Avec Alexandre Perez, victime de Bétharram, membre du collectif et élu à Pau
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NewsTranscription
00:00Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin.
00:04Témoignage ce matin sur l'antenne de Sud Radio.
00:06Alexandre Pérez est avec nous.
00:08Alexandre Pérez, bonjour.
00:11Bonjour Jean-Jacques.
00:12Vous avez 48 ans.
00:14Alexandre, vous êtes membre du collectif Bétaram.
00:17Vous êtes élu à Pau.
00:19Vous étiez scolarisé au pensionnat
00:21dans cette institution catholique du Béarn
00:24dans les années 1990.
00:26Bétaram, dites-vous, c'est 4 ans de violence systémique.
00:33Vous êtes resté 4 ans.
00:35Oui, tout à fait, de 12 ans à 16 ans.
00:37De 89 à 93.
00:38Alors, violence systémique, c'est-à-dire ?
00:43C'est-à-dire la violence qui vient des encadrants
00:46mais qui vient aussi des élèves
00:47et c'est une atmosphère de violence
00:50du matin au soir et du lundi au vendredi
00:53et même le week-end pour ceux qui avaient l'occasion d'y rester
00:58et le malheur d'y rester.
00:59Oui, certains étaient internes et restaient
01:02internes et restaient même le week-end.
01:06Oui, il y en avait dont les familles habitaient très loin
01:10qui restaient donc le week-end
01:11et il y en avait qui étaient punies
01:13qui restaient le week-end.
01:15C'est même des choses d'ailleurs que...
01:16Vous voyez, quand on parle du silence de Bétaram
01:18qui est le titre du livre, je ne savais même pas
01:22qu'il y avait des élèves qui restaient le week-end.
01:24Je l'ai appris récemment.
01:25Oui, qui étaient punis, qui étaient obligés
01:27donc de rester le week-end.
01:28Des punissures arbitraires, sans qu'on sache pourquoi
01:31bien souvent.
01:33C'est exactement ce que je dis, c'est totalement arbitraire.
01:36C'est l'injustice totale
01:37et vous pouviez faire l'exemple, en fait.
01:43C'est-à-dire qu'un surveilleur arrivait
01:44et vous mettiez une grosse torgnole par derrière
01:47ou vous arrachiez les cheveux.
01:50Je parle toujours avec émotion.
01:54Sans aucune raison.
01:56Juste pour montrer aux autres la terreur.
02:00Oui, le temple de la violence, écrivez-vous, dites-vous.
02:03Le temple du silence aussi.
02:04On devait se taire et ne pas raconter
02:08vers l'extérieur
02:09ce qui se passait
02:12à l'intérieur de l'établissement.
02:15On me pose souvent la question
02:17pourquoi ?
02:18Je ne sais pas y répondre.
02:21Pourquoi on était
02:21on était silencieux
02:24à ce point-là, en fait.
02:27J'ai du mal à répondre.
02:28C'est tellement
02:28fort cet Omerta, c'est tellement puissant.
02:33Je pense que les gens
02:34à l'extérieur ne se rendent pas compte
02:35de ce système sectaire.
02:38On sait maintenant
02:39à travers tous les témoignages
02:40qui surgissent
02:41on sait maintenant
02:43ce qui se passait
02:44derrière les murs
02:45mais ce qu'on ne comprend pas bien
02:47c'est pourquoi
02:48personne ne disait rien.
02:50Est-ce que les élèves
02:51les élèves
02:52vous êtes restés 4 ans
02:53à Bétarame
02:54est-ce que les élèves
02:55en parlaient ?
02:56Vous en parliez entre vous ?
02:58Parliez de ces violences entre vous ?
03:00Jamais.
03:01À part les violences physiques
03:02que l'on voyait forcément
03:03sur les autres.
03:04On les violait
03:05soit directement
03:06soit par procuration
03:07mais des violences
03:08sexuelles
03:11des abus sexuels
03:12des attouchements
03:13des viols.
03:15J'avais entendu une histoire
03:17qui s'était passée en 88
03:19on en parle souvent d'ailleurs
03:20c'était la personne concernée
03:22par l'affaire du père Caricard
03:24qui est arrivé en 98
03:26mais des faits se sont passés en 88
03:28je suis arrivé en 89
03:29j'avais entendu des choses
03:30mais je n'ai jamais vu
03:33je n'ai jamais pu constater
03:35alors que mon voisin de dortoir
03:38j'ai appris
03:40que mon voisin de dortoir
03:41avait été abusé sexuellement
03:43c'est incroyable.
03:46Vous en aviez à l'époque
03:48vous en aviez parlé à vos parents ?
