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Mercredi 21 juin 2023, SMART TECH reçoit Anne-Sophie Taillandier (Directrice, TeraLab, partenaire fondateur de Gaia X)

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00:00 (Générique)
00:03 ---
00:05 -Heureuse de recevoir Anne-Sophie Taillandier.
00:08 Bonjour et bienvenue. -Bonjour.
00:10 -Merci d'être là avec nous.
00:12 Vous allez faire la lumière sur le grand projet Gaia X,
00:15 qui est censé créer un vaste écosystème de données,
00:19 mais qui s'est attachée aussi à ces questions du cloud souverain.
00:23 "Attachée", peut-être que c'est là
00:25 où on a eu quelques malentendus au départ.
00:28 On va voir ça ensemble.
00:30 Vous êtes la directrice de TerraLab,
00:32 une plateforme data AIA de l'Institut des Mines Télécom,
00:35 premier groupe public de grandes écoles d'ingénieurs
00:39 et de management de France,
00:40 sous la tutelle du ministère de l'Economie des Finances
00:44 et de la Souveraineté industrielle et numérique.
00:47 TerraLab est opérationnelle depuis 2014.
00:49 Vous arrivez en 2015,
00:52 pratiquement au début de l'aventure.
00:54 A ce moment-là, on parlait beaucoup du big data.
00:58 On ne savait pas quoi faire de ces données
01:00 quand on était une entreprise qui collectait autant de data.
01:03 Est-ce qu'aujourd'hui, on sait quoi faire
01:06 de toutes ces informations numériques que l'on collecte ?
01:09 -On sait quoi faire, c'est un peu large.
01:11 En tout cas, on sait plus quoi faire.
01:13 A l'époque, c'était des entreprises sols
01:15 qui venaient avec la problématique d'utiliser leurs données,
01:19 de tester des nouvelles architectures.
01:21 La donnée transformait les organisations des entreprises.
01:24 Je pense que ça, c'est un peu fait, maintenant.
01:27 On voit arriver des filières.
01:29 Les champs d'observation nécessaires
01:31 au développement de nouveaux produits et services
01:34 vont engager des données de sa propre entreprise
01:37 mais des données qui peuvent être avant ou après le service
01:40 ou donner un champ d'observation plus large.
01:43 Là, se posent de nouvelles questions.
01:45 -Ca veut dire que les organisations
01:47 qui viennent vous voir, TerraLab,
01:49 pour tester des nouvelles organisations,
01:52 des nouveaux services autour du big data,
01:54 sont plutôt des grandes entreprises,
01:56 plutôt que des institutions publiques ?
01:59 -Je dirais un peu tout ça.
02:00 On a accompagné plus de 85 projets depuis le début de TerraLab.
02:04 Un projet allant de 3 mois pour une petite innovation,
02:07 5 ans pour un gros projet de recherche.
02:09 On a eu des projets dans tous les domaines,
02:11 en mobilité, en énergie, en santé et en industrie.
02:14 Une filière, ça peut être un constructeur et ses fournisseurs.
02:18 On peut avoir des entreprises plus petites.
02:20 Les PME, ça peut être plus difficile pour eux.
02:23 On a des actions...
02:24 -Vous arrivez à les accompagner dans leurs projets ?
02:27 -Oui, les PME, on est plus sur des aspects,
02:30 plus tester des IA, par exemple,
02:31 des services autour de la donnée,
02:33 pour voir si ça peut apporter quelque chose
02:36 dans leur réduction de coût ou dans les nouveaux services.
02:39 Les PME, c'est peut-être un peu plus visé.
02:42 Parfois, on a des PME plus grandes,
02:44 des ETI qui vont participer dans ces grands projets de filière.
02:47 -Aujourd'hui, vous avez prononcé le mot,
02:50 on ne parle plus tellement de big data.
02:52 On va passer à la phase intelligence artificielle.
02:56 C'est un sujet que vous connaissez bien.
02:59 Mais est-ce qu'on a aujourd'hui des modèles économiques
03:02 qui, véritablement, construisent solide autour de l'IA ?
03:05 Même question qu'on se posait à l'époque avec le big data.
03:09 -L'IA est un mot très vague et très vaste
03:11 qui contient énormément de choses.
03:13 Dans l'IA, il y a des services qui existent déjà
03:16 et qui sont déjà commercialisés.
03:18 Il y a des innovations.
03:20 Je parlais des filières de données.
