Terres de Mission reçoit l'abbé Jean-Yves Ducourneau, ancien aumônier militaire, qui vient de publier "Des armes et des âmes", sur son expérience à la frontière de l'Eglise et de l'armée.
Puis Christian Franchet d'Esperey, rédacteur en chef de la "Revue universelle", présente cette revue déjà ancienne, lancée en 1920 sous le double patronage de Charles Maurras et de Jacques Maritain (et relancée voici une dizaine d'années).
Enfin, Guillaume de Thieulloy évoque quelques livres récemment parus.
Puis Christian Franchet d'Esperey, rédacteur en chef de la "Revue universelle", présente cette revue déjà ancienne, lancée en 1920 sous le double patronage de Charles Maurras et de Jacques Maritain (et relancée voici une dizaine d'années).
Enfin, Guillaume de Thieulloy évoque quelques livres récemment parus.
Category
📺
TVTranscription
00:00 *Musique*
00:05 *Musique*
00:30 *Musique*
00:40 Bonjour chers amis téléspectateurs, très heureux de vous retrouver pour une nouvelle édition de Terre de Mission,
00:45 l'émission religieuse de TV Liberté.
00:48 Au programme aujourd'hui, nous allons recevoir l'abbé Jean-Yves Ducournau, ancien aumônier militaire,
00:54 qui vient nous présenter son testament spirituel, un livre qui s'appelle "Des armes et des âmes",
01:01 un livre sur la mission de l'aumônier militaire.
01:04 Puis, nous recevrons Christian Franchet d'Espéré, qui était là la semaine dernière déjà,
01:10 qui va nous parler de la revue "Universel", dont il est le rédacteur en chef.
01:14 Revue "Universel" qui avait été créée en 1920 sous le patronage de Jacques Maritain et de Charles Maurras,
01:20 animée par Jacques Bainville, donc une revue assez prestigieuse.
01:24 Et enfin, je vous présenterai, comme je le fais de temps en temps, quelques livres à lire et à découvrir.
01:31 *Musique*
01:43 Eh bien, retour sur le plateau de Terre de Mission, et j'ai le plaisir d'accueillir l'abbé Jean-Yves Ducournau.
01:48 Bonjour mon père. – Bonjour.
01:49 – Vous êtes aumônier militaire et vous venez de publier un très bel ouvrage qui s'appelle "Des armes et des âmes".
01:56 Donc évidemment, le jeu de mots échappera à personne, mais c'est clairement la mission de l'aumônier militaire
02:03 d'être au carrefour de deux mondes très opposés, le monde de l'Église qui est un monde de paix, de réconciliation,
02:12 et le monde militaire qui est un monde de guerre par construction.
02:15 Et donc vous êtes un peu, j'allais dire, à la frontière de deux mondes.
02:20 Comment est-ce que vous vivez ça comme aumônier militaire, avant de venir au livre, évidemment ?
02:24 – Alors maintenant, je suis aumônier militaire en réserve citoyenne,
02:27 après avoir fait de nombreuses années au sein de l'aumônerie en tant qu'aumônier d'actives,
02:32 notamment à la Légion étrangère, pendant quelques années.
02:36 Aujourd'hui, je voudrais quand même dire que nos militaires sont des êtres de paix, sont des hommes de paix.
02:44 – Vous faites bien de le rappeler.
02:45 – Parce que c'est important aussi, puisqu'en fait, ils ne sont envoyés sur les théâtres de guerre et de conflits
02:51 que pour faire cesser les guerres et les conflits.
02:54 Alors évidemment, avec les moyens qui sont les leurs, mais ils sont la branche armée du politique,
03:00 de manière à ce que, effectivement, la situation normale revienne.
03:04 Alors la présence du prêtre aux armées, c'est une présence, effectivement, de paix, de réconfort,
03:13 de soutien, d'écoute et d'accompagnement spirituel,
03:18 qui passe aussi par l'accompagnement humain, parce qu'il n'y a pas de différence.
03:22 La spiritualité…
03:24 – Il n'y a pas la surnature d'un côté et la nature de l'autre.
03:27 – Non, non, non, la spiritualité, ça vient d'esprit,
03:29 esprit, ça a donné à inspirer, respirer et même expirer.
03:33 Donc en fait, tout est lié.
03:35 – Tout est lié.
