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00:00Bonjour Bruno Rotaillot. Bonjour Sonia Mabrouk. Bienvenue à vous à la grande interview sur CNews
00:05Europe 1. Vous êtes le ministre de l'intérieur et des cultes. Vous êtes aussi, monsieur Rotaillot,
00:10depuis votre poste à Beauvau, le garant de la cohésion nationale. On a vu hier une ambiance
00:15très tendue à l'Assemblée Nationale au sujet du meurtre d'Abou Bakar sissé dans une mosquée du
00:19Gard. Des rassemblements également un peu partout en France se multiplient sous la bannière de la
00:24lutte contre ce qui est dénoncé par certains comme étant de l'islamophobie. Je mets ce mot
00:28entre guillemets. Un ancien ministre de l'intérieur, Gérard Collomb, avait prophétisé que nous risquions
00:32de vivre face à face et non plus côte à côte. Est-ce que nous sommes en train malheureusement de
00:37vivre ce basculement aujourd'hui ? C'est le risque. C'est tout le risque. Moi je me bats contre cette
00:42menace-là. Je me bats politiquement. Je me bats politiquement parce que je vois bien qu'aujourd'hui
00:47en France, un parti qui dispose d'un groupe important à l'Assemblée Nationale, ce sont les Insoumis,
00:52ont un autre objectif. Ils ne veulent pas l'unité française, l'unité nationale. Ils veulent fracturer
00:57la société française. Ils veulent hystériser, violenter le débat public. Ils veulent faire
01:03du communautarisme pour essayer de draguer le vote musulman. C'est terrible. Et justement,
01:09ces menées-là sont extrêmement graves. Dans une société qui déjà est archipélisée,
01:14déjà elle est divisée. Et on a besoin plus que jamais d'unité. Et cette unité, elle s'adresse
01:19à tous ceux qui sont français. Et vous le savez, on n'est pas français à raison de sa couleur,
01:23de sa peau, de sa religion, de ses origines sociales. On est français parce qu'on aime
01:27la France. Il y a une place pour chacun. Et moi, je me bats justement pour qu'il y ait
01:32cette laïcité qui permette à chacun, croyant ou pas, soit de professer sa foi ou soit de
01:37ne pas croire du tout. Mais ça, c'est fondamental parce que c'est notre identité nationale
01:42et française.
01:43Sinon, il y a ce risque de basculement et que la prophétie de l'ancien ministre de
01:46l'Intérieur malheureusement se réalise.
01:48Mais bien sûr, parce que, bien sûr, cette société archipélisée, cette société
01:53alvéolaire, cette société communautarisée, c'est-à-dire une société en pièces détachées
01:58où on adjoindrait des communautés en fonction de leur profession, en fonction de leur couleur
02:02de peau. Ça, c'est le grand risque. Ça, c'est le grand risque anglo-saxon. Moi, je suis
02:06profondément français et je suis républicain. Le modèle républicain, c'est un modèle
02:11où il n'y a qu'une seule communauté. C'est la communauté nationale. Chacun a sa singularité.
02:16Mais par-delà la singularité, dans l'espace public, dans l'ordre public républicain, on
02:22est tous égaux, mais on laisse de côté précisément ces particularités.
02:26Nous en parlons. Vous prenez l'exemple, plutôt le contre-modèle anglo-saxon avec une
02:30société multiculturelle. D'ailleurs, à ce sujet, M. Rotaillot, une société multiculturelle,
02:35c'est forcément une société multiconflictuelle pour vous ?
02:38Je le pense. Je pense qu'une société multiculturelle est une société où les tensions
02:44s'attisent parce qu'il n'y a rien de commun. Le commun est un commun qui se réfugie,
02:49justement, dans des alvéoles. Et le modèle républicain, c'est un commun qui est un commun
02:55qui dépasse, justement, les clivages qui peuvent être, encore une fois, des clivages
02:59sociaux, des clivages religieux, des clivages politiques. C'est ce qui est beau dans le modèle
03:03républicain français. Bien entendu, à la base, il y a la laïcité.
03:08Et c'est ce que vous avez défendu hier à l'Assemblée nationale. Et toute la question
03:11est de savoir, et elle me semble certainement aux yeux de nos téléspectateurs et auditeurs
03:15très importante, est-ce que vous êtes un rassembleur ou un diviseur ? Aux yeux de la
03:19France insoumise, vous portez, Bruno Rotaillot, une responsabilité morale. Ils l'ont sous-entendu
03:25ainsi dans le crime terrible de la mosquée du Gard. Que cherche, selon vous, précisément,
03:30Jean-Luc Mélenchon, en vous désignant nommément ? Jean-Luc Mélenchon, d'abord
03:35qu'il me désigne nommément que les insoumis m'attaquent, j'en fais plutôt un titre de
03:41gloire, vous voyez. Pour moi, ce sont des boussoles inversées. C'est-à-dire que quand
03:44il montre le Nord, en réalité, c'est l'inverse. Ce qu'il cherche, lui, c'est à ramasser,
03:50à picorer quelques voix dans l'électorat musulman. En réalité, ils desservent la cause
03:56qui sont censées servir, puisqu'ils mettent à part, ils souhaitent mettre à part,
04:00justement, cette communauté-là. On l'a bien vu, d'ailleurs, puisque depuis le 7 octobre
04:052023, depuis les événements terroristes en Israël, l'extrême-gauche française n'a
04:10cessé que d'essayer de provoquer dans les banlieues, dans les quartiers, un certain nombre
04:15de manifestations, pensant qu'on pouvait importer sur le territoire français ces violences-là.
