Avec Vincent Martin, réalistaeur
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NewsTranscription
00:00Le 10h midi, Sud Radio Média, Valérie Expert, Gilles Ganzman.
00:05Bonjour à toutes et à tous, bonjour Gilles, heureuse de vous retrouver.
00:09Oui, j'étais souffrant.
00:10Vous étiez souffrant, j'espère que ça va mieux.
00:13Et merci à Diana de m'avoir remplacé au pied levé.
00:16Absolument, notre réalisateur qu'on salue.
00:19C'est un couteau suisse, c'est tout ça.
00:21Notre invité, Vincent Martin, bonjour.
00:23Vous êtes réalisateur et on va pouvoir découvrir ce soir à 21h sur Canal Plus Docs
00:29et également disponible évidemment sur l'application MyCanal.
00:33Un documentaire tout à fait passionnant sur Alain Delon.
00:36Alain Delon, un certain regard.
00:39C'est produit par Ligne de Front et on pensait tout savoir sur Alain Delon.
00:44Eh bien non, grâce à vous on découvre beaucoup d'autres aspects de la personnalité d'Alain Delon
00:51puisque vous avez choisi à travers ses films de raconter Alain Delon
00:56et de voir la proximité, le lien très fort qu'il pouvait y avoir entre ses rôles et sa personnalité.
01:04Il fallait quand même revenir à l'essentiel.
01:06Alain Delon, c'est le cinéma, c'est une vraie mythologie.
01:12Et on s'est toujours posé beaucoup de questions sur Alain Delon, sa personnalité, ses démons.
01:17Et on a beaucoup parlé de lui, il se trouve qu'au moment où j'ai commencé ce documentaire,
01:23on parlait de lui pour des histoires d'héritage qui en réalité ont très très peu d'intérêt pour comprendre l'homme.
01:30Et tout est expliqué dans ses grands films.
01:32Donc j'ai fait le choix d'aller puiser dans sa filmographie.
01:36Alors c'est un choix un peu subjectif, mais on est quand même assez d'accord sur le fait
01:41qu'il y a dans sa filmographie entre 10 et 15 chefs-d'oeuvre.
01:45Et c'est là qu'on trouve, enfin l'âme d'Alain Delon, elle est vraiment là et elle n'est pas ailleurs.
01:50Alors c'est une drôle de forme, parce qu'il y a beaucoup de critiques et de testimoniaux
01:55qui viennent apporter, il y a un petit côté, j'en ai parlé à Valérie.
01:59Critique de cinéma.
02:00Oui, critique de cinéma, un peu cahier du cinéma.
02:03Mais c'est vrai qu'on a envie de voir plus d'extraits, parce que les extraits sont totalement fascinants.
02:10C'est-à-dire qu'il a une beauté incroyable et hypnotisant.
02:15Et c'est vrai qu'entre la part de ceux qui parlent et les extraits, on a eu envie de voir tellement d'extraits.
02:22Ça donne envie de revoir les films.
02:23C'est un petit peu aussi, ça c'est ce que je voulais faire, c'était de donner aux gens l'envie de se replonger.
02:30Bon, il y a ceux qui ne les ont pas vus et ça on les envie un petit peu quand on s'imagine découvrir le guépard.
02:37Mais surtout de se replonger dans ces films qui sont tous d'abord vraiment des authentiques chefs-d'oeuvre.
02:46Il a tourné avec les plus grands.
02:48Il a tourné avec les plus grands.
02:49Je pense qu'il n'y a personne d'autre dans l'histoire du cinéma qui ne peut aligner un CV comme lui.
02:55C'est-à-dire que c'est Clément, c'est Antonioni, c'est Melville, c'est L'Ozé, Visconti.
03:01C'est quand même phénoménal.
03:03On va passer au zapping de Gilles, l'actualité des médias.
03:07Et on vous parlera après de votre documentaire.