03:36 Et donc évidemment, l'aumônier militaire, et en particulier aux Premières Loges, si je puis dire,
03:42 pour les questions fondamentales de la vie et de la mort,
03:44 puisque vous vous accompagnez des gens qui risquent leur vie.
03:47 – Absolument, c'est pour ça que le vocabulaire peut-être entre l'Église et l'armée se rejoint,
03:55 puisque les uns comme les autres ne vivent pas d'un métier, mais d'une vocation.
04:01 On entre un petit peu, je dirais, en sacerdoce, en armée aussi,
04:04 parce qu'on donne sa vie, on donne sa vie,
04:07 on a la vision qu'on est préparé au moins, théoriquement, à ce don qui passe au sacrifice.
04:13 Le sacrifice est un terme aussi que l'on retrouve dans la foi,
04:16 mais il y a aussi l'abnégation, le don de soi, le dépassement,
04:20 beaucoup de choses qui rejoignent le lieu spirituel.
04:27 Et à partir de là, notre présence est tout à fait, je dirais,
04:33 même si on n'a pas un tapis rouge qui nous invite comme cela à être accueillis comme des princes,
04:40 non, non, pas du tout, notre présence est une présence humble d'accompagnement.
04:46 – Et alors, comment ça se passe ?
04:47 Est-ce que tous les chefs de corps vous accueillent volontiers ?
04:50 Est-ce qu'il y en a qui sont plus ou moins sympathisants ?
04:53 Comment ça se passe ?
04:54 – Oh, ben, il y a de tout, concrètement, il y a de tout.
04:58 Moi, j'ai toujours eu, j'ai eu la chance d'avoir des chefs de corps très amenants,
05:03 très accueillants, sauf un.
05:06 Bon, ça arrive, mais je ne vais pas lui en tenir rigueur.
05:11 Bon, voilà, il avait ses idées, moi j'avais les miennes, donc à partir de là, bon…
05:16 – Qui n'étaient pas les mêmes.
05:17 – Oui, qui n'étaient pas les mêmes, mais on a pu quand même travailler ensemble,
05:22 parce qu'on ne travaille pas pour soi, l'un comme l'autre,
05:26 nous travaillons pour les soldats, si on commence à travailler pour nous-mêmes
05:29 et pour son propre succès, sa propre gloire,
05:31 on va à l'échec et on ne sert pas les hommes qui sont avec nous.
05:36 – Alors, la France redécouvre, après des décennies de paix
05:42 qui nous avaient un peu endormis sur ces graves débats,
05:45 mais la France redécouvre qu'on peut se retrouver en guerre.
05:49 Alors, évidemment, si vous avez été au monier de la Légion,
05:52 vous avez toujours connu des théâtres de guerre,
05:54 mais pour les Français, c'est un peu nouveau avec la guerre en Ukraine.
06:00 Se repose la question de ce que c'est qu'une guerre juste ?
06:02 Se repose la question de savoir dans quel contexte on a le droit d'engager,
06:06 donc de pousser des hommes à risquer leur vie ?
06:08 Enfin, c'est quand même pas tout à fait rien de prendre ces décisions-là.
06:11 – Non, parce que quand on dit "guerre juste", on tombe dans la subjectivité.
06:17 Il n'y a pas de loi qui spécifie qu'une guerre est juste.
06:20 Il y a peut-être une définition d'une guerre légitime
06:25 ou une guerre, que l'on peut dire, justifiée par rapport à un agresseur.
06:29 À partir de là, on peut avoir une réponse qui peut être justifiée, voire légitimée.
06:36 Pour cela, il ne faut pas que la réponse…
06:40 il faut que la réponse aille dans le sens de l'agression,
06:45 c'est-à-dire qu'elle ne soit pas plus forte.
06:48 – Pas disproportionnée.
06:50 – Voilà, si ce n'est pour arrêter l'agression.
06:53 Et donc, la réponse à l'agression est, d'un point de vue du droit, légitime.
07:00 – Bien sûr.
07:01 Oui, c'est la même logique que la légitime défense,
07:04 on fait en sorte que l'agression s'arrête en fait.
07:07 – Oui, après, il y a tout le principe juridique au sein de la guerre,
07:11 il y a le droit, évidemment, de répondre,
07:14 donc le droit de la guerre ou le droit à la guerre,
07:16 mais aussi le droit dans la guerre.
