• l’année dernière
Au programme :
-Exclu Factuel. Média / Affaire Lola : un an après, le frère témoigne
-Terrorisme : comment mieux protéger nos écoles ?
-Cancer : comment en parler et pourquoi ?

Avec Victor Lefebvre, journaliste à Factuel.media, Reda Belhajj, porte-parole Unité SGP police et Myriam Meyer, professeur atteinte d'un cancer.

Retrouvez L'Heure libre, en partenariat avec Factuel Média (https://factuel.media/) avec Stéphane Simon, tous les samedis de 10h à 11h sur les ondes de Sud Radio.
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##L_HEURE_LIBRE-2023-10-21##

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News
Transcription
00:00 [Musique]
00:01 Sud Radio, l'heure libre, 10h11.
00:05 Bonjour à tous, bienvenue dans l'heure libre, une heure d'analyse approfondie et de décryptage des affaires qui font l'actualité.
00:12 Un nouveau rendez-vous hebdomadaire sur Sud Radio avec le monde des faits divers et des faits de société.
00:17 Une heure pour explorer les affaires les plus captivantes de la semaine, de l'investigation.
00:21 Une heure avec Jean-Marie Bordry également.
00:24 Mais pas seulement, nous accueillons dans cette première partie d'émission Victor Lefebvre,
00:27 journaliste, enquêteur à Factuel.Média.
00:30 Alors ensemble, nous allons commencer par évoquer l'affaire Lola.
00:33 Faisons le point, c'était il y a un an, le 14 octobre 2022, peu avant minuit,
00:39 un homme découvrait dans la cour d'un immeuble de la résidence Manin, dans le 19e arrondissement de Paris,
00:45 le cadavre d'une gamine de 12 ans.
00:47 Le corps nu de la petite Lola, Daviey, était plié dans une malle, dissimulée sous un tas de linge, lardée de coups de couteau.
00:55 Quelques heures plus tard, les policiers de la brigade criminelle de Paris interpellaient Dabia Benkired,
01:00 une Algérienne de 24 ans, à Bois-Colombe, qui très vite passera aux aveux avant de se rétracter.
01:06 Les policiers découvriront que la jeune femme Algérienne était en situation irrégulière en France
01:11 et faisait l'objet d'une OQTF, obligation de quitter le territoire non effectué.
01:16 Et aussitôt, le fait divers entrait dans l'arène politique,
01:19 les uns affirmant que l'expulsion de Dabia Benkired aurait sauvé Lola,
01:23 les autres taxant de récupération politique indignent,
01:27 ceux qui accusent de laxisme le ministère de l'Intérieur.
01:31 Alors nous en parlons aujourd'hui car l'instruction est toujours en cours,
01:34 mais aussi parce que Victor Lefebvre, ici présent, journaliste à Factuel.Média,
01:38 vous avez réussi à interviewer le frère de Lola, Jordan Daviey.
01:43 C'est la première fois que la famille s'exprimait,
01:46 et je rappelle qu'on nous disait jusqu'à présent que la famille refusait de parler à la presse
01:49 parce que la famille récusait la récupération politique.
01:52 C'est le frère de Lola que vous avez convaincu de parler.
01:56 Dans quelles circonstances l'avez-vous rencontré ?
01:59 En fait, je suis allé sur place pour le rencontrer.
02:01 La famille s'est réfugiée à la suite de l'assassinat de Lola
02:04 dans un petit village dans le Pas-de-Calais, à côté de Béthune.
02:07 On ne donnera peut-être pas le nom du village, mais c'est un petit village de 1500 personnes.
02:10 Et toute la famille s'est réfugiée chez la grand-mère de Lola, Jordan Daviey.
02:14 C'est le demi-frère plus exactement de Lola, son demi-frère aîné,
02:18 qui partage le même père.
02:20 C'est la première fois qu'un membre de la famille Lola a parlé.
02:23 Depuis, le père s'est exprimé sur RTL et M6, mais c'était la première fois.
02:27 En tout cas, c'était une exclusivité factuelle.
02:30 Pourquoi il m'a répondu ? La question est difficile à dire.
02:33 Peut-être qu'il faudrait lui poser la question directement,
02:35 mais en tout cas, il s'est confié à moi pendant de longues heures.
02:37 On a parlé pendant à peu près plus de trois heures.
02:39 Et il vous a dit, je le cite,
02:41 "Jusqu'à présent, je ne me sentais pas prêt pour répondre à la presse.
02:45 Je préférais rester proche de ma famille.
02:47 Je ne voulais pas non plus parler sous le coup de la colère
02:50 et dire des choses que j'aurais regrettées ensuite."
02:52 Alors, un an après l'assassinat de sa sœur,
02:55 le souvenir de Lola est toujours très présent chez lui.
02:58 Il pense à elle tous les jours.
03:00 On va l'écouter, on va découvrir sa voix.
03:02 C'était une fille très, très, très joyeuse.
03:06 Elle avait le bonheur, elle aimait ses parents, sa famille, ses amis plus que tout.
03:12 Elle adorait la gym.
03:14 Elle pensait que ça aurait pu être une merveilleuse femme dans le futur.
03:23 Il pense à elle tous les jours.
03:25 J'ai une licorne qui s'identifie à elle.
03:29 C'est triste, mais...
03:31 Enfin, ce n'est pas triste, mais ça paraît bête.
03:33 Mais tous les soirs, je lui dis bonne nuit.
03:35 Je lui dis que je l'aime tous les soirs avant de m'endormir.
03:37 Je lui dis bonne nuit, je lui dis que je l'aime.
03:39 La petite licorne, je l'emporte partout parce que je n'arrive pas...
03:41 Quand je vais dormir chez quelqu'un, j'ai toujours ma petite licorne.
03:44 Parce que je n'arrive pas à trouver sommeil si je ne lui dis pas bonne nuit.
03:48 C'est quoi cette licorne dont il parle ?
03:51 C'est une peluche.
03:53 C'est quelque chose de très symbolique pour lui.
03:55 Il a préféré conserver pour conserver le souvenir de sa petite sœur.
03:58 C'est quelqu'un de très marqué.
04:01 On peut s'en douter, comme tous les membres de sa famille.
04:04 C'est quelqu'un d'assez impressionnant, Jordan Davie.
04:09 Il a une certaine vitalité.
04:12 Il veut aller de l'avant. Il veut continuer à vivre pour le là.
04:15 Il le dit dans l'entretien. Il dit que je vis pour deux désormais.
04:18 Il a des projets d'ailleurs. On va peut-être y venir.
04:21 A quoi s'accroche cette famille ?
04:24 L'espoir d'un procès, j'imagine ? L'espoir que justice soit faite ?
04:28 Oui, c'est leur horizon. Ils le disent tous.
04:30 Maintenant, c'est le procès. C'est tout ce qui compte.
04:32 C'est ce qu'ils attendent, que la justice se fasse.
04:34 Ils ne réclament pas de vengeance.
04:36 Ils cherchent de faire confiance à la justice française.
04:39 De toute façon, il n'y a rien qui ramènera ma soeur.
04:43 Tout ce que j'espère, c'est que le moment du procès, justice sera faite.
04:49 Justice sera faite pour Lola.
04:52 Tout ce que j'espère, c'est ça.
04:55 Ma petite soeur, d'un côté, elle obtient une justice.
04:59 Ça sert d'exemple. Il n'y a plus jamais personne qui a su faire ça.
05:03 Parce que c'est monstrueux.
05:06 L'assassin présumé, Dabia Benkired, qui est incarcéré, bien sûr.
05:11 Mais on ne sait pas si elle va être jugée.
05:15 Vous pouvez nous expliquer pourquoi, Victor Lefebvre ?
05:18 Il y a eu une première expertise psychiatrique qui a été faite
05:21 dans la foulée de la mise en examen de Dabia Benkired,
05:23 qui a 24 ans, on le rappelle.
05:25 Vous l'avez dit, une ressortissante algérienne
05:27 qui était sous le coup d'un avis d'expulsion du territoire français.
05:30 Ce premier psychiatre a rendu plusieurs avis
05:33 qui vont tous plutôt dans le sens de dire
05:36 qu'il n'y avait pas eu d'abolition ou même d'altération du jugement
05:39 de Dabia Benkired au moment de son acte de son assassinat présumé,
05:42 puisqu'elle n'a pas encore été jugée, évidemment.
05:45 Ce qui, effectivement, laisserait penser que si c'était le cas,
05:48 elle devrait répondre de ses actes devant une cour d'assises.