04:20Ils n'y sont pas parvenus. Donc ça ne fonctionne pas. Mais ce que je dis, moi, c'est que ces gens-là
04:24veulent fracturer la société française. Ils abîment la France par ce communautarisme-là.
04:29C'est un contresens. Je viens de l'expliquer. La République, la France, ça n'est pas le
04:33communautarisme. Quand, par exemple, un de leurs membres, qui, dimanche soir, à la
04:38manifestation, voulait en appeler à des milices privées, insulte la justice, insulte la...
04:43Collaborateur parlementaire de l'FI. Vous avez saisi la justice ?
04:46J'ai saisi la justice. Cet individu qui est parlementaire, qui est donc attaché parlementaire
04:51d'une députée LFI, aujourd'hui il est convoqué par la police, puisque il y a quelques jours
04:56le préfet de police a fait un signalement à l'autorité judiciaire, puisque pour ne pas
05:00le nommer, il s'appelle M. Rich Thibault, avait indiqué avec des propos publics qu'il fallait
05:06contourner, déborder le dispositif policier du 1er mai.
05:10Et il sera peut-être demain, d'ailleurs, au rassemblement du 1er mai, parce que la
05:15célérité de la justice ne correspond pas aux impôts politiques.
05:18Bien sûr, mais regardez les Insoumis, donc ils communautarissent, ils tiennent des
05:22propos qui sont des propos sédicieux. Ils chassent un député, Jérôme Gage, à raison
05:27de son appartenance à un parti qu'il désigne, le PS, le Parti Socialiste, qu'il désigne
05:32comme sioniste, avec des relents, évidemment, d'antisémitisme.
05:35Certains estiment, malgré tout, que peut-être que vous prêtez le flanc à de telles
05:40attaques extrêmement virulentes. Bruno Retailleau, par exemple, au sujet de la famille
05:44Sissé, qui s'est exprimée hier à l'Assemblée, à l'invitation de la gauche, et il vous
05:47est notamment reproché d'avoir refusé de les recevoir.
05:50Mensonge. Cette conférence de presse était une récupération, une instrumentalisation.
05:56C'est un mensonge éhonté.
05:58Vous n'avez jamais refusé de les recevoir ?
06:00Jamais. D'abord, un, ils ne m'ont pas demandé la demande qui m'a été faite, et je
06:05les recevrai prochainement. C'est le Haut Conseil malien, un organe de représentation
06:10de la communauté malienne sur le sol français. J'avais demandé, moi, dès dimanche, au préfet
06:15de s'enquérir pour savoir si Abou Bakar s'y s'est disposé d'une famille. Il a rencontré
06:20d'ailleurs son oncle hier soir à 18h. Ils savent que je suis disposé à les rencontrer.
06:25Mais que des hommes et des femmes politiques produisent tel mensonge. Mais que disent les
06:30médias ? Pourquoi est-ce que les médias ne font pas des enquêtes ? Vous imaginez un homme,
06:33une femme de droite, qui ferait ce genre de choses ? Mais alors, tout le monde lui
06:37tomberait sur la tête. Et parce qu'on a des gens qui sont de l'extrême gauche, ou
06:41de l'écologie, c'était le cas de Mme Tondelier, on les laisse mentir impunément.
06:45Vous avez démenti. Vous n'avez donc jamais refusé, évidemment, de les recevoir. Pourquoi
06:50vous ne les avez pas reçues, j'allais dire, avant cette polémique ? Pourquoi, quelques
06:54jours après, tout simplement recevoir une famille endeuillée, comme d'autres ?
06:57Parce que Abou Bakar Sissé était en situation irrégulière. Donc, c'est difficile de retrouver
07:02la famille. Nous l'avons retrouvée, sa famille est en Afrique, d'ailleurs. Ses deux parents,
07:08d'ailleurs, sont dans deux pays africains, d'Afrique noire. C'était difficile. Certains
07:13se disaient, les cousins, d'autres frères, d'autres oncles. Là, je pense qu'on est sur
07:18la bonne piste. Mais quand on est ministre de l'Intérieur, on doit recevoir la famille,
07:22vraiment la famille, la famille autorisée, la famille juridiquement avérée, voyez.
07:28D'ailleurs, hier, à cette conférence de presse, de quoi la présence d'Assad Traoré était-elle
07:34le symbole, selon vous ? Elle est venue accompagner plus largement. Il y avait des élus de gauche,
07:38il y avait des élus socialistes, écologistes et insoumis. La famille et l'oncle, en l'occurrence,
07:43d'Abou Bakar Sissé. La présence de Mme Traoré est, pour moi, le signe de cette récupération,
07:49de cette instrumentalisation à des fins politiciennes. Vous vous rendez compte ? On a un mort.
07:54Abou Bakar Sissé, il priait son Dieu dans une mosquée le jour de la grande prière. Il se fait
08:00assassiner de la façon la plus barbare, avec des dizaines de coups de couteau. Vous vous rendez compte
08:05de cette douleur et ces gens-là qui instrumentalisent ? Et c'est moi qu'on accuse ? Franchement, je suis
08:11absolument indigné, indigné. Honte à ces gens-là. Honte à ces gens-là. Je l'ai dit en face à l'Assemblée
08:17Nationale, ce que j'en pensais. Et croyez-moi, jamais ils ne me feront taire. Ils cherchent
08:21à m'intimider. Cette conférence de presse, à quelques heures des questions d'actualité
08:25à l'Assemblée Nationale, n'avait d'autres objets aussi, de m'attaquer à nouveau, de
08:29m'agresser. Et je tiendrai debout. Parce que derrière moi, il y a des Français. Ils sont
08:33nombreux. Voilà.
