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00:00A la veille de la guerre, le 31 juillet 1914, la famille de Funès s'agrandit.
00:27Il vient de naître un troisième enfant qu'on appellera Louis.
00:33Il y a déjà une fille et un garçon dans la famille.
00:37Le père, Carlos de Funès de La Garza, a 43 ans.
00:43Il vient de s'improviser diamantaires, un métier qu'il adore.
00:47Les perles, les bijoux, les pierres précieuses sont les passions de Carlos.
00:52Il va de joyer en richissime client faire son petit commerce.
00:55Jusqu'au jour où, confiant ses pierres à un amateur rencontré dans un café,
01:01il se fait voler son fonds de commerce.
01:04La guerre n'arrange pas les affaires.
01:06La famille de Funès s'éloigne de Paris dans une banlieue un peu plus reculée.
01:11Carlos n'abandonne pas ses projets.
01:14Émigré d'Espagne où il était avocat,
01:16il sait qu'il lui faut persévérer et mettre son imagination à l'épreuve pour innover.
01:27Innover pour le père de Louis, c'est trouver le moyen de fabriquer des émeraudes synthétiques.
01:32Par un savant mélange de teinture, il cherche à reproduire la couleur naturelle de l'émeraude.
01:40Malheureusement, Carlos est daltonien et la qualité des pierres est loin d'être parfaite.
01:47Ce qui met souvent Eleonore, la mère de Louis, dans des colères effrayantes.
01:52Sa maman était une homme-femme très simple.
01:54Sa maman lui ressemblait.
01:56Yves Robert.
01:56J'ai vu sa maman une fois, oui.
01:59Et il avait beaucoup pris à sa maman.
02:02Sa maman parlait tout le temps en faisant,
02:05j'ouvre une petite cuisine comme ça, avec un petit peu de soupe comme ça,
02:09il y avait une espèce de petite souris comme ça qui grignotait.
02:16Et Louis avait dû beaucoup la regarder, sa maman.
02:19Parce qu'il disait toujours qu'il tenait ses colères qu'il avait en jouant,
02:26et il tenait de sa mère.
02:27Claude Jean Sac.
02:28Et sa mère était une grande colérique.
02:34Et lui, ça le faisait rire et il prenait une paire de claques.
02:36Quand il y avait une vente à elle, il disait, je m'inspire toujours de ma mère.
02:41Louis a 25 ans quand éclate la Seconde Guerre mondiale.
02:57Le 1er septembre, c'est la mobilisation générale.
03:01Réformé, il devrait échapper à la conscription.
03:05Il mesure 1m64.
03:06Mais la France a besoin d'hommes.
03:10Devant le conseil de révision, Louis pense qu'il n'y échappera pas
03:14quand il entend un officier parler de lui en ces termes dramatiques.
03:19Oh, lui, il n'en a plus pour longtemps, on va le réformer.
03:23Louis devient livide.
03:25Il ne se savait pas malade.
03:27Il rentre chez lui et raconte tout à Germaine, sa femme,
03:31qu'il a épousée 4 ans plus tôt.
03:32Germaine tente de le rassurer.
03:36Elle lui conseille d'aller consulter un médecin.
03:39Le diagnostic est formel.
03:41Louis de Funès est en parfaite santé.
03:44Après enquête, on découvre qu'il y a eu une erreur de dossier.
03:48L'officier a confondu son cas avec celui d'une autre recrue.
03:51Il vient de vivre le 1er grand gag de sa carrière.
03:55Mais l'histoire ne se terminera pas bien pour autant.
04:06La guerre n'épargnera pas Louis de Funès.
04:09Elle tuera son frère sur un champ de bataille des Ardennes.
04:12Il parlait beaucoup de son frère.
04:14Parce qu'ils étaient tous naturalisés français, évidemment.
04:17Et son frère est un des rares morts de la guerre de 39-40.
04:21Colette Brossé.
04:21Il allait très souvent sur la tombe de son frère.
04:25D'ailleurs, sa femme lui a fait faire la même tombe.
04:27Parce qu'il trouvait ça très beau.
04:29Et il parlait beaucoup de son frère qui avait été tué à la guerre.
04:32Et il nous disait toujours, la tombe de mon frère est tellement belle.
04:35Une pelouse et une croix, il n'y a rien de plus beau.
04:37Que Madame de Funès a fait faire la même chose.
04:39Par respect pour ce que Louis disait.
04:43La femme dont vient de parler Colette Brossé n'est pas Germaine.
04:47Mais Jeanne de Maupassant.
04:48Que Louis épousera quelques années plus tard.
04:52Germaine et Louis vont se séparer.
04:55Nous sommes en 1942.
04:57Louis cherche du travail.
04:59Il sait jouer du piano, c'est un atout.
05:02A condition d'accepter de travailler la nuit.
05:04Il trouve une place à Pigalle, dans un bar,
05:07où les Allemands viennent profiter des filles et du champagne.
05:11Pianiste de bar à cette époque, c'est un métier dangereux.
05:14C'est qu'il jouait souvent avec un revolver sur la tempe.
05:17Colette Brossé.
05:18Parce qu'il était obligé de jouer ce que les clients voulaient.
05:21Et que les boîtes de nuit, avec les Allemands qui avaient le droit d'y entrer, pratiquement.
05:25Et il jouait avec un revolver sur la tempe.
05:27Quand ils étaient bien sauts et qu'ils lui réclamaient les marlaines,
05:30Louis était bien obligé de jouer ce que ces messieurs voulaient.
05:33Il a souvent joué avec un revolver sur la tempe.
05:35Louis a rencontré Jeanne, le 20 avril 1943.
05:39Louis de Funès, épouse Jeanne de Maupassant.
05:43Le goût du piano les a réunis.
05:46Lui, improvisateur diabolique de morceaux de jazz,
05:49qu'il exécute comme détour.
05:51Elle, remarquable pianiste classique, élevée à l'ombre des conservatoires.
05:57Ils auront deux enfants, deux garçons.
06:00Patrick, l'aîné, qui est devenu médecin radiologue.
06:03Et Olivier, que vous connaissez mieux pour l'avoir vu jouer la comédie
06:07aux côtés de son père, dans Hibernatus, par exemple.
06:10Et il a tenté de l'entraîner vers le cinéma
06:13alors qu'Olivier ne rêvait qu'être pilote de ligne,
06:16ce qu'il est maintenant.
06:17Colette Brossé.
06:18Il avait des dons, il nous faisait rire quand il était tout petit.
06:21Alors on disait qu'il sera acteur.
06:22Mais non, en vérité, Olivier n'en a jamais rêvé d'être acteur.
06:25Il voulait être pilote de ligne, il est pilote de ligne.
06:27Le seul ennui, c'est que nous, on a déjà volé avec lui.
06:30Et quand il annonce, le commandant de Funès vous parle,
06:33tout l'avion se marre.
06:34Après la guerre, la famille de Funès vit modestement
06:53avec les cachets que Louis peut rapporter en jouant du piano
06:56ou des rôles de figuration au théâtre.
06:59Il s'est marié très jeune, oui.
07:01Claude Jansac.
07:01C'est Jeanne, surtout sa femme, qui m'avait raconté
07:05qu'il vivait dans deux petites chambres de bonne
07:07avec l'eau sur le palier.
07:11Mais il fallait qu'il ait une chemise propre tous les jours.
07:13Et il n'en avait jamais que deux.
07:15Alors elle, elle passait son temps à laver ses chemises.
07:18Louis de Funès, de Galarza.
07:21Les deux Funès ne sont pas issus de la noblesse.