05:51 En revanche, s'il devait y avoir une altération du jugement,
05:54 il y aurait quand même un procès, mais cette altération du jugement
05:57 serait prise en compte par les magistrats.
05:59 Si il y avait eu une abolition du jugement, comme ça a été le cas
06:02 il y a quelques années, rappelez-vous, dans l'affaire Sarah Halimi,
06:05 il y avait une abolition du jugement, puisque le tueur Traoré
06:08 avait consommé des stupéfiants juste avant,
06:11 auquel cas elle serait considérée comme irresponsable.
06:14 - D'accord. Alors ça, ça va être déterminé dans un calendrier prochain ?
06:17 - On n'a pas de date précise pour l'instant pour le procès.
06:20 Jordane Davie m'a dit que c'était 18 mois après l'assassinat,
06:23 donc ça voudrait dire l'été prochain.
06:25 - Dans les 6 mois qui viennent.
06:27 - Oui, dans les 6 mois qui viennent, ça va être fixé.
06:30 - Alors pour Jordane Davie, et j'imagine aussi pour la famille,
06:33 cette Dabia Benkired est responsable.
06:36 Il vous a dit "je ne suis pas psychologue, mais je ne pense pas
06:39 qu'elle soit folle au sens clinique du terme". C'est mon avis ?
06:42 - Oui, c'est son avis, ça reste évidemment subjectif.
06:45 Elle, elle avait invoqué un motif, rappelez-vous,
06:48 elle avait dit que c'était pour une histoire de badge.
06:51 Elle est très confuse en fait, dans son audition devant les policiers.
06:54 Donc les parents de Lola, qui était gardien de l'immeuble,
06:57 lui avaient refusé un badge d'entrée de l'immeuble.
07:00 Sa sœur était en sous-location dans l'immeuble, et en fait son père a dit
07:03 et son frère aussi qu'il ne connaissait pas du tout cette jeune femme.
07:05 - Oui, c'était vraisemblablement un prétexte.
07:07 Alors je voudrais qu'on parle de récupération politique.
07:10 Un peu plus tard, il vous dit "sur l'aspect politique,
07:13 je ne m'en suis jamais mêlé, ça ne m'intéresse pas,
07:16 je suis totalement politique, apolitique pardon.
07:20 Par contre, sur le fait que Dabia Benkired était en situation irrégulière
07:23 et n'aurait pas dû être sur le sol français,
07:25 et contrairement à ce qui a été raconté, le frère lui est sans ambiguïté.
07:28 Qu'est-ce que vous a dit précisément ?
07:30 - Alors je pense que c'est sincère de sa part, j'en suis même convaincu.
07:33 Je l'ai senti, d'ailleurs aucun membre de sa famille ne veut rentrer
07:36 dans l'arène politique et dans ces questions politiques.
07:40 Ils ne veulent pas de récupération, donc je pense que c'est tout à fait sincère.
07:43 En revanche, c'est vrai qu'il l'a reconnu, de toute façon on ne peut pas
07:46 ne pas le reconnaître qu'elle devait être expulsée, Dabia Benkired.
07:49 Mais en tout cas, il n'y a pas de volonté.
07:51 Si il y a quelque chose qu'on peut considérer que c'est politique,
07:53 c'est qu'eux veulent faire en sorte que ce genre d'acte ne se produise plus jamais.
07:57 D'ailleurs, l'ancien maire de New York, Michael Bloomberg,
08:00 a financé en partie la famille de Lola.
08:02 C'est la mère de Lola qu'il avait annoncée.
08:04 Ils veulent créer une association de défense d'enfants violentés.
08:07 - Alors dans votre interview, on découvre qu'il n'en veut pas à l'État.
08:11 Il répond, je cite, "Franchement, je ne préfère pas me poser la question
08:15 de savoir si l'État est responsable ou pas.
08:18 Oui, cette femme aurait dû être expulsée, mais j'essaie de ne pas y penser.
08:22 Ce serait me faire plus de mal qu'autre chose."
08:25 - Oui, c'est une manière de se protéger, je pense, essentiellement.
08:28 - Bien, merci Victor Lefèvre.
08:30 L'intégralité de cet entretien est à découvrir sur factuel.média.
08:33 Dans un instant, on va parler de tout à fait autre chose.
08:35 On va parler de la sécurité des écoles, des collèges et des lycées
08:38 après l'assassinat de Samuel Paty le 16 octobre 2020
08:41 et celui de Dominique Bernard vendredi de la semaine dernière à Arras.
08:45 Il est établi désormais que l'école est devenue une cible pour les islamistes.
08:48 Comment réagir ? Comment aider l'école ? Mieux sécuriser les élèves et les professeurs ?
08:53 Nous allons en parler avec un policier et Céline, qui est CPE,
08:56 vous savez, les fameux conseillers principaux d'éducation dans le Val-de-Marne.
08:59 A tout de suite sur Sud Radio.
09:01 - Sud Radio, l'heure libre, 10h11h.
09:05 - De retour dans l'heure libre, une heure d'analyse approfondie
09:08 et de décryptage des affaires qui font l'actualité.
09:11 Un nouveau rendez-vous hebdomadaire sur Sud Radio
09:13 avec le monde des faits divers de l'investigation.
09:15 Nous sommes en compagnie de Jean-Marie Bordry
09:18 et nos deux invités sont à présent Reda Belhage, porte-parole de l'unité SGP Police
09:23 et nous allons retrouver Céline, qui est CPE, c'est-à-dire conseillère principale d'éducation dans le Val-de-Marne.
09:29 Bonjour à tous les deux.
09:31 Alors, je le disais, trois ans après l'assassinat de Samuel Paty
09:34 et quelques jours après celui de Dominique Bernard, professeur de français à Arras,
09:39 les Français s'inquiètent pour la sécurité de leurs écoles et de leurs enfants
09:42 selon un sondage, 61% d'entre eux pensent que l'établissement que fréquentent leurs enfants
09:47 pourrait être pris pour cible par des terroristes.
09:49 Alors, Reda Belhage, je rappelle que vous êtes porte-parole de l'unité SGP Police,
09:54 est-ce que les Français ont raison d'être inquiets ?
09:57 Alors, je vais être objectif, oui, je pense qu'il faut être inquiet.
10:02 Alors la police, c'est sur le qui-vive depuis de nombreuses années
10:06 parce qu'on reste le pays d'Europe où on a eu le plus d'attentats.
10:11 Donc oui, la police est sur le qui-vive et là, actuellement, nous sommes en urgence attentat.
10:16 On est au maximum de nos capacités en termes de sécurité.
10:19 Et oui, les Français doivent être, je pense, plus vigilants.
10:23 Pas qu'ils aient peur, mais qu'ils soient très vigilants.
10:26 D'accord. Alors, je voulais demander à Céline, qui est CPE,
10:29 conseillère principale d'éducation dans le Val-de-Marne, je le rappelle,
10:33 également son sentiment. Est-ce qu'elle aussi pense que les Français ont raison de s'inquiéter ?
10:40 Alors, comme je rejoins les propos de la police qui, effectivement, met en avant la vigilance,
10:49 donc on doit tout savoir.
10:51 Maintenant, je pense qu'on doit faire attention à tout l'environnement,
10:57 ce qu'on fait d'habitude, mais là, en tout cas, être encore plus vigilants que d'habitude.
11:01 Donc on a renforcé les choses et voilà.
11:05 Donc oui, on est à l'abri de rien, même si on est dans notre établissement,
11:11 on a l'impression que tout se passe bien.
11:13 On est quand même plus vigilants et plus à l'affût de ce qui peut se passer.
11:17 Concrètement, pour vous, depuis quelques jours, ça se traduit comment ?
11:21 Est-ce qu'il y a un peu plus d'anxiété ? Est-ce qu'il y a un peu plus de vigilance ?
11:26 Comment qualifieriez-vous tout ça ?
11:29 Alors, du coup, nous, on nous a demandé de vérifier les sacs à l'entrée,
11:34 donc du coup, de demander aux élèves de bien vouloir ouvrir leurs sacs.
11:39 Donc une vigilance plus accrue, en fait, au portail.
11:43 Donc on y est toutes les heures quasiment pour faire ouvrir les sacs de nos élèves.
11:49 Donc ça demande bien évidemment une mobilisation plus accrue sur le terrain.
11:53 Et puis après, on est plus vigilants aux abords.
