Émiliano Marcos, président-fondateur de l'entreprise nîmoise Océan propreté.
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00:00 Emiliano Marcos, le président fondateur de la société Océan Propreté.
00:04 Ce qu'on n'a pas dit jusque là, Emiliano Marcos, c'est que vous avez commencé au
00:08 bas de l'échelle sociale, votre papa était conducteur d'engin de chantier et votre
00:13 maman était femme de ménage.
00:15 Et vous, vous avez grandi à Val-le-Gouin.
00:19 Oui, effectivement.
00:20 Je suis arrivé à l'âge de 9 ans à Nîmes.
00:23 Je suis né à Cahors, je suis cadurcien.
00:25 Et effectivement, à 9 ans, j'ai suivi mes parents.
00:30 Nous avons eu la chance de trouver un appartement à Val-le-Gouin.
00:36 Papa avait trouvé un emploi comme conducteur d'engin.
00:40 Il a fait sa carrière et fini sa retraite dans ce métier.
00:45 Maman était assistante d'inter quand on était dans le lot.
00:47 Elle a fait un petit peu le même travail quand on est arrivé à Val-le-Gouin.
00:52 Et ensuite, elle s'est plutôt occupée d'élever mes trois frères et trois soeurs,
00:57 parce que nous sommes six dans la famille.
00:59 Donc, elle s'occupait de ses enfants.
01:03 Donc, enfance dans un milieu populaire au sens le plus noble du terme.
01:06 Quel souvenir vous gardez de cette enfance dans ce quartier Val-le-Gouin ?
01:10 Merveilleux, c'est un quartier qui, bien sûr, à l'époque, était autre chose que
01:15 ce qu'il est devenu aujourd'hui, malgré que j'ai encore quelques belles attaches,
01:19 des familles qui ont grandi avec moi dans ce quartier y sont encore.
01:25 Donc, on y retourne.
01:28 J'y retourne personnellement parce que j'ai encore des amis qui y habitent.
01:31 Mais j'y retourne régulièrement parce que l'ensemble des quartiers de la ville de Nîmes,
01:36 aujourd'hui, c'est notre terrain pour la propreté.
01:40 Donc, on s'occupe aussi des quartiers Chemin-Bain, Masdeming,
01:43 Pissedène, Val-de-Gour et Saint-Césaire dans le cadre de notre activité
01:46 et le contrat qu'on nous a vois avec la ville de Nîmes.
01:48 Donc, on est présents, fortement présents, avec une quarantaine d'agents
01:52 pour nettoyer ces cinq quartiers.
01:54 Donc, j'imagine que vous les regardez encore avec beaucoup de tendresse, ces quartiers.
01:58 Bien sûr, beaucoup et plein de bons souvenirs chaque fois que j'y monte.
02:02 J'essaie de garder le côté le plus positif, effectivement, sur ce quartier de Val-de-Gouroui.
02:08 Vous vous êtes même allé jusqu'à recruter, c'est ça, des habitants de ces quartiers ?
02:12 Oui, alors pour une raison très simple au départ, c'est que, à la création d'Océan,
02:18 nous nous sommes installés parce qu'on avait l'opportunité de le faire en zone franche urbaine
02:23 et qu'on avait des obligations.
02:24 Donc, à partir de là, on a continué, on a respecté la règle des 20% de salariés
02:32 donc habitant le périmètre de la zone franche et petit à petit, on a continué.
02:36 Donc, l'opportunité qu'on a offerte aux premiers arrivés chez Océan,
02:41 dès qu'ils ont pu avoir le CDI, effectivement,
02:44 certains ont pu partir pour élever leurs enfants sur les villages en périphérie,
02:48 mais donc on n'a pas arrêté de solliciter.
02:51 Les personnes venaient dans un premier temps chez nous avec des missions intérimes de courte durée,
02:56 ils se sont intégrés à la société, on a apprécié leur collaboration, ils ont été titularisés
03:02 et petit à petit, chacun d'entre eux a trouvé sa voie dans la société.
03:05 Alors, on les a entendus un petit peu tout à l'heure dans le journal de 8h,
03:07 ces salariés qui sont eux aussi, comme vous, issus d'un milieu populaire.
03:11 Je voudrais vous faire écouter notamment Mustapha, ça fait 5 ans qu'il bosse chez vous,
03:16 et écoutez comme il parle de votre relation.
03:19 Je suis rentré dans ce métier, j'ai appris ce métier,
03:22 j'ai commencé pareil balayeur à la ferrière et je suis passé un peu partout,
03:26 et aujourd'hui, il m'a donné confiance en moi, il m'a donné ma chance et j'en suis là.
03:30 J'amène du résultat, on me fait confiance et je suis très content.
03:33 Il y a 4 jours de ça, je parlais avec ma femme et je disais que je remerciais tout.
03:37 Franchement, tu partirais d'Océan ?
03:39 Franchement, non.
03:40 Il parle avec le cœur là, Mustapha, c'est extrêmement émouvant ça, non ?
03:43 Beaucoup.
03:45 Vous avez entendu comme il parle de vous ?
03:46 Oui, bien sûr.
