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Avec Cyril Ganne, ancien pensionnaire, victime de violences à Betharram

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##C_EST_A_LA_UNE-2025-02-21##

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00:00— Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin. — Bétharame. Témoignage... Nouveau témoignage ce matin sur Sud Radio.
00:10Vous savez que deux hommes interpellés mercredi sont toujours gardés à vue. Seront-ils déférés devant un juge d'instruction ? Nous verrons.
00:17Nous verrons ce matin. L'un de ces deux hommes était le chef des pions. Il était surnommé Cheval. Cyril est avec nous. Cyril Gannes, bonjour.
00:27— Bonjour, Jean-Jacques. Comment allez-vous ? — Ben ça va, mon cher Cyril. C'est surtout à vous qu'il faut demander ça va, maintenant.
00:33Mais c'est surtout à vous, Cyril. — Alors on va dire que techniquement parlant, ça va. Ensuite, vous parlez à quelqu'un qui, comme ses camarades,
00:42a subi des traumatismes. Donc intérieurement, il y a quand même quelque chose qui est super équilibré, on va dire.
00:48— Ben évidemment. Alors l'un de ces deux hommes gardés à vue, surnommé Cheval... D'abord, il était surnommé Cheval, si j'ai bien compris,
00:56parce qu'il portait une chevalière. C'est cela ? — Alors il y a l'histoire de la chevalière. Moi, pour moi, c'était aussi un aspect physique
01:03à cause de son sourire, que je le disais un peu à la Jolly Jumper. Mais ça reste un détail. Mais effectivement, c'était son surnom.
01:09— C'était son surnom, cette chevalière qu'il retournait avant de frapper les élèves à Bétarame. Et vous étiez... C'est bien cela, hein, Cyril ?
01:17— Alors ça fait partie des méthodes. Et le coup de la chevalière retournée, pour ma part, je l'ai pas vu qu'à Bétarame.
01:23— Vous l'avez pas vu qu'à Bétarame. Mais Cyril, vous, vous étiez à Bétarame. Vous êtes né en 1973. Vous avez été pensionnaire dès 1987 à Bétarame.
01:35C'est bien cela, hein ? — Absolument. Je suis rentré à Bétarame pendant ma deuxième cinquième, c'est-à-dire que je repiquais la cinquième.
01:41J'y suis rentré à l'âge de 14 ans, en 87. Et j'en suis sorti à la fin de ma seconde, en 91. — Vous êtes resté 4 ans.
01:52— Absolument. — 4 ans d'angoisse, 4 ans de souffrance, Cyril. — 4 ans de peur. C'était le système. Le système Bétarame fonctionnait sur un principe de base.
02:07C'était la peur. Vous avez eu cette interview de ce fameux maire, là. À chaque fois, j'ai son nom qui m'échappe. Cette interview complètement ubuesque
02:15sur Quotidien où ce type droit dans ses bottes vous explique qu'il a distribué une série en début d'année.
02:20— Oui, je me souviens de ça. J'ai entendu ça, oui. — Ça, c'est la peur. Et ça, c'était fait en public, évidemment, pour que tout le monde voie
02:31et que tout le monde fonctionne sur ce système de peur. Et ça allait très très loin, puisque vous pouviez être violenté sans même être coupable.
02:41Comment ça se passait concrètement dans cette peur ? Dès que vous arriviez à Bétarame, on vous faisait peur.
02:48— Alors déjà, le premier jour, à la rentrée, vous avez un climat. Vous savez que vous n'êtes pas à Disneyland. En toute honnêteté, là, c'est pas très rigolo.
02:56Quand vous avez les premiers coups de sifflet pour qu'on se mette en rang, on voit que là, il faut que ça file droit. D'accord ?
03:03Ceux qui n'ont pas l'expérience de ce type d'établissement... Moi, j'étais à mon deuxième pensionnat, donc j'avais un peu une petite idée du truc.
03:09Mais on voyait les élèves qui n'avaient pas du tout l'habitude de ce type de fonctionnement. Pour eux, très très vite, il leur tombait quelque chose dessus.
03:18— Oui. Quelque chose, c'est-à-dire des coups ? — Il n'y avait pas d'explication du style. Il y a des règles ou quoi que ce soit.
03:23« Ah oui, oui, oui. Non, non. C'était bim. Tu rentres dans le rang. » — Mais des coups avec quoi ?
03:28— Avec les mains. Le premier outil qu'ils avaient à portée de la main, si je peux dire ça comme ça, c'était les gifles.
03:35— Oui. Oui. — Ensuite, on avait des profs en cours, entre autres, qui pouvaient utiliser divers outils,
03:42type ces fameux compas ou ces fameuses règles qu'on utilisait à l'époque sur les tableaux, ces gros machins en bois.
03:47Aujourd'hui, on en blague entre nous, mais on dit toujours que le premier drone qu'on a vu, c'était les tampons pour essuyer les tableaux.
03:58Vous voyez ce que je veux dire ? Ça, ça volait dans les classes. Les clés volaient dans les classes.
04:05— Dites-moi, système des douches, vous racontez. C'était une douche par semaine, Abed Haram ?
04:13— Ouais. Bonjour l'hygiène. — Ouais. On vous mettait en rang dans le dortoir en pyjama. On devait traverser la cour en tenue légère.
