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Jeudi 23 mai 2024, SMART BOURSE reçoit Pierrick Corbel (Associé-fondateur, Venn Capital)

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00:00Le dernier quart d'heure de Smartboard. Chaque soir, c'est le quart d'heure thématique. Le thème ce soir, c'est celui de la gestion active et plus précisément de la gestion active augmentée ou comment l'intelligence collective peut bénéficier à la gestion active et peut-être même permettre de réconcilier les investisseurs avec la gestion active.
00:26C'est Pierrick Corbel qui est à mes côtés en plateau pour ce quart d'heure thématique. Bonsoir Pierrick.
00:30Bonsoir Grégoire.
00:31Merci beaucoup d'être là. Vous êtes associé fondateur de Venn Capital qui est une société, qui n'est pas une société de gestion, mais qui est une société qui fête ses 5 ans, en tout cas au cours de cette année 2024.
00:40Votre métier, c'est justement de réfléchir, d'apporter de l'innovation pour bâtir des stratégies d'investissement pour le compte de clients investisseurs institutionnels, notamment Pierrick.
00:52Racontez-nous un peu la réflexion qui vous a amené avec votre associé à fonder Venn Capital, donc c'était il y a 5 ans, 2019, avec une expérience longue, senior on va dire, dans les métiers de la gestion d'actifs.
01:05Quels constats vous avez dressés justement sur les failles ou les faillites de la gestion active et quelles solutions est-ce que vous avez apportées au marché ?
01:13Oui, à ce sujet, merci beaucoup de m'accueillir sur le plateau. Alors en effet, Venn Capital, c'est une société que j'ai co-fondée en 2019 avec mon associé Dimitri Boismar.
01:23Une société qui est spécialisée dans la conception et la promotion de stratégies d'investissement actions, des stratégies innovantes qui, à notre connaissance aujourd'hui, sont uniques en Europe.
01:31Alors pour donner quelques éléments de contexte, en effet, Dimitri et moi, nous avons poursuivi des carrières respectives assez parallèles pendant une quinzaine d'années dans le domaine de la gestion d'actifs.
01:42Et nous avions fait le constat d'une certaine problématique chez les investisseurs en actions qui, aujourd'hui, ont de la peine à percevoir, en tout cas, capter la valeur ajoutée qu'il peut y avoir au sein de l'offre d'investissement qui permet de s'exposer au marché actions.
01:57En résumé, on a des investisseurs qui sont généralement tiraillés entre l'offre historique de gestion active, qui est de plus en plus souvent perçue comme décevante et, à notre sens, parfois pour de mauvaises raisons.
02:10Et puis, l'offre de gestion passive qui ne vise, entre guillemets, qu'à répliquer la performance des indices de marché et donc qui, par définition, ne porte pas de promesse de surperformance.
02:21Donc, chez Venn Capital, nous avons la conviction qu'il existe un espace d'innovation qui, en effet, peut permettre de réconcilier les investisseurs avec la gestion active.
02:30Mais renouer avec la création de valeur, ça passe notamment par une rupture avec la pratique actuelle.
02:35En effet, on a une offre de gestion active dans son ensemble qui est souvent devenue peut-être trop édulcorée et qui, par ailleurs, demeure généralement peut-être trop dépendante de décisions individuelles qui sont, par définition, subjectives, biaisées et donc parfois faillibles.
02:51Donc, c'est autour de ces réflexions qu'on a voulu lancer une approche innovante qui vise, en fait, à concentrer l'intelligence de gérants d'exception au sein d'un seul et même portefeuille et donc en venant adresser cette problématique de biais qui existe à l'échelle individuelle.
03:06Votre métier, c'est d'aller sélectionner des gérants ?
03:08C'est un peu d'aller sélectionner des gérants et, à partir de cette réflexion, de construire des stratégies qui sont, encore une fois, assez singulières aujourd'hui dans le paysage d'investissement.
03:16Juste un mot encore sur le constat. Quand vous dites « la gestion active a pu décevoir parfois pour de mauvaises raisons », qu'est-ce que vous voulez dire ? Et, dans le même temps, vous dites « la gestion active, c'est peut-être un peu trop édulcorée », ça veut dire que ce n'est plus une gestion de conviction aujourd'hui, en tout cas perçue comme telle par les clients et les investisseurs finaux ?
