Le film révèle un peu de l'intimité des neuf Premières dames de la Vème République. Neuf femmes de chair et de sang, loin des clichés sur papier glacé, loin des caricatures dont elles ont été victimes. Dans le décor d'un Paris nocturne et d'un Palais de l'Elysée silencieux, au présent et en archives, elles nous font entendre leurs musiques personnelles. Que signifie être Première dame ? Chacune avec son époque, chacune avec sa personnalité, a endossé cette fonction à sa manière. Ce récit choral met en lumière ce qui les a façonnées, leurs forces et leurs fragilités. Elles racontent leur rapport au pouvoir, à l'amour, la solitude, le silence, la cruauté, les privilèges, les courtisans, la séduction, le courage, la rébellion, les illusions, les mensonges, la violence, le destin. Leurs histoires intimes, familiales, mais aussi publiques, résonnent entre elles et s'entrelacent. Ce tissage singulier offre un récit inédit, à la fois historique et intime, de l'Elysée et de la Vème République au féminin. Année de Production : 2019
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00:00:48 C'était pas du tout un rêve d'arriver à l'Elysée, c'était inimaginable.
00:00:50 On ne peut pas rêver des choses qu'on n'imagine jamais.
00:00:52 Dès le soir de l'élection, je comprends que la vie privée n'existe plus,
00:01:04 qu'on devient privé de vie.
00:01:07 Ça se passe dans la seconde même de l'annonce du résultat.
00:01:10 ...
00:01:23 Ces sept ans ont été une période passionnante,
00:01:26 très intense.
00:01:29 Heureuse, je n'en suis pas tellement sûre.
00:01:32 ...
00:01:36 J'étais-je la première à partir en permanence
00:01:39 et à quitter le pouvoir par amour ?
00:01:41 Après tout, pourquoi pas ?
00:01:43 ...
00:01:54 -Un visage, une silhouette, un sourire, un scandale, un secret.
00:01:59 Les premières dames de la Vème République
00:02:02 sont entrées dans nos vies par la télévision, la radio, le cinéma,
00:02:06 la presse magazine.
00:02:08 Mais qui sont-elles derrière ces images démultipliées ?
00:02:11 ...
00:02:13 Yvonne Laprude et Carla Lassonsuelle.
00:02:16 Annémone, fille de la princesse de Faucine du Singe,
00:02:19 et Valérie, fille de la caissière de la patinoire d'Angers.
00:02:23 Bernadette la catholique et Daniel la laïque.
00:02:26 Claude, fidèle à la mémoire de son mari,
00:02:29 et Cécilia, qui part cinq mois après l'élection du sien.
00:02:32 ...
00:02:34 Comment ces neuf femmes ont-elles vécu leur destin exceptionnel ?
00:02:39 L'ont-elles seulement désiré ?
00:02:41 Comment ont-elles réagi face à la malveillance, la haine, la calomnie ?
00:02:46 Quelles empreintes ont-elles laissées dans notre mémoire collective ?
00:02:51 -La République française s'est construite contre les femmes,
00:02:54 avec l'éviction des femmes du champ politique, on le sait.
00:02:57 C'est acquis, avec en plus le renforcement du code civil,
00:03:02 l'article 213, la femme est soumise à son mari, doit lui obéir, etc.
00:03:07 C'est pour cela que les femmes, devenues premières dames,
00:03:10 n'ont pas de parole politique.
00:03:12 ...
00:03:16 Quand vous regardez Brigitte Macron à l'image,
00:03:18 elle est dans une retenue totale.
00:03:20 Elle est sans arrêt en train de regarder où elle a mis ses pieds,
00:03:23 si elle est bien dans le cercle qui convient.
00:03:26 Là, on voit très bien, en effet, ce que c'est que cette camisole
00:03:31 dont est entourée la première dame.
00:03:33 ...
00:03:38 -Brigitte Macron est-elle l'héritière insoupçonnée
00:03:41 de la toute première dame de la Vème République, Yvonne de Gaulle ?
00:03:45 Que savons-nous d'elle ?
00:03:47 On ne connaît pas le son de sa voix, elle décourage les journalistes.
00:03:51 Yvonne la discrète disparaît volontairement
00:03:53 derrière l'ombre charismatique de son mari.
00:03:56 La plupart des collaborateurs du général de Gaulle
00:03:59 la déclarent en guerre et la renvoient à ses tricots.
00:04:02 Mais peut-être a-t-elle voulu donner cette image rébarbative
00:04:05 pour qu'on la laisse en paix.
00:04:07 -Pourquoi un homme comme le général de Gaulle,
00:04:11 qui est quand même un homme de conviction, de caractère,
00:04:14 qui a toujours su ce qu'il faisait à chaque moment de sa vie,
00:04:17 pourquoi il aurait épousé une cruche ?
00:04:19 C'est la grande question qu'on peut se poser.
00:04:22 En réalité, Yvonne n'est pas une cruche.
00:04:24 Et Yvonne ne se laisse pas faire, y compris par le général,
00:04:28 quand elle n'est pas d'accord avec lui.
00:04:30 En 1958, quand de Gaulle revient au pouvoir,
00:04:42 le contraste est très saisissant au sein du Coup présidentiel.
00:04:45 On a d'une part Charles de Gaulle,
00:04:47 qui à l'époque est appelé au pouvoir par René Cotti
00:04:50 comme le plus illustre des Français.
00:04:52 Il est le libérateur de la France en 1945.
00:04:56 En revanche, Yvonne de Gaulle est totalement inconnue
00:04:59 des médias, des Français, de l'opinion publique.
00:05:02 -Yvonne de Gaulle, on se souvient d'elle,
00:05:06 pour ses petits chapeaux, toujours son air penché,
00:05:09 un petit sourire, c'est tante Yvonne,
00:05:12 donc l'appellation fait un petit peu maternelle
00:05:15 et plutôt bienveillante.
00:05:16 Ca n'était pas le cas dans la réalité.
00:05:24 -Elle n'aime pas que son mari soit président de la République.
00:05:27 C'est pas sa vie à elle.
00:05:29 Dans une lettre à sa cousine, assez pathétique, elle écrit
00:05:33 "Aujourd'hui, j'ai lavé à la main les gants de mon mari
00:05:36 "juste pour me ressentir humble."
00:05:40 -Elle est inaccessible, je dirais, aux ors du pouvoir,
00:05:46 aux phénomènes de cour.
00:05:48 Et pourtant, elle va s'installer à l'Elysée en femme de devoir,
00:05:52 mais qui garde complètement son autonomie,
00:05:54 je dirais, de conscience.
00:05:56 Elle fait tous les voyages, elle adore ça,
00:05:59 mais elle les fait pour elle.
00:06:01 Elle est parfois dans la 4e ou la 5e voiture,
00:06:04 parfois, on la perd.
00:06:05 On sait plus où elle est, elle est partie faire une visite.
00:06:08 Elle s'organise son emploi du temps.
00:06:11 Elle n'est pas soumise à la fonction.
00:06:13 Je crois que c'est la seule qui est restée indépendante
00:06:17 et au-dessus de la fonction.
00:06:18 Musique de tension
00:06:20 ...
00:06:25 -La nouvelle constitution de la Vème République
00:06:28 donne en 1958 davantage de pouvoir au président.
00:06:31 Par conséquent, plus exposée médiatiquement et politiquement,
00:06:36 son épouse devient, qu'elle le veuille ou non,
00:06:38 un personnage de premier plan.
00:06:40 ...
00:06:44 Yvonne de Gaulle doit initier ce nouveau rôle de première dame.
00:06:48 ...
00:06:58 Avant son départ pour Paris, où il allait rencontrer
00:07:01 le général de Gaulle, le président Kennedy avait dit
00:07:03 "Je vais en France pour contribuer aux relations étroites
00:07:07 "qui doivent sauvegarder la cause de la liberté."
00:07:09 Après cette photo du Perron, devenue classique,
00:07:12 mais à laquelle le sourire de Kennedy apportait un éclat nouveau,
00:07:16 les deux hommes d'Etat commençaient.
00:07:18 ...
00:07:30 -À la fin des dîners d'Etat,
00:07:32 Mme de Gaulle s'asseyait dans un salon
00:07:36 et il était prévu que les épouses des ministres
00:07:39 viennent à tour de rôle lui faire la conversation,
00:07:43 et de l'aider à recevoir les hôtes d'Etat,
00:07:46 mais c'était toujours très...
00:07:49 très protocolaire et très formel.
00:07:52 ...
00:07:55 -Yvonne de Gaulle a su préserver une vie à côté de l'Elysée,
00:07:59 en créant ce qu'elle appellera son oeuvre,
00:08:01 une fondation destinée aux jeunes filles handicapées mentales.
00:08:05 Elle va véritablement y consacrer sa vie.
00:08:08 ...
00:08:11 -Anne, leur troisième enfant,
00:08:13 révèle dès sa naissance en 1928 une déficience mentale.
00:08:17 Elle est diagnostiquée trisomique.
00:08:20 Pour que cette petite fille, qui requiert des soins permanents,
00:08:24 puisse s'épanouir entourée de sa famille,
00:08:26 le couple décide de la garder auprès d'eux.
