Dans son édito du 05/07/2024, Élodie Huchard revient sur la tactique d'Emmanuel Macron à deux jours du second tour des élections législatives.
Category
🗞
NewsTranscription
00:00Et maintenant, que va-t-il faire de tout ce temps que sera sa vie, de tous ces gens qu'il indiffère maintenant que sa majorité est partie ?
00:06Parce que pour paraphraser Gilbert Bécaud, effectivement, c'est la question que maintenant tout le monde se pose.
00:10Que va faire Emmanuel Macron ?
00:11D'abord, sur la forme, qu'est-ce qu'il peut faire ?
00:13Eh bien, il va falloir nommer un nouveau gouvernement.
00:16Option 1, nommer un gouvernement rassemblement national.
00:18Une option qui s'éloigne, puisqu'ils ont prévu qu'ils n'iront pas à Matignon s'ils n'ont pas de majorité absolue.
00:23Ceci dit, ça pourrait être malin de la part du président de la République de se dire qu'ils ont obtenu la majorité relative.
00:28Donc, j'impose à Jordan Bardella soit d'accepter, soit de devoir assumer un refus de dire que, finalement, le rassemblement national n'a pas été au bout.
00:37Deuxième solution, nommer ce fameux gouvernement élargi.
00:40Alors, le champ des possibles est ouvert.
00:42On voit bien que toutes les personnes politiques un peu oubliées se disent
00:45« Et si, finalement, c'était le moment de mon grand retour ? »
00:47On imagine bien que tout le monde aura son téléphone bien chargé la semaine prochaine pour ne pas louper l'appel.
00:52Alors, c'est possible à mettre en place.
00:54On trouvera toujours des personnalités de tous les partis qui veulent trouver un ministère.
00:57La question, par contre, c'est comment, ensuite, ils s'entendent ensemble sur une politique commune.
01:01Là, c'est plus compliqué.
01:02Il y a l'option aussi du gouvernement technique.
01:04On expédie les affaires courantes.
01:05On gère les dossiers.
01:07Le problème, c'est une absence de vision et de communication.
01:09À l'heure où tout est communication, ça serait compliqué d'avoir des ministres qui auraient du mal à aller défendre leurs dossiers dans les médias ou à parler politique.
01:16Et puis, sur le fond, qu'est-ce qu'il peut faire ?
01:18Eh bien, c'est peut-être le moment pour le président de se demander pourquoi il en est arrivé là, de comprendre les Français.
01:23Dans son entourage, on a de cesse de répéter qu'il reste plus populaire que François Hollande.
01:27Oui, mais François Hollande n'a pas mis le Rassemblement national au pouvoir malgré ses échecs.
01:30C'est peut-être le moment pour lui de comprendre que non, les Français ne seront pas les seuls responsables de la situation bloquée, si tel était le cas.
01:37Doit-on s'attendre à un président isolé à partir de la semaine prochaine ?
01:40Alors sans aucun doute.
01:41Déjà isolé mécaniquement par le fait qu'il n'aura plus de majorité à l'Assemblée,
01:44mais surtout, et là, c'est plus inquiétant, isolé dans son propre camp.
01:47Ministres comme députés sortants sont absolument dégoûtés de cette dissolution.
01:51On voit bien qu'ils en veulent au président de la République.
01:53Les langues se délient.
01:54Ils ont l'impression d'avoir été sacrifiés sur un coup de son.
01:57Et puis surtout, ils considèrent que s'ils arrivent à sauver leur siège dimanche,
02:00ils le devront à leur ancrage, à leur nom et pas à leur étiquette.
02:04Et pour le coup, on peut plutôt leur donner raison.
02:06On va donc avoir une Assemblée avec un groupe proche en théorie d'Emmanuel Macron,
02:10mais avec des députés beaucoup plus indépendants.
02:12Fini les moutons qui votent tous comme un seul homme.
02:14Ce seront des députés libres et surtout qui vont bientôt se répartir dans les chapelles pour 2027.
02:18Trois ans, c'est long.
02:19Avant la fin du quinquennat, le président de la République pourra-t-il tenir jusqu'en 2027 ?
02:23Alors la Constitution le lui permet sans aucun problème.
02:26En revanche, il y a plusieurs manières de voir la suite.
02:27Soit il se dit, même si le pays est bloqué,
02:29eh bien laissons-y voter les choses comme ça jusqu'en 2027.
02:32Après tout, le président de la République pourra se recentrer sur l'international, sur la diplomatie.
02:36On sait qu'il aime ça.
02:38Le fait que le pays soit bloqué ne l'empêche pas de rester président de la République.
02:41Et de toute façon, comme il ne peut pas se représenter, il y a beaucoup moins d'enjeux.
02:44La deuxième solution, c'est qu'il peut de nouveau dissoudre dans un an.
02:47La question, c'est que ce sera de nouveau un pari.
02:49Et est-ce qu'il sera gagnant ?
02:50Si le pari, c'est d'avoir de nouveau une majorité pour le président,
02:53a priori, ça sera évidemment inatteignable.
02:55Et puis surtout, les Français peuvent être un petit peu lassés du spectacle.
02:58Alors il y a évidemment ces rumeurs de démission qui reviennent régulièrement.
03:02Jean-Luc Mélenchon en a encore parlé hier.
03:04Et puis certains se disent, finalement, depuis la dissolution, il nous a prouvé que tout était possible.
03:08Bref, depuis cette dissolution, on voit que Jupiter a voulu utiliser son arme la plus redoutable, la foudre.
03:13Pas de chance, c'est sur lui qu'elle est tombée.