07:24Le nom composé vient du fait qu'en Espagne,
07:27on met toujours le nom des parents du père et de la mère.
07:30En revanche, l'origine de Jeanne vient d'une illustrée noble famille,
07:35celle de Guy de Maupassant.
07:36Que devaient penser les Maupassants de voir ce petit Espagnol
07:40faire vivre aussi pauvrement l'une de leurs nobles héritières ?
07:44Je crois que ça a été très mal vu par la famille du côté de Jeanne.
07:50Et puis tout s'est arrangé parce que vous savez,
07:52tout s'arrange quand on a finalement un gendre
07:55ou quelqu'un de la famille qui est une énorme personnalité.
08:01À ce moment-là, on trouve toujours tout bien.
08:03Musicien, ce n'est pas la carrière à laquelle se destine Louis de Funès.
08:08Sa vocation, le désir qu'il caresse depuis des années,
08:12c'est de devenir un acteur, jouer la comédie dans une troupe.
08:16Complètement.
08:17Complètement, il ne pensait qu'à ça.
08:19Colette Brossé, qui avec son mari Robert Derry,
08:22a été l'ami de la famille des deux Funès.
08:24Et nous, on allait le voir jouer du piano
08:26parce que Robert le trouvait très drôle,
08:29même au piano.
08:30Et il disait à Robert, je voudrais tellement jouer,
08:31je voudrais tellement jouer,
08:32je voudrais entrer dans votre troupe.
08:34Il voulait entrer dans la troupe à l'époque.
08:36Il y est entré très vite.
08:37Et puis, il était tellement remarquable.
08:39Il était tellement né pour être acteur et pour être comique.
08:42Mais il était déjà drôle au piano involontairement.
09:44Madame, madame !
09:45Madame, madame !
09:48Mais madame !
09:53Louis va entrer dans la troupe de Robert Derry et de Colette Brossé.
09:58Ensemble, ils feront de nombreux spectacles,
10:00dont « Allez belle bacchante » et « La grosse valse ».
10:04Et quand Robert a écrit « La grosse valse » vraiment pour lui,
10:07parce que c'était vraiment un complétien en mesure,
10:10on lui a fait une danse espagnole,
10:12une rota et une civiliana qui dansaient comme un dieu.
10:14On aurait absolument juré un vrai danseur espagnol
10:19s'il n'eût été sa silhouette qui était comique,
10:22un vrai danseur espagnol dansant vraiment une rota et une civiliana.
10:26Et la salle s'écroulait,
10:27parce que quand on fait authentiquement bien les choses,
10:29musicien comme il l'était,
10:30il était remarquable.
10:31C'était un comique spontané, brutal, subitement.
10:37Il était aussi...
10:38Il était comique, sa méchanceté était comique.
10:42Et ça, c'était terrible.
10:45En scène, il arrivait à jouer méchant.
10:49Mais sa méchanceté dominait.
10:52Et le comique dominait, bien sûr.
10:54Le comique de Louis de Funès n'est pas banal.
10:56Il s'inspire des grands comiques américains du cinéma muet.
11:00Je crois qu'il a renouvelé le comique français,
11:03justement dans le sens où, nous, ce qu'on aime,
11:05c'est-à-dire pas tellement le verbe,
11:07il n'aimait pas parler, il n'aimait pas le comique de mots.
11:10Il aimait cette espèce de retour en arrière au comique muet
11:14des grands américains, puis des grands français aussi,
11:17parce qu'il y a eu Max Linder tout de même.
11:19Et ça, il adorait ça.
11:21Il a tenté ce retour en arrière,
11:23de tuer le verbe, ce que Robert essayait aussi.
11:26Et ce que Jacques Tati a réussi fantastiquement.
11:28Non, mais attendez.
11:30If I go to the Turkish bass,
11:32I risk, I risk énormément.
11:34Yes.
11:35But if you, you go out,
11:37si vous sortez,
11:38the Germans, les Allemands,
11:39ils sont là, ils vont vous attraper,
11:40vous allez parler,
11:42et moi, I risk encore plus.
11:43Yes.
11:44Donc, I risk on the two tableaux.
11:46Yes.
11:46Vous m'affermenez toujours yes.
11:48Yes.
11:48Bah oui.
11:49Alors, écoutez,
11:50do you promise me
11:51que if I bring ici the big mustache,
11:53you partez avec lui.
11:54Yes.
11:55Mais définitivement.
11:56Yes.
11:56Bon.
11:56Alors, I accept to go to the Turkish bass,
11:58I accept the mustache,
12:00I accept tout,
12:00et puis,
12:01et puis you,
12:03attendez,
12:04you, you go là-dedans.
12:06You go là-dedans.
12:07Là-dedans.
12:08Immédiatement.
12:09Voilà.
12:10Don't move.
12:11Je reviens.
12:11I come back.
12:12Wait and see, please.
12:13O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O.O
12:43En 1956, Louis de Funès a déjà dépassé la quarantaine.
12:48On ne peut pas dire que c'est un acteur qui ne travaille pas, il gagne sa vie honnêtement.
12:54Mais sa notoriété n'a rien à voir avec le talent qu'il met à progresser dans son art.
12:59Le destin va lui fournir l'occasion de se distinguer au cinéma.
13:03Claude Autanlara a acheté les droits de la traversée de Paris, la nouvelle de Marcel Aimé.
13:09Jean Gabin sera la vedette, c'est décidé.
13:13Claude Autanlara veut Bourville dans le rôle du lampiste en face de Gabin.
13:18Le producteur refuse, puis se laisse convaincre.
13:22Les personnages principaux sont distribués.
13:25Restent les seconds rôles.
13:27Alain Poiré propose Louis de Funès pour interpréter le personnage de l'épicier
13:31qui fait fortune au marché noir, sous l'occupation, en profitant des malheurs des autres.
13:37Je vous ai dit qu'on est pressé, mais ce soir c'est pas la porte à côté, hein, c'est la rue Le Pique.
13:41Rue Le Pique ? Vous m'avez dit rue du temps.
13:43Ah bon, ça fait pas une grosse différence.
13:45Deux bornes.
13:45Oh toi maintenant, ferme-la, hein, question à faire, c'est moi qui ai la parole.
13:49Écoutez patron, faudrait s'entendre.
13:50Si c'est à mon marque, vous donnez combien ?
13:52C'est bon, je vous donne 50 francs de plus, mais grouillez-vous, hein.
13:54Oh, mais je demande pas l'aumône.
13:56Pour mon marque, c'est ça 600 francs par homme ou bonsoir ?
13:58Ah, je vois ce que je sais, vous voulez profiter de la situation ?
14:01C'est bon, disons 400 francs.
14:02Oh, mais à ce prix-là, cherchez des clochards, moi je suis un homme.
14:05Ça va, je veux un effort, 450 francs, 900 francs pour les deux, hein.
14:10Ce personnage est d'une méchanceté, d'un égoïsme, mais ça c'est gambergé par Louis, hein.
14:17Yves Robert.
14:18Il l'a pas fait comme ça, il l'a imaginé, travaillé, pensé, en disant une lentille, c'est une lentille.
14:25Si on prend une lentille, alors c'est...
14:27Si on met le doigt dans le sac de lentilles et que ça coule, c'est épouvantable.
14:30Un petit sentiment de rien du tout devenait une espèce de grande flamme, comme ça, c'est ce qui était beau.
14:38C'est pour ça que je m'en veux un tout petit peu, mon vieux Louis, je t'en veux un petit peu d'avoir fait une partie de ta carrière dans la gendarmerie.
14:44D'un petit rôle d'un second personnage, Louis de Funès en a fait un grand moment du cinéma français.