03:11Valérie, entre tourisme et recueillement, évidemment, l'événement médias de ce week-end, c'était quoi Valérie ?
03:23Pas plus que médias.
03:24Média et mondial.
03:26C'était l'enterrement du pape, puis désormais la visite de sa tombe.
03:30Alors hier, ça se bousculait au portillon dans les rues de Rome où l'on visitait la tombe du pape François.
03:37On allait se recueillir, pardon ?
03:39Bah oui, non, on l'a visité un peu comme on visite la tour Eiffel pour certains.
03:44C'était l'occasion aussi de faire des selfies, je vous en avais déjà parlé.
03:48Reportage de TF1.
03:49La file d'attente s'allonge encore et encore jusqu'à l'arrière de la basilique.
03:54Groupe 4, s'il vous plaît.
03:5530 000 personnes à la mi-journée, bravant la pluie romaine, venues du monde entier.
03:59On vient des Etats-Unis, Espagne, Brésil.
04:03Ce n'est pas seulement un bel édifice.
04:05Grâce au pape, Sainte-Marie-Major est aussi devenue un lieu d'histoire.
04:12Je suis capable de rester ici tous les jours.
04:15C'est difficile à expliquer avec les mots.
04:17C'est dans le cœur.
04:18Après une nuit blanche, les premiers ont vu le soleil se lever pour être là dès l'ouverture des portes.
04:24Il n'était pas très religieux, Alain Delon ?
04:28Si, au contraire.
04:30Il avait toujours une photo de la Vierge sur lui.
04:34Ça fait partie de toutes ces ambiguïtés.
04:38C'était quand même quelqu'un d'assez religieux qui avait en tout cas une haute spiritualité.
04:44Absolument.
04:44On voit ses obsèques d'ailleurs où il avait tout préparé.
04:48Effectivement, la Vierge Marie était très importante pour lui.
04:51On continue.
04:52C'est l'image média de ce week-end.
04:54Une rencontre intimiste et presque en confession entre Volodymyr Zelensky et Donald Trump.
05:01Une image qui a fait le tour du monde et peut-être sera l'histoire.
05:06Donald Trump et Volodymyr Zelensky rencontrent surprenantes sous les ordres de la Basilique Saint-Pierre de Rome
05:12juste avant que ne débutent les funérailles du pape François.
05:16Seul à seul et sans traducteur, brièvement rejoint par Emmanuel Macron.
05:20Les présidents ont semblé échanger calmement pendant de longues minutes.
05:23Alors que les négociations pour un cessez-le-feu en Ukraine sont difficiles,
05:27l'échange aurait été positif tant selon la Maison-Blanche que selon Volodymyr Zelensky.
05:33On a beaucoup parlé en tête-à-tête.
05:35C'était une rencontre très symbolique qui peut devenir historique.
05:38Merci au président des Etats-Unis.
05:40Affaire à suivre.
05:42Alors juste une question, vous qui êtes réalisateur, vous avez vu cette image,
05:46c'est une mise en scène assez forte.
05:49C'est une mise en scène, on peut le dire comme ça.
05:52C'est une mise en scène assez forte et on peut penser que c'est une mise en scène.
05:55Le conflit ne va pas se régler devant les caméras.
05:58On imagine que tout ça c'est du théâtre très très bien ficelé.
06:02Mais ça rattrape l'image de la Maison-Blanche.
06:05C'est fait pour ça.
06:06Voilà, exactement.
06:08Alors avec votre doc, on va s'apercevoir, on va s'en parler après,
06:11qu'Alain Delon a toujours fréquenté la peigre
06:13et que c'était un milieu dans lequel il se complaisait.
06:17Alors j'imagine que l'affaire des papys braqueurs
06:20qui ont volé les bijoux de Kim Kardashian,
06:23qui va être jugée cette semaine, ça lui aurait plu.
06:26Alors vous allez voir que les surnoms de nos papys flingueurs,
06:31fleurs bons...
