ce qu'il en sera 10 ans plus tard,
15:41 et ce qu'en aura fait le juge.
15:43 - Bon. On est donc sans doute dans une part de symbole,
15:48 mais peut-être que ce symbole est intéressant également,
15:52 parce que si vous me dites que ça ne changera pas grand-chose, au fond, pour les femmes,
15:56 il n'empêche que la majeure partie de ces femmes semble attachée à cela.
16:02 - Alors en effet, on est sur une constitutionnalisation de l'IVG qui est essentiellement symbolique,
16:07 c'est, je dirais, la fin, l'aboutissement d'un processus de reconnaissance et de garantie.
16:12 Donc là-dessus, c'est quelque chose qu'en effet, on peut tout à fait entendre,
16:15 et encore une fois, il n'est pas absurde de constitutionnaliser l'interruption volontaire de process.
16:21 - Qu'est-ce qu'il existe comme autre droit fondamental dans la constitution
16:25 pour qu'on puisse avoir des éléments de comparaison ?
16:29 - Alors, vous avez en fait plusieurs générations de droits.
16:32 Vous avez la déclaration des droits de l'homme et du citoyen,
16:34 vous avez l'égalité, l'égalité politique, le consentement à l'impôt, etc.
16:37 Vous avez le Premier bulle de 1946 dans lequel vous avez beaucoup de droits sociaux,
16:41 le droit au travail, le droit à la santé, le droit à l'éducation.
16:44 Tout ça, le Conseil consul, n'en a pas fait grand-chose, bien souvent,
16:46 et donc ça vous montre que là-dessus, ce n'est pas parce que vous constitutionalisez quelque chose
16:49 que vous le protégez fondamentalement.
16:51 Et ensuite, vous avez les droits de l'environnement
16:54 qui ont été introduits en 2004 par Jacques Chirac dans la Charte de l'environnement.
16:57 Là aussi, il y a des choses qui ont produit de la jurisprudence,
17:00 par exemple le principe de précaution dont on parle beaucoup,
17:02 et d'autres qui, au contraire, n'ont pas finalement produit grand-chose.
17:06 Donc, vous voyez que...
17:07 - Tout ça, c'est inscrit dans la constitution de la Ve République ?
17:11 - Tout ça, c'est inscrit dans le préambule de la constitution
17:14 via ce qu'on appelle les normes de référence,
17:17 c'est-à-dire des textes auxquels la constitution fait référence,
17:19 dont le conseil constitutionnel considère qu'il fait partie de la constitution,
17:22 comme si c'était n'importe quel article de la constitution.
17:25 Donc voilà, mais s'il y a un point qui m'apparaît lévragique, c'est celui-là,
17:29 c'est-à-dire qu'au final, c'est quand même le juge qui décide.
17:32 Et on ne peut pas apprécier en amont ce que le juge fera de quelque chose.
17:36 - Bah écoutez, j'espère que c'est assez clair pour tout le monde.
17:38 Géraldine, est-ce que vous êtes convaincue ? Je ne sais pas.
17:41 - Oui.
17:42 - Bon. - Oui.
17:43 - Monsieur Boubouk, est-ce que vous êtes convaincue par l'exposé de...
17:46 - Bien sûr ! Oui, monsieur Morel m'a convaincu, bien sûr.
17:48 J'étais en train de faire autre chose, mais oui.
17:50 - Bon, vous voyez la vie que je mène, monsieur Morel.
17:53 Je vous convoque, vous êtes un homme de grande qualité.
17:57 Bientôt appelé peut-être au Collège de France.
17:59 - Vous me parlez à moi, là ?
18:00 - Non, par monsieur Morel. - Ah, excusez-moi.
18:02 - Et pendant que vous parlez, notre ami Guenec fait autre chose.
18:06 - Mais je travaille ! Je règle les lignes téléphoniques, voilà.
18:09 - Vous règlez les lignes téléphoniques. - Oui, oui, je travaille chez SFR, là, oui.
18:11 - Alors si vous travaillez chez SFR, il faut également citer Orange et Bouygues Télécom.
18:17 - Voilà, excusez-moi. - Parce que sinon, on va avoir des soucis.
18:19 - Excusez-moi, je t'avais barqué.
18:20 - Bon, bah écoutez, merci beaucoup, Benjamin Morel.
