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00:007h moins 10, l'édito politique sur Europe 1 avec le Figaro. Bonjour Vincent Trémolet de Villers.
00:08Bonjour Alexandre, bonjour à tous.
00:10Alors ce soir, Vincent Emmanuel Macron sera sur TF1 pour une émission où il répondra à la fois des experts, des élus et des influenceurs,
00:19de simples citoyens. Ce sera au total plus de deux heures pour une émission à la forme apparemment inédite.
00:24Oui, s'il fallait trouver un nom à cette émission, Alexandre, ce serait « Viens voir le comédien » parce que ce soir, c'est le grand retour du Macron-Rama.
00:34On va retrouver l'acteur politique qui peut à la fois changer de costume et changer de sujet, débattre sur la paix en Ukraine avec Darius Rochebin et musculation avec Thibaut InShape,
00:43immigration avec Robert Ménard, dépenses publiques avec Agnès Verdier-Molinier et droit du travail avec Sophie Binet.
00:49« Comme au temps béni du grand débat, le Président sera de nouveau au centre du motif, seul face à tous. »
00:56Et ça, ça lui plaît. Pour parler comme un vieux qui veut faire jeune, Alexandre, ces moments-là, le Président ne les kiffe pas, il les sur-kiffe.
01:04Effectivement. Alors enfin, Vincent, c'est quand même pas un divertissement, c'est une émission politique, c'est du sérieux.
01:10Nous jugerons sur pièce, mais en général, la forme de la solennité, c'est l'allocution depuis l'Elysée, pas l'émission sur un plateau de la plaine Saint-Denis.
01:16Vous imaginez l'annonce du confinement, l'évocation de la guerre en Ukraine ou la décision de la dissolution intercalée entre un YouTuber et une syndicaliste.
01:25Le format même de l'émission ce soir empêche la gravité et commande plutôt la performance.
01:30Alors bien sûr, nous devrions avoir des gadgets comme des promesses de référendum de proximité et des goodies citoyens pour surmonter la crise démocratique.
01:37On nous parle même de sondage, grandeur nature non contraignant.
01:41Un machin très Anidalgo, c'est-à-dire une consultation inclusive, inutile et biodégradable.
01:46Une sorte de bullshit vote.
01:47Bon, autrement dit, vous n'êtes pas convaincus par la forme de l'émission.
01:51Nous jugerons sur pièce, mais cette émission a tout du moment de fin de mandat,
01:54comme on en a vu avec Yves Mourouzi et François Mitterrand en 1986,
01:58Michel Field et Jacques Chirac en 2005.
02:00L'objectif est de prouver que le chef de l'État est encore aux prises avec les gens et avec l'esprit du temps.
02:05Alors il faut toutefois reconnaître que l'existence de cette émission est déjà une victoire pour le président.
02:10En janvier, souvenez-vous, la pression sur sa démission ne venait plus seulement de la France Insoumise ou du RN,
02:16c'était un bruit de fond qui commençait à s'installer.
02:19Et il a fallu deux personnages pour sortir le chef de l'État des sables mouvants de l'impopularité.
02:23Le premier, c'est Donald Trump, qui par ses emportements, aussi déroutants que burlesques,
02:28a refait du chef de l'État un point d'équilibre et de rationalité.
02:30Le second, c'est François Bayrou, qui par ses approximations, aussi déroutantes que burlesques,
02:35a fait d'Emmanuel Macron un modèle de précision.
02:38On peut y ajouter le probable empêchement de Marine Le Pen en 2027,
02:41qui fait s'éloigner la crainte d'une passation de pouvoir avec la patronne du RN dans la cour de l'Élysée.
02:46Donc ça va beaucoup mieux pour Emmanuel Macron ?
02:47Ça va un peu moins mal.
02:49Mais tous ces éléments extérieurs ne changent pas la précarité de sa situation.
02:53Ce n'est pas parce que le président des États-Unis est inquiétant,
02:55ce n'est pas parce que le Premier ministre est déconcertant,
02:58qu'Emmanuel Macron en devient séduisant.
03:00L'échec des autres ne fait jamais un succès.
03:03Le président aurait donc tort de se laisser griser.
03:05C'est aussi parce qu'il se tient à distance de l'opinion que celle-ci est moins sévère à son endroit.
03:11S'il recommence à vouloir se mêler de tout,
03:13l'antimacronisme bien installé dans notre pays repartira de plus belle.
03:17En fait, on fait de la mousse sur cette soirée politique, Alexandre,
03:20mais elle ne peut rien changer.
03:22Emmanuel Macron ne peut pas se représenter.
03:24Il est à la merci d'une accélération politique soudaine
03:26qui pourrait entraîner la chute du gouvernement
03:27et le contraindre à terme à une nouvelle dissolution.
03:30Depuis 2022, tout lui échappe.
03:33Depuis 2024, tout repose sur du sable.
03:36Et c'est pour cela que dans sa course contre la montre,
03:38il veut profiter de chaque instant
03:39avant que le rideau tombe sur les écrans.
03:42L'édito politique sur Europe 1,
03:44Vincent Trémolet de Villers.
03:45Merci Vincent.
03:45Merci.
03:46Merci.
03:47Merci.