• il y a 2 ans
Le très controversé projet de loi immigration arrive dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale, sans majorité. Le gauche s'oppose vivement à ce texte.

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00 Avec Léa Salamé, nous recevons ce matin le député LFINUP de Seine-Saint-Denis.
00:04 Question, réaction au 01-45-24-7000 et sur l'application de France Inter.
00:10 Alexis Corbière, bonjour.
00:12 Bonjour.
00:13 Bonjour à tous.
00:14 Et bienvenue à ce micro.
00:15 Entrons directement dans le vif de l'actualité politique du jour avec l'arrivée du projet
00:19 de loi immigration à l'Assemblée Nationale.
00:22 Avant d'entrer dans le détail des mesures que comporte ce texte, comment qualifiez-vous
00:29 son esprit ? Quel mot pour décrire les valeurs qu'il vous semble porter, défendre, véhiculer ?
00:34 Déjà, pour être clair, je suis un opposant irréductible à ce texte et je voterai contre
00:39 avec mes amis et mes collègues qu'ils soient au groupe France Insoumise ou qu'ils soient
00:43 ceux de la NUPES.
00:45 Mais je vais dire une chose, je suis un opposant à la théorie du grand remplacement et pourtant,
00:50 le grand remplacement existe, c'est ce texte.
00:52 C'est la volonté de remplacer la grande conversation du pays qui est d'abord une préoccupation
00:56 sociale, je vois bien l'inflation qui touche, les prix qui augmentent, la difficulté sociale
01:00 des gens, il y a une préoccupation démocratique et on remplace tout ça en organisant pendant
01:04 15 jours au moins, voire plus, une grande discussion politique autour du fait que vous
01:08 savez qui est responsable de vos problèmes, M.
01:10 Demand ? C'est l'étranger.
01:11 L'étranger menaçant, l'étranger profiteur, l'étranger qui vient là pour esquiller,
01:16 l'étranger qui vient en quelque sorte mettre à mal notre système de santé.
01:19 L'étranger, l'étranger, toujours l'étranger est responsable de tout.
01:22 Cette conversation est politicienne, elle a sans doute pour ambition, je vais être
01:26 généreux, dans l'esprit de M.
01:28 Darmanin de dire que c'est ainsi qu'il va combattre l'extrême droite et les idées
01:31 de Marine Le Pen, mais je considère qu'au contraire, il va alimenter une conversation
01:35 dont à l'arrivée, les seuls vainqueurs seront l'extrême droite.
01:38 Ecoutez Mme Salamé, vous vous souvenez, c'était je crois en février 2021, Gérald Darmanin
01:43 avait participé à une émission sur France 2 au cours de laquelle il avait dit à Mme
01:47 Le Pen qu'il la jugeait trop molle.
01:48 Et puis il y a quelques mois, il a dit « j'ai fait une erreur de débutant en parlant à
01:52 Nancy ». Et bien je veux dire M.
01:54 Darmanin, vous faites cette fois-ci non plus une erreur de débutant, mais une erreur
01:57 de rebutant.
01:58 Vous rebutez véritablement des gens comme moi en utilisant une fois de plus la thématique
02:02 de l'étranger menaçant pour soi-disant, et c'est de quand à l'extrême droite,
02:06 alors que vous ne faites que l'alimenter.
02:07 Non pardon, parce que tout le reste en découle.
02:11 J'espère qu'on aura compris.
02:12 On va venir sur le fond de cette loi et l'esprit en tout cas tel que Gérald Darmanin la présente.
02:18 Mais d'abord il y a une motion de rejet qui est déposée tout à l'heure par les
02:21 écologistes qui sera examinée cette motion de rejet.
02:24 Si elle est votée par toute l'opposition, et bien ça casse l'examen du texte.
02:27 Il n'y aura pas d'examen du texte.
02:29 Gérald Darmanin a raillé cette initiative sur France Info.
02:33 Il a dit oui, arithmétiquement les oppositions peuvent se coaliser et voter contre le texte.
02:38 Mais ce serait la coalition entre la CARP et le Lapin.
02:40 Vous voyez des parlementaires LR voter une motion sur l'immigration avec les Verts et
02:44 la France Insoumise.
02:45 Vous voyez le PS et Olivier Marlex dans le même paquet de votes.
02:49 Franchement, ils pensent des choses radicalement opposées.
