Dans son édito du 20/05/2023, Mathieu Bock-Côté revient sur l'idéologie woke.
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00:00 Deuxième thématique très intéressante.
00:02 L'Histoire a fait parler.
00:03 Une association militante associée à la mouvance trans
00:06 est parvenue à se faire inviter à l'école alsacienne
00:09 pour assurer une formation consacrée à la lutte contre la LGBTphobie.
00:15 Mets le toit à Viro Fiasco quand on a appris que les formateurs
00:19 ont en fait accusé les enfants de transphobie
00:22 lorsqu'ils émirent un doute à l'idée que les hommes puissent être enceints.
00:26 De quoi cette histoire est-elle le nom, cher Mathieu ?
00:29 Il faut y aller très clairement.
00:31 C'est tout sauf un fait divers, un dérapage.
00:33 C'est le symbole de ce que devient, et pas seulement en France,
00:37 partout dans le monde occidental, l'éducation nationale ou publique.
00:41 Qu'est-ce qu'on a au nom ?
00:42 On a une école qui, au nom de la lutte contre la discrimination,
00:45 vu comme l'horizon moral indépassable de notre époque,
00:47 invite des associations militantes
00:49 qui décident de prendre en charge la formation idéologique des élèves,
00:53 c'est-à-dire dans les faits qui cherchent à les endoctriner,
00:56 à partir d'une vision.
00:57 Quelle est cette vision ?
00:58 C'est la théorie du genre dans sa forme la plus radicale.
01:00 Par exemple, dans la formation, le Figaro nous rapportait ça.
01:03 On nous dit qu'il n'y a pas que deux sexes, il y a beaucoup plus de sexes.
01:05 Hommes et femmes, c'est réac.
01:07 C'est peut-être même d'extrême droite.
01:09 Donc, hommes et femmes, c'est d'extrême droite et réac,
01:11 mais il y a une espèce de spectre du genre qui est beaucoup plus large.
01:15 On nous dit que si vous avez des réserves sur la question des toilettes mixtes,
01:20 c'est-à-dire inviter des garçons dans les toilettes des filles et inverse,
01:23 vous avez probablement une conception trop fermée de l'identité sexuelle.
01:26 Et si vous pensez qu'un homme ne peut pas être enceinte,
01:29 vous êtes transphobe.
01:30 D'ailleurs, les élèves qui vont questionner les militants associatifs
01:34 qui étaient présents dans l'école se sont fait accuser de transphobie
01:37 lorsqu'ils ont dit qu'un homme ne pouvait pas être enceinte.
01:40 C'est, soit dit en passant, le même discours qu'on avait au planning familial
01:43 il y a un an.
01:44 Alors, qu'est-ce qu'il y a là-dedans ?
01:45 Je me fais plus rapide, le temps nous manque.
01:48 D'abord, c'est l'idéologisation de l'école.
01:50 L'école n'est plus au service de la transmission de la culture,
01:53 du patrimoine de civilisation, de la connaissance.
01:55 Elle est mise au service d'un projet de déconstruction
01:58 et les enfants sont traités comme les cobayes d'un nouveau régime
02:01 que l'on peut manipuler pour en faire finalement le peuple nouveau,
02:05 délivrer les préjugés du monde ancien.
02:07 Deuxièmement, ça nous a dit beaucoup sur la présence d'associations militantes
02:11 dans les écoles qui prétendent se greffer à la fonction d'enseignement et d'éducation.
02:16 Mais dans les faits, ces associations militantes détournent une institution publique
02:19 en fonction de fins idéologiques particulières.
02:22 À ce compte-là, est-ce qu'on pourrait inviter des gens de toutes les tendances idéologiques
02:24 ou seulement ceux qui se classent dans la mouvance diversitaire?
02:28 Troisièmement, la dimension de prosélytisme.
02:30 Parce qu'on le voyait dans l'article du Figaro qui parlait de ça.
02:33 Les militants disaient que si vous avez des doutes sur votre identité,
02:36 vous êtes peut-être trans, vous êtes peut-être de l'autre identité sexuelle.
