L'invité d'ICI Matin : Romain Humbert, porte-parole régional et vice-président national de l'association "Médecins pour Demain".
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00:00Ici Orléans, 8h13, on commence la journée avec vous Lydie Lae, bonjour.
00:04Bonjour Marc, bonjour à tous.
00:05Vous allez peut-être trouver porte-close aujourd'hui en allant chez votre médecin,
00:09un appel à la grève illimitée, on le précise, démarre ce lundi.
00:13Et on en parle maintenant Lydie avec le porte-parole régional de l'association Médecins pour Demain.
00:17Oui, qui est aussi vice-président national. Bonjour Romain Baer.
00:23Bonjour Lydie Lae, merci de me donner la parole aujourd'hui.
00:25Merci d'être là, une grève illimitée, donc on le dit, elle concerne les généralistes, les internes,
00:31les étudiants en médecine, les praticiens hospitaliers.
00:34Dit comme ça, à quoi doivent s'attendre les patients à partir d'aujourd'hui ?
00:39Ils doivent s'attendre à une réaction massive des médecins pour défendre l'avenir de l'accès aux soins pour tous les Français.
00:47Notre objectif aujourd'hui, c'est de faire en sorte que demain, on trouve des médecins.
00:52Et pour ça, on a besoin de s'exprimer, d'évoquer la problématique,
00:57et notamment tout ce qui vient de se passer au niveau à la fois législatif et à la fois les annonces du gouvernement.
01:02Donc on a besoin de sensibiliser à ce sujet.
01:06Et on a besoin de sensibiliser à ce sujet.
01:08Et pour ça, malheureusement, on doit passer par une grève
01:11qui nous est imposée finalement par les annonces, encore une fois, du gouvernement.
01:16Alors, ces annonces, les raisons de la colère, il y a la proposition de loi qui est en cours d'examen à l'Assemblée nationale
01:22depuis le début du mois, dont l'article 1 qui prévoit de réguler les installations de médecins et passer.
01:28Vous dites, c'est inefficace et contre-productif.
01:33Exactement.
01:34Notre problématique aujourd'hui, ce n'est pas tant l'accès à un médecin à proximité de chez soi,
01:40c'est que ce médecin vous accueille.
01:42Le vrai problème, c'est qu'aujourd'hui, la majorité des médecins disent « je ne reçois pas de nouveaux patients ».
01:47Des médecins, il y en a partout.
01:49Le problème de la répartition des médecins est un faux problème.
01:51Les médecins sont mieux répartis que la plupart des professionnels de santé,
01:54et notamment des infirmiers dont la répartition est régulée.
01:58Donc le fait de réguler une répartition ne va pas améliorer les choses
02:01à partir du moment où il n'y a pas assez de professionnels de santé.
02:03Donc le vrai problème de cet article, c'est qu'on n'a pas considéré la chose la plus importante
02:08pour avoir des médecins, c'est l'attractivité.
02:10Aujourd'hui, la plupart des médecins de famille qui pourraient s'installer ne le font pas.
02:16C'est-à-dire que les chiffres du Conseil national de l'ordre des médecins
02:19nous disent que 60% des médecins de famille formés vont aller vers des postes salariés.
02:24Donc ne pas faire de médecine de famille.
02:25Et ça, c'est notre plus gros problème, c'est de permettre aux médecins de s'installer demain
02:29et d'avoir des mesures attractives pour que les médecins aient enfin envie de s'installer où on en a besoin.
02:36François Bayrou a amplifié la colère vendredi dernier avec son pacte de lutte contre les déserts médicaux.
02:42Ça ne satisfait personne, ni les jeunes médecins, ni les plus anciens quand il dit
02:47qu'il faudrait aller travailler deux jours par mois dans un désert médical
02:53pour apporter une offre justement à ceux qui n'ont pas de médecin.
02:56Pour vous, concrètement, c'est impossible ?
03:01Ça part d'une bonne idée.
03:02En fait, ça part de nos idées.
03:04C'est-à-dire que l'idée de se dire qu'on va permettre à des médecins de libérer leur cabinet
03:08si on leur autorise à être remplacé dans leur cabinet principal
03:12et donc de ne pas abandonner nos patients, parce que c'est ça aussi qui est important.
03:16Les médecins qui vont aller dans des aires médicaux, il ne faut pas que leurs patients soient abandonnés.
03:21Ce que nous demande François Bayrou par ces mesures, c'est d'abandonner nos patients.
03:25C'est-à-dire nous obliger, c'est d'aller vers les déserts médicaux comme nous, on le demande.
03:30Il n'y a aucun problème à se dire qu'on peut donner quelques jours sur la base du volontariat
03:35et par des mesures incitatives et non coercitives.
03:38C'est le vrai problème de tout ça.
03:40Obliger les médecins, c'est dégoûter les jeunes de s'installer.
