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Sophie Audugé, spécialiste des politiques éducatives et de l'enfance : «Les parents en sont à espérer que les prochaines lames de couteau ne touchent pas leur fille ou leur fils», par rapport aux violences dans les collèges et lycées, dans #MidiNews

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Transcription
00:00La semaine dernière, un élève de 15 ans a assassiné en plein cours une autre élève de 15 ans
00:05qui l'a poignardée avec une violence extrême.
00:09Et il a poignardé une camarade qui lui voulait du bien.
00:13Ensuite, il est allé dans une autre classe et il a poignardé trois élèves au hasard.
00:17Ce fait n'est pas isolé, puisque quatre semaines plus tôt, le 15 février, c'était Louise 11 ans.
00:23Son meurtrier, âgé de 23 ans, venait de perdre une partie de Fortnite.
00:26Frustré, incapable d'assouvir ses pulsions de violence, il a décidé d'aller raqueter les petits à la sortie du collège.
00:34Malheureusement, Louise qui rentrait de l'école a croisé son chemin.
00:39Il voulait son téléphone, elle a crié, il a paniqué, il a poignardé.
00:43Louise est morte.
00:44Un mois plus tôt, à peine, le 24 janvier, c'était Elias, 14 ans, qui sortait de son entraînement de football.
00:50Ses agresseurs ont 16 ans et 17 ans.
00:53Ils en voulaient à son portable et peut-être aussi à sa religion.
00:57Les parents français, tous aujourd'hui, sont, comme le dit Maurice Berger,
01:04à espérer que la prochaine lame de couteau ne touche pas leur fille ou leur fils.
01:10Pour Bruno Retailleau, ministre de l'Intérieur, c'est la faute à la société déconstruite qu'il faut reconstruire.
01:15C'est vaste.
01:16Pour Elisabeth Borne, ministre de l'Éducation nationale, c'est la faute à la santé mentale des jeunes qui est mauvaise.
01:20Le Premier ministre ressort les portiques et annonce une énième commission qui pondra un énième rapport.
01:29Il est probable que ni Maurice Berger, pédopsychiatre de terrain, expert à contester de la violence des mineurs,
01:35ni la magistrate Béatrice Brugère, qui connaît par cœur le sujet, n'en feront partie.
01:42Car dans tout ça, il y a une constante.
01:44Au sommet de l'État, on n'écoute ni ceux qui font, ni ceux qui savent.
01:48Si tout ne dépend pas de ceux qui gouvernent le pays, ils sont comptables de leurs décisions qui nous ont menés à cette situation.
01:56Il n'y a pas de fatalité, mais des erreurs graves.
01:58En laissant s'effondrer les trois piliers essentiels de la formation de notre jeunesse, ils l'ont sacrifié.
02:04Et en abandonnant le cerveau de nos enfants aux géants de la tech, ils ont créé les conditions de notre décadence.
02:09Le premier pilier est évidemment l'école.
02:11En renonçant à instruire, nos politiques ont condamné nos enfants à l'ignorance,
02:16maires de la violence et de la soumission aux idéologies les plus extrêmes.
02:20En sacrifiant l'autorité des professeurs pour maintenir une paix sociale illusoire,
02:24ils ont alimenté le sentiment d'impunité de toute puissance des élèves,
02:28alors que le rôle de l'école est précisément de l'encadrer.
02:31En imposant des discours idéologiques inadaptés à l'âge, ils ont plongé l'enfance dans une anxiété chronique.
02:37En imposant l'inclusion sans discernement, sans évaluation de la dangerosité,
02:42ils ont exposé les plus vulnérables, parfois jusqu'à la tragédie.
02:46Le second pilier est la justice.
02:48La loi est devenue virtuelle, les enfants le comprennent très tôt.
02:51Les délits sont commis de plus en plus jeunes, parfois des dix ans.
02:55En cause, notre jeunesse, notre justice, à pénale.
02:58On juge sans punir.
03:00La règle de l'excuse banalise l'acte et détruit la notion même de gravité.
03:04Le criminel, parce qu'il est mineur, est vu comme victime de son enfance.
03:10Sans doute qu'il l'a été, évidemment qu'il l'a été.
03:12Mais dans l'acte jugé, il est le dangereux criminel.
03:15Cette inversion victimaire est un non-sens éducatif.
03:19Ce qui fonctionne pourtant, ce sont des peines courtes,
03:22exécutées immédiatement, qui posent une limite claire et restaurent le sens.
03:27Le troisième pilier est l'éducation, et c'est la responsabilité des parents.
03:31Les parents ont le devoir de répondre aux besoins fondamentaux de leurs enfants,
03:35leur fournir un environnement affectif, stable et sécurisant,
03:38comprendre ses inquiétudes, être capable de les apaiser,
03:42fixer un cadre de règles et de limites.
03:44L'enfant qui n'a pas appris à se réguler sera envahi par ses pulsions,
03:48à la maison, à l'école, dans la rue.
03:50Un enfant sans limite est une bombe à retardement.
03:53Et lorsque les parents n'y perviennent pas,
03:55ils doivent pouvoir trouver de l'aide.
03:57C'est le rôle de notre système de santé.
04:00Sauf que voilà, notre système de santé psychiatrique est à l'agonie.
04:04Il ne reste que 430 pédopsychiatres en France.
04:08Moins de la moitié, 209 exactement, ont moins de 65 ans.
04:13La profession rebute, mal payée, émotionnellement épuisante.
04:18À ces trois piliers vient s'ajouter un facteur nouveau,
04:21déterminant, la colonisation de l'enfance par les écrans et les réseaux sociaux.
04:25Les jeunes de 15 à 25 ans sont les premiers de l'histoire
04:29à avoir traversé la puberté dans un monde parallèle instable.
04:32Le bilan d'une enfance connectée est lourd.
04:34Manque de sommeil, privation sociale,
04:37fragmentation de l'attention et addiction,
04:39les quatre symptômes clés du diagnostic des troubles mentaux.
04:43Accro plus de 7 heures par jour à leur écran,
04:45sans compter le temps scolaire.
04:48Bombardés de notifications,
04:50les ados vivent dans un état de stress permanent,
04:52ce que démontrent les données de santé
04:55par une explosion des troubles anxieux.
04:57Sur le plan cognitif, les dégâts sont également préoccupants.
05:01Les pensées s'embrouillent,
05:02les ruminations s'intensifient,
05:04les généralisations excessives
05:06et les interprétations catastrophiques se multiplient.
05:09Cette distorsion cognitive,
05:10souvent alimentée par les algorithmes des réseaux sociaux,
05:13peut conduire à des propos incohérents et radicalisés.
05:17La question de savoir
05:18si le manifeste du Tueur de Nantes en est une illustration,
05:21peut se poser.
05:22Pour conclure,
05:23si l'État ne peut pas tout,
05:24il peut beaucoup et il le doit.
05:26Restaurer par des mesures immédiates
05:27les piliers qui permettent à l'enfant
05:28de se construire en jeune adulte responsable et social.
05:31Protéger nos enfants des géants de la tech
05:33qui, par rapport à du gain,
05:34n'ont aucun scrupule à détruire
05:35leur capacité cognitive et leur santé mentale.
05:38Pour cela, il faut agir de manière ferme,
05:40avec des mesures coercitives lourdes,
05:41car la priorité est et doit toujours être
05:44de protéger les enfants
05:45et de défendre leurs droits
05:46à une instruction non militante
05:47et leur droit à un service de santé compétent
05:50est disponible.
05:52Sous-titrage Société Radio-Canada
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