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Le chef de l'État signe son retour dans la vie quotidienne des Français ce mardi 13 mai lors d'une longue interview sur TF1. L'occasion pour lui de reprendre la main en annonçant probablement une consultation des Français tout en donnant son point de vue sur d'éventuelles hausses d'impôt.

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Transcription
00:00Guillaume Daré, La Politique, Emmanuel Macron s'exprime ce soir, l'occasion de faire son retour sur la scène nationale, il faut le dire,
00:05et il pourrait annoncer la tenue d'un référendum. En tout cas, il y réfléchit sérieusement.
00:11C'est la bonne idée pour rebondir ou est-ce que c'est un pari risqué ?
00:13En tout cas, c'est une arme constitutionnelle à manier avec prudence.
00:16D'ailleurs, ça ne vous a pas échappé que ça fait 20 ans, 20 ans qu'il n'y a pas eu de référendum en France.
00:22C'est le traumatisme de 2005. Jacques Chirac, effectivement, le référendum sur la Constitution, les Français disent non.
00:28Depuis, ni Nicolas Sarkozy, ni François Hollande ne s'y sont risqués.
00:32Pourquoi ? À mes yeux, c'est une arme constitutionnelle qui est risquée ?
00:35Parce qu'il y a deux risques. Le premier, c'est celui de l'indifférence.
00:38Si vous convoquez les Français sur un sujet pour lequel ils ne se sentent pas concernés,
00:43finalement, ils ne vont pas aller voter et il y a un risque.
00:45C'est finalement qu'il y a un vote sans grande légitimité politique.
00:48C'est par exemple le cas, regardez, en septembre 2000, Jacques Chirac convoque les Français à voter sur la question du quinquennat.
00:56Alors, oui, la réforme du quinquennat est adoptée, mais il y a seulement 30% de participation.
01:01Donc, on peut se le dire, c'est un bide en termes de participation. Ça, il faudra l'éviter.
01:06Voilà. Donc, le premier risque, c'est l'humiliation de l'indifférence. Et le deuxième, alors ?
01:09Le deuxième risque, c'est celui de la défiance.
01:11À partir du moment où le référendum, c'est une prérogative du chef de l'État,
01:14il y a toujours un risque que ça se transforme en un vote pour ou contre le président de la République.
01:20Et donc, ça recentre la question sur celui qui la pose plutôt que sur la question elle-même.
01:26Et au moment où Emmanuel Macron, finalement, veut s'en servir pour renouer avec les Français,
01:30il ne faudrait pas que cet éventuel référendum, finalement, ça sonne le glas de son quinquennat
01:33et que ça incite certains de ses opposants à demander son départ de l'Élysée.
01:39Évidemment, le référendum qui a entraîné un départ, c'est peut-être le référendum le plus célèbre de l'histoire de la Ve République.
01:44Regardez cette photo, c'est en 1969, référendum convoqué par le général de Gaulle qui entraînera le départ du général de Gaulle.
01:52Comment Emmanuel Macron peut éviter ces deux risques ?
01:54Alors déjà, en demandant aux Français de se prononcer sur des sujets de leur quotidien.
01:58On le sait, il veut leur demander leur avis.
02:00Par exemple, on en parlait sur la question des écrans, de l'accès aux plus jeunes,
02:03sur la question peut-être effectivement de la fin de vie ou encore sur la question du pouvoir d'achat.
02:08Essayez aussi d'utiliser une méthode absolument nouvelle.
02:10L'Élysée travaille sur quelque chose qui n'a jamais été fait, d'inédit.
02:15Ce serait un bulletin de vote, mais avec trois questions.
02:18L'un des plus proches conseillers du Président de la République me dit qu'ils ont vérifié juridiquement.
02:22Ça serait faisable. Ils ont consulté plusieurs constitutionnalistes.
02:26Enfin, dernier point contourné.
02:28On répond à la même chose aux trois questions.
02:31Effectivement, ce serait oui ou non à une consultation avec trois questions différentes.
02:35Ce n'est pas comme une votation citoyenne en Suisse ?
02:36Ce n'est pas comme un QCM, effectivement.
02:37Alors, est-ce qu'après, juridiquement, c'est un référendum en tant que tel ou une consultation ?
02:43Certains constitutionnalistes disent qu'il pourrait y avoir débat là-dessus.
02:48Enfin, dernière façon de contourner tous les risques qu'on a évoqués pour le chef de l'État.
02:51Vous allez me dire que c'est peut-être une évidence,
02:53mais l'Élysée assure qu'Emmanuel Macron respectera le choix des Français.
02:57Ce n'est pas une évidence tant que ça, parce que rappelez-vous, en 2005,
02:59les Français disent non au projet de constitution européenne,
03:02mais permettez-moi le terme, on le refourgue en 2008 via un vote du Parlement.
03:07Et c'est sans aucun doute l'un des éléments, si j'ose dire,
03:09du traumatisme démocratique que vivent les Français depuis 20 ans
03:12et qui fait peut-être aussi partie des raisons
03:15pour lesquelles une partie des Français aujourd'hui ne croient plus en la politique.
03:18Merci beaucoup, Guillaume.
03:19Merci beaucoup, Guillaume.

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