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Patrick Villardry est aussi président de l'association Ulis à Marrakech.
Regardez Le débat du 11 septembre 2023 avec Yves Calvi et Amandine Bégot.

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Transcription
00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 7h, 9h.
00:05 RTL matin. Il est 8h21. Bonjour Patrick Villardry.
00:09 Bonjour. Vous êtes avec nous par téléphone.
00:13 Vous êtes secouriste,
00:15 avez l'habitude d'intervenir dans des zones frappées par des tremblements de terre et vous présidez surtout l'association Ulysse pour unités légères d'intervention et de secours.
00:22 Merci beaucoup de prendre la parole sur RTL en direct. Vous êtes sur place avec vos équipes et vos chiens depuis hier.
00:29 Que savez-vous de la situation au moment où nous parlons ?
00:31 Avant-hier.
00:33 Ah, depuis avant-hier.
00:35 Oui, oui, samedi. Ça va arriver samedi.
00:37 Oui.
00:39 Que nous savons... Pardon, j'ai pas compris la question.
00:41 Non, ma question était que savez-vous exactement de la situation ?
00:43 Eh bien, la situation, on en est à plus de 2000 morts.
00:49 Je pense que ça terminera dans les 4000 à 5000 maximum avec les blessés qui malheureusement décèderont.
00:56 Après la situation sur Marrakech et l'Éclair, la vie est tout à fait normale.
01:02 Il y a que des petits trucs qui sont tombés.
01:05 Par contre, là où nous sommes dans la classe, là les villages sont détruits à 100%, certains à 95%, d'autres.
01:13 Là, c'est vraiment sur un rayon de 20 km, c'est tout par terre.
01:18 Ce sont des situations que vous aviez déjà connues avec Ulysse ?
01:23 Oui, oui, oui. Moi j'en suis à mon 16e tremblement de terre.
01:26 Donc, qui cyclone et qui fond les Tsunamis.
01:29 Oui, oui. Mais c'est pas la plus catastrophique.
01:33 La Turquie, il y a quelques mois derrière, était beaucoup plus catastrophique que le Maroc.
01:38 Vous et vos équipes êtes déjà en opération, je vous ai bien compris ?
01:41 Oui. Oui, oui. Nous sommes dans la classe, à côté d'un village, un an comme ça.
01:49 Et nos chiens ont commencé à travailler et on a commencé à dégager malheureusement des personnes décédées.
01:56 Et si nous travaillons aujourd'hui ici au Maroc, c'est grâce aux chiens.
02:00 S'il n'y avait pas les chiens, on ne serait pas employés.
02:03 Et pourtant, je vais revenir sur les détails de votre travail, qui est quelque chose d'extraordinaire.
02:08 Mais officiellement, la France n'est pas pour l'instant conviée dans les opérations de secours, contrairement au Qatar ou à l'Espagne.
02:13 Mais vous, vous êtes déjà actif ?
02:15 Oui. Notre spécificité, c'est l'unité des gères d'intervention et de secours.
02:22 Donc on part, dès qu'il y a l'information au sujet des sites, que c'est justifiable, que l'on puisse partir,
02:27 je mets une équipe en banque, et puis on se paye des billes d'avion, on prend les chiens et on s'en va.
02:35 Ce qui a fait que nous sommes arrivés à moins de 24 heures sur place.
02:41 On est arrivés presque les premiers.
02:43 En fait, vous êtes parfaitement autonome ?
02:45 À partir de là, tout à fait. On a la bouffe des chiens, les chiens, un sac à dos,
02:50 et on se met à disposition de toutes les personnes qui ont besoin de nous.
02:54 Notre force, elle est là. On n'a pas de matériel, on utilise le matériel,
03:00 c'est-à-dire que quand on passe avec les chiens, quand on a un marquage, on utilise les gens,
03:04 on fait de la psychologie, on utilise les gens qui sont des familles et qui n'ont rien, personne,
03:11 ils nous aident à dégager pierre par pierre pour sortir leurs victimes.
03:14 Notre force, elle est là. On n'a pas de matériel, on n'a pas de camion, on n'a pas de tout ça.
03:19 Là, on a pris un camion, le gars nous a plantés, il faut que j'en loue un autre,
03:26 il est parti hier soir puisqu'il a craqué, donc on est à pied, mais bon, on est sur place, donc on s'en fout.
03:32 Mais bon, ça va être pour retourner après, prendre l'avion, et pour nous déplacer, que c'est un peu compliqué.
03:38 Mais bon, après, non, non, c'est bon.
03:40 - Dans ces zones sinistrées, on manque de tout, eau, nourriture, électricité,
03:45 comment s'organise ce type de recherche justement ?
03:47 En vous écoutant, on se disait "mais en fait, ça se fait à la main".
03:49 Il est là-bas avec ses chiens, avec ses équipes, et on prend pierre par pierre.
03:53 - Oui, oui, oui, c'est à l'âge de pierre.
