• l’année dernière
Avec Dr Jean Abitbol, médecin ORL, auteur « des voix de notre vie » aux éditions Grasset

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##LE_FACE_A_FACE-2023-06-21##

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News
Transcription
00:00 Ici Sud Radio. Les Français parlent au français. Les carottes sont cuites. Les carottes sont cuites.
00:13 Sud Radio Bercov dans tous ses états.
00:16 Un scoop absolument mondial que je vous annonce et dont Sud Radio et nous-mêmes avons l'exclusivité.
00:24 C'est quoi ? Écoutez bien, Louis XIV n'était pas français, c'était un étranger.
00:31 Vous imaginez un peu le vacarme dans les chaumières ? A tout de suite.
00:35 Sud Radio Bercov dans tous ses états.
00:38 Pauvre roi est riche, mais il n'a rien à offrir. Pauvre roi dans des airs d'un royaume vide.
00:43 Pauvre roi, il ne rêvait pas de ce mode de vie. Pauvre roi, tout le monde l'admire, tout le monde se moque de lui.
00:48 Pauvre roi est riche, mais il n'a rien à offrir.
00:50 Pauvre roi, pauvre roi, mais enfin pauvre roi, arrêtez, quel pauvre roi ? Louis XIV, le plus grand roi de France.
00:56 Oui, mais alors le musée de l'histoire de l'immigration, vous savez qu'il vient d'ouvrir ses portes,
01:00 voilà, le musée de l'histoire de l'immigration, c'est très bien en principe et c'est même en pratique, c'est très très bien.
01:06 Mais alors, à force de vouloir dire ce que l'immigration a apporté à la France, et c'est très bien,
01:11 ils vont peut-être un peu loin. Par exemple, il y a une campagne publicitée qui est dans le métro,
01:16 Louis XIV a gardé un immigré. Ils n'ont pas dit un travailleur immigré parce que ça l'affichait un peu mal,
01:22 mais un immigré. C'est fou tous ces étrangers qui ont fait l'histoire de France, voilà.
01:27 Alors on voit effectivement le célèbre portrait de Louis XIV en tenue de sacre,
01:31 le roi de France, né d'une mère espagnole et d'une grand-mère autrichienne.
01:36 Voilà, et ça fait, ben voilà, donc c'est l'immigré, donc ça fait l'excellent français, c'est bien, bon, bon, pourquoi pas ?
01:43 D'ailleurs, je vais vous dire, je vais vous dire, il faut aller plus loin, l'immigration.
01:48 Par exemple, on dit que Shakespeare est anglais, c'est pas du tout, il est arabe.
01:52 Comment il est arabe ? Oui, il s'appelle Sher Esber.
01:55 Ça a été transformé, Shakespeare, mais quel Shakespeare !
01:59 Et par exemple, qui a refait Paris ? Ben c'est un arabe, c'est Haussmann.
02:04 On dit Haussmann, Haussmann, quoi Haussmann ? C'est Haussmann, le baron Haussmann, voilà.
02:09 Oui, il faut aller plus loin, non, tout ça, c'est n'importe quoi, Barbara Lefebvre, la grande gueule de chez les grandes gueules,
02:17 et lui, écoutez, c'est stupide, il y avait d'autres figures qui auraient pu servir, bien sûr, et vive les étrangers qui enregistrent la France !
02:24 Ben, lui, 14, n'est en rien le représentant de l'immigration, c'est n'importe quoi !
02:30 Vous avez des extraordinaires, vous avez des écrivains, vous avez des scientifiques, vous avez des ingénieurs,
02:36 qu'ils soient maghrébins, qu'ils soient africains, qu'ils soient espagnols, qu'ils soient italiens, qu'ils sont venus enrichir la France !
02:42 Vous avez besoin d'aller prendre Louis XIV, mais Louis XIV, mais allez, mettez votre fleur de lys sur les...
02:50 Mettez votre fleur de lys sur la figure, et cachez-vous !
02:56 Sud Radio Bercov, dans tous ses états, le face à face.
03:02 The Voice, l'émission la plus extraordinaire, évidemment, de la télévision française, et on va parler de quoi aujourd'hui, Lucien ?
03:18 De la voix !
03:20 Et oui, Jean Abitbol est avec nous, médecin RL, pour son livre "Les voix de notre vie", aux éditions Grasset,
03:26 vous nous appelez au 0826-300-300 pour participer à l'émission.
03:29 Alors Jean Abitbol, bonjour !
03:32 Bonjour !
03:33 Vous êtes médecin RL, vous avez écrit "Médecin RL", très connu, vous êtes pionnier de la chirurgie au laser des cordes vocales,
03:39 je rappelle, vous êtes l'un des plus grands spécialistes mondiaux de la voix, et puis là, vous racontez, effectivement, la première personne,
03:45 vous m'avez dit en rentant que c'était une commande de Grasset, ben ils ont bien fait !
03:48 Vous racontez les voix de notre vie, après quatre livres scientifiques écrits là-dessus, celui-là aussi,
03:54 mais celui-là raconte des choses, et ça nous concerne tous !
03:56 Vous savez très bien, en écritant sur la radio, la radio c'est quoi ? C'est d'abord la voix, même s'il y a YouTube et compagnie, on nous voit, mais,
04:02 qu'est-ce qui compte ? C'est ça, cette espèce de timbre !
04:06 Alors, moi j'aime beaucoup "phoniatre", ça vient de quoi ? Parce qu'on dit "vous êtes phoniatre", c'est ça ?
04:12 - "Phoniatre", c'est les gens qui sont spécialistes de la voix, bien sûr, mais de l'expression vocale également,
04:18 de la façon dont la voix peut être altérée, pas seulement par l'instrument,
04:22 et si vous voulez, il y a deux choses qui sont absolument fondamentales.
04:26 La première, c'est qu'on est 8 milliards d'individus sur la planète, et il existe 8 milliards de voix différentes.
04:32 - Comme autant d'empreintes digitales, vous voulez dire ?
04:34 - Exactement ! Par exemple, votre voix, M. Bercov, c'est qu'on l'entend dans un taxi,
04:40 on l'entend à la radio, on l'entend au téléphone, vous n'avez pas besoin de vous présenter, on sait que c'est vous.
04:44 Et à ce moment-là, en quelques secondes, si je vous fais "pam-pam-pam-pam", on sait que c'est la cinquième de Beethoven.
04:50 Et puis, lorsque vous dites un "bonjour", en quelques secondes, on sait que c'est vous.
04:54 Donc la voix est une signature. Mais la voix, c'est ça qui est fabuleux, c'est que la voix a deux éléments simples.
05:01 Et c'est le deuxième élément fondamental. C'est que d'abord, c'est un instrument.
05:05 Comme tout instrument, il y a un souffle, qui sont les poumons, les vibrations, que feront les cordes vocales,
05:11 et la caisse de résonance qui se trouve au-dessus des cordes vocales, qui sont dans la gorge, au niveau de la pomme d'Adam, et qui vont résonner.
05:17 - Si je vous parle comme ça, on va s'embrouder !
05:19 - Et que je vous parle comme ça, le son n'est pas le même.
05:21 Et donc ça, c'est l'instrument. Mais quelqu'un qui a un Stradivarius, qui a un violon, il va jouer, bien sûr.
05:26 Mais si la personne qui prend l'archet, et la main qui va conduire cet archet, n'a pas le côté émotionnel de l'affect,
05:34 pour pouvoir jouer, ben vous n'avez pas d'émotion.
05:37 - Donc il y a l'oreille qui compte autant ?
05:39 - Exactement. Et à partir du moment où l'émotion et l'instrument vont se mélanger, c'est la voix humaine.