08:35On entend votre colère et aussi votre détermination. On va continuer à l'interroger, Bruno Rotaillot.
08:40Il y a eu aussi une minute de silence hier, à la mémoire de la victime. La présidente de
08:43l'Assemblée Nationale en a décidé ainsi, après une polémique et des pressions,
08:47on l'a encore. Et pour toutes les autres victimes, est-ce qu'il va y avoir une minute
08:50de silence ? Et d'ailleurs, cette minute risque de durer des heures eu égard au nombre
08:55de victimes dans notre pays.
08:57Trois homicides par jour. Trois homicides par jour. Les conditions de cet homicide-là
09:01étaient particulières, je viens de le dire. Dans une mosquée, dans un lieu de recueillement,
09:05dans un lieu de prière, dans un lieu où les fidèles cherchent la paix. Donc, il y a des
09:09conditions particulières. Je suis membre du gouvernement. Il ne m'appartient pas, moi, de commenter
09:13une décision qui était prise par la présidente de l'Assemblée Nationale. Je remarque juste
09:17que dans le discours qu'elle a tenu, elle a beaucoup parlé d'unité nationale. Et je
09:22pense que c'était des mots qui étaient des mots justes.
09:24L'unité nationale est au cœur de ce débat. On poursuit notre entretien sur CNews et
09:28Europe 1. Bruno Retailleau. Jean-Luc Mélenchon a été vu, place de la République, les yeux
09:32rougis, embués de larmes, face à une citoyenne française de confession musulmane qui lui a dit
09:39sa peur d'être musulmane en France. D'abord, un, a-t-elle raison ? Et deux, que lui auriez-vous
09:45dit à la place de M. Mélenchon ?
09:48Je crains qu'il y ait des arrières-pensées électoralistes derrière les larmes de M.
09:55Mélenchon. Simplement qu'il y ait une crainte aujourd'hui d'un certain nombre de nos compatriotes
10:01musulmans. Je peux l'entendre. Je peux l'entendre parce que les actes anti-religieux sont bien
10:07présents. 173 actes anti-musulmans en 2024. 1500 et quelques actes antisémites. 700
10:17actes anti-chrétiens. Donc on est dans une société qui est totalement ensauvagée. Et
10:23on ne peut pas relier de crimes épouvantables parce qu'ils sont très très différents. Mais
10:29ce qui s'est passé à Nantes où une jeune fille, une adolescente trouve la mort, là encore
10:34avec des dizaines de coups de couteau, par un individu qui avait un profil psychiatrique
10:39effectivement particulier, mais dans un lieu qui est un lieu de vie, qui est un lieu
10:44là encore d'éducation, qui devient un lieu d'ensauvagement.
10:47Qui était autrefois un sanctuaire.
10:48Qui était autrefois un sanctuaire. Et vous utilisez le mot de sanctuaire, vous qui avez
10:52fait un livre sur le sacré, l'école un sanctuaire, la mosquée un sanctuaire. Vous vous
10:57rendez compte de cet ensauvagement. Donc j'y vois aussi, j'entendais un éditorialiste
11:02ce matin sur votre antenne parler du narcotrafic en décrivant une société qui était déboussolée,
11:07une société qui était totalement détraquée, où il y a cette hyper-violence. Donc bien
11:11sûr, il faut ne rien laisser passer. Mais je ne peux pas, en tant qu'homme politique,
11:16si on veut traiter les choses, bien sûr il y a la police, bien sûr la gendarmerie.
11:20Croyez-moi, ils font un travail extraordinaire. Si en quelques heures on a pu pister jusqu'en
11:24Italie, croyez-moi, c'est qu'on y avait mis des moyens, l'assassin de M. Aboubakar.
11:30Et pareil, l'autre jour, vous vous rendez compte en 15 jours, avec ce qui s'est passé, les
11:34agressions contre les agents de la pénitentiaire, en 15 jours, on a fait un énorme coup de
11:38filet. Donc on a des forces de l'ordre qui sont extraordinaires.
11:40C'est vrai, M. le ministre de l'Intérieur, où il faut protéger des lieux de culte, il
11:44faut protéger des agents pénitentiaires et il faut surveiller les écoles.
11:47C'est terrible. C'est une hyper-violence et une hyper-violence qui touche de plus en plus
11:52des très jeunes. En 2024, j'ai été effrayé quand j'ai reçu ces chiffres, cette statistique,
11:58on a plus de 135% d'augmentation des tentatives d'hémicile pour les 16-17 ans. Il y en avait
12:05126 il y a quelques années et il y en a aujourd'hui quasiment 300 en 2024. Qu'est-ce que ça signifie
12:12d'une société qui a déconstruit ses cadres ? Bien sûr qu'il y a des problèmes psychologiques,
12:18il peut y en avoir, mais on sait bien aussi que quand les cadres sont déconstruits, quand
12:21il n'y a plus de tabou d'interdit. Quand on a voulu déconstruire l'autorité, les
12:26hiérarchies, des jeunes grandissent, ils peuvent avoir une fragilité et ces fragilités
12:30psychologiques, l'absence de ces cadres les augmente en réalité et je pense qu'il faudra
12:35traiter les causes, reconstruire cette autorité, ces hiérarchies.
12:39Mais le travail de la reconstruction va être très long, là nous sommes dans un contexte
12:43bouillant, chaud bouillant et avec quand même une menace demain, des rassemblements
12:48également le premier. Vous parlez de cette hyperviolence qui parfois se retrouve également
12:52dans les cortèges face à nos forces de l'ordre. Selon les informations d'Europe 1,
12:57150 rassemblements vont être organisés partout en France. Entre 100 000 et 150 000 manifestants,
13:02M. Rotaillot, sont attendus sur l'ensemble du territoire. 15 000 à Paris, la capitale
13:07où les autorités redouent des débordements avec la présence. Malheureusement, encore et
13:10toujours de black blocs venus de toute l'Europe. Vous confirmez cette crainte ?