00:08:29 -Charles de Gaulle a résumé parfaitement
00:08:32 ce qu'a représenté cette petite fille pour eux,
00:08:35 c'est-à-dire qu'il a dit que c'était à la fois une épreuve,
00:08:39 réellement,
00:08:40 et en même temps, cet enfant, pour nous, est une grâce.
00:08:43 L'amour qu'a Charles de Gaulle pour cette petite fille,
00:08:48 c'est peut-être le seul moyen de voir sa tendresse, son côté humain.
00:08:51 Pour Yvonne, c'était un soutien énorme.
00:08:54 ...
00:09:00 Yvonne de Gaulle, on a toujours d'elle ce visage de femme
00:09:03 à la fin de sa vie, un peu empâtée,
00:09:05 habillée de manière un peu vieillotte.
00:09:08 Et lorsqu'elle a 20 ans, elle est absolument superbe,
00:09:11 elle a les traits extrêmement fins,
00:09:13 elle a des jolis yeux gris.
00:09:15 Et considérant la famille dans laquelle elle grandit,
00:09:18 qui est très riche, elle a de nombreux prétendants.
00:09:20 A l'époque, au tournant des années 1920,
00:09:23 dans les familles de la grande bourgeoisie,
00:09:25 la tradition consiste encore à arranger les mariages.
00:09:28 Et Yvonne Vandrouw fait la connaissance de Charles de Gaulle
00:09:31 par le biais d'une arrangeuse de mariage,
00:09:34 qui est une amie, madame d'Enquin-Ferrand,
00:09:36 des deux familles.
00:09:37 ...
00:09:44 Charles de Gaulle va inviter la jeune Yvonne Vandrouw
00:09:47 au bal de Saint-Cyr.
00:09:49 Il ne danse pas du tout,
00:09:51 mais il discute énormément pendant cette soirée
00:09:53 autour d'une orangeade.
00:09:55 Et lorsque Yvonne Vandrouw retourne chez elle avec son frère,
00:09:59 elle lui déclare que ce sera lui ou personne.
00:10:02 ...
00:10:23 Dans la petite ville de Château-Gonthier,
00:10:26 traversée par la Mayenne,
00:10:27 une autre jeune femme, Claude Cahour,
00:10:30 éprise de littérature,
00:10:32 rêve d'un ailleurs, loin de sa province.
00:10:34 Elle convainc son père médecin
00:10:36 de la laisser faire ses études à Paris.
00:10:38 Et un jour, elle rencontre Georges Pompidou.
00:10:42 -C'est le coup de fou de boulevard Saint-Michel.
00:10:45 Ce qui les rejoint, ce sont deux provinciaux.
00:10:48 Deux provinciaux qui, en fait, fuient leur milieu d'origine
00:10:52 et ils rêvent de littérature, d'art, de liberté.
00:10:56 -Et Claude va être totalement fasciné par Georges Pompidou,
00:11:01 qui, effectivement, est lettré, diplômé
00:11:04 de cette école normale supérieure,
00:11:06 ce qui présente un prestige très élevé.
00:11:08 Il va la former, il devient son mentor.
00:11:10 -Elle dit "il m'a fait".
00:11:12 C'est son Pygmalion sur le plan intellectuel,
00:11:14 sur le plan artistique.
00:11:16 Elle reconnaît que lui a un destin et qu'elle, elle n'en a pas.
00:11:20 -Lorsqu'il succède à Michel Debré comme Premier ministre,
00:11:23 c'est un inconnu que la France découvre.
00:11:26 -Georges Pompidou connaît bien la politique.
00:11:28 Depuis plusieurs années, il a été le conseiller le plus proche.
00:11:31 Il va s'imposer au pays par sa bonhomie souriante
00:11:34 mais aussi par son bon sens,
00:11:36 hérité sans doute de ses ascendances paysannes.
00:11:38 -En 1962, quand Georges est appelé à Matignon,
00:11:43 elle en est assez flattée.
00:11:44 Elle est fière de son mari.
00:11:46 Elle le trouve à la place où il doit être
00:11:48 et elle lui fait confiance.
00:11:50 Elle est très admirative du général de Gaulle.
00:11:53 Elle se considère comme une grande gaulliste.
00:11:55 ...
00:11:59 (Frappements)
00:12:00 (Musique douce)
00:12:02 -Presque un an après l'attentat au AS
00:12:04 qu'il avait visé sur la route de Chaumont,
00:12:07 le général de Gaulle a une nouvelle fois servi de cible
00:12:10 à ses adversaires déterminés.
00:12:11 -En 1962, l'attentat du petit clamart
00:12:14 lié au contexte de la guerre d'Algérie
00:12:17 révèle une violente hostilité à la politique du général.
00:12:20 Yvonne échappe par miracle à cette tentative d'assassinat.
00:12:25 -Elle est à côté de lui dans la voiture
00:12:27 et de Gaulle lui-même lui dit combien elle est brave
00:12:30 au moment de l'attentat du petit clamart.
00:12:33 Elle n'a même pas tremblé. Elle était prête à mourir avec lui.
00:12:36 Elle était d'accord.
00:12:37 (Bruits de la rue)
00:12:40 -En 1967, un groupe de députés représentés par Lucien Neuvirt
00:12:45 consulte Yvonne de Gaulle pour qu'elle soutienne
00:12:47 auprès de son mari leur projet de loi
00:12:49 en faveur de la pilule contraceptive.
00:12:51 Et à leur grand étonnement, elle va le défendre.
00:12:55 -Dans sa vie de femme d'officier, de femme tout court,
00:12:59 elle a croisé d'autres femmes qui ont connu des drames.
00:13:02 Elle sait ce que c'est d'avoir un enfant quand on n'en veut pas.
00:13:05 Quand Yvonne de Gaulle donne son accord
00:13:08 et ouvre la porte à la loi sur la pilule,
00:13:10 c'est toute cette expérience très longue de femme
00:13:12 qui vient au renfort d'une décision
00:13:15 et qui, sans doute, gagne de Gaulle à sa cause.
00:13:18 Pour de Gaulle, il avait dit
00:13:20 qu'on ne remboursait pas la pilule,
00:13:22 pas la bagatelle.
00:13:24 -Mais, mais, mais, Paris, mais...
00:13:30 Mais, mais, mais, Paris...
00:13:38 -Tout le monde comprend, évidemment,
00:13:42 quelle est la portée des actuels événements
00:13:47 universitaires, puis sociaux.
00:13:51 On y voit tous les signes
00:13:55 qui démontrent la nécessité
00:13:59 d'une mutation de notre société.
00:14:03 -Pour sortir de la crise qui ébranle la nation,
00:14:06 de Gaulle propose en avril 1969
00:14:09 un référendum sur la régionalisation
00:14:11 et la réforme du Sénat.
00:14:13 Il annonce qu'en cas de rejet, il quittera ses fonctions.
00:14:16 Le non l'emporte.
00:14:18 Il démissionne alors et se réfugie
00:14:20 sur les terres d'Irlande avec Yvonne.
00:14:22 -M. Georges Pompidou sort victorieux
00:14:28 de cette élection nationale,
00:14:30 élu président de la République
00:14:32 pour sept ans.
00:14:33 -G. Pompidou ! G. Pompidou ! G. Pompidou !
00:14:38 G. Pompidou ! G. Pompidou !
00:14:41 -Lorsque G. Pompidou se décide
00:14:43 à se présenter à la présidentielle en 1969,
00:14:46 Claude Pompidou se l'a fait quatre ans,
00:14:49 qu'elle sait que cette décision
00:14:51 va arriver un jour ou l'autre.
00:14:53 Et il ne faut pas séparer cette décision
00:14:56 de l'affaire Markovic.
00:14:58 Parce que c'est à cause aussi de l'affaire Markovic
00:15:01 que Claude et G. Pompidou décident de se lancer
00:15:04 dans la campagne présidentielle.
00:15:06 Pour eux, gagner l'élection, c'est une manière
00:15:09 de lever leur honneur.
00:15:11 -Le 1er octobre 1968, un chiffonnier découvre
00:15:15 le cadavre d'un inconnu enveloppé dans une housse de nylon
00:15:18 et un sac de jute.
00:15:20 Stéphane Markovic, ami et garde du corps d'Alain Delon.
00:15:24 -Contre toute attente, ce fait divers
00:15:27 va révéler un chantage sordide
00:15:29 dans lequel Claude Pompidou se retrouve,
00:15:31 malgré elle, impliqué.
00:15:33 -De quoi il s'agissait ?
00:15:36 C'était des photomontages pornographiques
00:15:39 avec Claude Pompidou
00:15:41 qu'on mettait en scène.
00:15:44 Et elle en a été, mais profondément blessée,
00:15:47 puisqu'on a dit qu'elle faisait partie de partie fine
00:15:50 avec un gigolo, ce fameux Markovic qu'on a retrouvé mort
00:15:53 dans une décharge.
00:15:54 -C'est la 1re fois dans l'histoire de la République
00:15:58 qu'une femme est attaquée et mise en cause
00:16:01 pour des raisons de mœurs.