05:45 Mais oui, comme vous dites très bien, c'est l'oreille qui pilote la voix.
05:50 C'est-à-dire que ce que vous entendez, c'est ça qui va vous perturber vous-même.
05:55 Si la voix vous révèle quand vous parlez, et bien elle vous révèle par l'écoute que vous allez en avoir.
06:00 Et cette écoute va être différente. Plus encore, si votre oreille est altérée.
06:05 Et c'est l'histoire que je raconte dans le livre, par exemple, de M. Aznavour,
06:09 qui était en train de chanter, et qui à un moment dans son concert, s'est mis à chanter "faux".
06:15 Et les critiques ont été terribles, puisque les deux premiers soirs, on ne savait pas très bien ce qui se passait.
06:20 - Il avait déjà 83 ans, hein ?
06:22 - Absolument, absolument.
06:24 - Oui, vous le racontez dans votre livre.
06:26 - Donc, habituellement, on n'était pas habitués à ça.
06:28 Et il me demande de passer de voix, et puis je l'examine, et ses cordes vocales,
06:33 parce qu'on a deux cordes vocales, on n'a pas cinq en dos, on a deux cordes vocales à l'horizontale, au niveau du cou.
06:38 Et elle est parfaitement bien. Et je lui dis "mais non, tes cordes vocales, ton instrument marche bien".
06:43 Mais effectivement, l'oreille ne marchait pas bien.
06:46 Je lui dis "tu n'entends pas bien ?" Il me dit "ah si, si", et son fils me dit "bah non, je crois qu'il n'entend pas bien".
06:50 Et on le fait donc tester l'audition, on met un appareil, et deux jours après, il chante magnifiquement bien.
06:56 Car le retour son qu'il avait au niveau de l'oreille était complètement corrigé.
07:00 Et on a tout simplement dit que j'ai corrigé ses cordes vocales, j'ai rien fait, j'ai tout simplement fait mettre un appareil.
07:05 - Impressionnant. Donc vous dites, oui, c'est comme un chanteur, sa réverbération, il a besoin d'écouter.
07:10 - Exactement, d'avoir un retour, bien sûr.
07:12 Et à la radio, c'est ça qui est magnifique.
07:14 Comme je disais il y a quelques instants, oui, la radio, c'est le symbole de la voix.
07:19 Mais à la radio, vous ne pouvez pas trahir, parce qu'à la radio, votre voix, immédiatement, si vous jouez à être autre chose,
07:26 on entend qu'il n'y a pas de sensualité.
07:28 - Vous voulez dire, ah oui c'est ça, c'est-à-dire que la voix, on la ressent comme ça sert ou pas, les auditeurs la ressentent comme ça sert ou pas.
07:33 - Tout de suite, tout de suite. Il leur faut quelques minutes, quand ils écoutent vraiment une émission,
07:39 qui est une émission dans laquelle ils se sentent eux-mêmes, entre guillemets, responsables de cette émission,
07:45 puisqu'ils l'écoutent, et quelque part impliqués dans celle-ci, ils vont l'écouter, et à un moment donné,
07:50 si on prend n'importe qui, il va parler, mais en faisant semblant de parler, et en jouant un rôle, il le sait tout de suite.
07:57 - Alors, Jean Midbol, votre livre est vraiment passionnant, je le recommande,
08:02 parce qu'il y a énormément d'informations, à part vos témoignages et tout ce qui se passe,
08:07 vos témoignages de médecins, de chirurgiens, de tous les gens que vous avez rencontrés, enfin d'un certain nombre de gens.
08:13 Mais moi, j'ai été la révélation incroyable, vous dites que l'enfant entend dans le placement, dans le ventre de la mère,
08:20 déjà il se passe énormément de choses au niveau de la voix et du son, mais l'enfant ne parle pas, il n'aimait pas de son.
08:27 - Non, l'enfant ne parle pas, mais pour pouvoir... - Le foetus, enfin. - Le foetus, tout à fait.
08:33 Le foetus, dès l'âge de 3 mois, dans sa vie de l'embryon, devient foetus.
08:37 - 3 mois après la conception, c'est ça ? - 3 mois après la conception.
08:40 Donc à 3 mois, lorsque le foetus arrive, entre guillemets, il est là, et il va commencer à entendre.
08:46 - Il commence à entendre. - Il commence à entendre. Et il va entendre quoi d'abord ? La voix de la mère.
08:51 Et si la maman est très joyeuse et écoute de la musique tous les jours,
08:56 elle va écouter un chant d'opéra, elle va écouter du pop, elle va écouter, peu importe, des Florent Pagny par exemple, peu importe.
09:03 Et à ce moment-là, que se passe-t-il ? Le foetus entend et réagit.
09:06 Et parce que la mère est heureuse. Et de ce fait, il va commencer à développer par stimulation,
09:11 le maître mot chez l'être humain, comme tout être vivant, c'est stimuler.
09:15 Il stimule l'organe de l'audition, puisqu'il écoute.
09:19 Mais de ce fait, il stimule l'organe, quelque part, de la voix, qui sont liées.
09:24 Et à ce moment-là, le monde du langage étant lié au monde de l'écoute,
09:27 oui, il va développer plus rapidement, en 12-13 mois après la naissance, il va parler plus vite que les autres, mais plus encore.
09:34 Il va être heureux, et ne déprime pas. En revanche, une maman qui est déprimée,
09:38 qui n'écoute pas de musique, qui est vraiment angoissée,
09:41 eh bien, oui, il y a un retard, et oui, elle est pénalisée.
09:44 Mais si vous permettez, je vais aller un tout petit peu plus loin.
09:47 - Allez-y, allez-y.
09:48 - Imaginons que pour différentes raisons, la mère n'est plus là.
09:53 Que l'enfant vient de naître, et que cet enfant a une famille adoptive, quelle qu'elle soit.
09:58 - Oui, je comprends, soit qu'elle est morte, soit qu'elle n'est plus là, enfin...
10:01 - Ce qui est magnifique, c'est que le plasma, comme vous dites, c'est-à-dire le cortex cérébral, pour être plus précis,
10:09 va être exactement comme plastique, c'est quelque chose qui va se transformer.
10:13 Et si l'ambiance entre l'âge de 1 jour et l'âge de 4 ans est superbe dans la famille,
10:17 oui, l'enfant également va développer des éléments passionnants au niveau de la voix.
10:21 - Oui, donc l'environnement est capital.
10:23 - Oui.
10:24 - C'est absolument passionnant, on va continuer vraiment cet entretien,
10:27 et c'est beaucoup de choses à dire avec le Dr Jean-Habitbol, "Les voix de notre vie", chez Grasset.
10:33 - Et vous avez la parole 0826-300-300 pour interpeller Jean-Habitbol sur son livre,
10:38 "Les voix de notre vie", aux éditions Grasset. On se retrouve tout de suite, 0826-300-300.
10:44 - Sud Radio.
10:46 - Bonjour à tous.
10:47 - Ici Sud Radio.
10:51 Les Français parlent au français.
10:56 - Je n'aime pas la blanquette de veau.
10:59 Je n'aime pas la blanquette de veau.
11:02 - Sud Radio Bercov dans tous ses états.
11:05 - Et oui, et nous sommes, en tout cas notre voix, et vos voix aussi,
11:10 sont dans tous leurs états avec Jean-Habitbol et son livre, "Les voix de notre vie".
11:15 Justement, on parlait, c'était passionnant, du fœtus, du bébé, etc.
11:19 Mais justement, on arrive au bébé, et vous avez une histoire dans votre livre qui m'a complètement bluffé,
11:25 Jean-Habitbol, c'est l'histoire de Mario. Mario est un nom d'emprunt, bien sûr.