13:14Je confirme, j'ai fait le point tôt ce matin avec Laurent Nunez, qui est le préfet
13:18de police de Paris, que je veux saluer d'ailleurs parce qu'il a une très grande expertise
13:23en matière de maintien de l'ordre. On ne tolérera rien. Nous ferons des contrôles
13:27aléatoires, en profondeur, pas seulement sur Paris mais sur la couronne parisienne.
13:33On fouillera, etc. Dès ce soir, nous allons nous mobiliser parce qu'on sait très bien
13:39que les black blocs essaient d'installer un certain nombre d'objets qui sont des armes
13:43par destination. Ils les camouflent, etc. Et demain, on ne tolérera rien. À la moindre
13:48violence, à la moindre dégradation, nous interviendrons de façon la plus ferme.
13:52Le 1er mai, c'est un point important, chacun a le droit de manifester et on doit manifester
13:57tranquillement. J'avais porté à l'époque, il y a quelques années, un texte de loi, qui
14:01est désormais une loi contre les black blocs, contre la dissimulation justement du visage.
14:06Donc oui, c'est une société violente. On monte au créneau avec des forces de l'ordre
14:11qui sont vraiment, qui montrent un courage au quotidien. Mais je dis en tant que...
14:15Dont les ordres demain, pardon, les consignes, c'est de ne rien laisser passer aussi, pour
14:19reprendre votre expression, quitte à ce qu'il y ait des moments très tendus.
14:25Mais le moment, la tension, ce n'est pas nous qui l'installons. Quand des manifestants veulent
14:31détourner une manifestation, la tranquillité, il y a des manifestants qui sont pacifiques.
14:36Nous, on est là pour faire en sorte que ces cortèges-là se déroulent tranquillement.
14:41Simplement, quand il y a des écarts, quand on s'en prend à des policiers, à des gendarmes,
14:44quand on s'en prend à des magasins, quand on s'en prend à d'autres manifestants, alors
14:48oui, on ne va pas laisser passer. C'est le rôle de l'État. Simplement, je dis moi, en
14:52tant qu'homme politique, qu'on est attaché beaucoup trop court au piqué de l'instant.
14:58Et que si demain, on veut traiter correctement les choses, il va falloir toucher les causes,
15:03remédier les causes.
15:03Nous parlerons de l'avenir. Comment, justement, engager ce travail de reconstruction ?
15:08Dans l'actualité, Bruno Retaille, vous avez annoncé et confirmé hier la procédure
15:11qui doit mener à la dissolution, puisqu'on parlait d'éventuels troubles demain, de la
15:16jeune garde, la jeune garde dite antifasciste. C'est une procédure contradictoire qui est
15:20engagée. Ces militants d'ultra-gaux, je cite, patrouillent dans les rues à la recherche
15:24d'opposants idéologiques, constatent une source du renseignement. J'imagine que si vous engagez
15:29une telle procédure, c'est que vous avez des éléments solides, tangibles, pour réclamer
15:32une telle dissolution qui n'est jamais facile ?
15:34Bien sûr, bien sûr. Il a fallu plusieurs mois, d'ailleurs, pour constituer un dossier.
15:40Hier, nous avons donc engagé dans la procédure le contradictoire, puisqu'il y a des règles
15:45de droit. Donc, il y a une procédure contradictoire qui va durer sans doute dix jours ou quinze
15:50jours et qui, j'espère, mènera à la dissolution de cette association. Je vous rappelle, dans
15:56cette association, plusieurs de ses membres sont mis en cause par la justice, notamment
16:00pour des violences, y compris vis-à-vis d'un jeune adolescent juif, parce qu'il appartenait
16:05à la Ligue de Défense Juive. C'est intolérable. Je veux dire, là encore, que l'un des porte-parole
16:09des fondateurs, des cofondateurs, c'est quand même un député insoumis, c'est M. Arnaud.
16:15C'est quand même grave. Et je procéderai aussi, par ailleurs, à la dissolution, en tout cas
16:19à la mise en cause et à la procédure contradictoire pour deux autres groupes, Urgence Palestine
16:24et puis un autre groupe moins connu, Lyon Populaire, plutôt de l'ultra-droite, celui-ci.
16:30Urgence Palestine, dont les dirigeants ont déjà réagi hier, puisqu'ils ont sur Facebook
16:35montré ce courrier dans lequel, effectivement, vous prononcez, en tous les cas, vous actez,
16:40vous confirmez de cette dissolution. Comment faire en sorte, Bruno Rotaillot, que dans
16:44notre pays, dissoudre un collectif intitulé Urgence Palestine ne passe pas pour certains
16:49comme une volonté d'étouffer la voix de ceux qui soutiennent les Palestiniens ? Ce qui
16:52est quand même légitime dans notre pays. Comment faire, Bruno Rotaillot, pour que dans
16:55notre pays, lutter contre l'islamisme ne passe pas comme étant, aux yeux de certains,
16:59là encore, une attaque permanente à l'égard de Français musulmans qui vivent de manière
17:04tout à fait républicaine leur foi dans ce pays. Comment ? C'est votre chemin de crête ?
