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La ministre de l'Éducation nationale présente dans "Les Échos" un plan "fille et maths" visant à féminiser les filières scientifiques et à lutter contre les stéréotypes de genre. Pour lutter contre leur sous-représentation, Élisabeth Borne fixe un objectif de 50% de filles dans la spécialité mathématiques en terminale en 2030, contre 42% actuellement.

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Transcription
00:00Un constat à présent, Marguerite. Toujours pas assez de filles dans les filières scientifiques ?
00:0425% seulement et ce chiffre ne bouge quasiment pas. C'est tout le problème.
00:09La ministre de l'Éducation veut que cela cesse et lance un plan.
00:12Filles et maths, on l'écoute.
00:14On ne peut pas se satisfaire d'avoir seulement 25% de filles dans les formations pour les métiers d'ingénieur et les métiers du numérique.
00:24Et on peut d'autant moins s'en satisfaire qu'on stagne à ce niveau-là depuis le début des années 2000.
00:31Donc c'est pénalisant pour les femmes qui n'accèdent pas ou qui accèdent moins à des métiers qui sont rémunérateurs.
00:38Et puis c'est pénalisant pour le pays parce que globalement, on sait qu'on ne forme pas assez d'ingénieurs.
00:44C'est pour ça que moi j'ai lancé le plan Filles et maths avec un message à toutes les jeunes filles.
00:50Prenez votre place, on a besoin de vous.
00:52Vous réagissez avec nous Mohamed Nassiri, bonjour.
00:57Vous êtes professeur de mathématiques au lycée et dans le supérieur spécialisé dans les inégalités de genre.
01:04Filles, garçons, première question, pourquoi est-ce qu'on en est encore là ?
01:08Dans vos classes par exemple, pourquoi les filles renoncent aux maths ?
01:12Qu'est-ce qu'elles vous expliquent ?
01:14Malheureusement, il faut savoir, c'est important de le comprendre, c'est un phénomène qu'on a de moins en moins de filles et également de garçons qui déjà font des mathématiques.
01:25La réforme du lycée a accentué les personnes qui abandonnent les mathématiques entre la seconde et la première et puis la première et la terminale.
01:36Mais elle a également aussi accenté les inégalités de genre.
01:39Donc il y a encore moins de filles.
01:41On est notamment sur une fille sur deux qui abandonne les mathématiques entre la première et la terminale, tandis que pour les garçons, c'est un sur quatre.
01:48Donc c'est un vrai problème.
01:51Effectivement, avant, on avait moins de filles qui faisaient des mathématiques.
01:55Mais normalement, si vous avez connu ce système-là, c'est ce qu'on appelait les terminales scientifiques, les terminales S.
02:00En fait, on avait trois composantes de disciplines.
02:03On avait les mathématiques, on avait les SVT et on avait les sciences de la vie de la Terre et sciences physiques et chimiques.
02:11Et donc il y avait cette triplette scientifique qui faisait qu'on arrivait à garder les filles jusqu'en terminale.
02:16Aujourd'hui, comme il y a un choix qui peut être fait d'abandonner les mathématiques et l'informatique,
02:20qui restent des disciplines qui sont très sélectives, notamment parce que Mme Borne parlait justement des ingénieurs.
02:26Donc les mathématiques restent une discipline, notamment pour entrer dans les classes préparatoires,
02:30pour pouvoir après passer les concours d'école d'ingénieurs.
02:32Donc si on n'a plus de filles, justement, si elles abandonnent les mathématiques en amont,
02:37forcément, en fait, on ne les retrouvera pas par la suite.
02:39Et donc après, le pourquoi elles abandonnent, c'est multifactoriel comme problème.
02:43Ce n'est pas que l'école, c'est sociétal comme souci.
02:46On a notamment, par exemple, les filles parfois qui ne se reconnaissent pas.
02:50Votre retour de terrain, puisque vous les fréquentez au quotidien, ces élèves.
02:55Vous voyez bien quel est le discours dominant.
02:56C'est justement ça.
02:57En fait, il y a par exemple...
02:58Oui, oui, bien sûr.
02:59Et par exemple, les filles ne s'identifient pas, par exemple, dans des métiers mathématiques ou informatiques,
03:06parce que si là, maintenant, je demande à quelqu'un de penser, même à vous,
03:09si je demande de penser à une personne qui fait de l'informatique,
03:11la première personne qui va vous venir en tête, c'est peut-être, je ne sais pas,
03:14un geek à lunettes derrière un écran.
03:16Ce n'est pas forcément une fille ou une femme qui fait de l'informatique.
03:19Donc, il y a aussi un souci de rôle modèle.
03:22D'ailleurs, c'est une des mesures proposées par Elisabeth Borne de jouer sur ces rôles modèles-là.
03:27Et après, donc ça, c'est un des premiers leviers.
03:29Et puis après, il y a aussi, quand on a des retours de terrain,
03:32on a par exemple notamment des choses comme,
03:35quand il y a une majorité de garçons dans une classe,
03:37ça ne donne pas nécessairement envie à une fille d'aller dans une classe où il n'y a que des garçons.