02:40 Vous êtes un garçon, mais en fait vous êtes peut-être une fille.
02:42 Donc on cherche à...
02:43 Vous savez, l'adolescence, c'est la période des doutes, des inquiétudes.
02:45 On cherche à orienter les doutes et les inquiétudes propres à l'adolescence
02:49 dans la théorie du genre pour pousser à la conversion d'identité de genre.
02:53 C'est véritablement, de ce point de vue, du prosélytisme à l'école.
02:57 C'est aussi la normalisation de l'idéologie trans-radicale,
03:00 qui nous dit finalement que hommes et femmes, je le disais,
03:02 sont des catégories résiduelles, réactionnaires.
03:04 Et aujourd'hui, la nouvelle norme, c'est la fluidité de genre,
03:07 c'est l'indétermination sexuelle.
03:10 On y voit aussi une intimidation des enfants, il ne faut pas se tromper.
03:13 Les enfants se font dire « si tu penses ça, t'es transphobe ».
03:16 Donc c'est une intimidation, c'est une agression idéologique et symbolique
03:20 et psychologique et psychique contre les enfants.
03:23 Et en dernière instance, ça nous montre ce à quoi l'éducation à la sexualité,
03:26 en tant que telle, on comprend tous sa nécessité, c'est-à-dire la biologie,
03:29 et puis apprendre aux enfants à se défendre, et ainsi de suite.
03:31 Mais là, on voit que l'éducation à la sexualité, aujourd'hui,
03:33 ça sert de prétexte au déploiement d'un agenda radical
03:35 qui pousse à la déconstruction intégrale, je dirais,
03:39 des référents culturels, anthropologiques et symboliques.
03:42 Et à travers cela, c'est un détournement de mission de l'école.
03:44 - Un détournement de mission, qu'entendez-vous par là, Mathieu ?
03:47 - Transmission du savoir, transmission de la culture,
03:50 transmission du patrimoine de civilisation,
03:52 telle est la mission de l'école.
03:54 Si elle décide non pas de transmettre culture, civilisation, patrimoine,
03:58 mais de déconstruire tout cela,
03:59 justement en transformant l'école en laboratoire d'une société nouvelle,
04:02 en laboratoire d'un monde nouveau, l'école trahit sa fonction.
04:06 J'ajoute, soit dit en passant, que c'est l'écho de ce qui se fait aussi à l'université.
04:09 Il faut voir ce qui se fait.
04:10 La production du savoir, on pourrait dire que la chaîne intégrale est aujourd'hui corrompue.
04:14 À l'université, on déconstruit la biologie, au nom de la théorie du genre, je le disais.
04:17 On déconstruit l'histoire nationale.
04:19 La sociologie réduit l'ensemble de la société à des rapports sociaux,
04:23 artificiels et de domination.
04:25 La question de l'équité dans tous les domaines
04:26 pousse à la falsification de la recherche, de la connaissance.
04:29 C'est terrible, on le voit en Amérique du Nord.
04:30 La connaissance est subordonnée à l'idéologie diversitaire.
04:33 De ce point de vue, si l'école va mal,
04:35 c'est parce que la production du savoir, même au plus haut niveau, va mal.
04:39 - Bon, à vous entendre quand même, tout est perdu.
04:41 Vous êtes un peu alarmiste, Mathieu.
04:42 - Oui, mais non.
04:43 Tout est toujours perdu depuis la nuit des temps,
04:44 mais tout peut être sauvé heureusement.
04:46 Alors pourquoi ?
04:47 Parce que les classiques sont encore disponibles,
04:49 parce qu'on peut délivrer l'école du pédagogisme,
04:51 parce qu'on peut interdire la présence des associations militantes à l'école
04:55 et on peut multiplier les lieux indépendants
04:57 où la culture va se réfugier sur le mode de l'oasis,
05:00 le temps nécessaire pour reconstruire l'école
05:02 qui, pour l'instant, est détournée par des idéologues.
05:05 [Musique]
05:09 [SILENCE]