L'écrivain Emmanuel Carrère était l'invité de Léa Salamé mardi 26 septembre, pour plusieurs actualités. Il s'est aussi exprimé sur la Russie, et sur la Géorgie.
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00:00 Et ma chère Léa, ce matin vous recevez un écrivain !
00:02 Bonjour Emmanuel Carrer !
00:03 Bonjour !
00:04 Merci d'être avec nous ce matin.
00:05 Si vous deviez être un héros de la littérature et un pays, vous seriez qui ? Vous seriez
00:09 quoi ?
00:10 Alors le héros, ça serait deux à la fois.
00:15 Ça serait les deux personnages principaux de « Guerre et Paix », enfin les deux personnages
00:19 masculins qui sont le prince André d'un côté et Pierre Bézoukov de l'autre.
00:24 L'un étant totalement tendu et l'autre totalement flottant.
00:28 Et je pense que Tolstoy aime autant les deux et moi je me reconnais autant dans les deux.
00:32 Et un pays ? Et là vous êtes obligé d'en choisir un.
00:34 Et c'est plus difficile.
00:35 Ben non, je vais encore en choisir deux parce que pendant longtemps ça aurait été la
00:40 Russie et maintenant, comme beaucoup de monde, je commence à avoir un peu de mal avec la
00:44 Russie.
00:45 Et donc je lui substitue actuellement la Géorgie.
00:48 Et on va en parler.
00:49 On va peut-être parler tout à l'heure.
00:50 Et on va en parler.
00:51 On va parler de la Géorgie puisque vous signez dans une nouvelle revue qui est magnifique,
00:53 la Cometa, qui sort là, qui sort au mois d'octobre, qui est une revue de photographie
00:59 et de texte littéraire sur l'Est, qui veut mettre l'Est de l'Europe au centre de
01:04 la carte.
01:05 Et c'est absolument magnifique.
01:06 On va en parler.
01:07 Vous signez un texte sur la Géorgie qui est effectivement une de vos origines.
01:10 Et c'est pour ça que je voulais vous faire choisir entre la Russie et la Géorgie.
01:12 Mais vous avez réussi à ne pas choisir.
01:14 Mais d'abord, je vais commencer par une autre actu.
01:17 On vous invite pour deux actus.
01:18 Vous entrez dans la prestigieuse collection quarto de Gallimard, de votre vivant.
01:22 Ça veut dire quoi ?
01:23 La prochaine étape, c'est la pléiade ?
01:24 En fait, la pléiade, ce n'est pas forcément quand on est mort.
01:30 Et les quartos, c'est effectivement plutôt quand on est vivant.
01:35 Non, c'est un truc qui fait plaisir.
01:40 En plus, moi, c'est une chose que vraiment j'aime bien comme lecteur, ce type de choses
01:44 sur des écrivains que j'aime.
01:45 Donc, effectivement, oui.
01:46 Ça vous a fait plaisir.
01:47 Le premier volume s'intitule « Vers le réel ». Il paraîtra le 5 octobre en librairie.
01:51 Il est composé de vos textes de 1981 à 2016, accompagné d'une biographie avec beaucoup
01:57 de photos, beaucoup de photos et des documents inédits.
01:59 Mais c'est vrai qu'on vous voit sur des photos de vos parents jeunes, de vous, de
02:06 vos frères et sœurs, de vos amis, de vos amours, de vos enfants, même de votre petit-fils.
02:10 C'est Paris Match, un quarto ?
02:13 Non, ça existe.
02:14 C'est le principe de quarto, c'est d'avoir cet aspect.
02:17 Et moi, c'est une des choses que vraiment j'aime beaucoup chez quarto.
02:20 C'est ces cahiers biographiques, photographiques qui font une centaine de pages.
02:25 Et on sent que vous avez pris plaisir à aller trouver les photos, à les choisir.
02:30 Je ne l'imaginais pas.
02:31 En commençant, je me disais « bon, je vais donner un paquet de photos et puis ils vont
02:34 se débrouiller ». Or, en fait, j'ai pris un énorme plaisir à faire ça, à agencer
02:38 ça, à faire comme chose, enfin une espèce d'objet un peu travaillé.
02:43 À mettre des légendes.
02:45 Il y a un truc d'intimité que vous donnez à ceux qui vous aiment, aux lecteurs ?
02:50 Oui, quand on fait ce genre de truc, évidemment, on livre une certaine intimité.
02:56 Et j'y ai pris plaisir.
