Chaque vendredi dans la matinale de Dimitri Pavlenko, Catherine Nay livre son regard sur l'actualité.
Retrouvez "Catherine Nay - Les signatures d'Europe 1" sur : http://www.europe1.fr/emissions/catherine-nay-les-signatures-deurope-1
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00:00 - Tout cela, Catherine Ney, comme tous les vendredis sur Europe. Bonjour Catherine.
00:03 - Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:05 - Voilà, le stylo en main, vous finissez à peine d'écrire votre chronique,
00:08 décidément une polémique chasse l'autre.
00:10 Après son invitation des soulèvements de la terre au Salon de l'agriculture
00:13 qui avait mis en rage le monde paysan la semaine dernière,
00:16 la petite phrase d'Emmanuel Macron sur des troupes au sol occidental en Ukraine,
00:20 rien ne doit être exclu.
00:22 C'est l'Europe qui maintenant s'affole, ainsi que 7 Français sur 10 qui désapprouvent.
00:26 - Oui, en tout cas cette petite phrase vient confirmer l'évolution à 180 degrés du discours présidentiel.
00:31 Souvenez-vous, il y a deux ans, Emmanuel Macron plaidait
00:34 "il ne faut pas humilier Poutine" pensant qu'il pourrait l'amener à la raison.
00:38 Aujourd'hui, c'est tout faire pour que la Russie soit défaite.
00:42 Il en va de la sécurité européenne car avec le retour probable de Donald Trump
00:47 et déjà l'arrêt du soutien des Etats-Unis à l'Ukraine,
00:49 60 milliards bloqués depuis trois mois par le Congrès, de quoi avoir peur.
00:54 Ajoutons que depuis trois mois, la France est victime de cyberattaques de la Russie,
00:58 des entreprises moyennes subissent des pillages informatiques très domageables,
01:03 donc il fallait réagir.
01:04 - Alors lundi, Emmanuel Macron a réuni à l'Elysée une conférence de soutien à l'Ukraine avec ses homologues européens.
01:10 - Oui, ça s'est fait très vite, c'est un beau succès puisqu'ils étaient presque tous là,
01:13 pas l'Italie, parce que Giorgia Melanie n'a pas d'affinité avec notre président,
01:17 mais l'idée d'Emmanuel Macron, c'était de ne pas laisser Vladimir Poutine à lui le monopole des menaces.
01:23 Il voulait démontrer qu'il avait face à lui des Européens unis.
01:26 D'ailleurs des décisions ont été prises, faute de stock d'armes,
01:30 les Européens sont d'accord pour aller s'apprivationner hors d'Europe pour les fournir à l'Ukraine.
01:34 - Mais comme souvent avec Emmanuel Macron, il y a la petite phrase de trop.
01:37 - Mais vous allez voir comment ça s'est passé.
01:38 C'était au moment de la conclusion finale, à une réponse à une journaliste de Bloomberg
01:42 sur la possibilité d'envoyer des troupes au sol.
01:45 Eh bien, il a repris ces termes à elle, ajoutant que rien n'était exclu.
01:49 En effet, mais voilà la boulette.
01:51 Mais en politique, il faut savoir, reprendre les termes du question est toujours très dangereux.
01:55 Alors exemple ancien, par exemple, quand Nicolas Sarkozy avait dénoncé la racaille des quartiers,
02:00 disait qu'il voulait nettoyer au Karcher,
02:02 il ne faisait que reprendre les termes de ceux qui l'avaient interpellé.
02:06 Ça a été une polémique qui a duré des mois.
02:08 Emmanuel Macron, lui, en assurant que rien n'était exclu,
02:12 eh bien dans sa tête, bien sûr, il n'était pas question d'envoi de troupes massives au combat,
02:15 mais c'était recréer, a-t-il dit, une ambiguïté stratégique face à la Russie.
02:20 Mais laquelle, pour être crédible, aurait dû reposer sur un consensus préalable,
02:26 avec préparation en amont.
02:28 En l'occurrence, ça n'a pas été acté par la Réunion.
02:30 Et même si certains des participants partagent son analyse,
02:34 ils savent que Poutine ne comprend que la force.
02:36 Mais ça n'était pas le moment de le dire ainsi.
02:39 Et vu les réactions de leur population, ils ont été obligés de désavouer le président.
02:44 - Oui, mais c'est avec l'Allemagne que les dégâts, Catherine, sont les plus importants.
02:47 - Oui, c'est le "Nein" retentissant de Lavchols.
02:51 Aucune troupe au sol, aucun soldat ne sera envoyé,
02:54 ni par les Etats européens, ni par les membres de l'OTAN, a-t-il dit.
02:58 Comme si c'était lui, le chef de l'Europe et de l'OTAN.
03:01 Eh bien, nous assistons là à une autre grande guerre,
03:04 celle de deux égaux, Olav Scholz et Emmanuel Macron.
03:08 Le chancelier ne supporte pas l'idée que son homologue français
03:12 profiterait des circonstances pour imposer un leadership sur l'Europe.
03:16 Ce Macron qui l'a un peu moqué, rappelant ceux qui au départ
03:19 ne voulaient donner que des casques aux Ukrainiens.
03:21 Eh bien, aujourd'hui, l'Europe a tout de même donné
03:23 beaucoup plus d'argent et d'armes à l'Ukraine que la France.
03:25 Et le chancelier a aussi justifié son refus de livrer
03:29 des missiles de croisière Taurus à l'Ukraine,
03:31 au motif que pour leur fonctionnement,
03:33 l'intervention des soldats allemands serait nécessaire,
03:36 ce qui mettrait son pays en état de belligérance directe ou indirecte.
03:41 Et de citer, ce qui est le cas,
03:42 il soulignait des Anglais et des Français,
03:45 et bon camarades en plus, vous voyez c'est terrible.
03:47 Non, enfin c'est clair que dans ce couple franco-allemand,
03:50 il y a celui qui veut aller de l'avant et l'autre qui freine des quatre fers,
03:54 pour le plus grand plaisir de qui ?
03:56 Eh bien de Poutine qui n'attendait que cela.
03:58 - Bon, on en pense quoi de tout ça Catherine ?
04:00 - Eh bien qu'un débat devant le pays s'impose et vite,
04:02 il aura lieu, on ne sait pas, mais bientôt en tout cas,
04:05 à l'Assemblée nationale et avec un vote.
04:07 - Merci beaucoup Catherine Ness, signature européenne du vendredi.
04:11 Dans quelques instants, la revue de presse d'Olivier Delagarde,
04:15 et puis une petite surprise avec Jacques Vendroux,
04:18 c'est son anniversaire au passage aujourd'hui, on le lui souhaitera.