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Chaque vendredi dans la matinale de Dimitri Pavlenko, Catherine Nay livre son regard sur l'actualité.
Retrouvez "Catherine Nay - Les signatures d'Europe 1" sur : http://www.europe1.fr/emissions/catherine-nay-les-signatures-deurope-1

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Transcription
00:00 Mais d'abord sur Europe, comme tous les vendredis, votre signature, Catherine Ney. Bonjour Catherine.
00:05 Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:07 Ce matin, Catherine, vous avez choisi de nous parler d'un livre qui est paru hier, intitulé « Est-ce bien nécessaire, Monsieur le Ministre ? »,
00:14 signé Jean-Pierre Jouyet. Jean-Pierre Jouyet, c'est l'un de ces dignes représentants de la nomenclatura française,
00:20 sortie de l'ENA, passée par les plus hauts postes de la République. Alors, dans ce livre, Jean-Pierre Jouyet bat sa coule,
00:25 puis il reconnaît s'être fourvoyé toute sa carrière. Tiens, tiens.
00:29 Oui, d'ailleurs, ce livre aurait pu s'appeler « Confessions d'un aveugle qui a recouvré la vue » ou « Les aveux d'un pénitent ».
00:36 Alors, une arc de la promotion Voltaire, celle de François Hollande, Jean-Pierre Jouyet fut et demeure un ami constant.
00:42 Dire fidèle, ce n'est pas tout à fait juste, parce qu'il avait accepté d'être le ministre des Affaires européennes de Nicolas Sarkozy,
00:48 ce qui avait tout de même refroidi la relation, mais ne l'avait pas empêché d'être son secrétaire général à l'Élysée.
00:53 Alors, figurez-vous que depuis qu'il n'est plus aux Affaires, Jean-Pierre Jouyet a réalisé que les critiques des Français envers les élites n'étaient pas sans fondement.
01:01 Il écrit « Je ne voyais pas le rôle néfaste de la bureaucratie pour la bonne marche du pays.
01:06 Je savais qu'elle existait, mais comme je n'ai pas eu à la subir, voyez-vous, j'avais des collaborateurs qui accomplissaient pour moi toutes les formalités,
01:13 un rêve inatteignable pour le vulgum PQ, c'est bien indifférent à la complexité administrative. J'ai découvert ces réalités plus tard. »
01:21 C'est un méa culpa absolument sidérant, Catherine.
01:24 Oui, mais toute faute avouée est à moitié pardonnée. Vous savez, Jean-Pierre Jouyet est un homme très sympathique, un chrétien de gauche, un grand affectif aussi.
01:32 Il a eu besoin de se délivrer du mal national pour y avoir involontairement participé, tout en précisant aussi que les locataires de l'Élysée qu'il a côtoyés,
01:40 Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy, François Hollande, jusqu'à Emmanuel Macron, son ex-poulain, dont l'incatitude l'a meurtri.
01:48 « Je n'ai pas senti chez eux le moindre intérêt pour ce sujet essentiel, la réforme de l'État obèse qui étouffe le citoyen. »
01:54 Moi, comme journaliste, je peux vous dire que je les ai tous entendus parler du sujet, enfin au moins le temps d'un discours.
01:59 Alors, François Hollande d'ailleurs avait promis en 2013 un choc de simplification.
02:04 Alors, Jean-Pierre Jouyet met genou à terre. Il dit comme secrétaire général de l'Élysée « J'ai assisté sans rien dire, par conformisme, par conservatisme,
02:12 à l'enterrement du rapport de deux chefs d'entreprise, François Zolder et Guillaume Poitrinal, qui proposaient de réduire toutes ces formalités excessives
02:20 auxquelles sont confrontées les entreprises et les citoyens. »
02:22 - Oui, idem pour Emmanuel Macron.
02:24 - Alors, lui, à son arrivée au pouvoir, il avait fait de la réforme de l'État l'un des piliers de sa politique, écrit Jouyet,
02:32 et lancé avec Édouard Philippe le Comité Action Publique. Mais l'ambition a tourné court, les propositions étaient troupées par,
02:40 c'est l'administration a eu raison, de ce grand dessin. En plus, après les Gilets jaunes, Emmanuel Macron a admis renoncer à réduire le nombre des fonctionnaires,
02:47 mieux 120 000 emplois publics ont été créés depuis 2020, la maladie française.
02:52 - Soit le nombre de postes qu'il entendait supprimer en 2017.
02:55 - C'est ça.
02:56 - Dans ce livre également, Catherine Ney, Jean-Pierre Jouyet, alors n'est pas une personne, quel est son but, pensez-vous ?
03:01 - Écoutez, d'abord, il a fait une grosse introspection personnelle et une enquête, et il décrit le travail qu'il conviendrait de faire pour relancer le pays,
03:09 parce que la crise démocratique aujourd'hui, dit-il, est une crise de l'efficacité, plus rien ne marche.
03:15 Il l'avoue, j'aurais aimé avoir cette mission, la réforme de l'État, ça m'aurait bien plu, et là, c'est trop tard.
03:20 Alors, il énumère toutes les aberrations, les doublons dans les administrations, les agences indépendantes qui poussent comme du chien d'an,
03:27 les superpositions de structures dans l'aménagement du territoire, l'aide au commerce extérieur qui n'a jamais été aussi déficitaire,
03:34 la prolifération des normes, le Code Général des Collectivités Territoriales, figurez-vous, est trois fois plus épais qu'il y a dix ans.
03:42 Tout est réglementé. Celle des bâtiments scolaires, par exemple, s'étale sur 1800 pages, précise-t-il.
03:48 Ça rend fou, les élus. Alors, Jean-Pierre Jouyet a échafaudé tout un plan qui va l'entendre, au moins, il a soulagé, lui, sa conscience.
03:56 - Et c'est déjà pas mal pour lui. Merci beaucoup, Catherine Ney.

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