03:52J'avais parlé à ma maman
03:54de violences physiques
03:55elle était allée se plaindre
03:57à la direction
03:57elle avait mis en cause
03:59le surveillant
04:00qui aujourd'hui d'ailleurs
04:01est incarcéré
04:01pour lequel
04:03j'ai œuvré vraiment
04:05à ce qu'il soit retiré
04:06parce que ça fait 40 ans
04:07qu'il était encore dans l'établissement
04:08en février 2024
04:09j'ai œuvré pour qu'il soit
04:11avec Alain Esquer
04:11pour qu'il soit
04:12au moins mis à pied
04:14et puis derrière
04:15il a été incarcéré
04:17ma maman était allée
04:18donc sur place
04:19je ne m'en souvenais plus
04:20vous voyez vraiment
04:21le cerveau fait bien le ménage
04:23et elle m'a rappelé
04:24l'année dernière
04:24quand cette affaire a éclaté
04:26qu'elle était allée là-bas
04:27à plusieurs reprises
04:28au moins deux ou trois reprises
04:29se plaindre de ça
04:30et elle s'est faite endormir
04:33en fait il l'a mérité
04:36il avait fait ci
04:38il avait fait ça
04:38ce qui n'était pas vrai en plus
04:39oui
04:40Alexandre Pérez
04:43ces témoignages
04:44qui surgissent aujourd'hui
04:45sont rassemblés
04:46donc dans ce livre
04:47d'Alain Esquer
04:48que je recevrai d'ailleurs
04:50je le signale
04:51à tous nos auditeurs
04:52à toutes nos auditrices
04:53demain matin à 8h30
04:54le silence de Bétharam
04:56les témoignages sont
04:57effroyables
04:58dans ce livre
04:59Alain Esquer sera donc là
05:01demain
05:02pour parler de tout cela
05:03la fille
05:05de François Bayrou
05:06a témoigné
05:07elle a dit
05:08elle aussi
05:09avoir subi
05:10des violences physiques
05:11d'un curé
05:12officiant régulièrement
05:13dans le collège de filles
05:15où elle était
05:15scolarisée
05:17elle affirme notamment
05:18avoir été rouée
05:19de coups
05:20ça me poignarde le coeur
05:22a déclaré
05:22François Bayrou
05:24et vous dites
05:25de votre côté
05:26Alexandre Pérez
05:26c'est une déflagration
05:28pourquoi ?
05:29parce que déjà
05:32ça fait 18 mois
05:33que nous sommes
05:34dans cette affaire
05:35je vais le dire
05:37plus
05:37plus
05:38plus
05:39une manière
05:42plus réservée
05:43mais on en prend
05:43beaucoup dans le visage
05:44c'est pas l'expression
05:45que j'utilise habituellement
05:46mais on en prend
05:47dans la gueule
05:48on en prend plein la gueule
05:49on en prend plein la gueule
05:51c'est ce que je dis souvent
05:51l'autre jour
05:53je suis allé prendre un café
05:53avec des amis
05:54puis je me suis mis à pleurer
05:55ils m'ont dit
05:55mais t'as besoin d'être suivi
05:56mais non ça va
05:57mais c'est vrai
05:58qu'en fait c'est très lourd
05:59et quand
06:00je me remets
06:04le 15 février
06:04quand on est reçu
06:05par le premier ministre
06:06et qui nous dit
06:07si mes enfants
06:09avaient vécu ça
06:10ils me l'auraient dit
06:11et là on apprend
06:13en fait que
06:14sa fille a subi l'horreur
06:16et elle ne lui a pas dit
06:17pendant 39 ans
06:18et moi
06:20je vais essayer
06:23de ne pas
06:23pleurer
06:25mais
06:25et moi je pense
06:26à ma fille
06:27qui a 15 ans
06:28oui
06:30et ça me poignarde le coeur aussi
06:33mais je comprends
06:35mais je comprends
06:36je comprends
06:37Alexandre Pérez
06:38c'est une déflagration
06:39pour tout le monde
06:40pour tout le monde
06:41dites-moi
06:44est-ce que vous n'avez pas peur
06:45vous victime
06:47de ce qui s'est passé
06:48à Abed Aram
06:49que la présence
06:50dans ce dossier
06:51de François Bayrou
06:52indirectement
06:53à travers ses enfants
06:55ne détourne pas
06:58ne détourne pas
07:00l'attention
07:01de ce qui s'est passé
07:02à Abed Aram
07:04vers le premier ministre
07:06est-ce que
07:07l'utilisation politique
07:09ne risque pas
07:09d'effacer
07:10ce qui s'est passé
07:12à Abed Aram
07:12vous savez avec Alain
07:15je ne sais pas si vous avez suivi
07:16un peu nos interventions
07:17mais depuis le début
07:18et j'ai le rôle
07:21un peu le plus ingrat
07:22en étant en plus
07:22élu à Pau
07:23avec François Bayrou
07:24je suis un funambule
07:28je suis l'équilibriste
07:29et à chaque fois
07:30je dis mais attention
07:31c'est l'affaire
07:31Betaram
07:32ce n'est pas l'affaire
07:33Bayrou
07:34mais en même temps
07:35s'il n'y avait pas eu
07:36Mediapart
07:37en février
07:38sachant qu'il y avait
07:39quand même eu
07:40des enquêtes
07:41l'année dernière
07:41le Monde
07:42le Point
07:42qui avait très bien fait
07:43leur travail
07:44mais il n'y avait pas eu
07:45une telle résonance
07:46et surtout parce que
07:47François Bayrou
07:47était premier ministre
07:48nous pour nous
07:50aujourd'hui
07:50c'est plutôt une chance
07:52qu'autre chose
07:52parce qu'on parle de nous
07:55on parle de notre affaire
07:56et nous à côté
07:57on a des propositions
07:58à faire
07:59au gouvernement
08:00on oeuvre activement
08:01pour proposer des choses
08:03et on attend
08:04que ce soit acté
08:05que ce soit concret
08:06mais à aucun moment
08:09en fait
08:10on a peur
08:10on a plutôt peur
08:13que la séquence s'arrête
08:14et qu'on ne parle plus de nous
08:15je comprends
08:16plutôt que l'inverse
08:17Alexandre Pérez
08:19je voudrais vous remercier
08:20pour votre témoignage
08:22demain je recevrai
08:23Alain Esquer
08:24à 8h30
08:25pour une longue interview
08:26sur le silence
08:28de Béteram
08:29merci Alexandre Pérez
08:31merci
08:31et Alain est quelqu'un d'exceptionnel
08:33je sais
08:34c'est pour ça que je suis très heureux
08:35de le recevoir demain
08:36merci beaucoup
08:37et puis pour que chacun comprenne
08:40et sache
08:41évidemment c'est important
08:42merci à vous
08:44merci à vous