03:35Je pense que ce sujet de déception qui a pu être généré et peut-être de création de valeur qui s'est un peu diluée, ils sont liés. Quand on écoute les promoteurs de la gestion passive, souvent, l'argument qui est mis en avant pour expliquer une espèce de sous-performance structurelle de la gestion active, c'est l'argument des frais.
03:51Alors, soyons clairs, cet argument des frais est mathématiquement irréfutable, c'est-à-dire que plus vous allez avoir des frais élevés, moins la performance que vous allez rendre.
03:59Mettre de frais sera importante, c'est clair.
04:01Donc, hypothèse, on est d'accord. Par contre, à conclusion, je pense qu'elle est trop manichéenne, c'est-à-dire que la réalité est beaucoup plus complexe. En fait, il y a toujours des gérants actifs talentueux, mais ils ont certainement été noyés dans une offre qui s'est élargie, s'est édulcorée, avec des fonds qui ressemblent peut-être un peu trop au niveau de la gestion active de plus en plus aux indices.
04:19Donc, si vous avez des fonds qui vont coller aux indices et que vous rajoutez une couche de frais...
04:23Bien sûr, c'est la recette de l'échec.
04:25Exactement.
04:26Oui, tout à fait.
04:27Donc, en fait, nous, le premier pilier de réflexion, en fait, c'est d'opérer un retour aux fondamentaux, c'est-à-dire qu'il faut proposer, en tout cas nous, on souhaite proposer des stratégies de gestion qui soient différenciantes, qui soient concentrées sur un certain nombre de valeurs.
04:40Et donc, c'est pour ça qu'on construit des stratégies qui sont équipondérées sur 30 convictions.
04:43Oui, c'est ça, avec une vraie promesse d'alpha, effectivement, pour l'investisseur.
04:48Comment ça se passe, justement, concrètement ? Et je disais, votre domaine d'expertise pour ramener, réconcilier la gestion active et les investisseurs se fonde sur l'intelligence collective.
04:59Il y a beaucoup de travaux académiques déjà autour de la finance comportementale qui sont contemporains aujourd'hui.
05:06Concrètement, comment on passe de ces travaux académiques autour de la finance comportementale de l'intelligence collective à...
05:13Alors, il y a deux portefeuilles, il y a un portefeuille américain, un portefeuille européen, grande capitalisation, à deux portefeuilles avec 30 lignes chacun.
05:22Oui, alors, là, on a pas mal de sujets à adresser.
05:25Bon, la première chose, c'est que cette problématique de biais, en fait, de biais cognitifs, de biais comportementaux qui sont mis en lumière depuis quelques décennies maintenant par la finance comportementale,
05:34c'est encore un sujet qui n'est pas vraiment démocratisé.
05:38C'est-à-dire que si on remonte quelques décennies en arrière, on va dire l'hypothèse centrale dans tous les modèles économiques et dans la finance par extension, c'est la rationalité des investisseurs.
05:47Alors, individuellement, on sait bien que quand on touche à notre patrimoine, notre épargne, nos investissements, en fait, il y a quand même une dose de psychologie.
05:54D'émotion, même.
05:56C'est ce que la finance comportementale est venue mettre en lumière.
06:00C'est-à-dire que ce modèle d'investisseurs rationnels, froidement réfléchis, en réalité, il n'existe pas.
06:07C'est-à-dire qu'on est des êtres émotionnels, on est porteurs.
06:10Parfois, on prend des décisions sur le coût d'émotion.
06:12On est porteur de biais, en fait.
06:14On va réfléchir selon des schémas de pensée, des raccourcis.
06:17Et ça peut nous amener à faire des sorties de pistes.
06:19Donc, c'est autour de cette réflexion qu'on a développé nos stratégies.
06:23Chez EVEN, on est convaincu que les biais vont pouvoir engendrer des phases de surperformance au sein même du gestion actif.
06:29Qui, finalement, est généralement centré sur un individu, en fait.
06:32Et donc, on a cherché une solution qui permettrait de répondre à cette problématique de biais qu'on rencontre à l'échelle individuelle.
06:38En lissant, en gommant ces biais personnels, affectifs, psychologiques et émotionnels.
