Les médecins contre la régularisation des généralistes. Depuis lundi 28 avril, les médecins se mobilisent contre la proposition de loi Garot, qui vise à réguler l'installation de leur profession, pour lutter contre les déserts médicaux.
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00:00Non, ce n'est pas le bon sens, c'est une réponse simple à un problème complexe.
00:04Le problème de l'accès aux soins n'est pas un problème de répartition,
00:07mais un problème d'accessibilité, en consultation par an, par habitant.
00:11Le fait de parler de répartition des médecins, c'est une erreur,
00:15et ce n'est pas la manière dont il faut aborder le problème.
00:18C'est-à-dire que pour vous, on va gérer la pénurie d'une certaine manière ?
00:20La pénurie de médecins, j'entends ?
00:21Ce n'est pas parce que vous empêchez un médecin de s'installer dans le 16e arrondissement
00:23qu'il ira aider à Saint-Etienne-de-Tigné, aux environs de Nice.
00:27Il faut mettre en place des mesures ciblées pour les territoires,
00:30des territoires qui en ont le plus besoin,
00:32qui représentent 8 millions de Français, dont les trois quarts vivent dans des territoires ruraux.
00:36Amélie Christophe, Amélie ?
00:37Alors, vous dites que le ratio, en fait, nombre de médecins, nombre de patients n'est pas le bon,
00:42mais je ne comprends pas très bien, parce que si je le prends quand même, ce ratio,
00:45il se trouve que quand on regarde les chiffres, on est à 296 médecins pour 100 000 habitants,
00:49ça fait à peu près 3 médecins pour 1 000.
00:52C'est à peu près comme la Belgique et le Royaume-Uni, c'est vrai,
00:54c'est derrière l'Allemagne, l'Espagne, l'Autriche et la Norvège,
00:57mais globalement, c'est dans une forme de moyenne européenne.
01:00Et donc, on se dit, le vrai problème, ce n'est pas le nombre de médecins dans le fond,
01:03c'est bien la répartition et la disparité.
01:06Et je précise, l'ordre des médecins, votre ordre, nous dit qu'en 2040,
01:10il y aura 30% de médecins en plus et que c'est déjà trop.
01:12Donc, on ne comprend plus rien ?
01:14Non, je pense que c'est pourtant suffisamment clair.
01:16En 2040, il y aura trop de médecins, mais aujourd'hui, on manque de médecins.
01:19Les chiffres que vous avez donnés, ce n'est pas des chiffres d'un excès de médecins
01:23par rapport aux besoins de la population.
01:25Et si jamais on était en excès de médecins, le constat ne serait pas le même aujourd'hui.
01:28Il y a 8 millions de Français, 6,4 millions de Français qui n'ont pas accès à un médecin traitant.
01:32Donc, on manque de médecins.
01:33La question, c'est comment est-ce qu'on va faire en sorte que les médecins qui sont disponibles,
01:36qui travaillent déjà d'arrache-pied,
01:37je vous envoie aller regarder les enquêtes sur le temps de travail des internes,
01:41on travaille en moyenne 60 heures par semaine,
01:42donc je ne pense pas que l'on peut dire que les médecins ne participent pas à l'accès aux soins.
01:46Il faut mettre en place et organiser une permanence de santé dans les territoires.
01:50Il existe la permanence de soins ambulatoires,
01:52il existe la permanence de soins en établissement de santé,
01:54et il faut aujourd'hui un plan national pour organiser une permanence de soins dans les territoires.
01:57Mais est-ce que ce n'est pas un peu ce que voulait faire François Bayrou la semaine dernière
02:00qui disait qu'on va demander aux médecins d'aller deux jours par mois,
02:03deux jours par mois, dans un certain nombre de zones où on manque de médecins justement ?
02:08Le principe de solidarité est l'ADN de notre métier.
02:12Donc une idée de solidarité des médecins envers les territoires sur la base du volontariat
02:17pour éviter les situations individuelles qui seraient trop compliquées,
02:19les médecins qui sont déjà surchargés, qui devraient augmenter leur quantité de travail.
02:23Mais ça c'est à court terme, il faut aussi penser au long terme.
02:26Qu'est-ce qu'on va faire en 2040 quand on aura un excès de médecins ?
02:28Il faut d'ores et déjà, dès aujourd'hui, et l'ISNI porte des propositions depuis de nombreux mois
02:32pour une universitarisation des territoires,
02:35permettre aux jeunes médecins de partir de l'hôpital plus tôt,
02:37pour aller dans les territoires en tant qu'assistant, chef de clinique,
02:40et ces mêmes jeunes médecins deviendront des enseignants, des encadrants
02:43pour ouvrir encore plus tôt les études et éviter de déraciner les étudiants tout au long de leurs études
02:47car nous sommes en permanence déracinés.
02:49La coercition, nous la vivons tous les jours.