06:32Braqueurs, braqueurs, ils ne sont pas flingueurs.
06:34Pas encore.
06:35Papy braqueurs, fleurs bons, avec l'époque Delon.
06:39Dans le milieu, on le surnomme Omar Le Vieux.
06:42Son complice présumé, Didier Les Yeux Bleus.
06:45Et puis il y a Nérapé, Le Gros, Le Petit, La Boulle,
06:49ou encore Cathy Macopine.
06:51Un commando déroutant car composé en bonne partie de papys braqueurs.
06:55Des septuagénaires, pour certains fichés au grand banditisme,
06:59depuis des dizaines d'années.
07:01Cinq d'entre eux sont soupçonnés d'avoir braqué et ligoté Kim Kardashian.
07:05Ce 3 octobre 2016, des hommes déguisés en policiers
07:08séquestrent le gardien de son luxueux hôtel parisien.
07:12L'un des malfaiteurs tient en joue la jeune femme avec un pistolet,
07:15réclame dans un très mauvais anglais une bague et de l'argent.
07:18Les deux gars en anglais, mais avec un accent français,
07:21ont dit ring, ring en montrant leurs doigts.
07:23Le Grand, lui, a dit monnaie, monnaie, monnaie.
07:26Les bandits repartent avec un butin de 9 millions d'euros.
07:30Et à la suite du reportage, parce que je ne peux pas tout vous mettre,
07:33à un moment, quand ils sortent, ils font tomber un des colliers dans le caniveau,
07:38ils essayent de le récupérer, ils n'arrivent pas à le récupérer.
07:41Il y avait un petit côté un peu pied-niquelé dans cette histoire.
07:45Bon Valérie, même si vous êtes américain ou pas,
07:48et que vous ne supportez pas Donald Trump,
07:50que vous ne voyez pas comment vous allez vivre ce mandat,
07:54eh bien vous savez quoi ?
07:55Il y a une compagnie de paquebots qui vous propose de partir en croisière pendant 4 ans,
08:01c'est-à-dire durant tout le mandat de Donald Trump.
08:04C'est leur argumentaire ?
08:05Eh oui, histoire d'évacuer et d'échapper à Trump, écoutez.
08:09Une compagnie de croisière américaine propose un voyage de 4 ans pour échapper au mandat de Donald Trump.
08:14La compagnie Villavi Residence a lancé une croisière de 4 ans,
08:18conçue pour les Américains, souhaitant échapper au second mandat de Donald Trump.
08:21Elle fera escale dans 425 ports à travers 140 pays jusqu'en 2028.
08:26Selon leur communiqué de presse, les prix de cette vie en mer commencent à 40 000 dollars par an.
08:31Sur 4 ans, le voyage revient donc à près de 160 000 dollars par personne pour une chambre double
08:36et s'élève à 255 999 dollars pour une cabine simple.
08:41Et si l'idée de s'engager pour une croisière de 4 ans peut sembler un peu exagérée,
08:45il est aussi possible d'opter pour leur voyage d'un an, appelé échapper à la réalité.
08:50Et oui, vous pouvez échapper à la réalité de 2 ans en se disant, peut-être au mid-turn,
08:55il y a un tournoi qui va se faire.
08:57Ça coûte cher, vous avez vu de fuir Donald Trump.
09:00Pour avoir les moyens de payer ça.
09:01Mais je trouve qu'avoir cette idée marketing de se dire,
09:04on fait une croisière de 4 ans pour aller à Trump,
09:08voilà, pourquoi pas, mais ça coûte cher.
09:11Alors, qui a fait l'événement musical, Valérie, qu'on a vu dans tous les journaux ?
09:15Bravo madame !
09:16Difficile d'y échapper.
09:17Ah oui, qui était au Stade de France, le Marseillais a enflammé Paname.
09:21Alors, vous avez vu qu'il y a eu une boutique éphémère aussi,
09:24où des objets dérivés se sont arrachés comme jamais.
