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Jeudi 8 juin 2023, SMART BOURSE reçoit Nourane Charraire (Directeur de la gestion, Mansartis)

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00:00 [Musique]
00:10 Reprenons, poursuivons la discussion sur le terrain des marchés avec Nouran Charrer
00:13 qui est à nos côtés également, directeur de la gestion de Mansartis.
00:16 Bonjour Nouran.
00:16 Bonjour Yann.
00:17 Merci beaucoup d'être là.
00:18 Commentaire dans le sillage de l'analyse que nous propose Jean-Jacques.
00:22 Effectivement, moi j'aime bien l'idée, ces situations de marché un peu entre deux peuvent durer.
00:28 J'ai plus en tête le calendrier précis mais fin des années 90, la dernière hausse de taux de la fête c'est autour de 97 je crois, quelque chose comme ça.
00:35 Le marché continue de monter jusqu'à le moment fatidique de l'explosion de la bulle internet.
00:41 Mais il y a encore plusieurs trimestres, voire une paire d'années pendant lesquelles le marché a été positif.
00:46 Tout à fait. Alors c'est vrai que depuis quelques semaines on sent un peu le marché, un peu frileux, un peu hésitant.
00:52 Après quand même une forte hausse des marchés sur les trois premiers mois de l'année.
00:56 Donc il faut se rappeler, les investisseurs avaient acheté en début d'année un scénario économique plus résilient qu'anticipé.
01:05 Caractérisé par une demande des biens qui est très forte, qui vient compenser la baisse, enfin une demande dans les services qui est très forte, qui vient compenser la baisse dans les biens.
01:15 Une reprise chinoise qui vient compenser le ralentissement économique aux Etats-Unis et en Europe.
01:22 Et enfin une désinflation enclenchée en marge avec des politiques monétaires moins restrictives.
01:30 Depuis quelques semaines, il y a effectivement plusieurs sujets d'inquiétude.
01:34 Alors je mets de côté le stress bancaire qu'on a eu, le sujet sur le plafond de la dette qui a été résolu.
01:39 Mais je retiens peut-être deux sujets qui portent un peu la crainte des investisseurs.
01:45 Le premier c'est finalement la reprise chinoise n'est peut-être pas si vigoureuse qu'on l'attendait.
01:51 Et le deuxième point c'est effectivement la désinflation qu'on attendait.
01:54 Elle se caractérise que de manière très lente et on arrive à des niveaux de taux d'intérêt qui sont aujourd'hui inférieurs ou égales au niveau d'inflation.
02:05 Donc ça pose question.
02:06 Alors quelle est notre analyse chez Monsartis par rapport à ces deux craintes ?
02:11 Pour nous c'est pas réellement des craintes qui nous amènent à réviser complètement notre copie sur notre scénario économique.
02:17 Puisqu'on a remonté les actions en début d'année et on reste constructif et porteur sur les actions.
02:24 Sur la Chine, alors la Chine effectivement on a une reprise industrielle qui est lente, certes.
02:29 Mais c'est cohérent avec un ralentissement économique mondial.
02:32 Donc pas de surprise là-dessus.
02:34 Mais face à ça on a une consommation qui reste forte, notamment dans les services.
02:38 Et il ne faut pas oublier que la reprise chinoise elle est autonome.
02:42 Elle est encore pas financée comme ça a été le cas aux Etats-Unis et en Europe.
02:46 Par des crédits et par des politiques de relance ou monétaires très fortes.
02:51 Et ça effectivement comme le disait Jean-Jacques tout à l'heure, ça peut arriver et ça peut être un soutien assez fort.
02:56 Et l'autre élément qu'il y a à souligner c'est qu'heureusement qu'on n'a pas de reprise économique en Chine très forte.
03:01 Parce que ce serait des pressions inflationnistes encore plus fortes pour l'ensemble de l'économie.
03:05 Ce qui ne ferait pas notre affaire sur les politiques monétaires en Europe ou aux Etats-Unis.
