Les 133 cardinaux électeurs, venus de 70 pays - un record - entament ce mercredi 7 mai le premier jour du conclave, une réunion à huis clos pour élire le successeur du pape François, mort le 21 avril dernier. Un cérémonial extrêmement codifié et suivi avec attention par quelque 1,4 milliard de catholiques.
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00:00Avec nous à Paris, Frédéric Mounier, ancien correspondant de la Croix au Vatican.
00:03Vous êtes l'auteur du livre Le Pape François, une vie, paru aux éditions des presses du Châtelet.
00:08Merci d'être avec nous ce matin.
00:10Et puis Philippine de Saint-Pierre, en duplex de Rome.
00:13Vous êtes la directrice générale de la chaîne de télévision KTO.
00:16Le conclave va donc commencer cet après-midi à 16h30.
00:19Avant cela, évidemment, il y a tout un protocole qui va se mettre en place dès ce matin.
00:24Est-ce que, Philippine, vous percevez déjà ce matin l'effervescence avant le début de ce conclave ?
00:30Quelle est l'ambiance ce matin, place Saint-Pierre ?
00:34La première chose qu'on perçoit, c'est qu'il n'y a plus un seul cardinal aux abords du Vatican.
00:38Les tout derniers, qui n'étaient pas rentrés hier soir, sont rentrés ce matin, peu avant 8h,
00:43pour s'installer dans les chambres dans lesquelles ils habiteront jusqu'à la fin du conclave.
00:48Ils sont désormais totalement coupés du monde, donc ça change nettement des jours précédents.
00:52Voilà, ils vont se retrouver donc en la chapelle Sixtine, où tout est très codifié.
00:57Et vous allez tout comprendre avec cette animation 3D réalisée par les équipes techniques de 2BFMTV et Jeanne Donnet.
01:04Regardez.
01:10C'est ici, au sein de la chapelle Sixtine, que va se dérouler le conclave pour élire le nouveau pape.
01:15Tous les cardinaux électeurs, c'est-à-dire les cardinaux qui ont moins de 80 ans, vont s'y réunir.
01:20Le premier jour du conclave, ils entrent en procession depuis la chapelle Pauline, située juste à côté.
01:26Tour à tour, ils prêtent serment la main posée sur l'évangile et promettent de garder le secret sur cette élection.
01:33Lorsque tous les cardinaux ont prêté serment, que chacun a trouvé sa place, les portes de la chapelle Sixtine se referment.
01:40Chaque jour, sauf le premier, les cardinaux votent deux fois le matin et deux fois l'après-midi.
01:45Sur un papier, ils écrivent à la main le nom de celui qu'ils ont choisi, ils le plient tous de la même manière et vont le déposer dans l'urne située sur l'hôtel.
01:55Les bulletins sont ensuite comptés, puis dépouillés.
01:58Pour qu'un pape soit élu, il faut qu'il détienne au minimum deux tiers des suffrages.
02:04Chaque demi-journée, les bulletins sont brûlés dans un poêle spécialement installé pour l'occasion, avec une cheminée qui est visible depuis la place Saint-Pierre.
02:11Si le vote est négatif, qu'aucun nom ne ressort, alors la fumée qui s'échappe est noire.
02:17En revanche, en cas de vote positif, c'est fumée blanche, les cloches de Rome sonnent à tout volet, à Bémousse-Papam, nous avons un pape.
02:26Lorsque le pape est élu, il faut qu'il accepte sa fonction, sa nouvelle charge.
02:30Les cardinaux lui rendent hommage avant qu'il ne soit présenté officiellement au monde, depuis le balcon qui surplombe la place Saint-Pierre.
02:36Le premier des cardinaux diacres annonce d'abord le nom choisi par ce nouveau souverain pontife, avant qu'il ne s'avance enfin pour saluer et baigner la foule.
02:46Voilà, un conclave, Frédéric, ça peut durer combien de temps ?
02:49Ça peut durer très très longtemps, mais les derniers conclaves n'ont pas duré très longtemps.
02:52Là, on table plutôt sur une durée relativement courte.
02:55Pourquoi d'ailleurs ? Pourquoi ?