07:18 Et le droit dans la guerre, c'est le respect des populations civiles,
07:20 le respect des plus faibles et le respect des prisonniers, notamment, il y a ça.
07:24 Et puis ensuite, il y a peut-être aussi le droit après la guerre,
07:27 c'est-à-dire faire en sorte que les traités et les alliances
07:30 soient quelque chose de solide sur lesquels on peut baser une paix
07:34 en mettant à la même table des personnes au même niveau.
07:38 Ce qu'on n'a pas fait, par exemple, en 1870 et en 1918.
07:44 – En 1945, oui.
07:46 – On n'a pas fait ça, donc après on l'a payé.
07:48 – Oui, absolument.
07:49 – Donc on n'impose pas des concessions aux vaincus,
07:52 parce que sinon, les concessions c'est négatif,
07:54 dans le sens, ce n'est jamais volontaire une concession.
07:57 Donc un jour ou l'autre, il y a quelque chose qui s'appelle une revanche.
08:01 – Bien sûr, et a fortiori, pas de capitulation sans condition,
08:04 comme on a réclamé en 1945.
08:06 Mais quand vous dites, par exemple, le droit dans la guerre,
08:11 c'est-à-dire en particulier le respect des populations civiles,
08:15 dans la guerre moderne, ou la guerre contemporaine au moins,
08:18 on a une imbrication des populations civiles et des populations militaires
08:22 qui est très forte, et typiquement, aujourd'hui, on bombarde des villes
08:26 avec des conséquences sur les populations civiles qui sont évidentes,
08:29 et il arrive même que les militaires soient plus protégés que les civils,
08:32 ce qui est très paradoxal, mais c'est le cas.
08:34 Ça peut arriver en tout cas.
08:35 – Oui, ça peut arriver, c'est-à-dire depuis l'invention de l'artillerie lourde,
08:42 de l'artillerie qui dépasse le stade du conflit militaire.
08:46 Jadis, le conflit militaire, c'était quoi ?
08:48 On était sur un champ de bataille, ce qu'on appelait un champ de bataille,
08:51 il y avait deux troupes qui arrivaient et elles s'affrontaient.
08:53 Depuis la naissance de cette artillerie moderne, donc la guerre de 1914,
08:56 où on a vu les dégâts que ça a fait,
08:59 bon là, et c'est là où il y a eu la première fois, d'une manière concrète,
09:04 les morts et les blessés civils,
09:07 qui n'avaient rien à voir avec les champs de bataille,
09:10 puisque les champs de bataille, là, il n'y en avait plus.
09:12 C'était dans les villes, c'était sur les cathédrales, c'était beaucoup de choses.
09:16 Et à partir de là, effectivement, on a pensé à réfléchir,
09:19 et l'Église en premier, avec Benoît XV, à l'époque, en 1915 déjà,
09:24 donc au tout début de la guerre, avait pensé à la création d'une société des nations,
09:28 justement pour garantir ce droit de ne pas attaquer les civils,
09:37 de ne pas faire payer aux civils les animosités de la guerre.
09:42 Bon, c'est pas forcément…
09:44 – Pour l'instant, ça n'a pas très bien marché.
09:46 – C'est très difficile, oui.
09:48 – D'autant qu'en fait, le problème, c'est que cette autorité
09:51 que l'on dit légitime pour trancher entre nations souveraines,
09:54 n'a pas la puissance de coercition qu'on a dans une puissance souveraine, en fait.
09:58 – Et puis bon, il y a aussi le fait que parfois, je dirais,
10:03 les gens qui sont pas forcément des soldats,
10:06 mais les gens qui sont en possession des armes capables de tirer sur l'ennemi,
10:09 prennent un otage, parfois les populations civiles,
10:13 et tirent depuis les populations civiles.
10:16 Je ne vais pas rentrer dans l'histoire concrète,
10:19 mais c'est un peu ce qui s'est passé au Liban, au Sud-Liban, etc.
10:23 – Et a fortiori, quand il y a du terrorisme,
10:25 on utilise les populations civiles comme moyen de pression.
10:28 – Et oui, donc en fait, la réponse, elle est violente,
10:30 parce que évidemment, ces personnes sont touchées,
10:33 parce que les roquettes sont parties de là.