04:20Voilà. Quelle que soit la météo, on devait ensuite attendre. — Il y avait des coups de sifflet pour vous autoriser à vous savonner, vous mouiller.
04:29— Alors vous voyez, tous les témoignages de gens qui ont fait l'armée, parce qu'on était encore à l'époque où il y avait le service militaire obligatoire,
04:37et il y a eu beaucoup d'engagés professionnels qui sont sortis de Bétharame, disent que l'armée, c'était pas pire.
04:44Moi, j'ai atterri au 27e BCA, donc les chasseurs alpins, l'un des bataillons les plus décorés de France.
04:50— Oui. — Ça, j'ai pas vu à Bétharame. Je l'ai pas reconnu... Enfin, le système Bétharame, je l'ai pas vu à l'armée.
04:58— Bah évidemment. Évidemment. Vous avez été victime de violences, d'attouchements de viol.
05:05— Alors pour ma part, il y a eu, on va dire, un comportement fortement déplacé de la part de notre canasson préféré.
05:15— Cheval. Le fameux cheval. Le chef des pions. Le chef des pions.
05:20— Voilà. Surveillant général ou préfet de discipline, je sais plus comment il a appelé son titre. Mais enfin bref, c'était le cador.
05:27En fait, son système, c'était simple. Donc on avait les heures de colle qui étaient le mercredi après-midi.
05:33Et pour vous annoncer votre sanction, vous étiez convoqués individuellement le mardi soir. On avait à peu près 2 heures d'école.
05:39Et en fait, là, c'était le défilé. C'est-à-dire que l'un après l'autre, on partait dans le bureau de ce monsieur.
05:45Et donc là, il vous annonçait votre sanction. Vous en collez une série jusqu'à ce que vous pleuriez.
05:51Et c'est là où, en fait, on va dire, il allait tester ses victimes. C'est-à-dire que moi, par exemple, ce qui m'est arrivé,
05:58c'est que, comme c'est ce que j'ai reconnu dans les témoignages de mes camarades, c'est qu'il vous faisait à ce moment-là vous asseoir sur ses genoux.
06:05— Oui. — Et là, c'était libre. C'était en fonction de notre réaction. Je pense qu'il allait pouvoir aller savoir ce qu'il allait pouvoir faire ou pas.
06:17Pour ma part, moi, je l'ai bloqué tout de suite parce que j'ai été victime de violences sexuelles dans un autre établissement qui s'appelle Saint-Antoine-Xavier-Eustaritz.
06:25— Oui. À 30 km de Bayonne. — À 30 km de Bayonne, exactement. Et j'ai reconnu la configuration. Et là, j'ai trouvé le moyen de me dégager rapidement. Et là, il a respecté.
06:38— Oui. Cyril, qu'est-ce que vous attendez de tous ces témoignages, le vôtre, tous les témoignages de l'enquête ouverte ? Qu'est-ce que vous attendez de tout cela, au bout du compte ?
06:51— Alors Jean-Jacques, écoutez, moi, j'ai une grosse réflexion. C'est qu'on a un gros problème, aujourd'hui, c'est le système de prescription.
06:57— Oui. Eh oui. — Parce que s'il n'y a pas eu viol, on peut pas mettre cette histoire de prescription. — Il faut lever la prescription.
07:05— Il faut lever la prescription. Et il faut que ça soit avec effet rétroactif pour pas que ça nous passe sous le nez, parce que ça, c'est rajouter du trauma au trauma.
07:12— Oui. Je suis d'accord. — Donc je vous remercie pour poser votre question, parce que voilà, moi, ma demande aujourd'hui.
07:19Je demande à ce que nous puissions bénéficier de la solidarité nationale. Dans ce cadre-là, je demande à ce que tous les représentants des partis politiques
07:27se mettent derrière nous sans reprise politique, aucun discours autre que « Nous leur sommes solidaires ».
07:33Ma deuxième demande, parce que je suis un utopiste, je suis un rêveur, mais j'en ai le droit, c'est que j'attends le téléphone de M. Macron,
07:39qui brille par son silence et qui nous invite à ce que nous ayons le droit de donner notre position, de discuter, et que nous trouvions tous ensemble
07:50une solution par rapport à ce problème législatif. Parce que vous voyez, hier soir, on avait une discussion sur le groupe Facebook où il y avait donc
07:56une dame qui expliquait qu'il y avait cette histoire de prescription de licence, qu'il y avait des actes sexuels. Notre canasson préféré, je me permets de dire quand même
08:04qu'il a travaillé dans d'autres établissements. Peut-être qu'il n'a pas forcément eu ces déviances, mais qu'il a porté des coups. Et ça veut dire que dans d'autres établissements,
08:12s'il y a des élèves qui ont été victimes de violences par X ou Y personnes, s'il n'y a pas eu d'actes sexuels, ils ne pourront jamais bénéficier d'une forme de justice
08:21et de reconnaissance. — Bien. Ben merci, Cyril. Merci pour votre témoignage ce matin. Nous donnerons suite à tout cela. Ne vous inquiétez pas.
08:29Il est 7 h 21. Vous êtes sur Sud Radio. C'est la radio que vous devez écouter le matin. Sud Radio. Laurie Leclerc, le rappel des titres de l'actualité.

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