11:29 Racontez-nous, parce qu'il y a eu quelque chose d'extraordinaire.
11:32 Est-ce que, oui, il est français, il va parler en français,
11:35 pas du tout, quand vous l'avez opéré, il y a eu quelque chose qui s'est passé ?
11:38 - Exactement, c'est une basse profonde de l'Opéra de Paris, qui avait 60 ans.
11:43 - C'est de l'Opéra de Paris, oui.
11:44 - Voilà, et qui avait 60 ans quand je l'ai opéré, il avait un énorme polype sur la corde de cale,
11:48 il parlait un peu comme ça, il avait complètement cassé, il ne pouvait plus chanter.
11:51 Donc je l'opère, je le connaissais bien, et puis au réveil, évidemment, je vais voir mes patients.
11:55 En salle de réveil, je dis "Mario, comment allez-vous ?"
11:58 Il parle un langage que je ne connais pas, une langue que je ne connais pas.
12:02 Et je demande à l'infirmière de Réa, de Réanimation,
12:05 "Écoutez, vous pouvez m'expliquer, il a fait un AVC, il a fait un accident vasculaire cérébral,
12:10 ça arrive, après une stésie, c'est très rare, mais ça arrive,
12:13 je suis très inquiet, parce qu'il n'a jamais fait de problème cardiaque."
12:16 Je lui dis "Monsieur Habitbol, calmez-vous, pas du tout, il parle grec."
12:19 Je dis "Quand il parle grec ?" Il dit "Oui, parce que moi je suis grec,
12:22 et j'ai la chance qu'il parle grec."
12:24 Donc je lui ai répondu, je lui ai dit "Mais attendez, il n'a jamais parlé grec,
12:27 il n'est pas grec du tout."
12:29 Je lui ai dit "Écoutez, je m'excuse, mais il parle grec."
12:31 Huit jours après, je le vois en contrôle, je regarde ses cordes vocales,
12:34 je touche du bois, tout va très bien, et puis à ce moment-là,
12:37 je lui ai dit "Écoutez, Mario, est-ce que vous parlez grec ?"
12:39 Il me dit "Pas du tout, je ne parle pas grec."
12:41 Je lui ai dit "Comment vous ne parlez pas grec ?"
12:43 Et là je lui ai dit "Mais vous êtes né où ?"
12:45 "A Salonique." "Ah, et alors ? Vous êtes venu en France à quel âge ?"
12:49 "Je suis né à l'âge de 4 ans, mon père a été fusillé à l'époque, par l'armée,
12:53 et moi, ma mère, on s'est échappé de Salonique, on est arrivé à Paris,
12:57 et puis j'ai eu la chance, avec la voix que j'avais dès l'âge de 15-16 ans,
13:01 de rentrer dans une chorale et puis de devenir basse profonde,
13:04 c'était un homme exceptionnel."
13:06 Et je lui ai dit "Mais chantez-moi quelque chose en grec."
13:09 Il dit "Oui, je connais un petit chose, mais c'est pour m'amuser."
13:12 Et ça, il s'est fait magnifiquement bien. Et en fait, que s'était-il passé ?
13:15 Comment se fait-il que cet homme, qui n'avait pas parlé grec depuis l'âge de 4 ans,
13:20 se met en réveillant parlant grec ?
13:22 - C'est ça, il retrouve l'alarme. - Au réveil de l'anesthésie.
13:25 Tout simplement, et ça c'est grâce à des collègues neurologues,
13:28 c'est une chose que je ne savais pas, et grâce à lui je l'ai appris,
13:31 parce que la zone qui s'oxygène la première, après une anesthésie,
13:37 c'est la zone de la langue maternelle,
13:40 qui est ensuite supplantée par la langue que vous avez appris après l'âge de 3-4 ans.
13:45 Et à ce moment-là, il parlait effectivement d'abord, au réveil,
13:49 l'oxygénation primordiale de cette région cérébrale,
13:53 qui s'appelle l'aire de Broca et l'aire de Wernicke,
13:55 et bien cette région cérébrale s'est oxygénée en premier, il a parlé grec.
14:00 Et preuve en est, et je vais poser des questions à certains de mes patients,
14:04 qui ont un certain âge, qui sont notamment portugais par exemple,
14:08 et quand ils s'énervent, quand ils ont 70-75 ans,
14:11 et quand je m'énerve, je parle en portugais.
14:14 - Oui, eux ils ont continué à parler quand même, c'est intéressant.
14:17 - Bien sûr, mais ça montre une chose, c'est qu'à un moment, il y a une chose magnifique,
14:20 c'est que la région maternelle du langage, plus encore,
14:24 cette région qui est, paradoxalement, qui est complètement hors du tabou,
14:29 quand vous apprenez une langue étrangère, quand vous parlez la langue étrangère,
14:33 les tabous que vous avez appris dans vos logos maternels,
14:35 ils n'existent plus dans la langue étrangère,
14:38 et vous pouvez insulter, dire ce que vous voulez dans une langue étrangère,
14:41 que vous ne faites pas en français.
14:42 - Oui, alors je voudrais juste dire quelque chose,
14:44 alors moi, mon expérience de journaliste et de reporter,
14:47 vous savez que je suis né au Liban, je parle arabe couramment,
14:49 enfin je suis pratiquement trilingue,
14:51 en français bien sûr, c'est ma langue maternelle, l'anglais, l'arabe,
14:55 et bien, quand j'interview des chefs d'État, etc.,
14:58 qu'ils soient égyptiens, palestiniens, syriens, etc.,
15:02 ils me diront beaucoup de choses en arabe,
15:04 mais je le dis en anglais ou en français, parce qu'en anglais ou en français, ils contrôlent !
15:07 - Exactement !
15:08 - Tandis qu'en arabe, qui est leur langue maternelle,
15:11 - Ils se laissent aller. - Voilà, ils se laissent aller.
15:13 - Tout à fait, et la spontanéité à ce moment-là,
15:17 fait que, à ce moment-là effectivement, si on s'énerve vraiment,
15:20 on préfère aller dans notre langue maternelle,
15:23 parce qu'on sait ce qu'on a envie de dire, et on n'est pas bloqué.
15:26 - Alors, docteur Abitbol, vous parlez d'une expérience terrible,
15:30 mais racontez-la, parce que justement, par rapport à l'enfant,
15:33 l'expérience de Frédéric II, en XIIe siècle.
15:36 - Alors, c'est un peu ce qu'on a dit en tout début d'émission,
15:38 quand vous m'avez demandé sur l'enfant qui va naître,
15:41 quelle langue il va parler, et l'enfant, le petit fœtus,
15:44 le petit d'homme qui est dans le ventre de sa mère, que se passe-t-il ?
15:47 Et le roi, l'empereur Frédéric II, au XIIIe siècle,
15:51 était empereur, bref, et il a demandé à tous ses serfs,
15:55 c'est-à-dire ses paysans de l'époque,
15:57 les enfants qui avaient entre deux jours et six mois,
16:00 on les "prenait", on les mettait dans des chambres séparées au palais,
16:04 une nurse venait leur donner à manger, n'avait pas le droit de parler.
16:08 - C'est-à-dire qu'ils voulaient faire une expérience ?
16:10 - Voilà, pour savoir quoi ? Qu'est-ce que la langue originelle ?
16:15 Est-ce que le petit qui vient naître va parler français,
16:19 parce qu'il est né en France, avec des parents français,
16:21 va parler araméen, va parler germanique, va parler anglais,
16:25 et il les a isolés jusqu'à l'âge de trois ans et demi, quatre ans.
