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Plongez dans l’histoire de la bombe Tsar, l'arme la plus puissante jamais construite, dont l’héritage dévastateur est toujours enfoui sous terre. De ses origines en pleine guerre froide aux essais nucléaires soviétiques des années 1960, explorez comment cette arme a marqué un tournant dans l’évolution des explosifs et de la guerre moderne. De l’explosion des mines de Messine à la tragédie de Halifax, l’histoire des explosifs se révèle être un témoin des destructions massives et des menaces persistantes, même dans notre monde contemporain.

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Transcription
00:00Le secret de ce qui est enfoui sous cette ferme n'a jamais été dévoilé jusqu'à aujourd'hui.
00:09Il s'agit de la bombe non explosée la plus puissante du monde.
00:13Elle peut détruire la ferme et la route et tuer quiconque se trouve à proximité.
00:20Personne ne soupçonnait sa présence, surtout pas le fermier,
00:24avant que des chercheurs ne trouvent de vieux documents indiquant l'emplacement de ces 25 tonnes d'explosifs.
00:30Au bout d'un tunnel à 21 mètres sous terre.
00:35Ce récit étonnant témoigne des tentatives de l'homme en vue de produire l'ultime explosion.
01:00Depuis plus de mille ans, en temps de guerre, comme en temps de paix,
01:14paraît à faire feu, feu !
01:16Les humains perfectionnent la technologie mortelle et dévastatrice, des explosifs.
01:21Aucune autre technologie n'a évolué autant et aussi vite.
01:29En un demi-siècle, on a produit des explosifs 100 000 fois plus puissants
01:32qui ont mené à ceci.
01:35C'est l'explosion la plus forte jamais produite par l'homme.
01:44Les seules détonations plus puissantes ont résulté de l'impact d'un astéroïde ou d'une météorite.
01:48La bombe atomique, qui exploite l'énergie de particules invisibles à l'œil nu
01:52et d'une rapidité inimaginable, a changé le cours de l'histoire.
01:57Mais les explosifs conventionnels de l'ancienne poudre à canon TNT d'aujourd'hui
02:01demeurent très puissants.
02:05Comment fonctionne-t-il ?
02:07Nous allons en faire l'essai
02:08pour voir lesquels sont sensibles au choc
02:11ou à la chaleur.
02:14Et un extraordinaire périple souterrain
02:16nous fera découvrir que même des explosifs oubliés sous terre pendant des décennies
02:21restent toujours dangereux.
02:26La violence est au cœur de l'histoire du village belge de Messines.
02:31C'est ici, pendant la Première Guerre mondiale,
02:36que la terrible puissance des explosifs a été démontrée pour la première fois.
02:41Voici les indices.
02:43Ces gigantesques cratères, aujourd'hui remplis d'eau de pluie,
02:47vestiges d'un fait de guerre assez extraordinaire.
02:50Plus de 450 000 kilos d'explosifs, bien enfouis sous terre,
02:54ont explosé, tuant 10 000 soldats, qui ne se doutaient de rien.
02:58Ce sont les 30 secondes les plus sanglantes de l'histoire des conflits armés.
03:03C'était inédit.
03:05On n'avait jamais utilisé autant d'explosifs dans un espace aussi restreint.
03:10On a élaboré ce plan en désespoir de cause.
03:14En 1916, la Première Guerre mondiale s'enlise.
03:18Les deux protagonistes, de force égale, piétinent.
03:21Les Britanniques convoitent Messines pour une seule raison,
03:27la crête qui domine les plaines de la Belgique.
03:34Les Britanniques, en bleu, occupent le bas de la crête de Messines.
03:40L'ennemi les surplombe de sa position imprenable.
03:43Des milliers de jeunes hommes ont été massacrés en tentant de conquérir ce point dominant.
03:51Ne peuvent-ils rien faire pour percer la défense des Allemands ?
03:58À Messines, les Britanniques entrevoient une cuisante défaite.
04:04Jusqu'à ce que l'une des plus anciennes ruses de guerre leur offre une issue.
04:09Les tranchées étaient souvent très rapprochées.
04:16Le contexte s'apparentait beaucoup à un siège.
04:22Les anciennes techniques de siège consistant à creuser,
04:26puis à attaquer par en dessous,
04:27afin de détruire les défenses de l'ennemi,
04:30se sont vite imposées.
04:34Soudain, un nouveau genre de combattant apparaît sous le front ouest.
04:39Ils ne sont pas armés de fusils, mais de pioches et de pelles.
04:47Bien qu'ils s'inspirent de l'histoire ancienne,
04:49ce plan a une telle envergure qu'on a peine à l'imaginer.
04:55Les Britanniques creusent en secret un grand réseau de tunnels
04:59jusqu'aux tranchées allemandes.
05:01Au bout de chacun de ces tunnels,
05:05on éménage une enceinte
05:06qu'on va remplir d'énormes quantités
05:08d'un nouvel explosif très puissant,
05:11appelé Amonal.
05:13On y transporte 40 000 sacs de 12 kilos chacun.
05:16La réalisation du plan prend une année.
05:23Mais pendant tout ce temps,
05:24on y a mis un million de livres d'explosifs.
05:27La plus grande quantité jamais placée au même endroit,
05:30juste sous l'armée allemande.
05:32Prête à exploser.
05:33Les commandants britanniques qui ont conçu le plan de Messines
05:40ont exigé le nouvel explosif Amonal.
05:44Les premières livraisons n'ont pas tardé.
05:47L'Amonal a des propriétés particulières,
05:49idéales pour la guerre des mines.
05:52Il possède une grande force de soulèvement.
05:55C'est un explosif qui brûle lentement,
05:57de sorte qu'il déplace les choses
05:59au lieu de les briser par la chaleur.
06:03L'Amonal a été conçu dans ce but,
06:08bien que le principe de tous les explosifs chimiques
06:11soit exactement le même.
06:14Voici de la poudre noire,
06:16ou poudre à canon,
06:18le plus ancien explosif connu inventé par les Chinois
06:20il y a plus d'un millier d'années.
06:24Je l'étends ici sans la confiner d'aucune façon.
06:29La poudre est entassée simplement.
06:31Rien ne la retient.
06:34Il faut amorcer la poudre noire.