09:29Et puis lors de son concert, il est descendu du toit en claquant de chaussettes.
09:35C'est une image qui a marqué, on écoute Jules.
09:38C'est les paroles, où est-ce alors ?
09:49Et il dit ça pendant 3 minutes ?
09:51C'est la première fois que je vous mets du Jules.
09:55Oui, ce sera peut-être la dernière.
09:57Vous savez faire les signes ?
09:58Vous savez faire les signes ?
10:00Non, je ne sais pas le faire.
10:01Je ne sais pas le faire.
10:02On se retrouve dans un instant.
10:03Je ne sais pas le faire.
10:04Je préfère l'époque d'Alain Delon.
10:08On va parler d'Alain Delon dans un instant.
10:10Alain Delon, un certain regard, un document à ne pas manquer sur Canal+,
10:15Canal+, Doc, ce soir réalisé, écrit et réalisé par Vincent Martin,
10:19qui est avec nous dans un instant.
10:20A tout de suite.
10:30L'invité du jour, c'est Vincent Martin.
10:35Bonjour, vous êtes réalisateur.
10:37Vous avez écrit et réalisé ce document qu'on peut découvrir sur MyCanal
10:42et ce soir à 21h30 sur Canal+, Doc.
10:45C'est un document qui interroge la personnalité d'Alain Delon
10:50à travers ses films.
10:52Vous expliquez, enfin je vais vous laisser le dire peut-être mieux que moi,
10:56mais comment, à quel point la personnalité d'Alain Delon
10:59est au cœur de ses films et de tous ceux qui l'ont tourné.
11:04Delon, c'est d'abord quelqu'un de très instinctif.
11:07C'est une sorte d'animal magnifique.
11:10Donc, ce n'est pas quelqu'un de formaté.
11:12C'est-à-dire qu'aujourd'hui, je ne suis pas sûr qu'on ait l'équivalent d'Alain Delon.
11:18Ça n'existe pas.
11:20Donc, il y a quelque chose de très brut.
11:22Donc, effectivement, les réalisateurs, dès le début de sa vraie carrière,
11:28il y a quelques films un peu mineurs avant Plein Soleil,
11:32mais ce que les réalisateurs perçoivent chez lui,
11:35c'est quelque chose de très très sincère.
11:39C'est-à-dire que quand il fait Plein Soleil, on voit une sorte d'animal de fauve qui se déplaît.
11:44Il n'y a rien de formaté.
11:46Et c'est ce que vont aller chercher les réalisateurs chez lui.
11:49C'est quelque chose de très instinctif.
11:52Et en même temps, une personnalité à plusieurs facettes.
11:55Parce que son parcours de vie en a fait quelqu'un à plusieurs facettes.
12:05Alors, il faut pouvoir les capter.
12:07C'est-à-dire qu'il faut avoir l'intelligence d'un grand réalisateur
12:09pour pouvoir se dire, chez Delon, il y a ça, il y a ça ou il y a ça,
12:13et je vais l'extraire.
12:14Mais lui aussi, quand on voit M. Ripley, l'histoire qui est racontée dans votre doc,
12:19il n'avait pas le rôle qu'il voulait.
12:20C'est une histoire absolument incroyable.
12:23C'est presque un film dans le film.
12:25Le mec, il renverse la table en disant,
12:28non, non, non, moi, je ne veux pas ce rôle-là.
12:30Vous allez me donner l'autre.
12:32Parce qu'il sait que là-dedans, il y a quelque chose qui lui correspond.
12:35Alors, on est déjà dans la quête d'identité, dans quelque chose de trouble.
12:39Et c'est absolument phénoménal d'avoir réalisé ça.
12:42Mais à l'époque, il n'est pas très connu.
12:43Quand on le choisit justement pour M. Ripley,
12:46et il arrive malgré tout à imposer sa volonté.
12:49C'est absolument fou.