16:28 - Il ne parlait pas, il n'entendait rien ?
16:31 - Il n'entendait que les bruits, entre guillemets, de la vaisselle,
16:34 de ce qu'ils mangeaient, mais rien d'autre.
16:36 Ils étaient complètement isolés.
16:38 La fin de l'expérience est terrible.
16:40 À l'âge de... quand on les a désisolés, quand on les a fait sortir,
16:43 on les a montrés aux gens pour parler, ils ne pouvaient pas parler.
16:46 Ils ne connaissaient que, d'après les dires de l'époque,
16:49 45 à 50 mots, et ils sont tous morts débiles profonds à l'âge de 12 ans.
16:53 C'est-à-dire qu'il n'existe pas de langue originelle.
16:55 C'est-à-dire que la stimulation de la voix est capitale pour l'être humain,
17:00 c'est un élément essentiel, presque indispensable,
17:05 pour pouvoir, avec l'autre, stimuler, et l'homme est un être social.
17:10 Alors pour les malentendants, si il y a un environnement avec une gestuelle,
17:14 avec une vision, j'allais dire, il regarde la voix,
17:17 il n'y a pas de problème non plus.
17:19 - J'ai une question qui dépend de votre livre, et qui n'allait pas à elle,
17:22 mais que vraiment le médecin que vous êtes, le praticien, l'expert que vous êtes,
17:28 quand il y a eu les masques, encore une fois sans prendre d'avis sur les...
17:32 Et quand, parce que beaucoup de gens ont dit que les enfants, les petits,
17:36 ont souffert du fait de ne pas voir, soit leurs parents, soit...
17:39 La bouche s'est exprimée.
17:41 - C'est-à-dire que quand on a eu les masques, il n'y avait plus le code "regard-voix".
17:46 Il n'y avait plus le code où il y a...
17:48 Un dress code, c'est pour les habillements, il y a un voice code.
17:51 Et le voice code fait partie du regard.
17:53 Si vous voulez, quand vous regardez, quand vous écoutez quelqu'un,
17:57 c'est un peu particulier ce que je veux dire, mais c'est vraiment très personnel.
18:02 Quand j'écoute quelqu'un, la voix va le révéler.
18:06 Je vais comprendre par sa voix quelle est l'impression de ce personnage.
18:11 Mais le regard, j'écoute avec le regard.
18:14 C'est-à-dire, s'il y a une harmonie entre le regard et la voix,
18:17 cet homme est sincère, authentique.
18:19 Les silences entre les mots vont être beaux.
18:21 Mais s'il y a une désynchronisation, je suis gêné.
18:24 Si en plus que j'ai un masque, je n'arrive pas à voir le mouvement des lèvres,
18:27 et le mouvement du visage, et cette expression indispensable par rapport à la voix,
18:31 je suis désorienté.
18:32 Or l'enfant va, par mimique, imiter également le visage des parents.
18:38 - C'est passionnant, parce que beaucoup de pilopsies 4, on dit que ça a fait...
18:42 - Ça a affecté beaucoup.
18:44 - Ça a fait beaucoup d'infectés, beaucoup d'enfants.
18:45 - Tout à fait.
18:46 - On en reparle tout de suite après une petite pause.
18:49 Jean-Habitbol, nos voix, notre histoire et notre vie.
18:53 - Oui, et si vous souhaitez faire entendre votre voix et vos questions,
18:56 à Jean-Habitbol pour son livre "Les voix de notre vie" aux éditions Graf-C,
18:59 vous le pouvez au 0826 300 300.
19:02 On attend vos appels 0826 300 300, à tout de suite sur Sud Radio.
19:06 - Les carottes sont cuites.
19:08 Les carottes sont cuites.
19:11 - Sud Radio Bercov dans tous ses états.
19:13 - Les carottes sont peut-être cuites, mais la voix est là.
19:16 Alors on en parle justement avec Jean-Habitbol depuis quelques minutes.
19:21 Et là, on pourra parler pendant des heures.
19:24 C'est absolument passionnant.
19:26 Et puis, alors justement, il y a, Jean-Habitbol, toutes les voix,
19:29 les voix des chanteurs, bien sûr, les voix des interprètes, les voix des politiques.
19:34 Alors pourquoi la voix des politiques ?
19:35 Parce que dans votre livre, vous parlez d'un certain général et d'un certain appel.
19:39 Et c'était à Radio Londres.
19:41 Et vous savez que notre générique, c'est le générique de Radio Londres.
19:44 - Absolument.
19:45 - Comme par hasard.
19:46 Et c'est très intéressant parce que, je vous ai dit,
19:49 quand en 68, il est revenu, au moment où on disait "Baden, Baden", il revient.
19:54 Et en 68, et il revient, mais au lieu de parler à la télé.
19:57 Déjà la télé était partout.
19:59 Il parle à la radio.
20:01 Et vous en parlez, et c'est très intéressant ça.
20:04 - Oui.
20:05 Je...
20:06 Comme dirait l'autre, merci de m'avoir posé la question.
20:08 - Parce qu'en fait, il parle le 28 mai 68 à la télévision.
20:13 Et on était encore sur les bancs, si je puis dire, et je le regarde.
20:17 Je me dis "Mais qu'est-ce que c'est que ce monsieur ?"
20:19 Oui, c'était bien, d'accord, il a fait la guerre, d'accord,
20:21 mais bon, c'est l'âge de mes parents, ok, mais c'est un grand-père, quoi.
20:25 Alors il est en train de nous dire "Allez travailler", oui, d'accord.
20:28 Et puis brutalement, le génie du général de Gaulle, le génie,
20:33 c'est qu'il a compris la puissance et le pouvoir de la voix.
20:36 Il l'avait compris d'ailleurs en 1933.
20:39 Après, je reviendrai sur l'année 1933.
20:41 Mais il a dit "Maintenant je parle à la télévision".
20:43 La télévision est noire, on voit juste deux photos, point barre.
20:48 Il est 16h04, on est le 29 mai.
20:51 Français, françaises.
20:52 - Le lendemain même.
20:53 - Le lendemain même.
20:54 Il dit "Françaises, françaises, les travailleurs doivent travailler,
20:57 les étudiants..."
20:59 Je ne me retirerai pas, je ne partirai pas.
21:04 Mon premier ministre restera.
21:06 - Je dissous l'Assemblée.
21:08 - Je dissous l'Assemblée nationale.
21:10 Et à ce moment-là, le rythme de sa voix,
21:13 les silences entre les mots, la musicalité de la voix,
21:17 la force qu'il représente, la France,
21:20 il ne parle pas en son nom, il dit "je", mais après il dit "la France".
21:24 Et donc, le fait de parler devant un écran noir,
21:28 la voix a une puissance terrible, parce qu'à ce moment-là,
21:30 notre imaginaire met à la place et à côté de cette voix
21:34 l'image du pater, du père, l'image de l'autorité
21:38 et l'image qui, dans notre non-dit, est fondamentale,
21:41 l'image de l'écoute, déjà quand on était dans le ventre de notre maman.
21:45 Et c'est là où l'impact est impressionnant.
21:48 - Et là, vous développez tout à fait.
21:50 Donc la voix est aussi un instrument, je dirais, d'influence énorme.
21:55 - De pouvoir.
21:56 - Aussi de manipulation, on peut dire aussi.
21:58 - C'est un instrument de pouvoir.
22:00 La voix est une arme d'attaque, est une arme de défense.
22:03 C'est une arme qui peut tuer.
22:05 Parce que lorsque vous faites un faux témoignage,
22:07 et là, effectivement, elle va tuer l'autre.