10:35 Donc bon, oui, c'est un travail de longue haleine, oui.
10:39 – Et comment est-ce que réagissent vos interlocuteurs militaires
10:45 quand vous leur parlez de ripostes proportionnées, des choses comme ça ?
10:51 Parce que j'imagine que vous parlez aussi des conséquences,
10:54 pas de la morale de la guerre juste, en quelque sorte.
10:57 Quand vous êtes vous-même en guerre,
10:59 ce n'est pas tout à fait la même chose que d'y réfléchir tranquillement
11:01 sur un plateau de délai.
11:02 – Oui, absolument, mais ils en sont conscients.
11:04 Le militaire n'est pas un mercenaire, il est formé au droit de la guerre,
11:09 au droit de la guerre, au droit dans la guerre, et au droit de la paix.
11:12 Il est formé à tout cela.
11:13 Donc en fait, les chefs sont formés.
11:16 Donc après, c'est le chef qui guide sa troupe,
11:21 même si la troupe ne connaît pas forcément les tenants
11:24 et les aboutissants du conflit,
11:25 elle suit le chef dans un climat de confiance réciproque, effectivement.
11:30 Et le chef lui-même suit ses propres chefs,
11:33 donc il y a quand même une formation.
11:36 Ce n'est pas nouveau pour un militaire.
11:38 – Non, je sais pas.
11:39 – Donc à partir de là, il y a des personnes qui sont capables,
11:44 à l'intérieur de cette vie militaire, d'essayer de canaliser peut-être aussi,
11:49 je dirais, peut-être cet appel inconscient de la violence
11:55 ou de la domination de l'ennemi par la force.
11:58 Or la force, c'est quelque chose qui se maîtrise.
12:00 La force n'est pas la violence.
12:02 La violence dépasse la force.
12:03 La force, c'est quelque chose qui se maîtrise.
12:04 Il peut y avoir de la violence dans la force,
12:06 et là, ça peut mener à la vengeance, etc.
12:08 Et c'est ça qu'il faut faire attention,
12:11 que cette force ne se transforme pas en violence,
12:14 qui elle-même peut se transformer en haine, et donc en vengeance.
12:19 Quand on a, par exemple, un soldat qui se fait tuer,
12:24 il y a, et là, le rôle de l'aumônier est très clair,
12:28 il y a cette gestion, la gestion de la violence qui est très importante.
12:33 – Merci beaucoup, donc, Père Jean-Yves Ducournau,
12:36 testament spirituel d'un aumônier militaire,
12:38 des armes et des âmes, c'est paru aux éditions Techie,
12:42 et c'est un livre passionnant en tout temps,
12:45 mais spécialement en ces temps où la guerre revient chez nous.
12:48 – Merci beaucoup.
12:49 – Merci beaucoup, mon père, et nous vous souhaitons
12:52 beaucoup de lecteurs pour cet excellent livre.
12:54 Merci. – Merci à vous.
12:55 [Musique]
13:07 – Retour sur le plateau de Terre de Mission,
13:09 et j'ai le plaisir d'accueillir de nouveau Christian "Enfranchi et Despéré".
13:12 La semaine dernière, il venait parler de l'admirable livre
13:16 "Recueil de correspondance entre Maurras et le Carmel de Lisieux,
13:19 un chemin de conversion", et aujourd'hui, il vient parler
13:23 de la nouvelle revue "Universelle", revue qui a été relancée,
13:27 qui est la revue qui avait été lancée en 1920 par Jacques Bainville
13:30 comme rédacteur en chef, donc vous êtes le successeur de Jacques Bainville,
13:33 ce qui n'est quand même pas tout à fait rien,
13:35 et qui avait été patronnée d'un côté par Maritain
13:38 et de l'autre côté par Maurras, qui avait ensemble reçu un héritage
13:42 et qui l'avait consacré à cette revue, qui a lancé Henri Massis,
13:46 qui a été une revue prestigieuse dans la droite catholique française,
13:52 qui a été relancée par notre ami Hilaire de Crémier,
13:54 et donc voilà, je voulais qu'on parle de cette grande, grand titre.
13:59 – Tout à fait, à l'origine, Jacques Bainville était le directeur,
14:03 et le rédacteur en chef était Henri Massis,
14:06 qui est devenu directeur après la mort de Bainville.