18:22 - Merci beaucoup, Jean-Pascal.
18:24 - Et belle et heureuse année.
18:26 Qu'est-ce qu'on peut vous souhaiter, d'ailleurs, en cette année qui commence ?
18:29 - Écoutez, de la sérénité.
18:31 Je crois que dans le monde tel qu'il va, la sérénité est un bien très rare.
18:34 - C'est quelque chose que nous partageons chaque matin, autour de cette table.
18:37 C'est ce qui nous qualifie, voyez-vous, la sérénité.
18:41 C'est exactement le mot qui fait que cette émission est écoutée de plus en plus.
18:47 Daniel, est-ce qu'on met... Est-ce que nous passons ?
18:52 - Daniel !
18:53 - Est-ce que nous passons ?
18:54 - Le pauvre !
18:55 - C'est Julien !
18:56 - Julien !
18:57 - Oui, oui, c'est Juju !
18:58 - Juju !
18:59 - Voilà.
19:00 - On vous appelle Juju, Julien ?
19:01 - Dites-le-jus, vous !
19:02 - Dites-lui Juju !
19:03 - C'est joli, Julien.
19:04 Alors, quel âge vous avez, Julien ?
19:06 - J'ai 29 ans.
19:07 - Alors, Julien, il y avait beaucoup de Julien dans ma génération.
19:10 Un peu moins dans la vôtre ?
19:11 - Un peu moins, oui, je pense.
19:12 Je suis seul.
19:13 - C'est vrai ?
19:14 - Oui.
19:15 - Ah oui, alors il y avait des Julien Clair, bien sûr, qui portent ce nom Julien.
19:18 Julien Sorel, que vous connaissez sans doute, monsieur Boubouk.
19:21 - Évidemment !
19:22 Bien sûr, oui, oui, oui, je le connais très bien.
19:24 - Qui est le héros, comme vous le savez, du Rouge et le Noir.
19:28 - Oh oui, très beau roman !
19:29 - Julien Sorel.
19:30 - Super roman, affreux !
19:31 - Délicieux roman !
19:32 - De monsieur Stendhal.
19:33 - Oui, ça, c'est sûr.
19:34 - Stendhal étant, comme vous le savez, un pseudonyme.
19:37 - Je le sais, c'est pas son vrai nom.
19:39 - Il s'appelait Henri Bayle.
19:41 - C'est vrai ça ou pas ?
19:42 - Bien sûr.
19:43 - Non mais j'ai peur maintenant !
19:45 - Il n'est pas lui, le Rouge et le Noir.
19:48 - C'est magnifique !
19:49 - Vous pouvez plus peut-être écouter en Rouge et Noir de Jeanne Mars.
19:53 - Ah oui, j'adore !
19:54 - Vous avez davantage...
19:55 - On la reçoit bientôt, non, Jeanne Mars ?
19:56 - On la reçoit bientôt ?
19:57 - On va l'écouter, Rouge et Noir.
19:58 - Oui, allez !
19:59 - Elle vous apprendra.
20:00 - Rouge et Noir, vive la maintenance !
20:01 - Allez, il est 11h41, on revient avec Rouge et Noir.
20:03 - Et vous êtes de bonne humeur !
20:04 - Bien sûr !
20:05 - Et on change de sujet ?
20:06 - Oui, on change de sujet, monsieur.
20:07 - Vous m'appelez monsieur ?
20:08 - Oui, je l'ai suivi comme ça, je trouve ça sympa.
20:11 - A tout de suite.
20:12 - Et avant la pause, je vous rappelle que tout à l'heure, entre 14h et 15h, vous avez rendez-vous
20:16 avec Christophe Ondelat.
20:18 Semaine spéciale, Ondelat raconte un procès pour de vrai.
20:21 Christophe Ondelat vous fait vivre sur Eurobain et pour la première fois à la radio, en
20:24 procès devant une cour d'assises à Bordeaux.
20:26 De l'intérieur et en intégralité, vous vivez le procès de Fabien Moustroux, 47 ans,
20:31 accusé de meurtre de son oncle et de sa mère, Daniel, accusé de non-assistance à personne en danger.
20:35 Je ne vous en dis pas plus, c'est tout à l'heure, c'est passionnant.
20:38 Entre 14h et 15h, Ondelat raconte un procès pour de vrai sur Eurobain.