00:16:03 -Ca a été, mais épouvantable pour elle,
00:16:08 sachant qu'elle a très vite compris
00:16:10 que c'était Georges Pompidou,
00:16:12 dauphin naturel du général de Gaulle, qui était visé.
00:16:15 On a attaqué la femme. Pourquoi ?
00:16:17 Il formait un vrai couple.
00:16:19 Claude et Georges Pompidou s'aimaient,
00:16:22 et on le savait.
00:16:23 -Jalousie, mensonges, querelles personnelles, intrigues.
00:16:27 Disait Claude Pompidou, oui.
00:16:29 L'espèce humaine, pas seulement l'Elysée.
00:16:32 A l'Elysée, ça se cristallise un peu.
00:16:35 Ca serait comme une loupe, peut-être,
00:16:37 sur toutes ces choses de l'espèce humaine.
00:16:39 -Vous avez eu les bonheurs et les tristesses
00:16:42 d'un passage à haute altitude.
00:16:44 Ce monde de la politique aurait-il pu vous briser ?
00:16:49 -Oui, certainement, il aurait pu.
00:16:54 Si je n'avais pas été aussi attachée à mon mari que je l'étais.
00:16:59 -C'est une femme blessée par la calomnie
00:17:02 qui arrive à l'Elysée.
00:17:03 Des tracts et des photomontages de l'affaire
00:17:06 circulent encore dans Paris.
00:17:07 En devenant première dame,
00:17:09 Claude Pompidou sait qu'elle s'expose à toutes les critiques,
00:17:13 et il n'en manquera pas.
00:17:14 Sur sa manière trop moderne de s'habiller,
00:17:17 sur ce qu'elle fait et ne fait pas.
00:17:19 Mais Georges Pompidou la protège.
00:17:21 -C'est pour ça que ces premières images
00:17:24 que l'on voit en 69, le jour de l'investiture,
00:17:26 Georges, c'est totalement révolutionnaire,
00:17:29 on n'a jamais vu ça avant,
00:17:30 ce sont les premiers qui se mettent en scène
00:17:33 dans le jardin, devant les photographes.
00:17:35 Ils montrent bien qu'ils veulent la protéger et qu'ils font bloc.
00:17:39 Ils représentent un couple
00:17:41 qui est tout à fait dans l'ère du temps, des années 60.
00:17:44 Toujours ce tiraillement entre la rigueur
00:17:47 et une aspiration à la liberté.
00:17:49 ...
00:17:57 Ils vont tout de suite poser pour les journaux.
00:17:59 Elle, elle est en peignoir de bain, lui, en polo,
00:18:02 et là, le général de Gaulle s'en étrangle
00:18:05 en parlant de désacralisation de la fonction présidentielle.
00:18:08 Il rompt volontairement les codes
00:18:11 et il savent aussi que la société bouge.
00:18:13 ...
00:18:20 -Une jupe à 70 cm du sol...
00:18:23 -N'étonne absolument plus.
00:18:25 ...
00:18:27 -Mais à 80 cm du sol...
00:18:30 -La mini se fait micro.
00:18:32 ...
00:18:35 -Ouais, putain, j'ai mal à l'aise !
00:18:37 C'est terrible !
00:18:39 ...
00:18:54 -Yvonne de Gaulle, toute sa vie, reposait sur son mari.
00:18:58 Elle va être dans le veuvage comme dans la vie,
00:19:00 dans le veuvage de la vie de la femme,
00:19:02 qui a une vie de parfaite dignité.
00:19:04 Elle va vivre enfermée à la Boisserie,
00:19:06 qui est leur maison à Colombel et deux Eglises,
00:19:09 et elle vit dans le souvenir de son mari.
00:19:12 ...
00:19:17 -Même si Claude Pompidou s'installe avec réticence à l'Elysée,
00:19:21 elle veut apporter une touche de modernité à ce vieux palais.
00:19:24 Elle fait appel à un designer avant-gardiste de l'époque,
00:19:27 Pierre Paulin, qui va renouveler avec audace
00:19:30 son appareil de mon privé.
00:19:32 ...
00:19:35 -Je crois que c'est mieux d'avoir mis les deux petits polyacopes là.
00:19:39 -Ouais, on les voit beaucoup.
00:19:41 -C'est mieux en harmonie, je trouve.
00:19:43 -Les bûches. -Pourquoi ?
00:19:45 -Pourquoi ?
00:19:46 -Cette maison était épouvantablement laide à l'intérieur.
00:19:52 On avait décidé de la restaurer dans sa partie ancienne.
00:19:55 Il arrivait quelquefois que, quand il avait fini son travail,
00:19:58 on redescendait vers minuit, quand il n'y avait plus de garde,
00:20:02 et on bouge les meubles, les fauteuils, les canapés,
00:20:05 comme ça nous plaisait.
00:20:06 ...
00:20:10 -Autre modernité,
00:20:12 pour laquelle le rêve que portent le couple,
00:20:15 Georges et Claude, depuis les années 50,
00:20:17 c'est de créer un musée d'art contemporain.
00:20:20 ...
00:20:23 -2 avril 1974.
00:20:26 La France, pétrifiée, a appris à 22h
00:20:29 la mort du président Pompidou.
00:20:31 -La mort de Pompidou nous a vraiment pris par surprise.
00:20:36 Nous le savions malades.
00:20:38 J'ai su, en effet, instinctivement,
00:20:40 que mon mari se présenterait à la présidence de la République.
00:20:43 -Pompidou ! Pompidou ! Pompidou !
00:20:47 -Je voudrais la France forte,
00:20:49 dans une Europe unie.
00:20:51 -Pompidou ! Pompidou ! Pompidou !
00:20:53 -Je voudrais la France rayonnante dans le monde.
00:20:56 -Pompidou ! Pompidou ! Pompidou !
00:21:01 ...
00:21:08 -Claude Pompidou a continué l'oeuvre du président Pompidou
00:21:13 avec le soutien de Jacques Chirac,
00:21:15 puisque Valéry Giscard d'Estaing, lui,
00:21:18 était horrifié par le projet Baubourg.
00:21:20 Donc, elle a pu continuer à être présente, en fait,
00:21:24 dans les médias, alors que, je dirais,
00:21:27 entre guillemets, elle n'était plus rien.
00:21:29 -Voilà une bibliothèque, là.
00:21:31 Le musée.
00:21:33 Le centre de création industrielle.
00:21:35 -Le musée, qu'il ne s'appelle pas à l'époque encore
00:21:39 le centre Pompidou,
00:21:40 est un vaste trou à la place des Halles.
00:21:43 Giscard d'Estaing ne porte pas particulièrement
00:21:46 dans son coeur Georges Pompidou,
00:21:48 mais il choisit comme Premier ministre Jacques Chirac.
00:21:51 Il est le fils spirituel de Georges Pompidou.
00:21:54 -Ce sera la grande oeuvre du XXe siècle,
00:21:56 qui redonnera à la France son rôle et sa place
00:21:59 dans la création artistique contemporaine.
00:22:02 Ca, c'est tout essentiel.
00:22:04 Là, au fond, on est dans le hall.
00:22:06 -Oui. -Ca, c'est le forum.
00:22:08 Dans le forum, si je comprends bien,
00:22:10 il va y avoir des expositions contemporaines.
00:22:13 ...
00:22:30 -J'ai pas le souvenir d'avoir eu peur
00:22:33 de la carrière de Valéry.
00:22:36 C'était celle qu'il avait choisie,
00:22:38 celle qui lui plaisait,
00:22:39 celle où il réussissait.
00:22:41 Je l'acceptais, et j'en acceptais les contraintes et les servitudes.
00:22:46 -Et je crois qu'Anne Bonne veut aussi vous exprimer ses voeux.
00:22:52 -A tous et à toutes,
00:22:55 j'exprime mes voeux très chaleureux.
00:22:58 Que cette année nouvelle vous apporte le bonheur,
00:23:02 la santé et le succès.
00:23:05 Pour vous et pour ceux que vous aimez.
00:23:09 Bonne année à vous tous.
00:23:11 -Bonne année à vous tous.
00:23:13 -Quand je me suis mariée,
00:23:14 donc j'avais pas 20 ans,
00:23:16 et je venais d'une famille militaire
00:23:19 où la politique n'était jamais mentionnée,
00:23:23 donc je n'avais aucune notion
00:23:25 de ce qu'était la vie politique.
00:23:28 Mais j'ai dû l'apprendre assez vite,
00:23:30 donc voilà, j'ai été, je dirais,
00:23:34 lancée dans le bain très jeune.
00:23:36 -Anne-Emone Giscard d'Estaing, comme un bon petit soldat,
00:23:40 se met au service de son mari, qui ne demande que ça,
00:23:43 et participe activement à la campagne présidentielle.
00:23:46 Fille d'un comte et d'une princesse,
00:23:49 Anne-Emone apprend à coller les affiches,
00:23:51 à suivre son mari dans tous ses déplacements,
00:23:54 à goûter à la liesse populaire.
00:23:56 Elle est prête à jouer son rôle de femme de président.
00:24:00 Musique de jazz
00:24:02 ...