12:52C'est-à-dire qu'il a derrière lui deux films
12:54qui sont des petits films un peu mineurs.
12:58Et il arrive à persuader Clément
13:00qu'il sera beaucoup plus intéressant
13:03dans le rôle de Tom Ripley,
13:05qui n'est pas celui qu'on lui destine.
13:07Et il faut quand même un courage,
13:08une forme d'inconscience,
13:11de génie et de vision
13:12pour aller imposer ça.
13:14Mais alors, comment il passe ?
13:15Parce qu'au départ, c'est un petit voyou,
13:17ce que vous racontez.
13:18Comment il passe de voyou à comédien ?
13:21Comment il décide d'être comédien ?
13:21Il est d'abord repéré.
13:24Et puis, il a une histoire.
13:29Il fréquente une actrice française
13:31qui est Brigitte Aubert,
13:34qu'on peut voir dans La main au collet d'Hitchcock,
13:37et qui va un peu l'introduire
13:40dans les milieux du cinéma.
13:41Et puis, il a quand même une gueule.
13:44Il a quand même une gueule.
13:44Il a une gueule et une présence
13:46et un magnétisme incroyable.
13:47Il a une présence, il y a quelque chose.
13:47Et puis, il y a une forme de décontraction,
13:50même quand on le voit dans ses premiers films
13:52qui ne sont pas des chefs-d'oeuvre.
13:54Il y a une forme de décontraction,
13:56sa manière de bouger.
13:57Il y a quelque chose de très naturel.
13:59Il a ce sel de la rue,
14:01du petit mec, des faubourgs,
14:02des quartiers populaires de Paris.
14:04Et ça fonctionne super bien.
14:05C'est un effet de cours de théâtre, il a jamais.
14:07Mais jamais, mais rien.
14:08Mais rien, mais c'est ça, sa force.
14:11C'est que c'est un objet brut.
14:13C'est quelque chose
14:13qui n'a absolument pas été formaté.
14:16Et il se présente à la caméra avec ce...
14:19Il suffit de voir,
14:20il faut voir l'Effé Lain,
14:22qui est un des films
14:23dont j'ai choisi de parler dans le documentaire,
14:26qui est un film un peu méconnu,
14:27mais qu'il faut absolument voir,
14:28parce que d'abord,
14:29Jane Fonda est de nom,
14:30c'est ahurissant.
14:32Mais la manière dont il bouge devant la caméra,
14:35c'est absolument ahurissant.
14:37Pourquoi vous êtes intéressé à Delon ?
14:39Vous l'aviez rencontré ?
14:40Oui, alors Delon,
14:41ma maman a travaillé au studio de Boulogne,
14:44donc ça fait un peu partie
14:45de l'histoire familiale.
14:48Mais j'ai trouvé que Delon
14:50était quelqu'un dont on parlait tout le temps,
14:53mais vraiment pour les mauvaises raisons.
14:55C'est-à-dire qu'on s'intéresse à sa famille,
14:57alors que la cinémographie est incroyable.
15:01C'est absolument incroyable.
15:02C'est ce lien que vous faites
15:03et que font tous ceux que vous interrogez
15:04entre sa personnalité
15:06et les rôles qu'il a incarnés.
15:09C'est-à-dire que c'est quelque chose
15:13qu'on est au niveau presque de Brando
15:16ou de Pacino.
15:18C'est cette dimension-là de Delon.
15:19C'est quelque chose d'instinctif,
15:21en même temps de très artistique,
15:23et puis de fascinant,
15:26parce que cette beauté,
15:27on a l'impression qu'elle sort de nulle part,
15:29et elle peut raconter plein de choses différentes.
15:34Mais il ne sera jamais aimé par le milieu du cinéma ?
15:38Sur la fin de sa vie, non.
15:41Sur la fin de sa carrière, non.
15:43Je pense qu'il y a une vraie cassure
15:44à partir du moment où il aura un ressentiment
15:47quand M. Klein ne sera pas récompensé à Cannes.