14:08 – Très bien.
14:09 – Voilà.
14:10 – Et donc vous avez gardé le même projet en fait que Bainville et Massis ?
14:14 – Oui, enfin vu tes 18 and 10, malheureusement…
14:18 – Le niveau n'a pas progressé.
14:20 – Par rapport à Bainville, c'était très difficile de faire beaucoup mieux,
14:24 mais par contre ça reste un modèle pour nous,
14:27 depuis le Révin, c'était certainement quelque chose qui a motivé,
14:31 en particulier Hilaire de Crémier lorsqu'il a repris cette revue,
14:35 et il m'en a confié la rédaction en fève, maintenant,
14:40 bientôt une douzaine d'années,
14:42 ce qui commence à faire un bail un tout petit peu long,
14:44 il faudra sans doute que… voilà.
14:46 Mais cette revue dont on parait tous les trois mois,
14:53 elle est avec une grande régularité, mais c'est une régularité irrégulière,
14:59 elle ne respecte pas toujours les dates,
15:01 mais par contre le rythme trimestriel a été pour l'essentiel maintenu.
15:07 Et voilà, alors l'esprit est évidemment bainvillien,
15:11 nous sommes actuellement, ce n'a pas toujours été le cas,
15:15 actuellement lancés dans une campagne en faveur de Maurras,
15:23 et dont on peut un peu plus parler depuis qu'il avait été le héros
15:29 d'une histoire de commémoration au ministère de la Culture il y a quelques années.
15:34 – Ça ne l'a pas échappé.
15:36 – Et surtout, il faut bien le dire,
15:39 grâce à l'antelopie qui a été réalisée dans la collection bouquins par Martin Mott,
15:45 et cette antelopie a permis à beaucoup de gens d'accéder enfin à des textes
15:49 qui étaient devenus très difficiles d'accès.
15:52 Alors on peut devoir trouver des livres d'occasion sur internet,
15:55 mais ce n'est pas la même chose là, dans la collection bouquins,
15:58 on a beaucoup de choses, il y manque beaucoup de choses également,
16:02 mais c'est quand même un instrument tout à fait précieux.
16:04 – De toute façon, le problème de ces grands écrivains,
16:08 c'est qu'ils ont beaucoup écrit de livres,
16:10 mais ils ont aussi beaucoup écrit au fil des événements,
16:13 et donc évidemment il y a beaucoup d'articles qui ne sont plus du tout compréhensibles.
16:17 – Maurras a plus publié que Voltaire lui-même,
16:20 ce qui est démonté par rien.
16:23 Alors bien entendu, dans le combat quotidien,
16:27 il y a seulement beaucoup d'effets qui n'ont plus de signification pour nous aujourd'hui,
16:33 ou en tout cas ne peuvent intéresser que les historiens,
16:37 mais par contre il y a fait Maurras des idées de fond,
16:43 alors bon c'est assez classique de le dire,
16:46 je pense que c'est assez vrai que l'essentiel de ce qu'il avait à dire,
16:50 il l'a dit dans les 15 premières années de sa carrière,
16:54 jusqu'à la guerre de 14, tous ses grands livres ont été écrits à ce moment-là,
16:59 ont été publiés à ce moment-là, et il faut à nous bien entendu maintenant
17:05 de comprendre et de faire comprendre comment ça regarde une actualité,
17:10 ce n'est pas évident, mais Maurras a une image, il faut bien le dire,
17:16 catastrophique à beaucoup d'égards, à cause, pour des raisons que l'on connaît,
17:22 son antisémitisme sur lequel on a dit beaucoup de choses,
17:26 beaucoup de bêtises naturellement, beaucoup de mensonges encore plus,
17:30 mais aussi la réalité a très souvent été dite et exposée,
17:35 et il a également, évidemment, soutenu le marifal Pétain d'une manière très fidèle,
17:46 là encore en expliquant pourquoi, ce qu'on oublie souvent,
17:51 c'est que Maurras était le contraire d'un imbécile,
17:54 il avait quand même une lucidité, et quand il a pris des positions
17:58 comme celles-là qui nous paraissent difficiles, compliquées à défendre aujourd'hui,
18:03 il y avait toujours une raison derrière, ce n'était pas par hasard, voilà.