03:22 Quand on commence à faire circuler de la donnée,
03:25 la partager, créer un marché de la donnée,
03:27 les modèles économiques peuvent être encore en devenir.
03:30 C'est effectivement une zone d'incertitude.
03:33 Je travaille vraiment dans les phases amont,
03:36 accompagner les entreprises pour expérimenter
03:39 des nouveaux produits, des nouveaux services,
03:41 des nouvelles technologies, pour voir ce que pourraient être
03:45 leurs produits et services dans le futur.
03:47 On est plutôt sur ce moment-là
03:49 où les données économiques peuvent être en construction.
03:52 Ca fait beaucoup de choses qui sont encore un peu instables,
03:55 qui font qu'il y a besoin d'une plateforme comme TerraLab,
03:58 qui vient donner un environnement de confiance, neutre,
04:01 où on va accompagner, aider,
04:03 permettre de trouver dans l'écosystème
04:05 des laboratoires de recherche et des entreprises innovantes
04:09 qui vont pouvoir venir aider sur la partie
04:11 nouveaux produits ou services,
04:13 pendant que nous, on va s'occuper de la partie infrastructure
04:16 axée aux données.
04:18 -On avait l'impression d'avoir beaucoup d'informations,
04:21 avec le big data, de ne pas savoir au départ vraiment qu'en faire.
04:24 Aujourd'hui, avec l'IA, la marche semble plus importante.
04:28 On se dit, est-ce qu'en France, en Europe,
04:30 on a suffisamment de données pour aboutir
04:33 à des choses intéressantes en matière d'intelligence artificielle ?
04:37 Comment est-ce qu'on fait pour passer cette étape
04:40 de l'apprentissage des algorithmes
04:43 qui nécessitent de collecter énormément d'informations ?
04:46 -Ca, c'est vraiment un élément clé, la donnée.
04:49 Après, on a cette richesse dans l'Europe d'être 27 Etats membres
04:54 et on a ce côté un petit peu...
04:56 ...fédéré, en fait,
04:58 avec des données dans différentes entreprises.
05:01 On n'a pas des géants de la tech, comme dans d'autres pays,
05:04 qui vont pouvoir avoir un accès à un nombre de données énorme
05:08 et donc pouvoir être autonomes.
05:10 Nous, on a cette richesse et cette contrainte
05:12 d'être plein d'acteurs avec chacun de la donnée
05:15 et pour pouvoir avoir cette masse de données,
05:18 il faut qu'on puisse la faire circuler, la partager.
05:21 Ca, c'est un élément clé qu'on cherche à...
05:23 Pas à régler, mais à aider, dans l'initiative Gaia X.
05:27 -Oui, donc, c'est, en fait,
05:29 prendre le problème de la donnée par un autre bout.
05:33 Plutôt que de se dire qu'on va miser sur des géants du numérique,
05:37 on va créer cet écosystème de données
05:40 en connectant, finalement, chaque ressource.
05:43 Ca veut dire installer une architecture
05:46 hyper sécurisée,
05:48 dans laquelle tous les acteurs vont s'entendre
05:52 pour partager leurs informations, car elles sont très stratégiques ?
05:56 -Oui, si on veut faire circuler la donnée,
05:58 elle peut avoir plus ou moins de valeur,
06:00 pour un cas d'usage et encore plus pour un autre.
06:03 On peut avoir de la donnée très sensible,
06:06 de la donnée plus ouverte.
06:07 Il faut que celui qui a la donnée puisse pouvoir la partager
06:11 dans un environnement de confiance,
06:13 c'est-à-dire qu'il puisse contrôler l'usage de la donnée,
06:16 là où ça va être restocké, comment elle va être utilisée, etc.
06:20 C'est pour ça qu'on est là,
06:21 on est sur un domaine qui est à la fois technique,
06:24 parce qu'il faut la partie architecture technique,
06:27 pour pouvoir l'échanger, mais il y a une partie juridique,
06:30 qui est comment est-ce que je peux, juridiquement,
06:33 contrôler l'usage qui va être fait de ma donnée
06:36 ou l'environnement dans lequel ma donnée va pouvoir se trouver.
06:40 -C'est à partir de cette ambition,
06:41 cette problématique aussi,
06:43 de créer un écosystème de la donnée en Europe
06:46 qu'est né le projet Gaia X ?
06:48 -Oui, voilà.
06:49 -C'est pas du tout, moi, l'histoire que j'avais en tête.
06:52 -Il y a les deux côtés.