03:43Obliger les médecins, et obliger les médecins à faire des gardes aussi,
03:45parce que ça a été quelque chose qui a été repris.
03:48Les gardes en nuit profonde, c'est-à-dire en plein milieu de la nuit,
03:51se dire qu'il va falloir qu'on soit réveillés pour une, deux, trois consultations.
03:55Et que le lendemain, on continue à consulter ou pas,
03:57parce que certains ne seront pas capables d'enchaîner deux jours de suite
04:00et de ne pas dormir pendant 36 heures à travailler,
04:03à avoir leurs 30 ou 40 ou 50 patients du lendemain.
04:06C'est-à-dire que pour trois urgences nocturnes qui pourraient être régulées autrement
04:10et sur lesquelles on propose des solutions,
04:13il faudrait aujourd'hui se dire que les patients du lendemain, on les abandonne.
04:17On ne peut pas entendre ça, en fait.
04:19François Bayrou nous a dit, j'ai entendu vos idées,
04:23je vais les appliquer autrement,
04:24et j'ai imaginé que les appliquer autrement, c'était d'abandonner vos patients.
04:28Non, stop, ce n'est pas possible.
04:30Effectivement, ça a amplifié les choses.
04:32Oui, le texte de loi, donc en discussion, ça ne va pas,
04:34les propositions de François Bayrou, ça ne va pas.
04:37Comment on fait pour arriver à un meilleur maillage du territoire ?
04:41Parce que, voilà, il est là la question.
04:43Il y a quand même 6 millions de Français qui n'ont pas de médecin traitant.
04:47Ça ne va pas pouvoir continuer longtemps comme ça ?
04:50Exactement.
04:51Et s'il y avait une mesure simple, immédiate, on l'aurait déjà appliquée.
04:55Donc, il n'y a pas de solution facile à une problématique aussi complexe.
05:01Les solutions, elles vont être des solutions de terrain.
05:036 millions de Français qui n'ont pas de médecin traitant.
05:07Il faut savoir qu'un médecin traitant, c'est à peu près 1 000 patients qu'il peut suivre.
05:10Donc, ça veut dire qu'il nous manque 6 000 médecins.
05:12Les chiffres qu'on a, c'est qu'on a 5 000 médecins qui sont à l'étranger.
05:15Des médecins français qui pourraient soigner la population en France,
05:18soignent des gens à l'étranger.
05:205 000 médecins sont possibles à...
05:22Donc, ceux-là, on leur dit revenez.
05:23...venir aujourd'hui, mais par exemple, ça fait partie des mesures qui sont nécessaires.
05:28Et pour inciter des médecins à venir, il va falloir simplifier les choses.
05:32Les propositions à l'Assemblée nous disent,
05:37l'article 1 dont on parlait tout à l'heure, nous disent,
05:39on va réguler les médecins et pour ça, on va augmenter la complexité à s'installer.
05:42On va demander aux ARS de compliquer l'installation pour les jeunes médecins.
05:46Impossible.
05:46De la même manière, les médecins étrangers,
05:48il faut simplifier les mesures pour revenir en France.
05:50On demande des simplifications administratives depuis le début.
05:53À chaque fois qu'on nous en promet, on voit une complexification sur le terrain.
05:57C'est l'inverse qui se passe en réalité.
05:58Simplifions réellement les choses.
06:00Appelez-nous et on va vous aider à expliquer aux politiciens, aux administratifs,
06:05ce qui nous complique la vie au quotidien.
06:07Et jusqu'ici, l'appel reste à l'être morte.
06:11On n'est pas sollicité à chaque fois qu'on veut simplifier les choses.
06:15Les choses ne sont simplifiées que pour ceux qui simplifient.
06:17C'est-à-dire, souvent, l'assurance maladie va essayer de simplifier les choses pour eux,
06:22pas pour les médecins.
06:23Un dernier mot et rapidement, Romain Humbert.
06:26Vous manifestez demain dans la région, à Orléans, à Tours ?
06:30Non.
06:32L'appel à manifester va se faire à Paris.
06:34Il y aura des manifestations partout en France.
06:36Médecins pour demain appellent à manifester à Marseille, à Lille, à Brest.
06:40Pas mal de villes en France.
06:42Pour la région centre, les médecins sont appelés à manifester à Paris.
06:45Petit espoir, juste, ce sont des mesures transitoires avant que les nouveaux médecins arrivent.
06:51Demain, beaucoup de médecins sont formés aujourd'hui.
06:54Les choses sont en train d'arriver.
06:55Demain, ces médecins vont s'installer.
06:57On a besoin de mesures transitoires, simplement.
06:58Merci beaucoup, Romain Humbert, président régional de l'association Médecins pour demain
07:02et vice-président national de ce mouvement.
07:04Bonne journée.