15:51Ça va provoquer quelque chose
15:53quand il n'ira pas chercher son César.
15:55Et en même temps, on se dit qu'il y a ce côté indomptable.
16:01Ça fait partie du côté indomptable du fauve
16:03d'entretenir des rapports très conflictuels
16:05avec le milieu du cinéma.
16:07Ce n'est pas quelqu'un qui rentre dans le moule.
16:09Ce n'est pas quelqu'un qui se met dans le rang.
16:10Et je trouve que ça le rend encore plus intéressant et attachant.
16:13Mais vers la fin de sa vie,
16:15il a eu beaucoup d'hommages.
16:17Il y a eu une reconnaissance peut-être tardive,
16:19mais qui est arrivée finalement.
16:20Oui, elle est arrivée,
16:24mais on est obligé de s'incliner.
16:26C'est impossible de ne pas s'incliner
16:29devant quelqu'un qui a tourné
16:30avec vraiment les plus grands.
16:32À chaque fois, il faut le répéter.
16:35Mais c'est quand même une carrière ahurissante.
16:37Sur 15 ans, c'est absolument phénoménal.
16:40Oui, parce que sa carrière a été relativement...
16:42Enfin, les films importants,
16:44c'est une carrière assez courte finalement.
16:46C'est sur 15 ans.
16:47Mais ce qui est déjà très long
16:50dans l'histoire du cinéma, c'est très très long.
16:52Oui, vous dites que c'est moins que Belmondo
16:53dans le documentaire.
16:55C'est-à-dire que les grands Belmondo,
16:56si les grands Belmondo,
16:58ça s'arrête relativement rapidement.
17:03De long, on peut aller jusqu'à...
17:06Si on admet que M. Klein
17:08est son dernier très très grand rôle,
17:10on est sur 15 ans
17:11avec des films absolument exceptionnels.
17:13Oui, et en tout cas,
17:15ce qui est formidable dans ce document,
17:17c'est de réaliser qu'il a tourné
17:19avec les plus grands.
17:20C'est un des rares à avoir eu cette carrière-là.
17:23Vous mettez ce CV sur la table.
17:24C'est la plus belle carrière du cinéma.
17:27En tout cas, du cinéma français.
17:28Oui, français, bien sûr.
17:30Il y a le lien avec Gabin aussi
17:32que vous évoquez, lien très fort.
17:35Parce qu'il y a une forme,
17:37je pense que Delon est quelqu'un
17:38qui n'a pas eu de paire.
17:38Donc, on comprend facilement
17:41qu'il va chercher
17:41un rapport paternel ailleurs.
17:45Et Gabin, c'est l'immense figure tutélaire
17:48du cinéma français.
17:49Et je pense que se mesurer,
17:50même pour son égo,
17:52se mesurer à Gabin,
17:53c'est tout à fait normal.
17:56C'est compliqué de faire un doc comme ça,
17:59d'aller chercher des extraits,
18:01de retrouver des films,
18:04des archives ?
18:04Alors, c'est pas très, très compliqué.
18:08D'abord, parce que c'est des films
18:11qui appartiennent,
18:14qui font partie de grands catalogues aujourd'hui.
18:16La vraie difficulté,
18:17elle est d'abord un peu financière
18:18parce que les extraits coûtent cher.
18:20On aurait aimé toujours en mettre plus.
18:22Il y a certaines archives...
18:23C'est pour ça que les extraits
18:26ne sont pas en longueur.
18:27Oui, voilà.
18:28Ça coûte quand même très cher.
18:29Aujourd'hui, c'est un trésor de guerre
18:31aujourd'hui pour les gens
18:33qui exploitent ces catalogues.
18:35Juste pour nos auditeurs,
18:36puisqu'on est une émission média,
18:38une minute d'un extrait de Delon,
18:39ça coûte combien ?
18:40On peut aller jusqu'à...