06:53 L'objectif final, c'est d'avoir des espaces de données.
06:57 Un espace de données, c'est pas une centralisation,
07:00 mais c'est un espace de données, par exemple, sur l'industrie,
07:03 et on va avoir des données sur certains cas d'usage
07:06 qui vont venir de plein d'acteurs
07:08 et qui vont être utilisées pour ces cas d'usage.
07:11 La donnée, on a du mal à la séparer
07:13 de l'endroit où elle va être stockée,
07:15 de l'architecture technique, du cloud.
07:17 Le cloud a une utilisation exponentielle.
07:20 Il se pose des questions de comment je peux choisir,
07:23 quand je suis une entreprise, un service de cloud,
07:26 comment je peux comparer les services de cloud qui existent.
07:29 Il y a la partie commerciale, mais il y a aussi la partie technique,
07:33 la sécurité et risque juridique que je prends.
07:36 -C'est là où Gaia X entre dans le débat autour du cloud,
07:39 et en particulier du cloud souverain au niveau européen.
07:42 -Avant, on avait deux écosystèmes séparés,
07:45 la donnée, les espaces de données, et la partie cloud.
07:48 Avec Gaia X, on cherche à rassembler les deux domaines.
07:52 Et effectivement, pour certaines données,
07:54 on a besoin d'avoir des garanties d'immunité
07:57 par rapport à des lois extraterritoriales non européennes,
08:00 et de se dire que là, on ne pourra pas y accéder
08:03 d'un pays autre que l'européen.
08:05 -C'est peut-être à ce moment-là
08:07 qu'il y a un malentendu, au départ, sur Gaia X,
08:10 parce qu'on imaginait que c'était aussi l'initiative
08:14 qui allait pouvoir porter cette ambition
08:16 de souveraineté numérique dans le cloud.
08:20 Or, bada-boum, on voit des acteurs américains,
08:24 les grands GAFAM, faire partie du consortium Gaia X,
08:30 également des acteurs importants chinois.
08:33 On se dit, comment on peut travailler ce sujet
08:36 de la souveraineté, créer nos règles sécurisées,
08:39 protectrices, étanches aux règles extraterritoriales
08:42 sur la donnée, tout en incluant ces acteurs ?
08:45 -Ca, ça a été un grand moment dans Gaia X,
08:48 dans l'association, qui a plus de 350 membres,
08:50 de savoir, après les 22 membres fondateurs,
08:53 11 français, 11 allemands,
08:55 de savoir comment on ouvrait l'accès
08:57 à l'association et aux membres.
08:59 Il y a déjà quelque chose qu'on a sacralisé,
09:02 qui est le conseil d'administration de l'association,
09:05 qui n'est accessible qu'aux entreprises
09:07 dont le siège social mondial est européen.
09:09 -C'est un premier filtre. -Voilà.
09:11 Après, on voulait quand même aller chercher des standards,
09:15 en tout cas, pousser des standards et des règles
09:18 d'interopérabilité entre les services,
09:21 de portabilité et de sécurité.
09:23 Alors, on avait le problème que,
09:25 je ne sais plus quel est le pourcentage,
09:27 mais 85 % des services sont chez les GAFA
09:31 ou les Chinois.
09:32 Peut-on faire un standard ou un process d'interopérabilité
09:35 sans prendre les acteurs majeurs du marché ?
09:38 On a préféré les prendre en se disant
09:40 que c'était encore plus fort d'arriver à des règles
09:43 comme celles qu'on a faites dans GAIA-X avec eux,
09:46 et que c'était compliqué de faire sans eux,
09:48 alors que c'était les acteurs principaux du marché.
09:51 Donc, on a quand même réussi à pousser un schéma de label,
09:54 qui sont publics,
09:56 ils sont publiés sur le site de GAIA-X,
09:58 dans lequel il y a trois niveaux.
10:00 Le premier, qui est de la transparence.
10:02 Un second niveau, qui est plutôt un niveau
10:04 avec un premier niveau de cybersécurité
10:07 et l'obligation de proposer une option
10:09 où les données sont stockées et processées en Europe.
10:12 Et un troisième niveau, où là, on a,
10:14 vous pouvez regarder dans le document,
10:16 une section qui s'appelle "European Control",
10:19 dans laquelle on va mettre le plus haut niveau d'immunité
10:22 par rapport aux lois extraterritoriales non européennes.
