Le parquet de Libourne annonce l'ouverture d'une enquête après l'agression d'un élu municipal de la ville de Gauriaguet en Gironde. Alors qu'il voulait disperser les motards, il a subi "de nombreux coups". Selon la gendarmerie, l'homme n'avait pas fait état de sa qualité d'élu lorsqu'il s'est adressé à eux.
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00:00Vous l'évoquiez, une enquête ouverte après l'agression d'un élu ce week-end alors qu'il tentait d'interrompre un rodéo urbain.
00:06Il souffre de plusieurs fractures. Ça s'est passé dans un petit village de Gironde, un gorillagué.
00:11C'est 1500 habitants environ. Cet élu qui est venu à la rencontre d'une quinzaine de motards.
00:16Il n'a pas précisé à ce moment-là qu'il était conseiller municipal. Le ton est monté.
00:20Il raconte que ce n'étaient pas des jeunes de la commune. Il discutait quand il a reçu un coup par derrière avec un objet métallique.
00:27Écoutez-le au micro de Vincent Hénin.
00:28J'en ai croisé un en moto qui a manqué mon entrée dedans, sur la voie arrière comme d'hab.
00:34Et j'ai cette habitude d'aller... Quand c'est nos jeunes d'ici, de la commune, en fait, ils me respectent.
00:39Donc j'arrive à aller les voir et puis leur dire, calmez-vous, merde, ça va vriller.
00:46Sauf que là, ce n'étaient pas du tout les mêmes et je voulais en découdre.
00:50Ils ne voulaient pas me voir là-bas sur place, sur leur point de deal et compagnie.
00:53Donc c'est mal passé.
00:56Mais si ça s'est mal passé, en fait, c'est ce coup qui est arrivé de derrière, c'est ce que je ne comprends pas.
01:01C'est ce coup qui est arrivé de derrière.
01:03C'est avec quoi et qui l'a fait.
01:05Déjà, pour m'attaquer par derrière, il ne faut pas être un homme.
01:07Et qui l'a fait et avec quoi.
01:10Je ne vous cache pas que j'ai mal.
01:12Ça me fait mal, le nez me fait mal, suivant la position que je donne à mon visage, ça me fait mal, ça me tire.
01:17Ici, c'est broyé, j'ai un trou, je suis sucuré.
01:22Oui, j'ai mal, j'ai mal.
01:24Mais il faut positiver et puis il ne faut pas les laisser faire.
01:27Et puis de toute façon, je ne vais pas les laisser faire.
01:29Avec nous, Mélanie Bertrand, encore reporter police-justice de BFM TV.
01:32L'élu qui sortait d'une réunion chez les gendarmes.
01:34Évidemment, les suspects sont activement recherchés.
01:37Oui, bien sûr, parce qu'effectivement, il a été lourdement frappé.
01:40Il a dix jours d'ITT.
01:42Le parquet de Libourne nous confiait qu'effectivement, il y a d'importants moyens qui sont mis en place pour les retrouver.
01:48L'adjoint, l'élu précise que ce ne sont pas, selon lui, des jeunes de la commune.
01:52Il faut rappeler les faits.
01:53On est samedi après-midi sur un lieu d'habitude qui sert à du baltrap.
01:57Il arrive, il a 46 ans, il se présente en disant aux jeunes d'arrêter de faire un rodéo sauvage.
02:02Ils ne sont pas du tout en train de faire du baltrap, mais ils font un rodéo sauvage.
02:05Ils leur demandent de cesser et de partir.
02:07Ils ne se présentent pas en tant qu'élus à ce moment-là, mais comme citoyens, simplement, pour leur demander de cesser.
02:13Et c'est en quelques secondes que la situation dérape, parce qu'il se prend un violent coup à l'arrière du crâne.
02:18C'est ce qu'il vient d'expliquer, un coup avec un objet métallique.
02:21Alors, tout à l'heure, le maire, sur notre antenne, tôt ce matin, disait peut-être, vous savez, ces gros U qui servent de cadenas au moto.
02:26Il va être avec nous dans un instant.
02:27Voilà, donc un objet lourd qui frappe à l'arrière du crâne ce monsieur.
02:33Il tombe à terre et là, les coups pleuvent et s'enchaînent.