03:10 L'idée ni trop chaud ni trop froid qui convient plutôt pas mal.
03:14 Alors ça peut créer des déceptions ici et là.
03:16 Peut-être que sur le luxe notamment ça a pu être un élément un peu déceptif de ne pas avoir une consommation,
03:23 une revanche aussi forte que ce qu'on aurait imaginé.
03:25 Mais vous dites il y a quand même un filet de croissance et de reprise économique en Chine.
03:29 Qui suffit pour avoir une croissance économique mondiale de l'ordre de 2,5%.
03:34 C'est suffisant.
03:36 Si on suit un peu la deuxième crainte des investisseurs c'est les taux.
03:40 Donc ça c'est effectivement une crainte qui est légitime.
03:44 D'autant plus que ce que je disais c'est que les niveaux d'inflation aujourd'hui sont effectivement supérieurs au niveau de taux.
03:49 Donc qu'est-ce que ça veut dire ?
03:50 Est-ce que ça veut dire que les taux ne sont pas suffisamment élevés pour effectivement amorcer une désinflation plus rapide ?
03:58 Alors nous on ne pense pas.
04:00 Pourquoi ?
04:01 Parce que ces niveaux de taux sont sans compter l'impact direct du quantitatif tightening.
04:08 Ah bien sûr.
04:09 Donc du QT qui équivaut finalement à 30 à 90 points de base de hausse des taux.
04:14 Et c'est sans compter non plus l'impact du credit crunch ou du ralentissement du crédit qu'on a eu lié au stress bancaire
04:20 qui effectivement met des niveaux de taux pas facialement plus élevés mais qui restreignent le crédit et qui ralentissent.
04:30 Et la chaîne de crédit se durcit.
04:32 Tout à fait. Donc finalement ces niveaux de taux sont, il nous semble, cohérents aujourd'hui pour faire face à l'inflation
04:40 qui est rentrant d'ailleurs.
04:42 On considère que la désinflation et la baisse de l'inflation notamment en corps a été assez lente, très très lente sur la première partie de l'année.
04:51 Nous on considère que ça va s'accélérer.
04:53 Pourquoi ?
04:54 Parce qu'on voit tous les indicateurs sous-jacents, notamment le loyer, l'immobilier aux Etats-Unis qui commencent à réellement baisser.
05:02 Donc là on va avoir les impacts dans les niveaux d'inflation.
05:06 Et en Europe, on l'a vu, on a commencé à le voir récemment avec les chiffres d'inflation en zone euro,
05:12 mais les effets de diffusion de la baisse des prix de l'énergie commencent à se faire ressentir.
05:19 Donc on est dans un environnement qui pour nous est plutôt profitant.
05:25 Qui reste favorable.
05:26 Oui, d'autant plus que finalement on se plaint de cette désinflation qui met un peu de temps,
05:30 mais il ne faut pas oublier que la désinflation ce n'est pas bon pour les entreprises.
05:33 Et que des niveaux d'inflation trop faibles ce n'est pas bon.
05:36 Donc aujourd'hui on est sur une désinflation qui va s'accélérer,
05:40 mais avec des niveaux d'inflation qui, en somme toute, permettent aux entreprises de maintenir leurs prix,
05:45 avec des baisses des prix des intrants, donc en fait avec un effet sur les marges et sur la soutenabilité des marges,
05:51 qui est plutôt intéressant.
05:52 Il faut supporter le coût du travail, l'augmentation des salaires, etc.
05:55 Tout ne baisse pas non plus.
05:56 Tout à fait.
05:57 Les salaires augmentent.
05:59 Oui, et sans compter non plus que les taux d'intérêt réels aujourd'hui ne sont pas très élevés,
06:05 parce qu'on a ces niveaux d'inflation qui restent un petit peu élevés.
06:11 Donc il n'y a pas aujourd'hui d'impact direct sur les résultats financiers des entreprises.