11:57 Donc souvent, on demande aux élèves de rentrer plutôt que de rester aux abords d'établissement
12:02 pour éviter qu'il y ait trop d'attroupements,
12:04 parce que c'est aussi ce qu'on nous a demandé,
12:06 donc de veiller à ce qu'il n'y ait pas d'attroupements devant nos établissements.
12:10 Donc voilà, on essaye de faire au mieux, tout en mettant en avant le fait qu'on est là pour les protéger,
12:16 veiller à leur sécurité.
12:17 Donc on leur demande de bien vouloir rentrer, d'éviter d'être tout seul.
12:20 Voilà, en général, ça se passe correctement.
12:23 Bien sûr, c'est un peu le paradoxe de la situation, d'ailleurs, parce qu'il faut éviter les attroupements.
12:27 Mais en même temps, si vous fouillez les sacs, forcément, ça fait la queue à l'entrée.
12:30 Question que je voulais vous poser, Madame, qui est-ce qui est chargé de fouiller les sacs des élèves ?
12:35 C'est-à-dire que les profs, les CPE ?
12:37 On leur demande de bien vouloir ouvrir les sacs.
12:40 Donc on a les assistants d'éducation qui sont présents au portail, nous aussi, CPE.
12:46 La direction vient aussi en appui.
12:49 On est tous ensemble, donc voilà.
12:51 Et après, effectivement, si un élève ne veut pas ouvrir son sac, on lui redemande.
12:57 S'il ne veut pas, on n'est pas censé le laisser rentrer.
13:00 Voilà un petit peu comment ça se traduit.
13:02 Alors, pour parler du contexte général, on sait depuis quelques temps que l'islam politique,
13:07 les frères musulmans en particulier, c'est assez documenté,
13:10 cible l'école d'une part parce que c'est le lieu de fabrication des esprits, bien sûr,
13:15 mais aussi de l'autre parce que c'est un lieu particulièrement vulnérable.
13:19 Reda, vous confirmez, trop d'écoles sont si peu sécurisées.
13:27 Alors, oui, je pense qu'il faut faire une analyse générale.
13:32 Déjà, la problématique dans les écoles, c'est que vous n'avez pas de bas d'eau en général,
13:38 hormis aux heures d'entrée et de sortie.
13:42 Et souvent, au-delà des attentats qui ont été déjoués par nos excellents services de renseignement,
13:50 sur la voie publique, il est plus facile, par exemple à Paris,
13:54 vous avez par la clameur publique ou un appel 17, des gens qui vont vous dire
13:59 "attention, il y a un individu qui est gardien d'or avec un couteau",
14:02 comme ça avait été vu, ou autre.
14:04 Mais là, dans les écoles, vous n'avez personne.
14:06 Bon là, c'est sûr, comme l'a dit si bien madame, c'est là que c'est important la vigilance,
14:11 parce que là, justement, le jour d'Arras, on avait eu un appel général, nous, sur nos ondes radio,
14:18 qui nous demandait de faire des passages dynamiques sur l'ensemble des établissements de France.
14:24 Qu'est-ce que c'est que les passages dynamiques ?
14:26 Les passages dynamiques, c'est-à-dire, vous avez le choix entre un passage,
14:29 c'est-à-dire, par exemple, pour les lieux de culte, au moment des offices,
14:32 on nous demandait de se mettre en garde statique, c'est-à-dire qu'on quittait le véhicule,
14:35 on mettait un point fixe afin de sécuriser, dissuader et prévenir les lieux, sur les lieux, pardon.
14:40 Et là, on nous demande de faire un passage, si on peut, de prendre un attache avec le chef d'établissement.
14:47 En l'occurrence, le jour où a eu lieu l'attentat d'Arras, un individu a été interpellé à Limay,
14:54 ce dernier faisait l'objet d'une fiche S, et il était trouvé porteur d'un couteau.
14:58 Donc, ça veut dire qu'au niveau...
15:00 C'est le fameux attentat des jouets dont a parlé le ministre de l'Intérieur.
15:03 Alors, l'enquête nous le dira, parce qu'il n'a pas été poursuivi pour un attentat,
15:06 il a été poursuivi pour port d'armes.
15:08 C'est là la limite, mais bon, c'est encore un autre sujet.
15:10 Mais nous, on a été très sensibilisés, on a dévié, c'est-à-dire qu'on a priorisé aujourd'hui,
15:18 notre priorité, suite aux attentats en Israël, c'est la sécurisation des lieux de culte,
15:25 et associations juives, et les établissements scolaires.
15:29 Alors, c'est pas facile néanmoins à sécuriser, les écoles, les collèges et les lycées de France,
15:34 je me retourne vers vous Jean-Marie.
15:37 C'est très compliqué, on peut notamment, en France en tout cas,
15:40 s'inspirer de ce qui se passe à l'étranger, parce que d'autres pays s'y sont mis avant.
15:43 Je vais d'abord vous emmener aux Etats-Unis, on va regarder ce qui s'y fait.
15:46 Alors là-bas, la menace...
15:47 Si vous permettez, je rappelle qu'il y a 60 000 établissements,
15:50 60 000 établissements, dont 10 000 collèges et lycées.
15:54 Donc c'est pas facile.
15:55 Non, c'est pas facile et ça coûte très cher en tout cas.
15:57 Ce que je voulais vous proposer, c'était de vous emmener aux Etats-Unis,
16:00 donc, pour regarder ce qui se fait là-bas.
16:02 Là-bas, la menace qui pèse en tout cas en termes de sécurité sur les écoles,
16:05 c'est même pas tant le terrorisme que les fusillades.
16:07 On en a beaucoup parlé, évidemment.
16:08 Oui, bien sûr.
16:09 Une enquête fédérale a été révélée il y a plusieurs mois,
16:12 qui était absolument édifiante.
16:14 En fait, aux Etats-Unis, les écoles se barricadent, tout simplement,
16:16 puisqu'on avait découvert que 43% des établissements qui avaient été sondés
16:20 possédaient un bouton panique à l'intérieur du lycée.
16:23 Ça veut dire que concrètement, si jamais une fusillade commence,
16:25 on appuie sur le bouton, comme dans les banques,
16:27 et la police arrive beaucoup plus vite.
16:29 Vous avez des portiques de sécurité, bien entendu,
16:32 des systèmes de vidéosurveillance,
16:33 et par ailleurs, on peut aussi noter le fait que des détecteurs de métaux
16:37 ont parfois été installés à l'entrée des écoles.
16:39 C'est pour vous dire si la situation est assez inquiétante aux Etats-Unis.
16:43 Ça, c'est pour ce qui se passe aux Etats-Unis.
16:45 Oui, alors justement, j'aimerais que Céline, qui est CPE,
16:48 je le rappelle, dans le Val-de-Marne,
16:50 réagisse par rapport à ce qui existe ailleurs,
16:53 chez nos voisins américains.
16:55 Qu'est-ce que vous pensez, d'abord, de ce bouton panique,
16:58 de ces portiques, qui apportent un peu plus de sécurité à l'établissement, Céline ?
17:04 Après, par rapport à ce bouton panique,
17:07 je pense que ça peut être une bonne chose,
17:09 en tout cas, un bouton qui puisse relier, par exemple, la loge,
17:12 parce que c'est souvent ceux qui sont, enfin la loge,
17:14 il est surveillant, bien sûr, mais la loge,
17:16 c'est eux qui sont quand même les plus à même d'être touchés,
17:18 de pouvoir avoir un bouton qui puisse peut-être relier
17:21 les établissements avec, pourquoi pas, la police ou la gendarmerie,
17:25 je ne sais pas.
17:26 Je pense que ça peut être une bonne chose.
17:29 Après, en ce qui concerne les portiques,
17:32 ça se discute, en fait, je pense qu'un individu
17:35 qui a envie de rentrer dans un établissement
17:37 ne va pas forcément passer par l'entrée principale.
17:40 Donc, voilà, après, c'est difficile pour moi de statuer,
17:44 je ne sais pas, je ne me rends pas bien compte,
17:45 je pense que ça dissuade.
17:47 Après, nous, au niveau de nos établissements scolaires,
17:49 il y en a quelques-uns, effectivement,
17:51 qui sont dotés de ces portails électriques.
17:53 En tout cas, c'est portique, voilà, excusez-moi.
17:57 Mais, voilà, moi, après, je pense qu'un individu qui veut rentrer,
18:01 il va peut-être être dissuadé, mais s'il rentrera,
18:04 moi, la problématique au niveau des établissements,
18:06 je pense qu'il faudrait axer ça sur le manque de personnel.