14:50Face à Gabin et à Bourville, il se hisse au niveau des plus grands acteurs.
14:54À ce moment-là, on pourrait croire qu'il va devenir un comédien qui va se réaliser dans les drames et quitter ce burlesque auquel il tient tant et qui ne lui a pas valu beaucoup de notoriété auprès du grand public.
15:07C'était un caricaturiste dont le trait était très fort, comme daumier.
15:13Yves Robert.
15:14Quand il nous racontait des histoires et qu'il se mettait tout d'un coup à imiter la caissière d'un café où il avait joué du piano, c'était extraordinaire.
15:23Tout d'un coup, on voyait un dessin se former comme ça, avec une violence et comme un trait dans du cuivre, c'était magnifique.
15:31En janvier 1961, un événement théâtral se prépare à Paris.
15:44Il ne s'agit pas d'une création, puisque la pièce avait déjà été jouée par Pierre Mondy et c'était les débuts de Jean-Paul Belmondo.
15:52Pour Louis de Funès, ce n'est pas un rôle inconnu, il l'a déjà joué en tournée avec succès.
15:57Un tel succès que Jean-Jacques Vital, l'homme de la famille Duraton à la radio, a décidé de chercher une salle pour monter le spectacle à Paris.
16:07Oscar va être présenté aux Parisiens. La pièce de Claude Manier n'a rien d'exceptionnel.
16:12Il s'agit d'un imbroglio de boulevard, mais le spectacle prend une autre dimension quand de Funès investit le personnage avec une extravagance que personne n'avait jamais vue.
16:22C'est vrai que c'était quelqu'un qui était prodigieusement inventif.
16:25Alain Poiré.
16:26Et sur un plateau de cinéma, ou comme sur une scène de théâtre d'ailleurs, quand il se mettait à jouer, à interpréter un rôle, tout d'un coup, il lui devenait une idée.
16:36C'est évident que la scène en particulier de Oscar, dans laquelle il y a une espèce de crise de folie, limite le baron en tirant son nez, en le manvant, en faisant ça, c'est une invention.
16:49Personne n'avait jamais osé inventer ça dans une écriture ni dans la mise en scène. Il l'a complètement inventé.
16:54Il avait une façon de faire passer ses fous rires, qui était géniale, parce qu'il arrivait à éclater de rire, et on pensait que c'était dans son jeu.
17:02Colette Brossé.
17:03Si jamais il y avait quelqu'un qui faisait quelque chose de drôle en scène, qui avait une invention comique, il pleurait de rire, mais comme la façon dont il riait faisait croire au public que c'était dans son jeu.
17:13Ça, c'était très habile de sa part.
17:23Louis de Funès va jouer Oscar pendant plus de mille représentations.
17:27Devant un tel succès, va germer l'idée d'en faire un film.
17:31Il faudra attendre cinq ans pour que Alain Poiré puisse monter la production avec Édouard Molinaro comme metteur en scène.
17:37Alain Poiré se souvient de ce tournage en évoquant la double personnalité de Louis de Funès,
17:45quand derrière l'acteur irrésistiblement comique se cachait un homme profondément angoissé.
17:50Quand il était angoissé, il était facilement quelquefois de mauvaise humeur.
17:54Il était contracté.
17:54Je me souviens en particulier, quand on a tourné Oscar, on a eu un très très gros problème.
18:00On tournait le film sur le plateau de Biancourt, dans le décor avec Molinaro.
18:05Et puis tout d'un coup, Molinaro arrive et il vient parce que Louis ne veut plus tourner.
18:10Et puis je trouve effectivement Louis qui tournait en rond sur le plateau avec l'éclairage de secours, dans une atmosphère lugubre.
18:15Il me dit, voilà, c'est très mauvais, tout ce qu'on tourne est très mauvais.
18:19J'ai un metteur en scène qui n'arrive pas du tout à ce que je fais, ce n'est pas possible.
18:22Donc le plus simple, on va arrêter.
18:24Je lui ai dit, écoutez, il y a d'autres solutions que je propose tout de suite.
18:27Vous allez recommencer de tourner, vous allez voir, les choses vont se passer très bien.
18:30Puis on voulait quelques instants, c'est ce qui s'est passé.
18:32Puis j'avais été voir Molinaro, je lui ai dit, écoute, je sais qu'il t'abuse follement de Funès,
18:38mais montre-le, parce que c'est vrai que quand on est devant le premier spectateur d'un acteur, c'est le metteur en scène.
18:46Et si le metteur en scène n'a pas l'air de s'amuser, c'est terrible.
18:49Alors il l'a compris et les choses sont fort bien passées.
18:51Donc il avait des crises comme ça qui arrivaient par moments.
18:55Le tout, c'est de le prendre calmement et puis voilà.
18:58Ce qu'il vivait mal, c'était que les gens travaillent moins bien que lui.
19:02C'est-à-dire, fassent moins d'efforts que lui n'en faisait.
19:05Colette Brossé.
19:05Parce qu'il en faisait énormément, il n'était pas question d'heures de dépassement,
19:12il n'était pas question d'heures de répétition, il était question d'aller jusqu'au bout du travail.
19:17Alors quand il se trouvait face à des gens qui étaient un petit peu paresseux, un peu feignants,
19:23ça le mettait dans de très grandes colères, de là est venue sa réputation de mauvais caractère.
19:28Louis avait mauvais caractère, moi je préfère dire qu'il avait un caractère réservé.
19:33Plus que réservé, complètement secret.
19:36Machine d'Axe.
19:37Puis d'une inquiétude, d'une anxiété permanente.
19:40Mais vous savez, comme beaucoup de gens qui font rire, parce qu'il est vrai que faire rire,
19:44c'est presque une jajure, enfin, ça se démode le rire autant que les vêtements.
19:50Alors il était toujours angoissé à l'idée que demain, ça ne marchera peut-être plus.
19:54Alors c'est vrai qu'il était très difficile à suivre et à supporter parce qu'il avait peur.
20:01C'était uniquement ça, sa vie.
20:04Et je crois qu'il s'est usé par la peur, ce garçon, alors qu'il avait un triomphe mérité.
20:08Car vraiment, cet homme avait un génie en lui, c'est certain.
20:12En 1963, Louis de Funès a déjà tourné deux films avec Jean Giroud.
20:36Pouic Pouic et Faites sauter la banque.
20:38C'est à cette époque que le cinéma commence à s'intéresser à cet acteur au comique si personnel
20:44pour en faire beaucoup plus qu'un comédien original, une star.
20:49Parmi les multiples projets que Louis de Funès voit proposer, il en est un qui va changer sa vie.
20:56Du jour au lendemain, il va devenir le comique numéro un des Français.
21:00Jean Giroud vient lui proposer de tourner le gendarme de Saint-Tropez.
21:05Vous savez, on a habité le même immeuble à un certain moment.
21:08Michel Dax.
21:09On se croisait de temps en temps dans l'escalier.
21:12Et dès qu'il me voyait, il me disait, tu sais, j'ai un projet, mais je suis très inquiet, bien entendu.
21:18Parce que je ne sais pas si je dois le faire, si je dois aller au bout.
21:21Et à un moment donné, c'était des gendarmes.
21:23Le premier gendarme, il me l'a annoncé comme ça, en courant, parce qu'il courait tout le temps.
21:29Tu sais, j'ai un projet, il paraît qu'il pourrait y avoir des suites.
21:33Tu te rends compte, si je le rate, la suite, je ne l'aurais pas.
21:36Et c'était le premier gendarme, vous avez vu, qu'il avait raison d'être anxieux.
