Les restos du cœur lance aujourd'hui leur 39e campagne d'hiver, campagne placée sous le signe de l'inflation et qui s'annonce déjà historique. Pour en parler, le porte-parole de l'association, Yves Merillon.
Regardez Le débat du 21 novembre 2023 avec Yves Calvi et Amandine Bégot.
Regardez Le débat du 21 novembre 2023 avec Yves Calvi et Amandine Bégot.
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00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 7h, 9h
00:05 RTL matin. RTL 8h21. Bonjour Yves Mérillon. Bonjour. Vous êtes porte-parole des Restos du Cœur. Merci beaucoup d'être avec nous
00:12 ce matin sur RTL. La campagne d'hiver des restos démarre donc
00:15 officiellement aujourd'hui. C'est un moment très important pour tous ceux qui attendent votre soutien. Cette campagne 2023-2024 s'annonce d'ores et déjà extrêmement difficile.
00:23 Vous la qualifiez d'historique en raison de l'inflation ?
00:26 C'est la première fois que nous sommes amenés à prendre des mesures de restriction telles qu'on l'a fait en 38 ans d'existence.
00:31 Oui pardonnez-moi je vous ai interrompu. Non donc c'est extrêmement difficile pour les personnes accueillies dont nous allons
00:38 refuser certaines inscriptions à l'aide alimentaire et pour les bénévoles eux-mêmes
00:42 pour qui la décision est extrêmement difficile à prendre. Vous n'aviez jamais connu ça ?
00:46 Jamais. À ce point-là jamais avec une rapidité d'évolution de la crise qui a amené en moins de deux ans
00:54 des centaines de milliers de personnes en plus à nos portes. Des centaines de milliers de personnes ? On a eu en un an 200 000
01:00 personnes de plus.
01:01 Notre journaliste Nerissa Emani nous expliquait à 7h15 qu'à partir d'aujourd'hui le nombre de repas distribués allait donc diminuer dans vos centres
01:07 de Comble-la-Ville en Seine-et-Marne. 4 repas par personne au lieu de 6 chaque semaine.
01:11 Des paniers plus petits aussi, un litre de lait au lieu de deux par exemple.
01:14 Expliquez-nous ces restrictions. C'est ce à quoi vous êtes absolument contraints ?
01:17 Écoutez, la crise qui a à la fois apporté beaucoup de gens chez nous, nous a aussi concernés puisque nous achetons
01:24 énormément et que l'inflation a touché particulièrement les denrées et les frais d'énergie.
01:29 Donc en trois ans, notre budget d'achat a doublé. C'est absolument intenable.
01:34 C'est intenable financièrement pour nous, d'où les mesures de restriction que nous avons prises,
01:39 mais c'est intenable aussi pas simplement sur le plan financier. C'est intenable pour l'accueil des personnes que nous recevons.
01:44 Les bénévoles nous disent dans les centres "on est obligés de faire de l'abattage"
01:48 et ça prend de front le projet Resto dans son essence même.
01:51 C'est-à-dire que nous ne sommes pas simplement des gens qui distribuent des boîtes de conserve, on est des gens qui
01:56 accueillons les personnes qui sont en difficulté pour essayer de les accompagner vers la sortie de ces galères. Et aujourd'hui,
02:02 l'affluence record que nous avons dans les centres nous empêche de faire ce travail correctement.
02:07 Alors vous décrivez au minimum un rationnement. On comprend aussi qu'il y a toute une dimension
02:10 j'allais vous dire affective et d'accueil qui ont toujours été au coeur du projet de Resto du coeur.
02:14 Est-ce que ça veut dire que les Restos du coeur sont menacés ?
02:16 Quand nous avons lancé un appel au secours au début du mois de septembre, nous avons dit très clairement
02:22 si nous ne faisons rien, dans trois ans on ferme la porte. C'est évidemment pas imaginable.
02:26 Donc on a fait des choses
02:28 en ce qui nous concerne, c'est les mesures de restriction qui sont un crève-cœur pour les bénévoles et sur lesquelles on aimerait revenir
02:34 le plus vite possible. Et on a appelé un appel à la solidarité, à nos donateurs, à l'État, aux collectivités locales, etc.
02:40 Pour être très concret pour nos auditeurs, sur dix familles qui se présentent, deux à trois sont refusées dans certains centres, nous disait Nérissa Emmany.
02:46 C'est une réalité qu'on n'observe pas toute en France ?
02:48 Ah oui, il n'y a pas de zone plus favorisée ou plus défavorisée que d'autres. C'est à peu près partout.
02:54 Nous avons la même affluence avec des variations.
02:57 Et puis à peu près partout ce sont les mêmes types de personnes qui se présentent. Mais je voudrais insister sur un point. Nous allons refuser
03:03 des personnes à l'aide alimentaire.