18:09 Parce que si vraiment...
18:10 Voilà, c'est une question cruciale.
18:12 Et là, on rentre un peu dans le vif du sujet.
18:14 C'est 60 000 établissements.
18:16 Comment on fait ?
18:17 S'il y a des missions de sécurité,
18:18 est-ce qu'il faut les confier à la police,
18:20 à une police donc en armes,
18:21 ou est-ce qu'il faut les confier à des sociétés privées ?
18:25 Ou est-ce qu'il faut former le personnel déjà existant ?
18:28 C'est quoi votre idée, vous, Céline ?
18:31 Alors, déjà, une collaboration avec la police,
18:34 la gendarmerie ou la police municipale,
18:36 pour moi, c'est impératif.
18:38 On ne peut pas travailler sans une collaboration étroite
18:40 entre les chefs d'établissement et les forces de police,
18:43 voilà, ou autres.
18:44 Ça, pour moi, c'est impératif.
18:46 Après, demander à chaque fois que la police passe
18:50 pourquoi pas des contrôles dynamiques,
18:53 comme M. disait, je pense que ça peut être une bonne chose
18:56 parce que ça dissuade quand même fortement
18:58 quand on a la police qui passe régulièrement
19:00 au niveau des heures de portail ou autre.
19:02 Donc là, on a pu le voir,
19:04 même s'ils sont quand même débordés
19:05 puisqu'en général, il ne serait pas qu'un établissement à gérer.
19:08 Et le personnel ?
19:12 Un personnel, est-ce que vous avez
19:15 ce qu'on appelait autrefois les pions
19:17 pour les gens qui ont plus de 50 ans ?
19:19 Est-ce que vous imaginez que ces surveillants
19:21 puissent être formés à des assauts de terroristes
19:25 ou à des assauts, à des agressions
19:27 où c'est totalement utopique par rapport à ce que
19:29 la réalité de terrain nous dit ?
19:31 Je pense que c'est utopique déjà,
19:33 qu'on appelle plus des pions, comme vous dites,
19:35 on les appelle des assistants d'éducation,
19:37 donc ils sont là pour éduquer,
19:38 en tout cas apporter l'éducation.
19:40 Maintenant, leur demander d'être assimilés
19:44 entre guillemets à des policiers
19:46 avec des missions particulières,
19:48 je pense que non, c'est complètement utopique.
19:50 Enfin, chacun son travail, j'ai envie de dire.
19:53 Et les assistants d'éducation,
19:55 en tout cas sur le terrain actuellement,
19:57 se sentent quand même pas très à l'aise
19:59 par rapport à cette situation.
20:00 C'est-à-dire qu'ils veulent bien faire leur travail,
20:02 mais ils ne veulent pas non plus risquer leur vie.
20:05 C'est quand même eux qui sont en première ligne.
20:07 Donc, une formation peut-être,
20:10 mais de là à aller jusqu'à des fonctions de policier, non.
20:13 Je pense qu'ils ne sont pas du tout aptes à ça
20:15 et ce n'est pas pour ça qu'ils ont fini entre guillemets.
20:17 - Oui, bien sûr.
20:18 - Pour moi, pas.
20:19 - Alors, on va demander dans un instant à Reda Belhach,
20:21 qui est, je rappelle, porte-parole de l'unité SGP Police,
20:24 son avis sur la question.
20:25 Est-ce qu'il faut déléguer la sécurité
20:27 des établissements au personnel,
20:29 former mieux le personnel
20:31 et essayer de comprendre comment mieux protéger nos écoles ?
20:34 On verra comment certaines régions comptent s'y prendre déjà.
20:37 A tout de suite sur Sud Radio.
20:39 - Sud Radio, l'heure libre, 10h-11h.
20:44 - De retour dans l'heure libre.
20:46 Une heure d'analyse approfondie et de décryptage des affaires
20:49 qui font l'actualité.
20:50 Un nouveau rendez-vous hebdomadaire sur Sud Radio
20:52 avec le monde des faits divers, de l'investigation.
20:55 On est avec Reda Belhach, porte-parole unité SGP Police
20:58 et Céline, qui est CPE dans le Val-de-Marne.
21:00 On va retrouver dans un instant notre correspondante en Israël
21:04 et l'on se demandait comment mieux sécuriser les écoles.
21:07 C'était notre débat et la première chose qui frappe
21:11 depuis l'assassinat de Dominique Bernard à Arras.
21:14 C'est la facilité déconcertante avec laquelle les agresseurs
21:17 peuvent rentrer dans les enceintes d'établissements.
21:21 Est-ce que, vous avez entendu ce que préconisait Céline, Reda,
21:27 est-ce que pour vous, les portiques de sécurité,
21:29 la formation, la meilleure formation des surveillants,
21:33 c'est une piste qu'il faut ouvrir, puisque la police
21:35 a déjà fort affaire par ailleurs ?
21:37 - Alors, déjà oui, il va nous falloir un coup de main
21:40 parce que la police ne peut pas pallier.
21:42 Comme vous l'avez dit, il y a 60 000 établissements scolaires,
21:44 nous on est un peu plus de 100 000.
21:46 Ça va être compliqué pour nous, en plus des missions
21:48 de police-secours et toutes les autres.
21:50 Maintenant, en ce qui concerne le portique,
21:52 je pense que la législation, c'est un avis,
21:55 je pense qu'il faut aller step by step.
21:57 La législation aux Etats-Unis, surtout dans certains Etats,
22:00 concernant la circulation des armes,
22:02 est complètement différente de la France.
22:05 Maintenant, en ce qui concerne le bouton panique,
22:08 pourquoi pas ? Je pense que c'est une très bonne piste.
22:11 Et pourquoi pas lancer une expérimentation
22:14 dans quelques établissements scolaires
22:16 pour voir ce que ça donne ? Parce que l'expérimentation,
22:18 des fois, plutôt qu'imposer une chose,
22:20 parce que ça reste quand même un lieu éducatif,
22:23 c'est sensible.
22:25 - Alors, évidemment, des policiers en armes,
22:27 ça peut générer de l'anxiété.
22:29 D'ailleurs, la communauté en général des enseignants
22:32 n'aime pas beaucoup imaginer des policiers
22:36 aux portes de l'établissement
22:39 ou à l'intérieur même de l'établissement en armes.
22:41 Ça crée un climat très anxiogène.
22:43 Céline, vous pouvez peut-être dire un mot là-dessus.
22:46 Est-ce que c'est gênant pour vous,
22:48 une présence policière comme celle-là ?
22:51 - Je pense qu'on n'est encore pas aux Etats-Unis.
22:54 Donc voilà, il faut rester quand même
22:56 un peu plus calme là-dessus.
22:58 En ce qui concerne la présence de policiers,
23:00 je pense que ponctuellement, ça peut être bien.
23:02 Maintenant, des policiers armés présents
23:04 dans les établissements, je pense que non.
23:06 Clairement, ça serait très anxiogène pour tout le monde.
23:09 Et je pense que ça créerait justement
23:11 un esprit contre-productif.
23:13 C'est-à-dire que je pense que ça exciterait
23:15 plutôt les élèves plutôt que ça les calmerait.
23:17 En tout cas, je pense que ce n'est pas du tout propice
23:19 à un climat calme dans les établissements.
23:22 Ça peut d'une, attirer la peur pour certains,
23:24 et de deux, exciter certains élèves
23:30 qui pourraient trouver ça sympathique
23:32 de provoquer la police.
23:34 Donc non, je ne pense pas que ce soit une très bonne idée.
23:36 D'accord. Alors il y a aussi un exemple
23:38 qui mérite d'être médité.
23:40 C'est l'exemple israélien.
23:42 On sait que depuis des années, Israël doit faire face
23:44 à des problèmes de sécurité.
23:46 Je vous propose de retrouver Noémie Alouya
23:48 qui est correspondante de Factuel.Média
23:50 qui est aussi, que vous entendez souvent sur Sud Radio
23:52 et sur I24 News également.
23:54 Alors Noémie, vous êtes en ligne avec nous.
23:57 Comment les Israéliens ont réglé
24:01 ou on va dire, solutionnent
24:03 les problèmes de sécurité dans les établissements
24:05 qui sont autrement plus menacés encore
24:07 que les établissements en France ?
24:09 Alors vous savez, c'est une toute autre réalité.