06:36Je vais placer ce détonateur à retard dans la charge,
06:38l'allumer,
06:39et j'aurai le temps de m'éloigner à une distance sécuritaire
06:41avant que la charge n'explose.
06:42La poudre ne fait que brûler
06:57et elle dégage de la fumée
06:58et des gaz chauds inoffensifs.
07:01C'est ce qu'on appelle une déflagration
07:04par opposition à une détonation.
07:06Qu'arriverait-il si ces gaz ne pouvaient s'échapper ?
07:12On place la même quantité de poudre à canon
07:15dans un cylindre de carton.
07:16Cette fois, une puissante explosion se produit.
07:32Les gaz ne pouvaient s'échapper,
07:34la pression s'est accrue.
07:35Il en ira de même à Messines,
07:40mais à une échelle gigantesque.
07:45L'amonal est confiné dans des enceintes
07:47et ses ingrédients le rendent trois fois plus puissant
07:49que la poudre à canon.
07:50L'amonal est constituée aux deux tiers environ
07:56de nitrate d'ammonium,
07:57l'autre tiers se composant de TNT,
07:59d'aluminium et d'une certaine quantité de charbon.
08:04Alors, quelle est sa véritable puissance ?
08:08Nous allons en faire exploser 4,5 kilos,
08:10environ 9 livres.
08:12À Messines, chaque mine pouvait en contenir 40 000 kilos.
08:16La charge amorcée,
08:21seul l'expert et un appareil photo à télécommande
08:23peuvent se trouver aussi près.
08:25La distance sécuritaire minimale
08:27dans le cas de cette explosion, 300 m.
08:31On vérifie le circuit de mise à feu, puis...
08:35Parait à faire feu ?
08:37Feu !
08:39Projeté à une trentaine de mètres dans les airs,
08:44les débris mettent un certain temps à retomber.
08:49Alors, quel dommage notre mine miniature a-t-elle causé ?
08:55Voici le résultat avec seulement 4,5 kilos.
09:00Durant la Première Guerre mondiale,
09:01les charges étaient 10 000 fois plus fortes.
09:05Les Britanniques espèrent que cette charge,
09:07multipliée par 1 000,
09:09va anéantir la quatrième armée allemande.
09:12Les Britanniques voulaient l'explosion la plus puissante
09:17que le monde ait connue.
09:19Non seulement pour faire sauter les Allemands,
09:21mais pour produire un tremblement de terre artificiel,
09:24donner un choc psychologique à l'adversaire.
09:27Les Britanniques comptent sur la surprise.
09:29Mais comment une entreprise aussi vaste
09:31peut-elle rester secrète ?
09:3350 000 hommes travaillaient au minage
09:37et l'effort logistique était énorme.
09:39Il fallait du bois, des explosifs,
09:41de l'équipement spécial.
09:43On cache même l'existence des tunnels
09:46aux soldats britanniques,
09:47au cas où ils seraient capturés et interrogés.
09:51La plus grande menace ne vient toutefois pas
09:52des interrogateurs allemands,
09:54mais de la géologie locale.
09:57Sous terre, les ouvriers creusent
09:59dans ce qu'on appelle de l'argile bleue.
10:01Ils font en remonter des dizaines
10:03de milliers de tonnes à la surface.
10:07L'argile bleue se démarquait du sol de surface.
10:10Les Allemands effectuaient des vols
10:12de reconnaissance tous les jours.
10:13Ils auraient pu apercevoir les endroits
10:15où l'argile bleue se concentrait.
10:16Et alors, ils auraient su que c'est là qu'on creusait.
10:21Pour préserver le secret,
10:23chaque pelleté d'argile bleue
10:24est mise dans des sacs de sable
10:26qu'on transporte loin du front
10:27à la tombée de la nuit.
10:29Ils la mettaient dans des trous d'obus
10:32qu'ils recouvraient de terre
10:34où ils s'en servaient pour combler
10:36les vieux abris non utilisés.
10:38Mais ils devaient la dissimuler.
10:42Enfin, au moment où les Allemands
10:44allaient percer le secret,
10:46on termine la construction
10:47du réseau de tunnels.
10:49Toutes les mines vont exploser simultanément.
10:56Puis, les troupes vont mener l'assaut
10:59vers le sommet de la crête de Messines.
11:02On ne laisse rien au hasard.
11:05Comme leurs homologues du XXIe siècle,
11:07les généraux britanniques commandent
11:08une immense maquette de Messines
11:10que les soldats peuvent étudier.
11:12Ils envoient cent mille soldats au front
11:15et l'artillerie bombarde massivement
11:18les tranchées allemandes
11:19jusque dans la nuit précédant l'attaque.
11:27L'aube approche.
11:29On place les câbles de mise à feu.
11:31On branche les détonateurs.
11:33Les soldats se préparent à donner l'assaut.
11:36Les mines vont sauter à 15h10 exactement.
11:39Juste avant leur hache,
11:47le pilonnage cesse.
11:52Habitués aux attaques mortelles
11:54du front occidental,
11:56les Allemands croient savoir
11:57ce qui va suivre.
11:59Les soldats quittent leurs abris
12:00et ils se précipitent vers leur tranchée
12:02pour repousser la charge d'infanterie
12:04qui doit suivre.
12:06Mais cette fois,
12:07la pause est une ruse.
12:10Leur tranchée surplombe les mines.
12:18Le silence tombe.
12:21Le calme sinistre
12:22semble plus terrifiant
12:23que la clameur du combat.
12:26Alors que les dernières secondes
12:27s'égrènent,
12:28un son inédit
12:29envahit le front ouest.
12:31un concert d'oiseaux
12:34au petit matin.
12:35Sous-titrage Société Radio-Canada
12:37Sous-titrage Société Radio-Canada
12:39Sous-titrage Société Radio-Canada
13:09Ça a dû être incroyable.
13:11Toute la crête est devenue
13:12une énorme flamme,
13:14comme un gros champignon
13:15qui s'ouvre
13:15et qui explose.
13:20Les autorités militaires
13:22n'avaient aucune idée
13:23des effets de la détonation
13:25d'une si grande quantité
13:26d'explosifs.