18:07 Et peut-être visait-il aussi autre chose que le succès, l'immédiat,
18:13 il s'est rendu compte qu'il y avait des choses qui ne pouvaient pas être obtenues très vite,
18:17 en particulier la restauration de la monarchie qui était quand même son thème,
18:21 celui qu'il a réinventé, dont il se rendait bien compte que ça ne naissait pas pour demain,
18:29 et que dans ce cas, il y avait un certain nombre de mesures à prendre.
18:33 – Il fallait se sauver la patrie avant de la reconfier à ses légitimes chefs.
18:39 – Voilà, alors on essaie dans cette revue de rendre Maurras lui-même,
18:44 de le faire redécouvrir et de montrer comment il peut s'adapter aujourd'hui, voilà.
18:49 – Alors revenons un peu au projet de la revue universelle de 1920,
18:53 est-ce que vous continuez cette idée-là ?
18:57 La première revue universelle était faite pour réunir d'un côté
19:01 l'empirisme organisateur de Bainville et de Maurras,
19:05 donc le naturalisme politique en quelque sorte,
19:07 et de l'autre côté, au plan spirituel, le thomisme de Maritain et de Massy.
19:11 – Évidemment.
19:12 – Est-ce qu'il y a encore des thomistes capables de discuter avec des Maurrasiens aujourd'hui ?
19:17 – Comme on le dit de manière générale,
19:21 c'est devenu plus rare de défendre le thomisme en lui-même,
19:24 sauf souvent justement à travers des intermédiaires
19:27 comme la Doctrine sociale de l'Église, voilà.
19:30 Mais à ce point de vue-là, oui, bien entendu, nous continuons ce dialogue.
19:36 Il y avait un aspect, indépendamment du thomisme,
19:40 il y avait un aspect de restitution de l'importance du religieux par rapport à la politique.
19:48 Et ça, évidemment, nous le faisons complètement.
19:54 Bon, il est sûr qu'un pape comme Benoît XVI a beaucoup fait
20:00 pour que nous comprenions le sens que pouvait prendre le religieux dans la vie politique.
20:06 Et ça, le montrer à travers Maurras,
20:10 qui a été, ça c'était une réflexion qu'a faite Gustave Thibon.
20:18 Gustave Thibon disait qu'il avait rencontré beaucoup de grands théoléviens, de grands religieux,
20:26 mais qu'il n'avait jamais rencontré quelqu'un spirituellement aussi profond,
20:32 aussi pénétrant que Maurras.
20:34 – Ah, intéressant, je dis intéressant.
20:36 C'est un expert en la matière.
20:38 – Tout à fait, tout à fait.
20:40 Bon, il n'était pas maurrasien au sens propre.
20:44 Il aimait l'homme Maurras, mais il n'était pas maurrasien politiquement.
20:48 En tout cas, ce n'était pas son souci prioritaire.
20:52 Mais voilà, il y a dans Maurras cette dimension spirituelle
20:58 qui est aussi, et en même temps, une dimension politique.
21:02 Et c'est ça que nous voulons défendre dans cette revue.
21:06 – Eh bien, bravo, c'est un très beau projet aussi de relancer un titre aussi prestigieux,
21:12 en vous souhaitant que d'un côté, ça ait le même succès, le même rayonnement
21:16 que la revue universelle du départ,
21:18 et d'un autre côté que ça ne capote pas avec une condamnation de l'action française renouvelée.
21:22 Je vous le souhaite en tout cas.
21:24 Merci beaucoup, cher Christian Desperais.
21:26 Et vous êtes évidemment le bienvenu sur ce plateau pour revenir parler de Maurras,
21:31 de la revue universelle, ou de tout sujet religieux et politique en même temps.
21:35 – Merci beaucoup Guillaume.
21:37 [Musique]
21:49 – Nous revenons sur le plateau de Terre de Mission.
21:51 Et donc, comme je vous l'annonçais, je vais vous proposer quelques ouvrages à découvrir.
21:55 Le premier livre que je voulais vous proposer, c'est un livre qui est écrit par Philippe Roy-Lyssenkour,
22:02 qui est docteur en histoire, qui a été publié par les éditions de l'Homme nouveau
22:07 et l'Institut d'études du christianisme.
22:09 Ça s'appelle "Le christianisme en histoire", un livre magnifiquement édité,
22:13 avec couverture rigide et reliée.