02:52 Ils ne vont pas voter tous ensemble cette motion de rejet.
02:55 Qu'en pensez-vous ?
02:56 Il défonce en affaire comme il veut, mais ce serait un beau coup de théâtre.
02:59 Je suis pour rejeter ce texte donc je voterai une motion de rejet.
03:02 Excusez-moi, je suis simple et basique comme dirait le poète Aurél Salamé.
03:05 Avec le RN, avec les ALR, avec tout le monde.
03:07 Non, non, non, mais c'est ça qu'il dit en fait.
03:10 C'est pas moi qui joue.
03:11 Je réponds à vous Madame Salamé, je réponds à M. Darmanin.
03:12 Si je faisais la liste de tous les textes que le RN vote avec Renaissance, le parti
03:16 de Darmanin, on n'en finirait pas.
03:18 Il est une réalité qu'il ne faudrait pas banaliser.
03:20 C'est que ce gouvernement est minoritaire à l'Assemblée Nationale.
03:22 Il est minoritaire à l'Assemblée Nationale.
03:24 Et je ne voudrais pas non plus, je profite de l'occasion, qu'on banalise le fait
03:27 qu'on en est en entre 20e et 49.3.
03:29 Il se met en place une forme de, comment dirais-je, de petite musique antidémocratique qu'on
03:33 voudrait faire accepter à nos concitoyens que finalement on ne discute plus des textes
03:36 du budget et que le gouvernement veut imposer des textes sur lesquels il n'est pas majoritaire.
03:40 Et bien précisément, il peut arriver tout à l'heure, et je le souhaite ardemment,
03:43 que ce texte soit rejeté parce qu'il ne l'est pas, parce qu'il ne le sont pas majoritaire.
03:47 Il y a eu un sondage de Viva Voice pour Libération il y a trois semaines qui dit que les Français
03:52 majoritairement plébiscitent les mesures du texte.
03:54 Attendez, alors si on vous dirige par coup de sondage, si vous voulez, j'arrête,
03:57 je démissionne, on ne fait plus d'Assemblée Nationale.
03:59 Non, mais parce que vous vous décidez que ce texte n'est pas majoritaire.
04:02 Vous dites "ce texte n'est pas majoritaire".
04:03 À l'Assemblée Nationale, on va peut-être le voir, je suis en train de le dire, mais
04:06 même dans le pays, de deux choses l'une, à l'Assemblée Nationale, je dis à ce stade,
04:10 attendez, on va le vérifier tout à l'heure, qu'il serait logique peut-être qu'il soit
04:13 rejeté.
04:14 À moins, vous savez quoi ? Que le RN vienne sauver le soldat Darmanin.
04:17 Parce que je retourne l'argument contre Gérald Darmanin, s'il fait passer, si la
04:22 motion de rejet ne passe pas, c'est que le RN sera venu le sauver.
04:24 Donc vous savez bien que les amis ne risquent pas d'être du côté de ce que croit M.
04:29 Darmanin.
04:30 Et enfin pour terminer, oui quand on chauffe un pays peut-être sur des problématiques
04:33 et il y a des outils idéologiques qui existent aujourd'hui pour faire de l'immigration
04:36 au sujet, ça peut amener à ce que les Français soient momentanément troublés.
04:39 Mais je les invite à suivre la discussion et nos arguments.
04:40 Fabien Roussel laisse entendre que les communistes pourraient s'abstenir et pas forcément voter
04:44 contre le texte.
04:45 Qu'en pensez-vous ? Je ne suis pas porte-parole de Fabien Roussel,
04:47 mais les communistes ont dit qu'ils voteraient contre.
04:49 Ils ont fait une conférence de presse, je parle du groupe communiste qui voterait contre.
04:52 Je crois même avoir depuis entendu Fabien Roussel disant qu'il voterait contre.
04:56 Après peut-être qu'il a voulu faire une astuce en disant qu'il voulait quelque
05:00 sorte faire quelques prises au passage.
05:02 Je ne sais pas, mais j'ai totalement confiance au fait qu'ils sont, et je les ai vus,
05:06 je pense à Elsa Faucillon qui est la responsable communiste dans cette discussion, qui est
05:10 une formidable opposante à ce texte.
05:12 Alors ce texte veut faciliter l'expulsion d'étrangers condamnés pour crimes et délits.