00:24:06 -S. L'Ambassadeur de la Côte d'Ivoire,
00:24:10 monsieur le chancelier d'affaires de la La Coupe,
00:24:12 madame.
00:24:14 S. L'Ambassadeur de la Grande-Bretagne,
00:24:17 Lady Tompkins.
00:24:19 S. L'Ambassadeur de la Colombie,
00:24:22 madame l'ambassadeur.
00:24:24 ...
00:24:43 -Cet encadrement du protocole, finalement,
00:24:46 était très commode, parce que c'est un mode d'emploi
00:24:50 où vous donnez le matin le programme du jour,
00:24:54 avec le déroulement, les personnes qu'on allait rencontrer,
00:24:57 la biographie des personnes, etc.,
00:24:59 ce qui fait que ça simplifie la vie.
00:25:01 On n'a pas besoin de se poser de questions,
00:25:04 on suit le programme.
00:25:06 -Anne-Emone Giscard d'Estaing,
00:25:08 elle veut donner du contenu à sa fonction
00:25:10 et lui donner un contenu qui soit professionnel.
00:25:14 Elle va mettre en place un secrétariat très actif,
00:25:18 elle a quand même une dizaine de personnes autour d'elle,
00:25:22 et elle est en relation, à l'époque,
00:25:24 avec tous ces ministres féminins.
00:25:26 Pensez à Françoise Giroux,
00:25:28 qui a accepté ce secrétariat à la condition des femmes
00:25:31 alors qu'elle avait voté Mitterrand.
00:25:33 -Nous qui n'avons pas d'espoir
00:25:38 Depuis la nuit des temps
00:25:41 Pour les femmes
00:25:43 Nous sommes le continent noir
00:25:47 Debout, la fête est en marche
00:25:49 -Crédité par un réel engagement envers les femmes,
00:25:52 Valérie Giscard d'Estaing fait entrer pour la première fois
00:25:55 dans son gouvernement quatre femmes,
00:25:57 dont Simone Veil, ministre de la Santé,
00:26:00 qui, avec courage et détermination,
00:26:02 fait passer en 1975 la loi pour l'avortement.
00:26:05 ...
00:26:08 Ce bouleversement met fin à la loi répressive de 1942,
00:26:11 condamnant à la prison les femmes qui pratiquaient l'avortement,
00:26:15 considérée alors comme crime d'Etat.
00:26:19 -Bon, il se trouve que j'avais fait du travail social
00:26:23 pendant... depuis assez nombreuses années,
00:26:26 et j'avais eu l'occasion de rencontrer
00:26:28 de ces jeunes femmes...
00:26:30 qui se retrouvaient enceintes toutes les semaines,
00:26:36 avec des maris violents,
00:26:38 et qui n'avaient pas d'issue.
00:26:40 Et ça me paraissait d'une...
00:26:42 d'une injustice épouvantable.
00:26:45 Donc, en effet, quand mon mari m'a parlé
00:26:48 de changer cette loi,
00:26:51 j'étais d'accord avec lui.
00:26:54 -Je crois que toutes les femmes
00:26:56 se sentent solidaires les unes des autres,
00:26:59 et que nous avons ensemble,
00:27:00 peut-être pas un combat à mener,
00:27:02 mais une action à mener
00:27:05 pour améliorer, d'une part,
00:27:08 la condition des féminines,
00:27:10 et d'autre part, la condition de tous les Français.
00:27:13 Musique douce
00:27:14 -Annemone Giscard d'Estaing crée une fondation
00:27:17 dont la mission est de lutter
00:27:19 contre la maltraitance des enfants.
00:27:21 Très impliquée, elle l'a dirigée pendant 35 ans.
00:27:24 -Pratiquement tous les mois,
00:27:26 j'allais passer deux ou trois jours
00:27:29 dans un département.
00:27:30 J'ai fait à peu près 100 déplacements
00:27:33 où je rencontrais des personnes
00:27:35 de toute catégorie sociale,
00:27:38 de toute origine, de toute fonction.
00:27:41 Et ce contact avec les Français
00:27:44 était quelque chose que j'appréciais énormément.
00:27:47 Et ça m'a manqué par la suite.
00:27:49 -La participation des femmes à la vie associative
00:27:53 permet de franchir et d'accompagner
00:27:55 ces différentes étapes de la vie avec bonheur.
00:27:58 -C'est à pied que la Première dame de France
00:28:01 a visité hier l'île de Sein,
00:28:03 visite au demeurant très brève, puisqu'elle n'a duré que 2h.
00:28:06 -Ces 7 ans ont été une période
00:28:09 très intense.
00:28:11 Heureuse, je m'en suis pas tellement sûre,
00:28:15 parce qu'on est quand même soumis
00:28:17 à une pression continuelle.
00:28:19 Applaudissements
00:28:22 ...
00:28:24 -Voilà mes chers amis.
00:28:26 -Les gens ont une espèce de besoin
00:28:29 de toucher la personne qui a le pouvoir.
00:28:33 Et c'est vraiment quelque chose
00:28:35 de très ancré dans les mentalités,
00:28:38 peut-être plus en France,
00:28:40 où il y a eu cette tradition monarchique très longue.
00:28:43 -Nous vous disions combien nous regrettons
00:28:46 de ne pas pouvoir vous saluer toutes et tous personnellement.
00:28:50 -C'est pas quelque chose de personnel,
00:28:53 c'est quelque chose qui est presque sacré.
00:28:56 Et ça, c'est très impressionnant.
00:28:59 ...
00:29:06 -François Mitterrand avait attendu 21h30
00:29:09 pour tenter une sortie de l'hôtel du Vieux Morvan,
00:29:12 et il s'est passé cette journée décisif.
00:29:14 -Mitterrand ! Mitterrand !
00:29:16 -Mitterrand ! Mitterrand !
00:29:18 ...
00:29:25 ...
00:29:48 -Premier président socialiste,
00:29:50 Mitterrand met fin à 23 ans de la droite,
00:29:53 la plus longue période de continuité politique
00:29:56 depuis l'Ancien Régime.
00:29:57 ...
00:30:03 Un vent de liberté et de renouveau souffle sur la France.
00:30:07 ...
00:30:12 Daniel Mitterrand conteste le titre de première dame.
00:30:15 "Je ne serai pas une potiche", dit-elle.
00:30:17 Mais elle saura utiliser son statut au service de ses propres engagements,
00:30:22 comme aucune autre n'avait osé le faire.
00:30:24 ...
00:30:25 -C'était en octobre 1944.
00:30:28 C'est-à-dire, c'était encore la guerre.
00:30:31 J'ai épousé une jeune fille que j'ai connue.
00:30:34 Elle était infirmière dans un maquis.
00:30:36 Elle avait la croix de guerre à 17 ans.
00:30:39 On s'est mariés.
00:30:40 ...
00:30:43 -La rencontre avec François Mitterrand
00:30:46 se fait par l'intermédiaire de la sœur de Daniel Mitterrand,
00:30:50 qui s'appelle Christine Gouze.
00:30:51 Christine sert de boîte aux lettres au réseau de Frémet.
00:30:56 François Mitterrand est engagé dans ce réseau.
00:30:59 Il va visiter Christine Gouze
00:31:01 et il voit sur le piano une photographie de Daniel Mitterrand,
00:31:05 qui est une très jolie jeune fille avec des yeux en amande.
00:31:09 Il la remarque immédiatement et il dit "je l'épouse".
00:31:12 ...
00:31:18 -Pendant la guerre, son père dirige un collège
00:31:21 et il a refusé de dénoncer les professeurs juifs
00:31:25 ou les enfants juifs qu'il avait dans son établissement,
00:31:28 ce qui lui a valu des mesures de rétorsion de l'administration.
00:31:31 ...
00:31:37 Elle endosse le rôle de première dame
00:31:40 qui vient au secours des plus démunis,
00:31:43 mais de façon très différente des précédentes.
00:31:46 Elle a établi un plan qui va permettre aux Français
00:31:49 de connaître leurs droits et qu'ils puissent avoir recours
00:31:52 aux différentes administrations
00:31:54 en sachant comment les choses fonctionnent.
00:31:57 Elle veut qu'on rende justice aux Français.
00:31:59 On est à une époque où les ministères se féminisent.
00:32:03 Elle a ses relais auprès des femmes ministres
00:32:06 et elle leur fait prendre en charge les causes qu'elle veut défendre.
00:32:10 -Vous pensez que le fait d'être la femme du président de la République
00:32:16 vous a largement facilité cette action
00:32:20 ou est-ce que vous pensez que vous auriez pu le faire
00:32:23 toute seule, par vous-même ?
00:32:25 -Ca a certainement ajouté à mon pouvoir de conviction,
00:32:28 mais c'est le seul pouvoir que j'ai en définitive.
00:32:31 -Danielle Mitterrand a toujours été mon modèle.
00:32:34 Elle n'a pas été une potiche, elle a été une combattante.
00:32:38 Elle n'a pas été seulement une résistante
00:32:40 comme pendant la guerre, elle était une combattante.
00:32:43 Elle a affirmé des positions qui étaient parfois à l'encontre
00:32:46 de celles de son mari.