03:48 Mais Mustapha, c'est une des dernières personnes qui a trouvé sa voie en tant que personnel encadrant chez Océan,
03:56 comme il l'a rappelé, il est arrivé il y a 5 ans, il a démarré par une ferrière,
04:01 d'autres ont démarré par le nettoyage des arènes.
04:03 Quand on a des opportunités chez Océan, ça démarre par là, des petites missions intérimes,
04:09 ce sont de gros événements, parce que c'est là où on se rend compte que les gens,
04:13 plutôt que de faire la fête, ils sont là dès 4h du matin, 3h pour cette année,
04:17 puisque la ferrière a été raccourcie d'une heure,
04:19 mais les gens qui ont la volonté de pouvoir s'accrocher à un post-CDI futur,
04:26 on leur permet, si tant est qu'on a la possibilité de les titulariser,
04:32 de pouvoir évoluer.
04:34 Si dans un développement de la société, on a un besoin d'augmenter un petit peu le poste d'encadrant,
04:41 il y a des réunions qui se font avec les cadres de la société,
04:47 et si on peut faire évoluer les gens, on choisit parmi les gens qui ont vraiment donné l'envie d'avancer avec nous.
04:54 - Mais quand on entend Mustapha, ce n'est pas le plus beau des cadeaux pour un patron ?
04:58 - Bien sûr, quand on entend Mustapha parler de ma personne et de la société,
05:06 parce que c'est surtout l'amour de la société qu'il faut que les gens qui rentrent dans la famille Océan aient.
05:12 - Mais parce que ce témoignage de Mustapha, au-delà de lui,
05:16 ça parle aussi de liens sociaux, ça parle d'emplois territorialisés,
05:20 de redistribution aussi des richesses, des richesses économiques, mais des richesses aussi du cœur.
05:25 - Oui, mais ça encore une fois, comme je vous ai dit tout à l'heure,
05:28 c'est les valeurs que m'ont transmises mes parents, et ça c'est très important de les conserver.
05:34 - C'est ça le rôle d'un patron ?
05:36 - Je dis que oui.
05:38 - De faire passer le cœur peut-être avant tout ?
05:41 - Si, si.
05:41 - Ou en tout cas la bienveillance ?
05:43 - La bienveillance fait partie effectivement de ce que devrait avoir un patron.
05:47 Si aujourd'hui, même si ce n'est pas tous les jours tout rose,
05:50 en ce moment on parle beaucoup des problématiques que rencontrent des entreprises pour recruter,
05:56 nous sincèrement chez Océan on a zéro problème de recrutement,
06:01 on a même trop de sollicitations par rapport au nombre de postes à pourvoir.
06:04 Mais on essaie dans des périodes de congés, dans des périodes d'absentéisme,
06:09 de toujours avoir le nombre de personnes pour pouvoir occuper les postes vacants,
06:14 même momentanément, et ça nous permet d'avoir un premier contact avec une personne
06:18 qui peut-être dans les mois à venir viendront augmenter la quantité de collaborateurs en CDI.
06:24 - Mais le rôle que vous avez auprès de vos salariés c'est presque un rôle politique ?
06:29 Vous y avez pensé notamment à la politique ?
06:32 - Pas du tout, alors pas du tout.
06:34 Si demain je rentre en politique je pense que je trouverai des valises devant la porte.
06:38 - Pourquoi ? C'est une bonne femme qui vous attend ?
06:41 - Non, absolument pas.
06:43 On a suffisamment de temps à donner à Océan, à nos collaborateurs au quotidien,
06:49 à notre famille, à nos enfants, nos petits-enfants,
06:51 pour que demain j'envisage de me lancer dans une carrière politique.
06:57 - Mais ça vous a jamais tenté ?
06:59 - Non.
07:01 On a dans la famille mon frère aîné qui lui a apprécié la politique,
07:07 aujourd'hui il est maire de Besous, mais sincèrement, moi personnellement non.
07:11 - Vous estimez peut-être que le rôle qui est le vôtre aujourd'hui est le rôle le plus efficace ?
07:16 - Oui.
07:18 - En matière de lien social ?
07:20 - Je pense qu'en matière de lien social c'est important,
07:22 vous parliez de partage tout à l'heure,
07:24 au delà de permettre à des personnes en recherche d'emploi d'avoir des opportunités de venir chez Océan,
07:33 ce qui est important pour nous c'est de partager un petit peu la richesse,
07:36 la richesse qui est générée par tous les contrats et toutes les collectivités qui nous font confiance aujourd'hui sur ce territoire,
07:41 que ce soit Nîmes ou la centaine de communes avec qui nous travaillons autour de Nîmes,
07:46 donc voilà, on est très présents dans la vie associative,
07:50 et ce côté partage est très très important.
07:53 Je pense qu'il faut, peut-être, alors je ne vais parler que pour moi,
07:56 mais si d'autres entreprises pensaient à un moment donné à repartager un petit peu la richesse qu'ils génèrent sur le territoire,
08:02 et notamment pour des gens comme nous qui travaillons pour les collectivités,
08:05 je pense que ça fonctionnerait un petit peu mieux.
08:08 - On va reparler de toutes façons de vos engagements,
08:10 de vos engagements et pas seulement en matière entreprenariale.