05:17 Il veut lever plusieurs verrous qui empêchent d'expulser des étrangers parce qu'ils
05:21 sont arrivés en France avant l'âge de 13 ans ou parce qu'ils y résident depuis
05:24 plus de 20 ans.
05:25 Gérald Darmanin a pris l'exemple, il a pris plusieurs exemples d'ailleurs sur ses
05:28 réseaux sociaux, mais il a pris un exemple frappant, celui du tueur d'Arras, qui date
05:33 d'il y a moins de deux mois, qui a tué Dominique Bernard, l'enseignant.
05:39 Il frappait sa mère et nous n'avons pas pu lui mettre une QTF, une obligation de quitter
05:43 le territoire, parce qu'il était arrivé avant l'âge de 13 ans.
05:46 Grâce à cette loi, on aurait pu l'expulser.
05:49 Voilà ce que dit Gérald Darmanin pour expliquer l'importance de ce texte.
05:52 Qu'en pensez-vous ?
05:54 C'est pas un argument qui parle ?
05:56 Moi, je participais à l'hommage à Arras rendu à Dominique Bernard, qui discutait,
05:59 c'était assez poignant, avec des professeurs qui ont eu l'élève devenu le criminel.
06:03 Depuis longtemps, cet élève était quand même connu des enseignants et beaucoup d'enseignants
06:08 m'ont dit "mais qu'est-ce qui s'est passé en termes de prévention, de suivi, etc.
06:11 Donc, si le manifestant M.
06:13 Darmanin nous dit aujourd'hui qu'il frappait, qu'est-ce qu'on a fait entre l'expulsion
06:17 et ne rien faire ? Peut-être qu'entre les deux, on pouvait faire des choses.
06:19 Ça, c'est un premier aspect.
06:20 Sur le cas en particulier de l'assassin de Dominique Bernard, c'est plus des problématiques
06:25 de renseignement, de sécurité que vraiment des problématiques d'immigration.
06:29 Mais je voudrais vous dire une chose, Madame Salamé.
06:31 Je suis parlementaire et j'ai reçu, vendredi soir, un communiqué de presse adressé à
06:35 chaque parlementaire sur le cas précis pour argumenter dans le sens qu'il faudrait absolument
06:39 que je vote la loi de M.
06:41 Darmanin.
06:42 Et trois cas, c'est ciblé.
06:44 Vous l'avez reçu comme parlementaire, mais il a écrit aussi, vous me le donnez ensemble.
06:49 On va lire ensemble.
06:51 Il y a beaucoup de cas sur Twitter aussi.
06:54 Je veux préciser juste aux auditeurs qu'il les a tweetés aussi.
06:58 Il a tweeté sur son compte, Gérald Darmanin, un certain nombre de comptes où il explique
07:04 en gros qu'il y a un certain nombre d'étrangers délinquants, certains multirécidivistes
07:11 jugés très dangereux, qu'il ne peut pas expulser à cause de la loi.
07:14 Vous êtes formidable, vous avez bien résumé les choses.
07:15 Oui, parlant d'Île-de-France, j'ai le courrier d'Île-de-France.
07:18 Selon une de mes amies de Moselle, un Île-de-France, trois cas.
07:22 J'imagine que M.
07:23 Darmanin a choisi le cas le plus éloquent.
07:24 Le cas numéro un, je cite, c'est M.
07:27 X, né en 2002, arrivé en France à l'âge de 10 ans.
07:31 Donc je compte, c'est quelqu'un qui est arrivé en France en 2012.
07:34 On est d'accord ? Dans le cas antécédent judiciaire, M.
07:38 Darmanin me dit que ce monsieur, en 2008, donc à l'âge de 6 ans, aurait été condamné
07:43 à 8 mois d'emprisonnement pour conduite sous stupéfiants.
07:46 En 2011, à l'âge de 9 ans, il aurait été condamné à 2 mois d'emprisonnement pour
07:51 menace de mort réitérée.
07:52 Est-ce que c'est crédible ? Existe-t-il ? Vous le lisez avec moi ? On est d'accord
07:57 que je ne raconte pas des sottises ?
07:59 Non, non, vous racontez tout ce qui est écrit en tout cas sur le Comité de presse du ministère.