02:35Il va perdre brièvement connaissance et quand il reprend connaissance, il va à l'hôpital.
02:39Il a plusieurs fractures, on l'a vu sur les images, on le voit en ce moment.
02:42Il a dix jours d'ITT.
02:43La question, évidemment, c'est de savoir qui sont ces jeunes, de les interpeller rapidement
02:48et ensuite de déterminer s'ils ont frappé ce monsieur, ce qui n'enlève rien à la gravité des fers,
02:52mais s'ils l'ont frappé en sachant qu'il était un élu, auquel cas c'est une circonstance aggravante,
02:58si les faits sont avérés ou alors est-ce qu'ils s'en sont pris à lui simplement parce qu'il leur demandait de partir,
03:02ce qui n'enlève rien encore une fois à la gravité des blessures, ça c'est l'enquête qui le dira.
03:07Justement, on est en direct avec Alain Montangon, le maire de la commune.
03:09Bonjour, merci d'être avec nous, monsieur le maire.
03:11Je disais, vous avez vu les gendarmes.
03:13Est-ce qu'il y a des pistes ? Est-ce qu'il y a des avancées ?
03:18Je pense, je pense, mais il faut laisser un peu de temps à la gendarmerie pour finir son enquête.
03:25Jouan, comment va-t-il ?
03:28Il s'est remis. Heureusement que c'est un jeune sportif qui a du peps.
03:34C'est quelqu'un, c'est un combattant, c'est un chef d'entreprise.
03:38Bon, il se remet, il se remet et ce matin, je le trouve en meilleure forme que hier, ça c'est sûr,
03:44parce qu'hier, il était vraiment traumatisé.
03:46Il y a de quoi, vous auriez imaginé ça dans votre commune ?
03:50Mais qui peut imaginer ça ?
03:53Que ce soit chez moi ou ailleurs, d'ailleurs, comment peut-on attaquer des gens comme ça,
03:58en plus par derrière, avec un objet en dur, qui peut blesser et même tuer,
04:05parce que là, on est passé à quelques doigts de la catastrophe.
04:10Un peu plus, on avait un élu en France qui n'était plus là.
04:13Et ces jeunes, apparemment, vous les connaissez pas, apparemment ?
04:19Alors non, moi je les connais pas, puis j'étais pas sur place, donc j'ai pas vu ce qui se passait.
04:23Des jeunes qui font des rodéos dans la commune, alors ceux-là, non.
04:26Non, ceux qui ont fait l'incident ne sont pas de la commune.
04:31Avec votre adjoint, on l'entendait tout à l'heure ?
04:32Ceux qui l'ont frappé à terre, parce qu'en plus, ils l'ont frappé à terre.
04:37C'est vraiment, là on tombe dans la barbarie, quoi.
04:40Par derrière, à terre, il racontait tout à l'heure l'ultra-violence,
04:43il parlait aussi de Pointe-de-Ville, comme si les problèmes des grandes villes
04:46étaient les mêmes maintenant dans un village comme le vôtre.
04:50Ah mais dans un village comme les miens, il y a 7 ou 8 Pointe-de-Ville qui sont connus.
04:55On sait qu'il y a des échanges, des trafics, les voitures arrivent,
04:58ils s'échangent les produits, voilà.
05:03Vous nous dites bien, attendez, 7 ou 8 Pointe-de-Ville,
05:067 ou 8 Pointe-de-Ville pour un village d'un gros millier d'habitants ?
05:10Oui, la mairie, l'église, le foot, le baltrap, les parkings divers,
05:14l'école, le foot, partout où il y a un endroit un peu isolé, il y a un Pointe-de-Ville.
05:21Et vous les connaissez, mais vous ne pouvez rien faire ?
05:22Alors il n'est pas constant.
05:26Moi, je n'ai aucun moyen de pouvoir agir, là.
05:29La police ne l'a même pas, le pouvoir d'agir.
05:31Alors comment voulez-vous qu'un simple maire de campagne,
05:34qui n'a pas de police municipale, puisse faire quelque chose ?
05:37C'est un problème de moyens pour la police ?
05:39Voilà.
05:40C'est un problème de moyens ?
05:42Ah, je ne sais pas.