21:40Ça s'est très bien passé.
21:41Avec le gendarme de Saint-Tropez, Louis de Funès devient une gloire nationale.
21:46La presse s'intéresse à lui, et lui ne s'intéresse pas à la presse.
21:50Les journalistes lui font peur.
21:53Louis de Funès, il fallait bien le connaître.
21:55C'était un être charmant.
21:57Michel Galabru.
21:58Les journalistes arrivent, nous tournions à Boulogne-Billancourt,
22:03et brusquement, l'attaché de presse, M. Moineau, me dit
22:06« Ah, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là. »
22:09Louis vient de me renvoyer deux journalistes.
22:11Tu comprends, quand même, il ne se rend pas compte, etc.
22:13Et puis, je rencontre Louis, qui me dit
22:16« Ah, là, là, je viens de foutre dehors deux types,
22:19de machin qui m'embêtait
22:21en parlant de la mort
22:23de Dario Moreno. Qu'est-ce que tu veux que je dise ?
22:25J'ai dit, Louis, j'ai compris.
22:28Tu étais embarrassé
22:29parce qu'on t'a tendu le micro
22:31et que sur Dario Moreno,
22:33toi qui es si gentil, qui as bon cœur,
22:35tu ne savais que dire.
22:37Tu es tombé embarrassé et tu les as envoyés balader.
22:40Maintenant,
22:41ils vont retourner parce que c'était leur travail.
22:44Ils sont rentrés à une bredouille
22:45et ils vont aller à leur studio. Ils vont dire
22:47« Ah, on n'a pas pu avoir le truc, quel emmerdeur ! »
22:49Et ça, c'est idiot
22:51parce que tu es l'homme le plus gentil que je connaisse
22:53et c'est par timidité
22:55que tu as renvoyé ces gens.
22:58Tu n'avais qu'à dire
22:59« Ah ben oui, Dario Moreno, je ne le connaissais pas
23:02beaucoup, mais évidemment, ça m'a remettris. »
23:03On te demandait quatre mots
23:05puisque tu es très célèbre et tu ne les as
23:08pas donnés uniquement parce que
23:09tu as eu peur de dire ces cinq mots.
23:11Il m'a dit « Tu as raison, va me les rechercher. »
23:14J'ai donc recouru après ces journalistes
23:15et il a fait son interview.
23:18Voilà, voilà l'ouïe.
23:20Une autre série de films va contribuer
23:22à faire de Louis de Funès
23:23le comique des Français, Fantomas.
23:26Dans le rôle du commissaire Juve,
23:28il entraînera le film
23:30vers un burlesque inattendu
23:32pour un film policier.
23:33Paradoxalement,
23:34il n'a pas eu le film qui méritait.
23:36Il aurait pu faire
23:37deux ou trois grands chefs-d'oeuvre.
23:40Il les méritait
23:41parce que c'était un merveilleux
23:43comment un génial interprète.
23:45Et on le voit maintenant.
23:47Les gendarmes,
23:48ça a été un peu les pieds-niquelés
23:49de l'époque
23:50parce que tous les petits
23:51ont les gendarmes
23:52dans la cassette.
23:53Ce que je voudrais réaliser,
24:22c'est une sorte de guignol
24:23pour grands enfants.
24:25Pour moi, c'est ça le cinéma.
24:26Mais pour jouer guignol,
24:27il ne suffit pas
24:28de faire des grimaces.
24:29J'ai mis 20 ans à le comprendre
24:31et je fais de moins en moins
24:33de grimaces.
24:34Il faut autre chose,
24:35il faut une présence.
24:37Voilà comment Louis de Funès
24:38définit son art en 1965
24:41en répondant à une interview
24:43du journal du dimanche.
24:45Il refusait totalement l'émotion.
24:47Colette Brossé.
24:48Totalement.
24:49Il trouvait que c'était
24:49trahir le comique pour lui.
24:53Il trouvait que c'était
24:54aller à la facilité.
24:56Il détestait qu'on lui demande
24:58un sentiment d'émotion
24:59et Dieu sait si dans la vie
25:01il était tendre.
25:02Mais il se refusait,
25:04il trouvait que c'était trahir.
25:06Faire de l'émotion pour lui,
25:07c'était aller à la facilité.
25:08Il ne voulait que faire rire.
25:09Gérard Roury lui a chopé
25:12un regard ému
25:14dans Rabbi Jacob,
25:15ce qui nous a beaucoup étonnés.
25:16C'est très fugitif.
25:18À un moment,
25:19je crois que c'est dans la synagogue,
25:22il a un regard tendre
25:23vers un petit garçon.
25:24Ça nous a beaucoup étonnés
25:25qu'il ait laissé passer ça.
25:27Il avait de la tendresse en lui,
25:28mais il ne voulait absolument
25:29pas s'en servir.
25:30En 1965,
25:43Louis vient de faire
25:44le corneau avec Bourville.
25:46Gérard Roury se souvient encore
25:48de ses fourrires sur le plateau.
25:50Où il m'a fait follement rire,
25:52c'est quand je le dirigeais
25:53et que j'étais assis,
25:54comme je le suis toujours,
25:55sur un petit cube,
25:56sous la caméra.
25:58Alors je me suis vu partir
25:59à quatre pattes
26:00pour ne pas gâcher la prise,
26:02à quatre pattes,
26:03me faufiler derrière le décor,
26:05avec les larmes
26:05qui me coulaient des yeux,
26:06et lui, ça lui faisait du bien.
26:08C'est-à-dire de sentir
26:09que moi, je me tordais de rire,
26:11j'étais son premier spectateur,
26:12ça le dopait d'une façon formidable.
26:14De savoir qu'il me faisait rire,
26:17c'était bon pour lui.
26:18C'était bon pour lui,
26:20car même sur un plateau de cinéma,
26:22Louis de Funès avait besoin
26:23d'un public,
26:24d'un vrai public,
26:25aussi attentif qu'au théâtre.
26:29C'est une catastrophe.
26:45Qu'est-ce qu'il y a ?
26:48Qu'est-ce qu'il y a ?
26:49Qu'est-ce qu'il y a ?
26:49Pas grave, qu'est-ce qu'il y a ?
26:50Qu'est-ce qu'il y a ?
26:51Qu'est-ce qu'il y a ?
26:52Maintenant,
26:53elle va marcher beaucoup moins bien,
26:55forcément.
26:56Je vous en prie,
26:56ne vous aimez pas,
26:57marchez dessus.
26:59Oh là là !
27:00C'est pas grave.
27:01C'est pas grand,
27:02vous en avez de bonnes,
27:03c'est pas grave.
27:03Qu'est-ce que je vais devenir, moi ?
27:05Un piéton, oui.
27:06Hein ?
27:06Mes vacances sont foutues,
27:08je partais pour l'Italie.
27:09Écoutez,
27:10prenez l'avion,
27:11ça va plus vite.
27:11Mais je ne suis pas pressé, moi.
27:12Moi, je suis pressé, voilà.
27:14On va lâcher, là.
27:15C'est fait, oui ?
27:15Je vous en prie.
27:16Alors, voici ma carte.
27:17Hein ?
27:18Voici ma carte,
27:18mon agent d'assurance vous contactera.
27:20Voilà.
27:20Ah, vraiment ?
27:22Oui, oui.
27:22Il y en a qui ne me manquent pas de culot.
27:24Je savais
27:25que dans certains cas,
27:27l'éclair,
27:28tout d'un coup,
27:29le moment où il allait faire
27:30le truc extraordinaire
27:31que personne n'attendait,
27:32il fallait attendre.
