Dans son édito du 03/05/2025, Jules Torres revient sur la fin de règne du président de la République Emmanuel Macron.
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00:00Et c'est l'heure de l'édito politique tant attendu de Jules Torres.
00:03Mon cher Jules, on va parler avec vous d'Emmanuel Macron
00:05qui lance une convention citoyenne complètement inattendue
00:09qui fait face à des rumeurs autour du futur pape, d'ingérence en Italie.
00:14Une polémique aussi autour d'un tableau, là vous allez nous raconter ça.
00:17C'est autant de séquences qui finalement, mises bout à bout,
00:20disent peut-être quelque chose d'une fin de règne qui ne dit pas son nom.
00:23Oui, il y a des fins de règne qui sont discrets, des fins de règne qui sont tragiques.
00:28Et bien celui d'Emmanuel Macron est étrange, il est bavard, il est gesticulant
00:35et pourtant désespérément vide.
00:38Elle s'affiche partout mais ne laisse plus de traces.
00:40Le président parle encore mais ce sont ces silences qui font désormais du bruit.
00:45Dernier épisode en date, une nouvelle convention citoyenne,
00:48cette fois sur les rythmes de l'enfance, donc dès juin,
00:51les citoyens seront tirés au sort pour évoquer la durée des journées à l'école,
00:56l'heure d'entrée en cours ou les vacances scolaires.
00:59Surtout qu'après les conventions sur le climat ou la fin de vie, on reste dubitatif.
01:03Deuxième scène, une polémique déclenchée par la presse italienne.
01:06Elle accuse Emmanuel Macron d'ingérence dans l'élection du futur pape.
01:10Emmanuel Macron aurait un favori et même un nom.
01:13Jean 24, l'Elysée dément évidemment en toute volonté d'influence.
01:16N'empêche, l'image reste un chef de l'État qui veut tout influencer,
01:20même ceux qui ne le regardaient pas.
01:22Pour la touche finale, une rumeur sur les réseaux sociaux.
01:25Certains ont assuré que l'Elysée avait acheté un tableau de Laurence Osière,
01:30la fille de Brigitte Macron, pour 560 000 euros.
01:33Une fake news évidemment, démentie par la présidence,
01:36mais déjà installée dans l'imaginaire d'un pouvoir
01:38qui aurait perdu tout sens des priorités.
01:41Pris séparément, ces épisodes pourraient passer pour des anecdotes.
01:44Mais ensemble, ils racontent autre chose, le flottement d'un pouvoir
01:47dont les gestes n'ont plus de prise sur le réel.
01:50Et qu'ils les provoquent ou qu'ils les subissent,
01:52eh bien ces signaux s'accumulent et dessinent une même silhouette,
01:55celle d'un pouvoir et d'un président impuissant.
01:58Ils courent après du sens, mais c'est le décor qui lui répond.
02:01Et quand le symbole se vide, la parole s'épuise elle aussi.
02:03Oui, le plus inquiétant, ce n'est pas forcément ce que dit Emmanuel Macron,
02:06c'est que plus personne ne tend l'oreille.
02:08Jadis, sa parole cadrait le débat, fixait la ligne, faisait trembler les ministères.
02:12Aujourd'hui, elle glisse sur le pays comme une pluie sur les vitres d'un TGV.
02:18Elle tombe, mais elle ne touche plus personne.
02:20Il parle beaucoup, Emmanuel Macron, trop sans doute,
02:22mais son verbe ne guide plus l'action.
02:24Il l'accompagne, il la commente, il la rattrape à la traîne.
02:27À l'international, on l'a vu, il rêvait d'être le chef d'orchestre du monde.
02:31Résultat, il court après les conflits, mais sans levier, sans relais, sans écho,
02:35et même sans actes concrets.
02:37En Ukraine, en Afrique, au Proche-Orient,
02:39sa voix s'est perdue dans le vacarme des grandes puissances.
02:41Et en France, c'est quasiment pire.
02:43Il annonce, mais ne tranche plus.
02:45Il lance des chantiers qu'il n'achève pas,
02:47des lois que d'autres incarnent,
02:49des ministres qu'il regarde exister,
02:51sans toujours les diriger.
02:52L'exemple le plus flagrant, c'est évidemment François Bayrou,
02:56ce vieil allié qui s'est imposé à Matignon presque par la force.
03:00Le président a enterriné un choix qui n'était pas le sien.
03:03Alors comment croire qu'il pouvait peser dans l'élection du futur pape
03:06quand il n'a même pas désigné son propre premier ministre ?
03:09Le verbe présidentiel est donc aujourd'hui désincarné.
03:12Ce n'est plus un commandement, c'est un commentaire.
03:15Et dans ce broie politique, le plus désarmant reste peut-être cela.
03:18Emmanuel Macron est encore là, mais il n'imprime plus.
03:21Alors que reste-t-il à un président sans règne, un pouvoir sans prise ?
03:25Oui, car ce n'est pas une chute, c'est un effacement.
03:28Emmanuel Macron ne s'écroule pas, il s'éloigne,
03:31il s'éloigne du pouvoir, il s'éloigne des Français,
03:33il ne démissionne pas du pouvoir.
03:35Mais il semble déjà hors du jeu, il reste là physiquement, institutionnellement,
03:40mais l'élan est brisé, l'histoire semble avoir déjà tourné la page.
03:43Et le plus troublant dans cette fin de règne, c'est l'absence d'enjeux personnels.
03:47Emmanuel Macron, on le sait, ne pourra pas se représenter en 2027.
03:51Il est donc président sans lendemain, un monarque sans succession,
03:55un chef de l'État dont le mandat continue, mais dont l'autorité s'étiole.
03:59Dans son propre camp, les regards se détournent, les ambitions s'émancipent,
04:02on l'a vu avec Gabriel Attal, et pendant ce temps,
04:05ce sont ses adversaires qui prennent la lumière,
04:07c'est eux qui dictent le tempo, qui imposent leur thème et qui occupent le terrain.
04:12Et à mesure qu'ils avancent, lui recule,
04:15spectateur d'un paysage politique qu'il ne structure plus,
04:18gardien d'un pouvoir qu'il n'incarne plus.
04:20On a parfois comparé sa présidence, la présidence d'Emmanuel Macron,
04:23à un roman, ce n'était pas faux,
04:25mais on aurait dû préciser le genre, un conte politique
04:27dont le héros finit absorbé par le décor.
04:29Il voulait être Jupiter, il finit dans l'ombre du Mont-Olympe,
04:32il avait tout promis, le renouveau, l'autorité, l'efficacité,
04:36il ne reste que le verbe, parfois brillant,
04:38mais désormais sans aucun impact.
04:40Emmanuel Macron, il termine seul, face au vide,
04:43dans un palais sans royaume,
04:45comme dans le conte d'Andersen,
04:46il avance encore avec son costume d'apparat,
04:49mais chacun sait désormais ce que l'enfant aurait dit tout haut,
04:52le roi est nu.