Les conseils de notre docteur Brigitte Milhau sur les sujets santé qui vous concernent dans #BonjourDrMilhau
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00:00 Bonjour, aujourd'hui dans la santé expliqué ma fille, je répondrai aux questions de Sacha sur le cancer.
00:06 Nous vous dirons comment se forme un cancer et nous verrons que 40% des cancers sont réellement évitables.
00:13 Puis le docteur Martin Blachier nous parlera de la consommation d'alcool des français avec des infos assez surprenantes.
00:25 Sacha, c'est aujourd'hui la journée mondiale de lutte contre le cancer. Quand on dit contre le cancer, on devrait dire contre les cancers.
00:32 Il n'y a pas un cancer qui ressemble à un autre cancer.
00:36 Au moment où on se parle, il y a à peu près 4 millions de français qui vivent avec un cancer.
00:44 Donc tout le monde est de près ou de loin concerné par les cancers.
00:47 Dans la famille.
00:48 C'est vrai que cancer, on en entend parler, on sait à peu près ce que c'est, mais on ne sait pas réellement ni à quoi c'est dû, ni pourquoi ça se développe.
00:56 Alors est-ce que tu peux nous réexpliquer qu'est-ce que c'est le cancer en fait ?
01:01 Pour bien comprendre le cancer, il faut remonter aux cellules.
01:04 Tu sais que nous sommes constitués de 60 000 milliards de cellules.
01:09 Ça commence à faire.
01:10 Une cellule c'est quoi ? Il y a une cellule, il y a un noyau. Dans le noyau, il y a des chromosomes.
01:14 Les chromosomes, c'est de l'ADN et dans l'ADN, il y a des gènes comme on peut le voir sur cette image.
01:20 Et tout ça, là, il y a tout ce qui fait que tu es toi. Dans les miens, il y a tout ce qui fait que je suis moi.
01:26 Vraiment, ça commande à toutes les fonctions du corps.
01:28 Toutes les fonctions du corps passent par là.
01:30 Donc ça, c'est important.
01:31 Et dans notre corps, il y a des familles de cellules.
01:34 Il y a à peu près 200 familles de cellules, ce qui peut expliquer d'ailleurs qu'il y ait 200.
01:38 Puisqu'on peut avoir des cancers de tous les tissus, de toutes les cellules.
01:41 200 types différents.
01:44 Et en plus, dans chaque type de cancer, il n'y en a aucun qui ressemble à l'autre.
01:47 On ne va pas revenir là-dessus, on en parlera après.
01:51 Et donc, ces cellules, elles ont une durée de vie différente.
01:56 Par exemple, une cellule des intestins, elle est programmée pour vivre 5 jours.
02:01 Tout ça, c'est très bien orchestré, c'est très bien défini.
02:04 Une cellule de la peau, c'est 21 jours.
02:07 Une cellule des globules rouges, c'est 120 jours.
02:10 Les poumons, c'est 300 jours.
02:12 Ça veut dire que tous les 300 jours, ça se renouvelle ?
02:14 Exactement.
02:15 Et donc, le renouvellement, c'est quoi ?
02:17 Il y a un renouvellement permanent avec des cellules qui meurent,
02:20 et des cellules qui se multiplient et qui fabriquent des tissus.
02:23 Et à chaque multiplication, il y a la transmission de tout le patrimoine génétique.
02:27 Puisque ça, ça reste toujours.
02:29 Ça se multiplie par deux, puis après, puis après, ça se duplique.
02:32 Et en fait, parfois, il y a des bugs.
02:36 Il y a une petite erreur au niveau des gènes.
02:38 Une ou deux, des petites mutations, si tu veux.
02:40 Et donc, le bug ou la mutation, c'est ça qui crée ou entraîne un cancer ?
02:45 Alors, ça peut en créer.
02:47 Il peut y avoir plusieurs bugs, etc.
02:49 Mais, comme le corps humain est une merveille,
02:51 on a tout un système correcteur qui va récupérer toutes les erreurs, tu vois, en permanence.
02:58 Ah, donc, qui empêche que ça reste une erreur.