00:32:48 -Pour faire entendre la voix des opprimés,
00:32:50 Danielle Mitterrand va créer une fondation,
00:32:53 France Liberté, qui défend les droits humains.
00:32:56 Ses combats seront la lutte contre le racisme,
00:32:59 le soutien aux peuples tibétains, aux peuples kurdes
00:33:02 ou la lutte contre l'apartheid en Afrique du Sud.
00:33:04 Et elle sera fidèle à ses engagements
00:33:07 jusqu'à la fin de sa vie.
00:33:08 Musique douce
00:33:12 20 ans plus tard, Valérie Trier-Veller prendra le relais
00:33:15 en devenant l'ambassadrice de la fondation France Liberté.
00:33:18 -Je pense que les Premières Dames d'avant
00:33:21 avaient beaucoup plus de liberté,
00:33:23 beaucoup plus de possibilités.
00:33:25 Si je reprends l'exemple de Danielle Mitterrand,
00:33:28 qui pouvait se permettre de faire des choses,
00:33:31 de rendre visite à Fidel Castro,
00:33:33 d'accueillir Nelson Mandela à Paris
00:33:35 avant même que le président ne le reçoive.
00:33:38 Elle était surnommée "l'emmerdeuse".
00:33:40 -Mais quelle emmerdeuse !
00:33:42 -Quand on défend la tolérance,
00:33:44 on a beau le tourner dans tous les sens,
00:33:47 c'est la tolérance. On n'est pas tolérant pour quelque chose.
00:33:50 C'est la tolérance.
00:33:51 Quand on défend le refus de l'exclusion,
00:33:54 il n'y a pas de ségrégation, c'est toutes les exclusions.
00:33:57 Qu'elles soient intellectuelles, physiques, toutes les exclusions.
00:34:01 Il n'y a pas 36 000 langages.
00:34:03 On dit "je suis contre toute exclusion".
00:34:05 Chaque homme, chaque individu représente pour moi
00:34:08 la même valeur en tant qu'homme et individu.
00:34:11 Musique douce
00:34:13 -Dans les coulisses du pouvoir,
00:34:15 une autre femme attend son heure,
00:34:17 Bernadette Chirac.
00:34:18 Elle règne depuis quatre ans déjà à l'hôtel de ville de Paris.
00:34:23 ...
00:34:25 -Les Chirac sont un couple de pouvoir.
00:34:27 Elle est unique parmi les Premières Dames
00:34:29 puisque aucune d'entre elles n'a été élue.
00:34:32 Elle a été élue très longtemps
00:34:34 puisqu'elle commence conseillère générale de Corrèze en 1979
00:34:38 et elle est encore élue en 2011.
00:34:39 Elle s'accroche jusqu'au bout à ce pouvoir
00:34:42 qui lui donne une autonomie réelle.
00:34:45 Elle construit aussi sa propre carrière.
00:34:48 C'est ensemble qu'ils vont,
00:34:50 d'une certaine façon, accéder au pouvoir.
00:34:53 -J'ai le plaisir de voir élue ce soir,
00:34:56 brillamment, avec 55 % des voix,
00:34:59 ma femme dans le canton de Corrèze.
00:35:01 -Qui est à vos côtés, madame Chirac,
00:35:03 félicitations pour la nouvelle conseillère générale.
00:35:06 M. Chirac, je voulais vous demander votre commentaire
00:35:09 sur le plan des positions du RPR au niveau national.
00:35:12 -Ecoutez, il est un peu prématuré pour les faire.
00:35:15 -Oui.
00:35:16 -Marie est faite pour faire de la politique.
00:35:19 C'est incontestablement chez lui une vocation.
00:35:21 Par conséquent, je suis très heureuse qu'il réussisse.
00:35:25 Je me suis toujours beaucoup intéressée
00:35:27 à la vie politique française
00:35:29 et je suis moi-même très modestement,
00:35:32 enfin, je suis tout de même élue, une élue municipale,
00:35:36 dans le canton dont il est conseiller général.
00:35:38 -Dans la majorité, c'est le RPR qui a tenu le mieux
00:35:41 ou le plus solidement.
00:35:42 -Dans ses réunions du conseil général en Corrèze,
00:35:46 son mari assiste aussi à ses réunions
00:35:49 et lui fait passer des petits mots pendant les réunions
00:35:53 où il écrit "Bernadette, taisez-vous".
00:35:55 Musique douce
00:35:58 Autant Bernadette est une femme de pouvoir,
00:36:00 autant Daniel Mitterrand ne l'est pas.
00:36:02 Elle, elle voit plus haut que ça.
00:36:04 En tant que Première dame, elle n'a jamais fait valoir quoi que ce soit,
00:36:08 elle rentre à l'Isée, elle laisse vivre la maison
00:36:12 sans imposer quoi que ce soit.
00:36:14 C'est pas une femme de pouvoir.
00:36:16 Par contre, c'est une femme qui a des idées politiques
00:36:19 et elle espère que le pouvoir de son mari en tant que président
00:36:22 va lui permettre de réaliser ses idées.
00:36:26 -L'attentat visait directement Daniel Mitterrand
00:36:29 et Bernard Kouchner,
00:36:30 qui étaient dans les trois premières voitures
00:36:33 en tête du convoi.
00:36:34 Daniel Mitterrand va trop loin.
00:36:36 Dans son engagement envers le peuple kurde,
00:36:38 elle échappe de peu à un attentat.
00:36:40 Elle dérange les gouvernements étrangers
00:36:43 et met à mal la diplomatie française.
00:36:45 Elle n'hésite pas à soutenir les Sarahouis,
00:36:47 à rendre visite au sous-commandant Marcos au Mexique.
00:36:51 Scandale.
00:36:52 Les critiques sont violentes.
00:36:53 Elle outrepasse son rôle de Première dame.
00:36:56 De quoi se mêle-t-elle ?
00:36:57 Au Quai d'Orsay, on est consternés,
00:37:00 mais François Mitterrand laisse faire.
00:37:03 -Vous avez toujours été plus à gauche que lui.
00:37:05 -Non.
00:37:06 -Vous avez toujours été plus intransigeante,
00:37:09 plus véhémente, plus révoltée, souvent.
00:37:11 Ca se voit, dans ce livre.
00:37:13 On sent qu'il y a eu des moments à l'Elysée
00:37:15 où ça allait pas bien entre vous.
00:37:17 -Ca allait très bien,
00:37:18 parce que, sur le fond, on était d'accord.
00:37:21 C'était sur la forme où on n'était pas d'accord.
00:37:24 C'est vrai que je suis révoltée contre cette réelle politique
00:37:27 qui annule complètement la réalité de l'humanité
00:37:30 pour des profits ou des pouvoirs oppressifs, dictateurs.
00:37:34 Il faut bien en tenir compte.
00:37:35 -Et pourquoi il l'accepte ?
00:37:39 Parce qu'en fait, il y a entre eux, je dirais, un deal, un contrat,
00:37:44 qui est aussi bien d'ordre privé que d'ordre politique.
00:37:48 Elle a un mari qui l'a trompée plus que peut-être n'importe quel autre,
00:37:52 qui a des liaisons qu'elle connaît,
00:37:55 quand la France ne les connaît pas.
00:37:57 Mais elle, elle le sait, et il y a une négociation entre eux.
00:38:00 Il ne veut pas divorcer. Alors comment on fait ?
00:38:02 -Vous dites que la naissance de Mazarine
00:38:08 n'a été ni une découverte ni un drame.
00:38:10 Qu'est-ce que ça veut dire, "assumer" ?
00:38:13 -Parce que ça fait partie de notre art de vivre
00:38:16 et de notre façon de vivre, à François et à moi.
00:38:19 -Oui. Oui.
00:38:20 -Je dis plus loin, quand on s'aime profondément,
00:38:23 on peut avoir des amours partagés.
00:38:25 Il peut y avoir aussi des...
00:38:27 Des enfants nés de ces amours partagés.
00:38:31 -Pour elle, ça a été un coup de poignard.
00:38:37 Ils donnaient un coup de canif plutôt au contrat qu'ils avaient entre eux.
00:38:41 C'est-à-dire, je ne dis rien, tu ne dis rien.
00:38:44 Là, pour elle, c'est quand même une trahison
00:38:48 à laquelle elle va faire face, d'ailleurs,
00:38:50 avec beaucoup de dignité, beaucoup d'élégance.
00:38:53 On se souvient des images, évidemment,
00:38:55 du renterrement de Mitterrand et de cette deuxième famille
00:38:58 qui est là, devant le cercueil, au grand étonnement des Français.
00:39:02 Musique de suspens
00:39:04 ...
00:39:10 ...
00:39:26 -Il se rencontre à Sciences Po, il est un étudiant brillant,
00:39:30 très beau, toutes les filles sont folles de lui,
00:39:33 à la péniche, le hall de Sciences Po.
00:39:35 Et évidemment, elle, c'est une jeune fille assez timide,
00:39:38 bien que très déterminée, je pense.
00:39:40 Au fond, elle a décidé d'avoir ce garçon
00:39:43 que toutes les filles convoitent, et finalement, c'est elle qui l'aura.
00:39:47 ...