13:28On a enregistré
13:29l'équivalent
13:30d'un tremblement de terre
13:31en Suisse.
13:32On a craint
13:33un effondrement de terre.
13:34La résistance des Allemands
13:38est totalement anéantie.
13:41En quelques heures,
13:43les attaquants ont défait
13:44les principales défenses
13:45allemandes.
13:48Ce fut une réussite
13:49éclatante.
13:54Là où se trouvaient
13:55les tranchées allemandes,
13:57il n'y a que des cratères
13:58et dix mille cadavres.
14:05Pour les Britanniques,
14:07les nouveaux maîtres
14:07de la crête de Messines,
14:09le temps est venu
14:10de célébrer.
14:11Mais en ce jour de triomphe,
14:13une considération
14:14leur échappe.
14:15Les mines qu'ils ont posées
14:17ont-elles tout explosé ?
14:24La réponse va venir
14:25quelques décennies plus tard.
14:28Par un sombre soir d'été
14:35de 1955,
14:37un orage
14:38s'abat sur Messines.
14:42Cela ravive le souvenir
14:44des jours
14:44où les canons grondaient
14:46dans tout le village.
14:49Il réveille aussi
14:50quelque chose
14:51de plus sinistre.
14:58Quelle peut être
15:00la cause
15:01d'une telle explosion ?
15:03Le champ de maïs
15:05n'est plus
15:06qu'un énorme trou
15:07de 18 mètres
15:08de profondeur
15:09et de 60 mètres
15:10de diamètre.
15:14Nous sommes
15:14à l'endroit exact
15:15où,
15:16le 17 juillet 1955,
15:18l'une des quatre mines
15:19oubliées
15:19a explosé
15:20à Messines.
15:21Elle a créé
15:22un immense cratère
15:23d'ici jusqu'à
15:24ces maisons là-bas.
15:25Dans tout le village,
15:26le choc a dû être terrible.
15:29On a comblé
15:30le cratère depuis,
15:32mais il est clair
15:33que l'explosion
15:33aurait pu anéantir
15:35ces maisons.
15:38La foudre
15:39a frappé
15:40l'un de ses poteaux
15:41et l'électricité
15:42s'est propagée
15:43sous terre
15:44jusqu'aux explosifs
15:45enfouis.
15:47Étonnamment,
15:47personne n'a été blessé.
15:49Au village,
15:50on y a vu
15:50un phénomène
15:51très exceptionnel.
15:52Mais les experts
15:53ont découvert
15:53les plans de bataille
15:55depuis longtemps oubliés.
15:56Et cela augure mal.
15:59Il y en a trois autres.
16:01Une derrière nous,
16:03dans le champ,
16:04une dans cette direction
16:05et une ici,
16:06devant nous.
16:08C'était un immense
16:09cratère en 1955.
16:11Si les trois autres
16:12devaient exploser
16:12simultanément,
16:13ce serait catastrophique.
16:14L'attaque britannique
16:28de Messines
16:29annonce une nouvelle
16:30forme de guerre,
16:31les tueries massives.
16:33Et cela suppose
16:34de nouveaux explosifs
16:35encore plus puissants.
16:37comme la Monal,
16:40le TNT
16:40fait son apparition
16:41pendant cette guerre.
16:43Inventé par les Allemands,
16:44il devient vite
16:45l'explosif standard
16:46des obus
16:47de toutes les armées.
16:49Les généraux exigent
16:50de grandes quantités
16:51de TNT.
16:52Il est plus puissant
16:53et plus sûr
16:54que les anciens
16:55explosifs connus.
16:56Or, à peine six mois
17:02après la bataille
17:03de Messines,
17:04la forte demande
17:05pour le TNT
17:06mène à l'explosion
17:08accidentelle
17:09la plus dévastatrice
17:11de tous les temps.
17:19Dans cette région du monde,
17:21la mer est primordiale.
17:23Halifax, en Nouvelle-Écosse,
17:25un port en eau profonde
17:26sur la côte est du Canada,
17:28vit grâce aux navires.
17:31Mais un de ces navires
17:32a bien failli
17:33anéantir complètement
17:34Halifax.
17:35Ce qui prouve que,
17:37là où il y a des explosifs,
17:39il y a toujours du danger.
17:41L'explosion d'Halifax
17:42est la plus puissante
17:43avant la bombe atomique.
17:45Aucune explosion antérieure
17:46à 1945
17:47ne lui est comparable.
17:49Pendant la Première Guerre mondiale,
17:51Halifax joue un rôle vital
17:53dans l'expédition d'explosifs
17:54et d'autres produits
17:55d'Amérique du Nord
17:56au front occidental.
17:59Une grande partie
18:00des explosifs utilisés
18:01à Messines
18:02a transité par ici.
18:04Les abords du port d'Halifax
18:06ont toujours été bondés
18:07de marchandises.
18:09Le 6 décembre 1917,
18:10le bateau à vapeur français
18:12Mont-Blanc
18:13prend une énorme cargaison
18:14de TNT brut
18:15et d'autres explosifs.
18:18Le capitaine prévoit
18:19une autre traversée
18:20de l'Atlantique,
18:21sans histoire.
18:22Mais...
18:23Un autre navire à vapeur,
18:26le IMO,
18:27approche rapidement
18:27sur une trajectoire
18:29de collision.
18:30Le Mont-Blanc revenait
18:32de la haute mer
18:32vers le port.
18:34Le IMO,
18:34ancré dans le bassin
18:35de Bedford,
18:36allait prendre la mer.
18:37Une collision serait
18:40déjà dramatique en soi.
18:42Mais le Mont-Blanc,
18:43à droite,
18:44est une gigantesque
18:45bombe prétente.
18:48Le Mont-Blanc
18:49était chargé
18:49de 2,9 kilotonnes,
18:51soit 2 900 tonnes
18:52d'explosifs de tout genre,
18:53de l'acide picrique
18:54servant à fabriquer
18:55des munitions,
18:56du filmicoton
18:57et ce nouvel explosif,
18:59200 tonnes de TNT.
19:04Même s'il est chargé
19:05d'explosifs
19:05de la proue à la poupe,
19:07le Mont-Blanc
19:07survit à l'impact.
19:10Mais comment?
