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00:00Quand j'ai entendu qu'Armand Al-Chara allait venir à Paris à l'invitation d'Emmanuel Macron,
00:05il avait déjà mis cette invitation en février, j'ai été profondément choqué.
00:09Je me suis souvenu d'une chose.
00:12Nous sommes dans l'année, à l'automne, enfin le 13 novembre, nous commémorerons les 10 ans du Bataclan.
00:20Et à l'époque où les djihadistes de Daesh, justement, déferlés sur Paris et sement la mort,
00:24et 250 personnes sont mortes à l'époque,
00:27tout le monde a oublié cet épisode, mais ils avaient fait des vidéos de revendications.
00:32Et ces vidéos, ils les avaient filmées dans un endroit qui était une ancienne base de l'armée syrienne,
00:39qui s'appelait Division 17, qui était au nord de Raqqa.
00:45Certains avaient égorgé des prisonniers, des choses comme ça,
00:48pour expliquer leur détermination et pourquoi il fallait frapper la France.
00:51À cette époque, juste un an avant, le fameux Ahmed Al-Chara,
00:55de son nom de guerre, Abou Mohamed Al-Jolani,
00:58au nom de Daesh, avait conquis Raqqa pour en faire sa capitale.
01:02Donc il a eu ce lien avec Daesh.
01:04Il a été compagnon de route d'Abou Bakr al-Baghdadi,
01:08avec lequel il a partagé quelques mois en prison.
01:12Il a été à l'origine de Daesh,
01:14c'est-à-dire qu'il a mis sur les fonds baptismaux.
01:18Et je trouve ça particulièrement choquant que cet individu,
01:20qui n'a absolument pas prouvé en Syrie,
01:23depuis qu'il est au pouvoir, depuis qu'il a renversé,
01:25que son groupe a renversé Bachar al-Assad,
01:27qu'il souhaitait mettre en place une Syrie
01:31où les minorités seraient respectées,
01:33une Syrie, comment on va dire, inclusive.
01:36On a vu, au mois de mars,
01:40qu'environ 1300 halawites minorités
01:44ont été massacrées,
01:46pas directement par ces troupes.
01:47Alors certains gens des troupes d'Armen Al-Shara
01:51ont participé au massacre,
01:53mais c'est surtout d'autres groupes djihadistes
01:54qu'il traîne dans son sillage.
01:56Et de ce point de vue-là,
01:58il joue toujours celui qui vient, on va dire,
02:02apporter la paix.
02:04Mais vous savez, c'est un peu comme un chef mafieux.
02:05Quand Ahmed Al-Shara dirigeait la région du nord-ouest de la Syrie,
02:10la zone d'Idlib,
02:13eh bien, il faisait toujours de la même façon.
02:15C'est-à-dire qu'il y avait des groupes djihadistes,
02:16des Ouïghours, des Ouzbèques, des Tchétchènes
02:19qui sont venus là, justement, pour faire le djihad
02:21à la fois avec Daesh, avec Al-Qaïda,
02:24avec tous ces groupes au moment de la guerre civile syrienne
02:27à partir de 2011.
02:29Eh bien, en fait, tous ces groupes existaient,
02:32tous ces groupes sont toujours en Syrie.
02:34Et à chaque fois, la façon dont Ahmed Al-Shara procédait,
02:37c'est-à-dire que quand il y avait des exactions, des choses comme ça,
02:39il arrivait et disait, voilà, en fait, il jouait le parrain, si vous voulez.
02:44Et aujourd'hui, il fait exactement la même chose.
02:45Et les dernières victimes sont les Druzes
02:47qui se sont révoltées récemment.
02:50Il y a eu plusieurs centaines de morts.
02:51Je vous parle de ça de la semaine dernière.
02:52dans des affrontements avec les autorités d'HTC,
02:57donc du groupe d'Armed Al-Shara,
02:59qui, on le dit toujours, oui, il s'est écarté d'Al-Qaïda.