00:40:01 -Est-il facile à vivre ?
00:40:02 -Pas tellement.
00:40:06 -Pourquoi ? Parce qu'il est très exigeant ?
00:40:08 -Il est très exigeant, mais il est quand même très gentil.
00:40:12 -Est-il facile à vivre ?
00:40:14 -Comme tous les gens qui ont de la personnalité, évidemment,
00:40:20 c'est pas toujours facile.
00:40:22 Il faut...
00:40:23 Mais...
00:40:25 Le bilan fait, oui.
00:40:27 ...
00:40:29 -Mars 1986.
00:40:31 Pour la première fois dans l'histoire de la Ve République,
00:40:34 un président socialiste nomme un Premier ministre de droite,
00:40:38 Jacques Chirac.
00:40:39 Commence alors une période de cohabitation
00:40:42 qui va durer deux ans.
00:40:44 -Nous habitons cet appartement depuis 1977,
00:40:49 depuis la première élection de mon mari à la mairie de Paris.
00:40:53 Nous habitons en famille.
00:40:55 -Et comment partagez-vous votre temps entre ici et l'hôtel Matignon ?
00:40:59 -Eh bien, pour des raisons d'emploi du temps,
00:41:01 nous habitons aussi, bien sûr, de temps en temps, l'hôtel Matignon.
00:41:05 -Elle aime les palais, Bernadette Chirac.
00:41:07 Elle aime les châteaux.
00:41:09 Et elle a toujours vécu
00:41:11 soit dans des résidences de la République,
00:41:14 soit dans de très belles demeures.
00:41:17 Elle est une maîtresse de maison redoutable dans ces endroits.
00:41:21 Donc, quand elle arrive, par exemple, à la mairie de Paris, en 1977,
00:41:25 c'est un palais à l'abandon,
00:41:28 et elle va tout rénover avec beaucoup de moyens, évidemment,
00:41:32 puisque c'est la forteresse qui va permettre au Chirac
00:41:35 d'accéder à la marche suprême.
00:41:37 -Voilà, M. Jacques Chirac, le nouveau président de la République,
00:41:41 élu ce soir par les Français.
00:41:43 -M. Chirac vient de sortir de l'hôtel de ville.
00:41:45 Vous devriez le voir à l'image, actuellement.
00:41:48 M. Chirac !
00:41:49 M. Chirac ! M. Chirac !
00:41:51 -On vit une seconde en face de la réalité
00:41:55 Pour laquelle nous nous sommes tellement battus tous les deux, j'étais au bord des larmes.
00:42:00 [Musique]
00:42:02 [Cris de la foule]
00:42:04 [Musique]
00:42:06 [Cris de la foule]
00:42:08 [Musique]
00:42:30 Bernadette Chirac d'une certaine façon estime que tout lui est dû, c'est son côté reine de France.
00:42:36 Lorsqu'elle arrive à l'Elysée, elle observe le protocole absolument à la lettre.
00:42:44 Elle peut faire défaire une table de 50 couverts parce que la nappe ne va pas bien avec les assiettes.
00:42:50 J'ai passé l'inspection.
00:42:53 Il n'y a rien à dire ?
00:42:55 Ça m'a semblé très bien, les fleurs sont superbes, le couvert est bien, tout est bien, tout est bien.
00:43:02 [Musique]
00:43:06 Bernadette Chirac, issue d'une famille de noblesse très ancienne, les Chaudrons de Courcelles,
00:43:12 a reçu en héritage une éducation stricte et rigoureuse qui lui a donné cette autorité de classe qui ne l'a jamais quittée.
00:43:19 Cette femme qui est très conservatrice, qui est très catholique, va sortir un petit peu de cette carapace
00:43:28 et tracer son propre chemin, lentement mais sûrement, puisque son totem est la tortue,
00:43:34 arriver à son but et même se venger.
00:43:37 [Musique]
00:43:43 Pourquoi ? Parce que pendant le premier septennat, elle a développé cette action des pièces jaunes
00:43:48 dans lequel elle a trouvé beaucoup de popularité, mais lui ne veut jamais être photographié avec elle
00:43:54 et ne lui reconnaît aucune influence alors qu'elle en a une.
00:43:59 Et c'est conseillé lui, enfin, de prendre conscience.
00:44:01 Donc pendant le deuxième mandat, là, elle va prendre petit à petit de la place.
00:44:05 On sait qu'elle a eu raison sur le fait qu'elle n'était pas d'accord avec la dissolution de la chambre.
00:44:11 On lui a reconnu, là, un sens politique réel.
00:44:14 Dimanche 21 avril, 20 heures, tombent les premières estimations.
00:44:21 C'est le séisme politique.
00:44:24 Jean-Marie Le Pen affrontera Jacques Chirac au second tour des présidentielles.
00:44:28 Le 5 mai 2002, ils seront tous les deux aux marches du palais.
00:44:33 Elle a prédit cette montée du Front National que lui ne voyait peut-être pas dans cette ampleur,
00:44:39 tant plus que Claude Chirac, qui l'a nommé comme son attaché de presse et chargé de son image,
00:44:47 a pris beaucoup de place, au détriment évidemment de sa mère.
00:44:52 Claude cherche à évincer sa mère.
00:44:55 Elle suit des conseils en communication et elle pense qu'il faut rajeunir l'image de son père.
00:45:02 Elle le fait maigrir, il va aux États-Unis prendre les conseils des communicants,
00:45:07 elle lui apporte un prompteur, etc.
00:45:10 Et donc Bernadette n'a pas sa place dans ce dispositif et elle en souffre.
00:45:16 La fille aînée de Jacques Chirac, grièvement blessée en fin d'après-midi,
00:45:21 elle s'est jetée par la fenêtre de l'appartement qu'elle occupait dans le 14e arrondissement de Paris,
00:45:26 un appartement situé au 4e étage.
00:45:28 Laurence Chirac est ce soir dans un état très grave.
00:45:32 Depuis l'âge de 15 ans, Laurence Chirac souffre d'anorexie mentale chronique suite à une méningite.
00:45:38 Sa vie sera faite de combats et de rechutes,
00:45:41 une épreuve douloureuse que le clan Chirac affronte pendant des années.
00:45:46 À la conquête du pouvoir s'ajoute cette douleur familiale qui les tient et les soude ensemble.
00:45:53 Dans son livre d'entretien, "Conversation",
00:45:56 où elle s'autorise pour la première fois à parler de sa vie,
00:45:59 elle révèle la maladie qui a frappé sa fille, sa blessure intime.
00:46:05 Le livre est un très grand succès de librairie.
00:46:08 Bernadette Chirac devient encore plus populaire et un atout maître pour la réélection de son mari.
00:46:22 Elle est amplement vengée à la fin du septennat, lorsque Jacques Chirac quitte l'Elysée.
00:46:30 Elle a acquis une place tout à fait exceptionnelle et tout à fait particulière
00:46:36 parmi les premières dames de la Ve République.
00:46:41 Mais la tortue est un animal familier, sympathique, chaleureux.
00:46:47 Et ça n'a rien de désobligeant de d'être comparé à une tortue.
00:46:51 Elle a gagné par rapport au lièvre.
00:46:53 Vous me reconnaissez ?
00:46:54 Ben oui !
00:46:55 Pas grave ! Grosse bourgeoise effriquée, dégaine de vieille mémé, sac à main de vieille mémé,
00:47:00 jambes de vieille mémé, je vais te mettre à l'aise !
00:47:03 Les voyages ? C'est nous !
00:47:04 Les sprufagues ? C'est nous !
00:47:05 La chourave ? C'est nous !
00:47:06 Les pigeons ? C'est vous !
00:47:08 Centrale ? Ici Chirac et Bernadette !
00:47:10 Sans le manette, on est super à l'aise !
00:47:12 Marcher de rucaise ? C'est nous !
00:47:14 Les arnaques ? C'est nous !
00:47:15 En plein fictif ? C'est nous !
00:47:16 Ce qui pèse ? C'est vous !
00:47:17 Coup de gyrophare, on est courcé par 36 jeux !
00:47:20 Les voyages ? C'est nous !
00:47:21 Les sprufagues ? C'est nous !
00:47:22 La chourave ? C'est nous !
00:47:23 Les pigeons ? C'est vous !
00:47:25 Écoutez, je n'ai pas envie de commenter cette chose-là.
00:47:39 Ce n'est pas mon rôle d'ailleurs.
00:47:41 Je voudrais simplement dire que je partage la vie d'un homme
00:47:46 qui a donné l'essentiel de son existence au service de l'État,
00:47:52 au service public, au service des autres,
00:47:56 avec une très grande générosité, beaucoup de rigueur.
00:48:01 Alors voyez-vous, en ce moment, je suis animée d'un sentiment un petit peu de révolte.
00:48:15 La première sortie publique de Nicolas Sarkozy,
00:48:21 en compagnie de son épouse,
00:48:23 et la première intervention de Nicolas Sarkozy.
00:48:26 Les gens non seulement accompagnaient une élection,
00:48:31 mais en plus étaient spectateurs d'un couple qui n'allait plus très bien.
00:48:35 Donc j'étais un peu perdue.
