La Fondapol publie une vaste enquête d'opinion : 23.000 personnes ont été interrogées par Ipsos, dans les 27 pays de l’Union européenne.
Retrouvez "En toute subjectivité" sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/dominique-reynie-en-toute-subjectivite
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00:00 Le 7/10 sur France Inter.
00:04 7h20 en toute subjectivité avec le directeur de la Fondation pour l'innovation politique,
00:10 Dominique Régnier, bonjour.
00:11 Bonjour Nicolas Demorand.
00:12 La Fond'Appolle, Dominique, qui publie une vaste enquête d'opinion.
00:17 23 000 personnes ont été interrogées Nicolas, par Ipsos, dans les 27 pays de l'Union Européenne,
00:23 plus le Royaume-Uni.
00:24 Les questions ont porté sur la perception de l'idée européenne, le sens qui lui est
00:28 donné, son utilité, sa légitimité, les attentes qu'elle suscite.
00:32 Parmi tous les enseignements, je voudrais ici en relever un, parce qu'il est déterminant.
00:37 Dans l'ensemble des Etats membres, on ne trouve que 13% d'électeurs voulant que leur
00:42 pays quitte l'Union Européenne.
00:44 Et pour confirmer cette indication, dans la zone euro, ils ne sont que 8% à vouloir
00:49 revenir à leur monnaie nationale.
00:51 Or, dans le même temps, dans presque tous les Etats membres, les élections nationales
00:56 enregistrent pourtant la poussée de partis populistes, fondamentalement hostiles à
01:00 l'Union Européenne.
01:01 On constate donc un paradoxe, à la fois un soutien massif à l'Union Européenne et
01:06 une poussée du vote populiste.
01:08 Cela implique nécessairement que la plupart des électeurs populistes sont favorables
01:13 à l'Europe et à l'euro.
01:15 Alors question Dominique, qu'est-ce qui motive cette poussée du vote populiste si
01:18 ce n'est pas l'euroscepticisme ?
01:21 Notre étude montre qu'elle s'explique par une demande de puissance publique.
01:25 Les Européens doutent de plus en plus de leur État, de ses capacités, ce que j'appelle
01:30 le stato-scepticisme, de ses capacités face aux crises financières, terroristes, sanitaires,
01:35 migratoires, géopolitiques, face à la Chine ou aux États-Unis, face aux géants du numérique,
01:40 etc.
01:41 Les citoyens en appellent à une puissance publique supplémentaire européenne qui renforcerait
01:46 leurs États respectifs pour relever les immenses défis contemporains.
01:50 Ainsi, 86% des 23 000 Européens interrogés réclament des frontières communes et les
01:56 deux tiers une armée commune.
01:58 Et l'exemple du Royaume-Uni achève de les convaincre des vertus de l'Union.
02:02 Voilà huit ans que les Britanniques ont décidé de quitter l'Union Européenne et de faire
02:06 cavalier seul.
02:07 Quatre ans qu'ils en font l'expérience.
02:09 Aujourd'hui, ils sont 68% à vouloir revenir.
02:13 Quel échec pour les Brexiters, quel échec pour les populistes, quel échec pour les
02:17 tenants du souverainisme nationaliste.
02:19 Ce n'est plus l'euroscepticisme qui alimente le vote populiste, mais une demande de puissance
02:25 et d'efficacité pour assurer la défense des éléments constitutifs de toute communauté
02:30 politique.
02:31 Frontières, sécurité, valeur.
02:33 Les partis traditionnels ne répondront pas à cette demande, ou pas assez vite.
02:38 De plus en plus de citoyens se tournent vers les partis protestataires.
02:41 Mais non pour exprimer un euroscepticisme, sinon pour faire entendre leur besoin de puissance
02:47 et d'effet public dans un monde globalisé devenu bien plus rude et plus dangereux.
02:52 Il appartient aux responsables politiques nationaux et européens de se saisir de ces
02:57 revendications aussi fondamentales et légitimes.
03:00 Leur réponse scellera l'avenir de l'Europe.
03:03 Et ce sera en particulier le rôle du Parlement que les 360 millions d'électeurs européens
03:09 sont invités à désigner du 6 au 9 juin.