24:12 Mais si vous voulez, à partir du moment
24:14 où le service militaire est obligatoire,
24:16 tout le monde est formé, si vous voulez,
24:18 à la sécurité et entre guillemets au risque terroriste.
24:21 C'est-à-dire qu'il faut imaginer un pays
24:23 dans lequel toute la population a ses trois ans d'armée.
24:25 C'est-à-dire à porter l'uniforme pendant trois ans,
24:27 à manier les armes pendant trois ans,
24:29 à former les femmes d'ailleurs, au même titre,
24:31 parce qu'il y a des unités de combat
24:33 qui sont entièrement féminines, etc.
24:35 Donc autant les hommes que les femmes sont formés,
24:37 sont formés, si vous voulez,
24:39 sur toutes les questions sécuritaires.
24:41 Et donc forcément, c'est un pays qui n'aborde pas du tout
24:43 ces questions de la même façon.
24:45 Il n'y a pas de sécurité particulière devant les écoles en Israël.
24:47 En revanche, quand vous rentrez dans n'importe quel centre commercial,
24:50 quand vous allez à l'aéroport,
24:52 quand vous allez n'importe où où il y a du monde,
24:54 vous passez votre sac dans un portique
24:56 qui vérifie ce qu'il y a dedans.
24:58 La sécurité fait partie du quotidien.
25:00 La sécurité faisant partie du quotidien,
25:02 est-ce que ça veut dire que les parents d'élèves, par exemple,
25:04 sont particulièrement vigilants ?
25:06 Est-ce que ça veut dire que les élèves eux-mêmes
25:08 reçoivent des cours
25:12 pour savoir comment se comporter en cas d'agression ?
25:14 Alors les élèves n'ont pas de cours particulier,
25:18 mais encore une fois, les parents eux-mêmes ont fait l'armée.
25:21 Donc si vous voulez,
25:23 tout le monde sait plus ou moins
25:25 se trouver les bonnes solutions
25:27 dans ces cas particuliers.
25:29 Les écoles n'ont pas été jusque-là,
25:31 et encore heureux, la cible
25:33 de menaces terroristes.
25:37 Les enfants en tant que tels dans les écoles, pas encore.
25:39 Ce sont plutôt des lieux publics,
25:41 jusque-ici, comme on a pu le voir
25:43 ces dernières semaines, ces dernières années,
25:45 dans les moments de grande tension.
25:47 Ce sont les gares,
25:49 ce sont les lieux où il y a du monde.
25:52 Ce sont même les marchés,
25:54 ce sont les lieux où il y a des choses.
25:56 Je voudrais profiter de la présence de Reda Belladj,
25:58 dont je rappelle qu'il est le porte-parole de l'unité SGP Police,
26:00 pour l'entendre sur des exercices
26:02 assez nouveaux que les professeurs
26:04 et les élèves découvrent.
26:06 Ça s'appelle les exercices de tuerie de masse.
26:08 Rien que l'évocation de ça,
26:10 ça me fait froid dans le dos, moi, personnellement.
26:12 C'est un exercice qu'on a mis en place
26:14 depuis les derniers attentats
26:16 de 2015-2016,
26:18 qui ne sont utilisés que dans la police,
26:20 je précise.
26:22 D'ailleurs, on a fait plusieurs simulations
26:24 au sein du centre commercial régional
26:26 de Créteil-Soleil.
26:28 Les collègues n'ont que des bons retours
26:30 de ce stage-là,
26:32 parce que vous êtes au niveau opérationnel,
26:34 au niveau anxiété,
26:36 quasiment en plein acte terroriste.
26:38 Je sais que ça a fait peur,
26:40 mais je pense qu'à un moment,
26:42 vu que la France est le pays d'Europe
26:44 le plus attaqué
26:46 au niveau du terrorisme,
26:48 je pense qu'à un moment, il faut prendre
26:50 le courage à deux mains et qu'on change
26:52 un peu les mentalités.
26:54 Je sais que moi, j'ai des enfants aussi,
26:56 c'est frustrant,
26:58 mais il y a un moment, il faut qu'on avance,
27:00 il faut qu'on puisse être en capacité
27:02 de protéger tout le monde
27:04 et de préparer surtout tout le monde à une attaque terroriste.
27:06 Noémie Alouya, justement,
27:08 les populations israéliennes sont habituées
27:10 à ces exercices grandeur nature.
27:12 Oui, tout à fait, ça fait partie
27:14 de leur réalité et de leur quotidien,
27:16 puisque régulièrement,
27:18 ils sont confrontés à cette menace terroriste.
27:20 Donc aussi, ils ont mis en place
27:22 tout un tas de choses
27:24 qui permettent de la sécurité au maximum
27:26 au quotidien, même si,
27:28 vous l'avez bien vu avec ce qui s'est passé,
27:30 c'est jamais total.
27:32 Même toute la protection du monde
27:34 ne peut pas protéger à 100%.
27:36 Vous garantir une sécurité 100%, absolument.
27:38 Voilà, c'est ça, il y a toujours une part de risque,
27:40 mais il s'agit de la limiter au maximum.
27:42 Alors, il y a une autre chose qui existe
27:44 et qui est très développée en Israël,
27:46 en France, ce n'est pas vraiment dans la mentalité,
27:48 c'est le développement du permis de port d'armes.
27:50 Il faut savoir que là,
27:52 avec ce qui s'est passé,
27:54 il y a eu, coup pour coup,
27:56 deux allégements des permis de port d'armes
27:58 pour que les gens qui ont fait l'armée,
28:00 donc qui savent les manier, évidemment,
28:02 il ne s'agit pas pour l'État israélien de mettre des armes
28:04 dans les mains de n'importe qui,
28:06 mais enfin, ceux qui ont fait l'armée,
28:08 c'est-à-dire, quand même,
28:10 la grande majorité des hommes,
28:12 qui puissent s'armer
28:14 et pouvoir réagir
28:16 lorsqu'il y a une menace terroriste
28:18 qui pend du nez.
28:20 - Alors, j'aimerais vous remercier d'abord, Noémie Alouïa,
28:22 d'avoir été avec nous.
28:24 Je vous souhaite bon courage pour la suite de vos reportages.
28:26 - Merci à vous, d'être à la portage.
28:28 - Et prudence, bien sûr.
28:30 Je voudrais demander à Céline,
28:32 comment elle réagit d'abord par rapport
28:34 à ces exercices de tuerie de masse,
28:36 à ce contexte qu'on sent bien changer,
28:38 on change de paradigme là.
28:40 Est-ce que les professeurs français
28:42 sont à même de se dire que l'on peut presque dire à 180° ?
28:44 - J'ai du mal à me dire que ça va se passer comme en Israël.
28:46 Honnêtement, là, on est quand même sur un autre monde.
28:48 Est-ce que nous,
28:50 les professeurs sont à même de s'imaginer
28:52 faire ce genre de choses ?
28:54 Honnêtement, je ne pense pas.
28:56 Je pense que les professeurs
28:58 sont touchés par tout ce qui se passe.
29:00 C'est évident.
29:02 Ils sont meurtris dans leurs propres croyances
29:04 en l'éducation et en la transmission.
29:06 Mais, je pense que,
29:08 en fait,
29:10 on est touchés dans l'éducation et en la transmission.
29:12 Mais de là à imaginer ce genre de formation,
29:14 j'ai du mal.
29:16 Maintenant, je pense qu'il va falloir, de toute façon,
29:18 réfléchir à quelque chose.
29:20 Déjà, d'une, pour pouvoir préparer quand même les élèves.
29:22 Parce qu'on prépare tous les ans
29:24 aux alarmes incendies,
29:26 on prépare à l'alerte d'intrusion.
29:28 Et je pense qu'il va quand même falloir réfléchir
29:30 à préparer quand même
29:32 aux alertes attentats.
29:34 D'une autre façon,
29:36 je ne sais pas laquelle,
29:38 je serais prétentieuse de ma part d'imaginer ça.
29:40 Mais je sais que Mme Pécresse, en tout cas, réfléchit
29:42 autour de ce thème
29:44 pour essayer de trouver des solutions
29:46 pour sécuriser tout le monde.
29:48 Maintenant, c'est compliqué
29:50 parce qu'à la base,
29:52 l'école n'est pas là pour ça.
29:54 Il y a une autre région
29:56 qui prend très à cœur
29:58 ce sujet, c'est la région
30:00 Auvergne-Rhône-Alpes.
30:02 Jean-Marie Bordry va nous raconter un peu
30:04 quelles initiatives ils comprennent.