02:58 Dans ce premier volume, on trouve vos deux premiers romans, mais aussi « L'adversaire »,
03:02 on trouve un roman russe, « D'autres vies que la mienne ». On trouve aussi vos articles
03:05 pour la revue 21 et un article très drôle « Comment j'ai complètement raté mon
03:09 interview avec Catherine Deneuve ». C'est un article que vous aviez publié en 2016
03:12 pour Première.
03:13 Pourquoi vous l'avez mis et pourquoi vous avez raté votre interview avec Catherine
03:16 Deneuve ?
03:17 Alors, j'ai raté mon interview avec Catherine Deneuve, un peu par la faute de Catherine
03:22 Deneuve qui était complètement pas là, si je peux dire, et qui d'ailleurs me l'a
03:27 dit très gentiment après l'article en me disant « Écoutez, bien joué ! ». Et
03:33 parce que j'avais essayé aussi de faire le malin.
03:35 J'avais essayé de me dire « Ce n'est pas une interview, c'est une espèce de
03:39 conversation, de choses comme ça ». Enfin, je m'étais mis un peu au-dessus de ma
03:43 fonction que j'exerçais là.
03:45 Et donc, mal m'en a pris.
03:47 Mais comme toujours dans ces cas-là, quand un truc est foireux, si on le raconte…
03:52 C'est vrai, c'est un peu comme quand on dit « Si j'avoue que je mentais, ce n'était
03:58 pas vraiment songe ». Mais il était marrant à faire cet article.
04:02 On découvre aussi vos talents de dessinateur.
04:04 Enfant, vous dessinez beaucoup, vous avez un trait comme on dit.
04:07 Et il y a notamment un dessin que vous avez fait adolescent à l'Ancre de Chine que
04:10 vous avez fait de vous, un autoportrait en vieux intitulé « Portrait de l'artiste
04:15 en gâteux sympathique ». C'est ce que vous êtes devenu à 65 ans ?
04:19 Je pense que j'ai encore un petit peu de marge pour atteindre ça.
04:24 Mais somme toute, ce n'était pas forcément si mal vu.
04:26 Vous dites dans la préface à propos de ce dessin « Chacun a un bon âge, celui auquel
04:30 il sera s'il l'atteint au meilleur de sa vie et de lui-même ». Est-ce que vous
04:34 y êtes à cet âge-là ?
04:35 En tout cas, j'y suis plus que quand j'étais jeune.
04:38 Je n'étais pas un bon jeune homme.
04:41 J'étais très empétré.
04:45 J'ai plutôt l'impression de m'être bonifié avec l'âge.
04:52 C'est peut-être une illusion.
04:53 Mais j'ai l'impression que j'étais parti d'assez bas.
04:59 Comment vous allez en ce moment ? Est-ce que vous allez comme le chante Nina Simone ?
05:03 « It's a new dawn, it's a new day, it's a new life for me.
05:11 It's a new dawn, it's a new day, it's a new life for me.
05:22 And I'm feeling good. »
05:30 Are you feeling good Emmanuel Carrel ?
05:32 Ecoutez, ma foi, plutôt.
05:35 Plutôt aussi comme quand on s'engage, ce qui est mon cas, dans un travail vraiment
05:43 de longue haleine et qu'on est relativement confiant.
05:48 Alors, se disant bien sûr qu'à un moment cette confiance va se perdre.
05:50 Mais au moins, on pourra se rappeler qu'on l'a eu.
05:54 Quel travail de longue haleine ?
05:55 C'est difficile à dire.
05:58 Pas du tout par cachoterie.
06:00 Malgré tout, ça tourne un peu autour de cette guerre en Ukraine, de ce qu'est en
06:05 train de devenir la Russie, de ma propre histoire familiale.
06:10 C'est-à-dire que vous êtes parti pour écrire quelque chose ?
06:13 Oui, il y a quelque chose que j'essaye.
06:16 J'écris des bouts de ci, de là.
06:18 Je ne sais pas comment ils vont s'agencer, sédimenter.
06:23 J'ai vraiment l'impression que c'est un truc qui va me prendre plusieurs années.
06:30 Il y a cette chose qui est à la fois fait un peu peur d'être au pied d'un mur très
06:35 haut, et en même temps, ça a quelque chose d'assez exaltant de se dire qu'on est
06:38 engagé dans un long travail qui forcément donne une forme à la vie.
06:44 Je vous ai pris feeling good parce que c'est vrai que les auditeurs se souviennent du moment
06:48 où vous êtes venu nous parler de yoga, ici, il y a deux ans, avec Nicolas Demorand.
06:51 C'était, je crois, vous étiez le premier invité de la rentrée, quand le livre était
06:54 sorti où vous parliez de cette dépression qui vous a frappé de manière très violente.