19:11Le cocktail d'explosifs
19:12à bord du Mont-Blanc
19:13peut sembler assez inquiétant
19:14pour le profane,
19:15mais ces explosifs
19:16doivent être insensibles,
19:17sinon on ne peut pas
19:18les transporter.
19:19Et si on ne peut pas
19:20les transporter,
19:21on ne peut pas
19:21les utiliser.
19:23Qu'arrive-t-il
19:24lorsque du TNT
19:26très explosif,
19:27identique à celui
19:28du Mont-Blanc,
19:29subit un choc violent?
19:33Cette expérience
19:34va nous le montrer.
19:37Voici un demi-kilo
19:39de TNT,
19:40assez pour détruire
19:42une maison.
19:43Le Mont-Blanc
19:45avait été conçu
19:46pour le transport
19:46d'explosifs.
19:48La cale
19:49était recouverte
19:50de bois
19:50afin de prévenir
19:51les étincelles.
19:53Nous allons également
19:54éviter tout contact
19:55direct avec le poids
19:56métallique.
19:58C'est un poids
19:58de plus de 180 kilos.
20:00Une petite charge
20:01explosive
20:02le fera tomber
20:03en coupant la corde.
20:05Largué d'une hauteur
20:06de 10 mètres,
20:07le poids
20:08va heurter
20:08le TNT
20:09avec une force
20:10d'écrasement
20:10de 6000 tonnes.
20:13Un petit appareil
20:14photo télécommandé
20:15va enregistrer
20:16l'impact
20:17s'il tient le coup.
20:22Feu!
20:25Le poids tombe
20:26avec fracas,
20:27mais le TNT
20:28est seulement pulvérisé.
20:29Il a réagi
20:34exactement
20:35comme on l'a prévu.
20:40Les explosifs primaires
20:41sont très faciles
20:42à amorcer
20:42contrairement
20:43aux explosifs secondaires.
20:44Le TNT
20:44est un explosif secondaire.
20:46On peut y faire tomber
20:47un poids considérable
20:48et il n'explosera pas.
20:49On préfère
20:50les explosifs secondaires
20:51car on ne veut pas
20:52d'un explosif
20:52qui saute
20:53accidentellement
20:54au mauvais moment.
20:55Comme ce fut le cas
20:56à Halifax
20:57ce matin-là,
20:58le Mont-Blanc
20:59a résisté à l'impact
21:00mais cela déclenche
21:01une série d'événements
21:02tragiques.
21:03Le Mont-Blanc
21:04hélas n'a pas explosé.
21:07Il a dérivé.
21:09Au-dessus du TNT
21:10il y a 30 tonnes
21:11de benzène
21:12un produit
21:13semblable
21:13à de l'essence.
21:15Des étincelles
21:16ont jaillit
21:17du métal
21:17de la coque
21:18ébréchée
21:18du Mont-Blanc.
21:21Le benzène
21:22s'est embrasé
21:23et la chaleur
21:23est descendue
21:24jusqu'à la carcaison.
21:29L'équipage
21:30du Mont-Blanc
21:31sait ce qui va se passer.
21:33La seule inconnue
21:34quand au juste.
21:39On abandonne
21:41le navire en flammes
21:42le laissant dériver
21:46dans le port
21:47en direction
21:48d'Halifax.
21:49Ce délai
21:55de 15 minutes
21:56a été particulièrement
21:57tragique
21:57pour la population
21:58d'Halifax.
22:00Imaginez ce navire
22:01qui brûlait
22:01dans le port
22:02et toute la population
22:03d'Halifax
22:04qui observait
22:04la Seine.
22:06Le vaisseau en flamme
22:07dérivait exactement
22:09vers l'endroit
22:09où il ferait
22:10le plus de dégâts.
22:12Mais avec ce brasier
22:13à bord
22:14pourquoi le navire
22:15n'a-t-il pas explosé?
22:17Une autre expérience
22:18va nous expliquer
22:19pourquoi.
22:20Nous allons allumer
22:21un violent incendie
22:22alimenté au kérosène.
22:28On ajoute
22:29un demi-kilo
22:30de TNT brut
22:31identique
22:33aux 200 tonnes
22:34à bord du Mont-Blanc.
22:37Cette fois,
22:38on va faire cuire
22:38le TNT.
22:40Par mesure de sécurité,
22:41un détonateur télécommandé
22:43allume l'incendie.
22:45Allumage!
22:46La chaleur du feu
22:56fera-t-elle sauter
22:57l'explosif?
23:04Trois minutes plus tard,
23:06c'est un brasier.
23:06Mais le TNT,
23:10l'un des plus puissants
23:11explosifs modernes,
23:13brûle.
23:14Sans plus.
23:17Le TNT,
23:17comme les autres
23:18explosifs secondaires,
23:19a besoin d'une onde
23:20de choc très puissante
23:21pour exploser.
23:22Le détonateur
23:23doit le secouer
23:24vigoureusement.
23:26Quand on y met feu,
23:27il n'y a pas d'onde
23:28de choc
23:28et il n'explose pas.
23:31Les milliers
23:32de tonnes d'explosifs
23:33bruts à bord du Mont-Blanc
23:34auraient pu brûler
23:35comme ceci,
23:36sans faire de dégâts.
23:38Il n'y aurait pas eu
23:39de désastre.
23:40Mais voici l'élément
23:41manquant et fatal
23:42de l'énigme.
23:47Le Mont-Blanc
23:48brûle depuis 15 minutes.
23:51Il se trouve
23:52près du port d'Halifax
23:53où la foule s'est massée
23:54et il transporte
23:56plusieurs obus
23:57d'artillerie.
23:58Les détonateurs
24:01des obus
24:02sont exactement
24:03ce qu'il faut
24:03pour provoquer
24:04l'explosion
24:05du TNT brut.
24:07On imagine bien
24:08la fébrilité
24:09des spectateurs
24:10qui n'ont aucune idée
24:11du danger
24:12qu'ils courent.
24:25Il faut avoir vécu
24:26quelque chose
24:27comme le blitz
24:27pour imaginer
24:28une destruction
24:29aussi totale.
24:30L'onde explosive
24:31a balayé la côte
24:32et anéantit
24:33toutes les maisons,
24:34toutes les familles
24:35qui s'y trouvaient.