08:02 Je tiens à rappeler, pour être honnête, que j'ai reçu un erratum dimanche soir
08:07 qui me renvoie exactement le même communiqué.
08:09 Donc, deux choses l'une.
08:10 Là, je vous donne le point parce que c'est écrit devant mes yeux.
08:16 Vous comprenez que ce n'est pas l'esprit de ce qu'il veut dire ? Peut-être qu'ils
08:19 se sont trompés sur les dates ?
08:20 Sur le principe, sur le fond.
08:22 Non, non, attendez, je ne vais pas laisser passer le coup.
08:24 C'est que quand même, ils se sont trompés.
08:26 Ils veulent impressionner les parlementaires par des cas qui, après réflexion, depuis
08:30 septembre 2022, ils sont sur le coup.
08:32 Ça fait 15 mois.
08:33 Ils ne trouvent pas mieux que ça à me dire ? Des cas un peu étranges.
08:36 Dans un autre cas, un monsieur qui maintenant approche les 70 ans, qui a eu une carrière
08:42 de délinquant en France, qui est arrivé en France avant 10 ans, qu'il faudrait expulser.
08:46 Mais tout ça, je veux dire, c'est un délinquant.
08:48 Quelque part, c'est la justice française de s'en occuper.
08:50 Alexis Corbière, qu'un étranger qui a commis des crimes ou des délits, qui reste
08:54 en France, qu'on ne peut pas expulser parce qu'il est arrivé avant l'âge de 13 ans,
08:58 vous dites "C'est pas grave, on le laisse sur le territoire français".
09:00 Non, non, ne me prêtez pas en voie.
09:01 Tout ça est grave.
09:02 Non, mais c'est ça le fond de la loi.
09:03 Il y a une philosophie judiciaire à l'heure actuelle.
09:08 Non pas qu'il ne s'épanie philosophie laxiste.
09:11 C'est que quand vous êtes arrivé avant l'âge de 13 ans et que vous devenez un délinquant,
09:15 et bien quelque part, ça n'est pas en raison de votre pays d'origine que vous êtes délinquant.
09:18 Vous êtes devenu délinquant en vivant en France.
09:21 Donc c'est à la justice française de vous sanctionner, de vous punir et de créer les
09:24 conditions que cette sanction soit utile et que vous soyez après un citoyen meilleur.
09:28 Ce que je refuse philosophiquement, écoutez-moi bien ceux qui sont là, c'est qu'il n'est
09:33 pas vrai que l'on est délinquant en raison des gènes ou de son sang.
09:36 Ce n'est pas vrai.
09:37 Ce n'est pas ce que dit le texte non plus.
09:40 Il dit qu'on est délinquant en raison de ses gènes ?
09:42 Non, je suis en train de vous dire que si nous partons du principe qu'il faut expulser
09:46 quelqu'un qui est arrivé avant l'âge de 13 ans, c'est-à-dire que la société
09:51 française se désintéresse des raisons pour lesquelles il est devenu délinquant.
09:54 C'est-à-dire qu'un homme qui a commis un acte terroriste en France aujourd'hui,
09:58 s'il est arrivé en France avant l'âge de 13 ans, on ne peut pas l'expulser.
10:01 Est-ce qu'il faut changer la loi ou pas ?
10:03 Ce n'est pas tout à fait vrai.
10:04 Moi, je considère que quand je lis le Code d'entrée de séjour des étrangers de droit
10:07 d'asile, le CZA, que ce soit l'article L631, L632-2 ou le -3, on considère qu'en
10:14 cas de comportement de nature à portée atteinte aux intérêts fondamentaux de l'État,
10:18 dans la nécessité impériale de la sécurité de l'État, je ne veux pas être assomment,
10:21 on peut d'ores et déjà intervenir.
10:22 La loi permet de faire beaucoup de choses.
10:24 Il va de soi que dans des cas précis où effectivement le renseignement nous dit que
10:28 là, il y a des gens dangereux, je ne suis pas pour être laxiste, je suis pour être
10:30 ferme.
10:31 Ce que je ne veux pas, c'est le système de la sulfateuse.
10:33 C'est-à-dire que nous parlons de la situation de centaines de milliers de personnes qui
10:37 sont des gens honnêtes, qui travaillent.
10:39 Et on veut réduire le fait que…
10:41 Et là, écoutez, on a l'année quasiment le 30e texte, le 22e texte, je crois, depuis
10:45 30 ans, dans lequel on ne tire aucun bilan.