06:59 Et j'ai lu, en préparant l'interview, là, votre compagne actuelle, dans le journal
07:04 du dimanche en novembre, il y a un an, dire "Emmanuel est la personne la plus heureuse
07:07 que je connaisse".
07:08 Je ne dis pas heureux, je veux dire content.
07:10 Il pleut, tout va bien.
07:11 Il fait beau, tout va bien.
07:12 Il est malade, il est heureux d'être malade.
07:14 On est loin de yoga, quand même, là.
07:17 Oui, alors elle distingue effectivement ce qu'est le bonheur d'une espèce de capacité
07:23 de "je suis facile à vivre".
07:26 Effectivement, il y a une espèce de façon d'être plutôt content des choses telles
07:30 qu'elles sont, de ne pas chercher à ce qu'elles soient autrement.
07:33 Alors, ça peut aussi s'appeler une certaine indifférence.
07:36 Ah, ça c'est le risque.
07:38 C'est le risque, oui.
07:39 Et ça vous menace ?
07:40 C'est une autre façon d'appeler la même chose.
07:45 On vous a donc aussi invité ce matin pour parler de ce très bel article que vous signez
07:50 dans cette revue "Kometa".
07:51 Une revue qui a été fondée après l'agression de l'Ukraine et qui veut mettre, je le disais,
07:54 l'Est au cœur, l'Est de l'Europe au centre de la carte.
07:57 Le texte s'appelle "Un roman géorgien" qui répond évidemment à votre roman russe
08:02 où vous racontez votre séjour en Géorgie, la terre de vos ancêtres, de votre grand-père.
08:06 Vous avez attendu 64 ans pour vous confronter à vos origines géorgiennes.
08:11 C'est tard ?
08:12 Oui, c'est très tard et c'est surprenant parce que la Géorgie est un pays notoirement
08:17 agréable, tout à fait accessible.
08:19 Au fond, moi je suis d'une famille du côté de ma mère, d'un côté géorgienne, de
08:25 l'autre russe.
08:26 Et c'est complètement le côté russe qui l'a emporté.
08:30 Ma mère était Hélène Carrière d'Ancaux, c'était la spécialiste de la Russie que
08:35 vous connaissez.
08:36 J'ai grandi dans une culture et même dans la langue russe, même si je la parle mal.
08:41 Et ce côté géorgien de la famille avait peu de place.
08:46 Vous dites qu'elle trouvait que la Russie c'était plus noble et plus intéressant
08:49 que la Géorgie et vous dites que j'ai hérité de ce préjugé jusqu'à récemment.
08:52 Oui, c'est vrai.
08:53 Au fond, est-ce que vous connaissez beaucoup de grands écrivains géorgiens ?
08:59 C'est une part de ce qu'on appelle l'impérialisme russe aujourd'hui.
09:03 C'est-à-dire que ça a occulté tout ce qui n'était pas russe.
09:06 Et alors, qu'est-ce que vous avez compris en partant en Géorgie ? Je précise que vous
09:10 êtes parti aussi voir votre cousine parce qu'il se trouve que votre cousine est la
09:13 présidente de la Géorgie.
09:14 Elle s'appelle Salome Zohrabishvili.
09:16 Vous faites un parallèle entre elle et votre mère.
09:20 Elle, c'était cousine.
09:21 Qu'est-ce que vous avez découvert sur vous dans cette terre géorgienne ?
09:24 Alors, si vous voulez, autant la Russie.
09:36 C'est ce que je disais à propos des deux personnages de Tolstoy d'une certaine façon.
09:40 Autant la Russie est tendue, agitée.
09:44 Autant la Géorgie est un pays qui a quelque chose de très hédoniste.
09:49 C'est un pays sans doute agréable, jouissant de paysages extraordinaires, de bons vins,
09:59 de bonne nourriture, d'un mode de vie très nonchalant.
10:03 Ce qui en fait un pays délicieux.
10:05 D'ailleurs, le tourisme explose en ce moment.
10:08 Oui, j'espère qu'il ne va pas trop exploser.
10:10 Mais bien sûr, c'est ce que souhaite la Géorgie.
10:13 Et du coup, vous parlez à travers ce texte et à travers la Géorgie, justement, au contrepoint
10:17 de la Russie.
10:18 Vous dites des mots très forts.
10:19 Vous écrivez « Si choquant qu'il soit de dire ça en s'agissant d'un peuple
10:23 tout entier, on peut encore aimer quelques Russes, mais on ne peut plus aimer la Russie.
10:28 » Venons de vous.