10:25 -Ca veut dire qu'on ne peut pas avoir,
10:28 un niveau d'acteur extra-européen ?
10:29 -Non, c'est impossible.
10:31 C'est impossible, vous verrez, il y a quatre critères.
10:34 -Parce que, bon, vous allez me dire,
10:36 c'est ancien, là, ce que je vais vous raconter,
10:39 mais en novembre 2021,
10:41 Ian Lechel, qui appartenait à Scaleway,
10:43 donc un opérateur de cloud européen,
10:45 était venu nous annoncer, d'ailleurs,
10:48 en avant-première dans Smartech,
10:50 que Scaleway se retirait de GAIA-X,
10:52 parce que c'était un projet gangréné par les GAFA,
10:55 mais qu'on ne pouvait pas avancer.
10:57 -C'est un projet dans lequel il est compliqué d'avancer.
11:00 Les GAFAM sont là et ils défendent leurs intérêts,
11:03 qui sont parfois, enfin, pas contraires,
11:05 mais un peu en friction avec les intérêts de GAIA-X.
11:08 Ca ne simplifie pas la tâche de les avoir à l'intérieur,
11:11 mais en même temps, comme je vous disais,
11:13 ça rend le résultat encore plus puissant
11:16 de l'avoir en les ayant à l'intérieur de l'association.
11:20 -Et comment ça s'est passé sur le niveau 3,
11:23 qui les exclut totalement ?
11:25 -Ca peut être très tendu à certains moments.
11:27 Ca peut être très tendu.
11:29 Certains jouent plus ou moins le jeu,
11:31 mais en global, c'est des moments de grandes discussions
11:34 dans les groupes de travail où sont définies ces règles.
11:37 -Je voulais vous parler de cette initiative Euclidea,
11:40 qui est née un peu après GAIA-X,
11:43 mais comme une réponse, comme un écho différent.
11:46 C'est une initiative qui permet de montrer
11:48 quelles sont aujourd'hui nos technologies,
11:51 100 % européennes dans le cloud.
11:53 Je sais pas si vous avez suivi cette alliance,
11:55 si vous la connaissez,
11:57 mais aujourd'hui, on est à plus d'une centaine
11:59 de technologies 100 % européennes mises en avant.
12:03 Ca veut pas dire qu'on pourrait faire qu'entre nous ?
12:06 -Euh...
12:07 Enfin, ce serait bien qu'on arrive à faire entre nous.
12:10 Je suis pas sûre qu'on puisse faire complètement entre nous.
12:14 Ces 2 initiatives, Euclidea et GAIA-X,
12:16 sont complètement complémentaires,
12:18 ne traitent pas du même sujet.
12:20 Nous, on est vraiment sur GAIA-X,
12:22 plus sur ces problématiques de Nutri-Score,
12:24 qui vont pouvoir nous faire comparer
12:26 ces différents services.
12:28 Moi, je suis une entreprise, j'adorerais avoir la possibilité
12:31 de me dire "là, je risque ci, là, je risque ça".
12:34 C'est un peu compliqué.
12:36 Euclidea est plus sur la mise en avant,
12:38 pour moi, mais je connais moins bien,
12:40 de toutes ces technologies européennes.
12:42 -Donc, des ponts seraient possibles,
12:44 vous nous dites, aujourd'hui, entre GAIA-X et Euclidea ?
12:48 -Bien sûr. GAIA-X veut à terme pousser des catalogues
12:51 qui soient décentralisés de services.
12:53 Si on veut pouvoir aller trouver le service
12:55 qui correspond à son besoin,
12:57 il faut que je puisse accéder à un catalogue
12:59 où je puisse comparer les offres.
13:01 L'objectif ultime, pour la partie claire,
13:04 c'est celle-ci.
13:05 Toutes les technologies que Euclidea a répertoriées
13:08 pourraient faire partie de ce catalogue,
13:10 et du coup, d'accéder à un marché beaucoup plus large.
13:14 -Alors, quelle est l'actualité de GAIA-X ?
13:17 Où en est aujourd'hui le projet ?
13:20 Vous avez parlé des trois niveaux de sécurité
13:23 sur les échanges de données et leur hébergement.
13:26 Quelle est l'étape d'après ?
13:28 Et jusqu'où... Ca va.
13:30 L'objectif final, finalement.
13:32 -Donc, il y a une partie spécification et règles,
13:37 comme celle qu'on a dans GAIA-X,
13:39 les labels dont je parlais tout à l'heure,
13:41 et puis, il y a une partie opérationnalisation.