10:47 Chaque fois la même rhétorique, que cette fois-ci, on va voir ce qu'on va voir.
10:50 Pour créer quoi ? C'est pour ça que j'avais commencé la tournée, tant que c'est trop
10:52 long.
10:53 Une grande conversation sur le fait qu'on ne va plus parler des marges de la distribution
10:58 qui sont trop importantes, des prix qui augmentent, des salaires qui ne suivent pas.
11:01 Mais de parler de l'étranger menaçant et qui, lui, vous pose problème.
11:04 Peut-on se satisfaire aujourd'hui d'un taux d'exécution des OQTF qui est de 6,9%
11:11 au premier semestre 2022 ?
11:12 C'est la preuve que sans doute beaucoup trop d'OQTF sont délivrés.
11:16 En n'ayant aucune condition de pouvoir les exécuter, le chiffre a explosé véritablement.
11:22 En vérité, il est totalement impossible aujourd'hui, à moins de mettre la société
11:26 en tension, de pouvoir toutes les réaliser.
11:28 On le sait bien, il faudrait quasiment mobiliser l'armée ou que sais-je.
11:30 C'est un type de société que ni vous ni moi ne voudrions pas pour pouvoir les mettre
11:33 en application.
11:34 Moi, je suis pour.
11:36 Sans doute, il faut régulariser.
11:38 Alors justement, ça c'est la mesure de régularisation des sans-papiers dans les métiers en tension.
11:44 Parce qu'elle est aussi dans ce texte-là.
11:46 Ce n'est pas qu'un texte répressif.
11:47 Elle est défendue par le gouvernement.
11:50 La droite, vous savez, est contre et y voit un appel d'air.
11:53 Est-ce que cette mesure-là, au moins, va dans le bon sens ?
11:55 Cette mesure-là, vous la voterez dans l'article 3.
11:58 Non, elle ne nous satisfait pas parce que probablement, elle ne crée qu'une régularisation.
12:03 Qu'est-ce qu'un métier en tension ?
12:04 Ça reste à préciser.
12:08 C'est un segment extrêmement réduit.
12:10 Ça ne crée les conditions d'une régularisation que durant 12 mois.
12:13 Donc, ça maintient les gens en situation de précarité.
12:15 Écoutez, là encore, ceux qui sont avec nous ce matin.
12:18 Tous les travailleurs français ont intérêt à une régularisation de tous les travailleurs
12:23 en situation irrégulière.
12:25 La situation de centaines de milliers de personnes qui travaillent actuellement crée une pression
12:31 vers le bas.
12:32 Et nous avons tous à y gagner, tous ceux qui travaillent, à sortir de cette précarité,
12:36 à ce nivellement par le bas du fait que des centaines de milliers de personnes acceptent
12:39 des salaires de misère, ne se syndiquent pas, ne s'organisent pas, ne défendent pas
12:42 d'intérêt collectif.
12:43 Donc, je dis qu'il est bon pour le pays ce que nous proposons, ce que proposait Jean-Luc
12:47 Mélenchon dans son programme, ce que propose la NUPES, la régularisation de tous les travailleurs
12:51 sans papier.
12:52 Oui, madame.
12:53 De ceux qui ont des enfants scolarisés, de ceux qui vivent en quelque sorte et qui
12:57 payent des impôts qui sont parmi nous.
12:58 Il faut le faire.
12:59 Aujourd'hui, le ministère de l'Intérieur compte à peu près en moyenne entre 600
13:03 et 700 000 personnes en situation irrégulière.
13:06 Oui, ça fera du monde.
13:07 Vous dites qu'il faut tous les régulariser.
13:11 Je parle des travailleurs sans papier.
13:13 Sans aucun doute, moi je prends les chiffres de la CGT.
13:14 Moi je suis pour d'ailleurs la régularisation syndicale et pas la régularisation patronale.
13:18 On n'est pas rentré dans le détail.
13:19 Mais qu'importe.
13:20 Oui, effectivement, je ne vais pas être démagogue.
13:22 C'est une réalité.
13:23 Ces gens travaillent.
13:24 Ils sont là.
13:25 Vous dites qu'il faut assumer, de les régulariser et ça fera beaucoup de monde.
13:28 Je ne le dis pas par humanisme.