10:30 Oui, c'est compliqué.
10:32 C'est terrible d'en venir à se dire ça et qu'il y ait de bonnes raisons de se dire
10:37 ça.
10:38 Alors bien sûr qu'il y a des Russes exceptionnelles et qui se font preuve de courage, comme la
10:47 figure la plus impressionnante étant celle de Navalny.
10:50 Mais il faut bien dire qu'actuellement, ce pays et ce peuple sont en train de s'enfoncer
10:59 dans une espèce de dystopie absolument effrayante.
11:01 On a l'impression que c'est un pays foutu pour au moins une génération.
11:09 Et quand je dis une génération, je suis optimiste.
11:12 Et vous dites que c'est un séisme.
11:13 D'ailleurs, vous aviez raconté dans l'Obs, vous étiez venu nous en parler, que le 24
11:17 février, au moment de l'agression de l'Ukraine, il se trouve que vous étiez en Russie.
11:21 Et vous racontez la réaction des Russes de vos proches qui ne pensaient qu'à une seule
11:24 chose, c'est de partir.
11:25 Vous le dites aussi, en voyageant en Géorgie, il y a plein de Russes qui ont fui la Russie
11:29 depuis l'agression de l'Ukraine pour arriver en Géorgie.
11:31 Et vous dites que 3 000 ou 4 000 Géorgiens sont partis se battre et parfois mourir aux
11:35 côtés des Ukrainiens.
11:36 A la fois parce qu'ils sont courageux, parce qu'ils sont généreux et parce qu'ils
11:39 se doutent que si la Russie gagne, ce sera bientôt leur tour à eux.
11:42 Les Russes, non.
11:43 Les Russes, ils se barrent.
11:44 Eux, tout ce qu'ils savent faire, c'est du yoga et boire des cappuccinos bien au chaud.
11:48 Alors, encore une fois, c'est injuste dans la mesure où ça ne concerne pas tous les
11:54 Russes.
11:55 Je me souviens que je me suis trouvé à un moment en Géorgie à assister à une manif
11:58 de Russes contre la guerre.
11:59 Les gars, ils étaient 300.
12:00 C'est absolument… Alors bon, on peut dire que ça ne sert à rien une manif contre la
12:04 guerre, mais c'est tout de même une espèce de façon d'aller se mettre au chaud sans…
12:11 Je ne peux pas leur faire la leçon.
12:13 Je ne sais pas ce que je ferais, moi.
12:14 Mais vous auriez espéré qu'il y ait un moment de la défiance à l'égard de Poutine.
12:19 Ça fait un an et demi que la guerre a commencé.
12:22 Et le soutien pour Vladimir Poutine et pour sa guerre reste très fort en Russie.
12:27 Alors, il est difficile à quantifier.
12:29 Les sondages n'ont pas grande valeur en Russie.
12:34 Parce que déjà, les sondages, on appelle les gens au téléphone avec leur nom.
12:37 Donc, si vous voulez, si on vous dit "Monsieur machin, est-ce que vous êtes pour ou contre
12:41 l'opération spéciale ?", c'est bon.
12:43 Mais on a tout de même l'impression qu'il y a une majorité, sans savoir qui exactement
12:52 ça… qui soutient la guerre.
12:55 Enfin, disons, il y a une petite partie de gens qui sont contre, une petite partie de
13:00 gens qui sont frénétiquement pour.
13:01 Et puis toute une espèce de marée de gens qui, comme tous les Russes depuis très très
13:07 longtemps, se défient énormément du pouvoir, se disent qu'il n'y a que des ennuis à
13:12 en avoir.
13:13 Et c'est aussi un pays qui n'a aucune expérience démocratique.
13:16 Il y a eu 10 ans de ce qu'on peut appeler de la démocratie, qui est uniquement associée
13:20 à du gangstérisme, à de la plongée dans la pauvreté.
13:23 C'est totalement négatif, la démocratie en Russie.
13:28 On peut lire tout ça dans ce très beau texte de la revue Cometa, je le rappelle.
13:33 Je crois qu'on peut la commander, la revue Cometa.
13:35 Ça s'écrit K-O-M-E-T-A.
13:38 On peut lire tout ça, on peut lire votre bouleversement au fond intérieur d'un homme
13:42 qui a aimé passionnément la Russie, l'âme russe entraînée par sa mère aussi, et
13:48 qui déchante.
13:49 C'est ça qu'on peut lire également dans ce texte-là.
13:52 Votre mère est décédée il y a un peu plus d'un mois.
13:55 Vous mettez de nombreuses images d'elle dans le quarto que j'ai là.