03:00 Avec plusieurs types de systèmes, nos défenses immunitaires qui peuvent arriver
03:03 et nous en débarrasser, ou il y a des cellules.
03:05 On va donner l'ordre aux cellules.
03:07 Tiens, toi, t'es pas normal comme cellule.
03:09 Tiens, toi, tu vas mourir. Ça s'appelle l'apoptose. Enfin, tout ça.
03:11 Par exemple, là, au moment où on se parle,
03:13 peut-être que toi, il y a ton corps qui est en train de lutter contre plein d'erreurs,
03:17 de les éliminer, peut-être que moi aussi.
03:19 Tu vois, on élimine des micro-cancers quasiment tout le temps, tu vois.
03:23 D'accord. Et alors, quand est-ce que ça se transforme en cancer ?
03:26 Alors, d'abord, ça peut se multiplier.
03:29 C'est-à-dire qu'en fait, les cellules, elles peuvent tout à coup ne plus obéir aux ordres
03:33 et se multiplier, ça va faire une tumeur.
03:36 D'accord. Il faut comprendre que "tumeur", dans la tête des gens...
03:39 C'est cancer. Eh bien, non, madame.
03:42 C'est pas cancer. On peut... Enfin, si, ça peut être un cancer.
03:45 Mais on peut avoir des tumeurs bénignes.
03:48 En fait, "tumeur", ça veut dire "gonflement".
03:51 Donc, en fait, une tumeur, c'est simplement quand il y a une multiplication de cellules.
03:55 Alors, si ces cellules sont normales, ça va être une tumeur bénigne.
03:59 Si ces cellules sont anormales, ça va être une tumeur cancéreuse.
04:04 Mais même une tumeur, quand elle est normale ou avec des cellules normales,
04:08 il faut quand même faire attention parce que ça peut se transformer en tumeur grave ou cancéreuse, non ?
04:13 Oui, tu as tout à fait raison. Prenons l'exemple d'une tumeur bénigne comme un polype du côlon.
04:17 Eh bien, un polype du côlon, c'est bénin. On l'analyse, c'est bénin.
04:21 Mais on va quand même préférer l'enlever parce qu'on ne va pas pouvoir le surveiller tous les jours.
04:24 Donc, on va préférer, quand on vous fait une coloscopie,
04:27 quand il y a des polypes, en général, on vous les enlève. Mais tu as raison.
04:30 Ça peut être aussi un adénome de la prostate. C'est une tumeur bénigne.
04:33 Mais on va surveiller après pour éviter justement que ça se cancérise.
04:38 Et alors, les cellules cancéreuses, c'est quoi la différence avec les cellules normales ?
04:43 Est-ce qu'elles font que ça crée une maladie ?
04:45 Ce sont des cellules qui ont pété les plombs, qui n'ont plus rien à voir avec les cellules de départ.
04:48 Elles sont devenues complètement autonomes, indépendantes.
04:52 Elles n'obéissent à aucun ordre.
04:54 C'est-à-dire que normalement, toutes les cellules obéissent aux ordres des tissus environnants,
04:58 de leur durée de vie, etc. Là, pas du tout. Elles n'obéissent plus.
05:01 Elles sont complètement indépendantes. Elles font n'importe quoi.
05:04 Et elles se multiplient, elles se multiplient, elles se multiplient.
05:06 Elles deviennent immortelles.
05:08 Donc, ça va grossir en permanence, se développer en permanence.
05:11 Après, elles sont manipulatrices.
05:14 C'est-à-dire ? Je te disais, on a un système correcteur, normalement.
05:18 Là, elles arrivent à se faire passer pour des cellules gentilles.
05:22 Elles mettent un masque, si tu veux, de cellules normales, alors qu'elles sont complètement anormales.
05:27 Et donc, notre corps, il ne va pas essayer de s'en débarrasser.
05:29 Pour ne pas que notre immunité nous en débarrasse.
05:32 Elles arrivent à leurrer notre immunité.
05:34 Donc, tu vois, des vraies manipulatrices.
05:36 Après, elles sont profiteuses.
