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00:00Ce que j'aimerais vous demander à la policière et à la syndicaliste que vous êtes, c'est quand même ces attaques au couteau, la récurrence de ces attaques au couteau.
00:08Vendredi c'était une mosquée, jeudi c'était un établissement scolaire, un jeune de 15 ans, plusieurs de ses copains, je ne sais pas si on peut parler de copains, on peut parler de camarades de classe.
00:17Qu'est-ce qui se passe dans ce pays ? Est-ce que la violence des jeunes est absolument inarrêtable pour vous autres policiers ?
00:23Je pense très sincèrement, et c'est quelque chose qu'on dit depuis un certain temps, il y a une forme de banalisation du port du couteau en France.
00:29Pour des raisons multiples, il y a le principe même, vous savez, c'est un peu un symbole pour certaines personnes de porter un couteau.
00:37Nous on le voit lors des contrôles de police, on a des personnes, un, qui peuvent nous dire que, notamment dans le cadre des bandes rivales, ils peuvent être porteurs de couteaux au cas où.
00:45Il y a évidemment, je pense très sincèrement, une partie de nos concitoyens qui portent des couteaux, parfois, ou plutôt des gazeuses, vous savez, dans les voitures qu'on contrôle.
00:52Il y a des gens qui nous disent, on n'a plus confiance dans les institutions et dans leur capacité à nous protéger, à commencer par la justice qui manque de moyens,
00:58n'entrons pas dans la polémique à cette heure-ci, et qui, du coup, sont porteurs de gaz lacrymogènes, de gazeuses, comme on dit vulgairement, qu'on est obligés de confisquer.
01:05Et puis, il y a évidemment tous ceux qui ont pris le couteau comme une forme de totem, et d'autant plus dans un pays où, un, la réponse pénale face au port du couteau est inexistante.
01:14Je vous le dis très sincèrement, aujourd'hui, il n'y a rien du tout.
01:18Le porteur d'un couteau, aujourd'hui, il n'a presque plus de garde à vue, parce que, de toute façon, ce n'est pas suivi des faits.
01:24Et je vous le dis très sincèrement, je vous délivre les coulisses de la police, mais très souvent, lors des contrôles, lorsqu'on découvre des couteaux,
01:30on les prend, les appréhende, et puis on laisse l'individu partir, parce qu'on sait que, de toute façon, c'est une perte de temps pour les policiers.
01:36Et donc, ça ne sert à rien d'aller jusqu'au bout.
01:38Vous ne connaîtrez jamais une personne qui a fait ne serait-ce une seconde en prison pour un port de couteau, quand bien même le code pénal l'a prévu.
01:45Et puis, il y a aussi une chose très simple, et notamment sur ce drame de Nantes, dont il ne faut pas oublier qu'il tourne autour, quand même, d'un individu dont on peut imaginer un peu survivaliste,
01:55un peu l'esprit brouillé, et ça, c'est l'enquête qui va le dire.
01:58En tout cas, à cet instant, pour le moment, il ne peut pas être entendu.
02:00C'est tout simplement la question psychiatrique en France.
02:04Le parent pauvre de notre pays, l'absence de suivi des adolescents, et je veux vous parler d'une chose que tous les policiers vous diront,
02:11depuis notamment le confinement, c'est la hausse des souffrances psychiques, et notamment violentes, chez les adolescents et les très jeunes adultes.
02:19Très sincèrement, on a une montée de la violence dans cette catégorie de la population, même chez ceux qui ne se faisaient pas connaître des services de police,
02:26ce qui est le cas notamment de l'individu du lycée Notre-Dame-de-Toutes-Aides, des personnes qui ont désormais un accès à la violence beaucoup plus fort.
02:34Si vous ajoutez les couteaux, malheureusement, on aboutit à des drames.
02:37Gauthier Lebrecht, une question.
02:38Il y a un chiffre qui m'a sidéré, c'est le chiffre donné par Elisabeth Borne, juste après le drame de Nantes.
02:44Elle a commencé à lancer des inspections des élèves, des sacs des élèves à l'échelle nationale, il y a eu 1000 inspections, ils ont trouvé une centaine d'armes, 10%.
02:58Vous vous rendez compte, à l'échelle du pays, on fait 1000 fouilles des écoles, on trouve une centaine d'armes, 10%.
03:05Ça m'a sidéré.
03:06Et je trouve que cette révélation d'Elisabeth Borne est passée relativement sous les radars.