00:48:38 Est-ce qu'on a le droit de se cacher, de se protéger
00:48:41 quand on arrive à des postes comme ceux-là, je ne suis pas sûre.
00:48:45 Mais est-ce que je n'avais pas le droit moi de vouloir me protéger ?
00:48:49 Je ne vous trahirai pas.
00:48:52 Je ne vous mentirai pas.
00:48:54 Je ne vous décevrai pas.
00:48:57 Pour le souquet, effectivement, j'étais chez moi.
00:49:04 Et ma fille Jeanne-Marie m'a appelée et m'a dit
00:49:07 "Ecoute maman, ta place est là.
00:49:09 Après, il se passera ce qui se passera, tu décideras ce que tu veux.
00:49:12 Et on verra, mais en attendant ce soir, ta place est là, auprès de nous tous."
00:49:17 Et je les ai retrouvées, je les ai rejoints,
00:49:19 et j'étais très heureuse d'être avec eux.
00:49:21 Je ne suis pas arrivée à l'Elysée du jour au lendemain.
00:49:25 Ça a été des années de travail avant.
00:49:28 C'est-à-dire que pendant 20 ans, que ce soit au ministère de l'Intérieur,
00:49:31 que ce soit à Bercy, j'ai habité dans les appartements de fonction,
00:49:35 j'ai travaillé dans les bureaux des ministères.
00:49:37 Donc quand je suis arrivée à l'Elysée, pour moi, ça n'était qu'une continuité.
00:49:41 Quand son mari est ministre de l'Intérieur, Place Beauvau,
00:49:45 elle est très présente, elle assiste aux réunions de cabinet,
00:49:48 ce qui ne se faisait pas jusque-là.
00:49:51 Elle donne son avis, elle les sollicite,
00:49:53 par un mari qui est très amoureux d'elle,
00:49:56 et qui lui demande son avis sur tout.
00:49:58 C'est-à-dire qu'elle prend tout en charge,
00:50:00 aussi bien la vie privée que la vie publique de son mari.
00:50:04 Il ne faut pas la rater, cette...
00:50:06 Alors, question ridicule, on peut faire ça un week-end, un samedi ?
00:50:10 Non, on ne peut pas faire ça un samedi, parce que les samedis sont déjà tous...
00:50:13 Non, non, mais il y en a un qui est annulé ce samedi-là, je peux te le donner.
00:50:16 Celui-là.
00:50:17 C'est fini l'époque où on mettait la femme sur une cheminée,
00:50:20 et on ne lui demandait pas son avis,
00:50:22 et elle n'intervenait qu'à 21h quand il y avait un dîner, il fallait la sortir.
00:50:27 C'est fini, ça.
00:50:28 Mais c'est fini de... pas pour les politiques.
00:50:32 C'est fini pour tout le monde.
00:50:35 Asseyez-vous, messieurs.
00:50:37 Mon mari arrête tout de suite.
00:50:39 On finit un dernier petit rendez-vous et il est là.
00:50:44 Voilà.
00:50:45 Tout commence à la mairie de Neuilly-sur-Seine en 1984,
00:50:52 lorsque Nicolas Sarkozy, jeune maire de 29 ans,
00:50:55 célèbre le mariage de Cécilia et de Jacques Martin, animateurs populaires de la télévision.
00:51:02 Première rencontre foudroyante, puisque trois ans plus tard,
00:51:05 Cécilia prend ses deux filles sous le bras et rejoint l'étoile montante du RPR.
00:51:10 Lui, fils d'un aristocrate hongrois réfugié,
00:51:15 elle, fille d'un russe blanc et d'une espagnole de la haute société madrilène.
00:51:19 Ensemble, ils vont gravir les marches du pouvoir.
00:51:24 Le jour où les familles sont récomposées
00:51:27 Les familles sont récomposées
00:51:30 C'est un message qui est très bien.
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00:56:50 C'est un message qui est très bien.
00:56:52 C'est un message qui est très bien.
00:56:54 C'est un message qui est très bien.
00:56:56 C'est un message qui est très bien.
00:56:58 C'est un message qui est très bien.
00:57:00 C'est un message qui est très bien.
00:57:02 Issue d'une famille italienne cultivée et fortunée,
00:57:05 Carla Bruni, top modèle sur les podiums du monde entier,
00:57:09 chanteuse à succès, au cœur gauche caviar,
00:57:12 et Nicolas Sarkozy, le président fraîchement divorcé,
00:57:16 a la politique de droite bien dans ses bottes.
00:57:18 Un coup de foudre improbable,
00:57:23 lors d'un dîner où les convives médusées
00:57:25 assistent à la naissance d'une histoire d'amour.
00:57:29 Mon mari m'a demandé un mariage le lendemain de notre rencontre.
00:57:32 C'était à l'Elysée, personne ne s'était jamais mariée à l'Elysée avant.
00:57:36 On voulait que le mariage soit privé, discret, caché.
00:57:40 J'ai vraiment tout fait pour me fondre dans le décor,
00:57:44 pour apporter le plus de classicisme possible.
00:57:47 Donc effectivement, mon modèle, c'était Bernadette Chirac,
00:57:51 Madame Pompidou, Madame Giscard d'Estaing.
00:57:53 Je ne voulais pas du tout faire mon original,
00:57:55 parce que j'étais déjà tellement originale,
00:57:59 et la situation était tellement différente.
00:58:02 Alors j'ai fait profil bas.
00:58:08 Elle a tout. Et elle a ça en plus.
00:58:11 La femme du président de la République.
00:58:14 Ce qui n'est non pas une promotion pour elle,
00:58:17 mais un rôle dans lequel elle va essayer de se couler,
00:58:21 d'autant qu'elle est précédée d'une réputation, disons scandaleuse.
00:58:25 Elle a eu énormément d'amends, ne s'en cache pas.
00:58:28 Et donc on se demande un petit peu comment tout ça va pouvoir rentrer
00:58:32 dans ce qui est quand même un moule d'une première dame
00:58:35 qui doit être digne.
00:58:37 Et elle va jouer tout ça à plein.
00:58:39 C'est le geste que les Britanniques attendaient.
00:58:41 Une révérence pas trop appuyée, mais bien visible.
00:58:44 De quoi ménager la susceptibilité des sujets de sa gracieuse majesté.
00:58:48 Une première dame de France aussi à l'aise en carrosque qu'en voiture
00:58:51 est visiblement peu timide face au prince Philippe et à la reine Elisabeth.
00:58:55 La reine aime beaucoup si l'on porte un chapeau,
00:58:58 mais vous n'êtes pas obligé d'avoir un chapeau.
00:59:00 La reine préfère si on a des gants, mais vous n'êtes pas obligé d'avoir des gants.
00:59:03 La reine aime bien la révérence, mais vous n'êtes pas obligé de faire la révérence.
00:59:07 La reine n'aime pas le noir ou le blanc,
00:59:10 mais vous n'êtes pas obligé d'être tout le temps en gris.
00:59:12 Bon, alors moi j'ai fait tout ce que voulait la reine.
00:59:17 Alors que le président américain Barack Obama s'apprête à descendre de Cadillac.
00:59:21 One, poignée de main, accolade, embrassade.
00:59:28 Un voyage pour changer d'image dans ce dispensaire de Ouagadougou,
00:59:32 car la Bruny Sarkozy est venue essayer de démontrer qu'elle n'était pas seulement la première dame,
00:59:36 mais aussi une femme engagée.
00:59:39 Avant chaque voyage officiel ou dans l'avion,
00:59:42 en fait j'avais droit à un petit débrief sur le pays en question.
00:59:47 Et ça aussi c'était passionnant parce que j'ai appris plus de choses en ces 5 ans
00:59:51 que pendant les 40 premières années de ma vie.
00:59:54 C'est un honneur pour moi d'être invitée à m'exprimer ici aux Nations Unies devant vous.
01:00:00 Il y a quelques mois j'ai voulu apporter mon aide à celles et ceux qui quotidiennement combattent le virus du sida.
01:00:08 Dans la lignée des premières dames de la Vème République, qui ont toutes créé des fondations,
01:00:13 Carla Bruny Sarkozy s'investit dans le combat contre le sida suite à la mort de son frère aîné.
01:00:19 Ce que je fais aujourd'hui est le prolongement de quelque chose que j'ai déjà fait avec ma famille.
01:00:24 D'Yvonne de Gaulle à Claude Pompidou,
01:00:27 d'Annemone Giscard d'Estaing à Daniel Mitterrand et Bernadette Chirac,
01:00:31 toutes ont laissé une empreinte dans l'engagement social.
01:00:35 C'est un passage obligé quand on est femme de président.
01:00:38 Quand on regarde le rôle des premières dames dans la longue durée,
01:00:46 il s'est construit en fait dès la Première République avec le Directoire et le Consulat,
01:00:51 où on voit des femmes épouses de chefs d'État et qui vont hériter le rôle de la reine sous l'Ancien Régime
01:01:00 en y ajoutant évidemment une liberté de ton que n'avaient peut-être pas les reines sous l'Ancien Régime.