05:38 Profiteuses, c'est-à-dire que comme elles grossissent, elles se multiplient en permanence,
05:42 il leur faut à manger, il leur faut de l'énergie pour tout ça.
05:46 Donc, qu'est-ce qu'elles vont faire ?
05:48 Elles vont aller détourner le matériel énergétique des autres cellules sur lesquelles elles se sont installées.
05:53 Donc, les autres, ça les affaiblit.
05:55 Ensuite, elles sont même capables d'aller fabriquer des vaisseaux sanguins.
06:00 Parce que pour grossir, il faut avoir à manger.
06:02 Donc, les vaisseaux sanguins vont leur apporter l'oxygène, les nutriments utiles et nécessaires.
06:08 Donc, elles recréent des vaisseaux qui s'approvisionnent.
06:10 Exactement.
06:11 C'est ce qu'on appelle la néo-angio-genèse, néo-nouveau-angio-vaisseau, genèse-fabrication.
06:17 Elles arrivent à fabriquer ça.
06:19 Ensuite, elles sont envahissantes.
06:21 C'est-à-dire qu'en fait, elles vont prendre la place, puisqu'elles se développent partout, du tissu.
06:25 Donc, elles vont carrément éliminer tout ce qu'il y a autour, mais non seulement ça.
06:29 Mais tu sais que normalement, les tissus, ils sont cohésifs.
06:32 Par exemple, ton os, il reste ensemble.
06:35 Oui, heureusement qu'il n'y a pas des morceaux d'os qui partent partout.
06:38 Eh bien là, les cellules cancéreuses, elles ont perdu cette cohésivité, si tu veux.
06:42 Elles ne vont pas rester soudées.
06:43 Elles sont capables parfois de faire se détacher des petits morceaux de la tumeur et d'envoyer...
06:49 - Ils ont fait des petits cancers un peu partout. - Exactement.
06:52 Soit par la circulation sanguine, soit par la circulation lymphatique, tu sais, les vaisseaux lymphatiques.
06:58 Et elles peuvent comme ça envoyer des cellules cancéreuses dans n'importe quel endroit du corps.
07:03 Et ça peut faire ce qu'on appelle des métastases.
07:06 Voilà. Et tout ça, on va le voir en image.
07:09 Tu vas voir des cellules saines, tu vois, en violet.
07:12 Là, il y a une petite cellule cancéreuse en orange.
07:15 Hop, hop, hop, ça se multiplie. Ça se multiplie, ça se multiplie.
07:18 Ça devient totalement immortel, comme on le disait tout à l'heure.
07:22 - Ça, c'est la tumeur. - Ça, c'est une tumeur.
07:24 Regarde, la tumeur, elle est en orange et les tissus normaux, ils sont en violet.
07:27 Tu vois, elle envahit tout.
07:28 Elle est capable de faire fabriquer ce que je te disais, des vaisseaux pour se nourrir et pour grossir.
07:33 Et elle est aussi capable d'envoyer... Tu vois, les petites cellules oranges cancéreuses,
07:36 elles sont capables de partir dans la circulation sanguine pour aller former ailleurs, dans un autre endroit,
07:42 une tumeur, une métastase ailleurs.
07:45 Donc voilà comment fonctionne le cancer.
07:47 Mais tout ça, ça prend du temps, ça ne se développe pas, comme on a vu, à la vitesse qu'on a vue.
07:52 Ça prend des années, ça dépend des cancers.
07:56 On peut dire qu'en général, dans la plupart des cas, c'est très long.
08:00 Pour te donner un exemple, une personne qui va fumer à l'adolescence,
08:03 elle développera un cancer du poumon.
08:06 Elle peut développer.
08:07 Elle peut, pardon.
08:08 Enfin, 80% des cancers du poumon sont liés au tabac quand même.
08:13 Mais elle peut développer un cancer du poumon vers les 60 ans, 65 ans.
08:17 Ça peut arriver beaucoup plus tard.
08:20 Mais non pas toute la même durée d'évolution.
08:22 Prenons l'exemple à l'opposé.
08:24 On a malheureusement toujours 2% de cancers qui ont lieu chez les enfants.
08:29 Donc chez eux, ça s'est développé rapidement.