24:41L'onde de choc
24:42a fracassé les maisons,
24:43puis il y a eu
24:44un tsunami,
24:45un raz-de-marée.
24:47Il y a peut-être eu
24:49jusqu'à 200 noyés.
24:50On n'a pas déterminé
24:52la cause de la mort
24:53de bon nombre
24:54de victimes.
24:55Il y avait trop
24:56de cadavres
24:57pour faire
24:57des autopsies.
25:03Le nombre de morts,
25:05environ 2000,
25:06reste une estimation.
25:12On n'a pas pu
25:13les identifier tous.
25:17Certains cadavres
25:18n'étaient qu'un tas
25:19d'ossements calcinés.
25:22On ne pouvait même pas
25:23dire s'il y avait
25:23un corps ou deux.
25:26Certains étaient décapités.
25:29On a retrouvé un corps
25:3018 mois plus tard
25:32dans les décombres
25:33d'un immeuble.
25:36L'équipage du Mont-Blanc
25:37a survécu.
25:39Les hommes ont ramé
25:40jusqu'au rivage
25:41et ils se sont couchés
25:42au milieu d'un boisé.
25:43De leur navire,
25:48il ne reste rien.
25:50À part cette partie
25:50de l'encre
25:51pesant une demi-tonne
25:52projetée à 3 km au sud
25:54et ce lourd canon
25:56qui a atterri
25:57à près de 5 km
25:58dans l'autre direction.
26:01Ils témoignent
26:01des forces prodigieuses
26:03qui ont été déchaînées
26:04ce jour-là.
26:06L'ampleur de ce désastre
26:08n'a pas échappé
26:09aux généraux
26:09et aux scientifiques.
26:11Pendant la guerre suivante,
26:12ils vont chercher
26:13à détruire
26:13des villes entières.
26:15Pas de manière accidentelle,
26:17mais délibérée.
26:21Halifax a été
26:22le banc d'essai
26:23pour certaines hypothèses
26:24qui ont mené
26:25à la conception
26:25de la bombe atomique
26:27lancée sur Hiroshima
26:28et Nagasaki.
26:30Quand on regarde
26:30ces actualités filmées,
26:32on voit une troublante
26:32similitude
26:33entre ce qui s'est passé
26:34au Japon
26:34et ce que nous avons vécu.
26:42à peine une génération
26:45plus tard,
26:46en 1939,
26:48le monde
26:49est de nouveau
26:49en guerre.
26:57Comme dans toute guerre,
26:59ce sont les combattants
27:00qui appuient sur les gâchettes,
27:01lancent les obus
27:02et larguent les bombes.
27:03Mais, avec le temps,
27:08on recrute également
27:09une armée de scientifiques.
27:11On leur a donné l'ordre
27:12de conquérir
27:13le nouveau domaine
27:13de la physique nucléaire.
27:17Les scientifiques allemands
27:19entrevoient
27:20les applications militaires
27:21de l'énergie atomique
27:22et les alliés
27:24se lancent dans la course
27:25à la première bombe atomique.
27:26Les victoires
27:29et les revers
27:30se succèdent,
27:31mais le principal
27:32champ de bataille
27:33se trouve
27:33dans les laboratoires
27:35ultra-secrets.
27:37Ce qui fait maintenant
27:37partie de la physique
27:38élémentaire
27:39est alors une formule
27:40qui peut faire
27:41gagner la guerre.
27:43Quand une particule
27:44appelée neutron
27:44frappe un atome d'uranium,
27:46cela libère
27:47deux autres neutrons.
27:49Une grande quantité
27:49d'énergie est ainsi
27:50produite
27:51et multipliée.
27:52En un laps de temps
27:53trop court
27:53pour qu'on le mesure,
27:55la réaction en chaîne
27:56se produit.
27:56La validation
28:07de cette hypothèse
28:08qui laisse entrevoir
28:10une puissance explosive
28:11illimitée
28:11a lieu ici,
28:13au Nouveau-Mexique.
28:16En 1943,
28:18dans le plus grand secret,
28:20on réunit
28:21les plus brillants
28:21physiciens du monde
28:22dans un endroit
28:23appelé
28:24Los Alamos.
28:26Ils comprennent
28:27les principes
28:28scientifiques
28:28de la bombe atomique,
28:30mais savent-ils
28:31ce qu'elle va infliger
28:32à l'ennemi ?
28:33Nous envisagions
28:34de l'utiliser
28:34dans un contexte
28:35de combat.
28:36Il fallait donc
28:37connaître l'effet
28:37de cette libération
28:38d'énergie
28:39sur les cibles.
28:41Les scientifiques
28:42organisent des expériences
28:44avec de grandes quantités
28:45d'explosifs conventionnels.
28:46Voici ce à quoi ressemblent
28:49cent tonnes de TNT,
28:51entassées aussi
28:51d'essais du Nouveau-Mexique.
28:54C'est moins de 5 %
28:55des explosifs
28:56qui ont provoqué
28:57le désastre d'Halifax.
28:59La boule de feu
29:00de l'explosion
29:01est néanmoins visible
29:02à 100 kilomètres.
29:08Le scientifique en chef
29:09de Los Alamos
29:10est J. Robert Oppenheimer.
29:13Oppenheimer et ses collègues
29:14ont aussi étudié
29:15les données colligées
29:16dans le dossier
29:17intitulé « Désastre ».
29:19Oppenheimer et d'autres
29:20se sont aussi inspirés
29:21des leçons de l'histoire
29:22afin de voir
29:23à quoi ressemblerait
29:24une bombe atomique.
29:25La première très grande
29:26détonation a évidemment
29:27été l'explosion
29:28de 1917 à Halifax.
29:31Pourquoi a-t-elle été
29:32aussi dévastatrice ?
29:35Les scientifiques
29:35ont observé
29:36un effet dit
29:37« de l'avant
29:38de l'onde de choc ».
29:39L'effet de l'avant
29:40de l'onde de choc
29:41résulte de la fusion
29:43de l'onde de choc
29:43réfléchie par le sol
29:45et de celle
29:45qui se propage
29:46dans l'air,
29:47ce qui amplifie
29:47la puissance
29:48de l'onde de choc.