13:59 On recevait Charlotte Gainsbourg la semaine dernière qui racontait la difficulté à vivre
14:03 sans sa mère.
14:04 Elle dit avoir perdu sa colonne vertébrale, ses repères.
14:06 Est-ce aussi votre cas ?
14:07 Je n'ai pas l'impression d'avoir perdu ma colonne vertébrale ou mes repères.
14:17 J'ai l'impression que c'est la colonne vertébrale et ses repères.
14:20 Je les dois beaucoup à ma mère et qui sont très intériorisés.
14:22 Par exemple, ce que je raconte dans ce texte-là, c'est quand même quelque chose qui se joue
14:37 entre la partie géorgienne et la partie russe de mon histoire et entre ma mère et ma cousine
14:43 Salomé.
14:44 Elle s'aimait beaucoup, mais elle s'aimait beaucoup en étant vraiment assez loin l'une
14:49 de l'autre.
14:50 Vous allez pouvoir rentrer à l'Académie française maintenant ?
14:52 Non, je n'y tiens pas du tout.
14:56 Je n'aime pas le conformisme consistant à se moquer des institutions comme l'Académie.
15:01 Justement, ce serait un exemple d'y rentrer.
15:04 Votre mère n'y est plus.
15:05 Pour autant, je n'aurais pas envie.
15:06 Question de fin, vous répondez très rapidement.
15:09 Ça s'appelle les impromptus.
15:11 Un écrivain est-il forcément un menteur ?
15:12 Non, je ne crois pas.
15:16 Je pense que c'est… Oui.
15:18 Enfin, non, je ne crois pas.
15:19 Un écrivain est-il forcément un voleur ?
15:20 Un peu plus, oui.
15:23 Un peu plus.
15:24 Votre drogue favorite ?
15:25 Moi, je n'ai plus tellement de drogue.
15:30 Je vais vous dire, c'est un peu con, mais c'est le travail.
15:33 Enfin, oui.
15:34 Je pensais que vous alliez dire le sexe.
15:36 Je suis un peu déçue.
15:37 Je vous le dis tout de suite.
15:38 En lisant vos livres, je me suis dit, il va me dire le sexe quand même, non ?
15:41 Oui, aussi.
15:42 T.O.L. ou Gallimard ?
15:45 T.O.L.
15:46 Mais en même temps, T.O.L.
15:47 Comme vous le savez, ça dépend de Gallimard.
15:50 Yoga ou rugby ?
15:52 Yoga, sans l'ombre d'un doute.
15:54 Dostoevsky ou Tolstoy ? Vous y avez un peu répondu.
15:56 Alors, je vais encore vous dire les deux, en général.
15:59 Mais non, plutôt Tolstoy, à la vérité.
16:01 Thé ou café ?
16:03 Plutôt thé.
16:04 Est-ce que vous diriez que vous avez réussi ?
16:06 Je ne sais pas.
16:10 Je pense que le jeune homme que j'étais très inquiet qu'il a pu être serait très rassuré
16:17 par ce que je suis devenu.
16:19 Mais ça ne sert pas à grand chose d'être rassuré.
16:21 Êtes-vous toujours en analyse ?
16:23 Non.
16:24 L'amour, c'est l'infini à la portée des caniches, disait Céline.
16:26 Vous êtes d'accord avec lui ?
16:27 Non.
16:28 Vodka ou vin rouge ?
16:32 Alors là, les deux, je suis désolé.
16:34 Vous êtes incapable de choisir.
16:35 Vous n'avez pas choisi une seule fois.
16:36 Là, vous allez être obligé.
16:37 Saint-Paul ou Saint-Augustin ?
16:39 Saint-Paul.
16:41 Le pape François au stade Vélodrome, l'image vous a plu ?
16:44 Oui.
16:45 Et ce qu'il a dit ?
16:47 Sur les migrants ?
16:49 Il a dit qu'on se comportait terriblement mal.
16:52 Et qu'il fallait essayer de s'y prendre autrement.
16:56 La question Jacques Chancel pour finir.
16:59 Et Dieu dans tout ça ?
17:02 Vous en avez tout de la foi ?
17:04 Beaucoup plus loin que je n'en ai été à une autre époque de ma vie.
17:10 Emmanuel Carer était notre invité.
17:12 Je rappelle la revue Cometa avec votre texte, un roman géorgien.
17:15 Et puis le premier tome du Coirtau vers le réel.
17:18 Ça sort dans Collection Gallimard à partir du 12 octobre.
17:22 Je crois que j'ai tout dit.
17:23 Très belle journée à vous.
17:24 Merci.
17:25 Merci.