08:33 Donc ça dépend vraiment du type de cancer, mais on peut dire que généralement, c'est assez long.
08:37 Est-ce que pendant ce développement, pendant que le cancer est en train de s'installer,
08:41 on va avoir des signes ou des symptômes ou des alertes qui vont nous dire
08:46 « là, on a un cancer qui est en train de s'installer dans notre corps ».
08:51 J'allais dire malheureusement, ça ne fait pas mal.
08:53 Quand ça fait mal, c'est qu'il est déjà à un stade avancé.
08:57 Quand tu recommences à ressentir les signes, c'est souvent à un stade avancé.
09:01 Ce qu'on peut dire, c'est qu'il y a tout de même des petits signes qui doivent vous pousser à aller consulter.
09:08 Par exemple, une douleur inexpliquée et persistante.
09:12 Par exemple, je te donne un exemple.
09:14 Tu as mal au dos, mais il n'y a pas de raison.
09:16 Ce n'est pas parce que tu t'es mal tenu, ce n'est pas parce que tu as fait un faux mouvement.
09:19 Tout ça, c'est un mal au dos qui est inexpliqué et qui est persistant.
09:24 Ce n'est pas un mal au dos de 3 jours, c'est un mal au dos persistant.
09:26 Là, ça peut être lié à un cancer du pancréas ou à un cancer du rein.
09:31 Après, un autre conseil, ce n'est pas normal de cracher du sang.
09:36 Là, il faut aller consulter.
09:37 Ce n'est pas normal d'avoir du sang dans les urines ou du sang dans les selles.
09:40 Là, il faut aller consulter.
09:41 Tu vois, il y a des petits signes comme ça.
09:42 - Si on n'a pas ces alertes-là et qu'on a envie de savoir si on n'a pas de cancer,
09:49 on peut aller faire des dépistages.
09:50 Est-ce que c'est pour tous les cancers ?
09:52 Est-ce que c'est certains cancers ?
09:54 Quand est-ce qu'on peut faire des dépistages ?
09:56 - Le dépistage, c'est essentiel.
09:58 En France, on a des dépistages pour le sein, les mammographies,
10:03 chez toutes les femmes de 50 à 64 ans.
10:06 - C'est un des cancers les plus fréquents ?
10:08 - Le plus fréquent, chez la femme, c'est le cancer le plus fréquent.
10:10 Et il y en a 1 % quand même chez l'homme, mais ils ne font pas de mammographie.
10:14 - Donc, dépistage du cancer du sein.
10:16 - Après, on a le dépistage aussi du cancer colorectal.
10:20 Et ça, en France, il n'a pas tellement pris ce dépistage.
10:24 - C'est un cancer qui est répandu ?
10:27 - Oui, c'est très répandu.
10:28 Ça fait partie des 3 cancers les plus fréquents, les cancers colorectaux.
10:32 Donc, vraiment, quand vous recevez votre petit papier pour faire ce test,
10:36 c'est simple, ça se fait à domicile.
10:39 Il faut vraiment le faire.
10:41 Ensuite, il y a le frottis de dépistage du cancer.
10:46 - Chez le gynécologue ?
10:47 - C'est simple, c'est chez un gynécologue.
10:49 J'en profite pour préciser aussi que le frottis,
10:52 on devrait aussi le faire chez les jeunes femmes.
10:55 Parce que tu sais, il y a ce qu'on appelle le papillomavirus.
10:58 C'est un virus qui peut évoluer et provoquer des cancers du col.
11:03 Donc, un conseil fait aussi.
11:05 Après, on peut se faire dépister, par exemple,
11:07 aller chez son dermatologue tous les ans pour montrer
11:11 qu'il n'y a pas un cancer de la peau qui évolue.
11:13 Il y a des dépistages à faire, c'est utile, c'est indispensable.
11:15 Pourquoi ?
11:16 Parce qu'un cancer, quand il est pris de tout, il guérit.
11:20 Et il évite des traitements.
11:22 Donc, c'est indispensable, c'est non négociable.
11:25 Les dépistages, il faut le faire absolument.