13:29 Même si, de mon point de vue humaniste et de l'idée que je me fais de notre égale
13:33 humanité, ça m'intéresse.
13:34 Mais pour tous les travailleurs de ce pays, c'est intéressant de sortir les gens de
13:37 la précarité.
13:38 Parce que ça va faire du bien.
13:39 Ça va tirer les salaires vers le haut.
13:41 Ça va sortir des gens de poches de précarité.
13:42 Et ça, je crois que c'est bon.
13:43 On passe au standard.
13:44 Oui, Guillaume nous attend.
13:45 Le temps, effectivement.
13:46 File rapidement.
13:47 Guillaume, bonjour.
13:48 Bonjour, madame.
13:49 En préambule, je vous indique que je partage totalement votre vision de notre commune humanité
13:58 avec l'ensemble des immigrés.
14:00 Je voudrais néanmoins appeler votre attention sur un point qui est qu'on le voit enquête
14:05 après enquête.
14:06 Les Français répondent de façon positive, de façon extrêmement massive à la question
14:10 « considérez-vous qu'il y a trop d'immigrés en France ? » par la positive.
14:14 Les gens considèrent qu'il y a trop d'immigrés en France.
14:17 Vous refusez de quantifier ce qui est insuffisant, ce qui est nécessaire, ce qui est suffisant
14:24 et ce qui est trop en termes d'immigration.
14:26 Vous refusez ce débat-là.
14:28 Mais moi, j'ai envie quand même de vous poser la question.
14:30 Quand est-ce qu'il y a trop d'immigrés en France pour vous ? Parce qu'il y a forcément
14:34 une quantification.
14:35 Il est où votre seuil ? Tout le monde a un seuil dans tous les domaines.
14:38 Et vous, il est où votre seuil, monsieur Corbière ? Vous refusez ce débat-là.
14:42 Quand est-ce qu'il y en a trop ?
14:44 Merci Guillaume pour cette question.
14:46 Alexis Corbière vous répond.
14:48 Alors, moi je prends des critères de comparaison avec d'autres pays.
14:51 Aujourd'hui, on est à 7,7% d'étrangers en France.
14:54 L'Allemagne en est à 12%.
14:57 Donc nous ne sommes pas, contrairement parfois à ce qui est répété, un pays, la France,
15:02 qui se singulariserait par l'accueil massif d'étrangers.
15:05 Je crois qu'à l'heure actuelle, nous ne sommes pas en situation de vague migratoire.
15:08 Donc pour vous, une moyenne de 250 à 300 000 à arriver en France par an, ça ne vous
15:13 semble pas trop ?
15:14 Ça dépend du nombre d'habitants qu'on a.
15:15 Mais parce qu'ils vous demandent un seuil.
15:16 Non, non, non, à ce stade, nous avons surtout une problématique d'accueil, plus qu'une
15:20 vague migratoire.
15:21 Après, que ce soit clair, moi je ne pense pas que le projet de notre pays, c'est de
15:25 créer des conditions à travers de libre-échange, des dérèglements climatiques, des guerres,
15:29 que des millions de gens, on nous dit même que d'ici 2050, 250 millions de gens pourraient
15:33 quitter leur pays.
15:34 Bon, donc il faut créer des conditions que, j'ai oublié le prénom de la personne qui
15:38 m'a interrogé, que les gens restent chez eux.
15:40 Qu'ils puissent vivre chez eux, vivre et travailler au pays, etc.
15:42 Mais après, je ne suis pas pour remettre en cause le droit d'asile.
15:45 J'observe aussi, si Guillaume, mais écoute que ceux qui sont les plus anti-immigrés
15:49 ne donnent pas non plus de chiffres.
15:50 Maintenant, moi je vais être honnête et je le répète, il y a aujourd'hui, sans aucun
15:53 doute, nous disent des organisations syndicales, 400 000, 600 000 personnes qui travaillent
15:56 actuellement.
15:57 Oui, je suis pour les régulariser.
15:58 Parce que Guillaume, vous pouvez faire toutes les mesures que vous voudrez, nous ne les
16:01 mettrons pas dehors, personne ne le fera.
16:03 Par contre, ne pas régulariser leur situation, c'est tirer l'ensemble de la classe ouvrière,
16:07 permettez l'expression un peu triviale, vers le bas.