05:43C'est un problème sur toute volonté, hein.
05:45Une volonté politique, d'abord.
05:47Mais alors justement, maintenant qu'on a eu une telle violence,
05:51un élu pris à partie, qu'est-ce qui va se passer ?
05:53Il y a des mesures qui vont être prises ?
05:57Je ne sais pas.
05:58Ça fait des années que la situation s'empire,
06:01et que personne ne fait rien.
06:03Moi, je suis maire depuis 77, vous voyez, ça fait très longtemps.
06:06Et j'ai vu la situation se déliter depuis de nombreuses années.
06:11Depuis les années Giscard, ça a commencé là.
06:14Et puis on l'a lâché petit à petit.
06:16Et on s'aperçoit aujourd'hui que finalement,
06:19il n'y a plus de repères, il n'y a plus de respect.
06:23C'est le délitement de notre société auquel on assiste.
06:26Et s'il n'y a pas une reprise en main rapidement,
06:28je ne sais pas où on va aller.
06:29C'est terrible, l'impuissance qu'on entend chez vous.
06:32Votre inquiétude.
06:34Les habitants, qu'est-ce qu'ils en disent eux aussi ?
06:36Inquiets, en colère.
06:39Ah mais ils sont atterrés, nos habitants.
06:41Ils ne peuvent pas le comprendre.
06:44Parce que ça, c'est un acte gratuit.
06:46C'était une simple remontrance,
06:48comme il a l'habitude de le faire avec les jeunes de la commune.
06:51Et là, ces jeunes n'étaient pas de la commune,
06:52et ils ont été d'une violence inouïe.
06:55Vous vous rendez compte ?
06:56Tout de suite frappés avec un objet dur.
06:58Je pense que c'est un cadenas de moto,
07:00un U, ce qu'on appelle.
07:01Ça doit être ça, même si on n'en a pas la preuve à l'heure où je parle.
07:06Mais c'est quelque chose qui peut tuer quand on frappe à la tête.
07:10Vous nous parliez d'un manque de volonté politique.
07:12Les ministres, qu'on voit si souvent dans les médias de l'intérieur de la justice,
07:16ils vous ont contactés.
07:18Qu'est-ce que vous avez envie de leur dire, là, aujourd'hui, sur BFM ?
07:20Profitez-en.
07:21Alors, le préfet, les services de l'État, la sous-préfète, le préfet nous ont contactés, oui.
07:27Je n'ai pas eu de ministre encore en ligne.
07:29Bon, de toute façon, ça ne nécessite pas.
07:31Est-ce que vous voulez que je leur dise de plus ?
07:33Ils le savent, ils connaissent la situation.
07:35De toute façon, ces gens-là sont ministres depuis plusieurs années.
07:37Ils voient bien ce qui se passe.
07:39Donc, en parole, il se dit beaucoup de choses.
07:42En parole, il se dit beaucoup de choses.
07:43Mais dans les actes, il ne se passait rien.
07:46Quand on a Gérald Armadin qui dit qu'aujourd'hui, en France, il n'y a plus de lieu safe, je cite,
07:50vous êtes d'accord avec lui ?
07:53Ah mais il a raison.
07:54Mais Darmanin, il est ministre depuis combien d'années ?
07:57Et rien n'a bougé.
07:59Merci, en tout cas, M. le maire, d'avoir été en direct avec nous.
08:02Et je vous souhaite bon courage.
08:04Cette impuissance, on retiendra des élus, ce fatalisme presque.
08:07Et Amandine Attalaya, éditorialiste pour BFM TV, est avec nous.
08:11Ce ras-le-bol des élus locaux, on l'entend de plus en plus souvent.
08:14Des petits villages qui ont 7 ou 8 points de deal.
08:17Je ne me remets pas de ce chiffre.
08:18Non, mais c'est vrai qu'en fait, le maire décrit très bien une réalité qui s'est imposée ces dernières années,
08:23à savoir que les points de deal ont quitté les seules grandes villes pour se retrouver maintenant dans des territoires,
08:28en effet, parfois ruraux, dans des villes petites, dans des villes moyennes.
08:31Ce qui a contribué à ce fameux sentiment d'insécurité,
08:34enfin cette insécurité qui de fait est réelle, qui n'est pas un sentiment,
08:37se diffuse dans toute la France.