13:44 L'open source est essentiel dans GAIA-X.
13:47 Donc, l'objectif est de se cœur du réacteur de GAIA-X.
13:51 On a fourni des premières briques en open source.
13:54 L'étape d'après, c'est d'aller plus loin,
13:56 jusqu'à l'échange de données.
13:58 On a fait plutôt des briques au niveau de la présentation
14:01 et de mettre dans des catalogues
14:03 tous les services de cloud qu'on pouvait avoir.
14:05 Maintenant, on va aller jusqu'à les échanges
14:08 et la circulation de données.
14:10 C'est le prochain summit, en novembre,
14:12 où on va faire cette démo.
14:14 -Ce sera à Lycante, en Espagne ?
14:15 -A Lycante, à priori, d'après ce que j'ai compris.
14:18 L'autre partie, c'est la partie des data space.
14:21 On a parlé de choses très techniques,
14:23 qui sont plutôt dans le fond,
14:25 mais tout ça, comme je disais au début,
14:27 c'est au service d'espaces de données.
14:29 Il y a aussi des espaces de données
14:31 qui se montent.
14:32 Il y a des projets qui sont avancés.
14:35 Il y en a qui sont bien avancés.
14:36 Là, ce sera vraiment de montrer la partie
14:39 dont on parlait tout à l'heure, du modèle économique
14:42 et vraiment l'apport que ça peut avoir
14:44 pour toutes ces filières industrielles,
14:46 économiques, etc.
14:48 -Si je reprends ce que vous faites chez TerraLab,
14:51 quels sont ces projets ?
14:52 Peut-être que vous avez des exemples, déjà,
14:55 de projets qui ont abouti,
14:56 mais qui vont avoir besoin d'aller un peu plus loin
14:59 et qui vont avoir besoin de ce cadre
15:01 pour créer cet écosystème au niveau des filières,
15:04 l'écosystème de données.
15:06 -Alors, nous, au niveau de GaiaX,
15:08 il y a des projets phares, les Lighthouse Projects.
15:11 Par exemple, en France, on en a un,
15:12 c'est EonaX, sur la partie mobilité,
15:15 avec tous les acteurs de la mobilité.
15:17 Là, ce sera plutôt la partie mobilité multimodale
15:20 et, je dirais, à terme, même le ticket unique
15:23 qu'on rêverait d'avoir quand on part de chez soi
15:25 et qu'on va à un endroit, même si on prend un taxi,
15:28 un train, un avion, le métro, etc.
15:30 C'est vraiment ce type de cas d'usage.
15:33 On voit ce que c'est que l'échange de données.
15:35 Quand on est sur le ticket unique, c'est très facile à voir.
15:39 -Ca pourrait être une question commerciale ?
15:41 -Bien sûr.
15:42 Et après, ça pourrait être aussi sur des applis mobiles.
15:46 J'ai une appli mobile où je peux voir la totalité de mon voyage
15:49 et pas juste le voyage que je fais chez cet opérateur-là.
15:52 Ca serait puissant et on en rêve tous.
15:55 -C'est pas mal.
15:56 -Après, sur TerraLab,
15:58 on a des projets actuellement très intéressants en santé
16:02 où, pareil, on va aller chercher...
16:04 Là, c'est sur des maladies cardiovasculaires
16:07 et la prévention de maladies cardiovasculaires.
16:10 Plus clinique et plus recherche.
16:12 -Parce que là, on a, au niveau français,
16:14 on a un projet, le Health Data Hub.
16:17 Au niveau aussi de la PHP
16:20 et des hôpitaux, plus généralement en France,
16:23 on est déjà organisé autour de hubs de données.
16:25 -Oui, ces hubs de données sont très intéressants
16:28 et ils seront, pour moi, encore plus intéressants
16:31 si on arrive à les connecter à d'autres.
16:33 Gaia-X cherche pas à ce que tout soit décentralisé.
16:36 Il y a des initiatives où il y a des centralisations de données
16:40 ou la création de gros entrepôts de données.
16:42 L'idée de Gaia-X, c'est de se dire comment je peux les connecter
16:46 à d'autres initiatives sans avoir à tout refaire.
16:49 -Je voulais que l'on passe à cette séquence
16:51 qui s'appelle l'interview express
16:53 pour qu'on apprenne davantage à vous connaître.
16:56 Anne-Sophie Taillandier, je vous lance un mot.
