Reportage -
Octobre 1981 -
Comm FRA
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00:00J'ai l'air le goût. Avec les derniers résultats de l'équipe de France, on a l'impression, compte tenu du contexte intérieur-extérieur, que l'état de grâce est un peu terminé pour vous. Vous avez ce sentiment ?
00:14Oh ben oui, ça fait partie d'ailleurs d'autres métiers. On sait bien que c'est un peu ça. Il y a le flux et le reflux. Et quelquefois, c'est plus de difficultés que de popularités.
00:26Mais c'est la fonction qui veut cela. On y est un petit peu préparé, même si on a du mal à l'accepter. Et c'est ce que nous faisons actuellement.
00:34Et vous, vous avez fait des erreurs ? Vous avez le sentiment d'avoir fait ?
00:36Oh, je pense avoir fait beaucoup d'erreurs. Et si un jour quelqu'un réussit, c'est aussi, après avoir fait beaucoup d'erreurs, des erreurs, mais pas de fautes, parce que j'ai toujours fait ça avec honnêteté et comme un professionnel.
00:49J. Nelgo, vous êtes bien avec tout le monde. Vous êtes bien avec les joueurs. Vous êtes bien avec les dirigeants, avec les journalistes. Alors est-ce que votre fonction peut faire cette politique-là ?
01:01Je ne sais pas d'être bien avec tout le monde. J'essaie de ne pas faire de mal, surtout. Et là aussi, le mal et le bien, maintenant, on s'en fout totalement.
01:09Moi pas. Et je continuerai à agir de la sorte. J'essaie de faire mon métier vis-à-vis des journalistes. J'essaie d'avoir la confiance des dirigeants en faisant également mon métier.
01:18J'essaie aussi d'avoir la confiance des joueurs. Et quand je ne l'aurai plus, eh bien, je saurai me retirer. Mais pour l'instant, si on me le demande, je resterai jusqu'à la fin de mon mandat.
01:28Certain disent que vous êtes très politique, finalement.
01:31Très politique ? Je ne connais pas tout à fait le sens de ce mot-là. J'essaie de servir et de défendre le football. J'essaie de servir et de défendre l'équipe de France.
01:43Servir et défendre les joueurs, ça ne va pas plus loin que ça.
01:46Si l'équipe de France ne se qualifie pas, vous démissionneriez de votre poste de directeur de l'équipe de France ?
01:51Je ne démissionnerai pas. Si je le répète, si je ne peux plus travailler dans les bonnes conditions parce qu'il n'y a plus de confiance, je saurai me retirer.
01:59Mais si on me laisse aller jusqu'au bout de mon contrat, je le répète, je suis un professionnel. Sauf si toute la France veut qu'il y ait un chômeur de plus. Alors là, oui.
02:09Certains joueurs ont dit, moi je ne viens pas si je ne joue pas, je ne viens pas si je ne joue pas à ce poste-là. Est-ce que c'est normal ? Est-ce que vous devez accepter ces choses-là ?
02:18Je n'ai jamais rien accepté. Je le dis hautement et fermement quand un joueur m'a téléphoné pour me dire, moi je veux bien venir s'il prend tous ses risques.
02:26Mais il m'a dit cela quand la sélection a été faite. Mais jamais un joueur n'a su m'imposer quoi que ce soit ou alors qu'il le dise fermement.
02:35Et je n'ai subi, et je le répète, c'est aussi quelque chose que je veux mettre en avant. C'est que dans le football français, ça va faire 6 ans que je suis responsable des équipes nationales.
02:45Et jamais je n'ai subi une pression quelconque, ni de la part d'un dirigeant, ni de la part d'un entraîneur, ni de la part d'un joueur.
02:53Et ce qui me fait dire que je travaille dans les meilleures conditions.
02:56Le football français ne va pas très bien en ce moment au niveau des clubs.
03:00Et vous donnez parfois l'impression de tâtonner, de ne pas savoir exactement ce que vous voulez, d'hésiter en somme.
03:07J'ai quelques hésitations effectivement parce que je pense que nos certitudes sont toujours basées sur des doutes.
03:14Et c'est pareil d'ailleurs dans notre formation. On n'a aucune certitude au départ. Il faut beaucoup travailler sur le tas.
03:21Si nous étions champions du monde, je crois qu'on n'aurait plus de doutes. Nous ne le sommes pas.
03:28Et c'est pour cela que l'escalade est difficile. Mais ça fait partie, je le répète, de la formation que de tout baser sur des incertitudes et des doutes.
03:38Si les Néerlandais battent les Belges, en somme, le match contre l'Irlande ne servira à rien.
03:43Que vous soyez vainqueur ou vaincu, il faudra de toute façon battre les Néerlandais au Parc des Princes.
03:48Alors quand on connaît un peu les Néerlandais, est-ce qu'on peut se demander si une équipe de France est capable de le faire dans un match qui sera ô combien physique ?
03:57Ça sera bien sûr si on est acculé à cette obligation, à cette psychose d'obligation de gagner.
04:03Ce n'est pas facile de jouer contre des Hollandais qui sont des véritables machines à compétition, même s'ils n'ont plus le lustre d'antan.
04:12Mais je compte aussi sur les joueurs, lorsqu'il y a des matchs importants, ils ont su se transcender et être stimulés justement par l'importance de la rencontre.
04:22Et jouant chez nous, on peut espérer qu'il y a une possibilité de victoire.
04:26Mais ce qu'il ne faut pas, c'est justement être acculé à cette solution.
04:30Et pour cela, il fallait prendre un point ou deux points.
04:32Merci d'avoir regardé cette vidéo !