29:49Le navire étant
29:50au-dessus de la surface,
29:52l'onde de choc
29:53d'une explosion
29:53file vers le bas
29:54et vers le haut.
29:56Elle est réfléchie
29:57et amplifiée.
30:01Les scientifiques
30:02ont compris
30:03que cela pouvait
30:04accroître
30:04l'effet dévastateur
30:05de la bombe atomique.
30:07Cela a finalement
30:09mené à la décision
30:11de faire exploser
30:11les bombes
30:12d'Hiroshima
30:12et de Nagasaki
30:13dans l'air
30:14plutôt qu'au sol.
30:15Elles ont causé
30:16plus de dommages
30:16et fait plus de victimes
30:18que si elles avaient
30:18explosé au sol.
30:25Les scientifiques
30:26qui s'apprêtent
30:27à vérifier leur hypothèse
30:28voient leurs prédictions
30:30confirmées
30:30d'une manière détonnante,
30:32comme si le hasard
30:33avait prévu
30:34une autre expérience
30:35aussi dévastatrice
30:36que tragique.
30:46En Californie,
30:48au pied du Mont Diablo,
30:49le Mont du Diable,
30:51on peut voir
30:51une extraordinaire
30:52page d'histoire.
30:55Près de la base militaire
30:56de Port Chicago,
30:58il y a ce qu'on appelle
30:59la Marine de Naphtaline.
31:01Des navires de guerre,
31:03plusieurs datant
31:04de la Deuxième Guerre mondiale,
31:05rouillent dans le port.
31:11Pendant la guerre,
31:12les navires ont été
31:13très utilisés.
31:16Port Chicago gérait
31:17d'énormes quantités
31:18d'explosifs apportés
31:19par chemin de fer
31:20que l'on chargeait
31:21à bord des navires
31:22ravitailleurs destinés
31:23à la guerre du Pacifique.
31:27Le 17 juillet 1944,
31:30l'un de ces navires
31:31ravitailleurs,
31:32le E.A. Bryan,
31:33accoste.
31:39Le chargement des explosifs
31:41est un travail exténuant.
31:44Les dockers,
31:45tous afro-américains,
31:46subissent d'énormes pressions.
31:48On veut limiter
31:49le temps d'escale.
31:50Ce soir-là,
31:54on chargeait le E.A. Bryan
31:55de bombes à dispersion,
31:57de grenades sous-marines
31:58et de bombes incendiaires.
32:01À noter que les bombes
32:02incendiaires étaient amorcées,
32:03donc prêtes à servir,
32:05et qu'elles pouvaient
32:05exploser à tout moment.
32:07Il y a 4000 tonnes de bombes
32:13à bord,
32:14500 autres sur le quai.
32:16Les hommes sont pressés
32:17de terminer.
32:18Et c'est le cataclysme.
32:19Une explosion massive.
32:30Le panache de fumée
32:34a grimpé
32:34à plus de 3 kilomètres.
32:37On a ressenti
32:37l'explosion
32:38dans la capitale de l'État,
32:40à Sacramento,
32:41à 110 kilomètres au nord.
32:43Au Nevada,
32:43à 500 kilomètres
32:44de l'autre côté
32:45de l'énorme chaîne
32:46de montagne,
32:47on a senti
32:47la secousse sismique.
32:53En quelques secondes,
32:55Port Chicago
32:56est complètement rasé.
32:58Les immeubles du port
32:59sont déchiquetés.
33:04Du navire,
33:06il ne subsiste
33:07que ces deux morceaux
33:07de la quille
33:08et des milliers
33:09de fragments
33:10dispersés
33:11à des kilomètres
33:11à la ronde.
33:12320 marins
33:18perdent la vie.
33:21On a trouvé
33:22des restes humains
33:23en divers endroits.
33:25On a dû retirer
33:25d'une clôture grillagée
33:27la peau d'un visage humain
33:28dont les orifices
33:29des yeux,
33:30du nez
33:30et de la bouche
33:31étaient bien visibles.
33:34La cause de l'explosion
33:36n'a jamais été élucidée.
33:38Le plus probable,
33:39un accident
33:40pendant la manutention
33:41des munitions amorcées.
33:43Or,
33:43ce n'est pas tant
33:44la cause de l'explosion
33:45que ces effets
33:46qui intéressent
33:47les scientifiques.
33:48Port Chicago
33:49a intéressé
33:51les scientifiques
33:51de Los Alamos
33:52parce qu'il a donné
33:53un aperçu
33:53de l'effet
33:54de la bombe atomique.
33:58On ordonne
33:59au directeur
34:00des armements
34:00de Los Alamos,
34:02le capitaine
34:02William Parsons,
34:04de mesurer
34:04l'étendue
34:05de la destruction
34:05et de soumettre
34:06un rapport détaillé.
34:07À Port Chicago,
34:12on a pu déterminer
34:13avec précision
34:14l'effet du terrain
34:14et d'autres éléments
34:16qui interfèrent
34:16avec l'onde de choc.
34:20Contrairement aux attentes,
34:21il y a eu des survivants
34:22à proximité
34:23de l'explosion.
34:24Ils ont été protégés
34:25par des structures
34:26et ils ont pu survivre.
34:31Les données ont confirmé
34:32que si le point d'explosion
34:34avait été encore plus élevé
34:35par rapport au sol,
34:36l'onde de choc
34:38aurait été plus étendue.
34:40Le deuxième élément
34:41était la distance
34:42à laquelle l'équipage
34:43de l'avion
34:43devait se trouver
34:44pour survivre
34:44à l'explosion.
34:51À bord d'un avion
34:52qui volait à 2600 mètres
34:53ce soir-là,
34:54on a vu passer
34:54des morceaux de métal
34:55de la taille
34:56d'une petite maison
34:57ou d'un garage.
35:01En sortir vivant
35:02revêtait une importance
35:03bien particulière
35:05pour le capitaine Parsons.
35:06il avait été choisi
35:07pour être de l'équipage
35:08qui allait larguer
35:09la première bombe atomique.
35:16Ce jour vient
35:17le 6 août 1945.
35:20Les leçons tirées
35:24d'Halifax
35:25et de Port Chicago
35:26vont servir.