17:08C'est mon chemin de crête. Comment ? Le chemin est difficile, sans doute. Mais d'abord,
17:13ne pas défigurer la cause des Palestiniens, la cause juste des Palestiniens. Comment ne
17:18pas défigurer, là encore, la foi, qui est une foi parfaitement compatible avec les
17:24principes de la République que professent beaucoup de nos compatriotes. L'islam compatible
17:28avec la République ? Je dis que la foi, d'un certain nombre, bien entendu que nos compatriotes
17:34musulmans professent une foi, exercent une foi, qui sont parfaitement compatibles avec
17:39les principes et les valeurs de la République. C'est justement en tapant les islamistes.
17:44L'islamisme, c'est une idéologie qui essaie d'instrumentaliser une religion. Donc, il y a une
17:49défiguration de la foi. C'est ce que je dis. L'islamisme, c'est une idéologie, en réalité.
17:54Il faut taper l'islamisme pour pouvoir protéger nos compatriotes musulmans. Et moi, je leur
17:58dis que je me bats parce que le principe de la laïcité, je suis ministre des cultes
18:02pour qu'ils puissent, évidemment, croire. Ça, c'est la liberté de conscience, mais
18:07en même temps, avoir la liberté de pratiquer leur foi comme ils l'entendent. Pour peu qu'elles,
18:13bien entendu, ne contredisent pas les principes républicains.
18:16Le discours équilibré est tenu ce matin et vous n'avez aucun regret sur une prise de parole.
18:19Je veux vraiment citer in extenso, comme on dit la phrase, puisque vous étiez en réunion
18:23publique quand vous avez dit cette phrase qui démarre par « vive le sport » et donc
18:27« abat le voile ». On oublie cette première partie, malgré tout.
18:31Non, il ne faut pas. Est-ce malheureux ?
18:33Au Sénat, j'étais co-auteur d'ailleurs d'un texte qui a été voté au Sénat pour
18:39proscrire les signes ostentatoires, notamment religieux, et le voile dans le sport, dans
18:43les compétitions sportives fédérales. Et ça, je signe et je l'assume.
18:48Voilà. Et j'entendais d'ailleurs un grand responsable politique il y a quelques jours,
18:52pardon, un grand responsable du culte musulman, pour dire que le voile n'avait pas sa place
18:58en France. Ce n'est pas moi qui le dis. Il y a un débat.
19:00C'est le recteur de la grande mosquée de Paris.
19:02Il y a un débat. Pour moi, le voile, pardon, ça n'est pas le marqueur de la liberté.
19:07Le voile, c'est pour moi le marqueur plutôt de la soumission.
19:10Le dire ainsi est une chose. Dire à bas le voile en est une autre.
19:14C'était un propos, si j'ose dire, dans un meeting politique. Et ce n'était pas à bas le voile
19:19partout. C'était dans le sport, dans les compétitions sportives. Écoutez, on a tous
19:23oublié les grandes leçons de l'olympisme. On a tous communié dans un même élan.
19:27Vous voyez, c'était il y a quelques mois. C'était une formidable réussite planétaire.
19:31Or, la charte de l'olympisme, article 50, proscrit les signes ostentatoires.
19:35Parce que le sport, c'est plus que le sport. Parce que le sport, c'est un cadre commun.
19:39Là encore, une sorte de petite république qu'il faut préserver et où les signes ostentatoires,
19:45notamment politiques et religieux, n'ont pas leur place.
19:49Il y a aujourd'hui des frères musulmans. Il y a une volonté subversive de ces islamistes
19:55précisément d'utiliser la religion et d'utiliser le voile comme un étendard de valeurs
20:01anti-républicaines.
20:02Ce que vous dites dans ce manifeste, je le montre à nos téléspectateurs et je le dis à nos auditeurs
20:06d'Europe 1, intitulé Ne rien céder, manifeste contre l'islamisme, publié aujourd'hui
20:10même aux éditions de l'Observatoire. Et ce livre, Bruno Roteau va rejoindre...
20:14Ce n'est pas un livre, c'est plutôt un manifeste qui est tiré d'une conférence
20:19que j'ai donnée à la Chambre des Lords. J'avais été invité par un grand think tank
20:22conservateur britannique.
20:23Léger, rapide à lire, mais fort, si je puis dire, dans la manière de présenter
20:31la menace qui est la nôtre. Ce livre qui va rejoindre ce qui sera révélé dans le fameux
20:34rapport qui va être bientôt déclassifié avec des noms, dit-on.
20:38Il ne sera pas déclassifié avec les noms, c'est justement pour le déclassifier, il faut
20:41qu'on l'expurge d'un certain nombre de noms, de renseignements qui ne peuvent pas être mis.
20:46Avec des données et des domaines, est-ce qu'aujourd'hui il y a encore un domaine
20:50qui est épargné par l'antrisme ou par le frérisme, par le grignotage des frères musulmans ?
20:56En tout cas, il y a une volonté d'entrisme à bas bruit.
21:01Partout ?
21:02Un peu partout, un peu partout, dans des lieux de culte, faire en sorte de prendre position,
21:07de prendre la main sur des mosquées, sur le sport, les associations, le politique,
21:12antrisme dans les... il faudra y faire très attention notamment dans les listes aux élections municipales
21:18et le rapport parle de menées subversives, anti-républicaines, avec une grande difficulté
21:24par rapport à d'autres groupuscules islamistes, c'est que les frères musulmans ont conçu
21:29d'ailleurs la matrice politique de cet islamisme précisément politique.
21:33Ils ont un discours à bas bruit et ils ont un discours en réalité où ils dissimulent beaucoup.
21:37Un discours très très lisse où ils vont vous dire voilà, c'est la liberté de porter le voile à l'école,
21:42de porter le voile, voilà, très bien dans l'espace public, pourquoi pas ?