16:58 Vous répondez à titre personnel ou professionnel.
17:01 C'est comme vous voulez. Quels sont vos rêves ?
17:04 -Trop ! -Oui.
17:05 -Haha !
17:06 Quels sont mes rêves ?
17:08 D'un point de vue... J'ai dû parler plus de ce professionnel.
17:12 Euh...
17:13 C'est compliqué, ce que vous me dites.
17:18 Pour moi, vraiment, j'aime bien...
17:20 De toute façon, ce qui me motive, c'est l'innovation,
17:23 c'est ce qui est en train d'arriver.
17:25 Et donc, je pense que...
17:27 Ça fait un peu cliché, ce que je dis.
17:29 Mais dans mon rêve, en fait...
17:31 Euh...
17:32 C'est compliqué. Vous me collez, là.
17:35 -Ah, mince ! Et alors, peut-être...
17:37 Le prochain grand défi du numérique ?
17:39 -Pour moi, là, avec Gaiaix,
17:41 on est vraiment sur des gros défis du numérique.
17:44 Pour moi, les gros défis du numérique,
17:46 c'est la réglementation, le cadrage.
17:48 La technologie est toujours en avance
17:50 sur les réglementations et les cadrages
17:53 qu'on peut avoir sur les utilisations.
17:55 Pour moi, la technologie a une utilité
17:57 quand elle sert un propos,
17:59 quand elle sert l'humain
18:01 et quand elle sert un cadre, je dirais, d'intérêt général,
18:04 etc. Il faut que ça serve les entreprises,
18:07 mais il faut que ce soit dans un cadre clair.
18:09 On voit en ce moment qu'on en a vraiment besoin.
18:12 -Justement, l'autre question, c'est vos peurs.
18:15 Est-ce que vos peurs portent en particulier
18:17 sur la conciliation entre créer ces vastes écosystèmes de données,
18:21 protéger la vie privée, la confidentialité
18:23 de ces données à titre personnel ?
18:25 -Alors, moi, la technologie m'a jamais fait trop peur.
18:28 Parce que je trouve qu'elle est super intéressante
18:31 et qu'on peut arriver à faire des choses...
18:34 On peut...
18:35 Les nouveaux traitements, la nouvelle façon
18:38 d'aborder la maladie, etc.,
18:39 c'est passionnant de voir là où on va pouvoir aller
18:42 avec les données.
18:44 Les peurs, c'est que, finalement,
18:46 tous ces travaux que je trouve très importants
18:49 et intéressants puissent être, finalement, ralentis
18:52 par de mauvaises utilisations dans d'autres domaines.
18:55 C'est toujours cette partie-là.
18:57 Et que, finalement, dans le grand public,
19:00 il puisse y avoir une image très négative à cause de ça.
19:03 Et que ça ralentisse ces projets
19:05 que je trouve quand même assez passionnants.
19:08 -Est-ce que, selon vous, l'innovation,
19:10 la recherche, peut répondre aux grands enjeux du siècle ?
19:13 -Ah, ça s'appelle le progrès ?
19:16 Rires
19:17 Euh...
19:18 D'une certaine façon...
19:20 -Le technosolutionnisme est pas mal attaqué, aussi ?
19:23 -Le technosolutionnisme est pas mal attaqué,
19:26 mais j'y crois encore, même s'il est pas...
19:28 Comme tout sujet, il est pas unique.
19:31 Si c'est juste technotechno, ça n'ira nulle part.
19:33 Il faut que ces technologies soient au service d'une société.
19:38 -Et donc, ce futur, vous l'imaginez comment ?
19:41 Plutôt... positif ?
19:43 -Je suis d'une nature optimiste, alors je vais vous dire positif.
19:47 -Et dans cinq ans, vous voyez Gaïa X où ?
19:49 -Euh...
19:50 A la limite, on n'en parle plus,
19:52 et la chose est rentrée dans le commun, en fait.
19:55 Dans le bien commun.
19:56 -Merci beaucoup.
19:58 C'était votre grande interview, Anne-Sophie Taillandier,
20:01 dans Smartech.
20:02 Directrice de TerraLab, de l'institut MinTelecom
20:05 et partenaire fondateur de Gaïa X.
20:07 Merci à tous. On fait une courte pause.
20:09 Je vous proposerai de réécouter ce grand rendez-vous
20:12 autour du monde du libre, qui va nous parler de textes censeurs,
20:16 mais aussi de promesses autour de data centers en bois.

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