16:09 Donc, il y a intérêt à le faire.
16:10 Il nous reste très peu de temps et beaucoup de questions, donc on va les choisir.
16:14 D'abord, un mot sur une actualité du jour.
16:16 Un mot sur le lycée AVEROS de Lille, l'un des seuls lycées musulmans sous contrat en
16:21 France.
16:22 L'État a décidé de résilier son contrat avec ce lycée.
16:23 Le préfet a suivi les conclusions de la commission éducative, pointant des manquements graves
16:27 à la laïcité avec certains ouvrages sur l'homosexualité ou des ouvrages culturels
16:30 qui sont bannis.
16:31 Alors qu'on peut trouver le livre de l'imam Ik-Yu Sen dans le CDI du lycée, mais aussi
16:35 des propos de professeurs qui auraient tenu des discours…
16:36 N'en jetez plus.
16:37 Non, je cite ce que dit le préfet, de discours contraires aux valeurs de la République.
16:42 Vous comprenez cette décision du préfet de rompre le contrat avec ce lycée AVEROS
16:45 de Lille ?
16:46 Je vais essayer de résumer mon propos.
16:47 Moi, je suis vraiment très défavorable de l'enseignement privé confessionnel.
16:50 D'accord ? En même temps, je suis pour que l'établissement privé reste sous contrat.
16:54 Je vois d'un œil inquiet le fait que désormais cet établissement ne sera plus sous contrat.
16:58 J'aurais préféré peut-être que dans un premier temps, il y ait des recommandations
17:02 qui soient faites de la part du préfet à cet établissement pour vérifier telle ou
17:06 telle mesure qui devait être prise.
17:07 Peut-être que ce que dit M.
17:08 le préfet est exact.
17:09 Il y a des choses.
17:10 Je n'ai pas eu l'impression qu'il y ait eu cette démarche en quelque sorte de mise
17:12 en garde.
17:13 Mais d'un seul coup, le coupet est tombé.
17:14 J'invite aussi, j'ai quelques exemples en tête, je ne vais pas dire à ce micro,
17:18 qu'il y ait des lycées privés confessionnels catholiques qui aient été pointés par la
17:22 presse, où il se passe des choses homophobes, intolérables et qui n'ont pas été pour
17:26 autant totalement sanctionnées.
17:28 Donc, je ne voudrais pas, je vois ça de loin, qu'il y ait une espèce de passion un peu
17:31 politicienne à l'ouverture du débat sur le texte immigration.
17:35 - Je pose la question sur la décision du préfet qui vient d'être prise de couper le contrat.
17:38 - Pardon, au-dessus des éléments que j'ai, je ne la comprends pas.
17:39 J'aurais préféré d'abord que le préfet cadre, si je puis dire, les responsables,
17:44 leur pose des questions et des exigences précises avant d'en arriver à la conclusion
17:47 auquel il est arrivé très rapidement.
17:49 - Question politique sur l'appli d'Inter.
17:51 Osra, êtes-vous toujours en contact avec M.
17:54 Mélenchon ? Que lui dites-vous en cette période où la polémique occupe trop de place ?
17:58 - Moi, je travaille dans la France Insoumise avec tous mes amis.
18:02 Jean-Luc Mélenchon, j'en ai été très très proche pendant 25 ans.
18:06 Chacun a suivi, je ne vais pas en dire plus ce matin parce que je veux me concentrer
18:09 sur la bagarre contre la loi d'Armanin.
18:12 - Vous n'êtes plus proche ? Vous avez été son très très proche, vous le métiez au passé.
18:16 - Non, on a suivi le fait qu'il y ait eu des débats.
18:18 Moi, j'ai un...
18:20 D'abord, le programme de la NUPES doit rester un acquis.
18:23 La stratégie d'union reste la mienne.
18:26 Je suis pour qu'on crée les conditions que cette union nous guide jusqu'à l'élection
18:29 présidentielle de 2027.
18:31 Et je suis pour créer les conditions aussi...
18:33 - Jean-Luc Mélenchon a dit "il n'y a plus de NUPES", c'est un constat et ce n'est pas de mon fait.
18:37 - D'un point de vue stratégique, je suis pour reprendre l'attitude de François Mitterrand
18:40 en 1977 quand, par exemple, le parti communiste rompait l'union de la gauche, de dire que
18:45 nous gardons l'espoir de l'union et nous devons rester le réceptacle de ceux qui veulent l'union.