21:46Ils se nichent dans nos faubles, c'est ce que vous dites, mais qu'est-ce qu'on va apprendre qu'on ne sait déjà ?
21:50La dangerosité.
21:51La dangerosité...
21:52Qui ne la réalise pas ?
21:54Qui ne la réalise pas ? Il y a une énorme naïveté.
21:57Pas chez les Français ?
21:59Je pense que beaucoup de Français ont du bon sens, mais je pense que dans la classe politique,
22:04je le vois bien, dans la classe médiatique, dans un certain nombre de couches de la société française,
22:10on néglige par principe de liberté, et c'est ce qui est terrible avec les frères musulmans,
22:17c'est qu'ils utilisent notre principe démocratique de la liberté pour le retourner contre le principe républicain.
22:24Comme on retourne un gant et ils parlent la langue de la liberté contre la liberté,
22:29ils parlent la langue de la tolérance contre la tolérance.
22:32Voilà, je pense que les choses sont claires, j'ai voulu le dénoncer,
22:34n'oublions pas, n'oublions pas quand même que l'islamisme politique a fait des morts en France.
22:41274.
22:41Un écrivain, il y a quelques années, il y a deux ans, a écrit un texte sur la guerre civile,
22:45qui selon lui viendrait en France, il parle d'un contexte de guerre larvée,
22:48et il disait ceci,
22:49la lutte contre l'islamisme sera nécessairement violente, il y aura des affrontements.
22:53Cet écrivain, c'est Boalem Sansal.
22:55Bien sûr, quelqu'un écrit aussi, c'est Salman Rushdie, il y connaît bien, il a laissé sa peau.
23:02Le Parlement qui a définitivement adopté hier Bruno Roteuil, la loi narcotrafic,
23:06régime de détention stricte, parquet national anticriminalité organisé,
23:09anonymisation très importante des agents pénitentiaires,
23:13il y a tout un dispositif très large,
23:15et la question, est-ce qu'enfin, avec cette loi, vous aurez les moyens de vos ambitions ?
23:20En tout cas, c'est une loi qui va tout changer.
23:22J'en suis assez fier, parce que c'est moi qui avais lancé,
23:25quand j'étais président du groupe au Sénat,
23:27la commission d'enquête, à partir de cette commission d'enquête, de ses conclusions,
23:30les sénateurs, de droite et de gauche, ont finalement fait une proposition de loi
23:35qui aboutit au vote d'hier.
23:37Il n'y a qu'un groupe, d'ailleurs, qui n'a pas voté,
23:39comme vous le savez, qui a voté contre même, ce sont les Insoumis.
23:42C'est l'économie de la norme.
23:43Pourquoi ? Vous diriez quand même que c'est par volonté de défendre le droit des narcotrafiquants ?
23:47En tout cas, ils se sont fait complices.
23:50Ils ont tenté...
23:51La France Insoumise, complices des narcotrafiques.
23:53Ils ont fait complices de ces économies de la mort.
23:55Ils ont tenté, article après article, de déconstruire le texte.
24:00C'est un texte fondamental, parce que l'État, on va tout transformer.
24:04Aujourd'hui, on ne lutte pas à armes égales.
24:06Dieu sait si les saisies n'ont jamais été aussi importantes.
24:09Mais il y a un déferlement de poudre blanche,
24:11partout d'ailleurs dans le monde, mais aussi en France.
24:14On aura une nouvelle organisation de l'État.
24:16Bientôt, on a non seulement un parquet national dédié, comme pour le terrorisme,
24:21mais on aura un État-major qui va rassembler, tout près d'ici, sur un même plateau,
24:25tous les services de renseignement, tous les services d'enquête.
24:28Parce que l'État est cloisonné.
24:29Or, on a des réseaux, des mafias qui ne sont pas cloisonnés, structurés, coordonnés.
24:33Qui nous attaquent, qui attaquent nos prisons, nos agents pénitentiaires.
24:36Alors, vaste coup de filet qui se poursuit avec encore une interpellation hier.
24:39Est-ce qu'il est possible de faire un lien maintenant très concrètement,
24:43d'abord avec les narcotrafiques, mais en particulier avec la DZ mafia, Bruno Rotaillot ?
24:47Bien sûr, bien sûr.
24:48Je l'ai fait dès le départ avec ce que j'appelais les narco-racailles,
24:51parce que je ne savais pas exactement quel était le niveau d'influence dans ces réseaux-là.
24:56Mais vous voyez, cette riposte des narco-racailles, des narcotrafiquants,
25:01ça veut bien dire qu'on les dérange.
25:03Ça veut bien dire que la loi, ça veut bien dire...
25:05Les ministres, ils sont quand même arrivés à attaquer des prisons,
25:09à cibler des agents pénitentiaires.
25:10Donc, ils sont capables de riposter à un niveau quand même très élevé.
25:12Je ne sais pas si c'est rassurant de se dire que c'est parce que vous emprimez.
25:1615 jours, moins de 15 jours après, il y avait le coup de filet.
25:19Je l'ai dit comme je l'avais dit à Amra, ça prendra le temps qu'il faudra.
25:22Ça a pris beaucoup plus de temps pour Amra.
25:24Là, ça a pris moins de deux semaines.
25:27Et on les a eus, ils sont interpellés et ils vont en répondre devant la justice.
25:31Et parmi ceux-là, comme par hasard, puisqu'il n'y avait pas que des petites mains,
25:34il y avait aussi des commanditaires, des donneurs droits d'ordre.
25:37Il y en avait quelques-uns qui étaient en prison.
25:40Donc, Gérald Darmanin a raison de vouloir les isoler.