27:33Alors, quelquefois,
27:34ça impliquait un grand nombre de prises.
27:37Et je me disais,
27:38quand même,
27:38on est à la douzième,
27:40à la treizième,
27:41est-ce que je continue
27:42ou est-ce que je me contente
27:43de ce qu'il y a ?
27:43Et j'attendais les dents serrées
27:45et le sourire aux lèvres,
27:46ce qui peut paraître contradictoire.
27:49Et ça se passait.
27:50Ce long travail
27:51que Louis de Funès
27:52devait accomplir
27:52avant de donner
27:53toute la mesure de son talent
27:55était comme une sorte
27:56de mûrissement.
27:57Ce n'est pas un mûrissement,
27:58c'est que c'était
27:59sa mécanique interne.
28:02Il répétait ses places
28:03mécaniquement,
28:04mais au plan de son jeu,
28:08il se mettait véritablement
28:09en action
28:09quand la caméra tournait.
28:11Donc ça impliquait
28:11qu'à ce moment-là,
28:12il se perfectionnait
28:14petit à petit.
28:15Donc c'était d'ailleurs
28:17un problème,
28:18je dois vous le dire,
28:19parce que,
28:20par exemple,
28:21dans les Bourville de Funès,
28:23non pas pour le Corniaux,
28:24parce que pour le Corniaux,
28:25ils étaient séparés,
28:26il y en a un qui suivait l'autre,
28:27mais pour la Grande Vadrouille,
28:28où ils étaient toujours ensemble,
28:29Bourville qui était spontanément merveilleux,
28:35superbe aux premières,
28:36deuxième,
28:36troisième prise,
28:37il commençait à s'user,
28:38à se détériorer,
28:39parce que la spontanéité s'en allait,
28:41au fur et à mesure,
28:42au moment où Louis devenait parfait.
28:45Alors je veux dire,
28:46il y avait un espèce de tape-cul,
28:48de mouvement de balancier,
28:50auquel il fallait être très attentif,
28:52qui n'était pas très grave
28:53dans les champs contre-champ,
28:54quand il y en a,
28:55parce que l'un donnait la réplique à l'autre,
28:57mais dans les scènes à deux,
28:58c'était certainement un problème.
29:0011 millions de Français
29:01ont vu le Corniaux à sa sortie.
29:04Lorsque Gérard Horry décide de recommencer
29:06avec Bourville et de Funès,
29:09c'est la Grande Vadrouille.
29:1013 millions de spectateurs
29:12se précipiteront dans les salles
29:14pour retrouver le tandem des comiques
29:16du cinéma français.
29:18Devant un tel succès,
29:19Louis de Funès est sollicité de toutes parts.
29:22On continue la série des Fantomas,
29:25et l'on pense à la suite des aventures
29:27du gendarme de Saint-Tropez.
29:30Après le gendarme à New York,
29:32on imagine que le gendarme se marie.
29:50Il faut trouver une femme,
29:51ce sera Claude Jansac,
29:53que Louis connaît bien
29:54pour lui avoir souvent demandé
29:55d'être sa partenaire au cinéma.
29:58Oui, c'est lui qui me demandait.
29:59Claude Jansac.
30:00Pour Oscar,
30:01c'est parce qu'il est venu
30:05voir la première pièce comique
30:08que j'ai jouée de ma vie,
30:09puisque je ne jouais que des rôles dramatiques.
30:11c'était un fait d'eau,
30:13c'était la dame de chez Maxime.
30:14Il m'a d'ailleurs dit
30:15« Je ne savais pas du tout
30:16que tu jouais des comiques,
30:17mais tu vois, moi non plus. »
30:19Il m'a demandé
30:20pour tourner avec lui dans Oscar.
30:23J'ai fait les essais,
30:24ça a marché.
30:26Après,
30:27on a fait les grandes vacances.
30:29Il a été question de la suite
30:32des gendarmes.
30:33Pour le gendarme se marie,
30:34quand ils ont écrit le scénario,
30:37il a dit « Il n'y a pas de raison,
30:40je vais prendre Claude.
30:41J'ai l'habitude de travailler avec elle. »
30:43En plus,
30:43il adorait travailler
30:43avec des gens qu'il connaissait bien.
30:47Justement parce que c'était un inquiet,
30:48parce que c'était un être perfectionniste.
30:50Et puis,
30:51il avait un petit peu peur des gens.
30:53Ce qui fait que c'était vraiment
30:54un travail en famille avec Louis,
30:56parce que non seulement avec Louis
30:57et très très souvent Michel Galabru,
30:59mais la technique aussi.
31:02La technique,
31:03dans la mesure du possible,
31:04il avait les mêmes techniciens.
31:06Alors,
31:06c'était vraiment un travail en famille.
31:08Ça, c'était merveilleux.
31:09Et puis,
31:10je me souviens que,
31:11où j'ai tourné trois jours
31:12dans la soupe au chou,
31:13il m'avait dit
31:13« Ça m'ennuiera.
31:14Ça m'ennuiera parce que
31:16t'es un petit peu
31:17comme une sorte de porte-bonheur. »
31:19Le gendarme s'est marié en 1968.
31:23Étrange destin
31:24que celui de ce gendarme conservateur,
31:26vedette d'une époque contestataire,
31:28voire révolutionnaire.
31:30Claude Jansac restera pour les spectateurs
31:32la femme de Louis de Funès au cinéma.
31:35Celle que le public
31:36continuera d'appeler « Ma biche ».
31:38Ce surnom,
31:40« Ma biche »,
31:41c'est Louis
31:41qui en avait eu l'idée.
31:42Oui, c'est lui.
31:43C'est dans Hibernatus.
31:45« Ça serait bien
31:46que je t'appelle comme ça. »
31:47Parce que, tu vois,
31:48alors, il est amoureux
31:49de sa femme.
31:49Alors, un jour,
31:50il me dit
31:50« Comment je pourrais t'appeler ? »
31:51« Cherchez-moi. »
31:52« Ma biche. »
31:54Oui, c'est bien.
31:55« Ma biche. »
31:56Les inventions de Louis de Funès
32:07sont permanentes.
32:08Dans tous les films,
32:09il apporte des idées,
32:10à tel point qu'on peut se demander
32:12aujourd'hui
32:12si parfois,
32:13il n'était pas tenté
32:14d'écrire lui-même.
32:16Non, à ma connaissance, non.
32:17Alain Poiré.
32:17Non, il a participé
32:18à certaines adaptations,
32:20oui.
32:21Il participe à beaucoup de choses,
32:22mais il ne m'a jamais dit
32:24qu'il voulait écrire
32:25un scénario proprement dit
32:27et il ne m'a jamais laissé entendre
32:28qu'il avait l'intention
32:29ni la moindre envie
32:30de mettre un film en scène.
32:32Non, ça,
32:33je n'ai jamais entendu parler.
32:35Musicien, acteur,
32:36chanteur dans les comédies
32:37de Robert Derry,
32:38Louis de Funès
32:39avait de multiples dons.
32:41Et puis, cette...
32:42Vous comprenez ?
32:44Cette vivacité physique.
32:45Vous savez qu'il dansait très bien.
32:47Michel Dax.
32:48Il avait beaucoup de grâce.
32:51C'est très curieux,
32:51vous savez,
32:52ce sont des êtres comme ça
32:53qui ont des dons multiples
32:55et il y en a un
32:57qui fera
32:58qu'il sera beaucoup plus connu
32:59que pour les autres.
33:01Mais en fait,
33:01c'était un merveilleux musicien,
33:03c'était un merveilleux acteur,
33:06mais c'est vrai
33:06qu'il avait le don inné
33:09de faire rire
33:11et de faire rire tout le monde,
33:13c'est-à-dire des enfants
33:14aux vieillards, n'est-ce pas ?