11:27 - Tu nous as dit tout à l'heure que les cancers, ça venait d'un bug.
11:31 Mais il y a aussi des facteurs d'aggravation qui créent les cancers.
11:36 Par exemple, le tabac, ça crée les cancers du poumon.
11:39 C'est quoi les facteurs qui augmentent le risque de cancer ?
11:43 - Tu as tout à fait raison, et on va en reparler du tabac.
11:45 Mais avant de parler du tabac, il y a aussi des facteurs internes
11:49 contre lesquels on ne peut rien.
11:50 Par exemple, l'âge. Plus tu vieillis, plus tu risques de développer des cancers.
11:56 Parce que ces cellules se multiplient, sont fatiguées, sont vieillissantes,
11:58 elles font plus d'erreurs que les autres.
12:00 Après, il y a l'hérédité.
12:01 On sait qu'il y a 5 à 10 % des cancers qui sont héréditaires.
12:05 Le sein, le côlon, les ovaires.
12:07 - Donc, quand on en a dans la famille, on va faire des dépistages.
12:10 - Tu as raison.
12:11 On va voir en premier, largement devant tous, arrive le tabac.
12:16 - Le tabac, c'est le cancer du poumon ?
12:18 - C'est 19,8 %.
12:19 Alors, attention, quand on dit tabac, on pense cancer du poumon.
12:22 En fait, le tabac, c'est 17 cancers différents.
12:26 Le deuxième, le plus fréquent après le poumon, c'est la vessie.
12:29 Donc, le tabac, c'est vraiment un facteur de risque le plus puissant.
12:34 J'en profite juste pour dire que, on sait maintenant que c'est plutôt la durée qui compte.
12:39 Par exemple, quand tu doubles la dose de cigarette,
12:42 tu vas doubler les risques de développer les cancers.
12:45 Mais quand tu doubles la durée de consommation de tabagisme,
12:49 tu multiplies par 20 les risques de développer des cancers.
12:53 Donc, on le voit.
12:54 Après, il y a l'alcool, 8 %.
12:55 Quand on met alimentation déséquilibrée, c'est viande rouge,
12:58 c'est aussi un plat industriel, tu sais, tout ça.
13:01 Le surpoids et l'obésité, 5.
13:03 Les infections, c'est certains virus, par exemple, on l'a dit tout à l'heure,
13:07 papillomavirus, tout ce qui est appareil génital, garçon comme fille,
13:11 on les touche les deux.
13:13 Il y a aussi des virus de l'hépatite,
13:16 il y a aussi une bactérie qu'on appelle l'hélicobactère pylori dans l'estomac
13:19 qui peuvent, après, évoluer vers des cancers.
13:22 Ensuite, il y a les expositions professionnelles, les UV, évidemment,
13:25 avec les cancers de la peau que l'on connaît bien.
13:28 En fait, ce que ça veut dire, c'est qu'on peut éviter plein de cancers.
13:32 40 % des cancers sont évitables.
13:35 Donc vraiment, rappelez-vous de ça, on peut en éviter beaucoup.
13:39 Ce qui est important, c'est de comprendre que 80 %,
13:43 on a fait énormément de progrès, 80 % des cancers de l'enfant guérissent maintenant.
13:47 Même si c'est toujours, il faut se battre pour arriver au 100 %, bien sûr.
13:51 Mais un cancer sur deux guérit chez l'adulte.
13:54 Donc tout ça, ça a énormément évolué.
13:56 Donc dépistage, éviter les facteurs de risque
13:59 et surtout le fait de mieux comprendre le cancer.
14:02 Avant, on ciblait juste la cellule cancéreuse.
14:04 Maintenant, avec des traitements qui ont énormément évolué, on arrive.
14:07 Il y a toujours la chirurgie, la chimiothérapie, la radiothérapie.
14:10 Mais il y a l'immunothérapie, c'est-à-dire qu'on va éduquer nos défenses immunitaires
14:14 pour qu'elles s'attaquent aux cellules.
14:16 Et puis, il y a l'ARN messager contre le cancer qui commence vraiment à faire ses preuves.
14:21 Et dans le mélanome et dans la prostate.