22:09 Et plus que cela, beaucoup plus que cela,
22:12 la voix, elle a deux éléments, bien plus bien sûr,
22:16 si vous vous défendrez, bien plus, mais deux éléments.
22:19 Le premier, c'est l'intime conviction, comment on se parle à soi-même.
22:22 Quelle est la force de cette voix intérieure ?
22:24 - La voix intérieure.
22:25 - La voix intérieure.
22:26 - Je peux faire un chapitre, si vous voulez.
22:27 Comment notre voix intérieure a une puissance incroyable ?
22:30 A quel niveau ? Dans notre décision.
22:32 C'est la boussole de notre vie.
22:34 C'est une boussole.
22:35 Je décide de faire ça ou ça.
22:36 - Notre libre arbitre à nous.
22:37 - Exactement, et c'est l'intime conviction qui va jouer.
22:40 Puis le deuxième élément de cette voix, ne l'oublions pas,
22:43 c'est le côté spirituel.
22:44 La spiritualité, la prière, la religion, n'existerait pas sans la voix.
22:47 Et la voix, effectivement, dans notre prière,
22:49 c'est elle qui nous relie avec quelque chose d'impalpable.
22:52 Car la voix est quelque chose d'impalpable,
22:54 quelque chose qu'on ne va pas prendre dans la main.
22:56 - Mais alors, justement, Jean-Bill Boll,
22:58 il y a la voix du cantique des cantiques, certes,
23:00 mais il y a la voix de Hitler, et vous en parlez.
23:02 C'est vrai, Hitler, Mussolini ?
23:04 - Non, mais Hitler particulièrement.
23:06 - Hitler, c'est très intéressant.
23:08 Alors, qu'est-ce qu'elle avait, cette voix de Hitler,
23:10 la manière dont...
23:11 Parce que Hitler, petit peintre, etc.,
23:13 en bâtiment ou presque, enfin, faux artiste,
23:15 et puis il enflamme des millions et des millions.
23:18 - Je parle dans le livre, Jean, de choses qu'on connaît très peu.
23:21 Hitler écoutait Wagner, dès l'âge de 9-10 ans.
23:25 Il allait à l'opéra en faisant la manche pour y aller.
23:28 Et il avait compris le pouvoir de l'impact de la voix.
23:32 Il avait compris que, justement, dans ses onomatopées,
23:37 en fait, cette voix nauséabonde,
23:39 Machiavelli, qu'il avait,
23:41 parce que c'était une voix incisive,
23:43 c'est en fait des tranchants, c'est des coups de couteau.
23:45 Quand il parlait, ça monte, ça descend.
23:47 Quand on fait une étude spectrographique de la voix,
23:49 la personne qu'il a remarquablement imité, c'est Chaplin,
23:51 dans "Le Dictateur", en 39.
23:53 Donc bien avant.
23:55 Et là, on voit que sa voix, elle était hypnotisante.
23:58 Et là, on peut aller beaucoup plus loin.
24:01 Pourquoi ?
24:02 Parce qu'il s'adresse aux foules.
24:04 Et votre conscience, l'individu que vous êtes,
24:09 l'individuel que vous êtes,
24:11 la foule anesthésie la conscience individuelle.
24:14 Et là, c'est le groupe qui parle, et le groupe devient irresponsable.
24:17 Hitler avait compris ça.
24:18 Et là, la force de ce pouvoir machiavélique
24:21 a été, comme on le sait, dans des choses absolument incroyables.
24:24 - Donc la voix peut être une arme létale, il faut le dire.
24:26 - Tout à fait.
24:27 - Mortelle.
24:28 - Tout à fait.
24:29 - Oui, c'est comme ça, c'est la langue des hommes.
24:31 - Mais elle est une voix libérateur aussi.
24:32 La paix du général de Gaulle.
24:34 - Bien sûr.
24:35 - La France libre.
24:36 - C'est la langue des hommes, le bien et le mal.
24:38 - Tout à fait.
24:39 Et c'est le relief, pour revenir là-dessus,
24:40 qu'est-ce que c'est qu'une belle voix ?
24:42 C'est une voix où il y a du relief, comme la musique.
24:45 Comme le dit très bien Jean-Luc Angiotti,
24:48 qui est un remarquable chef d'orchestre et compositeur,
24:51 eh bien oui, dans la façon dont on écoute une musique,
24:54 si elle est monocorde, on s'ennuie.
24:55 Eh oui, le relief dans une musique, c'est la même chose dans une voix.
24:58 Il y a une très belle voix d'homme, c'est une voix grave, comme la vôtre,
25:01 qui est une voix de bariton,
25:03 mais en plus, il faut qu'il y ait des aigus derrière pour donner le relief.
25:06 Si on parlait comme ça, avec un moins, on s'ennuie.
25:08 Eh bien c'est le relief entre vos aigus, d'une part,
25:11 qui sont les crains du diamant, et le diamant qui est votre voix grave.
25:14 Eh oui, c'est ça, c'est le relief qui donne la force d'une voix.
25:17 - Et notre ami Jean-Luc Angiotti, qui m'accompagne,
25:20 qui est avec nous à Omerta toutes les semaines,
25:22 vraiment, fait le plaisir de la soirée dernier verre,
25:25 auquel vous viendrez d'ailleurs, docteur Abitbol.
25:27 - Merci.
25:28 - Mais pour revenir à ça, à propos de la voix, etc.
25:32 Est-ce que quand même, dans la vie quotidienne,
25:37 parce qu'on peut, on est tous, plus ou moins,
25:39 enfin je ne dirais pas manipulateurs,
25:41 mais on essaie de séduire,
25:42 la séduction qui n'est pas forcément sincère,
25:44 mais elle peut marcher très bien, la voix.
25:46 La voix caressante, la voix flatteuse.
25:50 Est-ce qu'on change, est-ce que la même personne
25:53 peut changer de timbre, etc. ?
25:56 - Bien sûr, il y a un voice code.
25:58 Il y a le code de la voix quand vous êtes à l'Assemblée Nationale,
26:00 quand vous êtes avocat, quand vous êtes médecin,
26:03 quand vous êtes avec vos enfants.
26:04 Mais pire que cela, il y a le voice code du manipulateur.
26:08 Et celui-ci va chercher vos failles,
26:11 va chercher les choses qui vous vont vous faire plaisir.
26:14 Et il va carrer.
26:15 Et c'est là où je dis attention,
26:17 parce que ces voix vont vous flatter, mais indirectement.
26:20 Et c'est ce qu'on connaît notamment,
26:22 dans cette fameuse affaire que je raconte,
26:24 qui est l'affaire de la fraude au président, de Le Drian.
26:27 - Ah oui, bien sûr.
26:28 - Ouh là, Le Drian, allô, voilà.
26:30 Et là, c'est une voix d'imitation, soi-disant,
26:32 mais à ce moment-là, c'est une imitation sordide.
26:35 Et en fait, on a démasqué cela,
26:37 grâce au fait que la voix n'était pas,
26:39 en elle-même, sincère.
26:41 - Alors, une que vous n'aviez pas encore,
26:43 parce que vous avez déjà écrit votre livre,
26:45 mais nous avons eu, ici, à Sud Radio,
26:47 un exemple extraordinaire.
26:49 Là, parce que c'était un escroc, Chicli.
26:51 Mais nous avons eu deux humoristes russes,
26:54 qui ont imité, enfin un, en tout cas,
26:56 la voix de Petro Poroschenko,
26:58 l'ex-président de l'Ukraine,
27:00 et qui a parlé à Hollande.
27:02 Et nous avons eu la vidéo de France à Hollande,
27:04 pendant un quart d'heure, vingt minutes,
27:06 parlant à Pedro Poroschenko,
27:08 et lui racontant des telles histoires,
27:11 notamment les accords de Kiev.