35:29On largue la bombe
35:31à une altitude
35:31de 9000 mètres
35:32afin que l'équipage
35:34ait le temps
35:34de s'éloigner.
35:38On a réglé
35:39le détonateur
35:40à 600 mètres
35:41au-dessus du sol
35:41afin de maximiser
35:43la puissance
35:43destructrice
35:44de la bombe.
35:45L'explosion
35:48elle-même
35:49et ses effets
35:49consécutifs
35:50tuent 140 000 personnes.
35:56Trois jours plus tard,
35:58une deuxième bombe atomique
35:59explose au-dessus
36:00de la ville
36:00de Nagasaki.
36:02Le Japon se rend
36:03finalement.
36:06Le monde entier
36:07a vu l'incroyable
36:08puissance
36:08de la bombe atomique
36:09américaine.
36:10mais on ne tardera pas
36:12à l'éclipser
36:13en produisant
36:14la plus formidable
36:15explosion
36:15de tous les temps.
36:17L'ordre de grandeur
36:19est presque inimaginable.
36:21La bombe
36:21que les soviétiques
36:22ont larguée
36:23était équivalente
36:24à 6000 bombes
36:24d'Hiroshima
36:25d'un seul coup.
36:32C'est sur cette île
36:34glacée et désertique
36:35au moment
36:36le plus dangereux
36:37de la guerre froide
36:37que l'ultime explosion
36:39a lieu.
36:40Novaya Zemla
36:42dans la mer de Barons.
36:44C'est ici
36:45que les Russes
36:46démontrent
36:46leur puissance nucléaire
36:48en faisant exploser
36:49des bombes
36:49de plus en plus puissantes.
37:08Le 30 octobre
37:101961,
37:11il pousse les limites
37:12de la puissance explosive
37:14plus loin
37:14qu'on ne l'a jamais fait
37:15et qu'on ne le fera
37:17peut-être jamais.
37:21La bombe
37:22a le nom de code
37:23de Tsar.
37:24Elle renferme
37:25l'équivalent
37:26de 58 millions
37:27de tonnes de TNT,
37:28soit 10 fois
37:29la masse totale
37:30des explosifs
37:31de la Deuxième Guerre mondiale.
37:33Le Tsar,
37:34la bombe la plus puissante
37:36que des humains
37:36est construite,
37:37sera leur chef-d'œuvre
37:38et un joyau politique
37:40également.
37:41Six équipes
37:42vont filmer
37:42ce moment historique,
37:44unique.
37:48L'équipage de l'avion
37:50est trié sur le volet
37:51et prévenu
37:52qu'on ne peut garantir
37:53leur sécurité.
37:53Ils peuvent éviter
37:57d'être aveuglés
37:58par l'éclair,
37:59mais il est fort possible
38:00qu'ils soient balayés
38:01du ciel.
38:05Le moment précis
38:07du largage
38:07est contrôlé
38:08depuis le sol.
38:12La bombe est munie
38:13d'un parachute
38:14afin de freiner
38:15sa descente,
38:16donnant ainsi
38:17plus de temps
38:17à l'équipage
38:18pour s'éloigner.
38:19Il s'en tire
38:31mais de justesse.
38:34Le panache
38:35perce la couche
38:36de nuage
38:36et continue
38:37de monter.
38:40Il s'étale
38:40finalement
38:41lorsque le nuage
38:42atteint une altitude
38:43de 65 km.
38:45L'onde de choc
38:46est encore assez forte
38:47pour qu'on la mesure
38:48lors de son troisième
38:49tour du monde.
38:52La bombe
38:52ayant explosé
38:53à 3 km
38:54au-dessus du sol,
38:55il y a très peu
38:56de retombées radioactives.
38:59Mais juste au-dessous
39:00du point d'explosion,
39:01le sol a été carbonisé
39:02par la chaleur intense,
39:04le roc a été pulvérisé.
39:09La bombe
39:10était quatre fois
39:10plus puissante
39:11que celle
39:12que les Américains
39:12ont testée.
39:13Mais pourquoi
39:15une telle puissance ?
39:17Les États-Unis
39:19pouvaient produire
39:20des missiles
39:21capables
39:21d'une grande précision.
39:23Les Soviétiques
39:23n'ont jamais maîtrisé
39:24cette technique.
39:25En contrepartie,
39:26ils pouvaient niveler
39:26une très grande superficie
39:28et détruire une cible
39:29sans l'atteindre directement.
39:34Mais pourquoi
39:35t'ont mis fin
39:35à cette course
39:36à la bombe
39:36de plus en plus puissante ?
39:40Avec l'accroissement
39:41de la puissance
39:42destructrice,
39:42les chefs politiques
39:43ont craint
39:44de plus en plus
39:45de jouer avec le feu.
39:48En 1963,
39:50les superpuissances
39:51interdisent
39:52les essais de bombes
39:52dans l'atmosphère,
39:54sous l'eau
39:54et dans l'espace.
39:57La détonation soviétique
39:59sera sans doute
39:59la plus importante
40:00détonation d'origine humaine
40:02de tous les temps.
40:02soldats et scientifiques
40:11ont donc plié bagages.
40:14L'époque où cette île
40:15a servi de centre d'essai
40:16fait désormais partie
40:17de l'histoire.
40:19Mais l'histoire
40:20revient souvent
40:21nous hanter
40:21et c'est particulièrement
40:23évident sur ce champ
40:24de bataille
40:24de la Grande Guerre
40:25à Messines.
40:26Malgré son intensité,
40:31l'explosion du 7 juin 1917
40:33est minime
40:34par rapport
40:34à celle
40:35des décennies suivantes.
40:37Mais ici,
40:38l'histoire ne veut pas
40:39lâcher prise
40:40et le danger
40:41demeure encore
40:41bien réel.
40:46Combien reste-t-il
40:47de mines
40:48qui n'ont pas explosé ?
40:49C'est l'une des énigmes
40:50persistantes
40:51de la Grande Guerre.
40:53Deux,
40:54d'après la plupart
40:55des livres d'histoire.
40:56Mais ces livres
40:57devront être révisés.
41:00L'analyse des plans
41:01de bataille
41:01et des journaux de guerre
41:02laisse entrevoir
41:03qu'il y en a quatre,
41:04voire plus.