02:57Écoutez, parce qu'ils ont beaucoup travaillé avant le conclave, ils sont réunis dans les congrégations générales, il y a eu des dizaines et des dizaines d'interventions, ils ont beaucoup échangé.
03:05Et notamment les 108 cardinaux qui ont été nommés par le pape François, qui ne connaissaient pas Rome, qui ne connaissaient pas cette mécanique et ces mécanismes institutionnels, ils ont appris à se connaître.
03:16Quand vous dites qu'ils ont appris à se connaître, ça veut dire que c'est dégagé au gré de ces discussions, des personnalités et des profils ?
03:23Oui, absolument.
03:24Il y a déjà un consensus au sein des cardinaux électeurs ?
03:29On dit que l'actuel cardinal secrétaire d'État, c'est-à-dire le numéro 2 de l'Église, aurait accumulé sur lui entre 40 et 50 voix.
03:36Or, il faut 88 voix pour atteindre la majorité des deux tiers sur les 130 voix.
03:40Alors, nommez-le, nommez-le.
03:42Il s'appelle le cardinal Pietro Parolin.
03:44Voilà, qui était le bras droit du pape François.
03:46Exactement.
03:47Ce serait un pape italien ?
03:49Ce serait un pape italien, mais un pape international, puisqu'il est spécialiste de politique internationale.
03:54Il a rencontré tous les grands de ce monde.
03:56Il est au courant de tous les dossiers.
03:58Et c'est lui qui a été l'un des acteurs, notamment, de l'accord entre Pékin et Rome.
04:02Mais une cinquantaine, c'est déjà pas mal, puisqu'il en faut combien ?
04:05Il en faut 88.
04:07Donc, c'est pas mal, mais c'est pas gagné du premier coup.
04:09Voilà.
04:10Alors, il y a un premier vote, Philippine, qui a lieu ce soir.
04:13Alors, est-ce que, ce soir, on peut d'ores et déjà avoir le nom du nouveau pape ?
04:19C'est infiniment improbable, d'autant plus que le premier vote, c'est aussi un vote de courtoisie,
04:25un vote d'affection, où chacun vote un peu pour le candidat de son cœur.
04:29On va voir, effectivement, sortir 2, 3, 4, 5 noms autour desquels il y a déjà un certain nombre de voix qui se rassemblent.
04:37Et c'est ça qui va permettre aux cardinaux de discuter pendant le dîner, pendant la soirée.
04:41Et ensuite, de voir si leur favori n'a pas recueilli beaucoup de voix au premier tour, vers qui ils se déportent.
04:47Parce que c'est comme ça que marche le scrutin.
04:49C'est un vote par convergence.
04:51Autrement dit, si votre poulain n'a pas l'air de recueillir assez de suffrages,
04:55eh bien, il faut voir vers qui vous reportez votre vote.
04:58Et ainsi se construit une majorité.
05:00Mais est-ce que vous diriez qu'à l'issue du premier vote,
05:02va peut-être se dégager une shortlist de Papa Billy ?
05:07Oui, à l'issue du premier vote, on a en tout cas une première liste.
05:12Et puis ensuite, il y a un deuxième, un troisième scrutin demain matin.
05:16Mais s'il y a des favoris, par exemple, où l'on voit qu'ils stagnent au bout d'un certain nombre de tours de scrutin,
05:21eh bien, ils peuvent tout à fait sortir du jeu.
05:24Et l'ensemble des voix se reporter vers des outsiders.
05:27C'est ce qui s'était passé pour l'élection de Jean-Paul II.
05:29– Mais Philippine de Saint-Pierre, on saura chaque soir ce qui s'est joué dans les urnes,
05:34ou c'est le silence absolu jusqu'à la phrase à Bémousse Papam ?
05:38– On ne saura rien du tout.
05:43On saura seulement si la fumée est noire ou blanche et absolument rien d'autre,
05:48jusqu'à ce qu'il apparaisse au balcon.
05:49– Frédéric, ce seront un vote ce soir et ensuite quatre votes par jour, deux le matin.
05:54– Deux votes le matin, deux votes le soir.
05:55– Deux votes le soir.
05:56– Deux après-midi.