27:13 Et le type, la voix, était persuadé
27:16 que c'était Poroschenko.
27:18 Comme quoi, la voix, c'est quelque chose...
27:22 - Qui peut vous troubler, qui peut, entre guillemets,
27:24 vous manipuler, mais quand vous écoutez,
27:26 comme je disais tout à l'heure,
27:28 avec quelques notes de départ,
27:30 vous savez, et j'ai, hélas, des gens que je connais,
27:33 qui sont des artistes, entre guillemets,
27:36 qui sont sur le "retour",
27:38 et au lieu d'être eux-mêmes,
27:39 ils jouent à être ce qu'ils ont été.
27:41 - Et on sent ça, la voix.
27:42 - Tout de suite, et je le mets dans l'hymne, d'ailleurs.
27:44 On sent quelque part, je veux être ce que j'étais.
27:46 Évidemment, je donne pas de nom, évidemment.
27:48 Mais, on sent, ils reviennent,
27:50 et puis on dit, mais attend, il y a quelque chose qui manque.
27:52 Et bien oui, qu'est-ce qui manque ?
27:53 Ben l'âge de leur voix.
27:55 La voix, elle évolue, c'est ça qui est beau.
27:57 Les cicatrices de notre voix, c'est notre vie.
27:59 - Le boulevard auquel ils crépusculent.
28:01 - Voilà, exactement.
28:02 Dans les chapitres qui s'appellent "Les voix des disparus", j'en parle.
28:04 Et là, on comprend comment la voix est une force extraordinaire.
28:08 Et je demande, juste aux gens qui vous écoutent,
28:11 enregistrez les voix de gens que vous aimez.
28:14 Parce que quand ils sont plus là,
28:15 quand vous avez une photographie, elle est là,
28:17 mais vous la regardez.
28:18 Mais quand vous écoutez la voix de quelqu'un que vous aimez,
28:20 c'est une machine à remonter le temps.
28:23 - Enregistrez vos proches, enregistrez...
28:24 - Voilà, exactement, c'est la dernière phrase du livre.
28:25 C'est-à-dire que c'est la voix,
28:27 et finalement, une machine à remonter le temps.
28:29 Mais plus que cela,
28:31 c'est une voix qui transmet la transmission.
28:34 Qui transmet la transmission.
28:35 Et cette transmission que vous faites avec votre radio,
28:38 on va l'écouter,
28:39 et quand on va la réécouter dans 6 mois, dans 1 an, dans 3 ans,
28:41 c'est pas vous qu'on va écouter en 2027,
28:44 c'est en 2023, le 21 juin 2023,
28:49 où, quand on vous écoute, on revient en 2023.
28:52 - Et d'ailleurs, ce n'est pas par hasard que,
28:54 quand on élit quelqu'un, on lui dit "Vous aurez ma voix".
28:57 - Oui, c'est vrai.
28:58 - Vous aurez ma voix.
29:00 - Lucien.
29:01 - Beaucoup d'auditeurs nous appellent au 0826 300,
29:04 et vous pouvez continuer à nous appeler,
29:05 vous avez la parole sur ce radio.
29:07 - 228 300 300.
29:09 - 826.
29:10 - 826.
29:11 - Non, il n'y avait pas le dernier 300.
29:12 - 826 300 300.
29:14 - Superbe.
29:15 - Et on accueille tout de suite Kodjo de Paris.
29:16 Bonjour Kodjo.
29:17 - Oui, bonjour Kodjo.
29:18 - Bonjour, bonjour monsieur Berkhoff.
29:21 Bonjour docteur Abitbol.
29:23 J'écoute avec passion votre émission.
29:27 - Merci.
29:28 - Ça me permet d'aller puiser dans mes souvenirs
29:33 d'étudiants en psychosociologie.
29:36 - Oui.
29:37 - Et qui me ramène vers vous pour vous demander
29:41 l'enfant et la communication.
29:46 Parce que les enfants qui n'ont pas parlé le grec
29:51 à un âge d'adolescent,
29:54 et qui dans leur souffrance,
29:59 qui viennent parler le grec,
30:02 alors ça me fait penser à des études que j'avais faites
30:06 sur l'enfant et la communication.
30:08 Est-ce que vous pouvez me dire,
30:10 l'être honnête social,
30:12 est-ce que c'est le milieu qui conditionne l'individu ?
30:15 - Ah c'est une très bonne question.
30:17 En fait, le tout petit, c'est vraiment de la pâte à modeler son cerveau,
30:22 son caractère.
30:23 Et jusqu'à l'âge de 14-15 ans, on va le modeler.
30:26 Mais c'est ça qui est beau.
30:28 C'est un mélange de l'environnement d'une part,
30:31 de la culture de ses parents d'autre part,
30:34 de la culture de l'école enfin,
30:36 et puis de l'environnement dans lequel il se sent à l'aise,
30:38 où il n'y a pas de conflit.
30:40 L'enfant sent très bien, dans les silences,
30:42 dans la respiration autour de lui, les conflits qui existent.
30:45 Et lorsque les conflits sont là,
30:46 lui-même devient autoconflictuel,
30:48 en disant "les gens que j'aime sont en conflit, moi aussi quelque part".
30:51 Donc oui, dans votre question,
30:53 et la voix qu'il va avoir, va être une voix simple.
30:55 Une voix, il peut jusqu'à avoir ce qu'on appelle des problèmes d'élocution.
30:59 Pas des retards, mais des concentrations.
31:01 Et effectivement, c'est un mélange de différentes cultures.
31:03 Et la richesse d'avoir plusieurs cultures,
31:06 quelle qu'elle soit, c'est une richesse extraordinaire.
31:08 Un enfant qui va parler 2, 3, 4 langues,
31:10 c'est un enfant qui plus tard sera en avance sur les autres,
31:13 à partir de l'âge de 20 ans, pas avant.
31:15 Parce qu'il a fallu tout intégrer, mais après, il n'y a aucun problème là-dessus.
31:18 - Merci Kojo.
31:19 - Merci beaucoup, merci.
31:20 - Merci beaucoup Kojo.
31:22 On se retrouve tout de suite, chers auditeurs.
31:24 Vous continuez de nous appeler au 0826 300 300.
31:27 Nous irons à la cour neuve avec Safia, à tout de suite sur Sud Radio.
31:30 - Les Français parlent au français.
31:34 Je n'aime pas la blanquette de veau.
31:37 Je n'aime pas la blanquette de veau.
31:40 - Sud Radio Bercoff, dans tous ses états.
31:43 - Vous êtes bien dans le face-à-face d'André Bercoff,
31:45 avec Jean Habitbol pour son livre "Les voix de notre vie" aux éditions Grasset.
31:49 Vous avez la parole au 0826 300 300.
31:52 On accueille Safia de la cour neuve.
31:54 Bonjour Safia.
31:55 - Bonjour Safia.
31:56 - Eh bien, bienvenue.
31:58 Je voudrais vous parler en arabe.
32:01 - Eh bien, bienvenue, Safia.
32:04 Bienvenue.
32:05 - Bienvenue.
32:07 - Bon, mais là, on arrête un peu,
32:09 parce que pour tout le monde qui ne nous comprend pas,
32:12 Safia, après on se voit, vous et moi, et on en parle tranquille.
32:15 Aucun problème.
32:17 - Aucun problème.
32:19 Vous avez bien répondu, André Bercoff.
32:21 - Ah, mais toujours.
32:22 Dites-moi alors, Safia. Allez-y, on vous écoute.
32:25 - Très bien.