41:06Et ce sont des mines
41:07qui risquent d'exploser
41:08à la suite d'un événement
41:09aussi banal
41:09qu'un orage.
41:14Une grappe de mine
41:15se trouve dans un secteur
41:16auquel les Britanniques
41:17ont donné le nom de code
41:18« cage d'oiseau ».
41:19Elles n'ont pas explosé
41:20le jour de l'attaque
41:21car la ligne de front
41:22s'était déplacée
41:23après qu'on eût placé
41:24les mines.
41:26Et lorsque les Allemands
41:27ont attaqué ce secteur
41:29en 1918,
41:30on a perdu les mines
41:31ou leur emplacement.
41:34Perdu
41:34et complètement oublié
41:36jusqu'à ce qu'un éclair
41:37frappe l'une de ces mines
41:38en 1955,
41:40laissant les trois autres
41:41toujours amorcées
41:42et dangereuses.
41:44Elles sont en plein champ
41:45et bien sûr,
41:47il y a des gens
41:47qui peuvent passer par là.
41:49La plus grosse
41:50de ces mines
41:51est la plus menaçante.
41:5325 tonnes d'explosifs
41:54qui se trouvent
41:55sous cette ferme,
41:56une mine surnommée
41:57la Petite Douve.
41:59Son mécanisme
42:00de mise à feu
42:01a été endommagé
42:02avant le jour
42:03de l'attaque
42:03et on l'a oublié.
42:05La Petite Douve
42:06contient une charge importante.
42:09Si elle explosait,
42:10la ferme disparaîtrait.
42:12Je ne sais pas
42:13s'ils en sont conscients.
42:15Probablement pas.
42:15Mais maintenant
42:20qu'on sait
42:21que les explosifs
42:22sont là,
42:23pourquoi ne les enlève-t-on pas ?
42:25Une excursion souterraine
42:26va nous montrer
42:27à quel point
42:27ce serait difficile.
42:33Juste de l'autre côté
42:34de la frontière,
42:35à Vimy,
42:36les Britanniques
42:37ont enfoui
42:37d'autres mines
42:38à moindre échelle
42:39toutefois.
42:40Les spécialistes
42:43des explosifs
42:43connus en tant que
42:45groupe Durand
42:45qui ont repéré
42:46les mines oubliées
42:47de Messines
42:48ont enquêté ici.
42:56Les tunnels
42:56de glaise de Messines
42:57sont maintenant inondés.
42:59Ils se sont tous effondrés.
43:01Mais ces tunnels
43:02creusés dans la craie
43:03durcie
43:03sont encore accessibles.
43:05À peine.
43:05Au bout de ce tunnel,
43:10à 25 minutes
43:11de la surface,
43:12il y a 1800 kilos
43:13d'explosifs,
43:14exactement
43:15comme à Messines.
43:22Ce qu'on aperçoit,
43:24ce sont des sacs
43:25d'amonal,
43:26l'explosif
43:26qu'on utilisait
43:27à l'époque.
43:29Ces sacs
43:29caoutchoutés
43:30et scellés
43:31par des agrafes
43:32sont relativement
43:33imperméables.
43:34Leur contenu
43:35est encore
43:35très utilisable.
43:39À Messines,
43:40les mines
43:40ont été
43:41complètement inondées.
43:42L'inondation
43:43des tunnels
43:43contribue
43:44en fait
43:45à préserver
43:45les mines.
43:47Il est donc
43:47fort probable
43:48que la plupart
43:48des explosifs
43:49qui s'y trouvent
43:50soient encore
43:51en bonne étude.
43:55L'inondation
43:56a engendré
43:56un milieu privé
43:57d'oxygène
43:58et cela a préservé
43:59ce qui s'y trouve.
44:01Les détonateurs
44:03peuvent se détériorer.
44:04Or,
44:05nous ne savons
44:06s'ils deviennent
44:06plus sensibles
44:07ou moins
44:08avec le temps.
44:09Si la foudre
44:10s'abattait
44:11à proximité,
44:12l'électricité
44:13statique
44:14pourrait induire
44:15un courant
44:15dans le câble
44:16et faire sauter
44:17la charge.
44:23Apprendre
44:23que sa maison
44:24est juste au-dessus
44:25de la plus grande
44:25bombe non explosée
44:26du monde,
44:28c'est assez difficile.
44:28L'agriculteur
44:31Roger Mayer,
44:32dont la famille
44:33est établie ici
44:33depuis plusieurs générations,
44:35n'y peut pas grand-chose.
44:37Je viens de demander
44:38aux fermiers
44:39ce qu'ils pensent
44:39des 23 000 kilos
44:40d'ammonales
44:40qui sont encore
44:41enfouis ici.
44:42Il a répondu
44:43« Eh bien,
44:43il faut vivre avec ça.
44:45En 1955,
44:47une autre mine
44:47a explosé.
44:48On l'a entendu
44:49jusqu'ici.
44:50On a senti
44:50une grande secousse
44:51dans le sol
44:51et cela se passe
44:52à plusieurs kilomètres
44:53d'ici. »
44:55Dans cette région
44:56du monde,
44:57peut-être
44:58s'étant habitués
44:58à vivre
44:59dans l'ombre
44:59de l'histoire.
45:03Les rappels
45:04de la guerre
45:05et surtout
45:06des tentatives
45:06des humains
45:07en vue de produire
45:08l'ultime explosion
45:09y sont omniprésents.
45:12C'est ici
45:12que les Allemands
45:13morts à Messines
45:14ont été inhumés.
45:16Les plaques
45:17témoignent
45:17de la force
45:18dévastatrice
45:18des mines.
45:19Il y a eu
45:2010 000 morts
45:21le 7 juin
45:211917.
45:23Les mines
45:26enfouies
45:26vont-elles
45:26rester silencieuses ?
45:29Cela,
45:29personne
45:30ne peut le dire.
45:30Oh oh !
45:32Oh oh !
45:36Oh oh !
45:37Oh oh !
45:40Oh oh !
45:43Oh oh !
45:45Oh oh !
45:48Oh oh !
45:50Oh oh !
45:52Oh oh !
45:54Oh oh !
45:55Oh oh !
45:56Oh oh !
46:00Oh oh !

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