03:42Moi, je peux vous faire un retour de terrain de la semaine dernière
03:44où une élève de terminale qui est partie faire des évaluations en informatique
03:50à l'université pour l'année prochaine
03:53m'a envoyé un message en me disant,
03:55en fait, monsieur Nassieri, vous avez raison,
03:56c'est vrai que c'est quand même étrange d'arriver dans une salle
03:58où il n'y a pratiquement que des garçons.
04:00Et il y a aussi ce côté un petit peu,
04:02pas forcément toujours sécurisant,
04:04en se disant, en fait, on va arriver dans un milieu
04:06où il n'y a que des hommes ou que des garçons
04:07parce qu'effectivement, on a aussi un problème,
04:10on a une montée de sexisme, tout ça,
04:11qui est assez présente aussi,
04:13qui monte dans les disciplines scientifiques, malheureusement.
04:16Alors, justement, Elisabeth Borne a laissé entendre,
04:19ce n'est pas du tout une annonce,
04:20elle l'a vraiment laissé entendre,
04:22qu'elle pourrait mettre en place des quotas pour les classes prépa.
04:25Est-ce que ça pourrait régler la question, selon vous ?
04:28Alors, ça dépend de ce qu'on entend par quotas.
04:31Moi, je vais vous dire, moi, je trouve ça,
04:33moi, je suis un pro-quotas.
04:34Ce n'était pas du tout mon combat de base,
04:37mais je trouve qu'effectivement,
04:38on est tellement arrivé dans une situation très problématique
04:40que si on ne fait pas de quotas, ça me semble difficile.
04:42Donc, je vais vous donner un exemple
04:44pour comprendre un petit peu comment je vois les quotas.
04:46Si demain, on pense aux classes préparatoires, notamment.
04:49Si demain, imaginons, on a une classe préparatoire
04:51qui a 50 places, 50 places dans sa classe préparatoire
04:54et il y a 10 filles qui postulent et 80 garçons.
04:57Qu'est-ce que vous faites ?
04:59Vous avez 50 places.
05:00S'il n'y a que 10 filles qui postulent,
05:01vous prenez que 10 garçons et dans ce cas-là,
05:02vous videz le reste de votre classe
05:04ou vous dites, non, on va quand même remplir.
05:05Mais du coup, vous n'avez pas réglé le problème
05:07parce que, tout simplement,
05:08vous n'avez pas réglé le vivier, en fait.
05:10Donc, mettre des quotas, pourquoi pas ?
05:12Mais c'est une solution qu'il faut réfléchir.
05:14Elle est radicale, elle est compliquée.
05:16Moi, je ne suis pas totalement contre,
05:17mais il faut vraiment qu'elle soit bien faite sur le terrain.
05:21D'ailleurs, justement, il y a 8 mesures
05:22qui sont proposées par Elisabeth Borne.
05:24Il y a des mesures qui semblent...
05:25Alors, elles sont...
05:26Moi, il y en a plein que je trouve super.
05:28Sur le terrain, j'attends de voir ce que ça donne
05:29parce que ça risque quand même d'être assez compliqué
05:31pour certaines choses à mettre en place.
05:32Par exemple, juste un exemple très rapidement.
05:35Celle qui pourrait être très compliquée.
05:37Je ne sais pas.
05:37Par exemple, il y a une des mesures
05:39qui, moi, me touche personnellement
05:41parce que c'est la formation des enseignants
05:42et des enseignantes sur les stéréotypes de genre, notamment.
05:45Et donc, je crois que dans les mesures,
05:49c'est marqué qu'il faut former tout le monde
05:50avant le 15 septembre.
05:51Si je ne dis pas de bêtises,
05:52c'est très court en termes de délai.
05:54En effet.
05:54Si on prend juste l'Académie de Lille,
05:56je ne suis pas certain qu'on ait assez de formateurs
06:00et de formatrices déjà pour former
06:02tous les collègues sur le terrain.
06:05Et honnêtement, avant le 15 septembre,
06:07ça me semble très difficile,
06:08notamment si, en plus, vous devez ajouter des formations,
06:10laïcité, harcèlement, tout ça.
06:11Donc, ça semble difficile sur le terrain, en tout cas.
06:13– Merci Mohamed Nassiri pour votre retour d'expérience,
06:17expérience de terrain.
06:18Merci beaucoup.
06:19Et on avait besoin de modèles, HL.
06:22C'est ce qui a été dit, on est d'accord.
06:24– J'en avais choisi.
06:25– J'ai sélectionné trois femmes,
06:27pas Marie Curie,
06:28parce que c'est un peu la seule qu'on connaît.
06:30Il y a, par exemple, la scientifique russe,
06:32Valentina Terechovka, première femme dans le monde
06:34à avoir volé dans l'espace.
06:36Françoise Baré-Sinoussi,
06:38qui a découvert le VIH, quand même.
06:41Et puis, plus récemment, en 2014,
06:43May Britt-Moser, prix Nobel de médecine.
06:46– Sous-titrage ST' 501

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