30:06 Je vais donc réagir, Céline et Réda,
30:08 à ces initiatives.
30:10 - Exactement, ça c'est un exemple qui est assez frappant
30:12 sur le plan politique en France.
30:14 La région Auvergne-Rhône-Alpes a décidé
30:16 que ces établissements seraient tout simplement
30:18 équipés, en tout cas en ce qui concerne les lycées,
30:20 de portiques de sécurité.
30:22 Concrètement, pour le déploiement de cette mesure,
30:24 à ce stade, sur les 305 établissements publics
30:26 tels à la gestion des lycées,
30:28 250 sont équipés de portiques de sécurité.
30:30 Alors parfois, la configuration des lieux
30:32 fait que ce n'est pas possible
30:34 d'aller à un portique ou à un tourniquet.
30:36 Dans ces cas-là, vous avez un sas étanche
30:38 et les personnes qui y entrent sont surveillées
30:40 par une personne qui en a la garde.
30:42 Là où il faut apporter quelques bémols,
30:44 d'abord j'ai parlé de lycées, c'est important aussi.
30:46 En France, la région s'occupe des lycées
30:48 mais ça ne concerne pas les collèges
30:50 puisque là ce sont les départements.
30:52 Pour les écoles, l'autre bémol qu'on peut apporter,
30:54 on ne parle que de portiques de sécurité.
30:56 Je sais qu'il y a un drame qui vous tient à cœur,
30:58 Stéphane, c'était celui de Samuel Paty.
31:00 Malheureusement, il avait été assassiné
31:02 à la sortie de l'établissement.
31:04 Même protéger les établissements
31:06 ne met pas complètement à l'abri
31:08 les professeurs.
31:10 Reda Belhach, qu'est-ce que vous avez pensé
31:12 de ces initiatives ?
31:14 Je pense que toutes les initiatives sont bonnes.
31:16 Aujourd'hui, le problème de l'éducation nationale
31:18 comme la police,
31:20 c'est un problème de moyens.
31:22 Aujourd'hui, si une région peut aider
31:24 ses établissements à s'équiper en portique,
31:26 pourquoi pas ?
31:28 Je pense que de manière pérenne,
31:30 on est sur un axe de prévention,
31:32 de dissuasion.
31:34 Je pense que ça reste quand même
31:36 une piste intéressante.
31:38 Mais comme on l'a dit tout à l'heure,
31:40 le bouton serait peut-être plus efficace.
31:42 Je pense que c'est une bonne chose.
31:44 Le bouton panique,
31:46 le portique.
31:48 Céline, vous êtes, je le rappelle,
31:50 CPE, c'est-à-dire
31:52 conseillère principale d'éducation.
31:54 Les nouvelles sur les veillants de général.
31:56 Oui, un peu plus quand même.
31:58 On n'est pas que ça, mais oui.
32:00 Pour ma part,
32:02 comme je vous ai dit,
32:04 je pense que le bouton qui relie
32:06 la loge, parce que je pense que c'est
32:08 les personnes qui sont les premiers touchées,
32:10 la loge et la police, je pense que ce serait
32:12 une très bonne chose et ce serait très réactif.
32:14 Parce qu'en général, quand on appelle la police,
32:16 ils sont parfois forcément débordés,
32:18 mais ils agissent quand même certainement.
32:20 Ils agissent rapidement.
32:22 Je pense que le bouton, c'est bien.
32:24 Merci beaucoup. Merci de vous être rendu disponible
32:26 pour quelques instants avec nous et dans un moment,
32:28 on change de sujet et je voudrais vous présenter une femme
32:30 admirable. Elle s'appelle Myriam Meyer
32:32 et elle écrit un blog tout aussi
32:34 admirable de lucidité et de courage.
32:36 Le journal d'une cancéreuse où elle raconte son
32:38 quotidien de souffrance et de combat contre la maladie.
32:40 Quand on sait qu'il y a plus de 430 000
32:42 nouveaux cancers chaque année en France,
32:44 mettre des mots sur cette épreuve de la vie,
32:46 vous allez comprendre comme c'est concernant.
32:48 A tout de suite sur Sud Radio.
32:50 Sud Radio, l'heure libre,
32:52 10h11.
32:54 De retour
32:56 dans l'heure libre, je partage l'antenne avec
32:58 Jean-Marie Bordry et nous accueillons Myriam
33:00 Meyer, femme admirable, je le
33:02 disais à l'instant. Myriam, vous avez
33:04 38 ans, vous êtes mère de famille, de
33:06 3 enfants, vous êtes épouse et
33:08 surtout, vous avez décidé de rendre
33:10 public votre cancer et vous racontez
33:12 chaque semaine sur factuel.média
33:14 comme un journal de bord. Le quotidien
33:16 de votre combat contre la maladie
33:18 et je signale que c'est extrêmement bien écrit.
33:20 Vous avez appris votre cancer
33:22 du sein il y a un peu plus d'un an et vous avez
33:24 subi une chimiothérapie, une
33:26 ablation du sein. Vous êtes maintenant
33:28 sortie de la phase de soins et dans
33:30 l'attente de résultats pour savoir si les
33:32 tumeurs cancéreuses ont bien été
33:34 éradiquées. Vous tenez donc un blog
33:36 "Journal de bord d'une cancéreuse"
33:38 depuis le mois dernier.
33:40 Je voulais commencer tout simplement
33:42 au-delà de vous présenter.
33:44 Vous demandez comment vous
33:46 êtes venue cette idée de tenir
33:48 ce journal que l'on retrouve
33:50 comme ça. C'est votre goût pour la littérature ?
33:52 Vous étiez prof de lettres
33:54 je le rappelle au collège avant d'être
33:56 arrêtée. C'est ça qui vous a donné envie d'écrire ?
33:58 Ou c'était absolument
34:00 indispensable pour tenir ?
34:02 Alors moi j'ai toujours écrit.
34:04 En racontant ma réalité
34:06 de professeur dans les salles de classe.
34:08 De sorte que finalement
34:10 quand j'ai eu ce diagnostic, c'était un
34:12 mouvement tout à fait naturel pour moi de
34:14 continuer de décrire ce quotidien.
34:16 Si ce n'est qu'il était un petit peu différent.
34:18 J'ajoute que lorsque vous avez ce
34:20 genre de nouvelles qui vous tombent dessus
34:22 c'est le chaos total. Le cancer renverse
34:24 complètement la table.
34:26 Écrire c'est quelque chose que je connaissais.
34:28 C'était un exercice dans lequel je me reconnaissais.
34:30 C'était un petit peu une
34:32 encre.
34:34 Alors on va essayer de reprendre les choses dans l'ordre chronologique
34:36 si vous nous le permettez. Comment avez-vous
34:38 déjà vécu la nouvelle de votre
34:40 maladie ? On l'imagine c'est
34:42 une armoire qui tombe sur la tête.
34:44 C'est tout l'équivalent d'Ikea
34:46 qui vous tombe sur la tête à ce moment-là.
34:48 Il y a un effet de sidération. J'ai passé la semaine
34:50 qui a suivi à organiser mes funérailles
34:52 mentalement. J'avais choisi des très
34:54 beaux champs d'ailleurs.
34:56 Pour vous-même vous étiez
34:58 déjà en train d'organiser vos funérailles ?
35:00 J'exagère à peine.
35:02 C'est-à-dire que vous avez le sentiment que vous allez mourir.
35:04 Surtout quand on vous dit stade 3
35:06 que vous voyez que tout le personnel médical...
35:08 Il y en a 4.
35:10 C'est-à-dire que le dernier stade
35:12 c'est le cancer métastatique
35:14 avec lequel on peut vivre.
35:16 Vous avez des femmes qui vivent très longtemps
35:18 et vous en avez qui partent un peu plus vite.
35:20 Ma nature anxieuse fait que j'imaginais
35:22 que pour moi, avec mon niveau de chance
35:24 qui est celui de Pierre Richard, ça se terminerait
35:26 beaucoup plus vite.
35:28 Alors,
35:30 vous avez un fils âgé d'un an
35:32 seulement au moment de l'annonce
35:34 de votre cancer. Comment on gère déjà
35:36 la maternité ?
35:38 C'est-à-dire vous accompagnez
35:40 un enfant très jeune et vous
35:42 pensez à la mort en même temps.
35:44 Penser à la maladie simultanément
35:46 que penser à l'éducation des enfants,
35:48 c'est pas simple. - Oui, le plus difficile,
35:50 c'est que lorsque vous apprenez ce genre de nouvelles,
35:52 moi j'ai immédiatement pensé à mes enfants
35:54 et j'ai eu peur de rater beaucoup
35:56 de premières fois.