14:23 Donc on voit, il y a des progrès énormes.
14:25 Donc il faut toujours se battre.
14:27 On n'est pas impuissant contre le cancer.
14:30 Docteur Martin Blachier, bienvenue.
14:32 Je rappelle que vous êtes médecin de santé publique et épidémiologiste.
14:35 Alors avant de parler de l'alcool, un petit point.
14:37 Les indicateurs sont plutôt rassurants sur le Covid.
14:39 Oui, sur le Covid, on est à un niveau très bas de l'épidémie.
14:41 Quasiment le plus bas qu'on ait jamais été depuis le début de cette pandémie.
14:44 Avec moins de 5000 cas par jour, ça ne remonte pas du tout pour l'instant.
14:49 Donc on est très bien sur le plan du Covid-19.
14:51 Et d'ailleurs, on est en train de lever toutes les mesures,
14:53 y compris les mesures de santé publique.
14:55 Et que pensez-vous de ce qu'a annoncé M. Flau dans l'Express cette semaine ?
14:59 Où il dit qu'en fait, 2023, il faut se calmer, ça va ressembler à 2022.
15:05 Vous êtes d'accord avec ça ?
15:07 Modulo quand même, le début de l'année 2022,
15:09 où on avait eu la première vague au micron,
15:11 qui a quand même eu un impact hospitalier.
15:13 La surmortalité Covid-2022, c'est essentiellement cette première vague au micron, début 2022.
15:17 Donc ça, on ne l'aura pas en 2023.
15:19 La preuve, on ne l'aura pas en 2022.
15:21 Par contre, les vagues qui ont suivi, qui étaient des vagues légères,
15:25 avec un impact hospitalier relatif,
15:27 celles-là, effectivement, on pourrait en avoir sur 2023.
15:29 Probablement en mars, puisque ça arrive tous les 4 mois.
15:32 Oui, c'est ce que vous nous aviez dit, une nouvelle vague tous les 4 mois.
15:35 On passe à l'alcool.
15:37 Donc vous vouliez nous parler de la consommation des Français.
15:40 Oui, tout à fait.
15:41 On est la France avec l'alcool.
15:43 Et cette première question qu'on me pose très souvent,
15:45 c'est est-ce qu'on boit autant que dans les années 2000 ?
15:47 Ou les années 1960, où il y avait du vin à la cantine ?
15:50 Comme on disait, non, effectivement, on boit beaucoup moins que dans les années 1960.
15:53 C'était vécu comme un médicament, même.
15:55 Oui.
15:56 Donc il n'y a plus de vin à la cantine, il n'y a plus de vin à l'école.
16:01 Effectivement, la grande différence entre les années 1960 et les années d'aujourd'hui,
16:04 c'est la disparition du vin de table, comme on dit.
16:07 Par contre, toutes les eaux d'alcool sont restées les mêmes.
16:09 Ça a quand même baissé de plus de la moitié en 1960.
16:11 Plus de la moitié, oui.
16:12 Plus de la moitié, oui.
16:13 Et c'est ce qui est intéressant, c'est que,
16:15 il y a plus de la moitié en 1960.
16:17 Plus de la moitié, oui.
16:18 Tous les eaux d'alcool, par contre, sont consommées de façon similaire ou plus importante.
16:21 C'est-à-dire, tous les alcools forts, la bière, les vins de qualité, les champagnes,
16:25 c'est-à-dire tous les vins qui sont des vins,
16:27 tous les alcools qui sont des alcools festifs, ont plutôt augmenté.
16:30 Donc, en fait, on a complètement changé la façon de consommer de l'alcool.
16:33 On est passé d'une consommation quotidienne, quasiment traditionnelle,
16:36 à une condition de festivité, un peu ce qu'on appelle le binge drinking,
16:40 qui vient des pays anglo-saxons.
16:42 Donc, en fait, on s'est anglo-saxonisé.
16:43 C'est-à-dire beaucoup en une fois, quoi.
16:45 Exactement. C'est-à-dire qu'en fait, l'alcool s'est utilisé pour tout oublier,
16:48 pour se laver la tête.