18:44Selon la durée d'exploitation,
18:47les territoires sur lesquels c'est exploité,
18:49on peut aller jusqu'à 4 000 euros la minute.
18:51Donc, voilà.
18:53Et puis, après, il y a d'autres archives.
18:55L'INA a des archives fabuleuses,
18:57mais qui coûtent très cher
18:58parce qu'il y a un journaliste français
19:01bien connu qui impose des tarifs.
19:04Donc, on est dans une économie
19:05un peu compliquée
19:06et qui est forcément un petit peu frustrante.
19:08Vous avez eu des contacts
19:10avec sa famille, ses enfants ?
19:11Pas du tout.
19:11Non, non, non.
19:12On fait un doc comme celui-là ?
19:13Non, non, c'était pas le sujet.
19:15Et à partir du moment
19:16où on prend contact avec la famille,
19:18je pense qu'on se prie
19:19d'une certaine liberté.
19:20Oui, oui.
19:21Sûrement, certainement.
19:22Voilà, même si le doc n'est pas...
19:24Je veux dire, je ne révèle rien.
19:26Je ne vais pas du tout sur ce terrain-là.
19:27Vous n'allez absolument pas sur le...
19:28Enfin, vous allez sur l'intime,
19:30sur les relations qu'il a,
19:32sur sa blessure,
19:33sur sa fracture originelle de l'enfance.
19:36Mais la famille n'aurait pas...
19:38Non.
19:38Voilà, ça n'aurait pas été très intéressant
19:40de toute façon.
19:40Non.
19:41Mais par contre,
19:42vous expliquez comment le passage...
19:44Un des passages les plus importants,
19:46c'est comment il est fasciné par Visconti.
19:47C'est surtout que Visconti est fasciné par lui.
19:52Visconti, pour Visconti,
19:53qui est une sorte d'esthète absolue,
19:56je pense qu'il voit Delon apparaître
19:57comme si on lui avait dit
19:59un tableau de...
20:00On lui amenait
20:01une réalisation de Michel-Ange
20:03inédite.
20:05c'est-à-dire qu'il voit Delon
20:06comme une apparition.
20:07Et...
20:08Après, il y a une fascination
20:11parce que Visconti va l'introduire
20:13à tout un univers de culture
20:14et que la fascination,
20:16elle est réciproque.
20:18Et surtout,
20:18il lui offre un rôle.
20:20J'ai dit, Rocco,
20:21c'est quand même un...
20:22C'est un rôle absolument fabuleux.
20:24Et là, on voit Delon
20:26dans toute sa fragilité.
20:29Il va chercher quelque chose
20:30chez Delon
20:31qui est...
20:31C'est bouleversant.
20:32Oui.
20:33Il y a son rapport
20:33avec les femmes
20:35et l'auditeur pose la question
20:36sur sa bisexualité,
20:38sur son rapport aux femmes,
20:41en particulier Romy Schneider,
20:42qu'il a idolâtré...
20:45Il n'y a pas d'autre mot.
20:46Quand on le croisait,
20:48il parlait toujours
20:49de Romy Schneider.
20:50Il avait sa photo sur lui.
20:51Et c'est lui, d'ailleurs,
20:52dans la piscine
20:53qui avait exigé...
20:54Moi, je l'ai appris
20:54dans votre doc
20:56qu'on remette son nom
20:57au générique.
20:58C'est un des grands,
20:59grands coups de génie
21:00de Delon.
21:01C'est d'imposer...
21:02De dire au producteur
21:03non, non.
21:03Ça se fait avec Romy Schneider
21:05ou sinon, moi,
21:06je ne suis pas là.
21:07Non.
21:07Et de reconstituer ce couple,
21:09la piscine,
21:10c'est un coup de génie
21:12marketing absolu.
21:13C'est-à-dire,
21:13de reconstituer ce couple
21:15quasiment dix ans après
21:16avec...
21:18où ils sont...