06:16 Donc cet environnement-là, pour l'instant on a une fenêtre de tir qui est plutôt, il nous semble,
06:20 assez porteur pour les actifs risqués et notamment pour les actions.
06:23 Ce sera peut-être une autre question pour 2024.
06:26 Oui, oui, chaque séquence, chaque jour suffit sa peine.
06:30 Il y aura d'autres séquences de marché évidemment, mais dans cette séquence-là,
06:34 comment vous regardez les moteurs du marché actions ?
06:37 C'est vrai qu'il y a eu ces deux gros moteurs qu'on met d'ailleurs en équivalence.
06:41 Le luxe en Europe, les calls, on a essayé de coller là aussi un anagramme
06:47 sur nos valeurs du luxe parisien essentiellement face aux GAFAM ou aux FANG américaines.
06:53 On met ces deux groupes souvent en équivalence avec un statut boursier un peu équivalent chez les investisseurs.
07:01 Il y a visiblement un groupe, celui du luxe, qui a un peu calé ces dernières semaines.
07:05 Le groupe tech US Megacap, lui, accélère même sa reprise et son envolée.
07:13 Oui, c'est vrai qu'il y a deux thématiques qui portent les marchés depuis le début de l'année.
07:17 Il n'y a pas que le luxe, il y a la réouverture de la Chine au sens large,
07:21 même si effectivement, depuis quelques jours, c'est un peu plus stable.
07:26 Mais le tourisme, le voyage et le luxe, effectivement,
07:31 on a des valeurs qui progressent entre 30 et 40 % depuis le début de l'année.
07:36 Sur le luxe, ce n'est pas que lié à la réouverture de la Chine, c'est beaucoup plus ancien.
07:40 C'est complètement lié à la croissance exceptionnelle et phénoménale des ventes à des niveaux historiquement élevés.
07:48 Depuis 2019, au niveau global et moyen du luxe, on est sur des ventes en croissance de 45 %.
07:53 C'est historique et ce sont des très beaux résultats qui ont été soulignés par une très belle performance.
08:03 Alors attention, parce que ça a amené des niveaux de valorisation relativement élevés,
08:08 pas au global au niveau du luxe, mais au niveau de certaines valeurs.
08:11 On peut citer Hermès, quelles que soient les métriques qu'on prend par rapport aux chiffres d'affaires,
08:16 par rapport aux marges, par rapport aux comparables ou par rapport aux historiques,
08:19 on est sur des primes de valorisation historiquement élevées.
08:22 Alors attention sur quelques valeurs du luxe qui, dans un environnement où on entend des reprises de cas de Covid en Chine,
08:30 peut un peu calmer les investisseurs.
08:33 Donc ça explique le type d'arrêt boursier qu'on a vu sur le secteur après toute la performance spectaculaire que vous avez rappelée.
08:39 Après, il y a la deuxième thématique qui est l'IA.
08:43 On s'encombre assez peu de la question de la valorisation sur cette thématique de l'IA, contrairement au luxe.
08:49 Le luxe est là pour souligner des résultats concrets passés sur les dernières années.
08:57 Pour l'instant, l'IA, on est beaucoup dans l'enthousiasme et dans le prévisionnel.
09:02 Honnêtement, c'est toujours très compliqué pour les économistes, pour les analystes, pour les stratégistes,
09:08 quand on est face à des avancées technologiques majeures.
09:11 On l'a vu avec l'automatisation, la digitalisation, les RPA, etc.
09:15 C'est très dur d'analyser les impacts, que ce soit sur l'économie ou sur les modèles économiques.
09:22 Quelles sont les forces, les faiblesses, les menaces, les opportunités ?
09:26 Ça a toujours été très compliqué.
09:28 Mais le marché, pour lui, ce n'est pas compliqué parce qu'il a été discriminant très vite.
09:31 Il y a les gagnants et il y a les perdants.
09:33 Les premiers gagnants qu'on voit, c'est effectivement le secteur des semi-conducteurs, avec Nvidia ou Marvel Technologies.