33:15Il n'y avait pas de limite.
33:17Il était très gentil,
33:32très gentil,
33:35très compréhensif.
33:38Jamais il ne s'est laissé dépasser
33:40par sa célébrité
33:41et par le fait
33:43qu'il gagnait beaucoup d'argent.
33:44Voilà, ça, c'est quelque chose
33:47qui ne l'a,
33:47je crois qu'il ne l'a jamais atteint.
33:49Malgré ses colères,
33:50son caractère angoissé,
33:52Louis de Funès,
33:53dans la vie professionnelle,
33:54ne ressemblait pas
33:54à ses personnages.
33:56Il était plutôt
33:57bon camarade avec les acteurs.
33:58Alain Poiré.
33:59Il ne se préoccupait pas du tout,
34:00contrairement à la plupart
34:01des acteurs
34:02qui se préoccupent
34:02de façon formidable
34:03de leur place
34:05sur l'affiche.
34:06de Funès,
34:09ça n'a jamais posé de problème.
34:10Il a toujours laissé passer
34:11Bourville avant lui,
34:12de même que dans Fort Thomas,
34:13il a fait Jean Marais avant lui.
34:16Ça lui était complètement égal.
34:17Louis,
34:18il n'était pas du tout
34:19dans la vie
34:20comme il était
34:21au cinéma.
34:23Yves Robert.
34:24Dans la vie,
34:24c'était un homme très calme,
34:26très charmant,
34:27très doux,
34:28très simple,
34:30même chrétien.
34:32Il allait à la messe,
34:33Louis.
34:33Ça nous sidérait,
34:35nous qui étions
34:37des mécréants.
34:39On pensait
34:39qu'il était devenu
34:40un bourgeois,
34:41mais il s'est servi
34:42de cette bourgeoisie,
34:45de cette observation
34:47des autres
34:48de façon tellement
34:50magnifique
34:52que vive le bourgeois.
34:58Mais on l'imaginait
34:59à la messe,
35:01ça nous faisait rire.
35:02parce qu'à la messe,
35:05il devait prier,
35:06bien sûr.
35:07C'était un homme
35:08très respectueux,
35:09très timide.
35:10Gérard Rory.
35:10Il était un homme
35:11très religieux,
35:12il allait à l'église
35:13avec Jeanne
35:14tous les dimanches
35:15et d'ailleurs,
35:15il me faisait tort de rire
35:16parce qu'il allait à l'église,
35:17il avait une vraie foi,
35:18il croyait vraiment en Dieu
35:20mais il se moquait
35:21de lui-même
35:21parce qu'il me disait
35:22par exemple,
35:23j'ai été à l'église dimanche
35:24alors j'ai prié,
35:25j'ai prié,
35:26j'ai dit mon Dieu,
35:26faites que mes chèques
35:27soient honorés,
35:28faites que ce soit payé à temps,
35:29faites que ce soit moi
35:30qui l'ait vos rôles,
35:31que les autres n'en aient pas.
35:32Il s'amusait avec ça,
35:33il était très drôle
35:34mais il était très drôle
35:35dans la vie
35:36d'une certaine manière
35:37et drôle pas comme au cinéma.
35:38Ce n'était pas
35:39la même sorte d'humour.
35:41Il était très profondément
35:42croyant.
35:43Colette Brossé.
35:44Et quelquefois,
35:45je lui disais,
35:46tiens,
35:46je n'ai pas été à la messe
35:47avec toi quand on tournait,
35:49tu verras les petits diables
35:50te piquent contre cul
35:50en enfer,
35:51il me disait.
35:53Sa foi était sincère,
35:55complètement,
35:55au point de refuser
35:57certaines pièces
35:58où on parlait mal de Dieu
36:00et de très belles pièces
36:02de très grands auteurs.
36:04Marcel Aimé
36:05me dit un jour,
36:05dis donc Yves,
36:06tu connais bien
36:07De Funès ?
36:08Oui.
36:10Tu ne voudrais pas
36:10lui faire lire
36:11Clérenbar ?
36:13Je lui dis,
36:13attends,
36:14explique-moi quand même.
36:15Il me dit,
36:15parce que je pense
36:16que De Funès
36:18serait un Clérenbar
36:19extraordinaire.
36:20Yves Robert,
36:21c'est un cèpe de vigne,
36:23c'est un homme d'une pièce
36:25qui, dans la méchanceté
36:27et dans le plaisir
36:29de tuer des chats,
36:30aura la même force
36:31que quand il croira en Dieu.
36:33C'est parce que Clérenbar
36:34c'est un homme de conviction.
36:38Il est aussi violent
36:39en amour de Dieu
36:41que dans le désir
36:44de tuer des chats
36:45pour les manger.
36:46J'appelle Louis
36:47et je lui dis
36:48Marcel Aimé,
36:49il voudrait...
36:50Marcel Aimé,
36:51il voudrait...
36:52Il dit,
36:53écoute,
36:53j'ai un bouquin
36:54qui t'a dédicacé.
36:56On sent alors.
36:58Je le sens
36:58assez bouleversé
36:59au téléphone.
37:00Je vais lui porter
37:01deux heures après
37:02il me téléphone
37:02en disant
37:03je ne peux pas
37:03jouer ça,
37:04ce n'est pas possible.
37:05Il dit,
37:05mais pourquoi
37:06tu ne peux pas
37:06jouer ça ?
37:06Il y a une putain,
37:07je ne peux pas
37:07jouer un film,
37:09il y a une putain.
37:11J'ai dit,
37:11mais attends,
37:12on a pensé
37:12comme ça
37:13peut-être qu'on
37:14irait peut-être
37:14demander à Simone Signoret
37:16de jouer
37:16La Langouste.
37:17C'est Marie-Madeleine.
37:18Tu as entendu parler
37:19toi de Marie-Madeleine
37:20puisque tu es
37:21croyant et catholique.
37:22Comment c'est Marie-Madeleine ?
37:24J'ai dit,
37:24relis,
37:24tu vas voir,
37:25c'est la rédemption.
37:27Il relis
37:28et le lendemain
37:28il me téléphone
37:28il me dit,
37:29non, non, non,
37:29je ne peux pas
37:29jouer ça,
37:30il y a une putain.
37:31Je ne peux pas
37:31entraîner
37:32mes spectateurs,
37:35les spectateurs
37:35qui ont confiance en moi,
37:37je ne peux pas
37:37les emmener au cinéma
37:38voir une putain.
37:39Et voilà pourquoi
37:39il n'a pas tourné.
37:40Claire Rambard.
38:05Jeanne et Louis
38:05sont souvent
38:06d'aller passer
38:07des vacances
38:07au Célier,
38:08un village
38:09sur les bords
38:10de la Loire.
38:11C'est là,
38:11dans le château
38:12de la famille
38:13de Jeanne
38:13qu'ils ont passé
38:14beaucoup de moments heureux.
38:16Or,
38:16en ce mois de janvier 1967,
38:19le château est à vendre.
38:21Louis est devenu célèbre,
38:23ses cachets
38:23sont ceux d'une star,
38:25il veut acheter
38:26le château
38:26des Maupassants
38:27à sa femme.
38:29Il est vendu
38:29aux enchères
38:30à la chandelle.
38:31Au terme de la vente,
38:33Louis de Funès
38:34finit par devenir
38:34le nouveau châtelain
38:35du Célier.
38:37La propriété
38:38aux 365 fenêtres
38:40est à lui.