08:39Et de fait, autre conséquence, c'est la montée de Marine Le Pen et de tous ceux qui, notamment, ont un électorat qui est un peu rural parfois,
08:48et qui se voient lui aussi confrontés à ces problèmes et qui se tournent vers ceux qui proposent à leurs yeux les solutions les plus radicales.
08:57On ne peut pas dire que rien n'a été fait ces dernières années.
08:59Il y a eu, par exemple, sous le quinquennat d'Emmanuel Macron, plus 10 000 policiers et gendarmes.
09:03Il y a eu une lutte...
09:03Visiblement, ils ne sont pas arrivés jusqu'à Voriaguet.
09:07Non, ils ne sont pas arrivés dans tous les villages, ça c'est certain,
09:09mais ils sont tout de même, notamment sur les points de deal.
09:11Après, on connaît la logique des points de deal, on le défait, il se refait, en général, quelques centaines de mètres loin.
09:15Et les policiers disent la même chose, d'ailleurs.
09:17Ce sont de plus en plus de jeunes qui tiennent ces points de deal,
09:21avec des armes de plus en plus démesurées par rapport à la réalité de la situation.
09:28Et donc, la justice agit, la police agit, mais jamais suffisamment.
09:32Et il est vrai que le trafic de drogue se développe en France à une vitesse
09:36qui fait craindre à certains que la France devienne un narco-État.
09:40On peut entendre ça maintenant.
09:42En termes de solutions, il y a aussi cette fameuse prison de Gérald Darmanin
09:45pour enfermer les 200 gros narcotrafiquants.
09:48Il y a la loi narcotrafique.
09:49Il y a des efforts.
09:50Il y a des efforts, mais qui ne suffisent pas, en effet, face à une situation.
09:55Il y a une autre problématique là-dessus, ce sont les rôdés urbains,
09:57qui, là aussi, se développent depuis des années.
10:00Je crois qu'il y a 20 000 interventions par an.
10:02Rodéau-Rubin s'amusait à faire des roues arrières en pleine ville.
10:05C'est ça, mais c'est extrêmement dangereux, parce qu'on peut choquer
10:08n'importe quel enfant, n'importe quelle dame ou monsieur qui traverse la route.
10:12Il y a une loi, là aussi, qui a été faite en 2018,
10:14avec des peines importantes, même de prison.
10:17Tout le problème est d'arriver à interpeller, en temps et en heure,
10:20les individus qui commettent ces actes.
10:22Et on en revient toujours au problème des moyens, des forces de l'ordre, Mélanie.
10:25C'est ce qu'ils nous disent tous.
10:26Oui, c'est ce que vient de redire le maire.
10:29Effectivement, on est sur une petite commune de 1 500, un petit village de 1 500 habitants.
10:33Et le maire dit qu'il y a au moins 7 ou 8 points de deal.
10:35Et qu'en fait, à chaque endroit où les jeunes se réunissent, ça crée un point de deal.
10:39On le voit dans cette petite commune.
10:41On le voyait, alors évidemment, à des degrés divers.
10:43Mais à Rennes, il y a eu une fusillade dans un quartier qui est un point de lutte
10:47pour le narcotrafic ce week-end, avec 3 blessés, dont 2 blessés par balle.
10:52Les auteurs des coups de feu ont été arrêtés.
10:54Mais c'est un quartier qui est récurrent, malheureusement,
10:56dans ces épisodes de violence et dans ces tirs.
10:58Il y a eu, il y a 15 jours, encore une fusillade sur place.
11:01Et à chaque fois, on entend effectivement des policiers qui sont à bout
11:04et qui disent qu'effectivement, il y a des choses qui sont faites,
11:09mais que ça ne suffit pas.
11:10Et que quand on ferme un point de deal, malheureusement, ça rouvre ailleurs.
11:13Donc il y a effectivement, parfois, un abattement des forces de l'ordre
11:16ou en tout cas, le constat que c'est un combat loin d'être gagné.
11:20Merci beaucoup à toutes les rues.
11:21On suivra avec vous, Mélanie, l'enquête.
11:23Voir si ces suspects sont retrouvés et interpellés.