03:02Quand on regarde, en 2016,
03:05quand il a quitté, effectivement, le giron de cette organisation terroriste mondiale,
03:09eh bien, les termes étaient quand même...
03:11Ce n'était pas une rupture fondamentale.
03:12Régis, j'entends tout ce que vous dites,
03:14mais alors, pourquoi ce qui m'intéresse et pourquoi la France ?
03:16J'entends tout ça.
03:16Tout ce que vous dites, j'entends.
03:18Mais alors, pourquoi on le reçoit ?
03:20Je ne comprends pas.
03:21Surtout, pour moi, c'est...
03:21Oui, mais c'est ça la question.
03:22Non, mais la question, elle est, je pense que la France...
03:25Est-ce qu'on fait de la réelle politique ?
03:26Est-ce que ça peut s'entendre ?
03:27Est-ce que vraiment...
03:28Que la France s'intéresse à cette zone
03:30en regard des relations que la France a eues avec la Syrie par le passé,
03:35qu'elle, effectivement, qu'elle tente, effectivement,
03:37de sécuriser le Liban et de reprendre pied dans la région,
03:42un endroit où on avait complètement perdu toutes nos cartes,
03:44alors qu'à l'époque, on avait une réelle importance diplomatique
03:47à plein de niveaux en Syrie,
03:50c'est une chose.
03:52Qu'on ait réouvert l'ambassade à Damas,
03:54ça me paraît une bonne chose.
03:56Maintenant, je pense qu'il est prématuré.
03:59C'est le timing qui n'est pas bon.
04:00Moi, je pense qu'il faut qu'Armed Al-Shara,
04:04et les Américains, d'ailleurs, ne lui ont toujours pas retiré
04:06les menaces qui pèsent sur lui.
04:10Donc, les Américains sont extrêmement prudents.
04:12Emmanuel Macron est le premier chef d'État en Europe à le recevoir ?
04:15Oui, mais si vous voulez, je pense qu'il y a,
04:18de la part d'Emmanuel Macron,
04:19ou alors de la fausse naïveté,
04:20ou alors une manière de marquer un coup,
04:22d'essayer de dire, voilà, on se met dans...
04:25Alors que la Syrie, je vous dis, n'est pas stabilisée.
04:28Aujourd'hui, les fameux Drus, dont je parlais,
04:30qui est quand même une grosse minorité en Syrie,
04:33ont demandé aux Kurdes de Masloum Abdi,
04:36le chef du Yépegué, qui contrôle l'Est de la Syrie,
04:39de prendre la place d'Al-Shara.
04:41Donc, si vous voulez, la situation est extrêmement chaotique.
04:44C'est-à-dire que, non seulement,
04:45Al-Shara ne tient pas ses troupes,
04:47qui commettent des exactions,
04:49ou en tout cas tous les groupes terroristes
04:50qui sont dans son sillage,
04:52et vous avez des mouvements de minorités,
04:57en ce moment, que ce soit les Alawites sur la côte,
04:59que ce soit les Druzes au Sud,
05:00ou que ce soit les Kurdes au Nord-Est,
05:02qui, de plus en plus, refusent l'allégeance
05:05au pouvoir de Damas.
05:06Donc, vous avez la question d'Israël,
05:08qui occupe une partie de la Syrie,
05:10qui, l'autre jour, a tiré près du palais d'Al-Shara
05:14à Damas pour protéger les Druzes.
05:17Vous êtes quand même, tout ce que je vous dis là,
05:18c'est une situation extrêmement chaotique.
05:20Et nous, qu'est-ce qu'on fait ?
05:22Eh bien, on essaye de légitimer
05:24ce personnage qui n'a pas fait ses preuves,
05:28qui n'a pas franchement rompu,
05:30on va dire, avec ses anciennes allégeances,
05:31et je vous dis qu'il était quand même
05:33un des compagnons de Bagdadi et de Daesh
05:35au moment du Bataclan.