Chaque vendredi dans la matinale de Dimitri Pavlenko, Catherine Nay livre son regard sur l'actualité.
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00:00 mais d'abord Catherine Ney, comme tous les vendredis. Bonjour Catherine !
00:03 Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:05 Alors Catherine, ce matin vous nous parlez de la difficulté à gouverner les Français,
00:09 peuple frondeur disait le général De Gaulle, peuple versatile également.
00:13 Oui, très vite, très mécontent.
00:15 Voyez, Emmanuel Macron a été réélu avec 58% des suffrages il y a un an,
00:21 mais sans faire campagne, et il en paye aujourd'hui le prix parce qu'il n'a pas de majorité.
00:25 Alors son impopularité s'explique bien sûr par la réforme des retraites,
00:28 que les Français étaient contes, mais aussi parce qu'on voit bien qu'il est bloqué,
00:32 que va-t-il faire, puisque tous les projets législatifs sont cloués au sol,
00:36 faute de pouvoir utiliser maintenant le 49-3.
00:39 C'est une vraie crise, alors il croit à des arrangements,
00:42 il paraît qu'on aura une réponse le 14 juillet, mais voyez,
00:45 son deuxième quinquennat est à peine commencé, c'est comme s'il était déjà fini,
00:48 son camp s'interroge, comment va tenir quatre ans,
00:50 surtout quand le rejet de Jupiter est aussi violent.
00:52 Alors Emmanuel Macron est un cas de figure unique,
00:55 mais au fond, chaque président l'a été aussi Catherine.
00:58 - Oui, regardez le général de Gaulle, réélu en 65 avec 55% des suffrages,
01:03 et il inaugurait sa grande réforme de président élu au suffrage universel.
01:07 Bon, mais il avait eu une balottage, ça l'avait concrarié,
01:10 mais trois ans plus tard, c'est mai 68, alors qu'en avril 68,
01:15 il est encore à 61% de popularité.
01:18 Il est tranquille, la croissance est à 5%, c'est le plein emploi,
01:22 on a voté en décembre la pilule pour que les femmes maîtrisent leur grossesse,
01:26 eh bien non, il y a des manifs, et pendant, les étudiants crient,
01:29 10 ans, ça suffit.
01:31 À la mimée, les syndicats ont repris les choses en main,
01:33 grève, le pays est à l'arrêt, plus rien ne marche, on connaît la suite,
01:36 les accords de Grenelle, le faux départ à Baden-Baden,
01:39 la fin de la Chienlit avec la dissolution,
01:41 le retour d'une majorité pléthorique, il se sépare de Georges Pompidou,
01:45 sans doute une erreur, son premier ministre depuis six ans,
01:47 lequel apparaît très vite comme le successeur.
01:49 En 69, le général a la mauvaise idée de tester les Français par référendum,
01:54 il est battu, il s'en va, voyez, au bout de 10 ans,
01:57 terminé, les Français n'en voulaient pas et c'était pourtant de Gaulle.
01:59 - Alors, Georges Pompidou lui succède,
02:01 mais son septennat est impacté par la maladie,
02:04 n'a pas pu donner le meilleur de lui-même, il décède en 74,
02:06 et donc, Valéry Giscard d'Estaing entre à l'Élysée.
02:09 - Oui, à 48 ans, le leader des Républicains indépendants,
02:12 Bachaban, le candidat des Gaullistes, qui détiennent, eux, la majorité à l'Assemblée.
02:16 Mais au lieu de chercher à les séduire, Giscard les traite comme des mougiques,
02:19 il compte sur Chirac, qui l'a fait élire et dont il a fait son Premier ministre,
02:24 pour les giscardiser, quel drôle d'idée.
02:26 La mission est impossible tant ils exècrent ce souverain qui les traite de haut,
02:31 donc, Chirac va chirakiser le Gaullisme et le septennat tourne au Western.
02:36 Chirac et Giscard deviennent rivaux,
02:38 résultat, Giscard est battu à la présidentielle,
02:41 il est devenu très impopulaire alors que les caisses sont pleines,
02:44 certes, il y a un million de chômeurs, c'est la crise du pétrole,
02:47 mais 7 ans, ça suffit, les français voulaient tourner la page.
02:50 - Et là, grand chambardement, Mitterrand arrive à l'Elysée après 23 années d'opposition.
02:56 - Ah oui, le héros étant censé vénérer, on l'appelle Dieu,
03:00 voilà ce qu'il veut, la rupture avec le capitalisme,
03:03 une débauche d'étatisme avec une générosité sans limite,
03:06 les allocations, les salaires, minimum vieillesse, tout est augmenté,
03:09 on fait payer les riches, l'impôt sur la fortune,
03:12 on nationalise 39 banques, 9 grands groupes industriels,
03:16 c'est la retraite à 160 ans, mais très vite, le franc décroche,
03:19 et les déficits, et fin octobre de 82, il y a 2 millions de chômeurs.
03:23 Alors c'est la volte-face, Mitterrand remplace Mouroir par Fabius,
03:27 centre du libéralisme, on change de discours,
03:29 les socialistes en perdent la brousse sol,
03:31 et en 86, malgré un changement de scrutin, la gauche perd le pouvoir.
03:35 Mais vous voyez, si on avait été en quinquennat,
03:38 Mitterrand aurait dû quitter l'Elysée, 5 ans, ça suffisait.
03:41 On connaît la suite, cohabitation avec Chirac,
03:44 et puis réélection de Mitterrand, reperte de majorité 5 ans plus tard,
03:48 et nouvelle cohabitation, vous voyez.
03:50 - Et puis 95, c'est enfin le tour de Jacques Chirac.
03:53 - Et avec le nouveau manège des 5 ans, vous voyez,
03:57 Jacques Chirac dissout au bout de 2 ans pour sauver Juppé,
04:01 qui était très impopulaire, expérimentation très hasardeuse,
04:04 qui va amener Jospin à Matignon pour 5 ans,
04:07 lequel croyait être élu avec son bon bilan,
04:10 et bien non, il est battu, comme je disais, 5 ans c'est trop.
04:13 Et puis ensuite, ce sera la même,
04:15 Nicolas Sarkozy ne pourra faire qu'un seul mandat,
04:19 François Hélan, élu sur l'anti-Sarkozy, ne pourra même pas se représenter,
04:24 et puis c'est l'élection surprise d'Emmanuel Macron,
04:26 que personne ne connaissait en France 2 ans plus tôt.
04:28 - Voilà, être une force faible comme l'Emmanuel Macron,
04:31 finalement ça n'est pas inédit, loin de là,
04:34 dans l'histoire de la 5ème République.
04:35 Merci pour ce rapide cours d'histoire Catherine Ney.