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  • 29/04/2025
A l’occasion de « L’art est dans la rue », exposition lumineuse du musée d’Orsay sur l’âge d’or de l’affiche illustrée dans laquelle il a invité des amis pour guincher sur ses chansons d’époque préférées, François Morel s’est prêté au jeu de notre esquisse de portrait. En plein cœur de la grande galerie, entre « la Goulue » de Toulouse-Lautrec et « l’Ours blanc » de Pompon, bien trop lourd pour ses bras, mais pas pour son imaginaire, il déclame avec malice ses musiques populaires préférées, la meilleure blague faites à Yolande Moreau et la question sur "Les Deschiens", qu’on lui posera encore et toujours.

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Transcription
00:00Du jour au lendemain, on s'est mis à lui parler très très fort, comme à une vieille dame.
00:10Qu'est-ce que ça pourrait être ? Je sais pas, une chanson de Bruyant ?
00:13La butte rouge, c'est son nom, le baptême se fit un matin,
00:21où tous ceux qui montaient roulaient dans le ravin.
00:26Alors là, c'est pas du tout MeToo compatible.
00:29Ses gros nénés n'étaient pas beaux, on aurait dit des jambonneaux,
00:32suspendus au bout de sa carcasse, à Montparnasse.
00:36C'est culture, pardon.
00:39Ce qui me plaît, c'est la popularité, c'est le fait que des gens qui n'allaient jamais à l'opéra
00:44ont été émus par une musique, par des paroles souvent bien faites.
00:49Aristide Bruyant, c'est un vrai auteur.
00:51On se demande souvent comment aller vers le public.
00:54et la meilleure façon d'aller vers le public, justement, c'est parfois d'être dans la rue
00:58et d'avoir directement le contact avec les spectateurs.
01:04Gloire à qui n'ayant pas d'idéal sacro-saint,
01:06se borne à ne pas trop emmerder ses voisins.
01:09Brassens ?
01:10Gloire à qui n'ayant pas d'idéal sacro-saint,
01:17se borne à ne pas trop emmerder ses voisins.
01:22Il y a une poésie que j'aime bien, c'est
01:27« Je voudrais pas crever » de Boris Vian.
01:30« Je voudrais pas crever avant d'avoir connu
01:31les chiens noirs du Mexique qui dorment sans rêver,
01:34les singes accunus dévoreurs de tropiques,
01:36les araignées d'argent au nid truffé de bulles.
01:39Je voudrais pas crever sans savoir si la lune,
01:41sous son faux air de thune, a un côté pointu,
01:44si le soleil est froid, si les quatre saisons ne sont vraiment que quatre. »
01:47J'ai eu la chance de connaître un petit peu Jean-Louis Trintignant à la fin de sa vie
01:51et ce poème-là, il l'avait dit dans un film de Claude Lelouch.
01:54Je l'avais appelé à ce moment-là et je lui ai dit
01:57« Mais tu as changé les dernières paroles.
02:00Au lieu de dire la saveur de la mort,
02:02tu as dit la splendeur de l'amour. »
02:04Ce qui ne veut pas dire exactement la même chose.
02:06Et il m'avait dit « Ah, tu es le seul à m'avoir fait remarquer. »
02:13Il nous fait chier à lire des livres.
02:14Il nous fait chier à lire, toi.
02:17Il nous fait chier à lire tout le temps.
02:19Je te signale que ton père te parle.
02:21Hein ? Il nous fait chier à lire tout le temps.
02:22Qui sait que c'est quoi son ursonard, Adrien, c'est quoi ça ?
02:27Elle est bien, il faut dire.
02:32Ce qui me vient à l'esprit, c'est que Yolande a été grand-mère très jeune.
02:38Je crois qu'elle avait 42 ans quand elle est devenue grand-mère.
02:41Et du jour au lendemain, on s'est mis à lui parler très très fort.
02:44Comme une vieille dame.
02:45Voyons lui hurler.
02:46« Alors Yolande, ça va, oui ? Contente d'être avec tous ces jeunes ? »
02:50Tout ça, voilà.
02:51Ce qui pouvait être fatigant à la fin de la journée.
02:54Elle riait jusqu'à un certain moment où elle nous disait « Vous êtes fatiguée. »
02:58Ça pourrait être les enfants du paradis, mais c'est un peu long.
03:09Peut-être que je prendrais bien, mais ça c'est aussi un autre plaisir coupable.
03:13La première demi-heure du grand restaurant avec Louis de Funès.
03:16Parce qu'il est quand même trop drôle.
03:17« C'est sec ou c'est doux ? »
03:19« Plutôt sec. »
03:20« Je préférerais plutôt doux. »
03:22« Alors, son terme ? »
03:23« C'est doux. »
03:24« Ah, c'est très doux. »
03:26« C'est pas trop doux ? »
03:27« De Funès était détestée chez moi à la maison, par ma mère notamment.
03:30Elle trouvait qu'il se mettait trop en colère.
03:33Elle trouvait que ça suffisait, les gens qui se mettaient en colère à la maison.
03:35Donc, quand elle allumait la télé, elle aimait mieux la douceur et la tendresse de Bourville.
03:40Ça l'a été, ça pourrait le redevenir, c'est le journal de Jules Renard.
03:46Quand je ne sais pas quoi lire, en fait, mais ça devrait être toujours mon livre de chevet.
03:49Parce qu'on peut lire quatre pages et c'est à chaque fois merveilleux d'intelligence, de distance, d'humour et de profondeur.
03:58C'est banal peut-être, mais j'adore le concert de Cologne, de Quai de Jarrette.
04:02Ça, je pourrais le mettre en boucle chez moi.
04:10Il y a une invention permanente, parce que c'est tout simple.
04:24Enfin, c'est tout simple, non, c'est très compliqué.
04:25C'est une improvisation géniale, quoi, au piano.
04:28Ça embarque dans un univers hyper fort, hyper poétique.
04:34Je ne sais pas le dire, mais je sais que c'est un disque que j'ai beaucoup écouté,
04:39et que je continuerai à écouter beaucoup.

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