16:49 Ce qu'on appelle les fortes alcoolisations, c'est plus de 5 à 6 verres dans la même occasion.
16:54 L'objectif, c'est d'être ivre, c'est d'être sous, de faire la fête.
16:58 Il y en a qui sont redoutables.
16:59 Et ça vient, effectivement, des pays nordiques.
17:00 Les champions, ce sont les Danois, avec quasiment 4 Danois sur 10 qui a une cuite par mois.
17:06 En France, on est plutôt à 1 Français sur 5.
17:08 On est quand même huitième.
17:09 On est quand même huitième, mais c'est vrai qu'on a vraiment un gradient nord-sud.
17:12 Et ceux qui s'alcoolisent le moins en binge drinking, ce sont les Italiens,
17:16 qui eux ont une consommation, effectivement, assez faible.
17:19 Donc on a vraiment ce gradient nord-sud sur cette nouvelle façon de consommer de l'alcool.
17:22 Et sur ceux qui ont une consommation régulière, c'est plutôt les vieux,
17:26 ça c'est plutôt les jeunes et les autres plutôt les jeunes ?
17:28 Alors, effectivement, sur les gens qui consomment de l'alcool tous les jours,
17:30 on a un gradient par âge que vous voyez là.
17:32 Donc avec une vraie différence entre les gens qui sont à la retraite, on va dire, entre 65...
17:37 À 65 ans, on est plus loin d'être à la retraite !
17:39 À partir de 65 ans, c'est vrai qu'on commence à avoir un Français sur six qui boit tous les jours.
17:43 Et dans les âges plutôt jeunes, on est à 1 à 2 %.
17:47 Donc c'est vrai que c'est vraiment...
17:48 Il y a une petite erreur là, c'est pas 65/64, mais c'est pas grave.
17:51 Oui, c'est 65/70.
17:52 Mais voilà, le phénomène de boire tous les jours, c'est plutôt un phénomène de personnes âgées.
17:57 Et le phénomène de l'alcool festif, c'est plutôt...
17:59 Donc en fait, les personnes âgées boivent à table tous les jours.
18:02 Bah, en fait, ils changent leur habitude de consommation.
18:05 C'est-à-dire qu'on va vraiment avoir l'alcool festif quand on est plus jeune.
18:08 Et ensuite, quand les gens vont vieillir, ils vont se mettre à prendre l'habitude de boire un petit peu à chaque repas.
18:12 Et donc les effets sur la santé quand on consomme trop régulièrement ?
18:15 Alors, les effets sur...
18:16 La grande différence qui va se faire sur la consommation d'alcool, c'est qu'on va commencer à devenir alcoolodépendant.
18:20 On commence à avoir un petit peu besoin de l'alcool, qu'on commence à avoir du mal à s'en passer.
18:25 On passe dans l'alcoolodépendance, et ça, ça a des conséquences sur votre vie, sans que vous vous rendiez vraiment compte.
18:30 Les conséquences, c'est lesquelles ? C'est sur votre couple.
18:32 On sait qu'à partir du moment où vous êtes devenu alcoolodépendant, le risque de séparation et de divorce, il explose.
18:37 Le risque de perdre son emploi...
18:38 Oui, on n'a pas parlé des dangers sur la santé, des risques sur la santé.
18:40 Alors oui, mais...
18:41 Là, on parle de tout le système.
18:42 Vous en aviez parlé, le cancer, la cirrhose, voilà.
18:43 Oui, on en a déjà parlé.
18:44 Mais je parle vraiment des conséquences qui sont beaucoup plus fréquentes et que les gens ne connaissent pas.
18:47 C'est perdre son emploi, d'avoir des problèmes avec la vie fictive et le risque de dépression.
18:51 L'alcool est un très, très gros facteur de risque de dépression.
18:54 Si vous vous mettez à être un peu dépendant de l'alcool et que vous buvez trop, vous allez avoir le moral qui va baisser.
19:00 Et en plus, souvent, quand les gens sont déprimés, ils vont se mettre à boire.
19:02 Exactement.
19:03 Vous vous rendez dans un cercle vicieux et vous n'arrivez pas à vous en sortir.