01:01:07 Dans tous les pays du monde, la première dame a un rôle officiel, aide son mari,
01:01:13 est en représentation quand lui ne peut pas et en plus ils en sont très très fiers.
01:01:18 Alors moi je suis pour un statut très clair de la première dame.
01:01:21 Moi je ne suis pas pour un statut de première dame,
01:01:24 même si ça serait beaucoup beaucoup plus clair qu'il y ait un statut de la première dame,
01:01:28 ça serait plus simple et aussi d'un premier époux si un jour le président de la République était une femme.
01:01:33 Alors on n'est pas un pays... enfin on est un pays qui a un goût pour l'opacité.
01:01:40 Vouloir donner un statut à la première dame, c'est impossible
01:01:52 puisque ça relève d'un acte constitutionnel, juridique.
01:01:55 On est en République, on élit un président de la République et puis il a une femme la plupart du temps.
01:02:02 On n'a pas eu beaucoup de présidents de la République célibataires.
01:02:05 Il y en a eu deux dans notre histoire, Louis Napoléon Bonaparte, donc pour la Deuxième République
01:02:11 et puis Gaston Dumergue qui s'est marié 15 jours avant son épargne.
01:02:15 Ça n'a pas dû être facile pour Valérie Treveler d'être au Palais de l'Elysée sans être mariée, quoi qu'on en dise.
01:02:21 C'est moderne ? Oui, ben là-bas c'est pas moderne.
01:02:25 L'Elysée c'est pas un endroit moderne, c'est un endroit centenaire, séculaire.
01:02:30 En ce qui concerne Valérie Treveler et moi, il n'y a absolument pas eu de passation de pouvoir
01:02:47 puisqu'il n'y avait pas de pouvoir et donc on ne pouvait pas se le passer.
01:02:51 Et je voulais l'accueillir.
01:02:53 Elle n'a pas caché à quel point ça avait été difficile pour elle d'occuper ses lieux.
01:02:58 Et puis elle m'a parlé des attaques permanentes en me disant
01:03:02 "mais ce sera beaucoup plus facile pour vous parce que vous connaissez les journalistes"
01:03:06 et en fait ça a été beaucoup plus difficile.
01:03:09 Je croyais connaître le milieu, mais non, je l'ai découvert.
01:03:14 Issue d'un milieu modeste et provincial, rien ne destinait Valérie Treveler à gravir les marches du Palais.
01:03:21 Une trajectoire de jeune journaliste politique ambitieuse lui ouvre les portes du Parti Socialiste.
01:03:27 Et sa rencontre avec François Hollande donne une nouvelle dimension à sa vie.
01:03:32 Des années, des années de blessures, de ruptures, de brûlures.
01:03:42 Dès le soir de l'élection, je comprends que la vie privée n'existe plus.
01:03:46 Qu'on devient privé de vie.
01:03:48 Tout vous échappe, lui vous échappe.
01:03:51 Et à un moment comme moi j'ai besoin d'être sécurisé
01:03:54 et que j'essaie de lui dire quelque chose qui n'est destiné qu'à lui.
01:03:59 Et que cette phrase, le fameux "embrasse-moi et lue" sur mes lèvres,
01:04:04 j'ai trouvé ça terrible.
01:04:08 J'ai trouvé ça terrible parce que c'était à la seconde même la preuve qu'aucune intimité ne serait plus possible.
01:04:18 Le jour de l'investiture, elle va carrément saluer tous les corps constitués
01:04:31 disant que le chef du protocole lui avait dit de le faire.
01:04:34 On n'a jamais vu une première dame faire ça.
01:04:36 Aller aux Champs-Elysées, sous l'arc de triomphe,
01:04:39 et attendre le président qui fait sa remontée des Champs-Elysées.
01:04:43 Ça ne s'est jamais vu.
01:04:45 Et là, évidemment, elle est très critiquée.
01:04:48 Vous ne pouvez pas faire un geste sans que le geste soit décortiqué, soit interprété, soit déformé.
01:04:54 Je ne savais plus où fallait poser les yeux.
01:04:57 Je ne savais plus à qui il fallait serrer la main.
01:05:00 Je veux être la tout-coeur de la France ou la première journaliste de France.
01:05:06 Alors là, évidemment, elle déchaîne les critiques
01:05:10 en voulant elle-même se donner un titre que personne n'aurait songé à lui donner.
01:05:15 En arrivant à l'Elysée, le courrier est arrivé très rapidement sur le même thème,
01:05:21 me reprochant de ne pas avoir été au courant de la réaction de la France.
01:05:25 Il m'est arrivé très rapidement sur le même thème, me reprochant de ne pas être mariée.
01:05:31 On me faisait sentir aussi que j'avais pris la place de quelqu'un d'autre,
01:05:35 de Ségolène Royal, et que sans doute je n'aurais pas dû être là, moi.
01:05:39 22 mots qui ont déclenché une mini-déflagration politique.
01:05:50 La première dame de France, Valérie Trierweiler,
01:05:53 s'est dans le duel de La Rochelle qui oppose Ségolène Royal, un dissident socialiste.
01:05:58 Ce sont les encouragements de Valérie Trierweiler à Olivier Falorni,
01:06:02 alors que le président de la République soutient officiellement Ségolène Royal.
01:06:06 J'ai fait ce fameux tweet à la suite d'un mensonge de François Hollande
01:06:10 qui s'était engagé à ne pas soutenir Ségolène Royal aux élections.
01:06:13 Il avait pris l'engagement pendant sa campagne à ne soutenir aucun candidat.
01:06:17 Tout se passe là au niveau de ce couple dont elle attend le soutien,
01:06:22 attend le... et ne l'a jamais !
01:06:25 Parce qu'en fin de compte, à aucun moment je pense,
01:06:28 il ne la souhaitait qu'elle soit là en tant que première dame.
01:06:32 Dans un genre différent, il est comme Girac.
01:06:35 Il n'a pas besoin d'une femme pour faire sa carrière.
01:06:39 Et puis, il y a Ségolène.
01:06:41 Avec ce tweet, Valérie Trierweiler devient la femme la plus impopulaire de France
01:06:47 et son couple vacille.
01:06:49 François Hollande limite les apparitions publiques de sa compagne
01:06:53 et sa notice biographique disparaît du site officiel de l'Elysée.
01:06:57 Les révélations fracassantes du journal Closer
01:07:02 jettent une lumière crue sur l'existence de l'actrice et productrice Julie Gayet
01:07:06 dans la vie du président Hollande.
01:07:09 Valérie Trierweiler est-elle toujours, aujourd'hui, première dame de France ?
01:07:16 Elle se repose et je n'ai pas d'autre commentaire à faire.
01:07:19 Merci pour ce moment, le livre de Valérie Trierweiler,
01:07:29 écrit dans le plus grand secret, fait à sa sortie l'effet d'une bombe.
01:07:33 Devenu best-seller, traduit dans une douzaine de pays,
01:07:37 il s'est vendu à plus de 600 000 exemplaires.
01:07:40 Le livre de Valérie Trierweiler, de mon point de vue,
01:07:44 c'est à la fois une thérapie et une vengeance.
01:07:47 Mais c'est aussi une histoire d'amour à l'épreuve du pouvoir.
01:07:51 Elle a été dans la lumière, elle a été première dame,
01:07:55 fugitive, mais elle a été première dame.
01:07:58 Et donc, ce livre est considéré par beaucoup, à l'époque où il est publié,
01:08:04 comme un véritable scandale.
01:08:06 Comment peut-elle lui faire ça ?
01:08:08 Et elle, elle raconte ce qu'on lui a fait.
01:08:11 Elle raconte ce qu'on lui a fait.
01:08:13 Aujourd'hui, une première dame, on lui demande de se taire,
01:08:20 on lui demande d'être belle et rien d'autre.
01:08:22 On ne commente que les tenues de Brigitte Macron et rien d'autre.
01:08:26 On ne sait pas ce qu'elle fait, elle est extrêmement prudente,
01:08:29 parce qu'elle a compris que la marge de manœuvre était très étroite.
01:08:32 Il n'y a qu'une chose qui intéresse, c'est la longueur de ses jupes,
01:08:35 la couleur de sa robe.
01:08:37 Et voilà, on ne sait plus ce qu'elle pense, je trouve ça très dommage.
01:08:41 Je vous servirai avec humilité.
01:08:45 Après la rupture du couple Hollande-Trier-Véleur,
01:08:51 un sondage BVA publié dans Le Parisien révèle que 54% des Français
01:08:56 souhaitent que la première dame ne joue plus aucun rôle
01:08:59 et ne dispose plus d'aucun moyen prélevé sur les deniers publics.
01:09:07 On n'élit pas un couple, mais c'est un couple qui entre à l'Elysée.
01:09:10 Protégée par son palais de verre où tout se sait, disait Bernadette Chirac,
01:09:16 Brigitte Macron se tient sagement à l'écart et sa parole se fait de plus en plus rare.
01:09:21 En réponse à la violence des réseaux sociaux et à la pression médiatique,
01:09:26 l'Elysée choisit pour elle le silence.
01:09:29 La première dame serait-elle condamnée à la discrétion,
01:09:33 à l'isolement,
01:09:35 au silence ?
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