03:05 Ça ne veut pas dire qu'on les refuse à l'ensemble des activités que les Restos du Cœur développent pour les aider.
03:10 C'est-à-dire ?
03:11 Alors par exemple, nous, l'accompagnement dans les démarches administratives, de l'accès aux droits sociaux, du vestiaire.
03:17 Nous donnons des vêtements qu'on a récupérés d'occasion.
03:21 Nous les donnons. Et si nous donnons ces vêtements à ces personnes qui sont dans la difficulté, ça leur fait faire des économies, même si nous ne pouvons pas
03:27 les aider sur le plan de l'aide alimentaire.
03:30 Vous êtes en train de nous dire parfois il y aura une brique de lait en moins, mais nous continuerons de les accueillir et de les aider dans leurs démarches.
03:36 Voilà, dans toutes sortes d'autres...
03:38 On fera le maximum. Nous avons des activités de soutien à la recherche d'emploi. Nous avons une centaine de chantiers d'insertion pour les personnes les plus éloignées de l'emploi.
03:45 Tout cela continue à fonctionner. Donc c'est important que les gens comprennent que même s'ils ne sont pas acceptés à l'aide alimentaire, on peut continuer à les aider d'une autre manière.
03:54 Vous êtes très clair. On a beaucoup parlé ces dernières années d'une forte hausse des jeunes bénéficiaires moins de 25 ans et des femmes seules avec des enfants.
03:59 Vous nous le confirmez ?
04:01 Complètement. La moitié des personnes que nous accueillons ont moins de 25 ans. 40% sont mineurs.
04:07 Le taux de famille monoparentale, c'est-à-dire dans 90% des cas une maman avec des jeunes enfants, est le triple de ce qui existe dans la population moyenne.
04:16 En fait, l'isolement des personnes, notamment les mamans seules, c'est un facteur aggravant de la pauvreté.
04:21 Je le répète, la moitié de ceux que vous accueillez ont moins de 25 ans.
04:26 C'est pour ça qu'on cherche à développer une politique d'aide aux plus jeunes.
04:30 Ce qui serait le pire, c'est que les pauvres d'aujourd'hui soient les pauvres de demain.
04:34 Il faut tout faire pour que les enfants des familles que nous accueillons sortent de cette pauvreté.
04:39 Qu'est-ce qui vous manque le plus ? De l'argent ? Des denrées ? Des bénévoles ?
04:42 Les bénévoles, on en a beaucoup. On n'a pas trop à se plaindre. On a 73 000 bénévoles réguliers, 25 000 qui nous aident ponctuellement.
04:49 Plus il y en a, mieux ça vaut. C'est très bien. Mais au moment, aujourd'hui, c'est l'argent qui manque le plus.
04:54 Vous aviez lancé un appel à l'aide il y a deux mois. 32 millions d'euros ont quand même été récoltés.
04:59 C'est une grosse somme et pourtant c'est insuffisant.
05:01 C'est une grosse somme qui nous a permis de combler le déficit qu'on évaluait avant l'été.
05:06 Mais entre-temps, le déficit a continué à se creuser. Cette somme, heureusement, elle est arrivée.
05:10 On remercie l'ensemble des donateurs qui ont répondu à notre appel.
05:14 Ça nous permet de continuer et de passer l'hiver. Mais ça ne résout pas les problèmes sur la durée.
05:19 Il faut vraiment maintenant trouver des solutions structurelles pour arriver à retrouver l'équilibre.
05:24 Vous avez des centres qui sont menacés de fermer ?
05:26 Les centres, non. Non, non, non, non. C'est l'ensemble du budget des Restos du Coeur qui est menacé.
05:31 Nous avons plus de 2000 centres et ceux-là, ils continuent à fonctionner.
05:34 Comment on peut vous aider ?
05:35 Évidemment en donnant de l'argent. En venant comme bénévole. Même si on en a beaucoup, ça se renouvelle.
05:42 On a des bénévoles qui sont retraités souvent et qui commencent à fatiguer, surtout avec le rythme de travail que nous avons en ce moment.
05:48 Donc on peut nous aider en donnant et la fin de l'année est particulièrement bienvenue pour cela.
05:53 Vous allez sur le site des Restos du Coeur, restosducoeur.org et on le trouvera facilement.
05:59 Je vais redonner tout ça. Je précise que le groupe M6 avec l'émission "Tout en cuisine" est partenaire des Restos du Coeur.
06:06 Donc rendez-vous sur le site restosducoeur.org pour faire un don en ligne ou par courrier.
06:10 Et puis vous pouvez aussi, vous qui nous écoutez, faire un don tout simplement par SMS.
06:13 Pour un don de 5 euros, il suffit d'envoyer "don" au 9 24 24 9 24 24.
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