25:42Et qui ont dû passer l'ordre avec des téléphones portables.
25:45Mais bien sûr, ce qui est un scandale.
25:47Et à juste titre, le garde des Sceaux, Gérald Darmanin,
25:50a raison, bien entendu, de vouloir avoir dans deux prisons,
25:53l'une dans le Pas-de-Calais et l'autre dans l'ordre,
25:55qui seront des régimes très durs d'isolation.
25:58Il le faut.
25:59D'ailleurs, une parenthèse sur le fait que les détenus payent leurs frais d'incarcération.
26:04En quoi ce n'est pas de la communication ?
26:06Même si, évidemment, présenter ainsi, c'est du bon sens.
26:10J'applaudis à deux mains, voilà.
26:11J'applaudis à deux mains et je dis, Gérald, ne te décourage pas.
26:15Il doit vous dire la même chose.
26:16Le mystère de l'intérieur et le mystère de la justice sont main dans la main.
26:20Malgré cela, malgré ses avancées.
26:21C'est important parce que ça n'a pas toujours été le cas.
26:23N'est-ce pas ?
26:24Malgré cela et malgré ses avancées,
26:26hier, à votre place, Jordan Bardella ne trouvait aucune grâce à ce que vous faites.
26:31Il a même parlé des heures sombres avec vous de l'UMP.
26:34Loin d'arcotrafic, ça ne va pas assez loin.
26:36L'immigration, aucune maîtrise de votre part.
26:38Et la lutte contre l'islamisme, là encore, il ne voit pas votre autorité.
26:42Narcotrafic.
26:43Que lui répondez-vous ?
26:44Le narcotrafic, son groupe, heureusement, l'a voté.
26:48Parce que, j'ai dit la nouvelle organisation de l'État,
26:51mais on va avoir des nouveaux pouvoirs pour les techniques de renseignement,
26:53pour protéger justement ceux qui font du renseignement.
26:56On va donner au préfet, vous vous rendez compte,
26:58le pouvoir de se substituer dans les logements sociaux aux bailleurs
27:01pour pouvoir expulser plus facilement les narco-racades des logements sociaux.
27:05Ça, c'est important, parce que là, je pense qu'il y a beaucoup de maires qui vous écoutent.
27:10On sait, très honnêtement, la complexité pour l'expulsion des délinquants
27:14et souvent de trafiquants des logements sociaux.
27:17Ça va être...
27:18Parce que c'est généralement la justice.
27:20Bien sûr, mais c'est...
27:21Les bailleurs, il y a une telle...
27:23C'est l'économie de la mort, mais c'est aussi l'économie de la peur.
27:26Le narcotrafic et la criminalité organisée,
27:29et un certain nombre de bailleurs sociaux, publics ou privés, ont peur.
27:33Donc, ce sera le préfet qui se substituera à eux sur les procédures d'expulsion.
27:37Et qu'est-ce que ça va changer ?
27:38Et ce sera le préfet qui va pouvoir fermer plus facilement des commerces qui sont des blanchisseuses.
27:42Donc, vous donnez, comment dire, consigne au préfet d'être extrêmement ferme ce matin ?
27:46Bien sûr, parce que le logement social...
27:48J'avais un préfet des Hauts-de-Seine, c'était hier,
27:51qui n'a pas d'ailleurs attendu la loi.
27:53Alors là, c'était sur autre chose.
27:54C'est pas sur une convention, c'est autre chose.
27:56Oui, mais c'est des étrangers en situation irrégulière
27:58qui n'ont pas à occuper des logements sociaux.
28:01Les Français n'arrivent pas à se loger.
28:03Voilà, donc il faut y mettre aussi bon ordre.
28:05Donc, M. Bardella, il parle, mais moi j'agis.
28:08Voilà, et on a déjà un certain nombre...
28:09Alors que lui, vous reprochez de parler.
28:10Mais écoutez, on a un certain nombre de résultats.
28:13Les expulsions ministérielles, les expulsions préfectorales
28:16ont augmenté, depuis que je suis là, de 152%.
28:19Les saisies de drogue, de plus de 200%.
28:22On a diminué les régularisations de 20%, etc.
28:27Alors, je sais, c'est pas facile.
28:29Vous savez, quand je suis entré dans ce gouvernement, j'ai hésité.
28:31Si on m'avait dit un jour que je serais dans un gouvernement...
28:33Vous avez hésité ?
28:34Bien sûr, puisqu'on n'avait pas la majorité,
28:38on n'a pas gagné les élections législatives.
28:39Ça ne nous a pas échappé.
28:40Mais simplement, je suis rentré au gouvernement.
28:43Je savais que le problème est que nous n'avons pas la majorité.
28:46Il n'y a pas de majorité même, d'ailleurs, à l'Assemblée nationale.
28:49Donc, les conditions sont très difficiles, politiquement.
28:52Mais si on a accepté cette tâche-là, c'est qu'on aime la France.
28:55Moi, j'aime mon pays et je ne voulais pas qu'Emmanuel Macron
28:57donne les clés de la France à la gauche mélenchonisée.
29:01Parce que si la droite française avait dit non, quel était le choix du président de la République ?
29:06C'était de se tourner vers M. Mélenchon, vers les Insoumis, qui dominait à l'époque encore plus.
29:11Et heureusement, je vois d'ailleurs avec une certaine forme de considération
29:16que le Parti Socialiste essaie de s'extirper.
29:19Justement, peut-être grâce à la proportionnelle, mais vous êtes contre.
29:22Oui, je suis con.
29:24Alors, quelle est la cohérence ? Est-ce qu'on les aide ?
29:26La cohérence, je vais vous l'expliquer.