06:43Alors, la bonne nouvelle, c'est que nous ne sommes pas tous des êtres froidement rationnels.
06:47Il y a une dose d'émotion qui subsiste.
06:49Et puis que, par ailleurs, en tant qu'être humain, on est tous différents.
06:52Et donc, on ne va pas être porteurs des mêmes biais.
06:54Et puis, même pour certains biais cognitifs, comportementaux qu'on retrouverait chez l'ensemble des individus qui sont un peu, on va dire, transverses.
07:01On ne va pas les porter dans la même amplitude.
07:03Et puis, on ne va pas les exprimer au même moment.
07:05Donc, c'est autour de cette réflexion qu'on a cherché à développer une stratégie qui capitalise sur le bon sens de la gestion active.
07:10Mais en venant gommer cette problématique de biais.
07:12Et en effet, la réponse qu'on a trouvée, c'est le concept d'intelligence collective.
07:16Alors, l'intelligence collective, pour le résumer simplement, ça part d'un constat.
07:20Qui est que, quand vous prenez un groupe d'individus qui soit suffisamment large et diversifié.
07:24Tout le savoir, toute l'information que vous allez avoir au sein de ce groupe d'individus, il va tendre à s'additionner.
07:29Alors qu'au contraire, les biais, la subjectivité, va se neutraliser.
07:32Et donc, nous, en fait, notre démarche, ça part de cette idée qui est assez peu présente encore.
07:38Assez peu développée au sein du monde de la gestion d'actifs, de la finance.
07:41Mais qui est une idée qui est très ancienne, en fait.
07:44Qui est très puissante.
07:45Très puissante.
07:46Oui, bien sûr.
07:47Exactement.
07:48Et donc, l'idée, en fait, c'est de dire que quand vous avez un bon gérant qui valide un cas d'investissement.
07:52C'est déjà un signal qui est puissant.
07:53Mais qui reste porteur de toute sa subjectivité.
07:55Par contre, si vous avez un groupe de plusieurs bons gérants indépendants.
07:59Diversifiés, avec des sensibilités différentes.
08:01Qui valident ce même cas d'investissement.
08:02Dans ce cas-là, les raisons objectives, elles vont se cumuler.
08:04Alors que la part de subjectivité, les biais, ils vont se neutraliser.
08:08Et typiquement, quand vous achetez une action, des biais, il peut y en avoir énormément.
08:10Vous pouvez, je ne sais pas, avoir une sympathie ou une antipathie pour le management.
08:14Un affect ou un désamour pour les produits.
08:16Vous pouvez aussi avoir un historique de performance sur le titre.
08:20Qui a fait que vous êtes un peu tombé amoureux de la valeur.
08:23Exactement.
08:24Que vous êtes un peu moins...
08:25Même pour les professionnels.
08:26C'est bien dans ce cadre-là qu'effectivement, y compris pour des professionnels, ça reste des pièges.
08:31La phase concrète, justement, comment est-ce qu'elle se traduit, Pierrick ?
08:36Et je disais, votre métier, c'est de sélectionner des gérants.
08:38Mais il y a un peu cette idée-là.
08:40Alors, en pratique, comment est-ce qu'on fonctionne ?
08:42L'idée, c'est d'aller capitaliser sur les évolutions technologiques qui portent l'ensemble de l'économie,
08:47mais qui sont aussi des vecteurs d'innovation dans notre métier.
08:49C'est-à-dire qu'aujourd'hui, on a accès à beaucoup de données.
08:51On a des outils qui permettent de l'exploiter.
08:53Donc concrètement, nous, ce qu'on a fait, c'est qu'on a développé des algorithmes
08:57qui permettent d'aller récupérer les données publiques d'inventaires de portefeuille,
09:00de panel de gérants qu'on a, en effet, pré-identifiés.
09:03Une partie de notre métier, en effet, c'est...
09:04C'est quoi ? Plusieurs dizaines, à chaque fois, dans le marché américain, marché européen ?
09:07On a deux stratégies qui font l'objet de commercialisations au format fonds, aujourd'hui.
09:12Par Arc et AIS, c'est ça ?
09:13Exactement, par notre partenaire, le fédéral finance gestion, avec qui on a lancé les fonds fin 2019.