32:26 Oui, effectivement, j'adhère parfaitement à Jean Habitbol
32:29 et tous les propos qu'il a tenus sur le fait de la puissance de la voix.
32:33 Et moi, personnellement, j'ai eu l'expérience,
32:35 j'ai fraîchement perdu ma maman,
32:37 "Allah y'a humra oufia aliha l-bid'al khalijinna"
32:40 Et donc, dans cet aspect, ma maman était quasiment sourde.
32:44 C'est-à-dire que, dans la vie intra-héterienne,
32:47 moi j'ai eu une expérience assez, on va dire, costaud.
32:50 Et j'ai vu la réminiscence de tout ce lien frégionnel.
32:59 Et je voulais venir à Jean Habitbol sur l'aspect de l'oreille absolue.
33:03 C'est-à-dire que j'ai exigé une capacité,
33:06 moi je suis une pure autodidacte, enfin quoi, bref.
33:09 Et l'oreille, chez moi, est extrêmement, comment dire...
33:13 - Développée, c'est ça ?
33:15 - Oui, pardon. Elle est infiniment développée,
33:20 et peut rentrer dans la puissance la plus maximaliste
33:24 sur le plan de la compréhension,
33:26 la plus intime et cachée de la nature humaine.
33:28 Enfin, c'est ma capacité, mon potentiel à voir.
33:31 Bon, je vous dis au revoir !
33:33 - Merci, Safia. Alors justement,
33:35 quand elle parle de l'intra-héterien, c'est vrai,
33:38 elle parle de l'oreille absolue.
33:40 Explique-moi, c'est quoi l'oreille absolue, d'ailleurs ?
33:43 - L'oreille absolue, c'est terrible. C'est terrible.
33:46 Mon ami Jean-Luc Renotti en parlerait peut-être mieux que moi.
33:50 L'oreille absolue, c'est que vous avez une note,
33:52 je vous donne une note, quelle qu'elle soit,
33:54 je la tape sur le piano, vous êtes capable de dire
33:56 c'est un la, c'est un do, c'est un ré.
33:58 Et ça, ça ne se travaille pas, c'est un don de la nature.
34:02 Vous l'avez ou vous l'avez pas.
34:04 Et là, vous dépistez, parce que vous avez la liaison immédiatement,
34:08 vous avez la liaison entre la note et l'oreille avec vous.
34:15 Mais qu'est-ce que ça fait ? C'est terrible.
34:17 Parce que quand vous entendez quelqu'un chanter,
34:19 si jamais la note n'est pas juste, ça vous fait mal à l'oreille.
34:23 Si jamais vous entendez une soprane qui chante mal, ça fait mal.
34:27 Quelqu'un qui joue au piano, manque de pot,
34:29 il fait pas le fa mais il fait le fa dièse,
34:31 je vous raconte pas, il peut pas supporter, donc il arrête.
34:35 Donc c'est une souffrance quelque part.
34:38 - Merci Safia, on va avoir Martine là.
34:40 - Oui, bonjour Martine du Lot-et-Garonne.
34:42 - Oui, bonjour à vous tous.
34:44 Bonjour.
34:45 Alors, quand j'étais plus jeune, j'ai travaillé dans une compagnie d'assurance,
34:50 et un jour on m'a demandé de remplacer le standardiste qui avait un souci.
34:55 Et de ce fait, j'ai fait 10 ans de standard,
34:57 parce que les gens appelaient en disant "elle a une voix super, il faut la garder etc."
35:01 Donc je voulais savoir, est-ce que ma voix a quelque chose de particulier ?
35:04 - Oui, oui, parce que c'est une voix qui rassure.
35:07 Et dans la mesure où, quand on vous a au téléphone,
35:09 et vous avez une voix qui est très velours, ce que j'appelle très velours,
35:12 c'est-à-dire qu'il n'y a pas d'aspérité,
35:14 c'est pas quelque chose qui quand on vous caresse, on se blesse.
35:17 Et de ce fait, ce côté rassurant fait que vous pouvez faire passer certains messages
35:22 qu'on aime pas trop entendre quelques fois,
35:24 mais qui passent tout simplement parce que vous le faites avec une délicatesse,
35:28 qui est une délicatesse vocale, et là ça passe sans problème.
35:31 - D'accord.
35:32 - D'accord. - Bah écoutez, merci beaucoup.
35:35 - Bah écoutez, non, c'est intéressant.
35:36 Vous voyez Martine, vous pouvez continuer à faire ce que vous voulez,
35:40 devenez psy, vous allez voir, vous allez calmer des générations entières.
35:44 - Je suis peut-être un peu âgée pour faire ça maintenant.
35:47 Mais c'est vrai que, voilà, je peux trouver quelque chose.
35:50 - Merci, merci.
35:51 - Merci à vous, et bonne fin de journée.
35:53 - Merci.
35:54 J'ai un bitbol quand même.
35:56 Il y a aussi, enfin, énormément,
35:59 on pourrait en parler pendant des heures de ce qu'il y a dans votre livre,
36:01 mais je voudrais revenir à quelque chose dont vous parlez,
36:05 les voix de la nature.
36:07 Donc pas la voix humaine, mais la voix de la nature.
36:10 Que ce soit le vent, que ce soit...
36:12 - Deuxième point, je le remercie de me poser la question.
36:17 Et oui, et c'est une chose que j'ai découverte en disant,
36:21 quand j'ai écrit ce livre, "Les voix de notre vie",
36:25 il y a des voix qui ne sont pas des vraies voix telles quelles,
36:28 mais qui c'est les voix qu'on entend.
36:30 - Vous avez vos animaux familiers, le chien, le chat.
36:33 Le chien, l'animal le plus fidèle de l'homme,
36:36 et qui, lorsqu'il aboie, vous savez que dans son aboiement,
36:38 ce qu'il veut dire quelque part est réciproquement.
36:41 Il va venir près de vous, même, et dans vos silences,
36:43 dans votre rythme respiratoire.
36:45 Que se passe-t-il ?
36:46 Eh bien, oui, la nature parle.
36:49 Et le plus grand exemple fabuleux qui s'appelle,
36:52 ce que j'ai mis, c'est les grottes de Lascaux,
36:54 mais entre autres,
36:56 eh bien, vous rentrez dans une grotte,
36:57 dans laquelle il y a des fresques sur les murs.
36:59 - Fresques préhistoriques, oui.
37:00 - Les fresques préhistoriques sur les murs de 15 000, 20 000, 30 000 années.
37:03 Et vous dites, pourquoi, et c'est un génie en 2004
37:06 qui a eu cette idée, qui est un Suédois,
37:08 il s'est dit, pourquoi les fresques sont toujours à la même place,
37:12 dans cette fresque-là, puis je vais dans une autre caverne,
37:15 eh bien, oui, dans une grotte, eh bien, j'ai ça aussi.
37:17 Et il s'est aperçu, l'idée est dingue,
37:20 c'est qu'il a mis des haut-parleurs,
37:22 au niveau de l'entrée de la grotte.
37:24 Et il a mis des réceptions, ce qu'on réceptionne,
37:27 comment vous réceptionnez des micros.
37:29 Et il a étudié quelle est l'harmonie la plus intéressante,
37:33 à quel moment il y a une harmonie du son,
37:35 à quel moment "éééééééééééééé" va bien passer.
37:38 Comme dans une église.
37:40 Ou finalement, vous êtes dans une église,
37:41 là, on choisit l'endroit,
37:44 mais là, pourquoi ?
37:46 Et bien, c'est l'endroit où la résonance est la plus belle,
37:49 où les graves ont énormément de relief,
37:51 et les aigus sont pratiquement estompés.