38:41Il va pouvoir
38:42l'offrir
38:43à sa femme.
38:43Il avait acheté
38:44ce château
38:45vraiment par respect
38:46pour Jeanne
38:46et parce qu'elle
38:47y avait passé
38:47son enfance
38:48et parce que lui-même
38:50y avait passé
38:50beaucoup de vacances
38:51et pour faire plaisir
38:53à sa femme.
38:54Colette Brossé.
38:55Mais cet immense château
38:56qui était une splendeur,
38:57il l'avait tout de même
38:58un peu transformé
38:59en une maison de campagne
39:00de six pièces
39:01parce qu'il ne pouvait
39:01pas tout habiter.
39:02alors il y avait
39:03le chauffage central
39:04dans six pièces,
39:05il y avait
39:05une immense cuisine
39:07dont je crois
39:08qu'on n'a jamais mangé
39:08dans la salle
39:09à manger du château.
39:11C'était immense.
39:12Il en avait fait
39:13une maison de campagne
39:14et il n'occupait
39:15pas les lieux
39:16évidemment.
39:17Propriétaire
39:18d'un parc
39:18et d'un domaine
39:19agricole
39:19de 150 hectares,
39:22Louis de Funès
39:23n'en change pas
39:23sa vie pour autant.
39:24Ce n'était pas
39:26dans la vie
39:27un type
39:27qui avait de la démesure
39:29dans la mesure
39:30où il y a une chose
39:31dont il avait horreur
39:32comme pas mal d'acteurs,
39:35ceux qui ne sont pas cabots,
39:36il n'était pas cabot du tout.
39:37Gérard Horry.
39:39C'est que
39:39ça l'exaspérait
39:41quand il était
39:42dans une gare,
39:43dans un aéroport
39:44et que les gens
39:45le reconnaissaient,
39:46c'est pour ça
39:46qu'il se mettait
39:47toujours une casquette
39:48enfoncée
39:48pour qu'on ne le reconnaisse pas.
39:51Ça l'exaspérait
39:53que les gens guettent
39:54sur son visage
39:54des mimiques
39:55ou les fameuses grimaces
39:58qui étaient d'un mot
39:58qui l'énervait considérablement
40:00et ça l'énervait
40:02qu'on guette,
40:03qu'on attende
40:04qu'il fasse rire
40:04dans la vie.
40:17Dans la vie,
40:18Louis de Funès
40:19aime à se comparer
40:20à un simple jardinier,
40:22le jardinier du château.
40:24Il a pris des cours
40:25de jardinage
40:25à Versailles.
40:27Il fait partie
40:28de l'association
40:29des Amis du potager
40:30du roi
40:30et par-dessus tout,
40:32il aime cultiver
40:33des roses.
40:34Et c'est un écologiste
40:36avant l'heure.
40:37Il m'avait raconté,
40:39il a fait venir,
40:40parce qu'il en avait assez,
40:41des pucerons
40:42de toutes les sales
40:43petites bêtes
40:44qu'il y a sur les roses,
40:45notamment parce qu'il
40:46adorait les roses.
40:47Claude Jansac.
40:48Il avait fait venir
40:49des coccinelles.
40:51Parce que je connaissais
40:52assez bien Louis
40:53et je le connaissais surtout
40:54plus en tant qu'homme
40:55qu'en tant que comédien.
40:57Yves Robert.
40:58On avait une passion commune,
41:01c'est la nature.
41:03J'ai rarement rencontré
41:04un homme si près
41:05du vent,
41:06des arbres,
41:07de l'eau,
41:09des fleurs,
41:11des roses,
41:11des choux,
41:12que Louis.
41:14C'était un pêcheur
41:16à la ligne extraordinaire.
41:18Je prétends être
41:19plutôt un bon pêcheur
41:20à la ligne,
41:20mais à côté de Louis,
41:21zéro.
41:23Il avait la vraie patience
41:26des gens qui sont
41:27comme ça,
41:27remplis d'une force,
41:30car il avait une force
41:31physique extraordinaire
41:32de funès.
41:34Et une grande,
41:35grande,
41:35grande,
41:36grande,
41:36grande patience.
41:37Ce n'était pas du tout
41:38un homme acariate
41:40ni nerveux,
41:41non ?
41:42Quand il était avec
41:42ses enfants et sa femme,
41:43c'était la douceur
41:45faite homme.
41:45Autant à l'écran,
41:47il était extraordinairement
41:48expansif
41:49et formidablement drôle,
41:50autant dans la vie courante,
41:52c'était quelqu'un
41:52qui était facilement
41:53un peu renfermé.
41:55Alain Poiré.
41:56Alors,
41:56de temps en temps,
41:57quand on était
41:58un peu détendu,
41:59au cours d'un dîner,
42:00d'un coup,
42:01il se mettait à...
42:02Et à ce moment-là,
42:02il pouvait être
42:03formidablement drôle.
42:05Mais ce n'était pas
42:06quelqu'un qui faisait
42:06un numéro constamment,
42:07comme il y a des acteurs
42:08qui, dans la vie constante,
42:10font un numéro permanent
42:12qui est le même
42:12que celui qui est à l'écran.
42:13Ce n'était pas du tout
42:14le cas de Louis,
42:16pas le bon du monde.
42:18Louis ne supportait pas
42:19le calme.
42:21Il n'aimait que la démesure
42:22et si certains partenaires
42:24n'avaient pas de démesure,
42:26il se chargeait
42:26ou de les larguer
42:28ou de leur piquer le cul
42:30à coup de bottes.
42:31Et alors,
42:32ça marchait bien.
42:33Il faisait rire
42:34quand il avait vraiment envie,
42:35mais ce n'était pas
42:36le bout en train.
42:37Il suffisait qu'on le regarde
42:38en disant,
42:38alors,
42:38simplement,
42:39on lui demandait
42:40de nous dire quelque chose,
42:42tout au moins,
42:42de nous faire comprendre
42:43quelque chose de drôle
42:44et se refermait
42:45comme une huître.
42:45La reine d'Angleterre,
42:47lors de son dernier passage
42:47à Paris,
42:48était assise là.
42:49Elle était là,
42:49elle était menue.
42:51Le prince était là.
42:52Et alors,
42:53les enfants royaux étaient là.
42:54et j'étais constaté.
43:14Au début des années 70,
43:17Louis de Funès
43:17retrouve Gérard Rory
43:19pour un nouveau film.
43:20Il devait avoir
43:21Bourville comme partenaire.
43:23Le rôle était écrit.
43:25Et puis,
43:25quelques mois
43:26avant de commencer
43:26le tournage,
43:28Louis apprend à la radio
43:29que Bourville vient de mourir.
43:32Il appelle Gérard Rory
43:33qui lui confirme la nouvelle.
43:35Il n'est plus question
43:35de faire le film.
43:37Son ami est mort.
43:39Le projet avec.
43:40Personne ne peut remplacer
43:42Bourville.
43:43Et personne
43:44ne le remplacera.
43:44Mais le rôle sera réécrit
43:47pour une personnalité
43:48différente,
43:49très différente.
43:51Yves Montand
43:51sera le partenaire
43:53de Louis de Funès
43:54dans la folie des grandeurs.
43:56Le film aura
43:56un énorme succès
43:58et certaines scènes
43:59de Louis
44:00deviendront des classiques.
44:01Et moi,
44:01il me faisait
44:02profondément rire.
44:04Yves Robert.
44:05Et je sais
44:06assez bien pourquoi
44:07il y avait
44:09dans son jeu,
44:11dans sa démarche,
44:13une sincérité absolue.