09:18Au sein de chacune des stratégies, il y a un fonds action européen qui s'appelle AIS VENN Collective Alpha Europe.
09:24On s'appuie sur un panel de 27 gérants.
09:26Et un fonds action américain qui s'appelle AIS VENN Collective Alpha US.
09:30On s'appuie sur un panel de 49 gérants.
09:32Donc, on va agréger, en fait, les données publiques de portefeuille de ces gérants,
09:35pour construire des stratégies qui visent à exploiter l'intelligence collective de ces panels de gérants,
09:40finalement, en investissant sur les plus fortes convictions communes de ces gérants très talentueux.
09:44Et, effectivement, l'idée de le faire sur des large caps, par exemple, dans l'idée de générer de l'alpha, ce n'est pas...
09:54Parce que, souvent, ce qu'on reproche aussi à la gestion active, c'est le fonds large cap Europe ou le fonds large cap US,
10:01qui a assez peu d'intérêt, finalement, par rapport à l'indice, par rapport au marché en tant que tel,
10:08avec, en plus, des concentrations énormes, aujourd'hui, dans les indices.
10:12Mais ce travail-là, on peut le faire sur des large caps ?
10:14C'est tout à fait pertinent pour vous de le faire dans cet univers-là ?
10:17Oui, on peut le faire sur des large caps.
10:18Alors, l'avantage de l'approche, c'est qu'en fait, elle est réplicable à différentes échelles.
10:21C'est-à-dire que, nous, on a commencé par le faire sur des large caps pour faire la preuve du concept.
10:25Mais on peut aussi le faire sur des small caps. On a commencé à développer des stratégies.
10:28En l'occurrence, donc, les deux stratégies qu'on a lancées sont des stratégies large caps.
10:32L'avantage, c'est qu'en fait, elles sont concentrées sur 30 valeurs et coups pondérés.
10:35Donc, ça crée des stratégies très différenciées par rapport aux indices.
10:38On a des taux de différenciation qui tournent autour de 80-85 %.
10:42C'est de la vraie conviction, quoi.
10:43Exactement.
10:44Et on a des raisons. On commence à avoir un historique qui est…
10:47C'est ça, la question. 5 ans après, est-ce que vous avez réconcilié les investisseurs ?
10:51Dans la 5e année, est-ce que vous avez réconcilié les investisseurs et la gestion active ?
10:56On a lancé les fonds en partenariat avec Fédéral avec quelques millions d'euros sur chacun des fonds.
11:03Aujourd'hui, on a des encours cumulés qui se rapprochent des 120 millions d'euros.
11:07Donc, on a en tout cas une demande des investisseurs qui est présente, même si c'est encore confidentiel.
11:13Les résultats sont plutôt encourageants.
11:16C'est-à-dire que si on parle de performances absolues en annualisé depuis qu'on s'est lancé sur la stratégie américaine,
11:22on tourne à un peu plus de 13 % par an.
11:25Sur la stratégie européenne, un peu moins de 12 % par an.
11:28En relatif par rapport aux indices, on a des très bons résultats sur l'Europe.
11:32Le fonds est classé parmi les tout meilleurs fonds européens en premier décile, quelque chose comme ça,
11:37puisqu'on dégage par rapport aux indices européens une surperformance annualisée,
11:41donc net de frais de près de 3 points par an.
11:43D'accord.
11:44C'est assez conséquent.
11:45Sur les US, on court un peu plus après l'indice parce que les marchés américains se sont concentrés sur quelques grosses valeurs.
11:50Nous, en étant écouilles pondérées sur une trentaine de valeurs, forcément, on est moins concentrés sur ces gros poids lourds.
11:55Après, on a quand même des résultats qui sont tout à fait honorables au sein du panel de concurrents.
11:59Merci beaucoup, Pierrick.
12:00Merci d'être venu évoquer pour nous ces nouveaux outils, cette innovation que vous avez apportée au marché
12:05à travers l'idée de l'intelligence collective, la finance comportementale,
12:09et redonner de l'alpha à la gestion active.
12:13C'est quand même le sens de cette gestion de conviction.
12:15Pierrick Corbell, associé fondateur de Venn Capital, était l'invité du quart d'heure thématique de Smart Bourse.
12:19Ce soir, sur Bismarck.

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