29:27La cohérence, je viens de vous dire que l'action politique est entravée
29:30quand il n'y a pas de majorité.
29:32Eh bien, avec la proportionnelle, c'est le plus sûr moyen de ne pas donner
29:35à la France, à la République française, une majorité.
29:39Ce qui est aujourd'hui temporaire, conjoncturel, deviendrait structurel.
29:44Voilà. Et j'ajoute d'ailleurs que les quelques éléments
29:47qui m'ont déjà été transmis en matière de simulation,
29:49le grand gagnant d'ailleurs de cette réforme électorale,
29:53ce sera le bloc du Rassemblement national.
29:56Je pense que c'est peut-être la volonté, en tous les cas,
29:59la manière avec laquelle pense M. Bayreau pour ménager le RN.
30:04Je pense que non. J'en ai souvent parlé avec lui.
30:07Je pense que c'est chez lui une conviction sincère.
30:10Il est vrai qu'il apporte depuis des années.
30:11Très franchement, dans la durée.
30:13Deux questions pour terminer.
30:14Très politique, M. Rotaillot.
30:16La compétition entre vous et Laurent Wauquiez,
30:18c'est un peu comme un match de boxe en ce moment,
30:19où l'un des boxeurs tente de donner des coups
30:21et l'autre le regarde sans réagir.
30:22Vous estimez que vous n'avez même pas besoin de combattre
30:24pour la présidence à l'air ?
30:25Si. Moi, je me suis engagé dans une compétition.
30:28Mais j'ai promis à nos militants, à nos adhérents
30:31et même à nos sympathisants de ne jamais répondre.
30:35Donc, j'entends ces attaques-là.
30:37Elles sont quotidiennes, matin, midi et soir.
30:38Mais je me suis promis de ne lâcher de mes lèvres
30:41aucune petite phrase.
30:42Parce que ces déchirures ont beaucoup papimé
30:44notre famille politique.
30:45Dans 15 jours, la compétition, elle sera terminée.
30:48Donc, ne commettons pas l'irréparable.
30:50Ça nous abîme.
30:51Ça nous abîme nous-mêmes.
30:52Ça nous rapetisse, je pense.
30:53Et ce n'est pas ce que veulent les Français.
30:55Ce n'est pas ce que veulent non plus nos militants.
30:57À bon ententeur.
30:57Il faut essayer de prendre un peu de hauteur.
31:00Lui aussi, pardonnez-moi, est adepte de boxe.
31:02Il est déjà candidat en vue de 2027.
31:04Vous voyez de qui je veux parler.
31:05Oui, bien sûr.
31:05Édouard Philippe, ses proches rêvent d'un ticket avec vous.
31:08La droite aurait alors trouvé son ticket gagnant.
31:10Édouard Philippe à l'Élysée, Bruno Retailleau à Matignon.
31:14Ça vous fait rêver ?
31:15Non.
31:18Je rêve, moi, dans la reconstitution d'un clivage droite-gauche.
31:21Où on est un clivage qui soit très clair,
31:23beaucoup plus apaisant du point de vue démocratique.
31:25Parce que je pense que la tripartition actuelle n'est pas bonne.
31:28C'est le fait minoritaire dans la cinquième
31:30qui est fait pour, au contraire, le fait majoritaire.
31:32Et ce n'est pas bon pour la démocratie.
31:34Parce que quand vous avez ces trois blocs,
31:36l'alternance, parce que la démocratie,
31:38c'est la possibilité de l'alternance.
31:39Ça n'est qu'une alternance radicale,
31:40à droite ou à gauche.
31:41Donc, moi, je souhaite vraiment qu'il y ait quelque chose de clair.
31:45On le voit bien.
31:46Si on veut mélanger des sociodémocrats,
31:48des conservateurs, des libéraux,
31:50on n'aboutit à rien.
31:51C'est une sorte qui ne prend pas...
31:52Donc, c'est non au ticket.
31:53On n'aboutit à rien.
31:54C'est parce qu'on est là en même temps, finalement.
31:56Et si on veut demain réformer la France,
31:58ce sera avec des idées claires.
32:00Justement, demain.
32:01Comment l'homme du moment, pour finir vraiment en un mot,
32:03peut devenir l'homme de l'avenir de demain que vous êtes ?
32:06Vous parlez de qui ?
32:07De vous-même.
32:08Ah, mais moi, je suis colline après colline.
32:10Et je me bats dans une compétition interne.
32:12Je n'ai aucune obsession pour la présidentielle
32:14qui a, par ailleurs, beaucoup abîmé ma famille politique.
32:17On pensait, on a toujours pensé,
32:18qu'il suffisait de se trouver un homme providentiel,
32:21un chef, et on arrêtait de penser.
32:22Moi, ce que je propose, c'est de faire l'inverse.
32:25C'est qu'on rebâtisse un grand parti moderne,
32:27patriote, militant de la France,
32:29et populaire,
32:30et qu'on propose aux Français des idées nouvelles.
32:32Il faut qu'on imagine,
32:33il faut qu'on arrête de radoter des vieilles idées,
32:36et qu'on propose enfin un projet de société.
32:38Et alors là, vous verrez,
32:39on est capable de convaincre bien au-delà de nous-mêmes,
32:42parce que je suis certain que nous représentons
32:44ce que je pourrais appeler l'axe vraiment que veulent les Français,
32:47l'axe politique, le barissante politique des Français.
32:49Les Français attendent nos solutions,
32:51attendent nos propositions.
32:53Merci Bruno Roteuillot,
32:54merci d'avoir été l'invité de la grande interview.
32:56Bonne journée et à bientôt.