18:49 Nous, on n'est pas une...
18:50 Je parle de la France Insoumise.
18:51 Une composante de la NUPES.
18:53 On a née la cheville ouvrière, la colonne vertébrale.
18:55 Et surtout...
18:56 - Mais vous, vous êtes les minoritaires à l'intérieur.
18:58 - Je ne fais rien, mais de toute manière, il y a un débat stratégique qui doit avoir lieu.
19:01 Je l'appelle de mes voeux.
19:03 C'est ça qui fait un peu les nuances.
19:04 Ou plus qu'on a pu entendre, je souhaite un débat stratégique.
19:07 - Il y a eu une grande réunion, conférence jeudi soir à Saint-Ouen avec Olivier Faure,
19:12 les écologistes, Marine Fondelier, des gens des Insoumis.
19:17 Il n'y avait pas Jean-Luc Mélenchon ? Il n'était pas invité ?
19:19 - Il y a eu beaucoup de meetings.
19:20 Non, mais il n'était pas invité parce que ça ne tient pas.
19:22 Mais attendez, ne surinterprétez pas.
19:25 On est en train depuis quelques jours...
19:26 - Comment que je serais ? Je vous pose des questions.
19:27 - Un meeting de l'ensemble des forces de gauche écologiste opposées à la loi d'Armanin
19:32 est une bonne chose.
19:33 Il y en a eu plusieurs.
19:34 N'y voyez pas une interprétation là-dedans.
19:35 - Marie, sur l'appli d'Inter, pourquoi vous Alexis Corbière, François Ruffin, Clémentine
19:39 Autain, pourquoi vous restez chez les Insoumis ?
19:41 Vous avez peur de ne pas exister sans Jean-Luc Mélenchon ?
19:46 - Mais ces questions, moi je veux rassembler.
19:49 Et des gens me disent ce que me dit Marie, sans doute gentiment, c'est diviser, séparer.
19:54 Non, attendez, on rassemble.
19:55 Moi, je souhaite qu'il y ait un débat stratégique.
19:57 C'est un débat qui est très important et complexe.
19:58 Je ne veux pas de la victoire de Marine Le Pen en 2027.
20:01 Je pense qu'il y a encore une potentialité dans la société pour que ce qu'est la NUPES,
20:06 le rassemblement de la gauche, puisse l'emporter en 2027.
20:08 Maintenant, quand Jean-Luc Mélenchon nous invite à faire mieux, il ne nous dit pas
20:12 de faire pareil.
20:13 Et enfin, je m'adresse à Jean-Luc amicalement.
20:15 Il m'a appris plein de choses formidables, notamment une phrase.
20:17 La réussite de l'élève est la gloire du maître.
20:19 Et bien, souffrez du fait que quelques-uns de ses élèves essayent aujourd'hui d'aller
20:23 vers la réussite pour sans doute lui apporter encore plus de gloire.
20:26 Voilà où on en est.
20:27 Moi je veux…
20:28 Ça veut dire quoi cette phrase ?
20:29 Pour lui apporter encore plus de gloire, c'est-à-dire laisser nous nous émanciper,
20:33 on viendra vers toi en 2027 ?
20:34 À partir du moment où il y a une feuille de route qu'il nous a donné au soir de
20:36 l'élection présidentielle de 2022.
20:37 Faites mieux.
20:38 Faites mieux.
20:39 Que lui-même, j'en reste moi à ce que nous dit Jean-Luc, qui veut passer la main.
20:46 Bon, c'est un peu normal qu'il y ait toute une série de gens qui s'échauffent.
20:50 Vous avez l'impression qu'il veut passer la main ?
20:52 Vous avez l'impression qu'il veut passer la main ?
20:53 Attendez, moi je ne suis pas dans l'interprétation des choses.
20:55 Il y a quelques noms que vous m'avez annoncés.
20:57 François Ruffin, Clémentine Autain.
20:59 Si ces gens travaillent à apporter nos couleurs pour la suite, moi je leur dis bravo et modestement
21:04 je les aide.
21:05 Je crois que c'est comme ça qu'il faut être à la hauteur du moment dans lequel
21:09 on est.
21:10 Merci Alexis Corbière d'avoir été à notre micro ce matin.

Recommandations