03:56 Mais bon, les véhicules, déjà, les routes sont très, très difficiles d'accès.
04:01 Donc ils vont commencer peut-être à les nettoyer et à monter.
04:04 Le matériel lourd ne peut pas monter.
04:06 Donc les pompiers locaux, là, ils sont avec nous, ils n'ont qu'avec du petit matériel.
04:10 Donc vous voyez que c'est très difficile.
04:12 On revient au Béaba de sortir des gens à la mer.
04:17 De toute manière, il n'y a pas de peltain, il n'y a pas de bulldozer, il n'y a pas tout ça.
04:20 Mais ce n'est pas la même construction que la Turquie, ou que le Mexique, ou que l'Arménie.
04:26 Vous voyez, c'est des constructions, c'est de la paille avec de la terre, couillées,
04:32 et ils construisent des murs, et lorsque ça s'effondre,
04:34 malheureusement, ça tombe en poussière,
04:36 donc ça laisse très, très peu de lieu de survie aux personnes qui sont en dessous.
04:40 C'est pour ça qu'il y a autant de morts dans ces villages.
04:43 - Patrick Villardry, vos chiens, justement, comment interviennent-ils ?
04:46 Expliquez-nous leur rôle et qu'est-ce qu'ils font exactement.
04:50 - Lorsqu'on arrive sur une maison qui est effondrée,
04:53 on établit la circonférence, on prend le chien,
04:57 et on l'envoie, et on lui demande de le chercher et d'accueillir.
05:00 La formation du chien dure 18 mois.
05:02 On lui apprend à chercher des odeurs légères qui montent de la terre vers la surface.
05:09 Il fait la différence avec les sorcières qui sont dessus.
05:12 Nous, nous avons des odeurs lourdes et légères.
05:14 Les lourdes, elles restent sur vous, les légères, elles se vaporent avec le temps, et elles montent.
05:19 Et le chien, lui, monte dessus.
05:21 Dès qu'il perçoit une odeur qui vient de la terre, il la remonte jusqu'au point le plus chaud,
05:26 et là, il se met à gratter, et à...
05:29 Selon l'aboiement, on sait si la personne est vivante ou pas,
05:33 et selon comment il l'interprète dessus, ça c'est le maître qui fait lire son chien,
05:40 eh bien on sait si la victime, elle est décédée, ou pas très loin de décédée, quoi.
05:45 - Avez-vous, et les chiens avec vous, bien entendu,
05:49 avez-vous déjà retrouvé des survivants dans les décombres ?
05:52 - Là, ici, sur le Maroc, non.
05:56 Non, non. Par contre, en Turquie, au mois de février, oui, on a sauvé deux personnes, huit jours après.
06:02 - Huit jours après ?
06:04 - Là, non, non, là, ici, au Maroc, oui, huit jours après, on a sauvé deux personnes.
06:08 - Ça veut dire que vous avez encore des espoirs, justement, de pouvoir sauver des vies, nous sommes bien compris.
06:13 - Ah ben oui ! Oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, en étant...
06:17 De toute façon, quand on part, c'est pour sauver des vies, hein.
06:19 L'espoir, nous, on en est plein, hein.
06:21 C'est clair qu'on en parlera dans trois, quatre jours,
06:25 tant que là, je pense que dans trois, quatre jours, ils arrêteront les recherches.
06:29 Là, ça sera un peu plus difficile.
06:31 Mais là, oui, oui, il y a toujours possibilité.
06:33 Vous savez, il y a le miraculé, il y en a toujours un dans chaque grand moment de terre, hein.
06:38 Donc, c'est pas dit que... Voilà.
06:41 - Une dernière question, comment réagit la population marocaine ?
06:45 Et de quoi les Marocains ont-ils besoin en priorité ?
06:48 - Alors, je crois que ça, c'est assez bien structuré.
06:53 Bon, les villages, là où on est, bon, ils ont besoin de tout, hein, ça, c'est clair.
06:57 Il va falloir qu'ils voient parce que, quand même, c'est pas très préchaud, hein, dans la classe.
07:03 Après, ils ont besoin de reconstruire leur village.
07:08 Mais ça, c'est encore une autre chose.
07:10 Ce qu'ils ont besoin aujourd'hui, c'est de l'eau, de la nourriture, mais ça, elle arrive.
07:16 Parce que nous, on est sur place avec eux, parce que nous, on n'a rien à ner, hein, on vit avec eux.
07:21 Donc, on trouve du pain, on trouve de l'eau, il n'y a aucun souci de ce côté-là, hein.
07:26 Voilà. Et puis, là, le pays est en train de se remobiliser.
07:30 Je vous dis, à Marrakech, on dirait même pas qu'ils sont même pas au courant qu'il y a une promenade de terre, presque.
07:35 - Merci beaucoup, Patrick Villardry. En direct de Marrakech, je le rappelle, bon cours.
07:39 -Bien sûr.
07:40 Merci à tous !

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