35:58 Le premier bac, la première autorisation de minuit,
36:00 même les petits-enfants, vous vous projetez
36:02 très loin.
36:04 Donc c'est évidemment un facteur d'angoisse.
36:06 Mais ce qui est ambivalent, c'est que
36:08 c'est porteur d'espérance aussi.
36:10 Ils désirent de vous battre pour eux.
36:12 Ce qui est compliqué, c'est le quotidien.
36:14 Vous avez intérêt à avoir un village autour de vous pour vous soutenir.
36:16 - C'est le cas ? Vous êtes très entourée ?
36:18 - Très. J'ai une chance folle.
36:20 J'ai été très entourée et c'est assez pratique.
36:22 - C'est important dans la maladie ?
36:24 - C'est fondamental.
36:26 C'est fondamental à bien des égards,
36:28 mais lorsqu'en plus vous passez la moitié de votre journée
36:30 la tête dans la cuvette des toilettes, c'est quand même bien
36:32 d'avoir quelqu'un qui fait les courses et qui va chercher le petit
36:34 à la crèche. - Oui.
36:36 Alors, vous avez
36:38 quelque chose de très particulier que je salue,
36:40 c'est que vous parlez de votre maladie avec un mélange
36:42 d'humour et de gravité qui est assez rare.
36:44 - La vie est
36:46 baroque, la maladie l'est aussi.
36:48 C'est-à-dire que le cancer
36:50 est tragique, mais j'espère ne choquer
36:52 personne en le disant, il y a un potentiel comique.
36:54 Il y a un potentiel comique
36:56 parce que... - On l'appréhende pas très bien pour vous dire la vérité.
36:58 - Oui, j'imagine bien.
37:00 Non, mais c'est vrai que le corps est mis à mal
37:02 et vous pouvez décider
37:04 de rendre les choses
37:06 encore plus tragiques et pesantes
37:08 comme vous pouvez de temps en temps vous arrêter
37:10 et vous dire "mais c'est à moi que ça arrive
37:12 tout ça, je suis chaud, je ressemble à...
37:14 c'est la nuit des morts vivants, je suis figurante
37:16 dans Walking Dead. Vous n'avez plus de cheveux,
37:18 plus de sourcils, vous vomissez,
37:20 vous avez mal partout."
37:22 Et au milieu de tout ça, malgré tout, la vie
37:24 continue. Vos filles rentrent
37:26 du collège, elles vous disent "qu'est-ce que t'as fait de ta journée ?"
37:28 Vous répondez "j'ai vomi". Dans l'absolu,
37:30 c'est aussi drôle. - Oui.
37:32 - Et je crois qu'il y a une forme d'élégance chez
37:34 beaucoup de femmes, que je suis sur les réseaux sociaux
37:36 notamment, qui montre un aspect de la maladie
37:38 qu'on ne perçoit pas forcément.
37:40 Il y a quand même une glamourisation du cancer, aujourd'hui,
37:42 qui est intéressante,
37:44 mais qui cache
37:46 le caractère sous-jacent de la maladie, qu'il faut montrer aussi.
37:48 - Je voudrais vous demander très
37:50 concrètement comment vous avez fait pour annoncer
37:52 à vos enfants votre maladie,
37:54 annoncer à votre mari
37:56 votre maladie, annoncer à vos proches,
37:58 annoncer à votre famille, annoncer à vos collègues,
38:00 bref, comment on fait déjà pour
38:02 changer
38:04 finalement de visage vis-à-vis des autres ?
38:06 - Alors on improvise.
38:08 Beaucoup.
38:10 J'ai énormément lu
38:12 de conseils faits par des pédopsyches,
38:14 par des psychiatres,
38:16 sur la façon de gérer ça.
38:18 Le plus difficile, c'est les enfants. C'est d'annoncer
38:20 à deux adolescentes et à un petit bonhomme de 8 mois
38:22 qu'on a un cancer, avec des mots
38:24 très simples, en disant ce qu'il fallait
38:26 mais sans en dire trop non plus,
38:28 en restant très ouverte
38:30 à toutes les questions. - Oui, parce qu'il ne faut pas leur
38:32 communiquer non plus d'anxiété.
38:34 - Non, et puis il faut prendre les choses l'une après l'autre.
38:36 Quand je leur ai annoncé ça, j'avais tous mes cheveux,
38:38 j'avais encore mes deux seins.
38:40 Donc j'aurais dit, il y aura des étapes et on va les vivre
38:42 les unes après les autres, sans
38:44 imaginer les choses.
38:46 On improvisera quand elles arriveront.
38:48 - C'est plus simple de le dire à son compagnon ?
38:50 - Est-ce que c'est
38:52 plus simple de le dire à son compagnon ? J'ai la chance d'avoir
38:54 un mari qui a été un soutien extraordinaire
38:56 et qui au fur et à mesure des étapes me disait
38:58 "Tout va bien se passer, c'est pas un cancer".
39:00 Bon, ben c'est un cancer, mais ça va bien se passer quand même.
39:02 De sorte qu'en fait, il l'a appris
39:04 quasiment en même temps que moi, et il a été
39:06 extraordinaire, alors que c'est terrible aussi
39:08 pour un homme d'apprendre que sa femme va traverser tout ça.
39:10 - Bien sûr. Et est-ce
39:12 que c'est important pour vous, parce que ça a fait débat
39:14 il y a quelques semaines, on se demandait
39:16 s'il fallait parler de son cancer.
39:18 Qu'est-ce que vous dites ? - C'est
39:20 Jean Genest qui disait qu'écrire, c'est lever toutes les
39:22 censures. Je crois que
39:24 on fait absolument ce qu'on veut.
39:26 Une femme qui veut en parler, en parle.
39:28 Une femme qui ne veut pas le faire est tout à fait légitime
39:30 à se taire. Cela
39:32 étant dit,
39:34 raconter ce qui vous arrive peut
39:36 énormément aider non seulement les malades, les autres
39:38 malades qui vont se reconnaître
39:40 dans cette expérience, mais aussi les proches.
39:42 Parce qu'on est très démuni quand on apprend qu'un proche
39:44 traverse ça, et leur dire
39:46 "Voilà ce qu'on traverse", et bien ça peut les aider
39:48 aussi à apporter du soutien,
39:50 du réconfort aux malades.
39:52 - Alors, on parle souvent de crise de l'hôpital.
39:54 J'aimerais vous demander
39:56 très concrètement comment jugez-vous l'accompagnement
39:58 du personnel médical dans votre
40:00 cas ? Vous vous êtes
40:02 sentie bien accompagnée ? - Moi, j'ai eu une
40:04 chance folle. J'ai le meilleur oncologue de la Terre.
40:06 C'est un homme qui m'a reçu pendant une heure et quart pour m'expliquer
40:08 ce qui m'attendait pour les huit prochaines années à venir.
40:10 - Les huit prochaines années ?
40:12 - Oui, parce qu'en fait, moi j'ai un cancer hormonodépendant.
40:14 Donc j'ai encore sept ans de traitement.
40:16 Avec des effets secondaires.
40:18 J'ai de l'arthrose par exemple. Il ne manque plus que
40:20 Parkinson, Alzheimer. - A votre âge ? - Oui, oui.
40:22 Je suis bonne pour les pads.
40:24 J'ai eu un oncologue extraordinaire.
40:26 Des infirmières dont la délicatesse,
40:28 la bienveillance, l'écoute
40:30 m'émerveillent encore.
40:32 Chef de service de radiothérapie aussi.
40:34 Je considère que là-dessus, j'ai été
40:36 bénie des dieux. Je me suis rendue
40:38 compte en revanche que ça n'est hélas pas le cas
40:40 pour tous les malades. Et ça, je le dis vraiment.
40:42 Je sais que beaucoup de gens sont dans des aires médicaux.
40:44 Mais si vous pouvez trouver un bon
40:46 oncologue, humain et à l'écoute, c'est
40:48 essentiel pour le parcours de soins. - D'accord.
40:50 Qu'est-ce qui a été le plus difficile
40:52 dans cette année de soins dont vous sortez
40:54 tout juste, je le précise ?
40:56 - La chimio. - La chimio.
40:58 - Ah la chimio. - La chimio, c'est
41:00 la chute des cheveux.