05:56Mais qu'est-ce qui justifie que le résultat change d'un vote à l'autre ?
06:00Ça veut dire que de nouvelles discussions ont lieu entre les scrutins ?
06:04– Alors, des discussions ont lieu entre les scrutins, notamment au cours des repas.
06:08Il se passe beaucoup de choses au cours des repas à l'hôtellerie Sainte-Marthe, là où ils habitent.
06:12Et donc là, ça va discuter.
06:14Il faut bien avoir en tête que jamais un collège des électeurs n'a été aussi nombreux,
06:18aussi internationales et composé autant de cardinaux du Sud.
06:23Le grand point important, c'est le basculement de l'Église catholique,
06:26du centre de gravité vers le Sud.
06:29C'est ça qui est à prendre en compte aujourd'hui.
06:30– Et ça va jouer sur l'élection de quelle façon ?
06:32– Alors, on peut penser qu'aujourd'hui, l'Église est en train de se déporter vers le Sud
06:37et que donc les hommes du Sud regardent avec un certain recul les hommes du Nord,
06:43les anciennes puissances impériales, les anciennes puissances coloniales.
06:47Il y a quelque chose, une sorte de prévention, voilà.
06:51Et donc, il est possible que celui qui sera élu sera en quelque sorte un pont entre le Nord et le Sud.
06:58– Vous pensez que le résultat interviendra quand, fort de votre expérience ?
07:02– Écoutez, l'hypothèse, ça serait peut-être demain soir ou vendredi midi.
07:05– Bon, votre favori, on l'a dit, il l'a dit.
07:08– Non, non, non, non, certainement pas un français, je ne pense pas.
07:11– Certainement pas un français.
07:12– Sauf un français en tant qu'outsider.
07:14Mon favori est le cardinal Pizzaballa, qui est le patriarche latin de Jérusalem,
07:18qui est un franciscain italien, qui est passionné de Terre Sainte,
07:22c'est le gardien des lieux saints de Terre Sainte.
07:24À Jérusalem, tout le monde est passé.
07:27Il a l'oreille des dirigeants israéliens, il a l'oreille des dirigeants palestiniens.
07:30Ça serait un symbole très très fort.
07:32– Philippine de Saint-Pierre, votre favori, votre pronostic ce matin ?
07:36– Mais je suis toujours incapable de vous donner un pronostic,
07:40j'entends tout ce que dit Frédéric.
07:42Je pense que les Jeux sont véritablement très très ouverts
07:47et que seuls les cardinaux sauront ce soir véritablement qui sont ceux qui sortent.
07:52Il y a bien sûr plein de questions de géopolitique que Frédéric a évoquées.
07:55Il y a la question de l'âge aussi, peut-être Pizzaballa,
07:58qui a 60 ans paraîtra-t-il trop jeune,
08:00parce que ça voudrait dire qu'il pourrait régner 25 ou 30 ans en tant que pape.
08:04Il y a beaucoup de considérations de ce genre.
08:06Mais en fait, les cardinaux avec qui j'ai beaucoup parlé au cours des derniers jours,
08:09ils cherchent d'abord une personne, indépendamment de sa provenance
08:13et de son curriculum vitae,
08:15quelqu'un qui leur semblera à tous ou presque tous capables d'incarner la fonction.
08:20– En tout cas, nous, on peut vous dire qu'il y aura bien un Français au balcon de la place Saint-Pierre.
08:24C'est le Français qui prononcera la phrase « Abémous Papam ».
08:28Ce sera Dominique Mamberti.
08:30Ce rôle lui revient parce qu'il est devenu en octobre dernier
08:32le doyen de l'ordre des cardinaux diacres.
08:35Donc c'est à lui que revient le privilège de dire « Abémous Papam ».
08:37– J'imagine le PSG éliminé ce soir
08:39et demain Mgr Aveline, cardinal de Marseille,
08:42qui sort de la place Saint-Pierre.
08:43Ce serait peut-être dur pour les supporters.
08:44– Ça va pas bien se passer ça.
08:45– Merci infiniment d'être devenu voir ce matin sur le plateau de première édition
08:48et merci à vous évidemment à Philippine.
08:498h24.
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