44:14Je me souviens
44:15d'un plan
44:15où,
44:18à travers
44:18une petite porte
44:19d'une prison
44:21comme ça
44:21où il y avait
44:22des barreaux,
44:23il devait dire oui.
44:25Parce que c'était
44:26un plan de coujette.
44:26Et il l'a fait
44:27cinq, six fois.
44:28Et on laissait
44:29la caméra tourner.
44:30Et il me disait
44:31non, celui-là
44:31n'est pas bon,
44:31ce n'est pas sincère.
44:32Et puis à la fin,
44:33il m'a dit un oui.
44:34Celui-là,
44:34c'est sincère.
44:35Donc,
44:37il n'y avait pas
44:37du tout
44:38chez Louis
44:38de gratuité.
44:39Ce n'était pas
44:40sincèrement bête,
44:41c'était sincèrement
44:42inventé.
44:43Il savait
44:44qu'il était
44:44une source
44:45inépuisable
44:46de drôleries
44:48et de drôleries
44:49je dirais
44:50nobles.
44:51Michel Dax.
44:53Ça n'était
44:53jamais vulgaire,
44:54regardez-le bien.
44:55Il n'est jamais
44:55ordinaire cet homme.
44:58D'abord,
44:58c'est parce qu'il
44:58était sincère.
45:00Je crois
45:00que c'était
45:01sa façon.
45:02Il ne pouvait pas
45:03être quelqu'un d'autre.
45:04Il n'a pas
45:05fabriqué
45:05ce comique-là.
45:06C'est une force
45:08qu'il avait en lui
45:09et qu'il aimait
45:10partager.
45:11Je crois
45:11que c'est ça.
45:12Le comique
45:12de Louis
45:13de Funès
45:13passe par
45:14le geste,
45:14le comportement.
45:16Ce n'est pas
45:16un comique
45:17de mots,
45:17c'est une sorte
45:18de langage
45:19universel
45:20que l'on comprend
45:21dans le monde
45:21entier.
45:29Les aventures
45:30de Rabbi Jacob,
45:32l'aile ou la cuisse,
45:33la zizanie,
45:34le gendarme
45:34et les extraterrestres,
45:36Louis de Funès
45:37retourne sur
45:38les plateaux
45:38de cinéma.
45:39Avec ses colères,
45:40ses mouvements
45:41d'humeur
45:41et aussi
45:42ses petits gestes
45:43inattendus
45:44qui trahissent
45:44une deuxième nature
45:45qu'il ne veut
45:46pas montrer.
45:47Il était très bon
45:48mais il le cachait.
45:51Il ne fallait pas
45:51que ça se voit surtout.
45:52Claude Jean Sac.
45:53Il disait souvent
45:54les enfants,
45:55ça braille,
45:56c'est effrayant,
45:56etc.
45:57Et puis de temps en temps,
45:58quand on était
45:59en train de préparer
45:59un plan
46:00pour un film
46:01en extérieur,
46:02on cherchait Louis
46:03et puis subitement
46:04on le trouvait
46:05assis sur une chaise.
46:06tranquillement
46:06et il donnait
46:07les autographes
46:08aux enfants
46:08et il faisait
46:09des pitreries,
46:10des grimaces
46:10pour les enfants.
46:11Et puis il voulait
46:12rire de tout.
46:13Claude Brossé.
46:14Il envoyait des cartes
46:15postales à Robert
46:16qui avait eu
46:16des petites alertes
46:17cardiaques à l'époque
46:18où il lui signait
46:19en disant
46:20tiens voilà mon
46:20électrocardiogramme
46:21et il signait
46:22une ligne à plat
46:22complètement.
46:24Alors il plaisantait
46:25même de ça.
46:26Il voulait rire
46:27de sa maladie cardiaque.
46:30Il ne voulait
46:30surtout pas
46:31qu'on s'apitoie.
46:32Surtout pas.
46:32Victime d'un malaise
46:44cardiaque au milieu
46:45des années 70,
46:47Louis de Funès
46:48avait suivi un régime
46:49et une convalescence
46:50qui, croyait-il,
46:51l'avait mis à l'abri
46:51de ce genre d'accident.
46:52Mais en janvier 1983,
46:55il attrape
46:56une mauvaise grippe.
46:57Tout le monde
46:57et sa famille
46:58d'abord
46:58avaient complètement
46:59oublié
46:59qu'il avait eu
47:008 ans avant
47:01un infarctus.
47:03Claude Jean Sac.
47:04Et puis
47:04il est arrivé
47:05une chose stupide.
47:07Il adorait
47:08sa petite fille.
47:10Et sa petite fille
47:11avait été souffrante
47:12je crois
47:12et ils avaient donc
47:15décidé d'aller
47:16un peu à la montagne.
47:18Ils sont allés
47:18aux arcs.
47:19C'est quand même
47:20je crois
47:21de 1800 mètres
47:22quelque chose comme ça.
47:23La petite a attrapé
47:24la grippe.
47:25Lui a attrapé
47:25la grippe de la petite
47:26et il s'est mis
47:28à tousser,
47:28à tousser,
47:29à tousser.
47:31Ils sont redescendus
47:32en catastrophe
47:32et ils continuaient
47:33à tousser
47:33en pensant
47:34que c'était toujours
47:35les restes
47:36de la grippe.
47:37Et en fait
47:38un jour
47:40alors qu'il était
47:42dans son château
47:44il a eu
47:44le problème
47:46qu'il a emporté.
47:47On l'a emmené
47:48immédiatement
47:49à l'hôpital de Nantes
47:50mais c'était trop tard.
47:50Louis de Funès
47:52nous a quittés
47:52à 68 ans
47:53mais vous le savez
47:53les acteurs
47:55ne meurent jamais.
47:57Ils sont là
47:57sur les écrans
47:58ou ils passent
48:00dans les films
48:00à la télévision
48:01et Louis de Funès
48:02est resté
48:02très présent
48:04dans le cœur
48:04des Français.
48:06Et d'ailleurs
48:06Georges Carven
48:07a eu la bonne idée
48:08de créer
48:08les Louis d'or
48:09qui récompenseront
48:11à la fois
48:11les acteurs
48:12comiques
48:13ou les films
48:14qui vous ont fait
48:14le plus rire
48:15dans l'année
48:16pareil au César
48:17pareil au Molière
48:18on récompensera
48:19enfin ce qu'on appelait
48:20parfois
48:21l'art mineur
48:22la comédie
48:23et pourtant
48:23qui est si agréable
48:25bien grâce
48:26à Louis de Funès
48:28un acteur
48:29une actrice
48:29un auteur
48:30un metteur en scène
48:32un producteur
48:32sera récompensé
48:33avec ces Louis d'or
48:35qui viennent d'être créés
48:36cette année.
48:37Merci messieurs
48:37c'était très bien
48:38c'était très bien
48:39C'est moi
48:42vous c'était bien là-bas
48:46vous c'était bien
48:47enfin c'est
48:48comme ça
48:48dites-moi
48:49vous on ne vous a pas entendu
48:50on ne vous entend jamais
48:51vous n'arrêtez pas
48:52de bavarder
48:53faites attention
48:53faites très attention
48:54écoutez
48:55j'ai une conception personnelle
48:56de l'ouvrage
48:57ce n'est pas un citoyen
48:58pas un peu
48:58c'est des pensions
48:59de Dieu
48:59de l'engueille de mon enfant
49:00bon sang
49:04enfin
49:05c'est de la bouillie tout ça
49:07c'était pas mauvais
49:08c'était très mauvais
49:08voilà exactement
49:09alors reprenons
49:10on dit 7
49:10hop
49:10bye bye
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