41:02 On voit son apparence évoluer là. - Oui, c'est la première
41:04 image que les gens ont. C'est celle d'une
41:06 femme chauve, la tête dans la cuvette. C'est pas
41:08 complètement faux, mais il y a énormément d'effets secondaires
41:10 dont on ne parle pas. Moi, j'avais regardé dans
41:12 le Vidal. Je m'étais dit "Bon, je vais
41:14 me transformer en zombie". La perte des ongles,
41:16 les mucites, les neuropathies,
41:18 les troubles du transite. - Ça, je savais pas.
41:20 La perte des ongles. - Eh ben oui, on peut perdre des ongles. Alors moi, je les ai
41:22 perdues quatre mois après la chimio, j'ai perdu des ongles
41:24 aux pieds. Non, non, mais c'est vraiment
41:26 charmant comme expérience.
41:28 Les pertes de mémoire aussi, les troubles de la
41:30 concentration, l'arthrose,
41:32 comme je vous le disais, il y a pas mal de choses. Mais
41:34 on a aussi quand même des protocoles
41:36 thérapeutiques pour accompagner ça.
41:38 Et puis avoir un cancer sans souffrir, je dis souvent
41:40 que c'est tricher. - Ah oui.
41:42 Vous n'avez pas perdu votre
41:44 sens de l'humour. Il y a des effets secondaires dont
41:46 on parle peu et
41:48 que vous avez évoqués
41:50 dans votre journal. Et ça vous paraît
41:52 important de les évoquer.
41:54 - Oui, ça paraît important parce que
41:56 d'abord, les effets secondaires varient énormément
41:58 d'une patiente à une autre.
42:00 Moi, je ne les ai pas tous eus,
42:02 heureusement. Mais j'en ai eu quelques-uns
42:04 qui pouvaient être un peu handicapants.
42:06 Les neuropathies, par exemple, font que
42:08 vous allez avoir l'impression de marcher sur des tessons de bouteilles
42:10 toute la journée. Ou vous lâchez votre
42:12 ordinateur tout d'un coup. Il faut avoir des gros moyens
42:14 pour acheter un ordinateur derrière.
42:16 La ménopause artificielle,
42:18 on met les femmes en ménopause artificielle
42:20 et c'est des effets
42:22 secondaires qui peuvent être très difficiles quand vous avez
42:24 38 ans, que vous êtes un peu
42:26 allourés de votre vie d'épouse, de mère.
42:28 C'est compliqué à assumer quotidiennement
42:30 et on en parle moins parce que c'est moins frappant
42:32 que l'alopécie, par exemple.
42:34 - Dans votre blog, vous évoquez souvent,
42:36 je cite, "ce statut de victime
42:38 que le cancer colle à votre peau".
42:40 Le regard des autres qui vous renvoie
42:42 souvent ce statut de victime
42:44 que vous n'aimez pas beaucoup. - Que je n'aime
42:46 pas beaucoup parce que le cancer, c'est comme
42:48 la perle de mon sein, il ne me définit pas.
42:50 C'est constitutif maintenant de qui je suis, mais il ne
42:52 dit pas tout de moi.
42:54 J'ai quand même bénéficié d'un regard extrêmement
42:56 bienveillant. Je disais souvent que c'était pratique
42:58 d'être chauve pour squeezer la queue
43:00 au monoprix. Globalement, quand même,
43:02 les gens sont sympas quand vous apparaissez sans
43:04 sourcils, sans cils, même si ça fait un peu
43:06 peur parce que ça renvoie à la mort.
43:08 Ça présente aussi
43:10 quelques avantages quotidiennes.
43:12 Je plaisante, mais c'est vrai
43:14 qu'une fois que vous sortez du gros
43:16 de la thérapie,
43:18 de la chimio, de la chirurgie, de la radiothérapie,
43:20 vous rentrez dans un après qui est
43:22 plus difficile parce que vos cheveux repoussent
43:24 et les gens se disent "elle est guérie, c'est fini".
43:26 Alors que c'est là que tout commence puisque vous devez
43:28 digérer ce que vous avez vécu. - Bien sûr.
43:30 Et qu'on n'est pas à l'abri d'une rechute.
43:32 - On n'est jamais à l'abri d'une rechute.
43:34 Il faut vivre avec cette épée
43:36 de Damoclès, au-dessus de soi.
43:38 On peut choisir d'y penser tous les jours
43:40 ou on peut décider d'être dans un déni
43:42 confortable. Moi j'aurai des examens en décembre
43:44 qui me diront où j'en suis.
43:46 - Et justement, aujourd'hui on en parle, alors évidemment
43:48 vous avez ça en tête, mais
43:50 demain, vous allez y penser ?
43:52 Qu'est-ce que vous donnez comme conseil
43:54 justement à ces femmes
43:56 qui, comme vous, vont traverser
43:58 une épreuve ? Est-ce qu'il faut y penser ?
44:00 Ou au contraire, essayer de
44:02 ne pas y penser ?
44:04 - Je ne prétends pas que mon
44:06 expérience ait une portée universelle. Je leur dirai
44:08 ce que j'aurais aimé qu'on me dise à l'époque.
44:10 Premièrement, l'effet de sidération passe. Le temps
44:12 est un très bon médicament. Deuxièmement,
44:14 il faut prendre soin de soi.
44:16 Et troisièmement, il faut aimer se sentir
44:18 aimée. Ça fait passer le cancer
44:20 au second plan autant que possible.
44:22 - Est-ce qu'on peut se dire qu'à chaque moment
44:24 de la maladie, on apprécie
44:26 sa journée
44:28 comme si c'était la dernière ?
44:30 Est-ce que c'est comme ça, cet état d'esprit
44:32 vous a traversé ou pas du tout ?
44:34 - C'est ça, c'est ça, c'est ça.
44:36 - Je suis sûre que vous avez cet esprit, mais il ne faut pas vivre comme ça.
44:38 Parce que ce serait donner beaucoup,
44:40 beaucoup de force et beaucoup d'honneur au cancer.
44:42 - Vraiment, Jean-Marie ?
44:44 - C'est un très bon témoignage, non ?
44:46 - Je crois que, voilà, on est
44:48 vraiment ravis de vous avoir accueillis parce que
44:50 on sent à travers votre témoignage
44:52 beaucoup de force, même si vous en avez besoin
44:54 au quotidien. Je dois dire que vous êtes
44:56 tout à fait exemplaire.
44:58 - Bravo. On peut rappeler d'ailleurs que ce témoignage
45:00 est à retrouver du coup sur factuel.médias.
45:02 Ça s'appelle "Journal d'une cancéreuse".
45:04 Myriam Meier, vous nous racontez au jour, le jour,
45:06 si j'ose dire.
45:08 C'est pas exactement tous les jours, mais enfin, c'est
45:10 une fois par semaine. - Heureusement pour vous, d'ailleurs.
45:12 - Non, mais c'est très édifiant
45:14 parce que, évidemment, c'est très concret.
45:16 Alors, on vous souhaite évidemment chance,
45:18 courage. On espère continuer
45:20 à vous lire le plus longtemps possible.
45:22 Mais après, on espère qu'on ne vous lira
45:24 plus parce que tout ira
45:26 bien, comme avant.
45:28 Tout de suite, on parle auto.
45:30 - On va en parler dans un instant. On rappelle aussi ce message
45:32 parce que c'est la campagne. On est encore au mois d'octobre.
45:34 Mesdames, faites-vous dépister.
45:36 C'est primordial.
45:38 On en a beaucoup parlé. On en reparlera toujours.
45:40 Merci beaucoup, Stéphane Simon. - Absolument.
45:42 - On vous retrouve samedi prochain. - Avec vous.
45:44 Tout de suite, c'est Jean-Luc Moreau et Laurence Perrault.
45:46 Vous savez à peu près de quoi on parle. - Exactement. Vous savez ce qu'ils fêtent
45:48 ces 20 ans, en ce moment ? - Non. - Ce sont les radars automatiques.
45:50 Les seuls que vous n'êtes pas contents de croiser sur la route.
45:52 - Ça, je suis sûr, c'est pas un anniversaire
45:54 qu'on a envie de fêter. - Exactement. Autre invité, le numéro 2 de Stéphane Lentis,
45:56 est patron de la marque Citroën
45:58 pour présenter sa nouvelle C3 électrique.
46:00 Et puis, on parlera des voitures
46:02 de James Bond. Ça, c'est plus glamour, quand même.
46:04 Ce sera juste après les infos.
46:06 - A tout de suite sur Sud Radio.

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