37:53 C'est l'endroit où sont faites toutes ces peintures des fresques.
37:56 Donc c'est pas un hasard, si ces endroits-là,
37:59 sont même, nous, quand on va dans une grotte, à un moment donné,
38:01 ou chez des gens qu'on connaît,
38:02 "Ah ben là, je me sens bien chez toi."
38:04 "Non, non, je préfère cet endroit-là, je suis très bien."
38:06 Et il y a une vibration, il y a une vibration de l'endroit.
38:09 Heureusement, j'espère que ça restera jamais,
38:12 on saura jamais pourquoi, vraiment, à part cette harmonie.
38:15 C'est comment, dans la différente façon,
38:18 au niveau de notre transmissions, de notre spiritualité,
38:20 comment la prière elle-même, quand vous priez vous-même,
38:22 quelques fois, notamment si vous allez à Jérusalem,
38:25 qui est la rencontre des trois religions,
38:27 vous sentez ces vibrations incroyables,
38:29 qui sont du sol, et vous les ressentez.
38:31 - Et là aussi, on sent quand c'est sincère,
38:33 ou quand c'est, je dirais comme ça, anonné.
38:36 C'est très intéressant, nous avons, je crois, une auditrice.
38:39 - Oui, qu'on attend de reçoit rapidement, Muriel d'Occitanie.
38:41 Bonjour Muriel.
38:42 - Bonjour Muriel.
38:43 - Bonjour, ben par rapport au lieu, justement,
38:46 j'étais à Colville, sur mer, au cimetière américain,
38:48 on est tellement resté sans voix,
38:50 que tout le monde chuchotait.
38:52 - Ah oui.
38:53 - Le site, voilà.
38:55 - Le site du débarquement, vous parlez du site, ah non non.
38:58 - Oui, tout à fait, le cimetière américain.
39:00 - Le cimetière américain, oui.
39:01 - Voilà.
39:02 - Et oui, on chuchote là, c'est vrai.
39:03 - C'est ça, voilà.
39:04 - C'est vrai.
39:05 - Tout à fait.
39:06 Alors moi j'appelle par rapport à ma famille,
39:08 alors moi je parle beaucoup, je parle pour ne rien dire,
39:11 pour noyer un petit peu l'essentiel,
39:13 et du coup, mes enfants ont bégayé.
39:16 - Hum hum.
39:18 - Les deux ont bégayé.
39:19 - Vous croyez qu'ils ont bégayé parce que vous parliez pour ne rien dire ?
39:22 - Je ne sais pas.
39:23 - Ce que m'a dit mon ostéopathe.
39:24 - Ah bon ?
39:25 Je ne sais pas, Jean-Rami de Bol,
39:27 est-ce que c'est un rapport de causalité ?
39:29 - Je ne pense pas, c'est beaucoup trop réducteur.
39:32 C'est-à-dire penser qu'une seule chose,
39:34 tout est toujours multifactoriel,
39:36 quoi qu'il se passe en médecine,
39:38 quoi qu'il se passe, une chose qui est simple,
39:41 mais que vous allez comprendre très bien madame,
39:43 on ne soigne pas une maladie, on soigne la malade.
39:45 Dire quand on prend un seul élément, on l'a isolé.
39:48 En fait, il y a tout un environnement autour de cela
39:51 qui peut expliquer beaucoup de choses.
39:53 Et aujourd'hui le bégayement, quoi qu'on dise,
39:55 on ne pense pas du tout que ce soit un problème psychologique de fond.
39:58 On pense qu'il y a beaucoup d'autres choses derrière.
40:00 On est dans des études et des recherches absolument passionnantes là-dessus.
40:03 Mais sur ce que vous me dites là, non, je ne pense pas du tout.
40:07 Je vais vous raconter une anecdote extraordinaire
40:09 que j'ai vécue il n'y a pas très longtemps.
40:11 Une de mes patientes, qui n'est pas dans le livre,
40:13 mais qui aurait pu l'être,
40:15 elle me dit "je ne veux plus parler parce que je préfère me taire car on ne me comprend pas".
40:21 Je dis "comment ?"
40:23 Et de ce fait, elle parlait comme ça.
40:25 Et elle avait à cause de cela, pendant plusieurs mois,
40:28 elle n'avait pas parlé, elle avait créé une atrophie,
40:30 car les cordes vocales c'est comme un muscle, c'est comme un sportif.
40:33 Et je l'ai "opéré", j'ai injecté dans la corde vocale de l'acide hyaluronique
40:37 qui a redonné du galbe et sa voix est revenue.
40:39 Car au départ, effectivement, elle avait une fracture émotionnelle,
40:43 elle avait une rupture émotionnelle dans sa vie.
40:45 Mais c'est comme une fracture de jambe, il faut une béquille.
40:48 La béquille c'était ce que j'ai fait, qui l'a aidé à remarcher.
40:51 Mais je n'ai fait que d'aider, il fallait faire attention aux malades.
40:53 Et la deuxième anecdote, qui est dans le livre,
40:55 et qui est l'anecdote d'une femme incroyable,
40:59 qui à l'âge de 9 ans a eu une paralysie de la corde vocale d'origine virale.
41:02 Elle parlait comme ça.
41:04 Donc sa vraie voix, elle ne la connaissait pas,
41:06 puisqu'elle parlait comme ça depuis l'âge de 9 ans.
41:08 Elle avait 34 ans quand elle me dit "écoutez docteur, j'ai appris que vous pouviez me redonner la voix,
41:12 qu'est-ce qui se passe ? Je regarde, paralysie de la corde vocale.
41:15 J'injecte dans la corde vocale un produit qu'on appellerait "New Voice", peu importe.
41:19 Et de ce fait, elle avait un mari, deux enfants, 8 ans et 12 ans.
41:24 Je l'opère, et je vous laisse deviner.
41:27 Elle a une voix magnifique.
41:29 La chance veut que ça a très bien marché.
41:31 Il faut de la chance dans la vie, il ne suffit pas d'avoir la technique seulement.
41:34 - La chance et le talent.
41:35 - Et donc à partir de là, qu'est-ce qui se passe ?
41:38 Trois semaines après, M. Berkhoff, à votre avis ?
41:40 - La mère et les enfants viennent me voir avec elle.
41:43 Mais c'est pas possible.
41:45 Mais qu'est-ce que vous avez fait ? C'est plus ma mère.
41:47 Et le mari me dit "mais attends maintenant, elle parle comme les femmes.
41:49 Avant au téléphone, il fallait qu'elle tape sur le téléphone.
41:51 Maintenant, elle se met à crier dans la maison, on est au premier étage."
41:54 - Et vous n'ont pas dit "rendez la muette" ?
41:57 - Mais exactement.
41:59 Et je dis "il n'en est pas question".
42:01 Et deux mois après, il m'a offert un câlin, il me dit "merci beaucoup".
42:03 Maintenant, on ne me dit plus ma mère, elle a un handicap.
42:07 Pour vous dire la signature d'une voix, si vous la changez, faites attention.
42:12 Car changer une voix, ça peut changer une personnalité.
42:14 - Absolument. En tout cas, lisez ce livre.
42:17 Lisez "Les voix de notre vie".
42:19 Vous allez retrouver la voix de votre vie.
42:21 Et c'est le plus important.
42:23 - Merci beaucoup, chers auditeurs, d'être toujours aussi nombreux à nous écouter.
42:26 Merci à Jean Habitbol pour son livre "Les voix de notre vie" aux éditions Grasset.
42:30 Tout de suite, l'émission de Brigitte Leh.
42:32 On se retrouve après les informations.
42:34 A tout de suite sur Sud Radio.
42:36 Sud Radio.

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