03:11Elle a dit ça après le drame de Nantes le lendemain, vendredi.
03:14C'est monstrueux, 10%.
03:16Vous vous rendez compte, une centaine d'armes.
03:17Ça ne vous étonne pas, j'imagine, Nida Kamara ?
03:18Non, ça ne nous étonne pas.
03:20Et à vrai dire, pour tout vous dire, à Nantes, il y avait, dans le cadre d'une instruction ministérielle, une fouille des sacs à l'entrée des établissements.
03:27Malheureusement, celui-ci n'était pas dans la liste des établissements surveillés, parce que c'était un établissement qui ne faisait pas parler de lui.
03:33Et donc, statistiquement, il y avait peu de chances d'imaginer que ça puisse arriver.
03:37C'est le drame de la malchance, clairement.
03:39Et puis, il y a une chose très très simple, c'est qu'on constate que de plus en plus les conflits sur les réseaux sociaux,
03:45et c'est là où peut-être l'État est en retard, on nous traite souvent de boomers.
03:48Je pense que là-dessus, la nouvelle génération a raison.
03:50C'est-à-dire que les conflits qu'on trouve sur les réseaux sociaux se reportent désormais entre les murs de l'école.
03:55Et là-dessus, on est en retard.
03:56Que ce soit l'éducation nationale, toutes les institutions d'ailleurs de l'État sont en retard.
04:00Elles sont incapables aujourd'hui de détecter en amont ce qui peut se passer.
04:03Et on le voit notamment avec des situations de harcèlement scolaire qui parfois terminent par des drames des suicides,
04:08ou des jeunes harcelés qui s'en prennent à leur harceleur parfois jusqu'au drame.
04:11Parce qu'aujourd'hui, on ne sait pas détecter sur les réseaux sociaux ce qui se passe chez les jeunes lycéens.
04:17Encore une question, Linda Kebab.
04:19Le 1er mai, c'est jeudi, il y aura des manifestations.
04:22Est-ce que, comme toutes les années précédentes, il y a un dispositif de sécurité particulier ?
04:26Est-ce qu'on redoute la venue d'éléments perturbateurs de Black Bloc ?
04:30Quel est le sentiment des policiers ? En tout cas, quelle est votre vision ?
04:34Évidemment, d'année en année, chaque 1er mai, on a le sentiment épier que le précédent,
04:38c'est-à-dire en matière d'agglomérat du Black Bloc.
04:40Alors, il y a certaines fois où la technique est suffisamment déployée en amont pour éviter qu'il y ait trop de casse.
04:46Mais on peut imaginer qu'avec l'appel à l'insurrection de Richie Thibault notamment et de ses pairs,
04:51ça puisse régénérer un petit peu ces mouvements violents.
04:57Ce qui est important à retenir, c'est que dans ce cortège, il va y avoir aussi des policiers.
05:01Nous manifestons le 1er mai, je suis syndicaliste, et ce jour-là, on est dans le cortège.
05:06Et ce qui est à déplorer à chaque fois, c'est de constater que malheureusement,
05:08les services d'ordre, alors ça tend à s'améliorer,
05:11des confédérations ne sont plus ce qu'ils étaient autrefois.
05:13C'est-à-dire qu'autrefois, les services d'ordre arrivaient clairement à s'opposer,
05:16notamment aux casseurs et à les empêcher d'entrer dans les cortèges.
05:20Je crains aujourd'hui, malheureusement, que certaines confédérations sont plutôt conciliantes à l'égard des casseurs,
05:24voire les laissent entrer dans les cortèges.
05:25Je ne dirais pas qu'elles sont complices, mais je pense qu'elles ne sont pas à la hauteur du syndicalisme
05:29parce qu'elles sont supposées représenter.
05:30Bien sûr, parce que maintenant, ces manifestations sont devenues des défouloirs pour les éléments extrémistes.
05:35Absolument, et on en oublie les revendications à ce moment-là du 1er mai,
05:38pour parler à juste titre de la casse et pire, des blessures qui sont infligées aux policiers et aux gendarmes.
05:44Moi, je pense très sincèrement que, alors après, vous allez dire que j'ai des idées extrémistes,
05:49mais je pense très sincèrement que tous ceux qui ont la velléité de s'introduire dans les cortèges
05:53devraient être interpellés avant même qu'ils aient commencé le moindre fait,
05:56et au moins être amenés en vérification le temps de la manifestation,
05:59histoire de les écarter des honnêtes manifestants.