09:44 Nvidia a +165% depuis le début de l'année.
09:47 Marvel Technologies a +65%.
09:50 Ce n'est pas sans nous déplaire, parce que ce sont deux valeurs qui constituent des positions importantes dans le fonds Men's Artists America ISR.
09:56 En Europe, on est toujours plus mesuré.
09:59 Les semis, c'est +30%.
10:01 Mais ça a été vraiment porté par cette médiatique...
10:04 Oui, ça paraît très légitime.
10:06 Mais c'est une des infrastructures nécessaires à toute forme de développement de l'IA générative, quels que soient les usages et les formes que ça prendra.
10:14 Tout à fait, parce que ça va accompagner et améliorer les capacités productives de l'IA.
10:20 Donc le marché ne se trompe pas quand il fait ce choix-là très vite, très fort, d'une certaine manière ?
10:25 Après, il y a des questions de valorisation sur lesquelles je ne rentrerai pas, parce qu'elles ne veulent plus rien dire à ce niveau-là.
10:31 Les valorisations de certaines valeurs aux Etats-Unis, notamment NVIDIA, c'est vrai qu'on n'a plus de rationnel.
10:36 Mais c'est vrai que vous l'avez dit, il y a les infrastructures aussi, avec les data centers dédiés.
10:41 On voit bien qu'on a Amazon, Google, Microsoft, qui progressent très bien depuis le début de l'année.
10:47 On a aussi les utilisateurs de l'IA.
10:50 Et eux, on va voir effectivement une amélioration de la productivité, de l'efficacité, grâce à une intégration croissante de l'IA générative.
11:01 Et puis, il y a les perdants.
11:03 Les investisseurs considèrent à juste titre que ce sont les services aux entreprises à faible valeur ajoutée.
11:11 Il y en a qui sont à forte valeur ajoutée. On le voit avec Dassault Systèmes, qui en a un peu profité.
11:15 A contrario, on a certains secteurs, on a l'externalisation du service client avec Téléperformance, ou alors Chegg sur l'éducation aux Etats-Unis, par exemple,
11:23 qui effectivement, là, les investisseurs considèrent qu'on est vraiment face à une disruption très forte des modèles économiques.
11:32 Alors attention, il faut toujours prendre un peu de recul.
11:34 Il y a une loi que j'aime bien citer, qui s'appelle la loi d'Amara, qui est très ancienne,
11:41 qui a été reprise par beaucoup de CEOs de la tech américaine, qui considère, qui souligne le fait qu'on a tendance toujours à surestimer les impacts court terme
11:52 de tout développement technologique et de toute avancée technologique.
11:55 Et à contrario, on a tendance à sous-estimer les impacts long terme.
11:58 Donc attention, le marché va très vite. Il faut prendre un peu de recul et vraiment bien analyser les impacts directs, indirects, sur certains secteurs et sur l'économie aussi, quand même, en général.
12:09 Et du coup, Nvidia et Marvel Technologies sont toujours dans le fonds Monsartis America ?
12:14 Oui, bien sûr. Monsartis America et Ether au même titre que Microsoft, Google.
12:19 Donc il y a eu des allègements qui ont été bien évidemment offerts, après des entrées qui ont été très pertinentes dans le fond.
12:29 Mais c'est des lignes que vous avez toujours ?
12:31 Bien évidemment.
12:32 Non mais je ne sais pas, Cathie Wood a coupé tout Nvidia fin janvier.
12:36 Tout à fait. Alors nous, on les avait renforcées presque.
12:39 On s'avait racheté à Cathie Wood.
12:43 Merci beaucoup Norane. Merci d'avoir été avec nous en plateau.
12:46 Directeur de la gestion de Monsartis, c'est Jean-Jacques Oana qui était à nos côtés également pendant cette demi-heure d'émission et d'édition.
12:53 Voilà pour Smart Bourse à la mi-journée. On se retrouve à 17h en direct sur Bsmart.
12:57 [Musique]

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