Dans son édito du 06/05/2025, Thomas Bonnet revient sur la prochaine prise de parole d'Emmanuel Macron.
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00:00Oui parce qu'on l'a répété des dizaines de fois, il est quasiment impossible d'agir avec une assemblée comme celle-là qui est trop morcelée
00:05et puis les partis ne sont pas prêts à des compromis parce que tout le monde pense justement à l'élection présidentielle de 2027.
00:12On en est donc arrivé à cette sorte de fatalité politique qui consiste à attendre gentiment que les Français se choisissent un nouveau président
00:19pour de nouveau commencer à prendre des décisions.
00:22Alors trois ans pour rien, le fruit d'une dissolution manquée, d'alliances politiques faites de briques et de brocs
00:27qu'on a appelé le Front Républicain et qui nous a conduits à la situation actuelle.
00:32Et face à cette situation figée, on observe depuis des mois maintenant Emmanuel Macron sur la scène internationale,
00:39multipliant les rencontres, les initiatives, loin de la France, comme s'il tentait d'oublier que son pouvoir s'est drastiquement réduit dans notre pays.
00:48Alors il pourrait donc annoncer plusieurs référendums la semaine prochaine ?
00:52Oui alors rien n'est encore acté, nous indique l'entourage du président.
00:55Toutes les options sont sur la table, comme on dit généralement dans ces cas-là.
00:59Mais déjà cette initiative médiatique, prendre la parole à la télévision, nous rappelle que le chef de l'État a envie de gouverner jusqu'au dernier quart d'heure.
01:07Alors la question maintenant c'est quelles questions justement ?
01:09Quels sont les sujets déterminants que les Français vont être amenés à trancher pour reprendre la formule du chef de l'État qu'il a employé lors de ses voeux ?
01:17On a entendu vendredi la création d'une convention citoyenne sur le temps scolaire, sujet certes intéressant, mais disons-le pas tellement crucial.
01:26Alors on se met à imaginer d'autres thématiques qui pourraient être soumises aux Français,
01:30et on se dit évidemment que le sujet de l'immigration devrait y figurer, parce qu'il arrive en haut des priorités des Français.
01:37Mais alors on est rattrapé par la réalité politique.
01:40Pourquoi Emmanuel Macron acterait aujourd'hui une rupture dans sa politique en matière d'immigration ?
01:46Est-il prêt à prendre le risque de recevoir le vote du référendum comme une sanction de son propre bilan ?
01:52La réponse est deux fois non, et on s'achemine donc plutôt vers plusieurs questions sur des sujets, pourquoi pas, d'organisation du territoire,
02:00ou sur la fin de vie ? Tout sera réfléchi en tout cas pour éviter qu'un oui ou un non ne puisse être interprété comme un vote pour ou contre Macron.
02:09C'est donc une consultation qui sera inutile ?
02:11Alors tout dépend de ce qu'on en fait derrière.
02:13Ce mois de mai marque les 20 ans du référendum sur la Constitution européenne, c'était en 2005,
02:19et le déni démocratique qui a profondément marqué la vie politique française,
02:24demandé aux Français de trancher, n'est jamais inutile en soi,
02:27mais on voit que l'outil du référendum est parfois détourné de sa vocation originelle.
02:31Aujourd'hui, il est agité comme une façon de contourner une réalité politique,
02:35alors qu'elle soit pour redonner du souffle à une fin de mandat en ce qui concerne Emmanuel Macron,
02:39ou même pour tenter de prolonger son bail à Matignon pour François Bayrou,
02:43qui a tenté d'inventer dimanche le budget par référendum.
02:48Consulter le peuple n'efface pas en tout cas le malaise démocratique.
02:52Je vais vous citer cette phrase d'Alain Poir, président du Sénat, c'était en 1969,
02:57référendum organisé à l'époque par le général de Gaulle.
03:00Consulter le peuple n'effacera pas le malaise démocratique.
03:02Quand en un ménage on ne se parle plus que par oui ou par non, le divorce n'est jamais loin.
03:06Sous-titrage Société Radio-Canada