19:06 Donc avant d'avoir ces problèmes dans votre vie, il faut vous rendre compte que vous commencez à devenir alcoolo-dépendant.
19:11 Et comment vous vous en rendez compte ?
19:12 Ce n'est pas facile parce qu'en fait, ce sont des petits signes que vous devez détecter et que vous n'avez pas envie de voir.
19:17 Quels sont ce type de...
19:19 C'est quand, par exemple, l'entourage...
19:21 Il doit nous alerter, quoi.
19:22 L'entourage commence à vous dire "Vas-y doucement, tu bois beaucoup. Est-ce que tu es sûr que ce soir, tu dois boire ?"
19:28 Quand les gens commencent à vous dire des choses comme ça, il faut s'alerter.
19:31 C'est aussi quand l'alcool commence à prendre de la place dans votre vie.
19:33 Quand le fait de boire, d'acheter de l'alcool, de vous remettre des effets de l'alcool de la veille,
19:37 quand ça commence à être un petit peu permanent comme ça, ça veut dire que l'alcool prend trop de place dans votre vie.
19:42 Aussi quand vous commencez à avoir des envies de boire dans la journée.
19:45 Même pas forcément toute la journée, mais tout d'un coup, un moment, vous vous dites "Tiens, j'aimerais bien avoir une bière, j'aimerais bien avoir un verre de vin."
19:51 C'est-à-dire que la pensée de l'alcool commence à faire une intrusion dans votre vie.
19:54 Et là, vous devez aussi vous poser un certain nombre de questions.
19:57 C'est aussi quand vous vous dites "Moi, je tolère bien l'alcool."
20:00 Vous avez l'impression qu'il vous en faut beaucoup plus pour être libre.
20:03 - "Moi, je ne suis jamais saoul." - Voilà, exactement.
20:04 Que le reste de la population.
20:05 Par exemple, il y a des gens, ils se boivent une demi-bouteille de vin, une bouteille de vin,
20:09 et ils ont l'impression d'être à peu près normaux.
20:11 Là, il faut commencer à se poser des questions, effectivement, parce que vous risquez d'être dans l'alcoolodépendance
20:15 et probablement que vous avez déjà des conséquences sur votre humeur et sur toutes les composantes de votre vie
20:20 du fait de consommer autant d'alcool.
20:23 Donc, quand vous commencez à avoir effectivement ces signes et que vous avez des doutes
20:28 et que l'entourage commence à avoir des doutes, il faut à tout prix consulter,
20:31 parce que c'est extrêmement difficile de sortir de cette alcoolodépendance tout seul.
20:36 Et le mieux, c'est évidemment de ne pas y rentrer.
20:39 Globalement, la règle qu'on dit, c'est qu'il ne faut pas boire tous les jours.
20:42 - Donc ça, déjà, c'est un très mauvais signe. - Déjà, c'est deux verres.
20:44 Exactement, c'est pas plus de deux verres.
20:46 Il faut absolument être un ou deux jours sans boire.
20:48 Si vous commencez à boire tous les jours et que vous êtes à plus de deux verres,
20:51 ce qui n'est pas forcément énorme, c'est une pinte de bière le soir en sortant du travail,
20:55 là, vous êtes à risque et vous pouvez commencer à avoir des effets de l'alcool sur votre vie.
20:59 Même s'ils sont minimes, ça peut devenir de plus en plus important.
21:02 Et plus vous avancez, plus c'est difficile d'en sortir.
21:04 Il ne faut pas oublier que les femmes qui consomment de l'alcool sont en nette augmentation.
21:09 Et surtout, il faut oser en parler avant que ce soit une réelle maladie.
21:14 C'est important d'en parler et c'est important d'accompagner votre entourage.
21:18 D'autant qu'il y a des solutions qui fonctionnent très bien si jamais on est accompagné.
21:22 Et sans sortir tout seul, c'est extrêmement difficile parce que la dépendance à l'alcool est extrêmement forte.
21:25 Merci beaucoup, Dr Blanchet.
21:27 Merci à vous de nous avoir suivis et restés en notre compagnie.
21:29 L'info continue sur CNews.