21:19Bon,
21:19ils n'ont plus du tout
21:20ces physiques,
21:21juvéniles
21:21et de montrer
21:23une érotisation
21:25de leur relation
21:26à l'écran.
21:27Comme ça,
21:27c'est vraiment
21:28un coup de génie.
21:29Et après,
21:30vous dites,
21:31à la fin du doc,
21:33un tel personnage,
21:34c'est quand même triste
21:35qu'il finisse seul
21:36avec ses trois chiens.
21:38Oui,
21:39alors nous,
21:39ça nous paraît très triste.
21:41C'est ce qu'il voulait,
21:42peut-être.
21:42Est-ce que c'est ce qu'il voulait ?
21:43Je pense que,
21:44dans une certaine mesure,
21:46oui.
21:47Moi,
21:47j'ai choisi,
21:48dans le documentaire,
21:49de ne pas m'apesantir
21:50sur sa fin de carrière
21:52qui est,
21:53en tout cas artistiquement,
21:54très discutable.
21:56Mais sur les choix
21:56qu'il a fait,
21:57le film,
21:57sur la danse
21:58qu'il a fait.
21:58Il y a des films policiers
22:00très commerciaux,
22:01après il fait des séries télé,
22:03bon.
22:04Mais c'est toujours pareil,
22:05quand vous avez tutoyé
22:07les sommets à ce point-là,
22:08qu'est-ce qu'on peut faire
22:09de mieux derrière ?
22:09Mais est-ce qu'il l'a mal géré,
22:10justement,
22:11sa carrière,
22:11sa fin de carrière,
22:12en acceptant des choses ?
22:14C'est par moi de le dire,
22:15je pense qu'il aurait pu,
22:17il aurait pu tenter autre chose.
22:19Il a tenté des choses
22:20avec Godard,
22:22avec Blié,
22:23mais c'est toujours
22:26très compliqué
22:26quand on a travaillé
22:27avec les plus grands
22:28et quand on a vécu
22:29l'âge d'or
22:30du cinéma européen,
22:33c'est toujours
22:34très très compliqué
22:35derrière d'enchaîner.
22:36Et puis l'âge d'or
22:37des flics,
22:37des policiers
22:38a totalement disparu.
22:40On ne fait plus
22:41de vieux,
22:43enfin de policiers,
22:46de la pègre,
22:46de choses comme ça,
22:47ça n'existe plus vraiment.
22:48Léo Diaz,
22:49des choses comme ça.
22:50Marshall,
22:51il aurait pu,
22:52on aurait pu imaginer
22:55qu'il travaille
22:56avec Olivier Marshall.
22:59Oui, c'est vrai,
22:59c'est une bonne idée.
23:00Mais je pense
23:01que chez Delon,
23:02il y avait toujours
23:03cette nostalgie
23:04de ce qu'il a connu,
23:06de cet âge d'or
23:07du cinéma
23:08des années 60,
23:0970.
23:10Et quand on a fait
23:12des polars
23:13avec Melville,
23:14est-ce que derrière
23:14c'est possible
23:15de travailler
23:16avec d'autres gens ?
23:17Je ne sais pas,
23:18je pense que c'est compliqué.
23:19En tout cas,
23:19c'est à découvrir
23:20sur MyCanal
23:22ou ce soir
23:23à partir de 21h
23:24sur Canal Plus Doc.
23:26Alain Delon,
23:27un certain regard.
23:29Merci Vincent Martin
23:29d'avoir été avec nous.
23:30et on est vraiment
23:31capté par l'image
23:33de Delon,
23:34par sa présence,
23:35son physique
23:36et vous apprendrez
23:38beaucoup de choses.
23:39Merci à vous.
23:39On se retrouve
23:40dans un instant
23:41avec 60 millions
23:42de consommateurs.
23:43A tout de suite.
23:46Le 10h midi,
23:47Sud Radio Média,
23:49Valérie Expert,
23:50Gilles Ganzmann.