22:16 Donc c'est très agréable à lire.
22:18 Quand je dis "le christianisme en histoire", c'est en histoire avec entre parenthèses "s",
22:22 donc en histoire au singulier et en histoire au pluriel en même temps.
22:27 Donc Philippe Roy-Lyssenkour est le directeur de l'Institut d'études du christianisme.
22:33 Et donc son ouvrage consiste à présenter quelques pages de l'histoire de l'Église.
22:41 C'est vraiment… c'est un livre de piété filiale pour toute personne un peu intéressée
22:49 par l'histoire de l'Église, notamment évidemment nous catholiques, mais pas uniquement.
22:54 C'est un très beau livre à mettre entre toutes les mains,
22:57 surtout aujourd'hui où plus personne ne connaît l'histoire de l'Église.
23:00 Deuxième ouvrage, Don Alessandro Maria Minutella,
23:05 c'est un prêtre italien qui a publié un livre qui s'appelle "Pierre, où es-tu ?"
23:09 C'est un livre qui n'est probablement pas à mettre entre toutes les mains.
23:13 C'est un livre… donc le prêtre a été excommunié pour ce livre,
23:17 c'est pas tout à fait rien, c'est une vraie grosse sanction.
23:21 Don Minutella est donc un prêtre sicilien, je crois,
23:25 qui a publié un dossier très à charge contre le pontificate du pape François.
23:33 C'est donc moi qui l'ai édité il y a quelques semaines.
23:38 Pourquoi est-ce que je l'ai fait ?
23:39 Parce que je pense que le dossier mérite d'être étudié.
23:42 Je ne suis pas d'accord avec la thèse de l'auteur qui croit
23:46 que l'élection du pape François est une élection invalide
23:50 parce qu'il considère que la démission de Benoît XVI n'a pas été faite dans les règles.
23:54 Personnellement, je ne suis pas du tout convaincu par l'argumentaire,
23:56 mais ce n'est pas le sujet.
23:57 La raison pour laquelle je pense que le livre méritait d'être diffusé en français,
24:01 c'est que le dossier lui-même est un dossier très important
24:04 et évidemment très douloureux à lire pour un catholique,
24:08 mais enfin qui mérite d'être regardé en face.
24:11 Il y a beaucoup de points qui posent des problèmes dans ce pontificate,
24:15 des problèmes doctrinaux, je ne parle pas problèmes doctrinaux,
24:18 mais problèmes moraux.
24:20 C'est ce que produit Don Alessandro Minutella, "Pierre où es-tu ?"
24:25 C'est paru aux éditions "Presse de la délivrance".
24:28 Et enfin, un livre là aussi à mettre entre toutes les mains,
24:32 alors c'est un livre un peu imposant,
24:34 qui est paru aux éditions du Jubilé de Jean de Saint-Chamas et d'Olivier Vandamme
24:38 sur la doctrine sociale de l'Église, préface du cardinal Sarah,
24:42 donc évidemment scène de gâterien,
24:44 mais c'est un très bon manuel de doctrine sociale de l'Église.
24:49 Comme vous savez, tout le monde en parle sans très bien savoir ce que c'est,
24:53 là vous aurez tous les grands principes de la doctrine sociale de l'Église,
24:57 tous les grands textes de la doctrine sociale de l'Église.
25:00 C'est une, j'allais dire une bible,
25:02 ce n'est pas forcément le mot pour parler d'un livre comme ça,
25:05 mais c'est un livre qui mérite vraiment d'être dans toutes les bibliothèques
25:09 et d'être consulté le plus fréquemment possible.
25:12 Donc on a trois livres très différents les uns des autres,
25:15 mais qui tous méritent d'être lus, étudiés, feuilletés en tout cas,
25:20 des livres à lire et à étudier.
25:24 Ainsi s'achève notre édition,
25:26 la semaine prochaine ce sera Jean-Pierre Mojandre qui animera les terres de mission,
25:30 nous nous retrouvons quant à nous dans trois semaines,
25:32 et d'ici là que Dieu nous garde.
25:35 [Musique]
25:38 [Musique]
25:42 [Musique]
25:45 [Musique]
25:53 [Musique]
26:00 [Musique]
26:10 [Musique]
26:13 [Musique]
26:16 Merci d'avoir regardé cette vidéo !